Nousavons rompu le contact avec la nature et nous prĂ©fĂ©rons chercher notre vĂ©ritĂ© sur Internet. La quĂȘte du sens plutĂŽt que la quĂȘte de vĂ©ritĂ© vraie. Nos cerveaux cherchent en permanence Voici le texte intĂ©gral du document des Ă©vĂȘques du Conseil permanent. Nous vous invitons Ă  lire la prĂ©face de Monseigneur Michel Aupetit, archevĂȘque de Paris, l’introduction rĂ©digĂ©e par les membres du Conseil permanent, enfin la postface de Monseigneur Jean-Pierre Batut, Ă©vĂȘque de Blois. PrĂ©face de Mgr Aupetit L’Église a-t-elle quelque chose Ă  dire aux hommes ? » Que faut-il dire aux hommes ? » C’est par le titre de Saint-ExupĂ©ry dans sa Lettre au gĂ©nĂ©ral X [1]que je voudrais ouvrir l’ouvrage que les Ă©vĂȘques de France proposent Ă  la rĂ©flexion de tous. La question en entraĂźne une autre Qu’est-ce que l’homme ? ». Le psalmiste oscille entre le sentiment de l’extrĂȘme fragilitĂ© de la vie de l’homme et celui de l’émerveillement devant l’inaliĂ©nable grandeur de sa vie L’homme n’est qu’un souffle, les fils des hommes, un mensonge »[2] ; Tu l’as fait un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur »[3] L’homme est un mystĂšre de faiblesse et de splendeur, tour Ă  tour misĂ©rable esclave et capable de la libertĂ© suprĂȘme, celle d’aimer jusqu’au don total de sa vie. Adam n’est que terre, mais il a reçu le souffle de Dieu. En tout homme, fĂ»t-il le plus obscur, brille le don d’une Ăąme immortelle. Une autre question se pose l’Église a-t-elle quelque chose Ă  dire aux hommes ? On accuse souvent les religions d’ĂȘtre indistinctement facteur de violence. Toute lĂ©gitimation de la violence au nom de la foi chrĂ©tienne est en radicale contradiction avec l’Évangile Nous proclamons un Messie crucifiĂ©, scandale pour les juifs et folie pour les paĂŻens, mais pour ceux que Dieu appelle 
 il est puissance de Dieu et sagesse de Dieu »[4]. Le Seigneur a assumĂ© comme prĂȘtre et victime la puissance du Mal et de la mort pour tout vaincre dans la lumiĂšre de sa rĂ©surrection. Notre foi en JĂ©sus ressuscitĂ© est solide, attestĂ©e par les apĂŽtres qui ont vu, entendu et touchĂ© » le Verbe de Vie[5]. Elle est proclamĂ©e par le peuple immense des tĂ©moins qui ont engagĂ© leur vie par fidĂ©litĂ© au Christ, souvent jusqu’à la mort. Pour qui en reste Ă  un regard extĂ©rieur, l’Église apparaĂźt en Occident comme une institution vieillie et secouĂ©e de scandales, qui entrave le mythe d’un progrĂšs que l’on invoque sans trop savoir oĂč il mĂšne. Mais l’Église est belle pourtant dans le visage de ses saints, dans l’immense manteau de tendresse qu’elle Ă©tend sur le monde, particuliĂšrement sur les plus dĂ©laissĂ©s des hommes. Elle est experte en humanitĂ© »[6] car sa foi repose sur l’Alliance de Dieu avec son peuple, accomplie dans l’Incarnation du Christ et le Salut par la Croix, ouvert Ă  la multitude des hommes de toute race, langue, peuple et nation ».[7] L’oubli de Dieu, l’estompement de la conscience de l’éternitĂ© dans le cƓur de l’homme entraĂźne l’effacement de la dignitĂ© humaine. Le drame de l’humanisme athĂ©e qui a ravagĂ© le XXe siĂšcle a vu, dans des proportions jusqu’alors inĂ©galĂ©es dans l’histoire, la mort de l’innocent. La tentation promĂ©thĂ©enne demeure. Elle ne pourra exaucer les hommes dans leur dĂ©sir d’une vie Ă©ternelle. Elle sacrifie les plus fragiles sur l’autel d’une prĂ©tendue modernitĂ©. Nous proclamons, Ă  temps et Ă  contretemps, la dignitĂ© inaliĂ©nable de toute vie humaine en ce monde. JĂ©sus, le Fils de Dieu fait homme, est l’amour divin dĂ©ployĂ© dans la vulnĂ©rabilitĂ© de la chair. Une sociĂ©tĂ© est vraiment humaine quand elle se fait gardienne du plus petit des ĂȘtres. Il faut imaginer Sisyphe heureux »[8]. La parole de Camus sur l’homme condamnĂ© Ă  rouler Ă©ternellement son rocher est celle de l’acceptation de l’absurde. Avec saint Ignace d’Antioche, nous voulons dire une autre parole Il y a en moi une eau vive et qui murmure viens vers le PĂšre »[9]. Laissez-moi simplement vous poser la question quelle est votre espĂ©rance ? Puisse cet ouvrage vous donner de devenir davantage ce que vous ĂȘtes en vous ouvrant Ă  Celui qui est », le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, dont la gloire resplendit sur la Face du Christ. [1] A de SAINT-EXUPERY, Que faut-il dire aux hommes, Lettre inĂ©dite au gĂ©nĂ©ral X, Imprimerie gĂ©nĂ©rale du sud-ouest, Bergerac, 1949. [2] Ps 39. [3] Ps 8. [4] I Co 23-24. [5] Cf. I Jn 1, 1. [6] Bx PAUL VI, Lettre encyclique Populorum progressio, 1967, I, 13. [7] Ap 5, 9. [8] Albert CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, NRF, Gallimard, 1965, p. 198. [9] S. IGNACE D’ANTIOCHE, Lettre aux Romains, 7. Introduction au document qu’il est exaltant d’ĂȘtre humain face aux dĂ©fis ! » L’Église catholique tient Ă  proclamer un grand oui Ă  la vie humaine » CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi, instruction Dignitas Personae, 1. Elle dĂ©fend le dĂ©veloppement de la personne humaine dans toutes ses dimensions. L’Église voudrait redire combien il est exaltant d’ĂȘtre humain face Ă  ces dĂ©fis. L’Ecriture le chante Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses Ă  lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur, tu l’établis sur les Ɠuvres de tes mains, tu mets toute chose Ă  ses pieds » Ps 8, 5-7. Aujourd’hui l’homme fait face Ă  de grands dĂ©fis et Ă  de grandes tentations. Le progrĂšs donne Ă  l’homme des potentialitĂ©s exaltantes mais crĂ©e aussi des menaces inquiĂ©tantes. D’une part, il est menacĂ© par la catastrophe Ă©cologique, d’autre part certains parlent de le remplacer par un homme augmentĂ© ou mĂȘme un post-humain ». Nous nous interrogeons sur sa dignitĂ©, sa vocation, son destin dans l’univers. Nous nous effrayons de ses crimes. Beaucoup rĂ©clament sans cesse de nouveaux droits qui posent des problĂšmes redoutables. C’est pourquoi il a Ă©tĂ© jugĂ© utile de proposer quelques pistes de rĂ©flexion sans doute partielles[1] sur ces interrogations concernant la personne humaine, sa beautĂ©, sa dignitĂ©, son droit de s’accomplir pleinement. Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cƓur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » Saint Augustin, Confessions I, i, 1. Dieu a créé l’homme Ă  son image et Ă  sa ressemblance pour l’unir Ă  lui dans l’Amour qui est la vie Ă©ternelle. L’homme n’est pas fait pour se contenter de cette vie-ci, il est appelĂ© Ă  plus grand, en vivant dĂšs maintenant l’amour. Plus radicalement encore, l’homme ne trouve pas sa fin en lui-mĂȘme, il est appelĂ© Ă  se donner aux autres et Ă  Dieu pour s’accomplir. En l’appelant Ă  l’existence par amour, il l’a appelĂ© en mĂȘme temps Ă  l’amour Jean-Paul II, Familiaris consortio, 11. Par cet appel, l’homme est une personne, Ă  la fois intĂ©rioritĂ© et relation, il se reçoit toujours d’un autre, Ă  commencer par l’Autre par excellence qu’est le CrĂ©ateur. [1] Par souci de mĂ©thode, les questions Ă©conomiques et sociales seront trĂšs peu abordĂ©es ici. Partie I L’Être humain est une personne Créé et appelĂ© par DieuCréé et appelĂ© par Dieu, chacun de nous est une personne. Cette affirmation comporte une part de mystĂšre. La personne ne peut pas ĂȘtre dĂ©finie comme un crayon ou une table parce qu’elle est créée Ă  l’image et ressemblance de Dieu et porte quelque chose de son mystĂšre. Mais il est possible de montrer ce que la personne possĂšde en propre qui la rend supĂ©rieure Ă  toute autre chose. La personne est appelĂ©e par Dieu Ă  se donner librement Ă  lui. Sa libertĂ© se dĂ©termine par sa raison. L’exercice libre de la raison rend la personne responsable, apte Ă  Ă©couter sa conscience pour y Ă©couter Dieu, ce qui l’ouvre Ă  la transcendance. La personne est appelĂ©e tout entiĂšre, corps, Ăąme et esprit. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet AppelĂ© Ă  la libertĂ©Souverainement libre et aimant, Dieu ne peut appeler Ă  s’unir Ă  lui que dans la libertĂ©. Il a donc crĂ©e l’homme libre. Cette libertĂ© s’accomplit par l’amour qui tient dans le don de soi. Cette libertĂ© comporte une insatisfaction qui pousse l’homme Ă  chercher plus grand que ce monde-ci. La personne est libre. Ses actes ne peuvent s’expliquer complĂštement par des causes extĂ©rieures telles que la gĂ©nĂ©tique, son histoire, le milieu ou la configuration du cerveau. Chacun de nous sent bien que ses dĂ©cisions lui appartiennent en propre. Chacun est vraiment maĂźtre de sa vie. Cette libertĂ© permet en particulier Ă  l’homme de choisir le Bien pour le Bien et non par instinct ou calcul stratĂ©gique. Cette libertĂ© innĂ©e, nommĂ©e libre arbitre, pousse l’homme Ă  chercher la libertĂ© sociale et politique. Il se rĂ©volte contre toute forme d’oppression contraire Ă  sa dignitĂ©. Mais le libre arbitre n’est pas capacitĂ© indiffĂ©rente de faire n’importe quoi. Il n’est pas non plus autorisation de faire tout ce qu’on veut comme si nos actes ne concernaient que nous. Le libre arbitre deÂŽ sire le Bien total. Il est appelĂ© par Dieu Ă  s’unir Ă  Lui dans l’amour. Il se rĂ©alise donc pleinement par cet amour. La science a souvent tendance Ă  nier ce libre arbitre en appliquant Ă  l’homme des modĂšles qui sont valables pour l’univers inanimĂ©. C’est ainsi qu’à notre Ă©poque, les neurosciences se font fortes de percer les mystĂšres de l’esprit humain et de dĂ©montrer que l’homme est dĂ©terminĂ© par la structure de son cerveau. Sans rien nier des formidables dĂ©couvertes apportĂ©es par ces sciences, nous ne pouvons souscrire Ă  cette affirmation. Mon cerveau ne me dĂ©termine pas. Quelle que soit leur importance, les biens limitĂ©s de ce monde ne peuvent apaiser notre soif. Tous, nous cherchons un Bien suprĂȘme qui nous procure le bonheur. Notre libertĂ© porte en elle une insatisfaction qui la pousse Ă  chercher autre chose que ce monde-ci et ses biens relatifs. La libertĂ© de la personne ne s’accomplit jamais seule. Elle a besoin de s’allier Ă  la libertĂ© des autres pour atteindre sa fin vĂ©ritable qui est le bonheur. Ce libre arbitre est Ă©galement besoin de se donner. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » Jn 15, 13. La personne n’est pas faite pour poursuivre son intĂ©rĂȘt de maniĂšre Ă©goĂŻste. Elle est destinĂ©e Ă  s’ouvrir aux autres. C’est ainsi que les rĂ©gimes d’oppression ont vu se lever des hommes et des femmes prĂȘts au sacrifice suprĂȘme pour rĂ©tablir la justice. La libertĂ© comporte donc le devoir de respecter la libertĂ© d’autrui. La libertĂ© de l’homme ne flotte pas en l’air, elle est situĂ©e. Elle apparaĂźt dans un lieu et une eÂŽpoque, une culture, des conditions de vie. Elle est par lĂ  mĂȘme limitĂ©e. LimitĂ©e parce qu’elle est finie, limitĂ©e par les Ă©lĂ©ments qui l’environnent, limitĂ©e par la libertĂ© d’autrui. En rĂȘvant orgueilleusement de s’affranchir de ses limites, l’homme se dĂ©truit et blesse la fraternitĂ©. En les accueillant humblement comme un chemin de vĂ©ritĂ© , il s’accomplit. Qui s’élĂšve sera abaissĂ©, qui s’abaisse sera Ă©levĂ© » Lc 14, 11. La libertĂ© ainsi comprise appartient Ă  la beautĂ© de l’homme capable de surmonter les obstacles et d’ouvrir de nouvelles routes de progrĂšs humain. Si bien du travail reste Ă  faire, la fin du XXe siĂšcle a vu s’effondrer plus d’un rĂ©gime oppressif qui se croyait dĂ©finitif. Osons croire en cette libertĂ©. L’homme sent bien qu’il est divisĂ© intĂ©rieurement. S’il se regarde avec honnĂȘtetĂ©, chacun de nous avouera des complicitĂ©s avec le mal en lui-mĂȘme. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas » Rm 7, 19 dit saint Paul. La libertĂ© de l’homme a Ă©tĂ© blessĂ©e par le pĂ©chĂ©. Le pĂ©chĂ© vient dresser la volontĂ© contre elle-mĂȘme. Cette situation se rĂ©vĂšle spĂ©cialement dans les diffĂ©rentes addictions comme la toxicomanie ou la pornographie. Mais avec l’aide de JĂ©sus-Christ, l’homme peut surmonter cette division et trouver la paix. Je peux tout en celui qui me rend fort » Ph 4, 13 dit le meˆme saint AppelĂ© Ă  la vĂ©ritĂ©La libertĂ© n’est pas aveugle, elle se dĂ©termine par la raison que Dieu a dĂ©posĂ©e en l’homme. Par sa raison, la personne est faite pour la vĂ©ritĂ©. Elle est capable de trouver la vĂ©ritĂ© parce qu’elle est intĂ©rioritĂ©. Nous avons tous besoin de la vĂ©ritĂ©. L’homme ne se satisfait pas des apparences, il veut connaĂźtre la nature profonde des choses. Il dĂ©sire possĂ©der la vĂ©ritĂ© pour elle-mĂȘme. Il y a quelque chose d’exaltant dans la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ©, dans le progrĂšs des connaissances humaines, portĂ© si loin ces derniers siĂšcles. La vĂ©ritĂ© est universelle. Elle est faite pour l’humanitĂ© entiĂšre. Le besoin de vĂ©ritĂ© est la source de tout dialogue. L’amour de la vĂ©ritĂ© permet le dialogue et en mĂȘme temps le dialogue suppose l’amour de l’autre. Dans l’amour commun de la vĂ©ritĂ© et de l’homme, le dialogue permet Ă  chacun d’avancer librement. De mĂȘme, tout homme a droit Ă  la vĂ©ritĂ©. Les programmes d’aide sociale envers les plus dĂ©favorisĂ©s doivent comporter l’éducation pour respecter ce droit Ă  la vĂ©ritĂ© de tous. La recherche de la vĂ©ritĂ© suppose aussi l’humilitĂ©. Celui qui s’enferre dans ses certitudes, son idĂ©ologie, se voue Ă  l’illusion. La vĂ©ritĂ© se trouve en acceptant de grandir et pour cela d’avoir besoin des autres. La parole des plus petits est prĂ©cieuse, en particulier quand elle crie leurs dĂ©tresses et leurs espĂ©rances, car elle aussi porte la vĂ©ritĂ©. C’est pourquoi le mensonge est contraire Ă  la dignitĂ© de l’homme. AprĂšs des siĂšcles trĂšs rationalistes, notre Ă©poque est traversĂ©e de doutes sur les capacitĂ©s de la raison humaine. Les Ă©checs du progrĂšs, les menaces nouvelles, le choc des cultures, tendent Ă  provoquer un relativisme ou un scepticisme. Cet excĂšs est aussi mortifĂšre que le prĂ©cĂ©dent. Nous en arrivons Ă  une Ăšre de la post-vĂ©ritĂ© » oĂč de