QuantitĂ©disponible : 10. Ajouter au panier. Paperback. Etat : New. Language: French. Brand new Book. Excerpt from Les Archives Espagnoles du Gouvernement GĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie: Histoire du Fonds Et Inventaire Moriscos, Madrid, 1550, sans nom d'auteur, qui ne figure pas dans la derniĂšre et la plus complĂšte des bibliographies tripolitaines The store will not work correctly in the case when cookies are disabled. / Description Titre Le DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du gouvernement en AlgĂ©rie Paul Delouvrier prononce un discours Ă  l'HĂŽtel de ville de SaĂŻda. [lĂ©gende d'origine] / Informations techniques Plus d’information ProcĂ©dĂ© original NĂ©gatif Format d'origine 6x6 Support d'origine AcĂ©tate Couleur Noir et blanc Orientation portrait / PropriĂ©tĂ©s Plus d’information RĂ©fĂ©rence D163-51-49 Date de dĂ©but 01/01/1960 Date de fin 31/12/1960 Arthur Smet - Lieux AlgĂ©rie - SaĂŻda AlgĂ©rie - DĂ©partement de Saida - Personnes reprĂ©sentĂ©es Delouvrier, Paul Origine Smet, Arthur Mention obligatoire © ECPAD/fonds Smet/Arthur Smet LegĂ©nĂ©ral de corps d’armĂ©e, SaĂŻd Chanegriha, chef d’état-major de l’ArmĂ©e nationale populaire (ANP), a affirmĂ©, jeudi 21 avril, que l’AlgĂ©rie saura riposter « avec force » Ă  tous ceux qui s’aventurent Ă  porter atteinte Ă  son intĂ©gritĂ© territoriale, Ă  l’unitĂ© de son peuple et Ă  sa souverainetĂ© nationale, indique un communiquĂ© du ministĂšre de la DĂ©fense nationale.
RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Annexe Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Dans cet article, on tentera de revisiter les thĂšses du dĂ©mantĂšlement tribal en AlgĂ©rie, pour en souligner les rĂ©alitĂ©s mais aussi les limites, puis on prendra le cas des mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de deux tribus appartenant Ă  l’annexe d’Ain Sefra les cAmĂ»r et les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b. Notre propos n’est donc pas de faire l’histoire sociale de ces tribus, mais de comparer les mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de la question tribale selon qu’il s’agit des dĂ©partements civils du Nord ou des territoires du Sud. This paper aims to revisit the theses of tribal dismantling in Algeria, in order to underline its reality but also its limits. The author examines the case of the policy of colonial authorities with regard to two tribes belonging to the territory of Ain Sefra cAmĂ»r and AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b. The purpose is not so much to write a social history of these tribes, but to compare the decisions taken by the colonial authorities with regard to the tribal question in the civil departments of the Nord and in the Southern de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 L’un des journaux francophones algĂ©riens les plus lus, LibertĂ©, a consacrĂ© un dossier spĂ©cial Ă  ce ... 2 Le journal algĂ©rien El Moujahid, journal rangĂ© du cĂŽtĂ© du pouvoir, soulignait par exemple Ă  propos ... 3 La confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r de la rĂ©gion d’Ain Sefra se serait constituĂ©e progressivement entre le ... 4 Sid Ahmad MajdĂ»b, l’ancĂȘtre fondateur de la tribu, serait nĂ© approximativement entre 1490 et 1493 ... 5 Pour une analyse du concept de tribu, cf. Jacques Berque, Qu’est-ce qu’une tribu nord-africaine ... 1La question tribale est rĂ©apparue en AlgĂ©rie depuis les rĂ©voltes survenues en Kabylie en avril 2001. Celles-ci ont mis au devant de la scĂšne publique un nouvel interlocuteur Ă©tatique la coordination des arouch, dairas et communes – le terme arouch carĂ»sh Ă©tant gĂ©nĂ©ralement employĂ© en AlgĂ©rie pour dĂ©signer les tribus sing. carsh. Suite Ă  ces Ă©vĂ©nements, de nombreux articles journalistiques sont parus au sujet de la tribu1, et depuis lors, on assiste tout au moins dans la presse Ă  une mise en exergue et peut-ĂȘtre Ă  une survalorisation du fait tribal dans ce pays2. Parmi les questions que pose ce regain d’intĂ©rĂȘt pour la tribu, il en est une qui nous intĂ©resse particuliĂšrement celle concernant le dĂ©mantĂšlement tribal. Celle-ci se pose avec acuitĂ© d’autant plus qu’il Ă©tait admis jusque rĂ©cemment que le rĂ©gime colonial avait dĂ©truit purement et simplement les tribus en AlgĂ©rie. Or, si la dĂ©structuration tribale fut, durant la pĂ©riode coloniale, une mesure voulue pour les dĂ©partements civils du Nord, il apparaĂźt qu’il n’en fut pas de mĂȘme pour les territoires du Sud. L’organisation en tribus y fut en effet maintenue et les clivages tribaux y furent exacerbĂ©s. Dans cet article, on tentera de revisiter les thĂšses du dĂ©mantĂšlement tribal en AlgĂ©rie, pour en souligner les rĂ©alitĂ©s mais aussi les limites, puis on prendra le cas des mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de deux tribus appartenant Ă  l’annexe d’Ain Sefra les cAmĂ»r3 et les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b4. On comprendra donc que notre propos n’est pas de faire l’histoire sociale de ces tribus5, mais de comparer les mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de la question tribale selon qu’il s’agit des dĂ©partements civils du Nord ou des territoires du Sud. À propos du dĂ©mantĂšlement tribal en AlgĂ©rie thĂšses et nuances 2Le dĂ©mantĂšlement de l’ordre tribal, qui s’effectue en AlgĂ©rie entre 1830 et la PremiĂšre Guerre mondiale environ, est une rĂ©alitĂ© qu’on ne peut nier mais qu’on se doit de nuancer. Celui-ci s’est effectuĂ© de plusieurs maniĂšres par destruction physique, par dĂ©possession fonciĂšre, en discrĂ©ditant les structures d’autoritĂ© traditionnelles et en imposant de nouvelles normes culturelles aux populations autochtones. Destructions physiques 6 En parlant de systĂšme, j’ai Ă  l’esprit l’ensemble des relations liant les tribus entre elles, qu’i ... 7 SmaĂŻl Aouli, Ramdane Redjala et Philippe Zoummeroff, Abd el-Kader, Paris, Fayard, 1994. 3En dĂ©pit des conflits internes notamment ceux entre tribus makhzen et tribus raya ou siba, ou simplement entre tribus proches, le monde tribal de l’AlgĂ©rie ottomane avait une certaine cohĂ©rence et pouvait ĂȘtre vu comme un systĂšme assez complexe et fonctionnel6. Cet ordre tribal fut bouleversĂ© par les transformations induites par le rĂ©gime colonial et en premier lieu par son avant-bras l’armĂ©e. Celle-ci prit les premiĂšres mesures d’une politique qui, Ă  moyen terme, devait inĂ©luctablement dĂ©stabiliser l’organisation antĂ©rieure. Elle le fit en combattant les tribus hostiles Ă  la prĂ©sence française en AlgĂ©rie, mais elle le fit aussi en permettant et/ou en suscitant l’accentuation des divisions et des conflits inter et intra-tribaux. Par exemple, la rĂ©sistance menĂ©e par l’émir Abd el-Kader, Ă  la tĂȘte des tribus Hasham, Bani cAmr et Gharaba, fut anĂ©antie en moins de quinze ans, de 1832 Ă  1847, du fait d’affrontements directs avec l’armĂ©e française, mais aussi en raison des conflits entre tribus – notamment ceux opposant l’armĂ©e constituĂ©e par l’émir Abd el-Kader et les tribus makhzen makhzan des DĂ»ayr et des Zmala7. 8 Radouane Ainad Tabet, Histoire d’AlgĂ©rie, Sidi Bel AbbĂ©s de la colonisation Ă  la guerre de libĂ©r ... 9 Ibid., p. 53-63. 10 Ibid., p. 61. 4Dans l’Ouest algĂ©rien, les tribus qui opposĂšrent une rĂ©sistance furent par ailleurs prises en tenaille entre l’armĂ©e française et celle du sultan du Maroc, le sultan Abd Al Rahï€Șman. Ainsi, le sultanat du Maroc participa au dĂ©mantĂšlement tribal en taillant en piĂšces » les Bani cAmr8. L’historien Redouane Ainad Tabet9 dresse, en effet, un tableau du devenir pathĂ©tique de cette grande tribu. Auparavant si puissante dans l’Ouest algĂ©rien plus prĂ©cisĂ©ment dans la rĂ©gion de Sidi Bel AbbĂ©s, cette tribu devait subir de plein fouet les rĂ©percussions de son engagement aux cĂŽtĂ©s de l’émir Abd el-Kader. Celles-ci sont si effroyables que, pour reprendre les propos de l’auteur, au lendemain de la reddition de l’émir, en 1847, La “verte tribu” n’est plus que l’ombre d’elle mĂȘme10. » D’autres actes de rĂ©sistance, les soulĂšvements des AwlĂąd Sidi Shaykh Ă  partir de 1863, la rĂ©volte d’El Mokrani 1871 notamment, furent mis en Ă©chec par l’armĂ©e française. On comprendra, dans ces conditions, les rĂ©percussions des pertes humaines rĂ©sultant de ces batailles sur les diffĂ©rentes tribus certaines disparurent, d’autres furent complĂštement dĂ©stabilisĂ©es. Ces dĂ©faites n’aidaient en rien la cohĂ©sion tribale parce qu’elles avaient pour consĂ©quence de diminuer l’autoritĂ© des personnes et familles leaders. La tribu comme groupe politique subissait de la sorte un fĂącheux contrecoup. 5Toutefois, jusqu’à un certain point, les guerres ne furent pas les causes dĂ©cisives du dĂ©mantĂšlement tribal. Elles modifiĂšrent les rapports de forces entre tribus, en affaiblissant certaines et en renforçant d’autres, mais ne changĂšrent pas pour l’essentiel l’organisation tribale car elles ne lui substituĂšrent aucune autre organisation sociale. En fait, les changements survenus dans le domaine de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre – sĂ©natus-consulte de 1863, loi Warnier de 1873 visant la liquidation de la propriĂ©tĂ© communautaire des tribus et le processus de dĂ©possession fonciĂšre – eurent beaucoup plus d’impacts que les guerres. SĂ©natus-consulte et dĂ©possession fonciĂšre 6Les lois fonciĂšres furent en effet autrement efficaces. Il est intĂ©ressant de lire Ă  ce propos le tĂ©moignage du capitaine VayssiĂšre. En tournĂ©e chez les Namamsha, tribu de l’Est algĂ©rien, pour Ă©valuer les consĂ©quences du sĂ©natus-consulte, il rapporte le fait suivant Les cheikhs et les kebars sont tous venus me trouver, commentant et dĂ©plorant la nouvelle. La consternation peinte sur leurs visages, plusieurs versaient des larmes. Ils m’ont dit “Les Français nous ont battus, ils ont tuĂ© nos jeunes hommes et nous ont imposĂ© des contributions de guerre. Tout cela n’était rien, on guĂ©rit de ses blessures. Mais la constitution de la propriĂ©tĂ© individuelle et l’autorisation donnĂ©e Ă  chacun de vendre ses terres qui lui seraient Ă©chues en partage, c’est l’arrĂȘt de mort de la tribu.” » 7Il conclut ainsi 11 Repris du journal algĂ©rien LibertĂ© du 6 aoĂ»t 2001, dossier spĂ©cial sur la tribu en AlgĂ©rie. Le sĂ©natus-consulte de 1863 est, en effet, la machine de guerre la plus efficace qu’on ait pu imaginer contre l’état social indigĂšne et l’instrument le plus puissant et le plus fĂ©cond qui ait pu ĂȘtre mis aux mains de nos colons. GrĂące Ă  lui, nos idĂ©es et nos mƓurs s’infiltreront peu Ă  peu dans les mƓurs indigĂšnes, rĂ©fractaires Ă  notre civilisation, et l’immense domaine algĂ©rien, Ă  peu prĂšs fermĂ© jusqu’ici, en dĂ©pit des saisies domaniales, s’ouvrira devant nos pionniers11. » 12 Jean-Claude Vatin, L’AlgĂ©rie politique, Histoire et SociĂ©tĂ©, Paris, Presses de la Fondation nation ... 8À partir du sĂ©natus-consulte de 1863, un ensemble de lois fut en effet mis en place en AlgĂ©rie pour favoriser la propriĂ©tĂ© individuelle, principalement au profit des colons et des grandes sociĂ©tĂ©s capitalistes. Jean-Claude Vatin12 remarque, en reprenant le bilan dressĂ© par Charles Robert Ageron qu’ entre 1871 et 1919 prĂšs d’un million d’hectares 897 000 ont Ă©tĂ© livrĂ©s aux colons. [
] Les musulmans avaient perdu, en 1919, 7 millions et demi d’hectares, que l’État et les particuliers, les grandes sociĂ©tĂ©s capitalistes, s’étaient partagĂ©s. » 13 Karl Marx, Le systĂšme foncier en AlgĂ©rie », dans Sur les sociĂ©tĂ©s prĂ©capitalistes extraits du c ... 14 Karl Marx dit Ă  ce propos que l’institution de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre Ă©tait aux yeux du bourgeoi ... 15 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986, p. 28. 9Karl Marx avait analysĂ© vers 1879 le processus de dĂ©possession fonciĂšre mis en Ɠuvre en AlgĂ©rie. Il considĂ©rait Ă  ce propos que les terres des plateaux nord-africains Ă©taient auparavant la possession indivise des tribus nomades qui les parcouraient, que la propriĂ©tĂ© tribale y Ă©tait transmise de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et qu’elle ne se modifia qu’à la suite des changements suivants 1. fractionnement graduel de la tribu en plusieurs branches ; 2. inclusion de membres appartenant Ă  des tribus Ă©trangĂšres13 ». Il montre ensuite comment, particuliĂšrement Ă  partir de la loi Warnier, la spoliation des terres tribales s’effectue, avec notamment la confiscation et la mise en vente des terres des tribus suspectĂ©es de rĂ©bellion. Ces lois avaient un double objectif instituer la propriĂ©tĂ© privĂ©e14, mais aussi dĂ©truire les pouvoirs des tribus. Augustin Berque, dans un article datant de 1919, dira du sĂ©natus-consulte de 1863 qu’il visait comme but politique l’amoindrissement des grandes familles indigĂšnes et la dislocation de la tribu15 ». 16 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie prĂ©coloniale Ă  l’AlgĂ©rie coloniale, Alger, OPU, 1985, p. 21-22. 17 D. Daumas, Les populations indigĂšnes et la terre collective de tribu en Tunisie, Tunis, 1912. 18 Henry de MontĂ©ty, Une loi agraire en Tunisie, Cahors, 1927, p. 30. 10La question du statut des terres que parcouraient les tribus nomades a fait l’objet de diverses analyses. Karl Marx estimait qu’elles Ă©taient les possessions indivises des tribus nomades qui les parcouraient. Lahouari Addi avance quant Ă  lui que, bien que la terre de la tribu soit un terrain collectif, la propriĂ©tĂ© privĂ©e des biens et des terres a existĂ© de maniĂšre prĂ©dominante dans les montagnes oĂč les terres communales Ă©taient rĂ©duites et, dans les plaines, oĂč les troupeaux Ă©taient possĂ©dĂ©s privativement16. Certaines Ă©tudes menĂ©es Ă  propos du systĂšme foncier tribal en Tunisie, avant le rĂ©gime du Protectorat, attestent que les terres collectives » appartenaient bien souvent aux tribus sous la forme de propriĂ©tĂ©s indivises. Certaines d’entre elles possĂ©daient mĂȘme des titres de propriĂ©tĂ©s17. Celles-ci avaient donc bien des propriĂ©taires reconnus mais elles Ă©taient juridiquement impartageables et elles furent Ă  tort considĂ©rĂ©es comme des terres de jouissance collective appartenant Ă  l’État18. On peut considĂ©rer que ces conclusions sont applicables au systĂšme foncier des tribus d’AlgĂ©rie qui, par ailleurs, subissait, comme en Tunisie, l’influence de la rĂ©gence ottomane. 19 Sur ce point cf. notamment la partie Le marchĂ© autorĂ©gulateur et les marchandises fictives tra ... 11Outre ce fait, l’assignation d’un caractĂšre marchand de la terre semblait poser des problĂšmes bien plus cruciaux aux membres des tribus. C’est en effet la constitution de la propriĂ©tĂ© individuelle et l’autorisation donnĂ©e Ă  chacun de vendre ses terres » qui effraient rĂ©ellement les cheikhs et les kebars » et non pas tant le fait qu’elles soient partagĂ©es. En fait, et il me semble qu’il s’agit lĂ  d’une des particularitĂ©s du statut de la terre en milieu tribal celle-ci n’a pas de caractĂšre marchand. Bien qu’elle ait des propriĂ©taires reconnus, du fait notamment du droit de propriĂ©tĂ© liĂ© Ă  l’usage – on sait que telle terre appartient Ă  telle tribu, Ă  tel segment et en fin de compte Ă  telle famille notamment parce qu’il ou elle en fait usage – , elle ne peut toutefois ĂȘtre vendue ou achetĂ©e. C’est d’ailleurs une invention du capitalisme que de poser la terre comme une catĂ©gorie marchande19. Les shaykh et les kbar le savaient mais ne purent cependant peser sur le cours de la politique coloniale et le processus de dĂ©possession fonciĂšre. 20 Pour un point de vue rapide du phĂ©nomĂšne de dislocation du nomadisme, lire M’Hamed Boukhobza, L’ag ... 12La politique de dĂ©possession fonciĂšre eut par ailleurs un impact sans prĂ©cĂ©dent sur l’activitĂ© Ă©conomique traditionnellement et peut-ĂȘtre trop schĂ©matiquement liĂ©e au monde tribal le nomadisme pastoral. Dans un ouvrage au sous-titre Ă©vocateur De l’ordre tribal au dĂ©sordre colonial, M’Hamed Boukhobza nous montre en effet comment le nomadisme activitĂ© Ă©conomique et genre de vie et avec lui le mode de vie tribal traditionnel » furent complĂštement altĂ©rĂ©s par les mesures coloniales et notamment par la politique de dĂ©possession fonciĂšre20. Selon cet auteur, les personnes vivant sous la tente Ă  la veille de la colonisation reprĂ©sentaient prĂšs des deux tiers de la population totale 67%, alors qu’elles ne reprĂ©sentaient plus, dans les annĂ©es soixante/soixante-dix, qu’environ 500 000 personnes sur une population totale de prĂšs de 20 millionsd’ñmes, soit 2,5%. En mĂȘme temps que s’effectue la dĂ©possession fonciĂšre, c’est toute l’économie tribale qui semble pĂ©ricliter. Ainsi, les tribus qui auparavant vivaient des produits de l’agro-pastoralisme, et plus particuliĂšrement du pastoralisme, se voient dans l’incapacitĂ© de reproduire les bases matĂ©rielles de leur propre existence. M’Hamed Boukhobza montre aussi comment les pratiques de l’cachaba mouvement d’estivage sud-nord et de l’cazaba mouvement d’hivernage nord-sud, vĂ©ritables socles de l’économie nomade et tribale, ne peuvent plus se perpĂ©tuer du fait des mesures prises par le gouvernement colonial. 21 Jacques Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Seuil, 1962, p. 121-136. 13Vingt ans plus tĂŽt, Jacques Berque remarquait aussi que la disparition de la tribu rĂ©sultait des politiques empĂȘchant la reproduction de leur systĂšme Ă©conomique. MĂȘme lorsque certaines tribus n’étaient pas atteintes directement, elles en subissaient inĂ©luctablement les contrecoups en raison de la nature extensive et complexe de leur activitĂ© Ă©conomique21. Ce sont en dĂ©finitive toutes les conditions matĂ©rielles d’existence des tribus qui tendaient Ă  disparaĂźtre. Face Ă  la paupĂ©risation qu’entraĂźnent ces rĂ©formes, de nombreux individus se voient contraints de quitter leur tente, leur village et surtout leur tribu pour trouver du travail en ville. Ce faisant, gĂ©nĂ©ration aprĂšs gĂ©nĂ©ration, la tribu devient un lointain souvenir. DiscrĂ©dit des instances d’autoritĂ© traditionnelles et affrontements culturels 22 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986. 14Dans ce processus de dĂ©mantĂšlement des tribus, quelle a Ă©tĂ© la politique de dĂ©structuration des instances d’autoritĂ© tribale ? L’idĂ©ologie coloniale faite au nom du progrĂšs » tendait en effet Ă  remettre en cause les pratiques dites traditionalistes » des populations autochtones. Augustin Berque22 explique Ă  ce propos comment les structures traditionnelles de l’autoritĂ© tribale furent de plus en plus discrĂ©ditĂ©es du fait des mesures prises par le gouvernement colonial. En mĂȘme temps qu’il opĂ©rait la dislocation de la propriĂ©tĂ© tribale, le gouvernement colonial tendait Ă  transformer les tribus, selon le principe de diviser pour mieux rĂ©gner », de maniĂšre Ă  les rendre moins efficientes. Il Ă©numĂšre en outre les diffĂ©rentes mesures rĂ©duisant l’influence des chefs et dĂ©truisant les anciennes structures d’autoritĂ©s. Par exemple, l’autoritĂ© coloniale bureaux arabes puis gouvernement civil discrĂ©dita l’organisation tribale en rĂ©organisant les tribus et en dĂ©signant de nouveaux chefs qui n’avaient pas forcĂ©ment d’autoritĂ© suffisante et qui mĂȘme parfois Ă©taient complĂštement Ă©trangers Ă  la tribu. Elle le fit aussi en limitant leurs droits Ă  percevoir les taxes que les chefs tribaux rĂ©coltaient auparavant, ainsi qu’en restreignant leurs pouvoirs respectifs. En outre, avec l’extension du territoire civil, les chefs de tribus devenaient peu Ă  peu de simples agents administratifs. En discrĂ©ditant les structures d’autoritĂ© tribale et en refaçonnant selon son bon vouloir les diffĂ©rentes tribus, le rĂ©gime colonial dĂ©truisait les fondements de l’ordre et de la cohĂ©sion propre aux diffĂ©rentes tribus. Cela fonctionna tellement bien, qu’à la fin du xixe siĂšcle, les tribus djĂ»ad tribus aristocratiques et guerriĂšres avaient complĂštement disparu. Cette situation donna, pendant un certain temps, plus de poids aux fractions maraboutiques, avant que celles-ci ne fussent Ă  leur tour affaiblies. 23 Yvonne Turin, Affrontements culturels dans l’AlgĂ©rie coloniale Ă©coles, mĂ©decines, religion, 1830 ... 15Pendant prĂšs d’un siĂšcle, et particuliĂšrement depuis la mise en place du gouvernement civil, s’est effectuĂ© un vrai travail de fond tendant Ă  transformer la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne. Ces affrontements culturels », pour reprendre l’intitulĂ© de l’ouvrage d’Yvonne Turin23, Ă©taient dictĂ©s par des objectifs idĂ©ologiques et politiques d’un cĂŽtĂ© le gouvernement essayant d’imposer de nouvelles valeurs pour asseoir son autoritĂ©, de l’autre les structures locales tentant de prĂ©server un minimum d’autonomie vis-Ă -vis du gouvernement colonial. L’objectif de ces affrontements Ă©tait de soustraire l’indigĂšne » Ă  sa tribu et, par la suite, de l’insĂ©rer dans cette nouvelle sociĂ©tĂ© faite au nom du progrĂšs. Les politiques menĂ©es dĂ©possession fonciĂšre, discrĂ©dit des structures traditionnelles et affrontements culturels ont globalement rĂ©ussi dans la mesure oĂč l’organisation tribale semble de nos jours avoir disparu en AlgĂ©rie, alors que pendant des siĂšcles elle Ă©tait la base de la sociĂ©tĂ©. Les grandes tribus du Nord et du Tell ont disparu. Les Bani cAmr, les Hasham, les DĂ»ayr et autres grandes tribus n’existent plus. Ce qu’il en reste maintenant, c’est un lointain souvenir. Il ne faut pas penser pour autant que l’histoire soit univoque et en y regardant de plus prĂšs les thĂšses prĂ©sentĂ©es doivent ĂȘtre nuancĂ©es. Les limites des thĂšses de la dĂ©structuration tribale 16La dĂ©possession fonciĂšre s’est certes principalement effectuĂ©e au Nord et dans le Tell, mais dans les territoires du Sud, sous administration militaire, les tribus arabophones ou berbĂ©rophones ont Ă©tĂ© assez prĂ©servĂ©es de ces transformations. Ainsi, dans sa Monographie du Territoire d’Ain Sefra, le capitaine Mesnier, chef du bureau de comptabilitĂ© des oasis sahariennes, affirme que 24 Capitaine Mesnier, Monographie du territoire d’Ain Sefra, Oran, Imprimerie L. Fouque, 1914 biblio ... Le sĂ©natus-consulte [
] n’a Ă©tĂ© appliquĂ© qu’exceptionnellement en territoire militaire [
] La propriĂ©tĂ© individuelle n’a pas Ă©tĂ© constituĂ©e en territoire militaire car le sol propre au pĂąturage seulement ne comporte qu’une jouissance collective ; s’il Ă©tait partagĂ© entre les indigĂšnes, il s’élĂšverait constamment entre eux des contestations24. » 25 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie
, p. 57. 17En effet, la dĂ©possession fonciĂšre n’a pas ou presque pas eu lieu dans les territoires du Sud, du fait notamment de l’ariditĂ© de la terre, et bien qu’en 1926, une loi ait abrogĂ© la distinction entre territoire du Sud et territoire du Nord dans le rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre25, celle-ci ne concerna en pratique que les territoires Ă  vocation agricole notamment les jardins des oasis et non pas les zones Ă  vocation pastorale. 26 C’est le cas des approches de Jacques Berque, M’Hamed Boukhobza, Lahouari Addi et Ali Merad Boudia ... 27 Maurice Godelier, L’idĂ©el et le matĂ©riel, Paris, Fayard, 1984. 28 Augustin Bernard et NapolĂ©on Lacroix, L’évolution du nomadisme en AlgĂ©rie, Alger, Adolphe Jourdan, ... 18Par ailleurs, la dĂ©sorganisation du systĂšme Ă©conomique qu’est le pastoralisme est souvent analysĂ©e comme s’il s’agissait de la dĂ©structuration des organisations tribales26. Or, d’une part, il me semble que la tribu ne se rĂ©duit pas Ă  un systĂšme Ă©conomique bien que celui-ci soit important. Analyser la tribu du seul point de vue de son systĂšme Ă©conomique, c’est en effet oublier la part de l’idĂ©el, et c’est tomber dans une lecture sommaire de Karl Marx que penser l’organisation sociale dĂ©coulant stricto sensu de l’infrastructure27. Actuellement, dans le Hautes Plaines et au Sahara, les clivages tribaux se retrouvent en milieu urbain et les solidaritĂ©s tribales ne suivent plus forcĂ©ment les spĂ©cialisations professionnelles. La tribu comme mode d’organisation sociale n’est pas strictement le corrĂ©lat d’un mode de production ou d’un systĂšme Ă©conomique spĂ©cifique. D’autre part, la capacitĂ© d’adaptation du pastoralisme, dans les Hautes Plaines notamment, a Ă©tĂ© sous estimĂ©e ou du moins a-t-on pensĂ© que celui-ci ne pouvait que dĂ©cliner. C’est oublier que, durant la pĂ©riode coloniale, il existait, tout au moins dans les rapports portant sur le nomadisme et la colonisation, une volontĂ© de laisser les steppes des Hautes Plaines aux pasteurs et de favoriser l’agriculture seulement dans le Tell28. Par ailleurs, les stratĂ©gies pastorales se sont adaptĂ©es aux diverses conjonctures et se sont transformĂ©es en raison des nouvelles techniques et moyens mis Ă  disposition des Ă©leveurs. Par exemple, l’introduction en masse, Ă  partir des annĂ©es soixante-dix, de vĂ©hicules de transports de cheptel les fameux GAK notamment a modifiĂ© les pratiques des Ă©leveurs sans pour autant mettre fin au pastoralisme, ni aux liens de solidaritĂ© tribale. Bien au contraire, ceux-ci sont souvent utilisĂ©s dans le cadre de ces nouvelles pratiques. 19L’association tribu/pastoralisme/nomadisme prĂ©suppose, en outre, une conception Ă©volutionniste de la tribu, considĂ©rĂ©e comme relevant d’un stade particulier de l’évolution humaine, intermĂ©diaire entre la bande stade du palĂ©olithique et la sociĂ©tĂ© Ă©tatique sĂ©dentaire. Selon cette vision, la tribu correspondrait au stade du nĂ©olithique et plus largement aux sociĂ©tĂ©s qui ont une Ă©conomie essentiellement agricole et pastorale. Cette conception est Ă©videmment fallacieuse car elle ne rend pas compte de la persistance actuelle de liens tribaux, Ă  travers le monde, et dans des sociĂ©tĂ©s qui ne sont ni nomades ni pastorales. 20En fait, si cette volontĂ© de briser la cohĂ©sion tribale fut vraie au Nord, notamment compte tenu de la politique de dĂ©possession fonciĂšre, elle ne fut pas gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  toute l’AlgĂ©rie. Dans certains endroits des Hautes Plaines et du Sahara, les tribus et les divisions tribales ont Ă©tĂ© maintenues, voire exacerbĂ©es de maniĂšre Ă  permettre Ă  l’administration militaire de mieux contrĂŽler la population locale. C’est le cas pour le Haut Sud-Ouest, mais aussi pour les rĂ©gions du Sahara, tel le Tidikelt. Louis Voinot, capitaine de l’armĂ©e française, nous explique en effet les mesures prises, suite Ă  la ConquĂȘte des Oasis » ayant eu lieu au dĂ©but du xxe siĂšcle, pour Ă©tablir l’ordre dans cette rĂ©gion. Il est fort explicite Ă  ce propos 29 Louis Voinot, Le Tidikelt Ă©tude sur la gĂ©ographie, l’histoire, les mƓurs du Pays, Éditions J. Ga ... Au bout de quelques temps, il faut songer Ă  organiser le Tidikelt pour Ă©tablir l’ordre Ă  la place de l’anarchie d’antan. Les gens de mĂȘme origine sont groupĂ©s autant que possible en des commandements distincts. Cette rĂ©partition est dĂ©licate car on doit Ă©viter de mettre en contact des intĂ©rĂȘts opposĂ©s, ce qui rĂ©veillerait les anciennes haines ; les kebars [reprĂ©sentants des tribus] sont choisis parmi les familles influentes29. » 21Cette politique eut des rĂ©percussions telles qu’aujourd’hui encore on constate de grands clivages dans la rĂ©partition spatiale des tribus du Tidikelt. 30 Robert Capot-Rey indique que le nombre des EuropĂ©ens vivant au Sahara a toujours Ă©tĂ© faible. Dan ... 31 Fanny Colonna et Henri Tawfik, Au Gourara, une prĂ©-enquĂȘte », dans Fanny Colonna, Savants Paysan ... 22La thĂšse de l’affrontement culturel doit par ailleurs ĂȘtre nuancĂ©e en ce qui concerne les tribus Ă©voluant dans les territoires des Hautes Plaines et du Sahara algĂ©rien. Les civils français y Ă©taient peu nombreux et de ce fait l’imposition des valeurs et des institutions Ă©manant de l’idĂ©ologie coloniale ne s’est pas effectuĂ©e avec la mĂȘme ampleur au Sud que dans le Nord30. Compte tenu des politiques diffĂ©renciĂ©es entre le Nord et le Sud, les populations du Sud ont pu, plus que celles du Nord, s’opposer au phĂ©nomĂšne d’acculturation et ainsi refuser certaines valeurs Ă©manant de la France. Un travail effectuĂ© dans le courant des annĂ©es soixante-dix par Fanny Colonna et Henri Tawfik31 a montrĂ© quels Ă©taient les comportements, vis-Ă -vis de l’éducation et de la mĂ©decine, des populations des zones rurales du Gourara rĂ©gion saharienne. Ce qui est intĂ©ressant pour notre propos, ce sont les deux faits suivants d’une part, cette enquĂȘte montre la persistance des valeurs traditionnelles » – plus exactement s’inspirant des coutumes locales – qui nous semblent insĂ©parables d’une organisation sociale du mĂȘme type ; d’autre part, elle insiste sur l’importance actuelle des lignages mrabtin lignages descendant de saints. 32 C’est notamment le parti que prend Nico Kielstra dans son Ă©tude des mutations de l’organisation tr ... 23En somme, l’analyse de la dĂ©structuration tribale repose sur trois axiomes discutables et qui ne peuvent rendre compte de la pluralitĂ© des situations concernant le fait tribal en AlgĂ©rie. La premiĂšre remarque que l’on fera est toute simple la dĂ©possession fonciĂšre si fatale aux tribus du Tell, du Nord, n’a pas Ă©tĂ© appliquĂ© aux tribus du Sud Ă©tant donnĂ© l’ariditĂ© de la terre et le fait que les territoires du Sud Ă©taient en grande partie sous administration militaire. La deuxiĂšme remarque est que le nomadisme pastoral est bien souvent considĂ©rĂ© comme la condition sine qua non de l’existence tribale. Bien entendu, il s’agit lĂ  d’un stĂ©rĂ©otype qui associe la tribu Ă  un mode d’organisation Ă©conomique et de fait Ă  un stade d’évolution particulier. Ce stĂ©rĂ©otype est d’autant plus fĂącheux qu’il empĂȘche de rendre compte de la complexitĂ© et de la diversitĂ© des liens sociaux Ă  l’intĂ©rieur des tribus et entre les tribus. Enfin, penser que le discrĂ©dit des autoritĂ©s tribales puisse ĂȘtre une mesure majeure dans le processus de dĂ©mantĂšlement tribal prĂ©suppose l’idĂ©e que les chefs et plus largement les chefferies sont des Ă©lĂ©ments primordiaux des organisations tribales32. Cet axiome est largement rĂ©futable. Enfin, il faut ajouter que le rĂ©gime administratif dans les territoires du Sud Ă©tait bien diffĂ©rent de celui des dĂ©partements civils du Nord. Organisation des territoires du Sud 33 Les subdivisions des territoires du Sud devinrent nĂ©anmoins des dĂ©partements quelques annĂ©es plus ... 34 Camille Sabatier, La question du Sud-Ouest, Alger, Éditions Adolphe Jourdan, 1881, p. 67-68. 24Contrairement aux dĂ©partements civils du Nord, les territoires du Sud qui succĂ©daient aux territoires de commandement demeuraient, du moins jusqu’en 194733, sous administration militaire. Les rapports de l’État colonial avec les tribus n’étaient donc pas les mĂȘmes en AlgĂ©rie, selon qu’il s’agissait des territoires du Sud ou de ceux du Nord. Dans les territoires du Sud, en dehors des Ă©lĂ©ments en rĂ©bellion, les autoritĂ©s françaises ne furent pas opposĂ©es aux systĂšmes tribaux, bien au contraire. Elles se souciaient plus des confrĂ©ries et lignages religieux qui du fait de leur aura et de leurs rĂ©seaux auraient pu organiser une rĂ©sistance plus efficace Ă  l’occupation34. Les zawiyas et confrĂ©ries sahariennes ont de fait souvent Ă©tĂ© la hantise des autoritĂ©s coloniales qui essayĂšrent de les supprimer ou tout au moins les contrĂŽler, alors que la dislocation de la tribu ne fut pas une politique voulue pour les territoires du Sud. Les territoires du Sud Ă©taient par ailleurs soumis Ă  une organisation et une lĂ©gislation bien distincte de celles des dĂ©partements civils du Nord. 35 Note du 3 avril 1922 Archives affaires indigĂšnes militaires, repris de RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sah ... Entre l’AlgĂ©rie du Nord dont l’organisation est coulĂ©e dans le moule français et les protectorats voisins de Tunisie et du Maroc oĂč l’administration française se double d’une administration indigĂšne, les Territoires du Sud prĂ©sentent une troisiĂšme forme qui leur est propre. Leurs bureaux d’affaires indigĂšnes, composĂ©s d’un personnel militaire spĂ©cialisĂ© et hiĂ©rarchisĂ© dans ses fonctions, occupent une place intermĂ©diaire entre le rĂ©gime d’administration directe Ă  la mode mĂ©tropolitaine et le rĂ©gime de contrĂŽle qui caractĂ©rise les protectorats ; ils ne s’affranchissent pas du cadre social indigĂšne, usent d’avantage de l’autoritĂ© traditionnelle du chef de tribu, et de la sorte, permettent Ă  des populations Ă  mentalitĂ© fĂ©odale d’évoluer sans heurt au contact de la civilisation moderne35. » 36 Ibid., p. 84. 37 Ibid., p. 86. 38 Ibid., p. 98-99. 39 Ibid., p. 131-132. 40 Ibid., p. 182 et suiv. 41 Il s’agit du recours d’un indigĂšne s’estimant lĂ©sĂ© Ă  un officier qu’il considĂšre comme son chef. C ... 42 Ibid., p. 211-212. 43 Jacques FrĂ©meaux, Pertinence
 », p. 261-262. 25Le rĂŽle des militaires y Ă©tait beaucoup plus important que dans le Nord et le statut des indigĂšnes bien distinct Ă©galement. Les maires des communes mixtes Ă©taient les commandants des cercles ou les chefs des annexes36. Les commissions municipales se composaient de membres français Ă©lus et de membres indigĂšnes nommĂ©s. Le dĂ©cret du 6 fĂ©vrier 1919 n’était pas applicable aux territoires du Sud et les indigĂšnes musulmans ne pouvaient ĂȘtre Ă©lecteurs, ni Ă©ligibles, contrairement Ă  ce qui se faisait dans le Nord37. Cette situation semble s’ĂȘtre perpĂ©tuĂ©e au moins jusqu’en 1947. La tribu avait une existence juridique. Elle constituait une section de commune. Les membres des assemblĂ©es tribales, des djemaa – jamaca appelĂ©s kbars, les grands Ă©taient nommĂ©s pour une pĂ©riode de trois ans par les commandants des cercles ou les chefs des annexes, puis par le gouverneur sur avis des commandants et des chefs. Ces procĂ©dĂ©s, toujours en vigueur dans les territoires du Sud, n’étaient plus appliquĂ©s au Nord depuis le dĂ©cret du 6 fĂ©vrier 1919. Les djemaa Ă©taient par ailleurs prĂ©sidĂ©s de droit par les caĂŻds des tribus, nommĂ©s par les autoritĂ©s, et administraient essentiellement les biens des douars et les terres collectives38. Le systĂšme d’imposition Ă©tait aussi diffĂ©rent. Alors que les impĂŽts arabes avaient Ă©tĂ© supprimĂ©s dans le Nord par le dĂ©cret du 1er dĂ©cembre 1918, ils demeuraient encore appliquĂ©s dans les territoires du Sud oĂč ils constituaient la source la plus considĂ©rable du budget39. Le systĂšme judiciaire, et en particulier la justice rĂ©pressive, Ă©taient aussi distincts dans les territoires du Sud. Les commandants militaires et le gouverneur d’AlgĂ©rie avaient en effet des pouvoirs plus importants que dans les dĂ©partements civils40. Le systĂšme de la chekaĂŻa demeurait encore appliquĂ©41, augmentant ainsi le pouvoir des commandants de cercle ou des chefs d’annexe qui, bien qu’arbitres, pouvaient toutefois user de leurs pouvoirs disciplinaires42. Le systĂšme des bureaux arabes appliquĂ© pour le Nord dans les premiers temps de la conquĂȘte, puis abandonnĂ© pour une organisation civile, Ă©tait de fait appliquĂ© pour les territoires du Sud. Cette organisation supposait la prĂ©servation du cadre social indigĂšne, et donc tribal, et la nomination, l’appui et l’instrumentalisation de l’autoritĂ© traditionnelle des chefs de tribus. De fait, comme le remarque Jacques FrĂ©meaux43, les territoires militaires du Sud apparaissaient dans les annĂ©es trente comme le conservatoire des populations bĂ©douines, partiellement administrĂ©es par les derniers bureaux arabes. 44 Colette Establet se posait ainsi la question de la rĂ©ification tribale Faut-il se fier Ă  la rĂ© ... 26On voit donc bien que la thĂšse du dĂ©mantĂšlement tribal durant la pĂ©riode coloniale doit ĂȘtre nuancĂ©e. Ce qui est vrai pour les ex-dĂ©partements civils du Nord doit ĂȘtre revisitĂ© Ă  l’aune de l’histoire des territoires du Sud algĂ©rien, laquelle reste largement Ă  Ă©crire. L’analyse des mesures prises par les autoritĂ©s coloniales dans ces rĂ©gions contribuerait Ă  expliquer en partie pourquoi les identitĂ©s tribales y sont encore assez vivaces, comme on le montrera Ă  partir du traitement de la question tribale dans le Haut Sud-Ouest algĂ©rien. En effet, les tribus du Haut Sud-Ouest, et probablement de l’ensemble des territoires du Sud, ont Ă©tĂ© prĂ©servĂ©es de toute destruction volontaire, mais elles ont Ă©tĂ© en mĂȘme temps remaniĂ©es pour diverses raisons, notamment administratives. Plus encore, on remarquera par la suite que les tribus des cAmĂ»r et des AwlĂąd Sid Ahï€Źmad MajdĂ»b ont Ă©tĂ© rĂ©ifiĂ©es par les mesures prises durant la pĂ©riode coloniale44. Dire cela ne nous permet pas de conclure Ă  la mort de la tribu, mais simplement que la tribu dans le Haut Sud-Ouest est une rĂ©alitĂ© sociale largement redĂ©finie par l’État colonial. Ces tribus remaniĂ©es n’avaient certes plus la mĂȘme dimension ni la mĂȘme modalitĂ© d’organisation qu’avant la colonisation. Mais ces tribus, juste avant la colonisation, n’étaient pas non plus celles du xvie, xviie ou xviiie siĂšcle, de sorte qu’il est exagĂ©rĂ© d’avancer que les modifications amenĂ©es par l’entreprise coloniale auraient Ă©tĂ© fatales aux tribus. Plus que de dĂ©truire les tribus, les autoritĂ©s des territoires du Sud se sont Ă©vertuĂ©es Ă  les prĂ©server tout en les contrĂŽlant par le biais des caĂŻds et des bachagas. Les tribus du Haut Sud-Ouest avant la crĂ©ation du cercle d’Ain Sefra Les cAmĂ»r 27À la veille de la colonisation, les cAmĂ»r, ainsi que les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b vivaient essentiellement sous la tente. Certaines familles disposaient de jardins et de palmiers dans les ksour qsĂ»r de la rĂ©gion, en particulier celui d’Asla pour les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, et ceux de Sfissifa, Tiout, Moghrar, Ich et Figuig pour les cAmĂ»r les deux derniers ksour se trouvent sur l’actuel territoire marocain. 28Contrairement aux AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, l’évolution de la confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r fut en partie liĂ©e Ă  la question de leur statut et des tumultes liĂ©s au tracĂ© de la frontiĂšre algĂ©ro-marocaine au sud du Taniet Sassi. Devaient-ils ĂȘtre en effet des sujets de la France ou de la monarchie marocaine ? Cette question ne fut rĂ©solue que tardivement. Le traitĂ© de 1845 dĂ©finissait le partage des territoires français et marocains au nord du Taniet Sassi, mais omettait de dĂ©finir clairement le statut des territoires au Sud de ce point. C’est en profitant de cette imprĂ©cision que la France Ă©tablira sa politique de conquĂȘte des territoires du Sud. En 1847, une colonne française, sous la conduite du gĂ©nĂ©ral Cavaignac, prit ainsi possession des ksour dĂ©clarĂ©s français. 45 N. Lacroix et H. M. P. de La MartiniĂšre, Documents pour servir Ă  l’étude du Nord Ouest africain, t ... 46 D’aprĂšs les notes sur la tribu des Amour du commandant Colonieu, datĂ©es de 1859, dans un document ... 29Le principe des ksour relevant des autoritĂ©s françaises Ă©tant acquis, celles-ci se trouvaient confrontĂ©es Ă  la question du statut des cAmĂ»r qui nomadisaient dans la rĂ©gion des monts des Ksour. Le traitĂ© de 1845 ne stipulait rien de prĂ©cis Ă  ce propos. En 1855, la majoritĂ© des tribus composant les cAmĂ»r avait fait acte de soumission Ă  la France et les autoritĂ©s françaises leur donnĂšrent une organisation rĂ©guliĂšre en trois caĂŻdats45. Ceux-ci comptaient en 1859 environ 520 tentes voir tableau 146. Tableau 1. Nombre de tentes des cAmĂ»r en 1859. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b 47 Les AwlĂąd Sidi Shaykh Ă©taient divisĂ©s en deux ligues opposĂ©es çoffs ou leffs les AwlĂąd Sidi Sh ... 30Au mois d’avril 1847, lorsque les AwlĂąd Sidi Shaykh firent leur soumission Ă  la France, les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b passĂšrent en entier sous les ordres de Si Hamza, qui dirigeait Ă  cette Ă©poque la tribu des AwlĂąd Sidi Shaykh. Jusqu’en 1848, ils paient leurs impĂŽts avec la branche aĂźnĂ©e, campent avec elle et, avec elle aussi, s’approvisionnent dans le Tell. En 1849, les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b abandonnĂšrent Si Hamza chef des AwlĂąd Sidi Shaykh Charraga et se ralliĂšrent Ă  Sidi Shaykh Ban Tayab chef des AwlĂąd Sidi Shaykh Gharaba47 qui refusait l’occupation française. 48 Territoire sous gestion d’un bachaga. 31En 1863, le soulĂšvement des AwlĂąd Sidi Shaykh provoque l’arrĂȘt de l’expansion militaire française dans le Sud oranais. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, ayant participĂ© aux soulĂšvements des AwlĂąd Sidi Shaykh et aprĂšs avoir obtenu le pardon l’aman, furent placĂ©s dans le cercle de Sebdou, oĂč ils restĂšrent jusqu’en 1878. Ils furent dĂ©tachĂ©s du cercle de Sebdou parce qu’ils avaient leurs intĂ©rĂȘts du cĂŽtĂ© d’Asla, de Chellala et de Bousemghoun, et par dĂ©cision du 4 novembre 1878, ils furent rattachĂ©s au cercle de Geryville actuel El Bayadh. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b formĂšrent alors un caĂŻdat indĂ©pendant et bien que de mĂȘme origine que les AwlĂąd Sidi Shaykh, ils restĂšrent en dehors du bachagalik48 de ces derniers. La tribu comprenait Ă  cette Ă©poque six douars, selon les autoritĂ©s coloniales. 49 Ross E. Dunn, Resistance in the Desert, Moroccan Responses to French Imperialism 1881-1912, New Yo ... 50 Comme nous l’avons indiquĂ© plus haut, le soulĂšvement des AwlĂąd Sidi Shaykh provoque l’arrĂȘt de l ... 32En 1881, de nombreux AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et cAmĂ»r participĂšrent Ă  l’insurrection menĂ©e par Sidi AbĂ» cAmama, marabout originaire des AwlĂąd Sidi Tadj. Celle-ci s’inscrit dans la continuitĂ© des actes de rĂ©bellion menĂ©s par les AwlĂąd Sidi Shaykh. Ces insurrections rĂ©sultĂšrent en grande partie de la situation liĂ©e Ă  la crise fonciĂšre en particulier Ă  propos des terrains de parcours gĂ©nĂ©rĂ©e par la politique de dĂ©possession des terres tribales. Les tribus des plaines du Nord, disloquĂ©es et privĂ©es de leurs terres, furent en effet forcĂ©es de migrer vers les terres des autres tribus, plus au Sud, provoquant ainsi une grave crise qui suscita ces actes continus de rĂ©bellion49. En 1881, suite Ă  l’insurrection menĂ©e par Sidi AbĂ» cAmama, les autoritĂ©s françaises dĂ©cidĂšrent d’occuper Ain Sefra et d’y crĂ©er un poste militaire50. La crĂ©ation du cercle d’Ain Sefra 51 Anonymes et Schmidt, Histoire du cercle d’Ain Sefra », document remis par le pĂšre Communardi d’A ... 33Le 20 mars 1882, date de la crĂ©ation par arrĂȘtĂ© gouvernemental du cercle d’Ain Sefra, les cAmĂ»r se voient appliquer une nouvelle organisation. Les Ă©vĂ©nements insurrectionnels de 1881 avaient poussĂ© les autoritĂ©s françaises Ă  occuper d’une façon permanente la rĂ©gion des ksour et, par la suite, elles donnĂšrent Ă  cette confĂ©dĂ©ration une organisation rĂ©guliĂšre en trois tribus AwlĂąd Salim, AwlĂąd BĂ»bkar et Swala. Celle-ci fut modifiĂ©e une premiĂšre fois en 1885, un an aprĂšs le dĂ©part des Lamdabih au Maroc. Les AwlĂąd BĂ»bkar furent partagĂ©s en deux caĂŻdats AwlĂąd cAbdallah et AwlĂąd Gtayb. Puis en 1889, on procĂ©da Ă  la rĂ©organisation des tribus des AwlĂąd Salim fractions des Mrinat et des AwlĂąd Shahmi et des Swala fractions des AwlĂąd cAmr et des AwlĂąd Sliman. En 1898, on organisa les cAmĂ»r en quatre caĂŻdats AwlĂąd BĂ»bkar, Swala, AwlĂąd Shahmi et Mrinat. Les ShwarĂąb formĂšrent une fraction rattachĂ©e pour le commandement Ă  la tribu de Moghrar Fougani, laquelle comprenait en fait les habitants du ksar qsar de Moghrar Fougani et les Ă©lĂ©ments restants de la tribu des AwlĂąd Sidi Tadj une grande partie s’était enfuie au Maroc51. 52 Documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/2. 34MalgrĂ© l’occupation d’Ain Sefra et la crĂ©ation du cercle portant le mĂȘme nom, la question du statut des cAmĂ»r demeure non rĂ©glĂ©e. Fin mars 1887, le gouvernement chĂ©rifien demande aux autoritĂ©s françaises qu’elles facilitent le retour au Maroc d’un millier de tentes des cAmĂ»r », installĂ©es dans la subdivision de Mascara division militaire Ă  laquelle est attachĂ©e le Haut Sud-Ouest52. Dans une correspondance adressĂ©e au gĂ©nĂ©ral commandant la subdivision de Mascara datĂ©e du 1er avril 1887, le lieutenant-colonel Marmet, commandant supĂ©rieur du cercle d’Ain Sefra, indique que 53 Correspondance n° 177, du 11 avril 1887, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence ... Les tribus des Amour du cercle d’Ain Sefra ne comprennent en totalitĂ© que 683 tentes. Par suite, mille chefs de tente n’ont donc pu demander Ă  aller se fixer au Maroc. J’ajoute mĂȘme que pas un seul chef de tente n’a fait une semblable demande. [Se rĂ©fĂ©rant aux analyses du commandant Rinn concernant le statut des cAmur, il avança qu’il existe] des Amour algĂ©rien, de mĂȘme qu’il y a des Amour marocains. Ces derniers [
] sont les Medabiah environ 70 tentes qui sont toujours campĂ©s avec les Beni Guill. [
] il y a une petite fraction marocaine des Oulad Abdallah une quarantaines de tentes53. » 54 Ibid. 55 Correspondance n°4419, du 7 aoĂ»t 1888, du gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral co ... 35Ce dilemme concernant le statut des cAmur poussera certains d’entre eux Ă  trouver refuge dans le massif frontalier de Beni Smir. En 1888, il est question d’exĂ©cuter un coup de main » dans cette rĂ©gion pour punir et ramener les tentes des cAmur refusant l’autoritĂ© française. Ce coup de main » est arrĂȘtĂ© en raison des problĂšmes qu’il aurait pu occasionner avec le Maroc. À la mĂȘme Ă©poque un dignitaire marocain, cÛmar SĂ»si, arrive Ă  Figuig et essaie de regagner les cAmur en tant que sujets marocains54. Ces derniersse trouvent donc pris entre la France et le Maroc qui les revendiquent en tant que sujets. Le 7 aoĂ»t 1888, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie, suite Ă  la dĂ©cision du conseil du gouvernement, stipulera que les cAmur du cercle d’Ain Sefra devront ĂȘtre traitĂ©s comme des sujets algĂ©riens55. 56 Une partie importante du cheptel pĂ©rira lors de ce dĂ©placement qui dura plusieurs mois. Sur cette ... 36Refusant l’occupation française, de nombreuses tentes s’enfuirent encore au Maroc. Pour contrer ce phĂ©nomĂšne de fuites vers le Maroc, les autoritĂ©s françaises dĂ©cideront l’augmentation de la cavalerie et des spahis dans le cercle d’Ain Sefra, mais aussi feront migrer un grand nombre de tentes 343 des cAmur vers l’Est, Ă  destination de l’annexe d’Aflou. Cette migration et le cantonnement des cAmur dans l’annexe d’Aflou dĂ©buteront en septembre 188856. La dĂ©cision des autoritĂ©s françaises prĂ©cipitera au contraire la fuite de certaines tentes des cAmur restĂ©es dans le cercle d’Ain Sefra, vers l’Ouest, vers le Maroc, de peur de l’internement dans l’annexe d’Aflou. Du fait du cantonnement dans l’annexe d’Aflou et des fuites vers le Maroc, en novembre 1888, sur 697 tentes appartenant aux cAmur, seulement 95 se trouveront effectivement dans l’annexe d’Ain Sefra. La majoritĂ© des tentes se trouvera dans l’annexe d’Aflou 346, puis au Maroc 251 cf. tableau 2. 57 État joint Ă  la correspondance du gĂ©nĂ©ral de brigade, commandant de la subdivision de Mascara O’N ... Tableau 2. Novembre 1888, Ă©tat des tentes des cAmĂ»r57 Tribus À Aflou Au Maroc À Ain Sefra Territoire algĂ©rien autre qu’Ain Sefra et Aflou Total Souala 114 64 16 0 194 Ouled Selim 96 130 48 3 277 Ouled Gottib 88 11 19 2 120 Ouled Abdallah 48 46 12 0 106 Total 346 251 95 5 697 58 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/3. 37À partir de 1892, les cAmur cantonnĂ©s Ă  l’Est rentreront progressivement dans le cercle d’Ain Sefra58. En 1894, la subdivision militaire d’Ain Sefra est créée. 59 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/4. 38Dans une correspondance datĂ©e du 5 avril 1898 et adressĂ©e Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran, le gĂ©nĂ©ral Gaillard de Saint-Germain, commandant la subdivision d’Ain Sefra, proposera une nouvelle organisation du cercle d’Ain Sefra, du fait des fuites et retours des tentes59. Il indique qu’en 1898, les cAmĂ»r forment 6 tribus AwlĂąd Sliman, AwlĂąd cAmr, AwlĂąd Shahmi, AwlĂąd cAbdallah, AwlĂąd Gtayb et Mrinat. Il demande de les rĂ©duire Ă  quatre, qui prendraient les dĂ©nominations de Swala, AwlĂąd BĂ»bkar, AwlĂąd Salim et Mrinat. Il les prĂ©sente ainsi 1. Tribu des Souala environ 150 tentes. Elle comprendrait les tribus actuelles des Oulad Sliman et des Oulad Ameur, auxquelles on ajouterait les Oulad Alyat rĂ©cemment rentrĂ©s de l’Ouest et placĂ©s sous le commandement du caid de Tyout [