soi-disant faits alternatifs » viendraient remplacer le besoin de vĂ©ritĂ©, Ăšre Ă  laquelle nous ne pouvons pas nous rĂ©signer. Maintenue dans ses justes limites, Ă©clairĂ©e par l’amour, la raison humaine est vraiment capable de connaĂźtre l’univers et de proposer de nouvelles solutions. Elle n’a pas fini de nous Ă©merveiller. Si la raison peut ĂȘtre Ă©clairĂ©e par la RĂ©vĂ©lation, la vĂ©ritĂ© ultime que cherche l’homme, sur Dieu, sur lui-mĂȘme, est inaccessible Ă  la raison, aussi puissante que puisse ĂȘtre celle-ci. Elle a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par le Christ, qui est Ă  la fois le chemin, la vĂ©ritĂ©, la vie » Jn 14, 6. AppelĂ© Ă  la responsabilitĂ©L’homme est appeleÂŽ a` reÂŽpondre selon sa liberteÂŽ eÂŽ claireÂŽ e par sa raison a` l’appel de Dieu. Il est donc responsable. S’assumer comme personne libre suppose d’exercer cette responsabiliteÂŽ . L’eÂŽducation doit veiller a` faire naıˆtre chez les jeunes ce sens de la responsabilite ÂŽ . L’homme est responsable de luime ˆme, des autres et de l’univers. La catastrophe eÂŽ cologique qui nous menace deÂŽmontre ce point l’homme a un devoir de bonne geÂŽrance sur la creÂŽation qui lui a eÂŽ teÂŽ confieÂŽ e par Dieu. S’il n’assume pas ce devoir, il creÂŽe des drames dont il est la premie` re victime. Cet exemple de la responsabilite ÂŽ eÂŽcologique deÂŽmontre aussi que s’assumer libre ne peut pas signifier suivre ses deÂŽ sirs sans frein, faire comme si l’on eÂŽ tait seul au monde. Les actes de chacun ont des reÂŽpercussions sur tous. Les actes ont aussi valeur d’exemples. Par exemple, le groupe des eÂŽveˆques chargeÂŽ de la bioeÂŽthique a signaleÂŽ que le suicide assisteÂŽ ne peut pas eˆ tre preÂŽsenteÂŽ comme un choix individuel sans conseÂŽquence pour les autres. En choisissant le suicide assisteÂŽ en raison de leur aˆ ge ou de leur maladie, les personnes font peser sur les autres malades et personnes aˆ geÂŽes le soupcžon d’eˆ tre en trop, encombrantes ou trop couˆ teuses. Nous sommes responsables les uns des autres. En particulier, nous sommes responsables de ceux qui parmi nous souffrent le plus ou sont blesseÂŽs dans leur humaniteÂŽ . Nous ne pouvons pas regarder ailleurs et faire comme si cela ne nous concernait pas. Mais l’aide indispensable que nous leur devons doit aussi respecter leur liberteÂŽ et les aider a` exercer leur propre responsabiliteÂŽ . Notre eÂŽpoque a des proble`mes avec la responsabilite ÂŽ . Elle oscille entre la tentation de deÂŽresponsabiliser l’homme, de le laisser a` sa liberteÂŽ abaisseÂŽe au rang de caprice, et celle de deÂŽ signer des boucs eÂŽ missaires. D’un coˆ teÂŽ , l’ideÂŽe d’une liberteÂŽ laisseÂŽe seule a` elle-meˆme sans loi induit la fin de toute responsabiliteÂŽ devant les autres et Dieu. De l’autre, les drames qui font la une des journaux imposent qu’il y ait un responsable et comme l’eÂŽpoque ne sait plus exercer cette responsabilite ÂŽ , elle revient sous des formes folles en lynchant un individu pris presque au hasard pendant que les autres se lavent les mains de proble`mes qui souvent rele`vent de l’ensemble de la communauteÂŽ. En reÂŽ aliteÂŽ , la responsabilite ÂŽ est l’exercice pleÂŽnier de la liberteÂŽ . Dieu a laisseÂŽ l’homme a` son propre conseil, non pour qu’il suive aveugleÂŽment ses instincts qui ne suffisent pas a` eÂŽ clairer entie`rement ses choix, mais pour qu’il puisse se donner aux autres et a` Lui-meˆme en toute liberteÂŽ . C’est pourquoi chacun de nous reÂŽpondra de ses actes devant Dieu. L’EÂŽ vangile manifeste que ce jugement dernier portera sur la conduite envers les plus petits Ce que vous faites au plus petit d’entre mes fre` res, c’est a` moi que vous le faites » Mt 25, 40. Nous ne serons pas jugeÂŽs sur des performances extraordinaires mais sur notre solidariteÂŽ avec les plus Conscience et Loi naturelleLa responsabilitĂ© de l’homme est sa rĂ©ponse Ă  l’appel de Dieu. C’est pourquoi l’homme est dotĂ© d’une conscience morale, un sanctuaire intĂ©rieur oĂč Dieu lui parle, oĂč il juge ses propres actes, se louant quand il fait le bien, se condamnant quand il fait le mal. Dans cette conscience, Dieu y a dĂ©posĂ© la loi morale. Cette loi morale, qui est appelĂ©e loi naturelle, n’est pas la loi de la nature au sens des animaux. Du point de vue de l’homme, il est sans intĂ©rĂȘt de savoir si la monogamie ou l’homosexualitĂ© existent chez les animaux d’ailleurs, les animaux ne connaissent pas l’interdit de l’inceste. La loi naturelle est la loi de la nature humaine, qui dit ce qu’il est bon que l’homme fasse pour trouver le bonheur. Cette nature humaine ne s’oppose pas Ă  la culture, car il est de la nature de l’homme de gĂ©nĂ©rer des cultures. L’homme a le devoir de toujours suivre sa conscience. Il ne doit pas en ĂȘtre empĂȘchĂ© par les autres tant que cela ne nuit pas Ă  l’ordre public juste. TrĂšs spĂ©cialement, l’homme doit ĂȘtre laissĂ© libre de suivre sa conscience en matiĂšre religieuse, car se donner par contrainte Ă  Dieu est indigne et de l’homme et de Dieu. Mais la conscience est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Elle peut ĂȘtre obscurcie par des habitudes malsaines du groupe ou par l’accumulation des pĂ©chĂ©s personnels. Un enfant qui grandit dans un milieu oĂč le vol est habituel trouvera normal de voler. Un individu qui s’est habituĂ© Ă  mentir n’y verra plus de difficultĂ©s. Il faut Ă©clairer la conscience par la voix de la sagesse et l’écoute de la Parole de Dieu. C’est particuliĂšrement la responsabilitĂ© des Ă©ducateurs, Ă  commencer par les parents. Mais la voix de la conscience ne s’éteint jamais complĂštement, car elle est la voix mĂȘme de Dieu. Ne desesperons jamais de personne ! Toute personne humaine est capable d’à nouveau Ă©couter sa conscience pour revenir au Ouverture Ă  la transcendanceParce qu’elle est dotĂ©e d’une conscience oĂč Dieu lui parle, la personne est ouverte Ă  la question religieuse. Depuis les origines, les civilisations humaines rĂ©flĂ©chissent Ă  la signiïŹcation de l’univers, Ă  la destinĂ©e ïŹnale de l’homme, et Ă  l’existence de Dieu. Ces recherches ont Ă©tĂ© marquĂ©es de bien des maniĂšres par le pĂ©chĂ© mais elles prouvent que l’homme est tournĂ© vers le transcendant. Cette ouverture Ă  la transcendance n’est pas l’apanage d’une Ă©lite. Tout au long de sa vie terrestre, JĂ©sus a manifestĂ© combien les petits, les pauvres sont Ă©galement habitĂ©s du dĂ©sir de rencontrer Dieu et que justice leur soit rendue. L’ouverture Ă  la transcendance appartient Ă  tout homme. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Corps, Ăąme et espritL’homme est appelĂ© tout entier, il n’y a rien en lui que Dieu voudrait laisser de cĂŽtĂ©. La personne humaine a Ă©tĂ© créée comme une rĂ©alitĂ© corps-Ăąme-esprit Ă  la fois, indissociable et formant un tout. Elle a Ă©tĂ© créée ainsi par Dieu, et elle est appelĂ©e Ă  le rejoindre avec tout ce qu’elle est. Elle ne se rĂ©duit pas Ă  son corps. Elle ne se rĂ©duit par consĂ©quent pas non plus Ă  cette vie-ci. Les activitĂ©s de cette vie ont leur bontĂ© propre mais elles n’apaisent pas la soif de l’homme. Au travers de ses activitĂ©s dans ce monde, en particulier la recherche de la vĂ©ritĂ© et de la justice, l’homme dĂ©montre qu’il aspire Ă  une autre existence libĂ©rĂ©e de la souffrance et du pĂ©chĂ©. L’homme porte en lui une Ăąme par laquelle il est rationnel et libre et un esprit par lequel il est en relation avec l’Esprit de Dieu. L’ñme est immortelle, elle est appelĂ©e Ă  vivre avec Dieu en attendant la rĂ©surrection des corps. Par consĂ©quent, le service que nous devons Ă  nos frĂšres n’est jamais seulement matĂ©riel. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Mt 4, 4. Les pauvres ont besoin d’ĂȘtre scolarisĂ©s, d’avoir accĂšs aux biens culturels, d’ĂȘtre respectĂ©s dans leur croyance autant qu’ils ont besoin de pain et de toit. Par son esprit, qui l’ouvre Ă  la transcendance, l’homme est apte Ă  communiquer avec Dieu, Ă  recevoir le Saint-Esprit et Ă  vivre de la vie divine. C’est la pointe de son intĂ©rioritĂ©, oĂč il peut dialoguer secrĂštement avec Dieu. Mais le corps de l’homme lui aussi appartient pleinement a` sa digniteÂŽ . Lui aussi a eÂŽteÂŽ creÂŽeÂŽ par l’amour et pour l’amour. Par nos corps, nous sommes en relation avec les autres et avec l’univers. Nous en sommes solidaires. Le corps de l’homme est sexueÂŽ . Par ce fait meˆme, il est tourneÂŽ vers l’autre et feÂŽcond. C’est par le corps que la personne peut s’unir intimement a` une autre personne. C’est la` une de ses graˆ ces majeures. La recherche de la veÂŽ riteÂŽ passe par le corps, car elle commence par l’usage droit des cinq sens. La responsabiliteÂŽ passe par le corps. La personne humaine est responsable des autres parce qu’elle en est solidaire par son corps. Les actes de chariteÂŽ que le Christ nous presse de poser concernent le corps nourrir, veˆ tir, loger Mt 25, 35 s.. JeÂŽ sus lui-meˆme a tre` s souvent gueÂŽ ri les corps, montrant par la` le soin que nous lui devons. Le corps est donc le premier instrument de la chariteÂŽ . Le corps offre a` la personne de multiples potentialiteÂŽ s que le sport met en valeur. Les philosophes se sont tre`s toˆt eÂŽmerveilleÂŽ s des mains, ces outils a` tout faire. Le corps impose aussi a` la personne des limites. L’homme n’est pas capable de tout. Il est fragile. Il doit veiller sur sa santeÂŽ . Ces limites le rappellent a` l’humiliteÂŽ et le prote`gent de la deÂŽmesure. Ces limites rappellent aussi que tout homme a ses propres pauvreteÂŽ s nous avons tous commenceÂŽ par eˆ tre un embryon vulneÂŽrable et cacheÂŽ, et a` part ceux qui connaıˆtront le drame de mourir jeunes, nous vivrons tous la vieillesse et ses fragiliteÂŽ s. Respecter l’homme dans son corps, ce n’est pas l’eÂŽcraser sous des exigences inaccessibles, mais respecter sa pauvreteÂŽ, ses limites en soi et en l’autre. Le souci que nous prenons des corps les plus affaiblis est le signe de notre veÂŽritable amour du corps tel qu’il est. Le corps n’est pas un outil que chacun utiliserait a` sa guise. C’est un don de Dieu, qui nous ouvre a` la communion avec les autres. Nous devons donc le recevoir avec respect et l’utiliser de manie`re droite. Depuis l’AntiquiteÂŽ , l’homme veille a` cultiver son corps par l’asce`se, la meÂŽdecine et le sport pour en tirer le meilleur. ConserveÂŽe dans des proportions raisonnables, cette habitude est excellente. Les progre` s techniques de notre eÂŽpoque promettent de nouvelles reÂŽalisations dans ce domaine. Nombre d’entre elles seront excellentes et a` accueillir dans la joie. Mais aujourd’hui, certains veulent augmenter » le corps humain, voir le remplacer par un post-humain ». C’est excessif. Le corps humain tel que facžonneÂŽ par la nature porte en lui-meˆme la digniteÂŽ de la personne et le moyen de s’accomplir librement dans l’amour. L’homme n’est pas fait pour accumuler les performances, mais pour se donner dans l’amour. Le corps qu’il a aujourd’hui y est apte malgreÂŽ sa faiblesse. C’est en apprenant a` vivre avec nos limites que nous nous accomplirons. Le corps permet a` l’homme de travailler. C’est un eÂŽ leÂŽment essentiel de sa digniteÂŽ , qui le fait participer a` l’oeuvre creÂŽ atrice de Dieu. Encore faut-il que les conditions de ce travail soient humaines, ce qui n’est pas toujours le cas. Quand la santeÂŽ et la seÂŽcuriteÂŽ du travailleur ne sont pas assureÂŽ es, loin d’eÂŽ tablir la digniteÂŽ du corps, le travail l’abıˆme. Le travail des enfants en particulier est un scandale. Le corps appartient pleinement a` l’image de Dieu. La Gene` se montre poeÂŽ tiquement Dieu occupeÂŽ a` le facžonner de ses mains et y a insuffler son esprit Gn 2, 7. Le premier commandement qu’il a donneÂŽ a` l’homme est de croıˆtre et se multiplier Gn 1, 28. Dieu se reÂŽjouit gratuitement de voir l’homme vivre avant qu’il lui ait rendu le moindre culte. Adam s’est eÂŽmerveilleÂŽ de voir E` ve, l’aide qui lui eÂŽ tait accordeÂŽ e, et ce avant qu’E` ve ait fait quoi que ce soit pour lui Gn 2, 23. Le salut offert a` l’homme concerne aussi son corps, promis a` la reÂŽ surrection. JeÂŽ sus ressusciteÂŽ montre a` Thomas ses stigmates Jn 20, 27. Ce signe abyssal manifeste entre autres que la reÂŽsurrection ne nie pas nos fragiliteÂŽ s mais les assume pour les transfigurer. Le corps humain est splendide. A ` condition qu’il soit regardeÂŽ selon sa veÂŽ riteÂŽ, une expression contingente de la vie. Ce respect duˆ au corps n’est pas une idolaˆ – trie. Les soins porteÂŽ s au corps ne peuvent avoir pour finaliteÂŽ que de maintenir son eÂŽquilibre et son existence, de manie`re raisonneÂŽ e, sans lui donner une importance Scandale du malLe scandale du mal ne frappe pas seulement la volonteÂŽ humaine. Plus mysteÂŽ rieusement, il frappe l’homme tout entier. Certains accumulent les eÂŽpreuves douloureuses et deÂŽ stabilisantes, ou sont frappeÂŽs subitement par la maladie physique ou mentale. D’autres, de`s la conception, ou par des accidents de la vie, sont marqueÂŽ s par le handicap. C’est pour eux et leur entourage un fardeau lourd a` porter. Il est leÂŽgitime de se tourner vers Dieu et de lui crier pourquoi ? » Comme JeÂŽsus luime ˆme l’a fait. Hors de la ReÂŽsurrection, il n’y a pas de reÂŽponse deÂŽfinitive au scandale du mal. Mais par sa vie et surtout sa Passion, JeÂŽsus nous a rejoints dans ce myste`re et nous aide a` l’affronter dans l’espeÂŽrance. Il l’a vaincu par sa reÂŽsurrection et il nous promet de le vaincre totalement un jour. Il est possible aussi de manifester sa compassion envers ceux qui sont particulie`rement frappeÂŽ s par ce scandale. Il arrive des situations ou` il n’y a plus rien de techniquement efficace a` faire contre le scandale du mal. Ce sont des moments speÂŽ cialement difficiles pour notre eÂŽpoque habitueÂŽ e aux prouesses de la technique. Dans ces situations, une parole, un geste, une simple preÂŽ – sence peuvent manifester une profonde compassion et soulager la personne. JeÂŽsus a souvent exerceÂŽ ce ministe`re de compassion et nous a demandeÂŽ de faire de meˆme. Les personnes frappeÂŽ es par l’eÂŽpreuve du mal conservent toute leur digniteÂŽ. Les gens qui se vouent au service des personnes handicape ÂŽes teÂŽmoignent particulie`rement des treÂŽsors d’humaniteÂŽ qu’ils deÂŽcouvrent par la` . Le coeur, la capaciteÂŽ d’aimer de la personne demeure toujours intact sous les handicaps. C’est pourquoi il est important de travailler a` un meilleur accueil des personnes handicapeÂŽ La MortLa mort est l’eÂŽnigme par excellence. Depuis la plus haute AntiquiteÂŽ , l’humaniteÂŽ meÂŽ dite sur ce myste` re, sa signification, les moyens de le surmonter. Les diverses religions proposent toutes leur reÂŽponse a` ce myste` re. L’homme porte en lui le deÂŽ sir de vivre, et la mort scandalise, en particulier quand elle frappe trop toˆt ou de manie` re aveugle. Il est naturel d’en avoir peur et la foi ne nous invite pas a` une inhumaine indiffe ÂŽrence. Encore une fois, il est leÂŽgitime de porter ce cri devant Dieu, comme Job. JeÂŽsus lui-meˆme a eu peur face a` sa propre mort, nous rejoignant par-la` dans toute notre faibless. La mort est aussi la limite fondamentale de l’homme. Elle se dessine derrie`re toutes les autres limites de l’homme. L’homme ne peut pas tout se permettre parce qu’il mettrait sa vie en danger. Elle lui rappelle qu’il est un eˆ tre fini, qu’il ne s’est pas donneÂŽ la vie et que sa vie lui est confieÂŽe sans eˆ tre sa proprieÂŽ teÂŽ .Mais l’homme sait aussi deÂŽpasser le scandale de la mort par le sacrifice, la mort affronteÂŽe librement pour deÂŽfendre la justice et la veÂŽ riteÂŽ . Toutes les civilisations, toutes les religions, ont connu ces cas de sacrifice, dont la mort de Socrate est sans doute l’exemple occidental le plus parlant. La France est resteÂŽe marqueÂŽe par le sacrifice du colonel Beltrame contre la folie terroriste. Par ces sacrifices, l’homme deÂŽmontre qu’il se sent appeleÂŽ a` un au-dela` de la mort, vers un Bien parfait. Notre eÂŽpoque est contradictoire vis-a` -vis de la mort. D’un coˆ teÂŽ , elle est eÂŽvacueÂŽe du deÂŽ bat, on n’ose plus en parler ; de l’autre, nos fictions et jeux videÂŽo sont plus morbides que jamais. Nous avons besoin de reÂŽ apprendre a` regarder la mort en face, sans complaisance mais lucidement. Par la reÂŽsurrection du Christ, la mort est devenue un passage vers la vie en Dieu si l’homme se laisse rejoindre par lui. Elle n’est pas la fin de tout. Il est urgent de rappeler l’espeÂŽ rance. L’homme n’est pas fait seulement pour cette vie-ci, il aspire au Bien supreˆme, Dieu. Il aspire a` la victoire de la chariteÂŽ divine jusque dans les corps. JeÂŽsus reviendra a` la fin des temps, et ressuscitera les morts pour que tous ceux qui se seront laisseÂŽs rejoindre par lui vivent de sa Gloire. Ceux qui nous promettent la mort de la mort » ne nous promettent pas le bonheur mais nous vouent a` une mise`re sans Accepter sa finitudeDieu n’appelle pas des surhommes aux performances invincibles. Il aime les hommes et les femmes que nous sommes, avec nos limites. Dans l’Évangile, c’est devant JĂ©sus outragĂ© et ïŹ‚agellĂ© qu’est prononcĂ©e la parole Voici l’homme» Jn 19, 5. La dignitĂ© inamissible de l’homme n’est pas afïŹrmĂ©e au sujet d’un hĂ©ros performant au sommet de son succĂšs, mais devant un homme affaibli. JĂ©sus nous rejoint ainsi au cƓur de toutes nos limites pour les porter avec nous dans la foi et la charitĂ©. C’est en acceptant notre ïŹnitude Ă  la suite de JĂ©sus Christ que nous nous accomplirons pleinement. En particulier, en manifestant notre solidaritĂ© envers ceux qui ont Ă©tĂ© blessĂ©s par la vie. Notre Ă©poque voit prolifĂ©rer un culte de la performance, de la jeunesse Ă©ternelle, qui nous Ă©crase. C’est Ă  la fois inutile et blessant. Les faiblesses de l’homme ne s’opposent pas Ă  sa dignitĂ©. Nier nos limites, c’est nous blesser en nous imposant un destin qui n’est pas le nĂŽtre. C’est aussi rendre impossible la fraternitĂ©, ou la rĂ©server Ă  une Ă©lite de chanceux. Portons nos limites avec conïŹance pour nous ouvrir Ă  une vraie rĂ©alisation de soi qui fera des merveilles. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Tout ĂȘtre humain est une personneTout en l’homme est humain. Nous ne sommes pas des animaux auxquels aurait Ă©tĂ© ajoutĂ©e une couche de spiritualitĂ© comme on ajoute un logiciel Ă  un ordinateur. Les caractĂšres les plus basiques de l’homme sont dĂ©jĂ  humains. Le corps de l’homme manifeste dĂ©jĂ  sa dignitĂ©, par sa station debout, ses mains prĂ©hensiles, la taille de son crĂąne et la taille de son bassin. L’homme ne manifeste pas seulement sa supĂ©rioritĂ© par la petite partie en lui qui est capable de raisonnement et de calcul. Le plaisir et la souffrance sont dĂ©jĂ  spĂ©cifiques en l’homme. Ils s’accompagnent d’un pourquoi ? » dans le double sens d’en vue de quoi et a` cause de quoi ? Par exemple, l’alimentation n’est pas chez l’homme un besoin seulement biologique. Elle s’accompagne de rites sociaux et de symboles. Le drame de la personne anorexique tient autant Ă  sa difficultĂ© Ă  se tenir Ă  table avec les autres qu’à sa difficultĂ© Ă  manger. S’il faut respecter la sensibilitĂ© animale, il est capital de voir qu’elle n’est pas la meˆme que celle de l’homme. En consĂ©quence, tout ĂȘtre humain est une personne. Il n’est pas nĂ©cessaire de faire montre de capacitĂ©s intellectuelles brillantes ou d’une vie morale dĂ©velopĂ©es pour ĂȘtre une personne. Il est excellent que des mĂ©thodes toujours plus affinĂ©es permettent aux hommes de dĂ©velopper leur rationalitĂ© ou leur capacitĂ© de mĂ©ditation, mais cela ne constitue pas des conditions pour ĂȘtre compte comme personne. Respectons tout ĂȘtre humain comme une personne, de sa conception jusqu’à sa mort naturelle. En particulier, respectons la vie de tout ĂȘtre humain car elle est dĂšs l’origine porteuse de ces valeurs de la personne. Voir les Ă©clairages du PĂšre Emmanuel Coquet Seul l'ĂȘtre humain est une personneCreÂŽeÂŽ par Dieu dans l’amour et appeleÂŽ a` se donner par amour, l’eˆtre humain est une personne, tout eˆ tre humain est une personne et dans la creÂŽation visible seul l’eˆtre humain est une personne. Tout en l’homme est humain, l’homme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La creÂŽ ation de l’homme constitue ainsi le sommet de la creÂŽation, et en l’homme toute la creÂŽation trouve sa finaliteÂŽ veÂŽ ritable. Elle aspire elle aussi a` eˆtre libeÂŽreÂŽe du mal qui la frappe Rm 8, en eÂŽtant unie au salut de l’humanite ÂŽ . Mais cela ne l’autorise pas a` nier ses limites. l’animal n’est pas une personne et ne peut eˆ tre eÂŽ galeÂŽ a` l’homme. Il ne partage ni sa raison, ni sa liberteÂŽ . L’animal ne porte pas cette insatisfaction qui pousse a` rechercher une transcendance. L’antispeÂŽcisme, qui nie la digniteÂŽ supeÂŽrieure de l’homme sur l’animal, lance des cris d’alerte qu’il est bon d’entendre pour prendre nos responsabiliteÂŽs face a` la souffrance animale, mais se trompe dans ses conclusions. L’homme est la seule creÂŽature sur terre que Dieu a voulue pour elle-meˆme » Gaudium et Spes, 24. L’arriveÂŽe des robots doteÂŽ s d’intelligence artificielle va reÂŽvolutionner nos modes de vie. Ce progre`s ouvrira des possibiliteÂŽs fabuleuses. Mais il pose aussi des proble`mes eÂŽ thiques redoutables. En particulier, il n’est pas acceptable de doter le robot d’une personnalite ÂŽ juridique. Le robot reste toujours sous la responsabiliteÂŽ de ses concepteurs et utilisateurs. Il n’est pas doteÂŽ d’un libre arbitre, il ne s’inteÂŽresse pas a` la veÂŽ riteÂŽ pour elle-meˆme mais seulement a` l’application de son programme. Il est speÂŽcialement inquieÂŽ tant de voir se deÂŽvelopper des robots sexuels qui preÂŽ – tendent remplacer l’intimiteÂŽ d’amour avec une autre personne Sommet de la CrĂ©ationCréé par Dieu dans l’amour et appelĂ© Ă  se donner par amour, l’ĂȘtre humain est une personne, tout ĂȘtre humain est une personne et dans la crĂ©ation visible seul l’ĂȘtre humain est une personne. Tout en l’homme est humain, l’homme est splendide y compris par son corps. Il est ainsi capable de merveilles. La crĂ©ation de l’homme constitue ainsi le sommet de la crĂ©ation , et en l’homme toute la crĂ©ation trouve sa finalitĂ© vĂ©ritable. Elle aspire elle aussi Ă  ĂȘtre libĂ©rĂ©e du mal qui la frappe Rm 8, en Ă©tant unie au salut de l’humanitĂ©. Mais cela ne l’autorise pas Ă  nier ses limites. Partie II Nous sommes une seule famille Dieu a créé une seule famille Dieu, qui veille paternellement sur tous, a voulu que tous les hommes constituent une seule famille et se traitent mutuellement comme des fre` res » Gaudium et Spes, 24. Dieu n’a pas creÂŽeÂŽ l’homme seul, il a creÂŽeÂŽ l’humanite ÂŽ comme une seule famille appeleÂŽe a` se construire dans la fraterniteÂŽ jusqu’a` ce qu’elle soit pleinement rassembleÂŽe dans le Christ ressuscite ÂŽ comme un seul corps sous sa teˆ te. Ce fait nous impose de reconnaıˆtre notre interde ÂŽpendance et de vivre de` s aujourd’hui la solidariteÂŽ , speÂŽcialement envers les plus faibles qui sont aussi nos fre` res. Mais ce principe est nieÂŽ aujourd’hui par l’invocation d’une autonomie absolue qui nous enferme dans une solitude invivable. C’est au nom de cette autonomie que sont sans cesse reÂŽ clameÂŽs de nouveaux droits qui deÂŽnaturent de plus en plus la transmission de la vie, comme la gestation pour autrui[1]. L’homme n’est pas fait pour cette solitude, nous avons besoin les uns des autres et nous nous influencžons les uns les autres. Tout est lieÂŽ », reÂŽpe` te le pape Francž ois Laudato Si’. Nous faisons tous l’expeÂŽ rience de notre interdeÂŽpendance mais l’individualisme actuel la deÂŽnie et empeˆche de la vivre sereinement. L’humaniteÂŽ doit reconnaıˆtre qu’elle trouvera les solutions a` ces deÂŽfis par la fraterniteÂŽ et la coopeÂŽration. [1] Nous renvoyons ici au document des eÂŽveˆques de France sur la bioeÂŽthique La DigniteÂŽ de la procreÂŽation, Paris, Bayard-Cerf-Mame, 2018. Nous sommes interdĂ©pendants Il n’est pas bon que l’homme soit seul » Gn 2, 18. Dieu a creÂŽeÂŽ l’homme pour vivre uni a` toute l’humaniteÂŽ autant qu’a` Lui. Nous ne sommes pas des atomes isoleÂŽ s qui choisiraient avec qui avoir ou non des relations. Nous sommes tous interdeÂŽpendants. Avant de choisir de vivre la solidariteÂŽ comme valeur et pour la vivre selon sa veÂŽ riteÂŽ , l’homme doit consentir a` ce fait de l’interdeÂŽ – pendance. La question eÂŽcologique, a` propos de laquelle le pape a poseÂŽ ce principe, l’illustre la deÂŽ fense de l’environnement a` l’eÂŽ chelle de la plane` te deÂŽpend des actes de chacun la` ou` il se trouve. Mener une vie sobre, trier, recycler, eÂŽ conomiser l’eau deÂŽpend de chacun et a des reÂŽpercussions sur tous. C’est notre commune responsabiliteÂŽ . Dans ce domaine tre` s particulie`rement, nul ne peut preÂŽtendre mener sa vie a` sa guise sans se preÂŽoccuper du prochain. Nous ne pouvons pas comprendre le remplissez la terre et soumettez-la » Gn 1, 28 de la Bible comme l’autorisation de la saccager. Il s’agit d’un devoir de bonne geÂŽ rance qui aura des comptes a` rendre au vrai maıˆtre de la creÂŽation. L’interdeÂŽpendance des hommes peut aussi se montrer par le cas de la maladie. Dans une famille, si un membre est malade, toute la famille est toucheÂŽ e. Toute la famille doit s’organiser pour le soin du malade, pour mener les taˆ ches domestiques sans lui, eÂŽventuellement pour eÂŽ viter la contagion si le malade est affaibli dans son syste`me immunitaire. S’il se trouvait dans une situation deÂŽja` preÂŽ – caire, celle-ci s’aggrave. La vie sociale de la famille est toucheÂŽ e. Mais le destin de cette famille deÂŽpend de la qualiteÂŽ et de la proximiteÂŽ des structures de soin. Il est des reÂŽ gions, meˆme en France, ou` l’on est mieux soigneÂŽ que d’autres. Ces structures de soin a` leur tour deÂŽpendent de la politique de santeÂŽ de l’EÂŽ tat, qui est influenceÂŽe par la crise mondiale. Ainsi, la santeÂŽ d’une seule personne au sein d’une famille est relieÂŽe par cercles concentriques a` la situation de toute l’humanite ÂŽ . De manie`re geÂŽneÂŽrale, les situations de pauvreteÂŽ manifestent mieux l’interdeÂŽ pendance des humains. L’individu qui s’est enferreÂŽ dans une logique de performance peut se faire croire qu’il est seul au monde. Le pauvre, lui, manifeste combien nos destins sont lieÂŽ s. C’est une de ses graˆ ces. Un reˆve d’autonomie absolue ou` l’individu ne rend de comptes qu’a` lui-meˆme viole la veÂŽ riteÂŽ de la nature humaine et engendre une cruelle solitude. Il fait peser sur les plus petits une exigence inaccessible et douloureuse. L’homme est un animal politique. Il a besoin d’interagir avec ses semblables, de construire avec eux une socieÂŽ teÂŽ juste ou` chacun peut s’eÂŽpanouir. Chacun de nous a besoin d’eˆ tre reconnu par les autres comme personne libre. Il a besoin d’aimer et d’eˆ tre aimeÂŽ . Sa raison le pousse au dialogue indispensable a` la deÂŽcouverte d’une veÂŽ riteÂŽ universelle. L’homme est aussi un eˆtre de langage. Il a besoin de communiquer avec les autres, de raconter son existence pour se forger une identiteÂŽ . L’homme a besoin d’une culture qui lui permet d’affirmer ses valeurs et de chercher le vrai, le bon, le beau. Il est essentiel que les projets d’aide au deÂŽveloppement comportent aussi des volets de deÂŽfense de la culture des peuples consideÂŽ reÂŽ s. Chaque culture, meˆme si elle a besoin de passer par un discernement pour eˆ tre libeÂŽreÂŽe de ses eÂŽ leÂŽ – ments de peÂŽcheÂŽ , est porteuse de treÂŽsors pour l’humaniteÂŽ . L’eÂŽchange culturel, favoriseÂŽ par la mondialisation, est une taˆ che essentielle pourvu qu’il ne se transforme pas en heÂŽgeÂŽ – monie d’une culture sur les