]. 2. Tribu des Oulad Boubekeur environ 80 tentes. Elle comprendrait les deux tribus actuelles des Oulad Abdallah et des Oulad Gottib auxquelles on joindrait les Medabiah nouvellement rentrĂ©s et actuellement placĂ©s sous les ordres du caĂŻd du Ksar de Sfissifa [
]. 3. Tribu des Oulad Selim. Elle comprendrait la tribu actuelle des Oulad Chahmi Ă  laquelle on joindrait la tribu actuelle des Oulad Bou Chareb [
]. 4. Les Merinat environ 100 tentes continueraient Ă  former Ă  eux seuls une tribu unique ». 60 Correspondance du gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran ... 39Il indique par ailleurs que, mise Ă  part la tribu des Mrinat, qui compte une centaine de tentes et Ă  laquelle, pour cette raison, il ne touchera pas, les autres tribus du cercle d’Ain Sefra en comprennent entre 15 Ă  50 et qu’elles formeraient en d’autres rĂ©gions de simples douars. Il estime aussi que le groupement des cAmĂ»r en un nombre restreint de caĂŻdats a Ă©tĂ©, de 1884 Ă  1888, l’une des causes du dĂ©part en dissidence de la plus grande partie de ces indigĂšnes ». Par la suite, dans sa correspondance du 21 octobre 1898, le gĂ©nĂ©ral Gaillard de Saint-Germain inclura les Mrinat dans la tribu des AwlĂąd Salim, soit 3 tribus Swala, AwlĂąd Salim, AwlĂąd BĂ»bkar. Le 6 septembre 1898, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie accepte la nouvelle organisation Ă  donner aux cAmĂ»r et propose de nommer Si Moulay Ben Miloud, un des marabouts de Tiout, au titre de caĂŻd des caĂŻds60. 40En fait, avec cette nouvelle organisation, on en revient Ă  la premiĂšre, celle de 1855 laquelle s’appuyait sur la rĂ©alitĂ© locale, directement observable, c’est-Ă -dire en trois tribus Swala, AwlĂąd Salim et AwlĂąd BĂ»bkar. Toutefois celles-ci ne sont plus composĂ©es de la mĂȘme maniĂšre. Les Lamdabih par exemple ont migrĂ© en masse au Maroc et, de fait, la tribu des AwlĂąd BĂ»bkar ne comprend plus cette fraction. Par ailleurs, ce nouvel agencement des tribus n’arrĂȘta ni les fuites, ni les rĂ©sistances Ă  l’occupation. La crĂ©ation du territoire militaire d’Ain Sefra et l’organisation des tribus 61 Capitaine Mesnier, Monographie
 62 En 1885, l’annexe créée Ă  Mecheria dĂ©pendait du cercle d’Ain Sefra mais au moment de la rĂ©organisa ... 63 Il s’agit de l’actuelle El Bayadh. 64 Il s’agit de l’actuelle Bechar. 65 RenĂ©-Victor VĂąlet indique concernant les territoires du Sud que les communes mixtes ne diffĂšrent ... 66 Les titres de bachaga et d’agha Ă©taient repris de l’administration ottomane. Ils dĂ©signaient les g ... 67 Capitaine Mesnier, Monographie
, p. 75. 41En 1905, le territoire militaire d’Ain Sefra fut créé. Ce territoire qui remplaça la subdivision dĂ©cret du 12 dĂ©cembre 1905 Ă©tait placĂ© sous l’autoritĂ© d’un gĂ©nĂ©ral de brigade qui dĂ©pendait directement, au point de vue administratif, du gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie et, au point de vue militaire du gĂ©nĂ©ral commandant le 19e corps d’armĂ©e61. Il Ă©tait divisĂ© en trois cercles Mecheria62, Geryville63 et Colomb et deux annexes Ain Sefra et Beni Ounif et comprenait trois communes mixtes Ain Sefra, Mecheria, Geryville et deux communes indigĂšnes Colomb64 et Timimoun65. Les communes mixtes Ă©taient administrĂ©es par une commission municipale composĂ©e du commandant supĂ©rieur du cercle ou du chef de l’annexe il en Ă©tait le prĂ©sident, du chef du bureau des Affaires indigĂšnes ou de l’officier du bureau venant immĂ©diatement aprĂšs lui il en Ă©tait l’adjoint, d’un adjoint spĂ©cial français, des conseillers municipaux Ă©lus, des caĂŻds. Le bachaga de Geryville et l’agha des cAmĂ»r et des Ksour faisaient partie de la commission qui siĂ©geait Ă  Geryville et Ain Sefra66. La commune mixte d’Ain Sefra fut créée par arrĂȘtĂ© du 4 juin 1885. Elle Ă©tait composĂ©e au dĂ©but de deux sections celle d’Ain Sefra et celle de Mecheria. Plus tard la section de Mecheria fut rattachĂ©e au cercle de mĂȘme nom. En 1904, Ain Sefra Ă  elle seule devint commune mixte. En 1914, elle comprenait deux sections le centre d’Ain Sefra, avec les tribus des cAmĂ»r et les Ksour de la rĂ©gion 1Ăšre section et le centre de population de Beni Ounif et l’annexe du mĂȘme nom 2e section67. 68 La section de commune normale » n’a pas de reprĂ©sentation spĂ©ciale. RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sahara ... 42L’annexe d’Ain Sefra comprend par ailleurs un maghzen soldĂ© avec un chef de maghzen et quatre-vingt-quatre cavaliers, cinq tribus nomades, six ksour et le douar maghzen. Chaque tribu nomade et chaque ksar est commandĂ© par un caĂŻd qui est assistĂ© d’une assemblĂ©e djemaa ou jamaca composĂ©e de notables tribaux. La tribu a bel et bien, comme dans l’ensemble des territoires du Sud, une existence institutionnelle et juridique. Elle constitue en fait une section de commune privilĂ©giĂ©e, possĂ©dant un conseil permanent, la jamaca, chargĂ©e d’administrer ses biens et de dĂ©fendre ses intĂ©rĂȘts68. 69 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 4. 70 Il y eut de nombreux abus de la part des administrateurs dans l’attribution des noms, en tĂ©moignen ... 43Les caĂŻds des tribus ou ksour de l’annexe sont placĂ©s sous l’autoritĂ© de l’agha des cAmĂ»r et des ksour d’Ain Sefra, Si Moulay Ould Si Mohammed ben Miloud Si MĂ»lay AwlĂąd Si Muhammad ban MilĂ»d. Celui-ci, investi des fonctions de caĂŻd des caĂŻds le 27 septembre 1898, fut nommĂ© agha le 3 fĂ©vrier 190069. En 1934, la tribu des Swala est rattachĂ©e au ksar de Tiout, celle des AwlĂąd BĂ»bkar au ksar de Sfissifa. À cette mĂȘme Ă©poque, le rĂ©gime de l’État civil est mis en place. On donne aux membres des tribus des noms patronymiques et dans les registres est indiquĂ©e, outre les caractĂ©ristiques personnelles nom, prĂ©nom, date de naissance
, l’appartenance tribale70. Alors qu’ailleurs les Ă©tats civils contribuent Ă  dĂ©finir et Ă  rendre tangibles les identitĂ©s et appartenances nationales, dans les territoires du Sud, elles participent Ă  prĂ©server ou Ă  fabriquer des identitĂ©s et des clivages tribaux et/ou ethniques entre nomades arabes et gens des qsĂ»r berbĂšres. 71 Ces fractions firent valoir que tous leurs intĂ©rĂȘts Ă©taient du cĂŽtĂ© de l’annexe d’Ain Sefra dont ... 72 Territoire sous gestion d’un agha. 73 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 27-28. 44ParallĂšlement, suite Ă  la demande des membres de deux fractions des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, les AwlĂąd Sidi Muhammad et les AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie prononce, le 5 mai 1904, leur mutation dans l’annexe d’Ain Sefra71, en spĂ©cifiant que cette nouvelle tribu sera indĂ©pendante de l’agha des cAmĂ»r et des ksour, comme les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b sont indĂ©pendants du bachaga des AwlĂąd Sidi Shaykh. Par la suite, le 1er septembre 1904, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie prononce le rattachement de la tribu nouvellement formĂ©e des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar Ă  l’aghalik72 des cAmĂ»r. En 1910, la question de la fusion des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar dĂ©pendants d’Ain Sefra et des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b dĂ©pendants de Geryville est Ă©tudiĂ©e. Par dĂ©cision du 10 dĂ©cembre 1914, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie dĂ©cide la fusion des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar avec les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b. Cette nouvelle tribu dĂ©nommĂ©e AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et AbĂ» al Anwar, puis simplement AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b est rattachĂ©e Ă  l’annexe d’Ain Sefra. En 1934, on fusionne le ksar d’Asla Ă  la tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b pour n’en former qu’une seule, appelĂ©e tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et Asla, avec un seul caĂŻd Si Muhammad MĂ»stafa ban Si MĂ»lay, d’origine shĂ»rfa73. Conclusions 45Les rĂ©organisations de la confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r et de la tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b donnĂšrent un caractĂšre plus formel aux tribus, avec une organisation bien prĂ©cise, faisant d’elles, en dĂ©finitive, des entitĂ©s encore plus cohĂ©rentes. La volontĂ© des autoritĂ©s françaises Ă©tait de garder cette organisation en tribus, qui leur semblait plus contrĂŽlable. L’exemple de la tribu de Moghrar Fougani l’atteste. Alors qu’une grande partie des AwlĂąd Sidi Tadj avait fui au Maroc, les autoritĂ©s essayĂšrent de constituer de toute piĂšce une tribu en organisant sous le mĂȘme caĂŻdat les quelques AwlĂąd Sidi Tadj restants, les habitants du ksar de Moghrar Fougani et la fraction des Shwarab qui nomadisait aux environs. 74 Isabelle Eberhardt raconte que certains des membres de cette tribu se retrouvĂšrent rattachĂ©s au ca ... 46S’il y a eu des modifications durant cette pĂ©riode, celles-ci ne remettent donc pas en cause la tribu en tant que systĂšme spĂ©cifique d’organisation sociale. Certaines tribus se retrouvent, certes amoindries, sur le territoire du Haut Sud-Ouest parce que beaucoup de leurs membres sont morts au combat ou ont fui au Maroc. C’est notamment le cas de la tribu des AwlĂąd Sidi Tadj74, Ă  laquelle appartenait Sidi AbĂ» cAmama. Mais l’organisation en tribus n’est pas fondamentalement remise en cause. Par ailleurs, les rapports entre les tribus et la population française demeurent assez faibles en dehors des centres urbains de Mecheria et d’Ain Sefra. 47Moins en contact avec la population française, les membres des cAmĂ»r et plus encore des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, plus Ă©loignĂ©s du centre de commandement d’Ain Sefra, inquiĂštent cependant toujours les autoritĂ©s parce que, du fait mĂȘme de leur mode de vie nomade, ils apparaissent comme moins contrĂŽlables et en cas de rĂ©bellion, ils ont un avantage non nĂ©gligeable ils connaissent mieux que quiconque le territoire du Haut Sud-Ouest. Le rattachement des tribus aux ksour fut donc une mesure pour tenter de contrĂŽler les tribus nomades de la rĂ©gion. Elle eut pour consĂ©quence d’exacerber les antagonismes entre les tribus nomades d’ascendance arabe » et les habitants des ksour d’ascendance berbĂšre ». 48Dans le Haut Sud-Ouest, les autoritĂ©s françaises tentĂšrent ainsi de maĂźtriser les tribus notamment en nommant leurs caĂŻds et en contrĂŽlant les dĂ©placements des Ă©lĂ©ments nomades. Cette derniĂšre mission incombait en partie au makhzen, un bataillon formĂ© d’indigĂšnes payĂ©s par les autoritĂ©s françaises et supervisĂ©s par l’armĂ©e. 75 Cette politique du contrĂŽle militaire des tribus et de la nomination de caĂŻds des caĂŻds, de grands ... 76 Nous devons ces informations Ă  Hadj Sassi. Il est l’une des rares personnes, encore vivante, Ă  avo ... 49Outre ce fait, la mise en place d’un caĂŻd des caĂŻds septembre 1898, le bachagha Si Moulay, atteste de la volontĂ© des autoritĂ©s françaises de prĂ©server un ordre politique de type traditionnel et d’organiser les tribus selon les coutumes locales75. La dĂ©signation de Si Moulay Ă  ce poste n’est pas fortuite. Celui-ci est en effet reconnu comme descendant d’un des marabouts les plus influents et les plus renommĂ©s de l’Ouest algĂ©rien, le sharif Sid Ahmad Ban YĂ»saf de Miliana. L’autoritĂ© de Si Moulay, en tant que sharif du fait de cette ascendance supposĂ©e, est donc largement acceptĂ©e par les tribus de la rĂ©gion. Il eut pour adjoint son fils, Si Khaladi. Ce dernier faisait partie des nouvelles gĂ©nĂ©rations, celles formĂ©es par l’école française. Il aurait aboli, dans la rĂ©gion d’Ain Sefra, les corvĂ©es qui consistaient Ă  nourrir de force les sections de militaires spahis en patrouille, aux frais des populations dĂ©jĂ  misĂ©rables. Il tenta en outre d’abolir les amendes collectives des tribus76. Suite au dĂ©cĂšs de son pĂšre, Si Khaladi fut nommĂ© chef indigĂšne, bachagha, de 1932 Ă  1956. 50Lorsque les autoritĂ©s nommĂšrent Si Khaladi, suite au dĂ©cĂšs de Si Moulay, elles ne firent que perpĂ©tuer un principe important dans le monde tribal, celui de la filiation ou plus exactement de l’unifiliation. La dĂ©signation de Si Khaladi Ă  la succession de Si Moulay Ă©tait donc normale compte tenu du contexte tribal. Selon le principe de l’unifiliation, les droits et devoirs attribuĂ©s Ă  son pĂšre lui incombaient naturellement ». En outre, chaque tribu payait collectivement les amendes imposĂ©es par les autoritĂ©s françaises suite aux infractions de l’un ou de plusieurs de ses membres. La pratique de l’amende collective illustre le fait que les autoritĂ©s reconnaissaient en fait la responsabilitĂ© de la tribu, du groupe, sur ses Ă©lĂ©ments. En cela, elles ne firent encore qu’appliquer un autre principe important du monde tribal celui de la solidaritĂ© intratribale. Elles estimaient que les membres des tribus formaient, autre caractĂ©ristique essentielle de la tribu, des corporate groups, des groupes faisant corps », et se devaient donc d’ĂȘtre solidaires et responsables collectivement. Haut de page Bibliographie Livres Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie prĂ©coloniale Ă  l’AlgĂ©rie coloniale, Alger, OPU, 1985. Radouane Ainad Tabet, Histoire d’AlgĂ©rie, Sidi Bel AbbĂ©s de la colonisation Ă  la guerre de libĂ©ration en zone 5, wilaya V 1830-1962, Alger, ENAG Éditions, 1999, p. 60-61. Anonymes et Schmidt, Histoire du cercle d’Ain Sefra », document remis par le pĂšre Communardi d’Ain Sefra, 1949. SmaĂŻl Aouli, Ramdane Redjala et Philippe Zoummeroff, Abd el-Kader, Paris, Fayard, 1994. Ahmed Ben Naoum, Uled Sidi Esh Sheykh, essai sur les reprĂ©sentations hagiographiques de l’espace au sud-ouest de l’AlgĂ©rie, thĂšse de doctorat d’État en lettres et sciences humaines, universitĂ© de Provence centre d’Aix, 1993. 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] de manifester leur sentiment de fidĂ©litĂ© et rĂ©itĂ©rer leur engagement Ă  accompagner le prĂ©sident [Bouteflika] dans ses efforts de redressement, de relance et de croissance », suggĂ©rant ainsi que les choses allaient pour le mieux car les tribus supportaient le pouvoir. La lĂ©gende au prĂ©sent », El Moujahid, 8 septembre 2003, p. 5. Le journal Le Quotidien d’Oran titrait, en fĂ©vrier 2004, que les tribus du Tidikelt soutenaient Bouteflika. À en croire ces journaux, la tribu serait un acteur politique rĂ©el et surtout bien lĂ©gitime. Les tribus du Tidikelt soutiennent Bouteflika », Le Quotidien d’Oran, 16 fĂ©vrier 2004. 3 La confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r de la rĂ©gion d’Ain Sefra se serait constituĂ©e progressivement entre le milieu du xvie et la fin du xviiie siĂšcle, Ă  partir de familles provenant d’une tribu hilalienne Ă  laquelle se sont agrĂ©gĂ©s d’autres Ă©lĂ©ments d’origines diverses. On trouve des cAmĂ»r dans la rĂ©gion d’Aflou mais la confĂ©dĂ©ration que nous Ă©tudions celle du Haut Sud-Ouest est largement autonome par rapport aux groupes issus de la tribu hilalienne et installĂ©s dans le Zab de Constantine et la rĂ©gion du Djebel Amour. Elle constituait, Ă  l’aube de la colonisation, une entitĂ© indĂ©pendante avec son propre territoire qui, par ailleurs, est assez distant du Djebel Amour plus de 300 km. La confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r pratiquait un nomadisme altitudinale d’est en ouest le long des monts des Ksour. 4 Sid Ahmad MajdĂ»b, l’ancĂȘtre fondateur de la tribu, serait nĂ© approximativement entre 1490 et 1493 de l’ùre chrĂ©tienne, et serait mort en 1571. Il est l’oncle paternel de Sidi Shaykh, ancĂȘtre de la grande tribu des AwlĂąd Sidi Shaykh. En raison de son ascendance censĂ©e remonter Ă  un saint, la tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b est localement qualifiĂ©e de mrabtin, de maraboutique. On trouvera dans la thĂšse d’Ahmed Ben Naoum des Ă©lĂ©ments d’hagiographie sur Sid Ahmad MajdĂ»b et sur Sidi Shaykh Ahmed Ben Naoum, Uled Sidi Esh Sheykh, essai sur les reprĂ©sentations hagiographiques de l’espace au sud-ouest de l’AlgĂ©rie, thĂšse de doctorat d’État en lettres et sciences humaines, universitĂ© de Provence centre d’Aix, 1993. 5 Pour une analyse du concept de tribu, cf. Jacques Berque, Qu’est-ce qu’une tribu nord-africaine ? », dans Éventail de l’histoire vivante, Hommage Ă  Lucien Febvre, Paris, Armand Colin, 1954, p. 261-271, aussi dans Jacques Berque, Maghreb, histoire et sociĂ©tĂ©s, Alger, SNED, 1974 et Pierre Bonte, Édouard Conte, Constant HamĂšs et al., Al ansab, la quĂȘte des origines, Anthropologie historique de la tribu arabe, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1991. 6 En parlant de systĂšme, j’ai Ă  l’esprit l’ensemble des relations liant les tribus entre elles, qu’il s’agisse Ă  la fois des relations de tribu Ă  tribu Ă©conomiques dans le cas des Ă©changes de produits et des arrangements territoriaux ; religieuses dans le cas de culte commun d’un saint ; politiques dans le cas d’alliance ; matrimoniales dans le cas d’exogamie tribale
 ou des relations en rĂ©seaux via notamment les diffĂ©rentes confrĂ©ries. 7 SmaĂŻl Aouli, Ramdane Redjala et Philippe Zoummeroff, Abd el-Kader, Paris, Fayard, 1994. 8 Radouane Ainad Tabet, Histoire d’AlgĂ©rie, Sidi Bel AbbĂ©s de la colonisation Ă  la guerre de libĂ©ration en zone 5, wilaya V 1830-1962, Alger, ENAG Éditions, 1999, p. 60-61. 9 Ibid., p. 53-63. 10 Ibid., p. 61. 11 Repris du journal algĂ©rien LibertĂ© du 6 aoĂ»t 2001, dossier spĂ©cial sur la tribu en AlgĂ©rie. 12 Jean-Claude Vatin, L’AlgĂ©rie politique, Histoire et SociĂ©tĂ©, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1983, p. 125. En outre, Jean-Claude Vatin indique qu’il existait 100 000 hectares de terres europĂ©ennes en 1850, 2 700 000 un siĂšcle plus tard » p. 319. 13 Karl Marx, Le systĂšme foncier en AlgĂ©rie », dans Sur les sociĂ©tĂ©s prĂ©capitalistes extraits du cahier de notes datant de 1879 environ, Paris, Éditions sociales, col. Cahiers du CERM », 1970, p. 384. 14 Karl Marx dit Ă  ce propos que l’institution de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre Ă©tait aux yeux du bourgeois français la condition indispensable de tout progrĂšs dans les domaines politique et social ». Ibid., p. 391. 15 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986, p. 28. 16 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie prĂ©coloniale Ă  l’AlgĂ©rie coloniale, Alger, OPU, 1985, p. 21-22. 17 D. Daumas, Les populations indigĂšnes et la terre collective de tribu en Tunisie, Tunis, 1912. 18 Henry de MontĂ©ty, Une loi agraire en Tunisie, Cahors, 1927, p. 30. 19 Sur ce point cf. notamment la partie Le marchĂ© autorĂ©gulateur et les marchandises fictives travail, terre et monnaie », dans Karl Polanyi, La Grande Transformation, Paris, Gallimard premiĂšre parution en anglais en 1944, 1983, p. 102-112. 20 Pour un point de vue rapide du phĂ©nomĂšne de dislocation du nomadisme, lire M’Hamed Boukhobza, L’agro-pastoralisme traditionnel en AlgĂ©rie, de l’ordre tribal au dĂ©sordre colonial, Alger, Office des publications universitaires, 1982, p. 20-23. 21 Jacques Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Seuil, 1962, p. 121-136. 22 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986. 23 Yvonne Turin, Affrontements culturels dans l’AlgĂ©rie coloniale Ă©coles, mĂ©decines, religion, 1830-1880, Paris, Maspero, 1971. 24 Capitaine Mesnier, Monographie du territoire d’Ain Sefra, Oran, Imprimerie L. Fouque, 1914 bibliothĂšque du territoire d’Ain Sefra – cote AOM B//4093, p. 48. En 1914, annĂ©e de la publication de la monographie, le territoire d’Ain Sefra comprenait entre autre le cercle de Mecheria, l’annexe d’Ain Sefra, l’annexe de Beni Ounif, le cercle de Colomb Bechar et les postes de Taghit et Talzaza, l’annexe de Beni Abbes et le cercle de Geryville. 25 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie
, p. 57. 26 C’est le cas des approches de Jacques Berque, M’Hamed Boukhobza, Lahouari Addi et Ali Merad Boudia notamment. 27 Maurice Godelier, L’idĂ©el et le matĂ©riel, Paris, Fayard, 1984. 28 Augustin Bernard et NapolĂ©on Lacroix, L’évolution du nomadisme en AlgĂ©rie, Alger, Adolphe Jourdan, 1906. LĂ©on Joseph Lehuraux, Le nomadisme et la colonisation dans les Hauts Plateaux de l’AlgĂ©rie, Paris, Éditions du comitĂ© de l’Afrique française, 1931. 29 Louis Voinot, Le Tidikelt Ă©tude sur la gĂ©ographie, l’histoire, les mƓurs du Pays, Éditions J. Gandini, 1995. Extrait du Bulletin de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie et d’archĂ©ologie de la province d’Oran, tome XXIX – fascicules CXXIX, CXXX, CXXXI, 1909. 30 Robert Capot-Rey indique que le nombre des EuropĂ©ens vivant au Sahara a toujours Ă©tĂ© faible. Dans les territoires du Sud algĂ©riens, qui comprennent plus du tiers du Sahara français, on comptait, en 1948, EuropĂ©ens. La proportion des EuropĂ©ens aux indigĂšnes, qui est Ă  peu prĂšs de 1 Ă  8 dans les territoires du Nord, est de 1 Ă  100 dans les territoires du Sud. » Robert Capot-Rey, Le Sahara français, Paris, PUF, 1953. Certaines rĂ©gions montagneuses du Nord, telles que la Kabylie ou l’AurĂšs, semblent aussi avoir Ă©tĂ© relativement prĂ©servĂ©es. Alain MahĂ© rend compte par exemple de la maniĂšre dont les assemblĂ©es villageoises de Kabylie tajmats ont su s’adapter et se transformer compte tenu de l’instauration d’un ordre politique Ă©tatique français, puis algĂ©rien. Alain MahĂ©, La rĂ©volte des anciens et des modernes. De la tribu Ă  la commune dans la Kabylie contemporaine », dans Hosham Dawod dir., Tribus et pouvoirs en terre d’Islam, Paris, Armand Colin, 2004, p. 201-235. 31 Fanny Colonna et Henri Tawfik, Au Gourara, une prĂ©-enquĂȘte », dans Fanny Colonna, Savants Paysans, Ă©lĂ©ments d’histoires sociales sur l’AlgĂ©rie rurale, Alger, OPU, 1987, p. 37-66. 32 C’est notamment le parti que prend Nico Kielstra dans son Ă©tude des mutations de l’organisation tribale dans le Souf Sud-Est algĂ©rien. Cet auteur articule toute l’évolution de l’organisation tribale Ă  celle des chefferies – fait qui peut s’expliquer par l’importance historique des chefferies dans la rĂ©gion – et tend malheureusement Ă  avoir une vision linĂ©aire. De fait, il conclut au dĂ©clin de l’organisation tribale et cela sans nous montrer en quoi les chefferies Ă©taient nĂ©cessaires Ă  la structure tribale et sans prĂ©sager des possibilitĂ©s d’adaptation de ces organisations tribales. Nico Kielstra, The decline of tribal organization in the Souf S. E. Algeria », Revue de l’Occident musulman et de la MĂ©diterranĂ©e, n° 45, 1987, p. 11-24. 33 Les subdivisions des territoires du Sud devinrent nĂ©anmoins des dĂ©partements quelques annĂ©es plus tard, au lendemain de la guerre d’AlgĂ©rie. Bien que n’ayant plus d’existence juridique les territoires du Sud ont perdurĂ© jusqu’au milieu des annĂ©es cinquante Jacques FrĂ©meaux, Pertinence et fonctions de la frontiĂšre Tell-Sahara 1830-1960 », Revue d’histoire maghrĂ©bine, n° 81-82, juin 1986, p. 251-265. Voir le tableau de l’organisation des territoires du Sud en fin d’article. 34 Camille Sabatier, La question du Sud-Ouest, Alger, Éditions Adolphe Jourdan, 1881, p. 67-68. 35 Note du 3 avril 1922 Archives affaires indigĂšnes militaires, repris de RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sahara AlgĂ©rien. Étude de l’organisation administrative, financiĂšre et judiciaire des Territoires du Sud, Alger, La Typo-Litho, 1927, p. 41-42. 36 Ibid., p. 84. 37 Ibid., p. 86. 38 Ibid., p. 98-99. 39 Ibid., p. 131-132. 40 Ibid., p. 182 et suiv. 41 Il s’agit du recours d’un indigĂšne s’estimant lĂ©sĂ© Ă  un officier qu’il considĂšre comme son chef. Ce dernier fait office d’arbitre entre les deux parties. 42 Ibid., p. 211-212. 43 Jacques FrĂ©meaux, Pertinence