autres. Ce besoin d’interaction est speÂŽcialement sensible chez les plus petits, chez ceux que les drames de la vie privent de l’utilisation normale des moyens de la vie sociale. C’est toujours l’occasion d’une joie pour tous chaque fois que nous associons les plus faibles a` nos cercles. L’homme est aussi un animal religieux. Ouvert a` la transcendance, il a besoin pour l’exprimer de symboles, de rites, de liturgie. Or il n’existe pas de symbole ou de rite priveÂŽ . Le rite et le symbole supposent une communaute ÂŽ qui se rassemble en eux. Une des eÂŽ tymologies proposeÂŽes de religion » renvoie a` relier ». La religion est la` pour rassembler les hommes, leur donner conscience de leur interdeÂŽpendance et la vivre dans la fraterniteÂŽ . Mais il faut pour cela que les religions s’ouvrent encore davantage au dialogue. L’ambition de la laıšciteÂŽ est de contribuer a` la paix sociale en respectant chaque religion dans sa croyance et dans son rite et en conduisant les religions ou courants de penseÂŽe a` cohabiter sereinement au sein de la socieÂŽteÂŽ . Ce besoin aussi est universel. La religion suppose une reÂŽflexion rationnelle, mais elle ne peut eˆ tre l’affaire d’un cercle d’initieÂŽ s. JeÂŽsus a aimeÂŽ parler aux exclus de la socieÂŽteÂŽ et deÂŽmontreÂŽ que ces hommes et ces femmes rejeteÂŽs eÂŽtaient aptes a` le suivre. Nos communaute ÂŽs auront a` coeur de devenir des lieux ou` le petit se sent chez AppelĂ©s Ă  la fraternitĂ©L’interdĂ©pendance est d’abord une chance. Elle donne Ă  chacun la possibilitĂ© de s’appuyer sur tous les autres. Mais comme toute rĂ©alitĂ© humaine, elle est marquĂ©e par le pĂ©chĂ©. Cette interdĂ©pendance de fait demande Ă  ĂȘtre amĂ©nagĂ©e par la libertĂ© de l’homme. Il dĂ©pend de nous d’en faire une situation d’aliĂ©nation ou au contraire l’occasion d’une fraternitĂ©. Notre Ă©poque nous donne d’extraordinaires outils pour construire cette fraternitĂ©. La mondialisation rend plus visibles et plus rapides les liens de dĂ©veloppement entre les rĂ©gions du monde. Les moyens de communication sociale permettent d’interagir rapidement avec des personnes situĂ©es Ă  l’autre bout du monde. Cela permet d’immenses campagnes de mobilisation pour venir en aide Ă  une rĂ©gion touchĂ©e par une catastrophe. Nous avons vu des chaĂźnes mondiales de solidaritĂ©, par exemple pour notre pays aprĂšs les attentats du 13 novembre 2015. La fraternitĂ© n’est pas un vain mot, elle se vit au quotidien de mille parce que l’homme reste marqueÂŽ par le scandale du mal, notre eÂŽpoque voit aussi de formidables menaces contre la fraterniteÂŽ. Le progre`s est aussi heÂŽlas le progre`s du mal. La mondialisation concerne aussi le crime. Il faut citer d’abord la violence terroriste, qui est devenue internationale et qui se pare a` nouveau de l’excuse de la religion, comme si Dieu pouvait eˆtre un Dieu de mort et non de vie. L’attentat suicide est un sommet de deÂŽviance de la religion, puisqu’au meurtre il ajoute le suicide honteusement regardeÂŽ comme martyre. Il faut se reÂŽjouir de toutes les occasions qui sont veÂŽcues de rejeter cette idolaˆ trie de la violence. Il y a le fleÂŽau du crime organiseÂŽ , qui tue et exploite par la prostitution ou l’embrigadement dans les reÂŽseaux du crime, en particulier dans certaines reÂŽgions du monde. Il s’accompagne du trafic mondial de drogue avec son corte`ge de mise` re et de violence. Au Mexique et ailleurs, plusieurs preˆtres ont payeÂŽ de leur vie la deÂŽnonciation de ce scandale. Il y a le deÂŽveloppement industriel non controˆ leÂŽ qui pollue la plane`te et rend malade les populations, speÂŽcialement dans les pays eÂŽmergents. Les ineÂŽ galiteÂŽs se sont terriblement creuseÂŽ es, entre individus et entre reÂŽgions du monde. Nous continuons a` admettre en pratique que les uns se sentent plus humains que les autres, comme s’ils eÂŽtaient neÂŽs avec de plus grands droits » Laudato Si’, 90. Il y a les attentats contre la vie, avortement et euthanasie, preÂŽsenteÂŽs comme droits. Le sort reÂŽserveÂŽ aux femmes et aux enfants doit progresser encore partout dans le monde. Nous nous reÂŽjouissons des reÂŽcentes prises de conscience contre le harce`lement sexuel. Les femmes qui ont eÂŽteÂŽ pousseÂŽes a` l’avortement doivent beÂŽneÂŽ – ficier d’un accompagnement miseÂŽricordieux pour les aider a` surmonter la deÂŽ tresse qui accompagne souvent cet acte terrible. L’EÂŽ glise catholique s’est lanceÂŽ e, y compris en France, dans un chantier de peÂŽnitence et de reÂŽformes pour combattre les abus sexuels. Ces fleÂŽaux, dont la liste n’est pas exhaustive, nous appellent a` construire ensemble la fraterniteÂŽ . Mais la graviteÂŽ de ces drames ne doit pas conduire au deÂŽsespoir. Tout n’est pas perdu, parce que les eˆ tres humains, capables de se deÂŽgrader a` l’extreˆme, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se reÂŽgeÂŽneÂŽrer » Laudato Si, 205. Les chreÂŽ – tiens sauront eˆ tre exemplaires, la` ou` ils sont, avec les moyens qui sont les leurs, dans leur construction de cette fraterniteÂŽ . Elle commence par des gestes simples. L’entraide en famille, les activiteÂŽ s de paroisse comme les maraudes ou les vestiaires solidaires, sont un vrai fondement de la solidariteÂŽ. Meˆme s’ils ne remplacent pas des politiques publiques responsables, ce sont ces petits moyens, multiplieÂŽ s partout, qui font reculer la mise` re. Ils ont aussi l’avantage de deÂŽmontrer que nul n’est trop faible ou trop petit pour participer a` l’effort de fraterniteÂŽ . Seul un esprit de pauvrete ÂŽ permet de combattre la pauvreteÂŽ . Les reÂŽseaux sociaux manifestent l’ambivalence de la situation. UtiliseÂŽ s raisonnablement, ils manifestent l’interdeÂŽpendance et permettent des mobilisations rapides a` travers la plane` te. Mais laisseÂŽs a` eux-meˆmes, veÂŽcus dans une sorte d’addiction, ils enferment dans des relations virtuelles qui sont au fond la pire des solitudes et ils deÂŽtournent de veÂŽritables activiteÂŽ s fraternelles. Ils risquent aussi d’enfermer chacun dans des cercles qui pensent comme lui, rendant le dialogue La sexualitĂ©, lieu du don de soi Dieu crĂ©a l’homme Ă  son image, Ă  l’image de Dieu il le crĂ©a, il les crĂ©a homme et femme » Gn 1, 27. La diffĂ©rence sexuelle est la premiĂšre altĂ©ritĂ© de l’humanitĂ©, celle qui fonde toutes les autres. La diffĂ©rence sexuelle n’est pas une convention sociale qu’on pourrait réérire Ă  son grĂ©, elle appartient Ă  la nature humaine. Son respect est essentiel pour la construction d’un ordre social Ă©quilibrĂ©. Mais les deux sexes ont Ă©tĂ© créés pour vivre dans la communion, le respect et l’égalitĂ©. Il faut que partout dans le monde se poursuivent les efforts de libĂ©ration de la femme, pour son accĂšs aux droits civiques, Ă  la libertĂ© de mariage, Ă  l’emploi avec un salaire Ă©gal. Toute forme de violence faite aux femmes est inacceptable, y compris l’excision et les autres formes de mutilation. L’augmentation du nombre de femmes participant a` la vie publique sera une chance pour tous. La diffĂ©rence sexuelle ouvre Ă  la sexualitĂ©. Chaque sexe est tournĂ© vers l’autre. VĂ©cue en vĂ©ritĂ©, la sexualitĂ© est un lieu spĂ©cial de don de soi, d’amour et de libertĂ©. Par nature ouverte Ă  l’accueil de la vie, elle est le lieu oĂč l’homme et la femme vivent ensemble leur image de Dieu. Puisque Dieu est en mĂȘme temps le CrĂ©ateur, la fĂ©conditĂ© du couple humain est l’image’’ vivante et efficace, un signe visible de l’acte crĂ©ateur » Amoris Laetitia, 10. La sexualitĂ© chante aussi particuliĂšrement la beautĂ© du corps humain. Mais le pĂ©chĂ© originel a dĂ©formĂ© la sexualitĂ© en la transformant en lieu de dĂ©sir effrĂ©nĂ© et de domination Ton dĂ©sir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi » Gn 3, 16. Cette dĂ©formation se manifeste aujourd’hui avec le rĂšgne de la pornographie prĂ©sentĂ©e comme une norme et promesse de bonheur qui dĂ©stabilise les plus jeunes. En rĂ©alitĂ©, toute personne humaine porte le dĂ©sir d’une relation stable avec un partenaire aimeÂŽ pour lui-meˆme. Il existe dans la famille humaine une diversitĂ© d’inclinations sexuelles. Il ne faut pas discriminer les personnes violences physiques ou verbales contre elles sont intolĂ©rables. L’Église catholique invite Ă  les accueillir et les accompagner dans leur chemin vers Dieu. Mais il n’est pas possible de mettre les relations homosexuelles sur le mĂȘme plan que la relation de l’homme et de la FĂ©conditĂ© et familleL’enfant est comme l’incarnation de l’amour de ses parents. Il ouvre celui-ci Ă  une nouvelle dimension et leur donne la joie d’ĂȘtre Ă©ducateurs d’une libertĂ©. Il leur fournit l’occasion de donner le meilleur d’eux-mĂȘmes dans l’ensemble des soins qu’ils lui prodiguent. Il offre Ă  leur libertĂ© un champ d’action particuliĂšrement beau. L’enfant est don de Dieu. Toute naissance est une occasion d’action de grĂąces. Les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant ont besoin d’ĂȘtre accompagnĂ©s pour qu’ils puissent dĂ©couvrir qu’il existe d’autres fĂ©conditĂ©s. Mais l’enfant ne saurait ĂȘtre un droit ouvrant Ă  des technologies toujours plus sophistiquĂ©es qui s’accompagnent de destruction d’embryons. L’annonce chrĂ©tienne qui concerne la famille est vraiment une bonne nouvelle. JĂ©sus est nĂ© dans une famille, c’est lĂ  d’abord qu’il a vĂ©cu son incarnation, offrant Ă  toutes les familles une grĂące spĂ©ciale. La fĂ©conditĂ© du couple fonde la famille. Celle-ci est le premier cercle de l’interdĂ©pendance des hommes. Elle dĂ©ploie une intimitĂ© trĂšs particuliĂšre. Pour les enfants, elle est le premier lieu oĂč dĂ©couvrir la valeur de la solidaritĂ©. En particulier, les enfants se dĂ©couvrent en dette de la vie vis-Ă -vis de leurs parents et la fraternitĂ© de sang est la premiĂšre de toutes les fraternitĂ©s. Les parents ont une spĂ©ciale responsabilitĂ© dans l’éducation des enfants et doivent pour cela bĂ©nĂ©ficier d’une vraie libertĂ©, en particulier dans le choix de la scolaritĂ©. La sociĂ©tĂ© doit aider les parents mais n’a pas Ă  se substituer Ă  eux dans la mission d’éducation. Pendant des millĂ©naires, la pente de l’humanitĂ© a Ă©tĂ© d’avoir des enfants pour se survivre. La foi en la RĂ©surrection nous a libĂ©rĂ©s de cette nĂ©cessitĂ©. JĂ©sus vient transformer les familles pour les faire devenir une communion de personnes unies dans le respect et dans l’amour. La famille est le premier cercle de la sociĂ©tĂ©. Il est essentiel Ă  la bonne santĂ© des sociĂ©tĂ©s qu’elles favorisent la famille. Les communautĂ©s catholiques sont invitĂ©es Ă  devenir des lieux oĂč` les familles se sentent chez elles, accompagnĂ©es dans leurs joies, soutenues dans leurs difficultĂ©s. Il faut que les politiques publiques soutiennent les familles, que les infrastructures collectives les aident Ă  vivre avec des places en crĂšche suffisantes par exemple, que les mĂšres au travail soient aidĂ©es. Notre Ă©poque voit un nombre grandissant de familles blessĂ©es. Les communautĂ©s catholiques auront Ă  cƓur d’accompagner ces situations, sans jugement, avec misĂ©ricorde, en voyant oĂč en sont les personnes et en rendant grĂące pour les trĂ©sors de charitĂ© qui se vivent souvent dans ces situations L'unique famille humaineCréée par Dieu pour ĂȘtre rassemblĂ©e dans la charitĂ© par le Christ, unie par des liens de sang autant que par des liens spirituels Ă©manant des cultures, l’humanitĂ© est une seule famille appelĂ©e Ă  vivre la fraternitĂ© et la solidaritĂ©. Elle en est capable malgrĂ© les dĂ©fis qui la menacent. Chacun, Ă  sa place et avec les moyens qui sont les siens, par JĂ©sus-Christ, peut contribuer Ă  cette tĂąche. Personne n’est en trop dans l’oeuvre de fraternitĂ©. Cela se vit d’abord dans les familles qui sont le premier lieu oĂč apprendre la solidaritĂ©. La famille doit donc ĂȘtre dĂ©fendue contre les attaques des idĂ©ologies. L’Église souhaite prendre sa part dans cette dĂ©fense et cet accompagnement des familles pour leur donner de vivre cette fraternitĂ©. Mais la famille est destinĂ©e Ă  s’ouvrir Ă  plus grand qu’elle. La solidaritĂ© doit atteindre les limites de l’humanitĂ©. À l’heure de la mondialisation, il est plus mortifĂšre que jamais de rĂȘver que chaque nation se replie sur elle-mĂȘme en cherchant l’autarcie. Aucune nation ne peut plus trouver en elle les moyens de faire face aux dĂ©fis du temps. Les menaces contre l’humanitĂ© appellent une rĂ©ponse commune. La voie du dialogue et de la coopĂ©ration internationale est la seule possible. A fortiori, les diverses discriminations qui divisent l’humanitĂ© en dĂ©signant des sous-hommes sont intolĂ©rables. Chaque personne humaine a le droit de trouver sa place dans la famille humaine. Luttons pour que chaque homme soit reconnu comme un a créé l’homme Ă  son image et ressemblance pour se l’unir dans l’amour. Il en a fait une personne relationnelle comme Lui, il l’a créé beau, libre, apte Ă  la vĂ©ritĂ©, constituant une seule famille interdĂ©pendante appelĂ©e Ă  la fraternitĂ©. Il l’a appelĂ© Ă  l’amour. Chacun d’entre nous, Ă©coutant sa conscience et aidĂ© par Dieu, se verra capable de dĂ©ployer cette fraternitĂ© envers tous. En particulier en pensant prĂ©fĂ©rentiellement aux plus petits. C’est le chemin du bonheur. JĂ©sus-Christ est mort et ressuscitĂ© pour bĂ©nir et fortifier cet effort et associer l’homme au salut. Finalement, au dernier jour JĂ©sus vaincra la mort et rassemblera en lui toute la crĂ©ation et tous ceux qui l’auront acceptĂ© en le confessant ou en suivant leur conscience. C’est notre vocation ultime, qui porte toutes les autres. En aimant, [le chrĂ©tien] devient lui-mĂȘme un membre, et il est insĂ©rĂ© par l’amour dans l’unitĂ© du corps du Christ et il y aura un seul Christ s’aimant lui-mĂȘme » Saint Augustin, Commentaire de la premiĂšre ÉpĂźtre de saint Jean, X, 3. Postface de Mgr