 », p. 261-262. 44 Colette Establet se posait ainsi la question de la rĂ©ification tribale Faut-il se fier Ă  la rĂ©alitĂ© sociale de ces groupements si bien emboĂźtĂ©s ? Des groupements qui correspondent Ă  une telle rĂ©alitĂ© sociale qu’ils auraient pu ĂȘtre facilement adaptĂ©s Ă  des fins d’organisation administrative le caĂŻd dans la tribu, le cheikh dans la ferqa, le kebir dans son douar ? Les caĂŻds font-ils, de leurs tribus, une sociologie spontanĂ©e ? Ou obĂ©issent-ils, dans leur description, Ă  la volontĂ© classificatrice, rationalisante, voire gĂ©omĂ©trique de la France divisĂ©e en dĂ©partements, eux-mĂȘmes divisĂ©s en arrondissements, puis en communes, la France organiserait ainsi, Ă  l’image de l’administration rationnelle issue de la rĂ©volution française, une pyramide administrative permettant de placer chaque homme Ă  l’intĂ©rieur d’un rĂ©seau de tribu, de fractions et de douars qui quadrillent le territoire, et auquel on ne peut Ă©chapper. » Colette Establet, 1991, Être caĂŻd dans l’AlgĂ©rie coloniale, Paris, Éditions du CNRS, p. 217-218. 45 N. Lacroix et H. M. P. de La MartiniĂšre, Documents pour servir Ă  l’étude du Nord Ouest africain, tome 2, Lille, L. Danel, 1896, p. 260 et 261n. 46 D’aprĂšs les notes sur la tribu des Amour du commandant Colonieu, datĂ©es de 1859, dans un document microfilmĂ©, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/1. Les deux derniĂšres fractions n’apparaissent dans aucun autre document et n’ont pas Ă©tĂ© citĂ©es lors des reconstitutions des gĂ©nĂ©alogies. 47 Les AwlĂąd Sidi Shaykh Ă©taient divisĂ©s en deux ligues opposĂ©es çoffs ou leffs les AwlĂąd Sidi Shaykh Gharaba de l’Ouest et les AwlĂąd Sidi Shaykh Charraga de l’Est. 48 Territoire sous gestion d’un bachaga. 49 Ross E. Dunn, Resistance in the Desert, Moroccan Responses to French Imperialism 1881-1912, New York, University of Wisconsin Press, 1977, p. 141-146. 50 Comme nous l’avons indiquĂ© plus haut, le soulĂšvement des AwlĂąd Sidi Shaykh provoque l’arrĂȘt de l’expansion militaire française dans le Sud oranais », c’est donc qu’il y avait bien un projet colonial. Toutefois, contrairement Ă  El Bayadh Geryville et BĂ©char, Ain Sefra ne faisait pas partie – avant le soulĂšvement d’AbĂ» cAmama – de points stratĂ©giques pour l’expansion militaire. 51 Anonymes et Schmidt, Histoire du cercle d’Ain Sefra », document remis par le pĂšre Communardi d’Ain Sefra, 1949, p. 2. 52 Documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/2. 53 Correspondance n° 177, du 11 avril 1887, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/2. 54 Ibid. 55 Correspondance n°4419, du 7 aoĂ»t 1888, du gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/3. 56 Une partie importante du cheptel pĂ©rira lors de ce dĂ©placement qui dura plusieurs mois. Sur cette Ă©pisode de la migration, voir les correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/3. 57 État joint Ă  la correspondance du gĂ©nĂ©ral de brigade, commandant de la subdivision de Mascara O’Neill, Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran, 22 novembre 1888, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/4. 58 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/3. 59 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/4. 60 Correspondance du gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran, du 6 septembre 1898, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/4. 61 Capitaine Mesnier, Monographie
 62 En 1885, l’annexe créée Ă  Mecheria dĂ©pendait du cercle d’Ain Sefra mais au moment de la rĂ©organisation du territoire en 1904, elle fut transformĂ©e en cercle indĂ©pendant tandis que le cercle d’Ain Sefra devenait une simple annexe. Capitaine Mesnier, Monographie
, p. 74. 63 Il s’agit de l’actuelle El Bayadh. 64 Il s’agit de l’actuelle Bechar. 65 RenĂ©-Victor VĂąlet indique concernant les territoires du Sud que les communes mixtes ne diffĂšrent des communes indigĂšnes, indĂ©pendamment de leur organisation administrative, que par la proportion des EuropĂ©ens dans la population locale. Si le nombre de ceux-ci est suffisant pour que leurs intĂ©rĂȘts mĂ©ritent d’ĂȘtre dĂ©fendus et reprĂ©sentĂ©s, on crĂ©e une commune mixte ; sinon on Ă©tablit une commune indigĂšne ». RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sahara
, p. 37. 66 Les titres de bachaga et d’agha Ă©taient repris de l’administration ottomane. Ils dĂ©signaient les gouverneurs locaux. 67 Capitaine Mesnier, Monographie
, p. 75. 68 La section de commune normale » n’a pas de reprĂ©sentation spĂ©ciale. RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sahara
, p. 97. 69 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 4. 70 Il y eut de nombreux abus de la part des administrateurs dans l’attribution des noms, en tĂ©moignent certains d’entre eux assez courants dans la rĂ©gion Bouzerouata l’homme Ă  la canne, Boumaaza l’homme Ă  la chĂšvre
 71 Ces fractions firent valoir que tous leurs intĂ©rĂȘts Ă©taient du cĂŽtĂ© de l’annexe d’Ain Sefra dont ils frĂ©quentaient le marchĂ© et oĂč se trouvait leur territoire de pacage. 72 Territoire sous gestion d’un agha. 73 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 27-28. 74 Isabelle Eberhardt raconte que certains des membres de cette tribu se retrouvĂšrent rattachĂ©s au caĂŻdat de BĂ©ni Ounif. Le caĂŻd, dĂ©signĂ© par les autoritĂ©s françaises, Ă©tait un ancien esclave et lui-mĂȘme se trouvait gĂȘnĂ© devant les membres de cette tribu mrabtin. Isabelle Eberhardt, Sud Oranais, Paris, Éditions JoĂ«lle Losfeld, 2003, p. 36-37. 75 Cette politique du contrĂŽle militaire des tribus et de la nomination de caĂŻds des caĂŻds, de grands caĂŻds, sera par ailleurs utilisĂ©e sous des formes encore plus poussĂ©es au Maroc et mĂȘme en Syrie dans les zones tribales et/ou bĂ©douines. Pour la Syrie, voir notamment Christian Velud, Syrie tribus, mouvement national et État mandataire 1920-1936 », Monde Arabe, Maghreb Marchrek, n° 147 intitulĂ© Tribus, tribalismes et États au Moyen-Orient », sous la direction de R. Bocco et C. Velud, janvier-mars 1995, p. 48-71. 76 Nous devons ces informations Ă  Hadj Sassi. Il est l’une des rares personnes, encore vivante, Ă  avoir travaillĂ© dans l’administration de la commune d’Ain Sefra, durant la pĂ©riode coloniale. 77 D’aprĂšs le tableau des commandements et unitĂ©s administratives formant les territoires du Sud, gouvernement gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie, Commissariat gĂ©nĂ©ral du centenaire, Les Territoires du Sud de l’AlgĂ©rie, 2e partie, l’Ɠuvre accomplie, Alger, P & G Soubiron, 1930, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Yazid Ben Hounet, Des tribus en AlgĂ©rie ? », Cahiers de la MĂ©diterranĂ©e, 75 2007, 150-171. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Yazid Ben Hounet, Des tribus en AlgĂ©rie ? », Cahiers de la MĂ©diterranĂ©e [En ligne], 75 2007, mis en ligne le 21 juillet 2008, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI Haut de page Auteur Yazid Ben Hounet UniversitĂ© de Paris 8Yazid Ben Hounet est AttachĂ© Temporaire d’Enseignement et de Recherche Ă  l’UniversitĂ© de Paris 8. Il a soutenu Ă  l’EHESS en 2006 une thĂšse d’anthropologie sur L’AlgĂ©rie des tribus. Le fait tribal dans le Haut Sud-Ouest algĂ©rien contemporain. Il a publiĂ© en 2007 - La tribu en pratique le rituel de la mĂ»dĂąwala chez les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b », Alfa, revue de l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, p. La restauration des ksour. Institutions du patrimoine et enjeux de mĂ©moire » avec S. Guinand, Espaces et SociĂ©tĂ©s, n°128-129, avril/mai, p. de page
Noté/5. Retrouvez A. Nouschi. Archives du Gouvernement général de l'Algérie : . Inventaire de la série HH et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Achetez neuf ou d'occasion
La conquĂȘte IIIe siĂšcle av. Massinissa unifie les royaumes numides berbĂšres des Massyles et des Massaesyles et fait de Cirta Constantine sa capitale. 112-105 av. RĂ©bellion de Jughurta, petit-fils de Massinissa, contre Rome. 347. Les tribus berbĂšres insurgĂ©es s’allient aux donatistes, une secte chrĂ©tienne opposĂ©e Ă  Rome. 354. Naissance de saint Augustin Ă  Thagaste Souk Ahras, dans le nord-est de l’AlgĂ©rie. 439-533. Les Vandales rĂšgnent sur le Maghreb romain. 533. Domination byzantine. 711. Les Arabes sont maĂźtres de l’ensemble du Maghreb, qui devient une province omeyyade. Les populations se convertissent Ă  l’islam. 742. RĂ©volte kharijite contre le pouvoir central. 911. Destruction du royaume berbĂšre de Tahert rĂ©gion d’Oran par les armĂ©es fatimides. 1453. Prise de Constantinople par les Ottomans. 1587. L’AlgĂ©rie devient une rĂ©gence dĂ©pendant de l’Empire ottoman. 1804-1827. SoulĂšvements tribaux et confrĂ©riques Ă  travers toute l’AlgĂ©rie. 1827. Le 29 avril, Ă  la suite d’une dispute au sujet d’une dette française impayĂ©e, le dey d’Alger convoque le consul de France. Crise diplomatique franco-algĂ©rienne. 1830. Les troupes françaises dĂ©barquent Ă  Siddi-Ferruch le 14 juin. AprĂšs la prise d’Alger, le 5 juillet, le dey Hussein Khodja signe la capitulation. 1832. En novembre, l’émir Abd El-Kader proclame le djihad contre les Français. 1837. La France reconnaĂźt par le traitĂ© de la Tafna, signĂ© le 30 mai, la souverainetĂ© d’Abd El-Kader sur les deux tiers de l’AlgĂ©rie. Elle conserve toutefois plusieurs possessions », dont Alger, Blida et Oran. Le 13 octobre, les troupes françaises s’emparent de Constantine. 1843. Prise de la smalah d’Abd El-Kader par le duc d’Aumale, en mai, et massacres de populations civiles par les Français. 1844. Victoire française Ă  la bataille de l’Isly, prĂšs d’Oujda, le 14 aoĂ»t. 1847. Abd El-Kader se rend le 23 dĂ©cembre. 1848. L’AlgĂ©rie est officiellement proclamĂ©e territoire français » le 12 novembre. La francisation » 1850-1870. Insurrections dans les AurĂšs et en Kabylie, rĂ©primĂ©es dans le sang. La famine ravage l’AlgĂ©rie entre 1866 et 1868. 1870. Le dĂ©cret CrĂ©mieux, promulguĂ© le 24 octobre, accorde la nationalitĂ© française aux Juifs d’AlgĂ©rie. 1871. DĂ©but de la rĂ©volte kabyle des frĂšres Mokrani, en mars, contre les projets de confiscation des terres. Mokrani est tuĂ© le 5 mai. PrĂšs de 500 000 hectares de terres sont confisquĂ©s et attribuĂ©s aux colons. 1881. Jules Ferry fait adopter en juin le code de l’indigĂ©nat, qui instaure un rĂ©gime juridique spĂ©cial pour les AlgĂ©riens de confession musulmane. L’AlgĂ©rie est entiĂšrement intĂ©grĂ©e Ă  la France par le systĂšme des rattachements ». 1889. La loi du 26 juin accorde la nationalitĂ© française Ă  tous les descendants d’EuropĂ©ens prĂ©sents en AlgĂ©rie, mais pas aux musulmans. 1912. Les musulmans sont astreints au service militaire en vertu de dĂ©crets promulguĂ©s en janvier. 1914-1918. Sur les 173 000 soldats appelĂ©s et engagĂ©s d’AlgĂ©rie, 25 000 AlgĂ©riens musulmans et 22 000 EuropĂ©ens sont tuĂ©s au cours de la premiĂšre guerre mondiale. 1916. SoulĂšvements dans la rĂ©gion de Constantine. 1926. CrĂ©ation, le 20 juin Ă  Paris, de l’Etoile nordafricaine ENA, dont Ahmed Messali Messali Hadj est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le mouvement, qui rĂ©clame l’ indĂ©pendance de l’Afrique du Nord », sera interdit en 1929. 1927. Naissance de l’Association des Ă©tudiants musulmans nord-africains AEMNA, prĂ©sidĂ©e par Ferhat Abbas. 1933. Messali Hadj reconstitue l’Etoile nord-africaine, qui sera Ă  nouveau dissoute en 1937 par le gouvernement du Front populaire. 1936. En novembre, le projet Blum-Viollette sur l’octroi de la pleine citoyennetĂ© française Ă  une Ă©lite de 21 000 AlgĂ©riens musulmans est refusĂ© par les colons et par les indĂ©pendantistes. 1937. Messali Hadj crĂ©e le 11 mars, Ă  Alger, le Parti du peuple algĂ©rien PPA. 1939. En septembre, le PPA est dissous, et ses principaux leaders sont arrĂȘtĂ©s. 1940. Le dĂ©cret CrĂ©mieux est aboli par le rĂ©gime de Vichy en octobre. 1942. DĂ©barquement alliĂ© Ă  Alger. 1943. Ferhat Abbas prĂ©sente en mai le Manifeste du peuple algĂ©rien, qui revendique l’égalitĂ© totale entre musulmans et EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie. Le texte est rejetĂ© par le ComitĂ© français de la libĂ©ration nationale CFLN, formĂ© Ă  Alger le 3 juin. En dĂ©cembre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle annonce dans un discours prononcĂ© Ă  Constantine une sĂ©rie de rĂ©formes concernant les droits civiques des AlgĂ©riens. 1944. Le 7 mars, de Gaulle signe une ordonnance qui supprime le code de l’indigĂ©nat et accorde la citoyennetĂ© française Ă  65 000 AlgĂ©riens. La guerre 1945. Le 8 mai, la rĂ©pression d’émeutes insurrectionnelles au cours desquelles une centaine d’EuropĂ©ens sont tuĂ©s fait plusieurs milliers de morts entre 15 000 et 45 000 selon les estimations parmi les AlgĂ©riens dans les rĂ©gions de SĂ©tif, Guelma et Kherrata. 1946. Ferhat Abbas fonde l’Union dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien UDMA en mai, et Messali Hadj le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques MTLD en octobre. 1954. En avril, un groupe de militants du PPA dĂ©terminĂ©s Ă  entrer dans la lutte armĂ©e en constituant un front commun crĂ©ent le ComitĂ© rĂ©volutionnaire pour l’unitĂ© et l’action CRUA, transformĂ© en Front de libĂ©ration nationale FLN le 1er novembre dĂ©but de la guerre d’indĂ©pendance algĂ©rienne. En dĂ©cembre, les partisans de Messali Hadj crĂ©ent le Mouvement national algĂ©rien MNA. 1955. Le Parlement français vote l’état d’urgence en avril. Le 20 aoĂ»t, des milliers de paysans de la rĂ©gion de Constantine se soulĂšvent. DĂ©bats aux Nations unies 27-30 septembre sur la question algĂ©rienne ». 1956. Le 16 mars, l’AssemblĂ©e nationale accorde les pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement de Guy Mollet. Le premier congrĂšs du FLN, dans la vallĂ©e de la Soummam en aoĂ»t, aboutit Ă  la crĂ©ation du ComitĂ© national de la rĂ©volution algĂ©rienne CNRA. A la fin de l’annĂ©e, on compte plus d’un demi-million de soldats français en AlgĂ©rie. 1957. Janvier-octobre bataille d’Alger. L’armĂ©e française gĂ©nĂ©ralise l’usage de la torture. 1958. Le 13 mai, l’armĂ©e prend le pouvoir en AlgĂ©rie et crĂ©e le ComitĂ© de salut public, dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Massu. Le 1er juin, Ă  Paris, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est investi comme prĂ©sident du Conseil premier ministre. Le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne GPRA, avec Ă  sa tĂȘte Ferhat Abbas, est formĂ© le 19 septembre. De Gaulle propose la paix des braves » aux insurgĂ©s algĂ©riens en octobre. Il devient le premier prĂ©sident de la Ve RĂ©publique le 21 dĂ©cembre. 1959. De Gaulle reconnaĂźt, au cours d’une allocution prononcĂ©e le 16 septembre, le droit Ă  l’autodĂ©termination des AlgĂ©riens par la voie du rĂ©fĂ©rendum. 1960. Semaine des barricades » Ă  Alger le 24 janvier, des colons dirigĂ©s par Pierre Lagaillarde appellent au soulĂšvement des EuropĂ©ens au nom de l’AlgĂ©rie française. Ils se rendent le 1er fĂ©vrier. Le 5 septembre s’ouvre le procĂšs du rĂ©seau d’aide au FLN animĂ© par Francis Jeanson. Des intellectuels favorables Ă  l’indĂ©pendance publient le Manifeste des 121 ». Le 19 dĂ©cembre, l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies reconnaĂźt le droit de l’AlgĂ©rie Ă  l’indĂ©pendance. L’indĂ©pendance 1961. Le 8 janvier, le rĂ©fĂ©rendum sur la politique d’autodĂ©termination voit un large succĂšs du oui », en France comme en AlgĂ©rie. En fĂ©vrier, des activistes europĂ©ens constituent l’Organisation armĂ©e secrĂšte OAS. Echec du putsch des gĂ©nĂ©raux » en avril. Le 17 octobre, la rĂ©pression policiĂšre d’une manifestation algĂ©rienne pacifique Ă  Paris fait une centaine de morts. 1962. Le 8 fĂ©vrier, Ă  Paris, les forces de l’ordre chargent un rassemblement contre l’OAS, tuant neuf Français. L’enterrement des victimes, le 13, rassemble un demi-million de manifestants. La signature des accords d’Evian, le 18 mars, est suivie d’un cessez-lefeu dĂšs le lendemain. L’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie sera ratifiĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, en France le 8 avril 1962 et en AlgĂ©rie le 1er juillet. Le 5 juillet, l’AlgĂ©rie proclame son indĂ©pendance. DĂ©but de l’exode des EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie. Le bilan de la guerre est de 300 000 Ă  600 000 morts selon les sources. Le 22 juillet, M. Ahmed Ben Bella, soutenu par le colonel Houari BoumediĂšne, qui commande l’ArmĂ©e nationale populaire ANP, forme Ă  Tlemcen un Bureau politique contre le GPRA, installĂ© Ă  Alger. En septembre, l’ANP entre dans la capitale. M. Ben Bella prend la tĂȘte du gouvernement le 29 septembre. 1963. La Constitution est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 8 septembre. Instauration d’un rĂ©gime de parti unique. M. Ben Bella est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique le 15 septembre. Hocine AĂŻt Ahmed crĂ©e quelques jours plus tard le Front des forces socialistes FFS et entre en dissidence en Kabylie. 1964. Les troupes françaises se retirent d’AlgĂ©rie en juin, mais restent prĂ©sentes Ă  Mers El-KĂ©bir et au Sahara. 1965. Le colonel BoumediĂšne renverse M. Ben Bella le 19 juin. La Constitution est abrogĂ©e en juillet. 1966. Nationalisation des mines et des compagnies d’assurances Ă©trangĂšres en mai. Signature d’accords de coopĂ©ration avec la France. 1967. L’armĂ©e française quitte les bases de Reggane et Bechar en mai. En juin, l’AlgĂ©rie rompt ses relations diplomatiques avec les Etats- Unis Ă  la suite de la guerre de six jours entre IsraĂ«l et les armĂ©es arabes. Coup d’Etat avortĂ© contre BoumediĂšne en dĂ©cembre. 1968. Les Français Ă©vacuent la base de Mers El-KĂ©bir en janvier. 1971. Nationalisation des hydrocarbures le 24 fĂ©vrier l’Etat acquiert 51 % des avoirs des sociĂ©tĂ©s pĂ©troliĂšres françaises prĂ©sentes en AlgĂ©rie. En novembre, le gouvernement lance la rĂ©volution agraire » et la gestion socialiste des entreprises » GSE. 1973. Le IVe sommet des pays non alignĂ©s se tient Ă  Alger en septembre. 1974. Dans un discours prononcĂ© aux Nations unies, en avril, BoumediĂšne prĂŽne l’instauration d’un nouvel ordre Ă©conomique international. 1975. Visite de ValĂ©ry Giscard d’Estaing, en avril, la premiĂšre d’un prĂ©sident français depuis l’indĂ©pendance. 1976. La Charte nationale est approuvĂ©e le 27 juin par rĂ©fĂ©rendum et la Constitution le 27 novembre. BoumediĂšne, unique candidat en lice, est Ă©lu prĂ©sident en dĂ©cembre. L’islamisme 1978. Mort de BoumediĂšne le 27 dĂ©cembre. 1979. Le colonel Chadli Bendjedid est Ă©lu prĂ©sident le 7 fĂ©vrier. 1980. Printemps berbĂšre » Ă©meutes Ă  travers toute la Kabylie, en avril, pour la reconnaissance de la culture berbĂšre. 1981. François Mitterrand, qui se rend Ă  Alger en novembre, propose que les rapports franco-algĂ©riens soient un symbole des relations nouvelles entre le Nord et le Sud ». Trois mois plus tard, les deux pays signent un accord sur le gaz. 1983. Visite du prĂ©sident Chadli Ă  Paris, en novembre, la premiĂšre d’un chef d’Etat algĂ©rien depuis l’indĂ©pendance. 1984. M. Bendjedid est réélu le 12 janvier. Adoption, en juin, du code du statut personnel et de la famille ». 1986. Manifestations Ă©tudiantes Ă  SĂ©tif et Ă  Constantine en novembre. 1988. De violentes Ă©meutes Ă  Alger et dans le reste du pays, du 4 au 10 octobre, font plusieurs centaines de victimes 600 morts selon un bilan officieux. L’état de siĂšge est dĂ©clarĂ©. M. Bendjedid est réélu en dĂ©cembre aprĂšs avoir promis des rĂ©formes politiques et Ă©conomiques. 1989. Une nouvelle Constitution, qui ouvre la voie au multipartisme, est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 23 fĂ©vrier. Le Front islamique du salut FIS, créé le 18 fĂ©vrier et dirigĂ© par Abassi Madani et Ali Belhadj, est lĂ©galisĂ© en septembre. 1990. Le FIS remporte une large victoire aux Ă©lections municipales et rĂ©gionales du 12 juin, premier scrutin libre depuis l’indĂ©pendance. Le gĂ©nĂ©ral Khaled Nezzar est nommĂ© ministre de la dĂ©fense en juillet. 1991. Le 23 mai, le FIS appelle Ă  une grĂšve illimitĂ©e. Les affrontements entre forces de l’ordre et militants du FIS font des dizaines de morts. Le premier ministre Mouloud Hamrouche, dĂ©missionnaire, est remplacĂ© par Sid Ahmed Ghozali le 5 juin. Les Ă©lections sont reportĂ©es. Abassi Madani et Ali Belhadj sont arrĂȘtĂ©s le 30 juin. 1992. Le prĂ©sident Bendjedid, soupçonnĂ© de complaisance envers le FIS, est contraint Ă  la dĂ©mission le 11 janvier et remplacĂ© le 14 par un Haut ComitĂ© d’Etat HCE, dirigĂ© par Mohamed Boudiaf. Le second tour des Ă©lections est annulĂ©. Les violences qui s’ensuivent font prĂšs de 70 morts. Le HCE proclame l’état d’urgence le 9 fĂ©vrier et dissout le FIS le 4 mars. Le 29 juin, Mohamed Boudiaf est assassinĂ© Ă  Annaba. Le 26 aoĂ»t, un attentat Ă  la bombe dans l’aĂ©rogare d’Alger, attribuĂ© aux islamistes, fait huit morts et une centaine de blessĂ©s. 1993. L’état d’urgence est prorogĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e le 7 fĂ©vrier. On estime Ă  15 000 le nombre de personnes tuĂ©es en un an. La rĂ©conciliation 1994. Le gĂ©nĂ©ral Liamine Zeroual est nommĂ© aux commandes de l’Etat le 30 janvier par le HCE. Apparition des Groupes islamiques armĂ©s GIA, dont se dĂ©marque l’ex-FIS. 1995. Le 13 janvier, les principales formations de l’opposition, islamistes compris, signent Ă  Rome un contrat national » appelant notamment Ă  l’arrĂȘt des violences. Le pouvoir rejette le texte. Le gĂ©nĂ©ral Zeroual remporte l’élection prĂ©sidentielle dĂšs le premier tour, le 16 novembre, avec plus de 60 % des suffrages. 1996. La rĂ©forme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du prĂ©sident de la RĂ©publique et interdisant les partis religieux et rĂ©gionalistes est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 13 novembre, avec plus de 85 % des voix. 1997. Le 24 septembre, l’ArmĂ©e islamique du salut AIS, bras armĂ© de l’ex-FIS et opposĂ©e aux GIA, annonce une trĂȘve Ă  partir du 1er octobre. Le 23 octobre, aprĂšs avoir remportĂ© les Ă©lections lĂ©gislatives de juin, le Rassemblement national dĂ©mocratique RND de M. Zeroual obtient plus de 55 % des siĂšges des assemblĂ©es communales. La rĂ©pression va crescendo. 1998. En septembre, M. Zeroual annonce sa volontĂ© de dĂ©missionner et la tenue d’une Ă©lection prĂ©sidentielle anticipĂ©e. 1999. Le 15 avril, M. Abdelaziz Bouteflika remporte l’élection prĂ©sidentielle avec 73,8 % des suffrages. L’opposition dĂ©nonce des fraudes massives. Le 6 juin, l’AIS proclame l’arrĂȘt dĂ©finitif de ses opĂ©rations. Le 18 aoĂ»t, le Mouvement algĂ©rien des officiers libres MAOL, créé en 1998, appelle Ă  poursuivre en justice les gĂ©nĂ©raux responsables de la tragĂ©die » algĂ©rienne. La loi de concorde civile » est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 16 septembre, par plus de 98 % des voix. 2000. M. Bouteflika charge M. Ali Benflis de former un nouveau gouvernement le 26 aoĂ»t. 2001. Emeutes sanglantes en Kabylie, en avril, aprĂšs la mort d’un lycĂ©en dans une gendarmerie. D’importantes manifestations ont lieu Ă  Tizi-Ouzou et Ă  Alger. Le 3 octobre, le gouvernement prĂ©sente un projet de rĂ©forme visant Ă  officialiser la langue berbĂšre tamazight. Signature, le 19 dĂ©cembre, d’un accord d’association entre l’AlgĂ©rie et l’Union europĂ©enne. 2002. Le 8 avril, le tamazight est reconnu langue nationale – mais non officielle – par le Parlement. Le FLN remporte les Ă©lections lĂ©gislatives du 30 mai, boycottĂ©es par les partis kabyles. 2003. M. Ahmed Ouyahia remplace M. Benflis Ă  la tĂȘte du gouvernement en mai. M. Madani, libĂ©rĂ© en juillet avec M. Belhadj, appelle Ă  la fin de la lutte armĂ©e le 25 aoĂ»t. 2004. M. Bouteflika obtient 85 % des suffrages Ă  l’élection prĂ©sidentielle du 8 avril. Le gouvernement signe un accord de partenariat stratĂ©gique avec la France en juillet. 