Batut Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? » Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un nĂ©ant Ă  l’égard de l’infini, un tout Ă  l’égard du nĂ©ant, un milieu entre rien et tout. » La cĂ©lĂšbre rĂ©flexion de Pascal rejoint dans son dĂ©but l’interrogation du psaume 8, mais elle la prolonge avec l’accent dĂ©jĂ  contemporain d’une humanitĂ© qui n’ose plus croire que quelqu’un pense Ă  elle. Mesurant plus que jamais, grĂące aux progrĂšs des sciences, l’immensitĂ© de l’univers qui l’entoure, ce milieu entre rien et tout » s’apprĂ©hende lui-mĂȘme sur fond d’angoisse existentielle plutĂŽt comme un nĂ©ant que comme un tout – une poussiĂšre d’étoiles » selon le mot d’Hubert Reeves. Mais lorsque cette mĂȘme humanitĂ© regarde le microcosme oĂč elle vit, elle s’aperçoit que loin de grandir en humilitĂ© en rĂ©flĂ©chissant sur elle-mĂȘme, elle n’a cessĂ© d’agir avec dĂ©mesure au point d’épuiser les ressources de la maison commune »[1] oĂč elle a Ă©tĂ© placĂ©e depuis la rĂ©volution industrielle, dans son dĂ©sir insatiable de profit et de confort, l’homme est devenu un danger pour son environnement. DĂ©sorientĂ© et perdu Ă  l’échelle de l’univers, il doute de lui-mĂȘme Ă  l’échelle de son milieu vital, jusqu’à douter de l’opportunitĂ© de prolonger son existence. Qu’est-ce que l’homme ? Un prĂ©dateur et un meurtrier qui n’est pas digne de vivre, affirment certains aujourd’hui. Par avance pourtant, la Parole de Dieu a mis l’homme en garde contre sa dĂ©mesure, tout en le rassurant devant sa petitesse. Le choix de Dieu, dans sa toute-puissance et son Ă©ternitĂ©, a Ă©tĂ© de crĂ©er l’univers. Au sein de sa crĂ©ation, il a voulu entrer en alliance avec un ĂȘtre dans lequel est imprimĂ©e sa propre image. Et, pour parachever cette alliance, il a voulu connaĂźtre la vie de cet ĂȘtre de la naissance Ă  la mort, afin de le racheter de la mort et de lui communiquer sa propre vie. La question du psaume qu’est-ce que l’homme pour que tu penses Ă  lui ? » retrouve dans le Christ toute sa pertinence et dĂ©bouche sur un Ă©tonnement Ă©merveillĂ© Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ! Tu l’établis sur les Ɠuvres de tes mains, tu mets toutes choses Ă  ses pieds ! » Le pouvoir de l’homme sur la nature, envers de l’humilitĂ© de sa condition, n’est pas un pouvoir discrĂ©tionnaire. C’est une gĂ©rance, une intendance – mieux une mission, celle de parachever l’Ɠuvre de Dieu. En comprenant cela, nous percevons la signification de l’univers. Dans le Christ, rĂ©vĂ©lateur du PĂšre, nous dĂ©couvrons que le cosmos a Ă©tĂ© voulu paternellement et que son accomplissement ne peut ĂȘtre que filial. L’alliance nouĂ©e avec l’humanitĂ© nous apparaĂźt comme la transposition dans le temps de l’échange Ă©ternel du PĂšre et du Fils. La vie terrestre de JĂ©sus devient le paradigme de cette vie filiale et fraternelle qui dĂ©ploie jusqu’au bout en nous le goĂ»t de vivre, la joie d’habiter cette terre et de contribuer, en y vivant la charitĂ©, Ă  la faire passer en Dieu. Elle passe, certes, la figure de ce monde dĂ©formĂ©e par le pĂ©chĂ© ; mais, nous l’avons appris, Dieu nous prĂ©pare une nouvelle terre oĂč rĂ©gnera la justice et dont la bĂ©atitude comblera et dĂ©passera tous les dĂ©sirs de paix qui montent au cƓur de l’homme. Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ
 La charitĂ© et ses Ɠuvres demeureront et toute cette crĂ©ation que Dieu a faite pour l’homme sera dĂ©livrĂ©e de l’esclavage[2]. » La foi chrĂ©tienne n’en est qu’à ses dĂ©buts. Et pour dire l’amour de Dieu, l’éternitĂ© sera courte. [1] Pape François, encyclique Laudato sĂŹ sur l’écologie Notre maison commune est comme une sƓur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mĂšre, belle, qui nous accueille Ă  bras ouverts. » [2] Vatican II, Constitution Gaudium et Spes sur l’Église dans le monde de ce temps, 39. Noussouffrons parce que nous avons rejetĂ© la connaissance et la vĂ©ritĂ©, nos leaders religieux ont rejetĂ© la connaissance de l’Éternel, l’INCRÉÉ qui est la vĂ©ritĂ©. C’est le cƓur de l’Haitien qui doit ĂȘtre changĂ© et il n’y a que deux façons de changer un cƓur mauvais, 1) prendre conscience et faire volte face, 2) Être touchĂ© par le Saint-Esprit. Dans notre cas, c’est
La question de la vĂ©ritĂ©, qui clĂŽt le groupement la raison et le rĂ©el », est une sorte de point de convergence de toutes les interrogations philosophiques. N’oubliez pas que la philosophie est l’amour et la recherche de la vĂ©ritĂ©. Ne cherchez pas Ă  minimiser la valeur de la vĂ©ritĂ©, Ă  relativiser son importance relativisme ». Philosophie - Bac toutes sĂ©riesLa vĂ©ritĂ© La question de la vĂ©ritĂ©, qui clĂŽt le groupement la raison et le rĂ©el », est une sorte de point de convergence de toutes les interrogations philosophiques. N’oubliez pas que la philosophie est l’amour et la recherche de la vĂ©ritĂ©. Ne cherchez pas Ă  minimiser la valeur de la vĂ©ritĂ©, Ă  relativiser son importance relativisme ». Pour le sens commun, une proposition ou une thĂ©orie est vraie » lorsqu’elle est conforme au rĂ©el et qu’elle peut ĂȘtre attestĂ©e par l’observation ou par l’expĂ©rimentation. Cette approche est aussi celle de la philosophie, mais jusqu’à un certain point seulement. Les philosophes nous ont appris, depuis Socrate, Ă  nous mĂ©fier d’une dĂ©finition trop Ă©troite, ou trop naĂŻve, de la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© est un fait de langage, et le langage est un systĂšme de conventions. Des conventions sont par dĂ©finition contestables. Et l’on observe en effet que les hommes ont beaucoup de mal Ă  s’entendre sur la dĂ©finition et sur les critĂšres de la et rĂ©alitĂ© Le langage courant confond souvent le vrai et le rĂ©el. Lorsque l’on dit la laine est vraie », cela veut dire qu’elle est authentique, donc rĂ©elle » au sens de naturelle » et non pas qu’elle dit la vĂ©ritĂ©, car une chose ne dit » rien et seul ce qui est dit » peut ĂȘtre vrai » ou faux ». La vĂ©ritĂ© ne concerne donc que le discours tenu par un homme, qui peut ĂȘtre vrai » conforme Ă  ce dont il tĂ©moigne ou faux » erronĂ© ou mensonger. Ainsi un homme politique qui dit la vĂ©ritĂ© ne peut ĂȘtre dĂ©menti par les faits. Mais le problĂšme se complique singuliĂšrement lorsque l’on parle de vĂ©ritĂ© scientifique » ou philosophique ». Car la rĂ©alitĂ© que la science prend pour objet la structure de l’atome ou l’espace-temps par exemple constitue en elle-mĂȘme un problĂšme. En science comme en philosophie des thĂ©ories se succĂšdent, constituant des reprĂ©sentations cohĂ©rentes d’une rĂ©alitĂ© qui ne va jamais de soi. La vĂ©ritĂ© est une construction, une fiction » efficace, plausible, et non pas le simple duplicata de la critĂšres de la vĂ©ritĂ© On ne sait donc pas dĂ©finir simplement la vĂ©ritĂ©. Platon observe dans le MĂ©non que si l’on savait ce qu’est la vĂ©ritĂ©, on n’aurait pas besoin de la rechercher, or cette recherche dĂ©finit la philosophie. A dĂ©faut de pouvoir dĂ©finir strictement la vĂ©ritĂ©, on se concentrera donc plutĂŽt sur la question de ses critĂšres Ă  quoi peut-on la reconnaĂźtre ? La premiĂšre rĂ©ponse est simple le critĂšre de la vĂ©ritĂ© est l’évidence » mais insatisfaisante, car une Ă©vidence sentiment de possĂ©der le vrai peut ĂȘtre trompeuse. La seconde rĂ©ponse est beaucoup plus probante la vĂ©ritĂ© doit ĂȘtre soit dĂ©montrĂ©e soit dĂ©montrable. Toutefois, l’histoire des idĂ©es nous apprend que certaines dĂ©monstrations » qui ont emportĂ© longtemps la conviction des savants ou des philosophes se sont avĂ©rĂ©es, pour finir, invalides. C’est le cas des fameuses dĂ©monstrations de l’existence de Dieu, rĂ©futĂ©es par Kant. Faut-il donc jeter l’éponge et adopter une position sceptique ? ».Valeur de la vĂ©ritĂ© On admet souvent aujourd’hui que la vĂ©ritĂ© est subjective », ce qui signifierait que ce qui est vrai pour moi est vrai ». On appelle relativisme » la doctrine selon laquelle toutes les opinions se valent, c’est-Ă -dire sont Ă©galement vraies, ou Ă©galement fausses, selon le point de vue. Par exemple l’opinion d’un nazi est vraie » pour un nazi mais fausse pour un dĂ©mocrate. La philosophie depuis son origine, ne cesse de combattre le relativisme. MĂȘme si la vĂ©ritĂ© est difficile Ă  dĂ©finir et Ă  Ă©laborer, mais il ne faut jamais abandonner l’exigence de vĂ©ritĂ©. Non seulement parce que la vĂ©ritĂ© est utile Ă  la vie tandis que le mensonge est funeste et dangereux. Mais aussi parce que le choix de la vĂ©ritĂ© constitue une orientation Ă©thique. La vĂ©ritĂ©, mĂȘme partielle, mĂȘme relative, mĂȘme provisoire, est en effet un terrain d’entente entre les hommes. Ce qui est vrai vaut pour tous, et c’est pourquoi les savants et les philosophes peuvent toujours dialoguer et tenter de s’entendre, par opposition aux fous et aux fanatiques qui estiment que leurs opinions ou leurs croyances relĂšvent d’un savoir absolu », c’est-Ă -dire non nĂ©gociable ni compatible avec aucun de dissertation A quoi reconnaĂźt-on un jugement vrai ? Peut-on rĂ©sister Ă  la vĂ©ritĂ© ? Toutes les opinions se valent-elles ? Laurence Hansen-Love La philosophie au bac et
LECHRETIEN ET LA DÎME. Je voudrais, en ce dĂ©but d'annĂ©e 2019, souhaiter Ă  tous et Ă  toutes, une annĂ©e de grande intimitĂ©, de communion et d'accomplissement avec le Seigneur notre PĂšre et notre Dieu.A prĂ©sent que je renoue avec mes lecteurs dans l'animation de ma page "Devoir de VĂ©ritĂ©", je voudrais partager avec vous cette autre vĂ©ritĂ© du Seigneur sur le privilĂšge dont
Avis du professeur Sujet classique sur la vĂ©ritĂ©. La subtilitĂ© tient Ă  la dimension morale introduite dans l'Ă©noncĂ© par le mot devoir. LE SUJET ET SON CORRIGE Le sujet et le corrigĂ© portant sur le Bac S - Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? est en cours de publication. 2022 Copyright France-examen - Reproduction sur support Ă©lectronique interdite CHAPITRE3.NOUS AVONS TOUS LE DROIT DE CHERCHER LA VÉRITÉ. 4. Maintenant donc que nous, catholiques, nous imitons la conduite de Cyprien, Ă©tudions la doctrine Ă©mise dans son concile. Que dit Cyprien? «Vous venez d'entendre, bien-aimĂ©s frĂšres, ce que notre collĂšgue Jubaianus nous Ă©crit, daignant nous consulter, malgrĂ© notre indignitĂ©, sur le baptĂȘme illicite et Augustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE?CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE? 14. Maintenant j'achĂšverai ce que j'ai commencĂ©; mais, sans chercher Ă  t'exposer en ce moment la foi catholique, je t'engagerai Ă  en scruter les mystĂšres, et pour cela je te ferai voir comment ceux qui s'intĂ©ressent Ă  leur Ăąme, peuvent espĂ©rer de la faveur divine trouver la vĂ©ritĂ©. Chacun sait que celui qui recherche la vraie religion, croit dĂ©jĂ  Ă  l'immortalitĂ© de l'Ăąme Ă  qui cette religion est utile, ou encore qu'il veut trouver cette immortalitĂ© dans la religion mĂȘme. Toute religion a donc l'Ăąme pour cause; car la nature 41 du corps, quelle qu'elle soit, n'inspire ni souci ni inquiĂ©tude, surtout aprĂšs la mort, Ă  celui dont l'Ăąme a en vue d'ĂȘtre heureuse. Ainsi donc la religion, mĂȘme la plus vraie, s'il en est une, a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  cause de l'Ăąme et de l'Ăąme seule. Mais cette Ăąme, nous verrons par quel motif, ce qui est fort obscur, je l'avoue; cette Ăąme commet des erreurs et des fautes, comme nous le voyons, jusqu'Ă  ce qu'elle atteigne et possĂšde la sagesse, et peut-ĂȘtre cette sagesse est-elle la vraie religion. Est-ce lĂ  te renvoyer Ă  des fables? Te forcĂ©-je Ă  croire quelque chose sans motif, au hasard? Je dis que notre Ăąme, entourĂ©e, enveloppĂ©e de toutes parts d'erreur et d'ignorance, cherche le chemin de la vĂ©ritĂ©, s'il en est un. Si les choses ne se passent pas ainsi en toi, pardonne-moi mon langage, et fais-moi part de ta sagesse, je te prie; mais si tu reconnais en toi ce que je dis lĂ , examinons la vĂ©ritĂ© ensemble. 15. Figure-toi que jusqu'ici nous n'avons entendu personne encore nous parler de la religion. C'est lĂ  pour nous une chose nouvelle, une affaire Ă  examiner. Sans doute que s'il existe une religion, il faut chercher des maĂźtres qui nous l'enseignent. Suppose que nous en avons trouvĂ© n'ayant pas les mĂȘmes idĂ©es, et dĂ©sirant nous attirer Ă  eux par des opinions diffĂ©rentes, mais qu'il en est quelques-uns dont la renommĂ©e pour le moment brille entre tous, et occupe l'attention de presque tous les peuples. C'est une grande question de savoir si ces derniers possĂšdent la vĂ©ritĂ©; mais ne faut-il pas tout d'abord les connaĂźtre, pour que notre erreur, bien naturelle, puisque nous sommes mortels, semble, tant qu'elle durera, partagĂ©e par le genre humain lui-mĂȘme? 16. Mais, diras-tu, la vĂ©ritĂ© ne se trouve que chez un petit nombre d'hommes. Tu sais donc dĂ©jĂ  ce qu'elle est, si tu sais chez qui elle est. Ne t'avais-je pas dit, il y a un instant, de la chercher avec moi comme si nous Ă©tions des novices? D'aprĂšs la nature mĂȘme de la vĂ©ritĂ©, tu penses donc que peu d'hommes la possĂšdent, mais tu ne sais pas qui ils sont; eh quoi? ces hommes peu nombreux qui connaissent le vrai, n'exercent-ils pas sur la multitude une autoritĂ© puissante, et ne voit-on pas de cette multitude sortir un petit nombre d'hommes seulement, capables de pĂ©nĂ©trer ces mystĂšres? Ne voyons-nous pas combien est petit le nombre de ceux qui atteignent Ă  la haute Ă©loquence, bien que dans tout l'univers les Ă©coles des rhĂ©teurs soient frĂ©quentĂ©es par une foule bruyante de jeunes gens? Est-ce que, effrayĂ©s de la multitude des ignorants, ceux qui veulent devenir de bons orateurs, croient devoir Ă©tudier les discours de CĂ©cilius ou d'Erucius plutĂŽt que ceux de CicĂ©ron? Tous vont aux oeuvres que le tĂ©moignage de nos pĂšres a consacrĂ©es. La foule des ignorants cherche Ă  s'instruire des mĂȘmes choses que le petit nombre des savants a cru devoir apprendre; mais fort peu les comprennent, bien moins encore les pratiquent, quelques-uns seulement s'y distinguent. La vraie religion ne serait-elle pas quelque chose de semblable?La multitude des ignorants ne frĂ©quente-t-elle pas les Ă©glises, sans ĂȘtre pour cela une preuve que personne d'entre eux soit profondĂ©ment versĂ© dans les mystĂšres de la foi? Et cependant, si ceux qui Ă©tudient l'Ă©loquence Ă©taient aussi peu nombreux que les hommes Ă©loquents, jamais nos parents ne croiraient devoir nous confier Ă  de pareils maĂźtres. Ainsi donc, puisque la multitude qui se compose en grande partie d'ignorants, nous invite Ă  ces Ă©tudes, et nous fait aimer ce qui ne peut ĂȘtre que le partage d'un petit nombre, pourquoi, quand il s'agit de la religion, ne pas accepter un motif semblable, et le mĂ©priser peut-ĂȘtre au grand prĂ©judice de notre Ăąme? Si le petit nombre de ceux qui pratiquent le culte de Dieu dans toute sa vĂ©ritĂ© et sa sincĂ©ritĂ©, voient cependant leurs opinions partagĂ©es par la multitude, malgrĂ© les passions,qui l'entraĂźnent et l'obscuritĂ© de son intelligence, ce dont on ne saurait douter; je te le demande, que pourrions-nous rĂ©pondre Ă  celui qui blĂąmerait notre lĂ©gĂšretĂ© et notre indolence, et qui nous verrait si peu empressĂ©s Ă  Ă©couter les docteurs sur des vĂ©ritĂ©s que nous avons Ă  coeur de connaĂźtre? La multitude m'a retenu? Mais pourquoi, s'il s'agit d'Ă©tudier les arts libĂ©raux, qui sont Ă  peine de quelque utilitĂ© pour la vie prĂ©sente, ou d'amasser de l'argent, ou d'arriver aux honneurs, ou d'acquĂ©rir et de conserver une bonne santĂ©, ou de jouir enfin des douceurs de la vie, pourquoi, quand tous se livrent Ă  des soins si rarement couronnĂ©s d'un plein succĂšs, n'en est-on pas dĂ©tournĂ© par la multitude? 17. Mais dans ces livres il y a des absurditĂ©s. Qui l'affirme? Des ennemis de l'Eglise sans doute; pour quel motif, pour quelle 42 raison, peu importe; il ne s'agit pas de cela maintenant, il suffit que ce soient des ennemis. Eu les lisant, j'ai pu en juger par moi-mĂȘme. Eh quoi! si tu n'entendais rien Ă  l'art des poĂštes, tu n'oserais pas toucher Ă  TĂ©rentianus Maurus sans le secours d'un maĂźtre; on a recours Ă  Asper, Ă  Cornutus, Ă  Donatus, et Ă  une foule d'autres, pour pouvoir entendre le premier venu de ces poĂštes dont les piĂšces obtiennent les applaudissements du théùtre; et quand il s'agit de ces livres qui, tout dĂ©criĂ©s qu'ils peuvent ĂȘtre, n'en sont pas moins saints et remplis de choses divines, de l'aveu du genre humain tout entier; tu te jettes dessus sans guide, tu oses porter sur eux un jugement sans consulter un maĂźtre; et si tu rencontres certaines choses qui paraissent absurdes, tu n'en accuses pas ton incapacitĂ© et la corruption dont ce monde a souillĂ© ton Ăąme et celle de tous les insensĂ©s; tu prĂ©fĂšres t'en prendre Ă  ces livres qui ne sauraient ĂȘtre entendus par des personnes de ton caractĂšre!Cherche un homme Ă  la fois pieux et instruit, ou qui, de l'avis d'un grand nombre, soit rĂ©putĂ© tel que ses leçons puissent te rendre meilleur et sa science plus habile. Tu ne le trouves pas facilement? Donne-toi de la peine pour le trouver. Il n'y en a pas dans le pays que tu habites? Quel motif pourrait te faire entreprendre un voyage plus utile? On n'en connaĂźt point du tout, ou bien il n'y en a pas sur le continent? Prends la mer. Situ n'en trouves point au rivage oĂč tu dĂ©barqueras, va-t-en jusqu'en ces contrĂ©es oĂč se sont passĂ©s, dit-on, les Ă©vĂ©nements contenus dans ces livres. Est-ce lĂ  ce que nous avons fait, mon cher Honorat? Et cependant cette religion peut-ĂȘtre trĂšs-sainte car j'en parle encore comme si c'Ă©tait chose douteuse, dont le culte a dĂ©jĂ  envahi l'univers tout entier, nous autres, chĂ©tifs enfants, nous avons portĂ© sur elle une sentence de condamnation 1 Mais si ces dĂ©tails qui, dans ces mĂȘmes Ecritures, semblent blesser quelques ignorants, ont Ă©tĂ© placĂ©s lĂ  pour que, en lisant des choses qui rĂ©pugnent au bon sens d'un homme quelconque, Ă  plus forte raison d'un homme sage et saint, nous en cherchions avec beaucoup plus de soin la secrĂšte signification? Ne vois-tu pas comment on cherche Ă  interprĂ©ter le mignon des Bucoliques, qui a dĂ©daignĂ©, un berger grossier; et comme on prĂ©tend que le jeune Alexis, sur lequel Platon passe pour avoir fait un poĂšme Ă©rotique, signifie quelque chose de grand, mais qui Ă©chappe au discernement des ignorants? On veut ainsi qu'un grand poĂšte ait pu faire entendre sans aucune impiĂ©tĂ© des chants licencieux. 18. Mais qui pouvait rĂ©ellement nous arrĂȘter et empĂȘcher nos recherches? Etait-ce la teneur de quelque loi, ou la puissance de nos adversaires, ou un caractĂšre vil chez les prĂȘtres, ou un renom fĂącheux, ou la nouveautĂ© de l'institution, ou un culte pratiquĂ© en secret? Rien de tout cela. Toutes les lois divines et humaines permettent de rechercher la foi catholique. Quant Ă  la conserver et Ă  la pratiquer, c'est chose autorisĂ©e, du moins parla loi humaine, si on ne sait encore ce que permet la loi divine tant qu'on est dans l'erreur. Notre faiblesse n'a pas Ă  craindre d'ennemi; du reste, si en cherchant la vĂ©ritĂ© et le salut de notre Ăąme par les voies les plus sĂ»res, nous ne pouvons y arriver, nous n'en devons pas moins poursuivre ce but Ă  travers tous les dangers. Toutes les dignitĂ©s, toutes les charges se dĂ©vouent avec ardeur Ă  ce culte divin; le nom de la religion est ce qu'il y a de plus honorable et de plus Ă©clatant. Qui empĂȘche enfin de voir et d'examiner avec un soin pieux, si cette religion est celle que nĂ©cessairement peu d'hommes connaissent et gardent dans toute sa puretĂ©, bien que tous les peuples manifestent pour elle des dispositions favorables? 19. Les choses Ă©tant ainsi, suppose, comme je l'ai dit, que,nous cherchions pour la premiĂšre fois la religion qui doit purifier et fortifier nos Ăąmes; sans aucun doute, il faut commencer par l'Eglise catholique. En effet, les chrĂ©tiens sont dĂ©jĂ  plus nombreux que les juifs rĂ©unis aux adorateurs des idoles. Or, ces mĂȘmes chrĂ©tiens, bien qu'il ait parmi eux plusieurs hĂ©rĂ©sies, que tous les sectaires prĂ©tendent ĂȘtre catholiques; et donnent le nom d'hĂ©rĂ©tiques Ă  ceux qui ne pensent pas comme eux, ces chrĂ©tiens, d'un avis unanime, forment une seule Eglise; et cette Eglise, Ă  considĂ©rer l'univers entier, est plus nombreuse, et, comme l'affirment ceux qui la connaissent, possĂšde une vĂ©ritĂ© plus pure que toutes les autres. Il ne s'agit pas ici de cette question de la vĂ©ritĂ©; ce qui suffit pour nos recherches, c'est que la seule Eglise catholique est celle Ă  laquelle les autres sectes donnent des noms divers, tandis qu'elles-mĂȘmes ont chacune une dĂ©signation propre qu'elles n'osent 43 repousser. On peut voir par lĂ , quand nulle influence n'agit sur nos jugements, Ă  quelle Ă©glise doit ĂȘtre attribuĂ© ce nom de catholique, objet de l'ambition de toutes. Mais, pour ne pas entrer inutilement dans une discussion fort longue et superflue, disons que l'Église catholique est certainement la seule oĂč les lois humaines elles -mĂȘmes sont aussi en quelque façon des lois chrĂ©tiennes. Je ne veux tirer de lĂ  aucune conclusion prĂ©judiciable; je me borne Ă  y voir un point de dĂ©part trĂšs-favorable pour nos recherches. Il n'est pas Ă  craindre que le vrai culte de Dieu soit dĂ©pourvu de toute force propre et ait besoin d'ĂȘtre soutenu par ceux qu'il doit au contraire soutenir; et certainement il est trĂšs-heureux que l'on puisse trouver la vĂ©ritĂ©, lĂ  oĂč il n'y a aucun danger ni Ă  la chercher ni Ă  la conserver; si on ne peut la trouver lĂ , c'est alors qu'il faut, au mĂ©pris de tous les dangers, aller la chercher VIII. COMMENT L'AUTEUR EST DEVENU CATHOLIQUE. 20. Les choses ainsi Ă©tablies, et, Ă  mon avis, elles sont si justes que je dois gagner ma cause auprĂšs de toi, quel que soit mon adversaire, je vais te faire connaĂźtre, autant que possible, la route que j'ai suivie, alors que je cherchais la vraie religion dans cet esprit qui doit, comme je viens de l'exposer, prĂ©sider Ă  cette recherche. DĂšs que je vous eus quittĂ©s et que j'eus traversĂ© la mer, je me sentis hĂ©sitant, incertain de ce que je devais croire, de ce que je devais rejeter. Cette hĂ©sitation augmenta de jour en jour du moment oĂč j'entendis cet homme, dont l'arrivĂ©e nous Ă©tait promise, tu le sais, comme celle d'un envoyĂ© du ciel, destinĂ© Ă  lever tous nos doutes, cet homme enfin qu'Ă  part une certaine Ă©loquence, j'ai reconnu ĂȘtre tel que les autres hommes. Je me mis Ă  rĂ©flĂ©chir en moi-mĂȘme, Ă  dĂ©libĂ©rer longuement, dans cette Italie oĂč j'habitais, me demandant, non pas si je resterais dans cette secte oĂč je me repentais de m'ĂȘtre engagĂ©, mais de quelle maniĂšre je trouverais la vĂ©ritĂ©, pour laquelle, tu le sais mieux que personne, j'ai versĂ© tant de soupirs. Souvent cette vĂ©ritĂ© me semblait ne pouvoir ĂȘtre trouvĂ©e, et, dans le tumulte de mes pensĂ©es, je me sentais entraĂźner vers la philosophie acadĂ©mique. Puis, me reprenant Ă  considĂ©rer de toutes mes forces l'esprit humain, si vif, si pĂ©nĂ©trant, si perspicace, je me disais que, si la vĂ©ritĂ© lui restait cachĂ©e, c'Ă©tait uniquement parce que le moyen de la chercher restait cachĂ© en elle, et qu'il fallait demander ce moyen lui-mĂȘme Ă  quelque autoritĂ© divine. Restait Ă  savoir quelle Ă©tait cette autoritĂ©, puisque, dans ce conflit d'opinions, chacun promettait de la faire connaĂźtre. Devant moi se prĂ©sentait donc une forĂȘt d'opinions sans issue, dans laquelle je regrettais beaucoup de m'ĂȘtre engagĂ©; et, pendant ce temps, mon esprit Ă©tait tourmentĂ© sans repos ni trĂȘve du dĂ©sir de trouver la vĂ©ritĂ©. Toutefois, je me dĂ©tachais de plus en plus des ManichĂ©ens que j'avais rĂ©solu d' une situation si pĂ©rilleuse, il ne me restait qu'Ă  supplier avec des larmes et d'une. voix lamentable la divine Providence de me' prĂȘter secours. C'est ce que je faisais assidĂ»ment, et dĂ©jĂ  quelques entretiens de l'Ă©vĂȘque de Milan m'avaient Ă  peu prĂšs Ă©branlĂ©, de sorte que je dĂ©sirais, non sans quelque espoir, Ă©tudier dans l'Ancien Testament mĂȘme, bien des passages qu'on nous avait fort mal prĂ©sentĂ©s, comme tu le sais, et que nous avions en horreur. J'avais enfin rĂ©solu d'ĂȘtre catĂ©chumĂšne dans l'Ă©glise oĂč j'avais Ă©tĂ© Ă©levĂ© par mes parents, jusqu'Ă  ce. que je pusse trouver ce que je dĂ©sirais, ou me persuader qu'il fallait renoncer Ă  mes recherches. Aussi eĂ»t-il trouvĂ© en moi un disciple bien prĂ©parĂ© et fort docile, le maĂźtre qui, Ă  cette Ă©poque, aurait pu m'instruire. Si donc tu vois que ton Ăąme ait Ă©tĂ© agitĂ©e longtemps comme la mienne et par des soucis semblables, s'il te semble que tu aies dĂ©jĂ  Ă©tĂ© assez ballottĂ©, si enfin tu veux mettre un terme aux ennuis de cette espĂšce; suis la voie de la doctrine catholique, qui est venue de JĂ©sus-Christ lui-mĂȘme par les ApĂŽtres jusqu'Ă  nous, et qui passera de nous aux gĂ©nĂ©rations IX. ÊTRE CROYANT ET ÊTRE CRÉDULE. 21. C'est lĂ  une chose ridicule, diras-tu, puisque tous prĂ©tendent possĂ©der cette doctrine et l'enseigner. - Que tous les hĂ©rĂ©tiques aient cette prĂ©tention, je ne puis le nier; mais en mĂȘme temps ils promettent Ă  ceux qu'ils veulent sĂ©duire, de rendre raison des choses les plus obscures, et par suite ils blĂąment surtout l'Église catholique d'imposer Ă  44 ceux qui viennent Ă  elle l'obligation de croire, tandis qu'eux se glorifient de ne pas imposer le joug de la foi, et d'ouvrir au contraire les sources de la science. Que peut-on avancer, me diras-tu, qui soit plus Ă  leur avantage? C'est une erreur. Leurs promesses ne reposent sur rien de solide; ils n'ont en vue que de se concilier la foule Ă  l'aide de ce mot, la raison. Naturellement l'esprit humain aime qu'on lui tienne ce langage, et sans considĂ©rer son Ă©tat de force et de santĂ©, il veut vivre comme s'il Ă©tait bien portant, d'une nourriture qui ne convient qu'aux forts, et il court aux poisons que lui verse le mensonge. Pour la vraie religion, Ă  moins de croire d'abord ce que chacun admet ensuite et comprend, s'il se conduit bien et s'il se montre digne d'elle, en un mot, Ă  moins de se soumettre Ă  quelque autoritĂ© imposante, il est impossible de s'en bien pĂ©nĂ©trer. 22. Mais peut-ĂȘtre ici dĂ©sires-tu avoir un motif pour te persuader que la foi doit avant la raison te servir de maĂźtre. La chose est facile, si toutefois tu m'Ă©coutes sans prĂ©vention. Mais, pour plus de commoditĂ©, je dĂ©sire que tu rĂ©pondes Ă  mes questions, et d'abord que tu me dises pourquoi il te semble que la foi doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e. Parce que, diras-tu, la crĂ©dulitĂ© mĂȘme, d'oĂč vient le mot crĂ©dule, me semble ĂȘtre un dĂ©faut, sans quoi nous n'emploierions pas ce terme comme nous le faisons, dans un sens injurieux. Car si l'homme soupçonneux est rĂ©prĂ©hensible en ce qu'il soupçonne ce qui ne lui est pas dĂ©montrĂ©, combien est plus rĂ©prĂ©hensible l'homme crĂ©dule, qui ne diffĂšre du soupçonneux qu'en ce que l'un hĂ©site Ă  admettre ce qu'il ne connaĂźt pas, tandis que l'autre n'hĂ©site Pour le moment, j'admets cette opinion et cette distinction. Mais tu sais aussi que le mot curieux ne s'emploie guĂšre sans une idĂ©e de reproche, tandis que le mot studieux implique au contraire une idĂ©e d'Ă©loge. Voyons donc, si tu veux bien, la diffĂ©rence qu'il y a aussi pour toi entre ces deux termes. Tu rĂ©pondras sans doute que, bien que leur conduite Ă  tous deux soit inspirĂ©e par un grand dĂ©sir de savoir, cependant le curieux s'enquiert de choses qui ne le regardent pas, tandis que le studieux s'enquiert de choses qui le regardent. Mais un homme Ă©videmment est intĂ©ressĂ© au salut de sa femme et de ses enfants; eh bien! que cet homme, se trouvant en pays Ă©tranger, demande avec empressement Ă  tous ceux qui arrivent, comment se portent et ce