2005. Le projet de Charte pour la paix et la rĂ©conciliation nationale » est approuvĂ© par rĂ©fĂ©rendum, le 29 septembre, Ă  plus de 97 % des voix. Le bilan de treize ans de violences est de 150 000 morts et des milliers de disparus. Denouvelles informations ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es cette semaine sur les massacres commis par la police française contre des manifestants algĂ©riens le 17 octobre 1961 Ă  Paris. Des massacres qui ont fait plusieurs victimes, dont des dizaines de morts. La date du 17 octobre 1961 est inscrite dans l'histoire de la Guerre d'AlgĂ©rie. Date 1831 - 1907 See the context of the description Scope content Ce rĂ©pertoire des articles GGA L 1 Ă  65, qui reprĂ©sentent 9 ml, reconstitue celui qui fut dĂ©truit ou perdu. Une seule page fut retrouvĂ©e ; elle concerne les articles L 61 Ă  64. Plusieurs sous-sĂ©ries de la sĂ©rie L Ă©taient encore en aoĂ»t 2005 dĂ©pourvues de rĂ©pertoires, sans que l'on puisse prĂ©ciser si ces derniers existĂšrent bien un jour ou si cette absence est due aux destructions lors des journĂ©es » de mai 1958 Ă  Alger, qui virent la foule europĂ©enne s’emparer de l’immeuble du Gouvernement gĂ©nĂ©ral et jeter par ls fenĂȘtres des bureaux et des dossiers. Ces documents n’étaient donc accessibles aux Archives nationales d’outre-mer que par l’intermĂ©diaire de l’index de la sĂ©rie L, Ă©laborĂ© par Emile Dermenghem et Charles UthĂ©za, et publiĂ© par Pierre Boyer, instrument de recherche extrĂȘmement prĂ©cieux mais dĂ©pourvu de dates et d’analyses. Cet index concerne les sous-sĂ©ries L Ă  44 que les dossiers ne se prĂ©sentent pas suivant un ordre mĂ©thodique quelconque, la cotation existante par liasse puis par chemise a Ă©tĂ© respectĂ©e en raison des citations qui ont pu en ĂȘtre dĂ©jĂ  faites.* Les documents concernent l'immigration en AlgĂ©rie, la colonisation fonciĂšre, les concessions de terres, les crĂ©ations de centres de colonisation, les travaux s'y rapportant et notamment les alignements de rues, les percements de routes, sous un aspect rĂ©glementaire et gĂ©nĂ©ral ainsi que des dossiers particuliers et individuels. La pĂ©riode couverte s'Ă©tend de 1831 Ă  1907, ce qui rend cette sous-sĂ©rie particuliĂšrement importante.* Les documents proviennent en grande partie de la direction gĂ©nĂ©rale des affaires civiles et financiĂšres du gouvernement gĂ©nĂ©ral de l' plusieurs dossiers offrent un caractĂšre archivistique intĂ©ressant car ils furent Ă©laborĂ©s en fait Ă  Paris par deux directions - la direction des affaires de l’AlgĂ©rie du ministĂšre de la Guerre. En 1858 la 5 direction du ministĂšre de la Guerre, Ă©tait composĂ©e du 1 bureau du 2 bureau dirigĂ© par Louis Testu, du 3 bureau du 4 bureau ,- le ministĂšre de l'AlgĂ©rie et des colonies. Le ministĂšre de l'AlgĂ©rie et des colonies exista du 24 juin 1858 au 24 novembre 1860. Il comprenait trois directions, dont une direction de l'IntĂ©rieur chargĂ©e de la colonisation grĂące Ă  son troisiĂšme bureau dirigĂ© par Testu. A sa crĂ©ation le ministĂšre reçut des archives du ministĂšre de la Guerre, alors que le gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie lui envoyait " " de cartons et registres. Ces derniers ne regagnĂšrent pas tous Alger en 1860. Ils sont donc Ă  rapprocher des dossiers de la sĂ©rie F 80, consacrĂ©e Ă  la direction spĂ©cialisĂ©e sur l’AlgĂ©rie des ministĂšres de la Guerre, de l'AlgĂ©rie et des colonies puis de l’ liasses gagnĂšrent Alger Ă  la disparition du ministĂšre de l’AlgĂ©rie et des colonies en 1860, afin de servir de documents de travail au gouvernement gĂ©nĂ©ral reconstituĂ© deux ans aprĂšs sa suppression. Le gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie fut supprimĂ© par le dĂ©cret du 31 aoĂ»t 1858. Cependant deux ans plus tard le marĂ©chal PĂ©lissier fut nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral par le dĂ©cret du 24 novembre 1860 et le rĂ©tablissement rĂ©gulier du gouvernement gĂ©nĂ©ral fut rĂ©alisĂ© par le dĂ©cret du 10 dĂ©cembre 1860 qui rattachait Ă©galement de nouveau l'AlgĂ©rie au dĂ©partement de la Guerre, dotĂ© dĂ©sormais d'un "service de l'AlgĂ©rie".Certains dossiers furent Ă©laborĂ©s par le ministĂšre de la Guerre ou par le ministĂšre de l’AlgĂ©rie et des colonies, puis poursuivis par le Gouvernement gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie. D'autres dossiers sont constituĂ©s Ă  la fois du dossier tenu Ă  Paris et du dossier tenu Ă  Alger dans le mĂȘme temps, ce qui amĂšne Ă  pouvoir consulter dans la mĂȘme liasse la minute et l'expĂ©dition d'une lettre ; le dossier d'Alger fut adressĂ© Ă  Paris en 1858, les deux dossiers, rapprochĂ©s, Ă©tant transfĂ©rĂ©s Ă  Alger en service producteur des dossiers a Ă©tĂ© indiquĂ© dans l'analyse. Publication Archives nationales d'outre-mer Records creator's history Service de la colonisationGouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Source of acquisition 2021-06-08 versement numĂ©ro via reprise-1000 Gouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Conditions governing access Archives publiques. Archives publiques librement communicables. archives publiques Publiable sur internet Conditions governing reproduction La reproduction Ă©ventuelle des documents est soumise aux conditions fixĂ©es par le rĂšglement intĂ©rieur des Archives nationales d'outre-mer. Physical description Additional resources RĂ©pertoire numĂ©rique dĂ©taillĂ© rĂ©digĂ© par Daniel Hick, conservateur en chef, 2005, 36 p. Repository Archives nationales d'outre-mer Ă  Aix-en-Provence Repository Archives nationales d'outre-mer Ă  Aix-en-Provence Finding aid id FRANOM_01185 Archives nationales d'outre-mer - ANOMGouvernement gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie Colonisation
\n archives du gouvernement général de l algérie
DĂ©signationd'un scientifique de l'Institut Pasteur d'AlgĂ©rie en qualitĂ© de membre du groupe consultatif technique de l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS), pour la biosĂ©curitĂ©. L'Institut Pasteur d’AlgĂ©rie se fĂ©licite de la dĂ©signation de l’un de ses scientifiques, en l’occurrence le Dr HACHID AĂŻssam, Chef du Laboratoire
Aux originesIIIe siĂšcle av. Massinissa unifie les royaumes numides berbĂšres des Massyles et des Massaesyles et fait de Cirta Constantine sa capitale. 112-105 av. RĂ©bellion de Jughurta, petit-fils de Massinissa, contre Rome. 347 Les tribus berbĂšres insurgĂ©es s’allient aux donatistes, une secte chrĂ©tienne opposĂ©e Ă  Rome. 354 Naissance de saint Augustin Ă  Thagaste Souk Ahras, dans le nord-est de l’AlgĂ©rie. 439-533 Les Vandales rĂšgnent sur le Maghreb romain. 533 DĂ©but de la domination byzantine. 711 Les Arabes sont maĂźtres de l’ensemble du Maghreb, qui devient une province omeyyade. Les populations se convertissent Ă  l’islam. 742 RĂ©volte kharijite secte musulmane contre le pouvoir central. 911 Destruction du royaume berbĂšre de Tahert rĂ©gion d’Oran par les armĂ©es fatimides. 1453 Prise de Constantinople par les Ottomans. 1587 L’AlgĂ©rie devient une rĂ©gence dĂ©pendant de l’Empire ottoman. 1804-1827 SoulĂšvements tribaux et confrĂ©riques Ă  travers toute l’AlgĂ©rie. 1827 29 avril A la suite d’une dispute au sujet d’une dette française impayĂ©e, le dey d’Alger convoque le consul de France. Crise diplomatique franco-algĂ©rienne. 1830 14 juin Les troupes françaises dĂ©barquent Ă  Siddi-Ferruch. AprĂšs la prise d’Alger, le 5 juillet, le dey Hussein Khodja signe la capitulation. 1832 En novembre, l’émir Abd El-Kader proclame le djihad contre les Français. 1837 La France reconnaĂźt par le traitĂ© de la Tafna, signĂ© le 30 mai, la souverainetĂ© d’Abd El-Kader sur les deux tiers de l’AlgĂ©rie. Elle conserve toutefois plusieurs possessions », dont Alger, Blida et Oran. Le 13 octobre, les troupes françaises s’emparent de Constantine. 1843 Prise de la smalah d’Abd El-Kader par le duc d’Aumale, en mai, et massacres de populations civiles par les Français. 1844 14 aoĂ»t Victoire française Ă  la bataille de l’Isly, prĂšs d’Oujda. 1847 23 dĂ©cembre. Abd El-Kader se rend. 1848 12 novembre L’AlgĂ©rie est officiellement proclamĂ©e territoire français ». La francisation »1850-1870 Insurrections dans les AurĂšs et en Kabylie, rĂ©primĂ©es dans le sang. La famine ravage l’AlgĂ©rie entre 1866 et 1868. 1870 Le dĂ©cret CrĂ©mieux, promulguĂ© le 24 octobre, accorde la nationalitĂ© française aux Juifs d’AlgĂ©rie. 1871 DĂ©but de la rĂ©volte kabyle des frĂšres Mokrani, en mars, contre les projets de confiscation des terres. Mokrani est tuĂ© le 5 mai. PrĂšs de 500 000 hectares de terres sont confisquĂ©s et attribuĂ©s aux colons. 1881 Jules Ferry fait adopter en juin le code de l’indigĂ©nat, qui instaure un rĂ©gime juridique spĂ©cial pour les AlgĂ©riens de confession musulmane. L’AlgĂ©rie est entiĂšrement intĂ©grĂ©e Ă  la France par le systĂšme des rattachements ». 1889 La loi du 26 juin accorde la nationalitĂ© française Ă  tous les descendants d’EuropĂ©ens prĂ©sents en AlgĂ©rie, mais pas aux musulmans. 1912 Les musulmans sont astreints au service militaire en vertu de dĂ©crets promulguĂ©s en janvier. 1914-1918 Sur les cent soixante-treize mille soldats appelĂ©s et engagĂ©s d’AlgĂ©rie, vingt-cinq mille AlgĂ©riens musulmans et vingt-deux mille EuropĂ©ens sont tuĂ©s au cours de la premiĂšre guerre mondiale. 1916 SoulĂšvements dans la rĂ©gion de Constantine. 1926 CrĂ©ation, le 20 juin Ă  Paris, de l’Etoile nord-africaine ENA, dont Ahmed Messali Messali Hadj est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le mouvement, qui rĂ©clame l’ indĂ©pendance de l’Afrique du Nord », sera interdit en 1929. 1927 Naissance de l’Association des Ă©tudiants musulmans nord-africains AEMNA, prĂ©sidĂ©e par Ferhat Abbas. 1933 Messali Hadj reconstitue l’ENA, qui sera Ă  nouveau dissoute en 1937 par le gouvernement du Front populaire. 1936 En novembre, le projet Blum-Viollette sur l’octroi de la pleine citoyennetĂ© française Ă  une Ă©lite de vingt et un mille AlgĂ©riens musulmans est refusĂ© par les colons et par les indĂ©pendantistes. 1937 Messali Hadj crĂ©e le 11 mars, Ă  Alger, le Parti du peuple algĂ©rien PPA. 1939 En septembre, le PPA est dissous, et ses principaux leaders sont arrĂȘtĂ©s. 1940 Le dĂ©cret CrĂ©mieux est aboli par le rĂ©gime de Vichy en octobre. 1942 DĂ©barquement alliĂ© Ă  Alger. 1943 Ferhat Abbas prĂ©sente en mai le Manifeste du peuple algĂ©rien, qui revendique l’égalitĂ© totale entre musulmans et EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie. Le texte est rejetĂ© par le ComitĂ© français de la libĂ©ration nationale CFLN, formĂ© Ă  Alger le 3 juin. En dĂ©cembre, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle annonce dans un discours prononcĂ© Ă  Constantine une sĂ©rie de rĂ©formes concernant les droits civiques des AlgĂ©riens. 1944 Le 7 mars, de Gaulle signe une ordonnance qui supprime le code de l’indigĂ©nat et accorde la citoyennetĂ© française Ă  soixante-cinq mille AlgĂ©riens. La guerre d’indĂ©pendance 1945 Le 8 mai, la rĂ©pression d’émeutes au cours desquelles une centaine d’EuropĂ©ens sont tuĂ©s fait plusieurs milliers de morts entre 15 000 et 45 000 selon les estimations parmi les AlgĂ©riens dans les rĂ©gions de SĂ©tif, Guelma et Kherrata. 1946 Ferhat Abbas fonde l’Union dĂ©mocratique du manifeste algĂ©rien UDMA en mai, et Messali Hadj le Mouvement pour le triomphe des libertĂ©s dĂ©mocratiques MTLD en octobre. Ce dernier obtient cinq siĂšges de dĂ©putĂ© aux Ă©lections lĂ©gislatives de novembre. 1947 Naissance, le 15 fĂ©vrier, de l’Organisation spĂ©ciale, un groupuscule clandestin pour la lutte armĂ©e en AlgĂ©rie mis sur pied par le MTLD. Le 20 septembre, l’AssemblĂ©e nationale adopte le statut de l’AlgĂ©rie », qui prĂ©voit notamment la crĂ©ation d’une assemblĂ©e algĂ©rienne comprenant des reprĂ©sentants europĂ©ens et non europĂ©ens. Tous les dĂ©putĂ©s musulmans algĂ©riens le rejettent. 1954 En avril, un groupe de militants du Parti du peuple algĂ©rien PPA dĂ©terminĂ©s Ă  entrer dans la lutte armĂ©e en constituant un front commun crĂ©ent le ComitĂ© rĂ©volutionnaire pour l’unitĂ© et l’action CRUA, transformĂ© en Front de libĂ©ration nationale FLN le 1er novembre dĂ©but de la guerre d’indĂ©pendance. En dĂ©cembre, les partisans de Messali Hadj crĂ©ent le Mouvement national algĂ©rien MNA. 1955 Le Parlement français vote l’état d’urgence en avril. Le 20 aoĂ»t, des milliers de paysans de la rĂ©gion de Constantine se soulĂšvent. DĂ©bats aux Nations unies 27-30 septembre sur la question algĂ©rienne ». 1956 Le 16 mars, l’AssemblĂ©e nationale accorde les pouvoirs spĂ©ciaux au gouvernement de Guy Mollet. Le premier congrĂšs du FLN, dans la vallĂ©e de la Soummam, le 20 aoĂ»t, aboutit Ă  la crĂ©ation du ComitĂ© national de la rĂ©volution algĂ©rienne CNRA. A la fin de l’annĂ©e, on compte plus d’un demi-million de soldats français en AlgĂ©rie. 1957 Janvier-octobre. Bataille d’Alger. L’armĂ©e française gĂ©nĂ©ralise l’usage de la torture. 1958 Le 13 mai, l’armĂ©e prend le pouvoir en AlgĂ©rie et crĂ©e le ComitĂ© de salut public, dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Jacques Massu. Le 1er juin, Ă  Paris, le gĂ©nĂ©ral Charles de Gaulle est investi comme prĂ©sident du conseil premier ministre. Le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne GPRA, avec Ă  sa tĂȘte Ferhat Abbas, est formĂ© le 19 septembre. De Gaulle propose la paix des braves » aux insurgĂ©s algĂ©riens en octobre. Il devient le premier prĂ©sident de la Ve RĂ©publique le 21 dĂ©cembre. 1959 De Gaulle reconnaĂźt, au cours d’une allocution prononcĂ©e le 16 septembre, le droit Ă  l’autodĂ©termination des AlgĂ©riens par la voie du rĂ©fĂ©rendum. 1960 Semaine des barricades » Ă  Alger le 24 janvier, des colons dirigĂ©s par Pierre Lagaillarde appellent au soulĂšvement des EuropĂ©ens au nom de l’AlgĂ©rie française. Ils se rendent le 1er fĂ©vrier. Le 5 septembre s’ouvre le procĂšs du rĂ©seau d’aide au FLN animĂ© par Francis Jeanson. Des intellectuels favorables Ă  l’indĂ©pendance publient le Manifeste des 121 ». Le 19 dĂ©cembre, l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies reconnaĂźt le droit de l’AlgĂ©rie Ă  l’indĂ©pendance. L’indĂ©pendance1961 Le 8 janvier, le rĂ©fĂ©rendum sur la politique d’autodĂ©termination voit un large succĂšs du oui », en France comme en AlgĂ©rie. En fĂ©vrier, des activistes europĂ©ens constituent l’Organisation armĂ©e secrĂšte OAS. Echec du putsch des gĂ©nĂ©raux » en avril. Le 17 octobre, la rĂ©pression policiĂšre d’une manifestation algĂ©rienne pacifique Ă  Paris fait une centaine de morts. 1962 Le 8 fĂ©vrier, Ă  Paris, les forces de l’ordre chargent un rassemblement contre l’OAS, tuant neuf Français Ă  la station de mĂ©tro Charonne. L’enterrement des victimes, le 13, rassemble un demi-million de manifestants. La signature des accords d’Evian, le 18 mars, est suivie d’un cessez-le-feu dĂšs le lendemain. L’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie sera ratifiĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, en France le 8 avril et en AlgĂ©rie le 1er juillet. Le 5 juillet, l’AlgĂ©rie proclame son indĂ©pendance. DĂ©but de l’exode des EuropĂ©ens d’AlgĂ©rie. Le bilan de la guerre est de 300 000 Ă  600 000 morts selon les sources. Le 22 juillet, M. Ahmed Ben Bella, soutenu par le colonel Houari BoumediĂšne, qui commande l’ArmĂ©e nationale populaire ANP, forme Ă  Tlemcen un Bureau politique contre le GPRA, installĂ© Ă  Alger. En septembre, l’ANP entre dans la capitale. M. Ben Bella prend la tĂȘte du gouvernement le 29 septembre. 1963 La Constitution est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 8 septembre. Instauration d’un rĂ©gime de parti unique. M. Ben Bella est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique le 15 septembre. M. Hocine AĂŻt Ahmed crĂ©e quelques jours plus tard le Front des forces socialistes FFS et entre en dissidence en Kabylie. 1964 Les troupes françaises se retirent d’AlgĂ©rie en juin, mais restent prĂ©sentes Ă  Mers El-KĂ©bir et au Sahara. 1965 Le colonel BoumediĂšne renverse M. Ben Bella le 19 juin. La Constitution est abrogĂ©e en juillet. 1966 Nationalisation des mines et des compagnies d’assurances Ă©trangĂšres en mai. Signature d’accords de coopĂ©ration avec la France. 1967 L’armĂ©e française quitte les bases de Reggane et BĂ©char en mai. En juin, l’AlgĂ©rie rompt ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis Ă  la suite de la guerre entre IsraĂ«l et les armĂ©es arabes. Coup d’Etat avortĂ© contre BoumediĂšne en dĂ©cembre. 1968 Les Français Ă©vacuent la base de Mers El-KĂ©bir en janvier. 1971 Nationalisation des hydrocarbures le 24 fĂ©vrier l’Etat acquiert 51 % des avoirs des sociĂ©tĂ©s pĂ©troliĂšres françaises prĂ©sentes en AlgĂ©rie. En novembre, le gouvernement lance la rĂ©volution agraire » et la gestion socialiste des entreprises » GSE. 1973 Septembre. Le IVe sommet des pays non alignĂ©s se tient Ă  Alger. 1974 Dans un discours prononcĂ© aux Nations unies, en avril, BoumediĂšne prĂŽne l’instauration d’un nouvel ordre Ă©conomique international. 1975 Visite de Giscard d’Estaing, en avril, la premiĂšre d’un prĂ©sident français depuis l’indĂ©pendance. Elle confirme l’ampleur des divergences entre les deux pays. 1976 La Charte nationale est approuvĂ©e le 27 juin par rĂ©fĂ©rendum et la Constitution le 27 novembre. BoumediĂšne, unique candidat en lice, est Ă©lu prĂ©sident en dĂ©cembre. Vers la guerre civile 1978 27 dĂ©cembre. Mort de BoumediĂšne. 1979 7 fĂ©vrier. Le colonel Chadli Bendjedid est Ă©lu prĂ©sident. 1980 Printemps berbĂšre » Ă©meutes Ă  travers toute la Kabylie, en avril, pour la reconnaissance de la culture berbĂšre. 1981 François Mitterrand, qui se rend Ă  Alger en novembre, propose que les rapports franco-algĂ©riens soient un symbole des relations nouvelles entre le Nord et le Sud ». Trois mois plus tard, les deux pays signent un accord sur le gaz. 1983 Visite du prĂ©sident Chadli Ă  Paris, en novembre, la premiĂšre d’un chef d’Etat algĂ©rien depuis l’indĂ©pendance. 1984 M. Bendjedid est réélu le 12 janvier. Adoption, en juin, du code du statut personnel et de la famille, particuliĂšrement rĂ©actionnaire. 1986 Manifestations Ă©tudiantes Ă  SĂ©tif et Ă  Constantine en novembre. 1988 De violentes Ă©meutes Ă  Alger et dans le reste du pays, du 4 au 10 octobre, font plusieurs centaines de victimes 600 morts selon un bilan officieux. L’état de siĂšge est dĂ©clarĂ©. M. Bendjedid est réélu en dĂ©cembre aprĂšs avoir promis des rĂ©formes politiques et Ă©conomiques. 1989 Une nouvelle Constitution, qui ouvre la voie au multipartisme, est adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum le 23 fĂ©vrier. Le Front islamique du salut FIS, créé le 18 fĂ©vrier et dirigĂ© par MM. Abassi Madani et Ali Belhadj, est lĂ©galisĂ© en septembre. 1990 Fin de la rĂ©forme agraire. 12 juin. Le FIS remporte une large victoire aux Ă©lections municipales et rĂ©gionales, premiers scrutins libres depuis l’indĂ©pendance. Le gĂ©nĂ©ral Khaled Nezzar est nommĂ© ministre de la dĂ©fense en juillet. 1991 Le 23 mai, le FIS appelle Ă  une grĂšve illimitĂ©e. Les affrontements entre forces de l’ordre et militants du FIS font des dizaines de morts. Le premier ministre Mouloud Hamrouche, dĂ©missionnaire, est remplacĂ© par M. Sid Ahmed Ghozali le 5 juin. Le 26 dĂ©cembre, le premier tour des Ă©lections lĂ©gislatives est remportĂ© par le FIS avec 47 % des suffrages. 1992 Le prĂ©sident Bendjedid, soupçonnĂ© de complaisance envers le FIS, est contraint Ă  la dĂ©mission le 11 janvier. Le 14, il est remplacĂ© par un Haut ComitĂ© d’Etat HCE, dirigĂ© par Mohamed Boudiaf. Le second tour des Ă©lections est annulĂ©. Les violences qui s’ensuivent font prĂšs de soixante-dix morts. Le HCE proclame l’état d’urgence le 9 fĂ©vrier et dissout le FIS le 4 mars. Le 29 juin, Boudiaf est assassinĂ© Ă  Annaba. Le 26 aoĂ»t, un attentat Ă  la bombe dans l’aĂ©rogare d’Alger, attribuĂ© aux islamistes, fait huit morts et une centaine de blessĂ©s. DĂ©but de la dĂ©cennie noire ». 1993 L’état d’urgence est prorogĂ© pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e le 7 fĂ©vrier. On estime Ă  quinze mille le nombre de personnes tuĂ©es en un an. RĂ©conciliation »1994 Le gĂ©nĂ©ral Liamine Zeroual est nommĂ© aux commandes de l’Etat le 30 janvier par le HCE. Apparition des Groupes islamiques armĂ©s GIA, dont se dĂ©marque l’ex-FIS. 1995 Le 13 janvier, les principales formations de l’opposition, islamistes compris, signent Ă  Rome un contrat national » appelant notamment Ă  l’arrĂȘt des violences. Le pouvoir rejette le texte. Le gĂ©nĂ©ral Zeroual remporte l’élection prĂ©sidentielle dĂšs le premier tour, le 16 novembre, avec plus de 60 % des suffrages. 1996 La rĂ©forme constitutionnelle renforçant les pouvoirs du prĂ©sident de la RĂ©publique et interdisant les partis religieux et rĂ©gionalistes est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 13 novembre, avec plus de 85 % des voix. 1997 Le 24 septembre, l’ArmĂ©e islamique du salut AIS, bras armĂ© de l’ex-FIS et opposĂ©e aux GIA, annonce une trĂȘve Ă  partir du 1er octobre. Le 23 octobre, aprĂšs avoir remportĂ© les Ă©lections lĂ©gislatives de juin, le Rassemblement national dĂ©mocratique RND de M. Zeroual obtient plus de 55 % des siĂšges des assemblĂ©es communales. La rĂ©pression va crescendo. 1998 En septembre, M. Zeroual annonce sa volontĂ© de dĂ©missionner et la tenue d’une Ă©lection prĂ©sidentielle anticipĂ©e. 1999 Le 15 avril, M. Abdelaziz Bouteflika remporte l’élection prĂ©sidentielle avec 73,8 % des suffrages. L’opposition dĂ©nonce des fraudes massives. Le 6 juin, l’AIS proclame l’arrĂȘt dĂ©finitif de ses opĂ©rations. Le 18 aoĂ»t, le Mouvement algĂ©rien des officiers libres MAOL, créé en 1998, appelle Ă  poursuivre en justice les gĂ©nĂ©raux responsables de la tragĂ©die » algĂ©rienne. La loi de concorde civile » est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 16 septembre, par plus de 98 % des voix. 2001 Emeutes sanglantes en Kabylie, en avril, aprĂšs la mort d’un lycĂ©en dans une gendarmerie. D’importantes manifestations ont lieu Ă  Tizi Ouzou et Ă  3 octobre, le gouvernement prĂ©sente un projet de rĂ©forme visant Ă  officialiser la langue berbĂšre tamazight. Signature, le 19 dĂ©cembre, d’un accord d’association entre l’AlgĂ©rie et l’Union europĂ©enne. 2002 Le 8 avril, le tamazight est reconnu langue nationale — mais non officielle — par le Parlement. Le FLN remporte les Ă©lections lĂ©gislatives du 30 mai, boycottĂ©es par les partis kabyles. 2003 Les anciens leaders du FIS, MM. Madani et Belhadj, sont libĂ©rĂ©s et appellent Ă  la fin de la lutte armĂ©e le 25 aoĂ»t. 2004 M. Bouteflika obtient 85 % des suffrages Ă  l’élection prĂ©sidentielle du 8 avril. Le gouvernement signe un accord de partenariat stratĂ©gique avec la France en juillet. 2005 La Charte pour la paix et la rĂ©conciliation nationale est approuvĂ©e par rĂ©fĂ©rendum, le 29 septembre, Ă  plus de 97 % des voix. Le bilan de treize ans de violences est estimĂ© entre 150 000 et 200 000 morts et des milliers de disparus. 2007 Le FLN remporte les Ă©lections lĂ©gislatives organisĂ©es en mai. Le 9 juin, Alger et Washington concluent un accord sur le dĂ©veloppement du nuclĂ©aire civil. AprĂšs un automne particuliĂšrement meurtrier prĂšs de 80 morts lors d’attentats et d’affrontements entre islamistes et forces de sĂ©curitĂ©, un double attentat-suicide dans la capitale, le 11 dĂ©cembre, fait quarante et une victimes. 2008 Le 8 juin, l’explosion de deux bombes visant le convoi d’une entreprise française, prĂšs d’Alger, tue douze personnes, dont un ingĂ©nieur français. Recrudescence des attentats en aoĂ»t. Le 12 novembre, M. Bouteflika fait rĂ©viser la Constitution afin de briguer un troisiĂšme mandat. Il est réélu six mois plus tard avec plus de 90 % des suffrages, les principaux partis d’opposition ayant appelĂ© Ă  boycotter le scrutin prĂ©sidentiel. 2011 Du 3 au 10 janvier, des Ă©meutes contre le pouvoir et contre la vie chĂšre font cinq morts et plus de huit cents blessĂ©s. Le gouvernement dĂ©cide de baisser les prix de plusieurs denrĂ©es de base, comme le sucre ou l’ 12 fĂ©vrier, une marche dans la capitale, rĂ©unissant deux mille manifestants Ă  l’initiative de la Coordination nationale pour le changement et la dĂ©mocratie CNCD, est bloquĂ©e par trente mille policiers. Le 15 avril, il promet une sĂ©rie de rĂ©formes politiques. La nouvelle loi sur l’information, adoptĂ©e le 12 septembre, met fin au monopole de l’Etat sur l’audiovisuel et consacre l’ouverture du secteur au privĂ©. Le dĂ©lit de presse est dĂ©pĂ©nalisĂ©. Le gouvernement s’engage Ă©galement Ă  conforter le pluralisme dĂ©mocratique ». Le 3 novembre, les dĂ©putĂ©s rejettent le projet de loi sur la reprĂ©sentativitĂ© des femmes au Parlement et dans les assemblĂ©es locales, prĂ©sentĂ© en aoĂ»t par M. Bouteflika. Le texte initial portait le quota de femmes de 7 % Ă  30 %. La nouvelle mouture, qui prĂ©voit une reprĂ©sentation variable selon la taille des circonscriptions, rĂ©duit de fait la possibilitĂ© pour les femmes d’ĂȘtre Ă©lues.
Archivesdu Gouvernement général de l'Algérie Type de contenu : Texte Titre(s) : Archives du Gouvernement général de l'Algérie : archives de l'ex-gouvernement général de l'Algérie : série H. H. : faculté des lettres et des sciences humaines / André Nouschi Adresse bibliographique : [Paris] [s. n.] 1961 Description matérielle : 79 p.; 23 cm Note(s) : Extr. des :

1 L’un des journaux francophones algĂ©riens les plus lus, LibertĂ©, a consacrĂ© un dossier spĂ©cial Ă  ce ... 2 Le journal algĂ©rien El Moujahid, journal rangĂ© du cĂŽtĂ© du pouvoir, soulignait par exemple Ă  propos ... 3 La confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r de la rĂ©gion d’Ain Sefra se serait constituĂ©e progressivement entre le ... 4 Sid Ahmad MajdĂ»b, l’ancĂȘtre fondateur de la tribu, serait nĂ© approximativement entre 1490 et 1493 ... 5 Pour une analyse du concept de tribu, cf. Jacques Berque, Qu’est-ce qu’une tribu nord-africaine ... 1La question tribale est rĂ©apparue en AlgĂ©rie depuis les rĂ©voltes survenues en Kabylie en avril 2001. Celles-ci ont mis au devant de la scĂšne publique un nouvel interlocuteur Ă©tatique la coordination des arouch, dairas et communes – le terme arouch carĂ»sh Ă©tant gĂ©nĂ©ralement employĂ© en AlgĂ©rie pour dĂ©signer les tribus sing. carsh. Suite Ă  ces Ă©vĂ©nements, de nombreux articles journalistiques sont parus au sujet de la tribu1, et depuis lors, on assiste tout au moins dans la presse Ă  une mise en exergue et peut-ĂȘtre Ă  une survalorisation du fait tribal dans ce pays2. Parmi les questions que pose ce regain d’intĂ©rĂȘt pour la tribu, il en est une qui nous intĂ©resse particuliĂšrement celle concernant le dĂ©mantĂšlement tribal. Celle-ci se pose avec acuitĂ© d’autant plus qu’il Ă©tait admis jusque rĂ©cemment que le rĂ©gime colonial avait dĂ©truit purement et simplement les tribus en AlgĂ©rie. Or, si la dĂ©structuration tribale fut, durant la pĂ©riode coloniale, une mesure voulue pour les dĂ©partements civils du Nord, il apparaĂźt qu’il n’en fut pas de mĂȘme pour les territoires du Sud. L’organisation en tribus y fut en effet maintenue et les clivages tribaux y furent exacerbĂ©s. Dans cet article, on tentera de revisiter les thĂšses du dĂ©mantĂšlement tribal en AlgĂ©rie, pour en souligner les rĂ©alitĂ©s mais aussi les limites, puis on prendra le cas des mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de deux tribus appartenant Ă  l’annexe d’Ain Sefra les cAmĂ»r3 et les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b4. On comprendra donc que notre propos n’est pas de faire l’histoire sociale de ces tribus5, mais de comparer les mesures prises par les autoritĂ©s coloniales Ă  l’égard de la question tribale selon qu’il s’agit des dĂ©partements civils du Nord ou des territoires du Sud. À propos du dĂ©mantĂšlement tribal en AlgĂ©rie thĂšses et nuances 2Le dĂ©mantĂšlement de l’ordre tribal, qui s’effectue en AlgĂ©rie entre 1830 et la PremiĂšre Guerre mondiale environ, est une rĂ©alitĂ© qu’on ne peut nier mais qu’on se doit de nuancer. Celui-ci s’est effectuĂ© de plusieurs maniĂšres par destruction physique, par dĂ©possession fonciĂšre, en discrĂ©ditant les structures d’autoritĂ© traditionnelles et en imposant de nouvelles normes culturelles aux populations autochtones. Destructions physiques 6 En parlant de systĂšme, j’ai Ă  l’esprit l’ensemble des relations liant les tribus entre elles, qu’i ... 7 SmaĂŻl Aouli, Ramdane Redjala et Philippe Zoummeroff, Abd el-Kader, Paris, Fayard, 1994. 3En dĂ©pit des conflits internes notamment ceux entre tribus makhzen et tribus raya ou siba, ou simplement entre tribus proches, le monde tribal de l’AlgĂ©rie ottomane avait une certaine cohĂ©rence et pouvait ĂȘtre vu comme un systĂšme assez complexe et fonctionnel6. Cet ordre tribal fut bouleversĂ© par les transformations induites par le rĂ©gime colonial et en premier lieu par son avant-bras l’armĂ©e. Celle-ci prit les premiĂšres mesures d’une politique qui, Ă  moyen terme, devait inĂ©luctablement dĂ©stabiliser l’organisation antĂ©rieure. Elle le fit en combattant les tribus hostiles Ă  la prĂ©sence française en AlgĂ©rie, mais elle le fit aussi en permettant et/ou en suscitant l’accentuation des divisions et des conflits inter et intra-tribaux. Par exemple, la rĂ©sistance menĂ©e par l’émir Abd el-Kader, Ă  la tĂȘte des tribus Hasham, Bani cAmr et Gharaba, fut anĂ©antie en moins de quinze ans, de 1832 Ă  1847, du fait d’affrontements directs avec l’armĂ©e française, mais aussi en raison des conflits entre tribus – notamment ceux opposant l’armĂ©e constituĂ©e par l’émir Abd el-Kader et les tribus makhzen makhzan des DĂ»ayr et des Zmala7. 8 Radouane Ainad Tabet, Histoire d’AlgĂ©rie, Sidi Bel AbbĂ©s de la colonisation Ă  la guerre de libĂ©r ... 9 Ibid., p. 53-63. 10 Ibid., p. 61. 4Dans l’Ouest algĂ©rien, les tribus qui opposĂšrent une rĂ©sistance furent par ailleurs prises en tenaille entre l’armĂ©e française et celle du sultan du Maroc, le sultan Abd Al Rahï€Șman. Ainsi, le sultanat du Maroc participa au dĂ©mantĂšlement tribal en taillant en piĂšces » les Bani cAmr8. L’historien Redouane Ainad Tabet9 dresse, en effet, un tableau du devenir pathĂ©tique de cette grande tribu. Auparavant si puissante dans l’Ouest algĂ©rien plus prĂ©cisĂ©ment dans la rĂ©gion de Sidi Bel AbbĂ©s, cette tribu devait subir de plein fouet les rĂ©percussions de son engagement aux cĂŽtĂ©s de l’émir Abd el-Kader. Celles-ci sont si effroyables que, pour reprendre les propos de l’auteur, au lendemain de la reddition de l’émir, en 1847, La “verte tribu” n’est plus que l’ombre d’elle mĂȘme10. » D’autres actes de rĂ©sistance, les soulĂšvements des AwlĂąd Sidi Shaykh Ă  partir de 1863, la rĂ©volte d’El Mokrani 1871 notamment, furent mis en Ă©chec par l’armĂ©e française. On comprendra, dans ces conditions, les rĂ©percussions des pertes humaines rĂ©sultant de ces batailles sur les diffĂ©rentes tribus certaines disparurent, d’autres furent complĂštement dĂ©stabilisĂ©es. Ces dĂ©faites n’aidaient en rien la cohĂ©sion tribale parce qu’elles avaient pour consĂ©quence de diminuer l’autoritĂ© des personnes et familles leaders. La tribu comme groupe politique subissait de la sorte un fĂącheux contrecoup. 5Toutefois, jusqu’à un certain point, les guerres ne furent pas les causes dĂ©cisives du dĂ©mantĂšlement tribal. Elles modifiĂšrent les rapports de forces entre tribus, en affaiblissant certaines et en renforçant d’autres, mais ne changĂšrent pas pour l’essentiel l’organisation tribale car elles ne lui substituĂšrent aucune autre organisation sociale. En fait, les changements survenus dans le domaine de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre – sĂ©natus-consulte de 1863, loi Warnier de 1873 visant la liquidation de la propriĂ©tĂ© communautaire des tribus et le processus de dĂ©possession fonciĂšre – eurent beaucoup plus d’impacts que les guerres. SĂ©natus-consulte et dĂ©possession fonciĂšre 6Les lois fonciĂšres furent en effet autrement efficaces. Il est intĂ©ressant de lire Ă  ce propos le tĂ©moignage du capitaine VayssiĂšre. En tournĂ©e chez les Namamsha, tribu de l’Est algĂ©rien, pour Ă©valuer les consĂ©quences du sĂ©natus-consulte, il rapporte le fait suivant Les cheikhs et les kebars sont tous venus me trouver, commentant et dĂ©plorant la nouvelle. La consternation peinte sur leurs visages, plusieurs versaient des larmes. Ils m’ont dit “Les Français nous ont battus, ils ont tuĂ© nos jeunes hommes et nous ont imposĂ© des contributions de guerre. Tout cela n’était rien, on guĂ©rit de ses blessures. Mais la constitution de la propriĂ©tĂ© individuelle et l’autorisation donnĂ©e Ă  chacun de vendre ses terres qui lui seraient Ă©chues en partage, c’est l’arrĂȘt de mort de la tribu.” » 7Il conclut ainsi 11 Repris du journal algĂ©rien LibertĂ© du 6 aoĂ»t 2001, dossier spĂ©cial sur la tribu en AlgĂ©rie. Le sĂ©natus-consulte de 1863 est, en effet, la machine de guerre la plus efficace qu’on ait pu imaginer contre l’état social indigĂšne et l’instrument le plus puissant et le plus fĂ©cond qui ait pu ĂȘtre mis aux mains de nos colons. GrĂące Ă  lui, nos idĂ©es et nos mƓurs s’infiltreront peu Ă  peu dans les mƓurs indigĂšnes, rĂ©fractaires Ă  notre civilisation, et l’immense domaine algĂ©rien, Ă  peu prĂšs fermĂ© jusqu’ici, en dĂ©pit des saisies domaniales, s’ouvrira devant nos pionniers11. » 12 Jean-Claude Vatin, L’AlgĂ©rie politique, Histoire et SociĂ©tĂ©, Paris, Presses de la Fondation nation ... 8À partir du sĂ©natus-consulte de 1863, un ensemble de lois fut en effet mis en place en AlgĂ©rie pour favoriser la propriĂ©tĂ© individuelle, principalement au profit des colons et des grandes sociĂ©tĂ©s capitalistes. Jean-Claude Vatin12 remarque, en reprenant le bilan dressĂ© par Charles Robert Ageron qu’ entre 1871 et 1919 prĂšs d’un million d’hectares 897 000 ont Ă©tĂ© livrĂ©s aux colons. [
] Les musulmans avaient perdu, en 1919, 7 millions et demi d’hectares, que l’État et les particuliers, les grandes sociĂ©tĂ©s capitalistes, s’étaient partagĂ©s. » 13 Karl Marx, Le systĂšme foncier en AlgĂ©rie », dans Sur les sociĂ©tĂ©s prĂ©capitalistes extraits du c ... 14 Karl Marx dit Ă  ce propos que l’institution de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre Ă©tait aux yeux du bourgeoi ... 15 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986, p. 28. 9Karl Marx avait analysĂ© vers 1879 le processus de dĂ©possession fonciĂšre mis en Ɠuvre en AlgĂ©rie. Il considĂ©rait Ă  ce propos que les terres des plateaux nord-africains Ă©taient auparavant la possession indivise des tribus nomades qui les parcouraient, que la propriĂ©tĂ© tribale y Ă©tait transmise de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et qu’elle ne se modifia qu’à la suite des changements suivants 1. fractionnement graduel de la tribu en plusieurs branches ; 2. inclusion de membres appartenant Ă  des tribus Ă©trangĂšres13 ». Il montre ensuite comment, particuliĂšrement Ă  partir de la loi Warnier, la spoliation des terres tribales s’effectue, avec notamment la confiscation et la mise en vente des terres des tribus suspectĂ©es de rĂ©bellion. Ces lois avaient un double objectif instituer la propriĂ©tĂ© privĂ©e14, mais aussi dĂ©truire les pouvoirs des tribus. Augustin Berque, dans un article datant de 1919, dira du sĂ©natus-consulte de 1863 qu’il visait comme but politique l’amoindrissement des grandes familles indigĂšnes et la dislocation de la tribu15 ». 16 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie prĂ©coloniale Ă  l’AlgĂ©rie coloniale, Alger, OPU, 1985, p. 21-22. 17 D. Daumas, Les populations indigĂšnes et la terre collective de tribu en Tunisie, Tunis, 1912. 18 Henry de MontĂ©ty, Une loi agraire en Tunisie, Cahors, 1927, p. 30. 10La question du statut des terres que parcouraient les tribus nomades a fait l’objet de diverses analyses. Karl Marx estimait qu’elles Ă©taient les possessions indivises des tribus nomades qui les parcouraient. Lahouari Addi avance quant Ă  lui que, bien que la terre de la tribu soit un terrain collectif, la propriĂ©tĂ© privĂ©e des biens et des terres a existĂ© de maniĂšre prĂ©dominante dans les montagnes oĂč les terres communales Ă©taient rĂ©duites et, dans les plaines, oĂč les troupeaux Ă©taient possĂ©dĂ©s privativement16. Certaines Ă©tudes menĂ©es Ă  propos du systĂšme foncier tribal en Tunisie, avant le rĂ©gime du Protectorat, attestent que les terres collectives » appartenaient bien souvent aux tribus sous la forme de propriĂ©tĂ©s indivises. Certaines d’entre elles possĂ©daient mĂȘme des titres de propriĂ©tĂ©s17. Celles-ci avaient donc bien des propriĂ©taires reconnus mais elles Ă©taient juridiquement impartageables et elles furent Ă  tort considĂ©rĂ©es comme des terres de jouissance collective appartenant Ă  l’État18. On peut considĂ©rer que ces conclusions sont applicables au systĂšme foncier des tribus d’AlgĂ©rie qui, par ailleurs, subissait, comme en Tunisie, l’influence de la rĂ©gence ottomane. 19 Sur ce point cf. notamment la partie Le marchĂ© autorĂ©gulateur et les marchandises fictives tra ... 11Outre ce fait, l’assignation d’un caractĂšre marchand de la terre semblait poser des problĂšmes bien plus cruciaux aux membres des tribus. C’est en effet la constitution de la propriĂ©tĂ© individuelle et l’autorisation donnĂ©e Ă  chacun de vendre ses terres » qui effraient rĂ©ellement les cheikhs et les kebars » et non pas tant le fait qu’elles soient partagĂ©es. En fait, et il me semble qu’il s’agit lĂ  d’une des particularitĂ©s du statut de la terre en milieu tribal celle-ci n’a pas de caractĂšre marchand. Bien qu’elle ait des propriĂ©taires reconnus, du fait notamment du droit de propriĂ©tĂ© liĂ© Ă  l’usage – on sait que telle terre appartient Ă  telle tribu, Ă  tel segment et en fin de compte Ă  telle famille notamment parce qu’il ou elle en fait usage – , elle ne peut toutefois ĂȘtre vendue ou achetĂ©e. C’est d’ailleurs une invention du capitalisme que de poser la terre comme une catĂ©gorie marchande19. Les shaykh et les kbar le savaient mais ne purent cependant peser sur le cours de la politique coloniale et le processus de dĂ©possession fonciĂšre. 20 Pour un point de vue rapide du phĂ©nomĂšne de dislocation du nomadisme, lire M’Hamed Boukhobza, L’ag ... 12La politique de dĂ©possession fonciĂšre eut par ailleurs un impact sans prĂ©cĂ©dent sur l’activitĂ© Ă©conomique traditionnellement et peut-ĂȘtre trop schĂ©matiquement liĂ©e au monde tribal le nomadisme pastoral. Dans un ouvrage au sous-titre Ă©vocateur De l’ordre tribal au dĂ©sordre colonial, M’Hamed Boukhobza nous montre en effet comment le nomadisme activitĂ© Ă©conomique et genre de vie et avec lui le mode de vie tribal traditionnel » furent complĂštement altĂ©rĂ©s par les mesures coloniales et notamment par la politique de dĂ©possession fonciĂšre20. Selon cet auteur, les personnes vivant sous la tente Ă  la veille de la colonisation reprĂ©sentaient prĂšs des deux tiers de la population totale 67%, alors qu’elles ne reprĂ©sentaient plus, dans les annĂ©es soixante/soixante-dix, qu’environ 500 000 personnes sur une population totale de prĂšs de 20 millionsd’ñmes, soit 2,5%. En mĂȘme temps que s’effectue la dĂ©possession fonciĂšre, c’est toute l’économie tribale qui semble pĂ©ricliter. Ainsi, les tribus qui auparavant vivaient des produits de l’agro-pastoralisme, et plus particuliĂšrement du pastoralisme, se voient dans l’incapacitĂ© de reproduire les bases matĂ©rielles de leur propre existence. M’Hamed Boukhobza montre aussi comment les pratiques de l’cachaba mouvement d’estivage sud-nord et de l’cazaba mouvement d’hivernage nord-sud, vĂ©ritables socles de l’économie nomade et tribale, ne peuvent plus se perpĂ©tuer du fait des mesures prises par le gouvernement colonial. 21 Jacques Berque, Le Maghreb entre deux guerres, Paris, Seuil, 1962, p. 121-136. 13Vingt ans plus tĂŽt, Jacques Berque remarquait aussi que la disparition de la tribu rĂ©sultait des politiques empĂȘchant la reproduction de leur systĂšme Ă©conomique. MĂȘme lorsque certaines tribus n’étaient pas atteintes directement, elles en subissaient inĂ©luctablement les contrecoups en raison de la nature extensive et complexe de leur activitĂ© Ă©conomique21. Ce sont en dĂ©finitive toutes les conditions matĂ©rielles d’existence des tribus qui tendaient Ă  disparaĂźtre. Face Ă  la paupĂ©risation qu’entraĂźnent ces rĂ©formes, de nombreux individus se voient contraints de quitter leur tente, leur village et surtout leur tribu pour trouver du travail en ville. Ce faisant, gĂ©nĂ©ration aprĂšs gĂ©nĂ©ration, la tribu devient un lointain souvenir. DiscrĂ©dit des instances d’autoritĂ© traditionnelles et affrontements culturels 22 Augustin Berque, Écrits sur l’AlgĂ©rie, Aix-en-Provence, Édisud, 1986. 14Dans ce processus de dĂ©mantĂšlement des tribus, quelle a Ă©tĂ© la politique de dĂ©structuration des instances d’autoritĂ© tribale ? L’idĂ©ologie coloniale faite au nom du progrĂšs » tendait en effet Ă  remettre en cause les pratiques dites traditionalistes » des populations autochtones. Augustin Berque22 explique Ă  ce propos comment les structures traditionnelles de l’autoritĂ© tribale furent de plus en plus discrĂ©ditĂ©es du fait des mesures prises par le gouvernement colonial. En mĂȘme temps qu’il opĂ©rait la dislocation de la propriĂ©tĂ© tribale, le gouvernement colonial tendait Ă  transformer les tribus, selon le principe de diviser pour mieux rĂ©gner », de maniĂšre Ă  les rendre moins efficientes. Il Ă©numĂšre en outre les diffĂ©rentes mesures rĂ©duisant l’influence des chefs et dĂ©truisant les anciennes structures d’autoritĂ©s. Par exemple, l’autoritĂ© coloniale bureaux arabes puis gouvernement civil discrĂ©dita l’organisation tribale en rĂ©organisant les tribus et en dĂ©signant de nouveaux chefs qui n’avaient pas forcĂ©ment d’autoritĂ© suffisante et qui mĂȘme parfois Ă©taient complĂštement Ă©trangers Ă  la tribu. Elle le fit aussi en limitant leurs droits Ă  percevoir les taxes que les chefs tribaux rĂ©coltaient auparavant, ainsi qu’en restreignant leurs pouvoirs respectifs. En outre, avec l’extension du territoire civil, les chefs de tribus devenaient peu Ă  peu de simples agents administratifs. En discrĂ©ditant les structures d’autoritĂ© tribale et en refaçonnant selon son bon vouloir les diffĂ©rentes tribus, le rĂ©gime colonial dĂ©truisait les fondements de l’ordre et de la cohĂ©sion propre aux diffĂ©rentes tribus. Cela fonctionna tellement bien, qu’à la fin du xixe siĂšcle, les tribus djĂ»ad tribus aristocratiques et guerriĂšres avaient complĂštement disparu. Cette situation donna, pendant un certain temps, plus de poids aux fractions maraboutiques, avant que celles-ci ne fussent Ă  leur tour affaiblies. 23 Yvonne Turin, Affrontements culturels dans l’AlgĂ©rie coloniale Ă©coles, mĂ©decines, religion, 1830 ... 15Pendant prĂšs d’un siĂšcle, et particuliĂšrement depuis la mise en place du gouvernement civil, s’est effectuĂ© un vrai travail de fond tendant Ă  transformer la sociĂ©tĂ© algĂ©rienne. Ces affrontements culturels », pour reprendre l’intitulĂ© de l’ouvrage d’Yvonne Turin23, Ă©taient dictĂ©s par des objectifs idĂ©ologiques et politiques d’un cĂŽtĂ© le gouvernement essayant d’imposer de nouvelles valeurs pour asseoir son autoritĂ©, de l’autre les structures locales tentant de prĂ©server un minimum d’autonomie vis-Ă -vis du gouvernement colonial. L’objectif de ces affrontements Ă©tait de soustraire l’indigĂšne » Ă  sa tribu et, par la suite, de l’insĂ©rer dans cette nouvelle sociĂ©tĂ© faite au nom du progrĂšs. Les politiques menĂ©es dĂ©possession fonciĂšre, discrĂ©dit des structures traditionnelles et affrontements culturels ont globalement rĂ©ussi dans la mesure oĂč l’organisation tribale semble de nos jours avoir disparu en AlgĂ©rie, alors que pendant des siĂšcles elle Ă©tait la base de la sociĂ©tĂ©. Les grandes tribus du Nord et du Tell ont disparu. Les Bani cAmr, les Hasham, les DĂ»ayr et autres grandes tribus n’existent plus. Ce qu’il en reste maintenant, c’est un lointain souvenir. Il ne faut pas penser pour autant que l’histoire soit univoque et en y regardant de plus prĂšs les thĂšses prĂ©sentĂ©es doivent ĂȘtre nuancĂ©es. Les limites des thĂšses de la dĂ©structuration tribale 16La dĂ©possession fonciĂšre s’est certes principalement effectuĂ©e au Nord et dans le Tell, mais dans les territoires du Sud, sous administration militaire, les tribus arabophones ou berbĂ©rophones ont Ă©tĂ© assez prĂ©servĂ©es de ces transformations. Ainsi, dans sa Monographie du Territoire d’Ain Sefra, le capitaine Mesnier, chef du bureau de comptabilitĂ© des oasis sahariennes, affirme que 24 Capitaine Mesnier, Monographie du territoire d’Ain Sefra, Oran, Imprimerie L. Fouque, 1914 biblio ... Le sĂ©natus-consulte [
] n’a Ă©tĂ© appliquĂ© qu’exceptionnellement en territoire militaire [
] La propriĂ©tĂ© individuelle n’a pas Ă©tĂ© constituĂ©e en territoire militaire car le sol propre au pĂąturage seulement ne comporte qu’une jouissance collective ; s’il Ă©tait partagĂ© entre les indigĂšnes, il s’élĂšverait constamment entre eux des contestations24. » 25 Lahouari Addi, De l’AlgĂ©rie
, p. 57. 17En effet, la dĂ©possession fonciĂšre n’a pas ou presque pas eu lieu dans les territoires du Sud, du fait notamment de l’ariditĂ© de la terre, et bien qu’en 1926, une loi ait abrogĂ© la distinction entre territoire du Sud et territoire du Nord dans le rĂ©gime de la propriĂ©tĂ© fonciĂšre25, celle-ci ne concerna en pratique que les territoires Ă  vocation agricole notamment les jardins des oasis et non pas les zones Ă  vocation pastorale. 26 C’est le cas des approches de Jacques Berque, M’Hamed Boukhobza, Lahouari Addi et Ali Merad Boudia ... 27 Maurice Godelier, L’idĂ©el et le matĂ©riel, Paris, Fayard, 1984. 28 Augustin Bernard et NapolĂ©on Lacroix, L’évolution du nomadisme en AlgĂ©rie, Alger, Adolphe Jourdan, ... 18Par ailleurs, la dĂ©sorganisation du systĂšme Ă©conomique qu’est le pastoralisme est souvent analysĂ©e comme s’il s’agissait de la dĂ©structuration des organisations tribales26. Or, d’une part, il me semble que la tribu ne se rĂ©duit pas Ă  un systĂšme Ă©conomique bien que celui-ci soit important. Analyser la tribu du seul point de vue de son systĂšme Ă©conomique, c’est en effet oublier la part de l’idĂ©el, et c’est tomber dans une lecture sommaire de Karl Marx que penser l’organisation sociale dĂ©coulant stricto sensu de l’infrastructure27. Actuellement, dans le Hautes Plaines et au Sahara, les clivages tribaux se retrouvent en milieu urbain et les solidaritĂ©s tribales ne suivent plus forcĂ©ment les spĂ©cialisations professionnelles. La tribu comme mode d’organisation sociale n’est pas strictement le corrĂ©lat d’un mode de production ou d’un systĂšme Ă©conomique spĂ©cifique. D’autre part, la capacitĂ© d’adaptation du pastoralisme, dans les Hautes Plaines notamment, a Ă©tĂ© sous estimĂ©e ou du moins a-t-on pensĂ© que celui-ci ne pouvait que dĂ©cliner. C’est oublier que, durant la pĂ©riode coloniale, il existait, tout au moins dans les rapports portant sur le nomadisme et la colonisation, une volontĂ© de laisser les steppes des Hautes Plaines aux pasteurs et de favoriser l’agriculture seulement dans le Tell28. Par ailleurs, les stratĂ©gies pastorales se sont adaptĂ©es aux diverses conjonctures et se sont transformĂ©es en raison des nouvelles techniques et moyens mis Ă  disposition des Ă©leveurs. Par exemple, l’introduction en masse, Ă  partir des annĂ©es soixante-dix, de vĂ©hicules de transports de cheptel les fameux GAK notamment a modifiĂ© les pratiques des Ă©leveurs sans pour autant mettre fin au pastoralisme, ni aux liens de solidaritĂ© tribale. Bien au contraire, ceux-ci sont souvent utilisĂ©s dans le cadre de ces nouvelles pratiques. 19L’association tribu/pastoralisme/nomadisme prĂ©suppose, en outre, une conception Ă©volutionniste de la tribu, considĂ©rĂ©e comme relevant d’un stade particulier de l’évolution humaine, intermĂ©diaire entre la bande stade du palĂ©olithique et la sociĂ©tĂ© Ă©tatique sĂ©dentaire. Selon cette vision, la tribu correspondrait au stade du nĂ©olithique et plus largement aux sociĂ©tĂ©s qui ont une Ă©conomie essentiellement agricole et pastorale. Cette conception est Ă©videmment fallacieuse car elle ne rend pas compte de la persistance actuelle de liens tribaux, Ă  travers le monde, et dans des sociĂ©tĂ©s qui ne sont ni nomades ni pastorales. 20En fait, si cette volontĂ© de briser la cohĂ©sion tribale fut vraie au Nord, notamment compte tenu de la politique de dĂ©possession fonciĂšre, elle ne fut pas gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  toute l’AlgĂ©rie. Dans certains endroits des Hautes Plaines et du Sahara, les tribus et les divisions tribales ont Ă©tĂ© maintenues, voire exacerbĂ©es de maniĂšre Ă  permettre Ă  l’administration militaire de mieux contrĂŽler la population locale. C’est le cas pour le Haut Sud-Ouest, mais aussi pour les rĂ©gions du Sahara, tel le Tidikelt. Louis Voinot, capitaine de l’armĂ©e française, nous explique en effet les mesures prises, suite Ă  la ConquĂȘte des Oasis » ayant eu lieu au dĂ©but du xxe siĂšcle, pour Ă©tablir l’ordre dans cette rĂ©gion. Il est fort explicite Ă  ce propos 29 Louis Voinot, Le Tidikelt Ă©tude sur la gĂ©ographie, l’histoire, les mƓurs du Pays, Éditions J. Ga ... Au bout de quelques temps, il faut songer Ă  organiser le Tidikelt pour Ă©tablir l’ordre Ă  la place de l’anarchie d’antan. Les gens de mĂȘme origine sont groupĂ©s autant que possible en des commandements distincts. Cette rĂ©partition est dĂ©licate car on doit Ă©viter de mettre en contact des intĂ©rĂȘts opposĂ©s, ce qui rĂ©veillerait les anciennes haines ; les kebars [reprĂ©sentants des tribus] sont choisis parmi les familles influentes29. » 21Cette politique eut des rĂ©percussions telles qu’aujourd’hui encore on constate de grands clivages dans la rĂ©partition spatiale des tribus du Tidikelt. 30 Robert Capot-Rey indique que le nombre des EuropĂ©ens vivant au Sahara a toujours Ă©tĂ© faible. Dan ... 31 Fanny Colonna et Henri Tawfik, Au Gourara, une prĂ©-enquĂȘte », dans Fanny Colonna, Savants Paysan ... 22La thĂšse de l’affrontement culturel doit par ailleurs ĂȘtre nuancĂ©e en ce qui concerne les tribus Ă©voluant dans les territoires des Hautes Plaines et du Sahara algĂ©rien. Les civils français y Ă©taient peu nombreux et de ce fait l’imposition des valeurs et des institutions Ă©manant de l’idĂ©ologie coloniale ne s’est pas effectuĂ©e avec la mĂȘme ampleur au Sud que dans le Nord30. Compte tenu des politiques diffĂ©renciĂ©es entre le Nord et le Sud, les populations du Sud ont pu, plus que celles du Nord, s’opposer au phĂ©nomĂšne d’acculturation et ainsi refuser certaines valeurs Ă©manant de la France. Un travail effectuĂ© dans le courant des annĂ©es soixante-dix par Fanny Colonna et Henri Tawfik31 a montrĂ© quels Ă©taient les comportements, vis-Ă -vis de l’éducation et de la mĂ©decine, des populations des zones rurales du Gourara rĂ©gion saharienne. Ce qui est intĂ©ressant pour notre propos, ce sont les deux faits suivants d’une part, cette enquĂȘte montre la persistance des valeurs traditionnelles » – plus exactement s’inspirant des coutumes locales – qui nous semblent insĂ©parables d’une organisation sociale du mĂȘme type ; d’autre part, elle insiste sur l’importance actuelle des lignages mrabtin lignages descendant de saints. 32 C’est notamment le parti que prend Nico Kielstra dans son Ă©tude des mutations de l’organisation tr ... 23En somme, l’analyse de la dĂ©structuration tribale repose sur trois axiomes discutables et qui ne peuvent rendre compte de la pluralitĂ© des situations concernant le fait tribal en AlgĂ©rie. La premiĂšre remarque que l’on fera est toute simple la dĂ©possession fonciĂšre si fatale aux tribus du Tell, du Nord, n’a pas Ă©tĂ© appliquĂ© aux tribus du Sud Ă©tant donnĂ© l’ariditĂ© de la terre et le fait que les territoires du Sud Ă©taient en grande partie sous administration militaire. La deuxiĂšme remarque est que le nomadisme pastoral est bien souvent considĂ©rĂ© comme la condition sine qua non de l’existence tribale. Bien entendu, il s’agit lĂ  d’un stĂ©rĂ©otype qui associe la tribu Ă  un mode d’organisation Ă©conomique et de fait Ă  un stade d’évolution particulier. Ce stĂ©rĂ©otype est d’autant plus fĂącheux qu’il empĂȘche de rendre compte de la complexitĂ© et de la diversitĂ© des liens sociaux Ă  l’intĂ©rieur des tribus et entre les tribus. Enfin, penser que le discrĂ©dit des autoritĂ©s tribales puisse ĂȘtre une mesure majeure dans le processus de dĂ©mantĂšlement tribal prĂ©suppose l’idĂ©e que les chefs et plus largement les chefferies sont des Ă©lĂ©ments primordiaux des organisations tribales32. Cet axiome est largement rĂ©futable. Enfin, il faut ajouter que le rĂ©gime administratif dans les territoires du Sud Ă©tait bien diffĂ©rent de celui des dĂ©partements civils du Nord. Organisation des territoires du Sud 33 Les subdivisions des territoires du Sud devinrent nĂ©anmoins des dĂ©partements quelques annĂ©es plus ... 34 Camille Sabatier, La question du Sud-Ouest, Alger, Éditions Adolphe Jourdan, 1881, p. 67-68. 24Contrairement aux dĂ©partements civils du Nord, les territoires du Sud qui succĂ©daient aux territoires de commandement demeuraient, du moins jusqu’en 194733, sous administration militaire. Les rapports de l’État colonial avec les tribus n’étaient donc pas les mĂȘmes en AlgĂ©rie, selon qu’il s’agissait des territoires du Sud ou de ceux du Nord. Dans les territoires du Sud, en dehors des Ă©lĂ©ments en rĂ©bellion, les autoritĂ©s françaises ne furent pas opposĂ©es aux systĂšmes tribaux, bien au contraire. Elles se souciaient plus des confrĂ©ries et lignages religieux qui du fait de leur aura et de leurs rĂ©seaux auraient pu organiser une rĂ©sistance plus efficace Ă  l’occupation34. Les zawiyas et confrĂ©ries sahariennes ont de fait souvent Ă©tĂ© la hantise des autoritĂ©s coloniales qui essayĂšrent de les supprimer ou tout au moins les contrĂŽler, alors que la dislocation de la tribu ne fut pas une politique voulue pour les territoires du Sud. Les territoires du Sud Ă©taient par ailleurs soumis Ă  une organisation et une lĂ©gislation bien distincte de celles des dĂ©partements civils du Nord. 35 Note du 3 avril 1922 Archives affaires indigĂšnes militaires, repris de RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sah ... Entre l’AlgĂ©rie du Nord dont l’organisation est coulĂ©e dans le moule français et les protectorats voisins de Tunisie et du Maroc oĂč l’administration française se double d’une administration indigĂšne, les Territoires du Sud prĂ©sentent une troisiĂšme forme qui leur est propre. Leurs bureaux d’affaires indigĂšnes, composĂ©s d’un personnel militaire spĂ©cialisĂ© et hiĂ©rarchisĂ© dans ses fonctions, occupent une place intermĂ©diaire entre le rĂ©gime d’administration directe Ă  la mode mĂ©tropolitaine et le rĂ©gime de contrĂŽle qui caractĂ©rise les protectorats ; ils ne s’affranchissent pas du cadre social indigĂšne, usent d’avantage de l’autoritĂ© traditionnelle du chef de tribu, et de la sorte, permettent Ă  des populations Ă  mentalitĂ© fĂ©odale d’évoluer sans heurt au contact de la civilisation moderne35. » 36 Ibid., p. 84. 37 Ibid., p. 86. 38 Ibid., p. 98-99. 39 Ibid., p. 131-132. 40 Ibid., p. 182 et suiv. 41 Il s’agit du recours d’un indigĂšne s’estimant lĂ©sĂ© Ă  un officier qu’il considĂšre comme son chef. C ... 42 Ibid., p. 211-212. 43 Jacques FrĂ©meaux, Pertinence