que font sa femme et ses enfants, assurĂ©ment il est mĂ» par un grand dĂ©sir de connaĂźtre; et cependant nous ne l'appelons pas studieux, cet homme qui dĂ©sire vivement connaĂźtre, et connaĂźtre des choses qui l'intĂ©ressent au plus haut point. Tu vois donc que cette dĂ©finition du mot studieux, n'a rien de solide, puisque tout homme studieux vent connaĂźtre, il est vrai, des choses qui le concernent, mais que tous ceux qui agissent ainsi, ne peuvent ĂȘtre appelĂ©s de ce nom; il s'applique Ă  celui qui s'enquiert avec empressement de ce qui peut nourrir noblement et embellir son Ăąme. Cependant, nous appelons bien quelqu'un studens, surtout quand nous ajoutons ce qu'il dĂ©sire entendre dire. On peut aussi appeler studiosus suorum, celui qui n'aime que les siens; toutefois, si l'on n'ajoute pas un complĂ©ment, je ne,pense pas que l'on puisse dire en gĂ©nĂ©ral studiosus. Je ne dirais pas d'un homme dĂ©sireux d'apprendre ce que font les siens, qu'il est studiosus audiendi, Ă  moins que la joie d'apprendre une bonne nouvelle ne lui fĂźt souvent dĂ©sirer qu'on la lui rĂ©pĂ©tĂąt; mais je dirais qu'il est studens, ne posĂąt-il la question qu'une fois. Revenons maintenant au mot curiosus, et dis-moi si quelqu'un aimait entendre un conte qui ne lui servĂźt absolument Ă  rien, c'est-Ă -dire qui ne le concernĂąt pas, et cela, sans le demander d'une façon fatigante et souvent, mais fort rarement, fort tranquillement, Ă  table, ou dans quelque cercle, ou dans quelque rĂ©union, te paraĂźtrait-il curiosus? Je ne le pense pas; mais il te paraĂźtrait certainement soucieux de la chose qu'il aimerait entendre raconter. La dĂ©finition du mot curiosus doit donc ĂȘtre modifiĂ©e aussi de la mĂȘme façon que celle du mot studiosus. Vois s'il n'en est pas de mĂȘme des termes employĂ©s prĂ©cĂ©demment. Ne doit-on pas Ă©viter d'appeler soupçonneux celui qui a quelquefois quelque soupçon, et crĂ©dule celui qui croit quelquefois Ă  quelque chose? Ainsi, de mĂȘme qu'il y a une grande diffĂ©rence entre l'homme qui dĂ©sire quelque chose, et l'homme gĂ©nĂ©ralement dĂ©sireux, et aussi entre l'homme qui s'occupe d'une chose et l'homme curieux, il y en a une trĂšs-grande aussi, entre l'homme qui croit et l'homme X. LA FOI EST A LA PORTÉE DE TOUS. 23. Mais, diras-tu, voyons maintenant s'il faut croire quand il s'agit de la religion. Car si nous accordons que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont deux choses diffĂ©rentes, il ne s'ensuit pas que croire, quand il s'agit de religion, ne soit pas blĂąmable. Ne pourrait-on pas dire que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont mauvais tous deux, comme ĂȘtre ivre et1ĂȘtreivrogne? - Quand on a une pareille opinion, on ne peut selon moi avoir d'ami. Si en effet il est honteux de croire quelque chose, ou bien on a tort de donner sa confiance Ă  un ami, ou bien, en ne lui donnant pas sa confiance, je ne vois pas comment on appellera du nom d'ami ou soi-mĂȘme ou quelque autre. Ici tu me diras peut-ĂȘtre j'avoue que quelquefois il faut croire; mais fais-moi voir qu'en fait de religion, il n'y a pas de honte Ă  croire avant de savoir. - Je vais essayer, si je puis. Je te demanderai donc ce que tu crois ĂȘtre le plus blĂąmable, d'enseigner la religion Ă  un homme indigne, ou de croire ce que disent ceux qui l'enseignent. Tu ne comprends peut-ĂȘtre pas ce que j'entends par indigne; j'appelle ainsi l'homme qui vient Ă  la religion avec un coeur dissimulĂ©. Tu m'accorderas, je pense, qu'il y a bien plus de mal Ă  dĂ©couvrir Ă  un tel homme les saints mystĂšres, qu'Ă  avoir confiance en des hommes religieux qui affirment quelque chose sur la religion mĂȘme. En effet, ce serait mal Ă  toi de rĂ©pondre autrement. Suppose maintenant que tu as devant toi un homme qui va L'apprendre la religion; de quelle maniĂšre lui prouveras-tu que tu vas l'Ă©couter avec sincĂ©ritĂ©, et qu'il n'y a en toi ni mauvaise foi ni feinte en ce qui a trait Ă  la religion? Tu diras, la main sur la conscience, que tu es parfaitement sincĂšre, tu l'affirmeras avec des paroles de toutes tes forces, mais enfin ce ne seront que des paroles. Car tu ne saurais ouvrir Ă  ton semblable le fond de ton Ăąme pour qu'il y lise dans les replis les plus intimes. Mais s'il te dit En vĂ©ritĂ© je vous crois; or n'est-il pas plus juste que vous me croyiez aussi, puisque vous allez recevoir de moi un bienfait, s'il est vrai que je possĂšde quelque chose de la vĂ©ritĂ©? Ne rĂ©pondras-tu pas que tu dois le croire? 24. Mais, diras-tu, ne vaudrait-il pas mieux me donner la raison des choses, afin que, partout oĂč cette raison me conduirait, je puisse la suivre sans craindre de m'Ă©garer? C'est possible, mais il est bien difficile que tu arrives Ă  la connaissance de Dieu par la raison. Dis-moi en effet, crois-tu tous les hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on conduit l'esprit humain Ă  l'intelligence de la divinitĂ©? ou bien y en a-t-il un certain nombre, ou seulement fort peu? Fort peu, je crois, diras-tu. Crois-tu ĂȘtre du nombre? Tu diras ce n'est pas Ă  moi Ă  rĂ©pondre Ă  cette question. Tu crois donc que c'est encore ici au maĂźtre Ă  te croire, ce qu'il fait du reste. Rappelle-toi seulement qu'il t'a dĂ©jĂ  cru deux fois sans ĂȘtre certain de ta vĂ©racitĂ©, et toi, alors qu'il te parle,de religion, tu ne veux mĂȘme pas le croire une seule fois! Mais supposons que tu viennes avec toute la sincĂ©ritĂ© de l'Ăąme prendre des leçons sur la religion, et que tu sois du petit nombre de ces hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on arrive Ă  la connaissance certaine de la nature divine; les autres hommes qui ne sont pas douĂ©s d'un esprit aussi heureux, devra-t-on leur refuser l'entrĂ©e de la religion, ou bien les conduire lentement et par degrĂ©s jusqu'au fond du sanctuaire? Tu vois tout de suite combien ce dernier parti est plus religieux. En effet, nul homme, dĂ©sireux d'une chose aussi importante, ne saurait mĂ©riter Ă  tes yeux qu'on l'abandonne ou qu'on le repousse. Mais n'es-tu pas d'avis que si cet homme ne croit d'abord parvenir Ă  son but, s'il ne recoure Ă  la priĂšre, et ne se purifie par un certain genre de vie en se soumettant Ă  quelques prĂ©ceptes Ă©levĂ©s et nĂ©cessaires, il ne saurait comprendre une doctrine qui est la vĂ©ritĂ© pure? C'est ta pensĂ©e sans doute. Eh bien l ces autres hommes dans la classe desquels je veux bien te ranger, qui peuvent par une raison infaillible saisir trĂšs-facilement les secrets divins, quel inconvĂ©nient pour eux d'arriver par le chemin que suivent ceux qui commencent par croire? Aucun assurĂ©ment. Mais cependant, diras-tu, Ă  quoi bon les retarder? Parce que, si leur conduite rie leur nuit pas Ă  eux-mĂȘmes, leur exemple ne laisserait pas de nuire aux autres. Car bien peu d'hommes sentent ce dont ils sont vraiment capables le pusillanime a besoin d'ĂȘtre poussĂ©, le prĂ©somptueux, d'ĂȘtre retenu; afin que l'un ne succombe pas au dĂ©sespoirs et que l'autre ne soit pas emportĂ© par sa tĂ©mĂ©ritĂ©; ce qui est 46 facile Ă  obtenir, si ceux mĂȘmes qui peuvent voler, sont obligĂ©s, pour n'ĂȘtre pas un stimulant dangereux, de marcher quelque temps dans la voie qui offre aux autres pleine est la prĂ©voyance de la vraie religion; tel est l'ordre de la divinitĂ©, telle est la tradition de la bienheureuse antiquitĂ©, tradition conservĂ©e jusqu'Ă  nous. Vouloir y porter le trouble et le dĂ©sordre, c'est tout simplement chercher une voie sacrilĂšge pour arriver Ă  la vraie religion. Ceux qui agissent ainsi ne peuvent arriver Ă  leur but, quand mĂȘme on admettrait leurs prĂ©tentions. Eussent-ils en effet le gĂ©nie le plus Ă©levĂ©, si Dieu ne les soutient, ils rampent Ă  terre. Or, Dieu nous soutient si, quand nous cherchons Ă  le connaĂźtre, nous ne perdons pas de vue la sociĂ©tĂ© humaine. Il n'y a pas pour pĂ©nĂ©trer dans les secrets du ciel de moyen plus sĂ»r que celui-lĂ . Pour loi, je n'ai rien Ă  rĂ©pandre Ă  une pareille raison. Comment dire en effet que l'on ne doit jamais croire sans connaĂźtre, puisque, Ă  moins de croire quelque chose qui ne peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© d'une maniĂšre positive, il n'y a pas d'amitiĂ© possible, et que souvent les maĂźtres ajoutent foi aux comptes de leurs esclaves sans encourir de reproche? Or, quand il s'agit de la religion, quoi de plus Ă©trange que de voir les prĂȘtres du Seigneur nous croire, alors que nous leur promettons de les Ă©couter sincĂšrement, tandis que nous, nous ne voulons pas croire Ă  ce qu'ils enseignent? Enfin peut-il y avoir une voie plus salutaire que de se mettre d'abord en Ă©tat de comprendre la vĂ©ritĂ©, en ajoutant foi Ă  des choses que la volontĂ© divine a Ă©tablies pour prĂ©parer et prĂ©disposer notre Ăąme? ou bien, si l'on est dĂ©jĂ  parfaitement propre Ă  comprendre la vĂ©ritĂ©, d'avancer quelque temps sur une voie parfaitement sĂ»re, plutĂŽt que d'ĂȘtre pour soi-mĂȘme une cause de danger, et pour les autres un exemple de tĂ©mĂ©ritĂ©?CHAPITRE 11. L'INTELLIGENCE, LA FOI ET L'OPINION. 25. Reste Ă  considĂ©rer pour quel motif ne doivent pas ĂȘtre suivis ceux qui promettent de nous conduire par 1a raison. DĂ©jĂ  nous avons dit comment on peut, sans ĂȘtre blĂąmable, suivre ceux qui nous ordonnent de croire; quant Ă  ces panĂ©gyristes de la raison, quelques personnes pensent qu'en allant Ă  eux, loin de mĂ©riter des reproches, elles font au contraire une action louable. Mais c'est une erreur. Il y a dans la religion deux sortes de gens dignes d'Ă©loge les uns qui ont dĂ©jĂ  trouvĂ© la vĂ©ritĂ©, et ceux-lĂ , il faut les considĂ©rer aussi comme trĂšs-heureux; les autres qui la cherchent avec beaucoup d'ardeur et de loyautĂ©. Les premiers sont donc dĂ©jĂ  en possession de la vĂ©ritĂ©, les autres sont seulement sur le chemin, mais avec la certitude d'y arriver. Le reste des hommes forme trois classes, qui toutes ne mĂ©ritent que la rĂ©probation et l'anathĂšme. L'une est celle des hommes qui n'ont que des opinions, c'est-Ă -dire, qui croient savoir ce qu'ils ne savent pas La seconde comprend ceux qui sentent, il est vrai, qu'ils ne savent pas, mais qui ne s'occupent pas des moyens de trouver. La troisiĂšme se compose de ceux qui, sans se figurer qu'ils savent, ne veulent pas chercher. Il y a pareillement dans les esprits humains trois faits analogues et bien dignes d'ĂȘtre remarquĂ©s; ce sont comprendre, croire, penser. A les considĂ©rer en eux-mĂȘmes, le premier n'est jamais blĂąmable, le second l'est quelquefois seulement, le troisiĂšme toujours. En effet, il y a un grand bonheur Ă  comprendre les choses grandes, honnĂȘtes, divines. Comprendre des choses superflues ne nuit en rien; seulement on s'est peut-ĂȘtre fait tort en les apprenant, parce qu'on leur a sacrifiĂ© des Ă©tudes nĂ©cessaires. Pour les choses nuisibles, il est malheureux non de les comprendre, mais de les commettre ou de les subir. Qu'un homme sache comment ses ennemis peuvent ĂȘtre tuĂ©s sans danger pour lui, ce n'est pas le fait de savoir, c'est le dĂ©sir qui le rend coupable; s'il n'a pas ce dĂ©sir, qu'y a-t-il de plus innocent que lui? Quant au fait de croire, il est blĂąmable lorsque -l'on croit sur Dieu quelque chose d'indigne de lui, ou que l'on croit sur l'homme Ă  la lĂ©gĂšre. Dans tout le reste on n'est pas blĂąmable de croire quelque chose, si on comprend qu'on ne sait pas cette chose. Je crois, par exemple, que des scĂ©lĂ©rats conjurĂ©s contre Rome ont pĂ©ri jadis, grĂące au courage de CicĂ©ron; or non-seulement je ne sais pas cela, mais mĂȘme je sais positivement qu'il m'est impossible de le savoir. Quant Ă  se faire des opinions, c'est pour deux motifs une chose trĂšs-blĂąmable, parce qu'on ne peut apprendre quand on s'est persuadĂ© qu'on sait dĂ©jĂ , si toutefois la chose peut ĂȘtre apprise; et que par elle-mĂȘme la lĂ©gĂšretĂ© est le signe d'un 47 esprit mal fait. Un homme a beau croire qu'il sait le trait que je viens de citer sur CicĂ©ron, du reste rien ne l'empĂȘche d'apprendre ce trait, bien qu'il soit impossible d'en constater la certitude scientifique,, comme il ne comprend pas qu'il y a une grande diffĂ©rence entre connaĂźtre une chose par un procĂ©dĂ© certain de l'intelligence, ce que nous appelons comprendre, et confier utilement cette chose Ă  la renommĂ©e ou aux lettres pour qu'elle soit crue de la postĂ©ritĂ©, cet homme certainement se trompe, et il n'est pas d'erreur qui n'entraĂźne un blĂąme. Ainsi donc, ce que nous comprenons, nous le devons Ă  la raison; ce que nous croyons, Ă  l'autoritĂ©; ce que nous nous figurons, Ă  l'erreur. Mais tout homme qui comprend, croit; il en est de mĂȘme de quiconque se figure une chose; tandis que l'homme qui croit ne comprend pas toujours, et que celui qui se figure une chose ne comprend jamais. Si donc nous rapprochons ces trois choses des cinq espĂšces de gens dont nous avons parlĂ© un peu plus haut, et dont les deux premiĂšres mĂ©ritent les Ă©loges, tandis que les trois autres sont blĂąmables; nous trouvons que la premiĂšre espĂšce, celle des heureux, croit Ă  la vĂ©ritĂ©, et que la seconde espĂšce, composĂ©e d'hommes dĂ©sireux et amateurs de la vĂ©ritĂ©, croit Ă  l'autoritĂ©. Chez ces deux espĂšces d'hommes la croyance est la premiĂšre classe des gens blĂąmables, composĂ©e de ceux qui se figurent savoir ce qu'ils ne savent pas, il y a certainement une crĂ©dulitĂ© rĂ©prĂ©hensible. Les deux autres classes qui mĂ©ritent la rĂ©probation, ne croient rien ce sont ceux qui cherchent la vĂ©ritĂ© sans espoir de la trouver, et ceux qui ne la cherchent pas du tout. Il ne s'agit ici que de choses qui ont rapport Ă  quelque science; car dans tout le reste de la vie, je ne vois pas comment un homme pourrait ne rien croire. Du reste ceux qui dans leurs actes disent qu'ils n'admettent que des probabilitĂ©s, veulent plutĂŽt passer pour ne pouvoir rien savoir que pour ne rien croire. Qui en effet ne croit