 », p. 261-262. 25Le rĂŽle des militaires y Ă©tait beaucoup plus important que dans le Nord et le statut des indigĂšnes bien distinct Ă©galement. Les maires des communes mixtes Ă©taient les commandants des cercles ou les chefs des annexes36. Les commissions municipales se composaient de membres français Ă©lus et de membres indigĂšnes nommĂ©s. Le dĂ©cret du 6 fĂ©vrier 1919 n’était pas applicable aux territoires du Sud et les indigĂšnes musulmans ne pouvaient ĂȘtre Ă©lecteurs, ni Ă©ligibles, contrairement Ă  ce qui se faisait dans le Nord37. Cette situation semble s’ĂȘtre perpĂ©tuĂ©e au moins jusqu’en 1947. La tribu avait une existence juridique. Elle constituait une section de commune. Les membres des assemblĂ©es tribales, des djemaa – jamaca appelĂ©s kbars, les grands Ă©taient nommĂ©s pour une pĂ©riode de trois ans par les commandants des cercles ou les chefs des annexes, puis par le gouverneur sur avis des commandants et des chefs. Ces procĂ©dĂ©s, toujours en vigueur dans les territoires du Sud, n’étaient plus appliquĂ©s au Nord depuis le dĂ©cret du 6 fĂ©vrier 1919. Les djemaa Ă©taient par ailleurs prĂ©sidĂ©s de droit par les caĂŻds des tribus, nommĂ©s par les autoritĂ©s, et administraient essentiellement les biens des douars et les terres collectives38. Le systĂšme d’imposition Ă©tait aussi diffĂ©rent. Alors que les impĂŽts arabes avaient Ă©tĂ© supprimĂ©s dans le Nord par le dĂ©cret du 1er dĂ©cembre 1918, ils demeuraient encore appliquĂ©s dans les territoires du Sud oĂč ils constituaient la source la plus considĂ©rable du budget39. Le systĂšme judiciaire, et en particulier la justice rĂ©pressive, Ă©taient aussi distincts dans les territoires du Sud. Les commandants militaires et le gouverneur d’AlgĂ©rie avaient en effet des pouvoirs plus importants que dans les dĂ©partements civils40. Le systĂšme de la chekaĂŻa demeurait encore appliquĂ©41, augmentant ainsi le pouvoir des commandants de cercle ou des chefs d’annexe qui, bien qu’arbitres, pouvaient toutefois user de leurs pouvoirs disciplinaires42. Le systĂšme des bureaux arabes appliquĂ© pour le Nord dans les premiers temps de la conquĂȘte, puis abandonnĂ© pour une organisation civile, Ă©tait de fait appliquĂ© pour les territoires du Sud. Cette organisation supposait la prĂ©servation du cadre social indigĂšne, et donc tribal, et la nomination, l’appui et l’instrumentalisation de l’autoritĂ© traditionnelle des chefs de tribus. De fait, comme le remarque Jacques FrĂ©meaux43, les territoires militaires du Sud apparaissaient dans les annĂ©es trente comme le conservatoire des populations bĂ©douines, partiellement administrĂ©es par les derniers bureaux arabes. 44 Colette Establet se posait ainsi la question de la rĂ©ification tribale Faut-il se fier Ă  la rĂ© ... 26On voit donc bien que la thĂšse du dĂ©mantĂšlement tribal durant la pĂ©riode coloniale doit ĂȘtre nuancĂ©e. Ce qui est vrai pour les ex-dĂ©partements civils du Nord doit ĂȘtre revisitĂ© Ă  l’aune de l’histoire des territoires du Sud algĂ©rien, laquelle reste largement Ă  Ă©crire. L’analyse des mesures prises par les autoritĂ©s coloniales dans ces rĂ©gions contribuerait Ă  expliquer en partie pourquoi les identitĂ©s tribales y sont encore assez vivaces, comme on le montrera Ă  partir du traitement de la question tribale dans le Haut Sud-Ouest algĂ©rien. En effet, les tribus du Haut Sud-Ouest, et probablement de l’ensemble des territoires du Sud, ont Ă©tĂ© prĂ©servĂ©es de toute destruction volontaire, mais elles ont Ă©tĂ© en mĂȘme temps remaniĂ©es pour diverses raisons, notamment administratives. Plus encore, on remarquera par la suite que les tribus des cAmĂ»r et des AwlĂąd Sid Ahï€Źmad MajdĂ»b ont Ă©tĂ© rĂ©ifiĂ©es par les mesures prises durant la pĂ©riode coloniale44. Dire cela ne nous permet pas de conclure Ă  la mort de la tribu, mais simplement que la tribu dans le Haut Sud-Ouest est une rĂ©alitĂ© sociale largement redĂ©finie par l’État colonial. Ces tribus remaniĂ©es n’avaient certes plus la mĂȘme dimension ni la mĂȘme modalitĂ© d’organisation qu’avant la colonisation. Mais ces tribus, juste avant la colonisation, n’étaient pas non plus celles du xvie, xviie ou xviiie siĂšcle, de sorte qu’il est exagĂ©rĂ© d’avancer que les modifications amenĂ©es par l’entreprise coloniale auraient Ă©tĂ© fatales aux tribus. Plus que de dĂ©truire les tribus, les autoritĂ©s des territoires du Sud se sont Ă©vertuĂ©es Ă  les prĂ©server tout en les contrĂŽlant par le biais des caĂŻds et des bachagas. Les tribus du Haut Sud-Ouest avant la crĂ©ation du cercle d’Ain Sefra Les cAmĂ»r 27À la veille de la colonisation, les cAmĂ»r, ainsi que les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b vivaient essentiellement sous la tente. Certaines familles disposaient de jardins et de palmiers dans les ksour qsĂ»r de la rĂ©gion, en particulier celui d’Asla pour les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, et ceux de Sfissifa, Tiout, Moghrar, Ich et Figuig pour les cAmĂ»r les deux derniers ksour se trouvent sur l’actuel territoire marocain. 28Contrairement aux AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, l’évolution de la confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r fut en partie liĂ©e Ă  la question de leur statut et des tumultes liĂ©s au tracĂ© de la frontiĂšre algĂ©ro-marocaine au sud du Taniet Sassi. Devaient-ils ĂȘtre en effet des sujets de la France ou de la monarchie marocaine ? Cette question ne fut rĂ©solue que tardivement. Le traitĂ© de 1845 dĂ©finissait le partage des territoires français et marocains au nord du Taniet Sassi, mais omettait de dĂ©finir clairement le statut des territoires au Sud de ce point. C’est en profitant de cette imprĂ©cision que la France Ă©tablira sa politique de conquĂȘte des territoires du Sud. En 1847, une colonne française, sous la conduite du gĂ©nĂ©ral Cavaignac, prit ainsi possession des ksour dĂ©clarĂ©s français. 45 N. Lacroix et H. M. P. de La MartiniĂšre, Documents pour servir Ă  l’étude du Nord Ouest africain, t ... 46 D’aprĂšs les notes sur la tribu des Amour du commandant Colonieu, datĂ©es de 1859, dans un document ... 29Le principe des ksour relevant des autoritĂ©s françaises Ă©tant acquis, celles-ci se trouvaient confrontĂ©es Ă  la question du statut des cAmĂ»r qui nomadisaient dans la rĂ©gion des monts des Ksour. Le traitĂ© de 1845 ne stipulait rien de prĂ©cis Ă  ce propos. En 1855, la majoritĂ© des tribus composant les cAmĂ»r avait fait acte de soumission Ă  la France et les autoritĂ©s françaises leur donnĂšrent une organisation rĂ©guliĂšre en trois caĂŻdats45. Ceux-ci comptaient en 1859 environ 520 tentes voir tableau 146. Tableau 1. Nombre de tentes des cAmĂ»r en 1859. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b 47 Les AwlĂąd Sidi Shaykh Ă©taient divisĂ©s en deux ligues opposĂ©es çoffs ou leffs les AwlĂąd Sidi Sh ... 30Au mois d’avril 1847, lorsque les AwlĂąd Sidi Shaykh firent leur soumission Ă  la France, les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b passĂšrent en entier sous les ordres de Si Hamza, qui dirigeait Ă  cette Ă©poque la tribu des AwlĂąd Sidi Shaykh. Jusqu’en 1848, ils paient leurs impĂŽts avec la branche aĂźnĂ©e, campent avec elle et, avec elle aussi, s’approvisionnent dans le Tell. En 1849, les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b abandonnĂšrent Si Hamza chef des AwlĂąd Sidi Shaykh Charraga et se ralliĂšrent Ă  Sidi Shaykh Ban Tayab chef des AwlĂąd Sidi Shaykh Gharaba47 qui refusait l’occupation française. 48 Territoire sous gestion d’un bachaga. 31En 1863, le soulĂšvement des AwlĂąd Sidi Shaykh provoque l’arrĂȘt de l’expansion militaire française dans le Sud oranais. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, ayant participĂ© aux soulĂšvements des AwlĂąd Sidi Shaykh et aprĂšs avoir obtenu le pardon l’aman, furent placĂ©s dans le cercle de Sebdou, oĂč ils restĂšrent jusqu’en 1878. Ils furent dĂ©tachĂ©s du cercle de Sebdou parce qu’ils avaient leurs intĂ©rĂȘts du cĂŽtĂ© d’Asla, de Chellala et de Bousemghoun, et par dĂ©cision du 4 novembre 1878, ils furent rattachĂ©s au cercle de Geryville actuel El Bayadh. Les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b formĂšrent alors un caĂŻdat indĂ©pendant et bien que de mĂȘme origine que les AwlĂąd Sidi Shaykh, ils restĂšrent en dehors du bachagalik48 de ces derniers. La tribu comprenait Ă  cette Ă©poque six douars, selon les autoritĂ©s coloniales. 49 Ross E. Dunn, Resistance in the Desert, Moroccan Responses to French Imperialism 1881-1912, New Yo ... 50 Comme nous l’avons indiquĂ© plus haut, le soulĂšvement des AwlĂąd Sidi Shaykh provoque l’arrĂȘt de l ... 32En 1881, de nombreux AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et cAmĂ»r participĂšrent Ă  l’insurrection menĂ©e par Sidi AbĂ» cAmama, marabout originaire des AwlĂąd Sidi Tadj. Celle-ci s’inscrit dans la continuitĂ© des actes de rĂ©bellion menĂ©s par les AwlĂąd Sidi Shaykh. Ces insurrections rĂ©sultĂšrent en grande partie de la situation liĂ©e Ă  la crise fonciĂšre en particulier Ă  propos des terrains de parcours gĂ©nĂ©rĂ©e par la politique de dĂ©possession des terres tribales. Les tribus des plaines du Nord, disloquĂ©es et privĂ©es de leurs terres, furent en effet forcĂ©es de migrer vers les terres des autres tribus, plus au Sud, provoquant ainsi une grave crise qui suscita ces actes continus de rĂ©bellion49. En 1881, suite Ă  l’insurrection menĂ©e par Sidi AbĂ» cAmama, les autoritĂ©s françaises dĂ©cidĂšrent d’occuper Ain Sefra et d’y crĂ©er un poste militaire50. La crĂ©ation du cercle d’Ain Sefra 51 Anonymes et Schmidt, Histoire du cercle d’Ain Sefra », document remis par le pĂšre Communardi d’A ... 33Le 20 mars 1882, date de la crĂ©ation par arrĂȘtĂ© gouvernemental du cercle d’Ain Sefra, les cAmĂ»r se voient appliquer une nouvelle organisation. Les Ă©vĂ©nements insurrectionnels de 1881 avaient poussĂ© les autoritĂ©s françaises Ă  occuper d’une façon permanente la rĂ©gion des ksour et, par la suite, elles donnĂšrent Ă  cette confĂ©dĂ©ration une organisation rĂ©guliĂšre en trois tribus AwlĂąd Salim, AwlĂąd BĂ»bkar et Swala. Celle-ci fut modifiĂ©e une premiĂšre fois en 1885, un an aprĂšs le dĂ©part des Lamdabih au Maroc. Les AwlĂąd BĂ»bkar furent partagĂ©s en deux caĂŻdats AwlĂąd cAbdallah et AwlĂąd Gtayb. Puis en 1889, on procĂ©da Ă  la rĂ©organisation des tribus des AwlĂąd Salim fractions des Mrinat et des AwlĂąd Shahmi et des Swala fractions des AwlĂąd cAmr et des AwlĂąd Sliman. En 1898, on organisa les cAmĂ»r en quatre caĂŻdats AwlĂąd BĂ»bkar, Swala, AwlĂąd Shahmi et Mrinat. Les ShwarĂąb formĂšrent une fraction rattachĂ©e pour le commandement Ă  la tribu de Moghrar Fougani, laquelle comprenait en fait les habitants du ksar qsar de Moghrar Fougani et les Ă©lĂ©ments restants de la tribu des AwlĂąd Sidi Tadj une grande partie s’était enfuie au Maroc51. 52 Documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/108/2. 34MalgrĂ© l’occupation d’Ain Sefra et la crĂ©ation du cercle portant le mĂȘme nom, la question du statut des cAmĂ»r demeure non rĂ©glĂ©e. Fin mars 1887, le gouvernement chĂ©rifien demande aux autoritĂ©s françaises qu’elles facilitent le retour au Maroc d’un millier de tentes des cAmĂ»r », installĂ©es dans la subdivision de Mascara division militaire Ă  laquelle est attachĂ©e le Haut Sud-Ouest52. Dans une correspondance adressĂ©e au gĂ©nĂ©ral commandant la subdivision de Mascara datĂ©e du 1er avril 1887, le lieutenant-colonel Marmet, commandant supĂ©rieur du cercle d’Ain Sefra, indique que 53 Correspondance n° 177, du 11 avril 1887, documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence ... Les tribus des Amour du cercle d’Ain Sefra ne comprennent en totalitĂ© que 683 tentes. Par suite, mille chefs de tente n’ont donc pu demander Ă  aller se fixer au Maroc. J’ajoute mĂȘme que pas un seul chef de tente n’a fait une semblable demande. [Se rĂ©fĂ©rant aux analyses du commandant Rinn concernant le statut des cAmur, il avança qu’il existe] des Amour algĂ©rien, de mĂȘme qu’il y a des Amour marocains. Ces derniers [
] sont les Medabiah environ 70 tentes qui sont toujours campĂ©s avec les Beni Guill. [
] il y a une petite fraction marocaine des Oulad Abdallah une quarantaines de tentes53. » 54 Ibid. 55 Correspondance n°4419, du 7 aoĂ»t 1888, du gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral co ... 35Ce dilemme concernant le statut des cAmur poussera certains d’entre eux Ă  trouver refuge dans le massif frontalier de Beni Smir. En 1888, il est question d’exĂ©cuter un coup de main » dans cette rĂ©gion pour punir et ramener les tentes des cAmur refusant l’autoritĂ© française. Ce coup de main » est arrĂȘtĂ© en raison des problĂšmes qu’il aurait pu occasionner avec le Maroc. À la mĂȘme Ă©poque un dignitaire marocain, cÛmar SĂ»si, arrive Ă  Figuig et essaie de regagner les cAmur en tant que sujets marocains54. Ces derniersse trouvent donc pris entre la France et le Maroc qui les revendiquent en tant que sujets. Le 7 aoĂ»t 1888, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie, suite Ă  la dĂ©cision du conseil du gouvernement, stipulera que les cAmur du cercle d’Ain Sefra devront ĂȘtre traitĂ©s comme des sujets algĂ©riens55. 56 Une partie importante du cheptel pĂ©rira lors de ce dĂ©placement qui dura plusieurs mois. Sur cette ... 36Refusant l’occupation française, de nombreuses tentes s’enfuirent encore au Maroc. Pour contrer ce phĂ©nomĂšne de fuites vers le Maroc, les autoritĂ©s françaises dĂ©cideront l’augmentation de la cavalerie et des spahis dans le cercle d’Ain Sefra, mais aussi feront migrer un grand nombre de tentes 343 des cAmur vers l’Est, Ă  destination de l’annexe d’Aflou. Cette migration et le cantonnement des cAmur dans l’annexe d’Aflou dĂ©buteront en septembre 188856. La dĂ©cision des autoritĂ©s françaises prĂ©cipitera au contraire la fuite de certaines tentes des cAmur restĂ©es dans le cercle d’Ain Sefra, vers l’Ouest, vers le Maroc, de peur de l’internement dans l’annexe d’Aflou. Du fait du cantonnement dans l’annexe d’Aflou et des fuites vers le Maroc, en novembre 1888, sur 697 tentes appartenant aux cAmur, seulement 95 se trouveront effectivement dans l’annexe d’Ain Sefra. La majoritĂ© des tentes se trouvera dans l’annexe d’Aflou 346, puis au Maroc 251 cf. tableau 2. 57 État joint Ă  la correspondance du gĂ©nĂ©ral de brigade, commandant de la subdivision de Mascara O’N ... Tableau 2. Novembre 1888, Ă©tat des tentes des cAmĂ»r57 Tribus À Aflou Au Maroc À Ain Sefra Territoire algĂ©rien autre qu’Ain Sefra et Aflou Total Souala 114 64 16 0 194 Ouled Selim 96 130 48 3 277 Ouled Gottib 88 11 19 2 120 Ouled Abdallah 48 46 12 0 106 Total 346 251 95 5 697 58 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/3. 37À partir de 1892, les cAmur cantonnĂ©s Ă  l’Est rentreront progressivement dans le cercle d’Ain Sefra58. En 1894, la subdivision militaire d’Ain Sefra est créée. 59 Correspondances dans les documents microfilmĂ©s des archives d’Outre-Mer, rĂ©fĂ©rence 66miom/109/4. 38Dans une correspondance datĂ©e du 5 avril 1898 et adressĂ©e Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran, le gĂ©nĂ©ral Gaillard de Saint-Germain, commandant la subdivision d’Ain Sefra, proposera une nouvelle organisation du cercle d’Ain Sefra, du fait des fuites et retours des tentes59. Il indique qu’en 1898, les cAmĂ»r forment 6 tribus AwlĂąd Sliman, AwlĂąd cAmr, AwlĂąd Shahmi, AwlĂąd cAbdallah, AwlĂąd Gtayb et Mrinat. Il demande de les rĂ©duire Ă  quatre, qui prendraient les dĂ©nominations de Swala, AwlĂąd BĂ»bkar, AwlĂąd Salim et Mrinat. Il les prĂ©sente ainsi 1. Tribu des Souala environ 150 tentes. Elle comprendrait les tribus actuelles des Oulad Sliman et des Oulad Ameur, auxquelles on ajouterait les Oulad Alyat rĂ©cemment rentrĂ©s de l’Ouest et placĂ©s sous le commandement du caid de Tyout [
]. 2. Tribu des Oulad Boubekeur environ 80 tentes. Elle comprendrait les deux tribus actuelles des Oulad Abdallah et des Oulad Gottib auxquelles on joindrait les Medabiah nouvellement rentrĂ©s et actuellement placĂ©s sous les ordres du caĂŻd du Ksar de Sfissifa [
]. 3. Tribu des Oulad Selim. Elle comprendrait la tribu actuelle des Oulad Chahmi Ă  laquelle on joindrait la tribu actuelle des Oulad Bou Chareb [
]. 4. Les Merinat environ 100 tentes continueraient Ă  former Ă  eux seuls une tribu unique ». 60 Correspondance du gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie Ă  Monsieur le gĂ©nĂ©ral commandant la division d’Oran ... 39Il indique par ailleurs que, mise Ă  part la tribu des Mrinat, qui compte une centaine de tentes et Ă  laquelle, pour cette raison, il ne touchera pas, les autres tribus du cercle d’Ain Sefra en comprennent entre 15 Ă  50 et qu’elles formeraient en d’autres rĂ©gions de simples douars. Il estime aussi que le groupement des cAmĂ»r en un nombre restreint de caĂŻdats a Ă©tĂ©, de 1884 Ă  1888, l’une des causes du dĂ©part en dissidence de la plus grande partie de ces indigĂšnes ». Par la suite, dans sa correspondance du 21 octobre 1898, le gĂ©nĂ©ral Gaillard de Saint-Germain inclura les Mrinat dans la tribu des AwlĂąd Salim, soit 3 tribus Swala, AwlĂąd Salim, AwlĂąd BĂ»bkar. Le 6 septembre 1898, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie accepte la nouvelle organisation Ă  donner aux cAmĂ»r et propose de nommer Si Moulay Ben Miloud, un des marabouts de Tiout, au titre de caĂŻd des caĂŻds60. 40En fait, avec cette nouvelle organisation, on en revient Ă  la premiĂšre, celle de 1855 laquelle s’appuyait sur la rĂ©alitĂ© locale, directement observable, c’est-Ă -dire en trois tribus Swala, AwlĂąd Salim et AwlĂąd BĂ»bkar. Toutefois celles-ci ne sont plus composĂ©es de la mĂȘme maniĂšre. Les Lamdabih par exemple ont migrĂ© en masse au Maroc et, de fait, la tribu des AwlĂąd BĂ»bkar ne comprend plus cette fraction. Par ailleurs, ce nouvel agencement des tribus n’arrĂȘta ni les fuites, ni les rĂ©sistances Ă  l’occupation. La crĂ©ation du territoire militaire d’Ain Sefra et l’organisation des tribus 61 Capitaine Mesnier, Monographie
 62 En 1885, l’annexe créée Ă  Mecheria dĂ©pendait du cercle d’Ain Sefra mais au moment de la rĂ©organisa ... 63 Il s’agit de l’actuelle El Bayadh. 64 Il s’agit de l’actuelle Bechar. 65 RenĂ©-Victor VĂąlet indique concernant les territoires du Sud que les communes mixtes ne diffĂšrent ... 66 Les titres de bachaga et d’agha Ă©taient repris de l’administration ottomane. Ils dĂ©signaient les g ... 67 Capitaine Mesnier, Monographie
, p. 75. 41En 1905, le territoire militaire d’Ain Sefra fut créé. Ce territoire qui remplaça la subdivision dĂ©cret du 12 dĂ©cembre 1905 Ă©tait placĂ© sous l’autoritĂ© d’un gĂ©nĂ©ral de brigade qui dĂ©pendait directement, au point de vue administratif, du gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’AlgĂ©rie et, au point de vue militaire du gĂ©nĂ©ral commandant le 19e corps d’armĂ©e61. Il Ă©tait divisĂ© en trois cercles Mecheria62, Geryville63 et Colomb et deux annexes Ain Sefra et Beni Ounif et comprenait trois communes mixtes Ain Sefra, Mecheria, Geryville et deux communes indigĂšnes Colomb64 et Timimoun65. Les communes mixtes Ă©taient administrĂ©es par une commission municipale composĂ©e du commandant supĂ©rieur du cercle ou du chef de l’annexe il en Ă©tait le prĂ©sident, du chef du bureau des Affaires indigĂšnes ou de l’officier du bureau venant immĂ©diatement aprĂšs lui il en Ă©tait l’adjoint, d’un adjoint spĂ©cial français, des conseillers municipaux Ă©lus, des caĂŻds. Le bachaga de Geryville et l’agha des cAmĂ»r et des Ksour faisaient partie de la commission qui siĂ©geait Ă  Geryville et Ain Sefra66. La commune mixte d’Ain Sefra fut créée par arrĂȘtĂ© du 4 juin 1885. Elle Ă©tait composĂ©e au dĂ©but de deux sections celle d’Ain Sefra et celle de Mecheria. Plus tard la section de Mecheria fut rattachĂ©e au cercle de mĂȘme nom. En 1904, Ain Sefra Ă  elle seule devint commune mixte. En 1914, elle comprenait deux sections le centre d’Ain Sefra, avec les tribus des cAmĂ»r et les Ksour de la rĂ©gion 1Ăšre section et le centre de population de Beni Ounif et l’annexe du mĂȘme nom 2e section67. 68 La section de commune normale » n’a pas de reprĂ©sentation spĂ©ciale. RenĂ©-Victor VĂąlet, Le Sahara ... 42L’annexe d’Ain Sefra comprend par ailleurs un maghzen soldĂ© avec un chef de maghzen et quatre-vingt-quatre cavaliers, cinq tribus nomades, six ksour et le douar maghzen. Chaque tribu nomade et chaque ksar est commandĂ© par un caĂŻd qui est assistĂ© d’une assemblĂ©e djemaa ou jamaca composĂ©e de notables tribaux. La tribu a bel et bien, comme dans l’ensemble des territoires du Sud, une existence institutionnelle et juridique. Elle constitue en fait une section de commune privilĂ©giĂ©e, possĂ©dant un conseil permanent, la jamaca, chargĂ©e d’administrer ses biens et de dĂ©fendre ses intĂ©rĂȘts68. 69 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 4. 70 Il y eut de nombreux abus de la part des administrateurs dans l’attribution des noms, en tĂ©moignen ... 43Les caĂŻds des tribus ou ksour de l’annexe sont placĂ©s sous l’autoritĂ© de l’agha des cAmĂ»r et des ksour d’Ain Sefra, Si Moulay Ould Si Mohammed ben Miloud Si MĂ»lay AwlĂąd Si Muhammad ban MilĂ»d. Celui-ci, investi des fonctions de caĂŻd des caĂŻds le 27 septembre 1898, fut nommĂ© agha le 3 fĂ©vrier 190069. En 1934, la tribu des Swala est rattachĂ©e au ksar de Tiout, celle des AwlĂąd BĂ»bkar au ksar de Sfissifa. À cette mĂȘme Ă©poque, le rĂ©gime de l’État civil est mis en place. On donne aux membres des tribus des noms patronymiques et dans les registres est indiquĂ©e, outre les caractĂ©ristiques personnelles nom, prĂ©nom, date de naissance
, l’appartenance tribale70. Alors qu’ailleurs les Ă©tats civils contribuent Ă  dĂ©finir et Ă  rendre tangibles les identitĂ©s et appartenances nationales, dans les territoires du Sud, elles participent Ă  prĂ©server ou Ă  fabriquer des identitĂ©s et des clivages tribaux et/ou ethniques entre nomades arabes et gens des qsĂ»r berbĂšres. 71 Ces fractions firent valoir que tous leurs intĂ©rĂȘts Ă©taient du cĂŽtĂ© de l’annexe d’Ain Sefra dont ... 72 Territoire sous gestion d’un agha. 73 Anonymes et Schmidt, Histoire... », p. 27-28. 44ParallĂšlement, suite Ă  la demande des membres de deux fractions des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, les AwlĂąd Sidi Muhammad et les AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie prononce, le 5 mai 1904, leur mutation dans l’annexe d’Ain Sefra71, en spĂ©cifiant que cette nouvelle tribu sera indĂ©pendante de l’agha des cAmĂ»r et des ksour, comme les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b sont indĂ©pendants du bachaga des AwlĂąd Sidi Shaykh. Par la suite, le 1er septembre 1904, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie prononce le rattachement de la tribu nouvellement formĂ©e des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar Ă  l’aghalik72 des cAmĂ»r. En 1910, la question de la fusion des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar dĂ©pendants d’Ain Sefra et des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b dĂ©pendants de Geryville est Ă©tudiĂ©e. Par dĂ©cision du 10 dĂ©cembre 1914, le gouverneur gĂ©nĂ©ral d’AlgĂ©rie dĂ©cide la fusion des AwlĂąd Sidi Muhammad et AwlĂąd Sidi AbĂ» al Anwar avec les AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b. Cette nouvelle tribu dĂ©nommĂ©e AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et AbĂ» al Anwar, puis simplement AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b est rattachĂ©e Ă  l’annexe d’Ain Sefra. En 1934, on fusionne le ksar d’Asla Ă  la tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b pour n’en former qu’une seule, appelĂ©e tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b et Asla, avec un seul caĂŻd Si Muhammad MĂ»stafa ban Si MĂ»lay, d’origine shĂ»rfa73. Conclusions 45Les rĂ©organisations de la confĂ©dĂ©ration des cAmĂ»r et de la tribu des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b donnĂšrent un caractĂšre plus formel aux tribus, avec une organisation bien prĂ©cise, faisant d’elles, en dĂ©finitive, des entitĂ©s encore plus cohĂ©rentes. La volontĂ© des autoritĂ©s françaises Ă©tait de garder cette organisation en tribus, qui leur semblait plus contrĂŽlable. L’exemple de la tribu de Moghrar Fougani l’atteste. Alors qu’une grande partie des AwlĂąd Sidi Tadj avait fui au Maroc, les autoritĂ©s essayĂšrent de constituer de toute piĂšce une tribu en organisant sous le mĂȘme caĂŻdat les quelques AwlĂąd Sidi Tadj restants, les habitants du ksar de Moghrar Fougani et la fraction des Shwarab qui nomadisait aux environs. 74 Isabelle Eberhardt raconte que certains des membres de cette tribu se retrouvĂšrent rattachĂ©s au ca ... 46S’il y a eu des modifications durant cette pĂ©riode, celles-ci ne remettent donc pas en cause la tribu en tant que systĂšme spĂ©cifique d’organisation sociale. Certaines tribus se retrouvent, certes amoindries, sur le territoire du Haut Sud-Ouest parce que beaucoup de leurs membres sont morts au combat ou ont fui au Maroc. C’est notamment le cas de la tribu des AwlĂąd Sidi Tadj74, Ă  laquelle appartenait Sidi AbĂ» cAmama. Mais l’organisation en tribus n’est pas fondamentalement remise en cause. Par ailleurs, les rapports entre les tribus et la population française demeurent assez faibles en dehors des centres urbains de Mecheria et d’Ain Sefra. 47Moins en contact avec la population française, les membres des cAmĂ»r et plus encore des AwlĂąd Sid Ahmad MajdĂ»b, plus Ă©loignĂ©s du centre de commandement d’Ain Sefra, inquiĂštent cependant toujours les autoritĂ©s parce que, du fait mĂȘme de leur mode de vie nomade, ils apparaissent comme moins contrĂŽlables et en cas de rĂ©bellion, ils ont un avantage non nĂ©gligeable ils connaissent mieux que quiconque le territoire du Haut Sud-Ouest. Le rattachement des tribus aux ksour fut donc une mesure pour tenter de contrĂŽler les tribus nomades de la rĂ©gion. Elle eut pour consĂ©quence d’exacerber les antagonismes entre les tribus nomades d’ascendance arabe » et les habitants des ksour d’ascendance berbĂšre ». 48Dans le Haut Sud-Ouest, les autoritĂ©s françaises tentĂšrent ainsi de maĂźtriser les tribus notamment en nommant leurs caĂŻds et en contrĂŽlant les dĂ©placements des Ă©lĂ©ments nomades. Cette derniĂšre mission incombait en partie au makhzen, un bataillon formĂ© d’indigĂšnes payĂ©s par les autoritĂ©s françaises et supervisĂ©s par l’armĂ©e. 75 Cette politique du contrĂŽle militaire des tribus et de la nomination de caĂŻds des caĂŻds, de grands ... 76 Nous devons ces informations Ă  Hadj Sassi. Il est l’une des rares personnes, encore vivante, Ă  avo ... 49Outre ce fait, la mise en place d’un caĂŻd des caĂŻds septembre 1898, le bachagha Si Moulay, atteste de la volontĂ© des autoritĂ©s françaises de prĂ©server un ordre politique de type traditionnel et d’organiser les tribus selon les coutumes locales75. La dĂ©signation de Si Moulay Ă  ce poste n’est pas fortuite. Celui-ci est en effet reconnu comme descendant d’un des marabouts les plus influents et les plus renommĂ©s de l’Ouest algĂ©rien, le sharif Sid Ahmad Ban YĂ»saf de Miliana. L’autoritĂ© de Si Moulay, en tant que sharif du fait de cette ascendance supposĂ©e, est donc largement acceptĂ©e par les tribus de la rĂ©gion. Il eut pour adjoint son fils, Si Khaladi. Ce dernier faisait partie des nouvelles gĂ©nĂ©rations, celles formĂ©es par l’école française. Il aurait aboli, dans la rĂ©gion d’Ain Sefra, les corvĂ©es qui consistaient Ă  nourrir de force les sections de militaires spahis en patrouille, aux frais des populations dĂ©jĂ  misĂ©rables. Il tenta en outre d’abolir les amendes collectives des tribus76. Suite au dĂ©cĂšs de son pĂšre, Si Khaladi fut nommĂ© chef indigĂšne, bachagha, de 1932 Ă  1956. 50Lorsque les autoritĂ©s nommĂšrent Si Khaladi, suite au dĂ©cĂšs de Si Moulay, elles ne firent que perpĂ©tuer un principe important dans le monde tribal, celui de la filiation ou plus exactement de l’unifiliation. La dĂ©signation de Si Khaladi Ă  la succession de Si Moulay Ă©tait donc normale compte tenu du contexte tribal. Selon le principe de l’unifiliation, les droits et devoirs attribuĂ©s Ă  son pĂšre lui incombaient naturellement ». En outre, chaque tribu payait collectivement les amendes imposĂ©es par les autoritĂ©s françaises suite aux infractions de l’un ou de plusieurs de ses membres. La pratique de l’amende collective illustre le fait que les autoritĂ©s reconnaissaient en fait la responsabilitĂ© de la tribu, du groupe, sur ses Ă©lĂ©ments. En cela, elles ne firent encore qu’appliquer un autre principe important du monde tribal celui de la solidaritĂ© intratribale. Elles estimaient que les membres des tribus formaient, autre caractĂ©ristique essentielle de la tribu, des corporate groups, des groupes faisant corps », et se devaient donc d’ĂȘtre solidaires et responsables collectivement.

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Le 18 mars 2012 marque le 50e anniversaire des accords d'Evian, qui ont mis fin en 1962 Ă  la guerre d'AlgĂ©rie. Si le conflit a longtemps Ă©tĂ© dĂ©signĂ© sous le terme "d'Ă©vĂ©nements", ce sont bien des images de guerre qui restent, aujourd'hui, de ces huit annĂ©es meurtriĂšres. Photos d'archives. AFP PubliĂ© le 15-03-2012 - Mis Ă  jour le 19-03-2012 Ă  14h53 Le 18 mars 2012 marque le 50e anniversaire des accords d'Evian, qui ont mis fin en 1962 Ă  la guerre d'AlgĂ©rie. Si le conflit a longtemps Ă©tĂ© dĂ©signĂ© sous le terme "d'Ă©vĂ©nements", ce sont bien des images de guerre qui restent, aujourd'hui, de ces huit annĂ©es meurtriĂšres. Photos d'archives. AFP Une sĂ©rie d'attentat perpĂ©trĂ©s par le FLN Front de libĂ©ration nationale marque, le 1er novembre 1954, le commencement de l'insurrection. Parmi les cibles, cet entrepĂŽt prĂšs de Boufarik. AFP Montage de photos de huit des neuf "chefs historiques" du FLN de gauche Ă  droite, en haut le futur prĂ©sident algĂ©rien Ahmed Ben Bella, Hocine AĂŻt Ahmed, Mohamed Khider et Larbi Ben M'hidi ; en bas Mohammed Boudiaf, Rabah Bitat, Krim Belkacem et Mostefa Ben BoulaĂŻd. Le neuviĂšme est Didouche Mourad. AFP Le massacre de civils fomentĂ© par le FLN dans le dĂ©partement de Constantine, en aoĂ»t 1955, dĂ©bouche sur une rĂ©pression sanglante menĂ©e par l'armĂ©e française. Des milliers de prisonniers algĂ©riens sont abattus. AFP AoĂ»t 1955. Les patrouilles motorisĂ©es sillonnent les routes du Constantinois Ă  la poursuite des insurgĂ©s. COLLECTION YLI/SIPA Un parachutiste de l'armĂ©e française saute lors d'une opĂ©ration, en 1955. Mildew Design Ltd. / Re/REX/SIPA Mars 1956. 500 soldats venus de mĂ©tropole dĂ©barquent du "Sidi Ferruch", Ă  Alger, afin de renforcer la prĂ©sence militaire française sur le sol algĂ©rien. AFP Avril 1956. Un camion calcinĂ© aprĂšs un attentat commis sur la route nationale n°8, entre Tablat et Bir Rabalou. Les combattants du FLN ont attaquĂ© un autocar, deux camions et un scooter, puis tuĂ© les occupants des vĂ©hicules. AFP Le mĂȘme mois, des parachutistes français dĂ©ciment un groupe de combattants indĂ©pendantistes lors d'une importante opĂ©ration hĂ©liportĂ©e dans le Nord Constantinois. AFP Un AlgĂ©rien devant un char de l'armĂ©e, en 1956. ECLAIR MONDIAL/SIPA Mars 1957. Les parachutistes du colonel Bigeard interrogent Omar Merouane, soupçonnĂ© d'avoir commis de nombreux attentats, qu'ils viennent d'arrĂȘter Ă  Saint-EugĂšne. Jacques GREVIN/AFP Juin 1957. Le FNL massacre les 300 habitants du village de Melouza, qui Ă©tait favorable Ă  un mouvement indĂ©pendantiste rival, le Mouvement national algĂ©rien MNA de Messali Hadj. COLLECTION YLI/SIPA Sous la conduite du gĂ©nĂ©ral Massu, l'armĂ©e française dĂ©mantĂšle une partie du FLN lors de la bataille d'Alger, en 1957. Une victoire qui s'obtient au prix d'une pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la torture. AFP La possible ouverture de nĂ©gociations avec le FLN par le gouvernement Pierre Pflimlin suscite la colĂšre des partisans de l'AlgĂ©rie francaise, qui manifestent en masse le 16 mai 1958. Ceux-ci en appellent au gĂ©nĂ©ral de Gaulle pour maintenir la souverainetĂ© de la France sur l’AlgĂ©rie. DALMAS/SIPA "Je vous ai compris !" leur lance le gĂ©nĂ©ral de Gaulle lors de son cĂ©lĂšbre discours d'Alger, peu aprĂšs son investiture, le 4 juin 1958. AFP Deux ans plus tard, face Ă  la mutation en mĂ©tropole du gĂ©nĂ©ral Massu et Ă  l'Ă©ventualitĂ© de nĂ©gociations avec le Gouvernement provisoire de la rĂ©publique algĂ©rienne GPRA, les partisans de l'AlgĂ©rie française dressent des barricades dans les rues d'Alger, en janvier 1960. AFP DĂ©cembre 1960. Des manifestations indĂ©pendantistes tournent Ă  l'Ă©meute. Ci-dessus, des cocktails Molotov sont lancĂ©s contre une compagnie de gendarmes qui interviennent Ă  Alger. AFP Un soldat français saluant un harki, en dĂ©cembre 1960. Environ soldats algĂ©riens ont combattu aux cĂŽtĂ©s des troupes françaises lors de la guerre d'AlgĂ©rie. DALMAS/SIPA 8 janvier 1961. Le rĂ©fĂ©rendum sur l'autodĂ©termination en AlgĂ©rie ouvre la voie Ă  l’indĂ©pendance. DALMAS/SIPA 21 avril 1961 le putsch des gĂ©nĂ©raux. Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Maurice Challe et AndrĂ© Zeller tentent de prendre le contrĂŽle d'Alger pour protester contre la politique de dĂ©colonisation du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Leur opĂ©ration Ă©choue au bout de quelques jours. DALMAS/SIPA À Paris, le 17 octobre 1961, une manifestation pacifique pour l'indĂ©pendance est rĂ©primĂ©e dans le sang. Des dizaines d'AlgĂ©riens perdent la vie dans la rĂ©pression orchestrĂ©e par le prĂ©fet de police de la Seine, Maurice Papon. AFP Un graffiti de l'OAS Ă  Paris, en 1962. Créée l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente pour dĂ©fendre l'AlgĂ©rie française, l'Organisation armĂ©e secrĂšte mĂšne une politique de la terre brĂ»lĂ©e avec de nombreux attentats en AlgĂ©rie et en mĂ©tropole. DALMAS/SIPA Le 18 mars 1962, la signature des accords d'Evian met un terme Ă  huit annĂ©es de conflit. Un cessez-le-feu est proclamĂ© dĂšs le lendemain. Ci-dessus, la dĂ©lĂ©gation algĂ©rienne. AFP Le 8 avril, les Français approuvent massivement, par rĂ©fĂ©rendum, les accords d'Evian et l'autodĂ©termination algĂ©rienne. AFP Des centaines de milliers de Pieds-noirs sont rapatriĂ©s dans les mois qui suivent. Les harkis restĂ©s en AlgĂ©rie et abandonnĂ©s par l'État français seront persĂ©cutĂ©s. AFP 4 aoĂ»t 1962. La foule acclame le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du FLN, Ahmed Ben Bella, Ă  son arrivĂ©e Ă  Alger. Il deviendra le premier prĂ©sident de la RĂ©publique algĂ©rienne en 1963. AFP Ceputsch fait suite Ă  la confĂ©rence de presse du 11 avril 1961, oĂč de Gaulle justifie sur un ton dĂ©sinvolte la dĂ©colonisation de l'AlgĂ©rie. Ceci est
AlgĂ©rie Part Les dessous de l'actualitĂ© algĂ©rienneA la unePolitiqueEconomieExcluSociĂ©tĂ©DĂ©cryptageAnalyseInternationalEnquĂȘteJusticeHome A la une A la une Feux de forĂȘt prĂšs de 30 morts en AlgĂ©rie et un gouvernement sĂ©vĂšrement critiquĂ© aprĂšs la panne de l’avion russe affrĂ©tĂ© RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 17 aoĂ»t 2022 0 A la une Un mort Ă  Skikda, un ingĂ©nieur gravement brĂ»lĂ© Ă  Ohanet les travailleurs de Sonatrach en danger Ă  cause des nĂ©gligences de leur direction gĂ©nĂ©rale RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 17 aoĂ»t 2022 0 A la une Les vĂ©ritables consĂ©quences de la guerre en Ukraine sur l’AlgĂ©rie RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 16 aoĂ»t 2022 0 A la une ENQUETE DOCUMENTS EXCLUSIFS – Rabah Bouzeghaya, l’Autre Industriel qui a OptĂ© pour l’Import-Export en France ! Algeriepart Plus - 16 aoĂ»t 2022 0 A la une Comment la chertĂ© de la vie s’est aggravĂ©e dangereusement en AlgĂ©rie Ă  cause de certains facteurs internes » RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 16 aoĂ»t 2022 0 A la une Le TrĂ©sor Public s’est endettĂ© Ă  hauteur de l’équivalent de 26,8 milliards de dollars USD pour financer des entreprises Ă©tatiques algĂ©riennes moribondes RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 16 aoĂ»t 2022 0 A la une Exclusif. Le lieutenant-colonel Tarek Amirat en Ă©tat d’arrestation pour complot contre le Chef de l’Etat et sa famille » RĂ©daction AlgĂ©riepart plus - 15 aoĂ»t 2022 0 A la une Les Nouveaux Mensonges de ce PolĂ©miste ExilĂ© pour Tromper nos Concitoyens ! Algeriepart Plus - 15 aoĂ»t 2022 0 A la une L’Etat algĂ©rien a gagnĂ© beaucoup d’argent en 2022, mais investit trĂšs peu sur l’économie nationale Algeriepart Plus - 14 aoĂ»t 2022 0 A la une La Banque Mondiale tire la sonnette d’alarme le chĂŽmage a augmentĂ© de 64 % en AlgĂ©rie Algeriepart Plus - 14 aoĂ»t 2022 0 123...554Page 1 of 554 © Newspaper WordPress Theme by TagDiv
Lapossible ouverture de négociations avec le FLN par le gouvernement Pierre Pflimlin suscite la colÚre des partisans de l'Algérie francaise, qui manifestent en masse le 16 mai 1958. Ceux-ci en appellent au général de Gaulle pour maintenir la
Le dĂ©barquement d'un corps expĂ©ditionnaire français de hommes prĂšs d'Alger, le 14 juin 1830, apparaĂźt comme une opĂ©ration de police plutĂŽt qu'une guerre de conquĂȘte coloniale. Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, les EuropĂ©ens considĂšrent Alger comme un repaire de pirates en MĂ©diterranĂ©e et souhaitent les Ă©radiquer. Ce qui n'est pas le cas de la France qui dĂ©tient plusieurs comptoirs de commerce sur la cĂŽte algĂ©rienne et pratique un fructueux trafic de cĂ©rĂ©ales Ă  destination de Marseille. Cependant en 1827, les relations diplomatiques se tendent entre la France et Alger, pour une ancienne histoire de dettes...Cela vous intĂ©ressera aussiAu dĂ©but du XVIe siĂšcle, Alger est une ville portuaire peuplĂ©e de habitants ; sa population s'est fortement accrue avec l'arrivĂ©e des juifs et des musulmans expulsĂ©s d'Andalousie, aprĂšs la prise de Grenade par les rois catholiques d’Espagne, en 1492. Alger est la capitale de la rĂ©gence d'Alger », Etat autonome intĂ©grĂ© Ă  l'Empire ottoman en 1519 ; le corsaire Khayr ad-Din dit Barberousse est proclamĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral d'Alger. En dotant l'AlgĂ©rie d'une organisation politique et administrative, les Turcs vont participer Ă  la construction de l'entitĂ© algĂ©rienne ; ils introduisent la notion de frontiĂšres, en la sĂ©parant Ă  l'est de la rĂ©gence de Tunis et Ă  l'ouest du histoire d’AlgerDes annĂ©es 1520 Ă  1580, Alger s'aligne sur la politique extĂ©rieure du sultan ottoman la marine algĂ©roise constitue un appui pour la flotte ottomane basĂ©e Ă  Constantinople et s'attaque essentiellement Ă  l'Espagne et ses alliĂ©s. AprĂšs les annĂ©es 1580, l'Empire ottoman se retire de l'ouest mĂ©diterranĂ©en et la rĂ©gence d'Alger acquiert son autonomie de fait ; la flotte algĂ©roise dĂ©veloppe une activitĂ© corsaire systĂ©matique dirigĂ©e contre l'ensemble des puissances europĂ©ennes. C'est l'apogĂ©e de la guerre de course » jusqu'aux annĂ©es 1640 Alger s'enrichit et devient une mĂ©tropole d'environ habitants. A la fin du XVIIe siĂšcle, l'activitĂ© corsaire algĂ©roise dĂ©cline Alger est bombardĂ©e par la marine royale de Louis XIV en 1682, 1683 et 1688. Le dey d'Alger souhaite consolider la paix qu'il signe avec l'Angleterre en 1682 et avec la France en 1689. Jusqu'en 1725, la rĂ©gence d'Alger connaĂźt une phase de transition caractĂ©risĂ©e par une grande instabilitĂ© politique et par des conflits avec ses voisins tunisien et marocain ; les guerres de pillage tentent de compenser le dĂ©clin de la guerre de pĂ©riode appelĂ©e siĂšcle du blĂ© », dĂ©bute vers 1725 et va se poursuivre jusqu'en 1815. Le dey d'Alger encourage la production intensive de blĂ© pour l'exportation, sur le territoire de la rĂ©gence la France via le port de Marseille, est la principale importatrice ; les nĂ©gociants français implantĂ©s Ă  Alger, deviennent les intermĂ©diaires du commerce international du blĂ© algĂ©rois. A partir des annĂ©es 1740, 90 % du blĂ© nord-africain importĂ© Ă  Marseille provient d'AlgĂ©rie. DĂšs 1792, une forte hausse des prix du blĂ© Ă  l'exportation est due au dĂ©clenchement des guerres de la France rĂ©volutionnaire. La domination anglaise en MĂ©diterranĂ©e, de 1805 Ă  1817, aboutit Ă  une disparition de la demande française en blĂ© algĂ©rois ; le trafic de cĂ©rĂ©ales reprend et prospĂšre entre Alger et Marseille, sur la dĂ©cennie 1817-1827. Mais une histoire d'emprunts anciens en lien avec l'achat de cĂ©rĂ©ales non remboursĂ©s au dey d'Alger, conduit Ă  la rupture des relations diplomatiques avec la circonstances de l’expĂ©dition de 1830Les historiens estiment qu'il y a absence de projet colonial initial et que c'est plutĂŽt un concours de circonstances politiques qui aboutit Ă  la colonisation de l'AlgĂ©rie. Plusieurs facteurs dĂ©clenchants ont Ă©tĂ© avancĂ©s le fameux coup d'Ă©ventail » donnĂ© le 30 avril 1827, par le dey Hussein au consul de France Ă  Alger il provoque le blocus des cĂŽtes algĂ©riennes par la marine française dĂšs 1827 ; ce coup d'Ă©ventail fait partie d'un enchaĂźnement d'Ă©vĂ©nements diplomatiques liĂ©s Ă  des dettes de la France rĂ©clamation par le dey d'Alger, du paiement de blĂ© fourni Ă  la France de 1793 Ă  1798certains politiciens estiment que l'armĂ©e française doit laver son honneur aprĂšs l'Ă©chec des guerres napolĂ©oniennesle roi Charles X qui rĂšgne de septembre 1824 Ă  juillet 1830 pense dĂ©tourner l'opinion publique de ses problĂšmes politiques intĂ©rieurs, en partant Ă  la conquĂȘte de l' française entre dans Alger dĂ©but juillet, aprĂšs une campagne de trois semaines. La convention franco-algĂ©rienne » signĂ©e le 5 juillet 1830, confirme la prise de la ville et la capitulation du dey d'Alger contre le respect de garanties concernant les biens, les personnes, la religion et les coutumes locales par les troupes françaises. La convention ne concerne pas le territoire de l'AlgĂ©rie, ce qui ouvre la voie aux futures campagnes de conquĂȘtes et prĂ©figure ainsi la pĂ©riode coloniale française. Ce traitĂ© a des rĂ©percussions diplomatiques importantes vis-Ă -vis de l'Empire ottoman, l'Angleterre et l'Espagne. HĂ©ritant de cette encombrante conquĂȘte, le roi Louis-Philippe maintient les troupes françaises Ă  Alger et l'annexion de l'AlgĂ©rie est finalement proclamĂ©e en 1834. Alternant dĂ©faites et victoires, l'armĂ©e occupe les cĂŽtes et laisse une grande partie du territoire de la rĂ©gence sous le contrĂŽle de l'Ă©mir Abd Abd el-Kader contre le gĂ©nĂ©ral BugeaudAbd el-Kader 1808-1883 domine l'ouest de l'AlgĂ©rie aux dĂ©pens de l'Empire ottoman depuis 1832 et constitue le plus redoutable adversaire de la conquĂȘte française. AprĂšs plusieurs annĂ©es d'affrontements et deux tentatives de compromis, un trĂšs long conflit Ă©clate entre 1839 et 1847. L'Ă©mir est un remarquable meneur d'hommes, maĂźtre de la guerre de partisans, il sait imaginer des plans remarquables qui font de lui un vĂ©ritable stratĂšge. Son projet est d'Ă©tablir un Etat musulman, de nationalitĂ© arabe, en territoire 1830, les Français ne connaissent pas Abd el-Kader le traitĂ© signĂ© en 1834 avec le gĂ©nĂ©ral Desmichels puis le traitĂ© de Tafna en 1837 nĂ©gociĂ© par le gĂ©nĂ©ral Bugeaud, sont une reconnaissance officielle de son pouvoir et en font l'interlocuteur privilĂ©giĂ© des Français. Le gĂ©nĂ©ral Bugeaud est envoyĂ© en AlgĂ©rie en juin 1836, avec l'ordre d'Ă©craser la rĂ©volte d'Abd el-Kader. Il remporte une premiĂšre victoire en juillet 1836 mais la rĂ©sistance des AlgĂ©riens le contraint Ă  signer le traitĂ© de Tafna, le 30 mai 1837 ; par ce traitĂ©, Abd el-Kader reconnaĂźt aux Français la possession de plusieurs enclaves sur la cĂŽte algĂ©rienne Alger, BĂŽne, Oran.... RentrĂ© en France, Bugeaud dĂ©conseille la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie et prĂ©conise le maintien des territoires conquis sous statut militaire, pour Ă©viter une colonisation de peuplement ; ce statut va perdurer jusqu'en gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie en 1840, Bugeaud revient Ă  Alger en fĂ©vrier 1841 auparavant adversaire de la conquĂȘte absolue en raison des moyens humains et financiers exigĂ©s, il va dĂ©sormais pleinement s'y consacrer. Il dispose pour cela de hommes et dĂ©cide d'employer des mĂ©thodes de guerre inspirĂ©es de son expĂ©rience pendant la guerre napolĂ©onienne d'Espagne 1808-1814. Il va pratiquer la politique de la terre brĂ»lĂ©e », tactique consistant Ă  dĂ©truire ressources, moyens de production, infrastructures, bĂątiments afin de les rendre inutilisables par l'adversaire. Les mĂ©thodes sanglantes de contre-guĂ©rilla » prĂ©conisĂ©es par Bugeaud, sont contestĂ©es par certains de ses officiers et lui valent d'ĂȘtre interpellĂ© Ă  ce sujet devant le SĂ©nat gĂ©nĂ©ral Bugeaud obtient cependant la permission d'attaquer le Maroc qui apporte un soutien militaire Ă  l'Ă©mir Abd el-Kader. Le 14 aoĂ»t 1844, la victoire des Français Ă  Isly oblige le sultan du Maroc Ă  interrompre son aide Ă  la rĂ©sistance algĂ©rienne. Bugeaud traque ensuite Abd el-Kader qui finit par se rendre en dĂ©cembre 1847. La conquĂȘte militaire se termine par l'annexion de l'AlgĂ©rie appellation officielle depuis 1839 Ă  la RĂ©publique française et la crĂ©ation des dĂ©partements français d'AlgĂ©rie en dĂ©cembre par ce que vous venez de lire ?
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