pas ce qu'il approuve? ou comment ce qu'on admet, si on ne l'approuve pas, peut-il ĂȘtre probable? Ainsi donc on peut compter deux espĂšces d'adversaires de la vĂ©ritĂ© l'une comprend ceux qui attaquent la science seule ment, mais non la foi; l'autre ceux qui condamnent ces deux choses. Ces derniers toutefois peuvent-ils se rencontrer dans la vie humaine, je l'ignore encore. Si je suis entrĂ© dans ces dĂ©tails, c'est pour que nous voyions bien qu'avec la foi, mĂȘme aux choses que nous ne comprenons pas encore, nous Ă©chappons Ă  la lĂ©gĂšretĂ© des sceptiques. Car ceux qui disent qu'il ne faut rien croire que ce que nous savons, ne songent qu'Ă  se prĂ©munir contre cette qualification de sceptiques, qualification triste et honteuse, il faut l'avouer. Mais s'ils considĂ©raient attentivement qu'il y a une grande diffĂ©rence entre se figurer que l'on sait, et croire sur la foi de quelque autoritĂ© ce, qu'on voit que l'on ne sait pas, ils Ă©viteraient certainement tout reproche d'erreur, d'arrogance et d' XII. LA SOCIÉTÉ HUMAINE REPOSE SUR LA FOI. 26. Je le demande en effet si l'on ne doit pas croire ce qu'on ne sait pas, comment des enfants seront-ils soumis Ă  leurs parents, et rendront-ils affection pour affection Ă  des personnes qu'ils ne croiront pas ĂȘtre les auteurs de leurs jours? Car c'est lĂ  une chose que la raison est impuissante Ă  faire connaĂźtre. En ce qui concerne le pĂšre, on croit sur l'intervention et l'autoritĂ© de la mĂšre; pour la mĂšre elle-mĂȘme, on s'en rapporte non Ă  son tĂ©moignage, mais Ă  celui des sages-femmes, des nourrices, des serviteurs. Car celle Ă  qui l'on peut dĂ©rober son fils pour lui en substituer un autre, ne peut-elle pas, Ă©tant trompĂ©e, tromper Ă  son tour? Nous croyons cependant Ă  ses paroles, et nous y croyons sans aucune hĂ©sitation, parce que nous avouons que nous ne pouvons savoir. Sans cela ne verrait-on pas la piĂ©tĂ© filiale, ce lien sacrĂ© de la sociĂ©tĂ©, dĂ©daignĂ©e et outragĂ©e par le crime? En effet, quel homme est assez insensĂ© pour trouver blĂąmable celui qui rendrait les devoirs d'usage aux personnes qu'il croirait ĂȘtre ses parents, dut-il se tromper? Qui, au contraire, ne jugerait digne d'extermination celui qui n'aurait pas le moindre amour pour des personnes qui sont peut-ĂȘtre ses parents vĂ©ritables, parce qu'il craint que son amour ne se trompe d'objet? On peut donner bien des raisons qui prouvent que rien absolument dans la sociĂ©tĂ© ne reste debout, si nous sommes dĂ©cidĂ©s Ă  ne rien croire, parce que nous ne pouvons pas avoir une connaissance exacte. 27. Voici maintenant une chose dont j'espĂšre 48 te persuader plus facilement. Quand il s'agit de la religion, c'est-Ă -dire du culte et de l'intelligence de la divinitĂ©, il ne faut pas suivre ceux qui nous dĂ©fendent de croire en nous promettant si facilement la raison de tout. Personne n'ignore que parmi les hommes il n'y a que des insensĂ©s et des sages. J'appelle sages non pas ceux qui sont ingĂ©nieux et habiles, mais ceux qui ont, autant qu'il soit possible Ă  l'homme, une connaissance sĂ»re et nette de l'homme lui-mĂȘme et de Dieu, et dont la vie et les moeurs sont conformes Ă  cette connaissance; tous les autres, au contraire, quelle que soit leur maniĂšre de vivre, active ou dĂ©soeuvrĂ©e, estimable ou blĂąmable, je les mets au rang des insensĂ©s. Les choses Ă©tant ainsi, quel homme est assez peu intelligent pour ne pas voir clairement qu'il est plus utile pour les insensĂ©s et plus salutaire de se conformer aux prĂ©ceptes des sages, que de vivre selon leurs propres lumiĂšres? Car toute action qui n'est pas bonne est un pĂ©chĂ©, et il est impossible que ce qui ne vient pas de la droite raison, soit bien. Or la droite raison, c'est la vertu mĂȘme. Et dans quel homme trouvera-t-on la vertu, si elle n'est pas dans l'Ăąme du sage? Ainsi donc le sage seul ne pĂšche pas. Par suite tout insensĂ© pĂšche, si ce n'est dans les actes oĂč il obĂ©it au sage; car les actes de ce genre viennent de la droite raison, et l'insensĂ© ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le maĂźtre de son action, si je puis parler ainsi, quand il est comme l'instrument et le serviteur du sage. Par consĂ©quent, si pour tous les hommes il vaut mieux ne pas pĂ©cher que pĂ©cher; tous les insensĂ©s assurĂ©ment vivraient mieux, s'ils pouvaient ĂȘtre les serviteurs des sages. Si ce point est sans contredit d'une grande utilitĂ© quand il s'agit de choses moins importantes, comme d'acheter ou cultiver un champ, de se marier, d'avoir et d'Ă©lever des enfants, enfin d'administrer sa fortune, combien n'est-il pas plus utile quand il s'agit de la religion? Car les choses humaines sont plus faciles Ă  connaĂźtre que les choses divines, et dans toutes celles qui ont un caractĂšre plus prononcĂ© de saintetĂ© et de grandeur, le pĂ©chĂ© est d'autant plus criminel et plus Ă  craindre que nous devons avoir pour ces choses plus de dĂ©fĂ©rence et de respect. Tu vois donc immĂ©diatement que, tant que nous sommes insensĂ©s, si nous avons Ă  coeur de mener une vie pure et religieuse, il ne nous reste qu'une chose Ă  faire, chercher des sages dont les conseils puissent nous servir Ă  sentir vivement le joug de notre folie, pendant qu'il pĂšse sur nous, et Ă  nous en dĂ©barrasser un jour. Augustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VÉRITABLE?

Avonsnous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ©? 2Ă©me sujet : Serions-nous plus libres sans l'État? 3Ăšme sujet : Expliquer le texte suivant: On façonne les plantes par la culture, et les hommes par l'Ă©ducation. Si l'homme naissait grand et fort, sa taille et sa force lui seraient inutiles jusqu'Ă  ce qu'il eQt appris Ă  s'en servir; elles lui seraient prĂ©judiciables, en empĂȘchant les

Jacob luttant avec l’Ange dĂ©tail, dresque d’EugĂšne Delacroix 1798-1863. Église Saint-Sulpice Paris. La lutte de Jacob avec l’Ange est un Ă©pisode du livre de la GenĂšse. Cet article est paru en mars et juin 2011 dans le Bulletin de Liaison du CatĂ©chumĂ©nat. Le pĂšre Philippe Maxer nous parle du combat spirituel qui anime toute conversion. La vie chrĂ©tienne est un vĂ©ritable combat et sans doute avons-nous besoin de nous le redire. Combat que le Christ lui-mĂȘme a menĂ© lorsqu’il a Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  l’adversaire dans sa vie publique ou au terme de son jeĂ»ne de 40 jours ; combat qu’il a clairement annoncĂ© Ă  ses disciples lorsqu’Il les a envoyĂ©s comme des brebis au milieu des loups ». Sans doute passons-nous un peu trop rapidement sur ces paroles du Christ nous avertissant qu’Il n’est pas venu apporter la paix, mais le glaive ! Relisons le chapitre 10 de Matthieu le contraste est violent entre le message de paix Ă  annoncer et l’accueil que les gens lui rĂ©servent. Paul confirme cette difficultĂ©. Il a lui-mĂȘme vĂ©cu tribulations, dĂ©tresses, angoisses, coups, prison
cf 2, Co, 4 pour le Seigneur. Il y a donc bien combat spirituel. Essayons d’en dĂ©crire quelques aspects. Lieux du combat spirituel Le vieil homme Le premier lieu du combat spirituel est l’affrontement avec le vieil homme. Dit autrement, il y a quelque chose Ă  mettre Ă  mort en soi pour que naisse l’homme nouveau. Ce combat a un nom, dans la tradition chrĂ©tienne l’ascĂšse ascĂšse du corps, de la nourriture, du travail intellectuel etc. Cette pratique, magnifiĂ©e par les PĂšres du dĂ©sert et la tradition monastique, s’est trouvĂ©e accusĂ©e, au cours de ces derniĂšres annĂ©es, de masochisme, voire mĂȘme d’orgueil spirituel par la maĂźtrise recherchĂ©e de soi. Mais l’admiration que suscitent des spiritualitĂ©s orientales semble renverser aujourd’hui ces idĂ©es reçues et donner Ă  l’ascĂšse ses lettres de noblesse. Toutefois, ce renouveau de l’ascĂšse ne dit rien du sens de l’ascĂšse chrĂ©tienne. Car celle-ci est orientĂ©e par la RĂ©surrection. L’ascĂšse chrĂ©tienne n’a pas d’autre but que libĂ©rer en nous l’Esprit du Seigneur afin que l’homme spirituel que nous sommes grandisse. Dit autrement, il s’agit que le monde de la RĂ©surrection se construise ; Ă©dification qui passera par des morts Ă  soi-mĂȘme. TrĂšs concrĂštement, nous pourrions examiner nos relations et faire en sorte qu’une vĂ©ritable ascĂšse s’y vive dans une perspective de rĂ©surrection. Nous avons toujours Ă  lutter contre des attitudes possessives. Être bienveillant Ă  l’égard du prochain, savoir montrer sa vulnĂ©rabilitĂ© lorsque des remarques nous sont faites, etc ne sont pas des attitudes innĂ©es. LĂ  se trouve le terrain d’un combat. Il n’est jamais terminĂ© ! Dieu Le second lieu du combat spirituel est notre relation Ă  Dieu, dans ce qu’il y a de plus concret. Prenons le chapitre 25 de St Matthieu et demandons-nous comment nous considĂ©rons le frĂšre ». Pour JĂ©sus, il est le sacrement » de notre relation Ă  Dieu dans la mesure oĂč ce que nous faisons Ă  l’un de ces petits, c’est Ă  moi –dit JĂ©sus- que vous l’avez fait ». On entend bien que le jugement final ne porte pas sur nos priĂšres, sur nos dĂ©marches religieuses si variĂ©es soient elles. Ce qui est soulignĂ© avec force et qui reprĂ©sente – encore aujourd’hui- une Ă©volution religieuse sans prĂ©cĂ©dent porte sur des gestes de solidaritĂ©. Des gestes profanes mĂȘmes nourrir, vĂȘtir, soigner, visiter, etc. Il n’y a pas lĂ  qu’un simple devoir de charitĂ© mais un moyen pour que nous rencontrions vraiment le Seigneur. Les puissances de mort » Le troisiĂšme et dernier lieu du combat sont ces puissances de mort qui ne cessent de se jouer de nous. L’Écriture leur donne diffĂ©rents noms Satan, BĂ©lzeboul, le prince de ce monde, etc., ce qui veut dire que nous sommes en face d’une rĂ©alitĂ© multiforme dont la caractĂ©ristique principale est, nĂ©anmoins, de diviser ou de dĂ©truire. Elles sont bien prĂ©sentes dans la crĂ©ation sans pour autant avoir Ă©tĂ© voulues par Dieu. Pour en parler, Jean Paul II employait les mots de structure de pĂ©chĂ© » faisant ainsi comprendre que nous sommes devant un systĂšme complexe, en prise Ă  des dĂ©sĂ©quilibres graves et face auxquels nous pouvons nous sentir impuissants. Il en est ainsi de l’opinion publique qui peut ĂȘtre calomnieuse ; du profit qui commande la vie Ă©conomique et opĂšre des fractures sociales, etc. Contre ces puissances et principautĂ©s » cf St Paul , nous avons besoin de l’Esprit de Dieu pour accueillir le salut donnĂ© en JĂ©sus-Christ. Il nous faut revĂȘtir les armes de l’Esprit qui, seules, Ă©claireront notre libertĂ© et donneront la force pour lutter. Un peu d’anthropologie spirituelle Saint Paul distingue en nous 1Th. 5,23-24 le corps, l’ñme et l’esprit, qui dans leur unitĂ© profonde constituent l’homme vĂ©ritable avec ses diffĂ©rents plans d’existence. L’esprit –avec un petit e »- dĂ©signe cette part de nous-mĂȘmes qui porte la marque de l’Esprit et qui est en nous appel Ă  l’accueil de l’Esprit. L’Esprit se joint Ă  notre esprit » dira Saint Paul Rm 8,16. Le combat spirituel se situe principalement au niveau de l’esprit, dans l’accueil ou le refus du Saint Esprit mais il englobe tous les autres niveaux. D’oĂč des discernements nĂ©cessaires Il y a des contextes oĂč le combat se situera essentiellement au niveau somatique. Des difficultĂ©s dans la priĂšre peuvent disparaĂźtre avec une meilleure hygiĂšne de vie sommeil, alimentation
 Dans d’autres cas, le nƓud du problĂšme se situe au plan psychique un blocage vis-Ă -vis de tout type d’autoritĂ© rend difficile une vĂ©ritable obĂ©issance spirituelle. Enfin, il y a des moments oĂč le combat se vit essentiellement au plan spirituel, comme par le refus de pardonner ou une maniĂšre de procĂ©der au quotidien Ă©trangĂšre Ă  l’Évangile. Le combat comporte toujours une dimension spirituelle, mais les domaines d’application peuvent ĂȘtre diffĂ©rents et souvent le courage spirituel consistera Ă  discerner le lieu essentiel du conflit et Ă  faire porter sur lui son effort. La priĂšre ne peut malheureusement dispenser du recours Ă  des thĂ©rapies humaines car l’Esprit n’agit pas en nous magiquement mais passe par des mĂ©diations qui sont Ă  notre disposition. Dans cette perspective Il est vrai qu’il y a une dimension spirituelle qu’il ne faut jamais mĂ©connaĂźtre. On n’a pas le droit d’instrumentaliser le spirituel au service d’une guĂ©rison. Attention au miracle, au chantage que l’on peut faire au nom de la foi. Il ne faut pas jouer avec l’espĂ©rance de celui qui souffre. Dans la liturgie du sacrement des malades les demandes sont orientĂ©es, au-delĂ  de la guĂ©rison, vers la RĂ©surrection et la vraie vie. Les armes de l’Esprit Saint Paul les dĂ©crit dans l’Épitre aux ÉphĂ©siens 6,15. Il s’inspire visiblement des combats de l’époque, mais, plutĂŽt que de le suivre dans les dĂ©tails de son Ă©numĂ©ration, quelques armes paraissent aujourd’hui plus utiles dans le contexte dans lequel nous vivons. Un monde oĂč la foi est difficile et se heurte Ă  l’indiffĂ©rence, Ă  la dĂ©rision, Ă  la confusion, Ă  l’ambiguĂŻtĂ© 
 Face Ă  tous ces dĂ©fis, quelles armes de l’Esprit ? La vĂ©ritĂ© La vĂ©ritĂ© comme ceinture » l’image est forte ce qui affermit, ce qui fait tenir debout ! Mais quelle vĂ©ritĂ© ? Nous vivons en un monde de vĂ©ritĂ©s partielles vĂ©ritĂ© des savants, des Ă©conomistes, des historiens, des religions
 et mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur de la foi, nous hĂ©sitons sur la hiĂ©rarchie des vĂ©ritĂ©s chrĂ©tiennes. Il nous paraĂźt impossible et illusoire de trouver une vĂ©ritĂ© qui puisse rĂ©pondre Ă  toutes nos quĂȘtes et Ă  la quĂȘte de tous ! Il faut alors se rappeler que, pour un chrĂ©tien, la vĂ©ritĂ© n’est pas une doctrine, mais une personne, JĂ©sus-Christ vrai Dieu et vrai homme. C’est Ă  partir de lui, de ce centre de lumiĂšre, que nous pourrons dĂ©gager des vĂ©ritĂ©s partielles, provisoires peut-ĂȘtre, balises sur un chemin qui nous conduira Ă  la vĂ©ritĂ© toute entiĂšre. La vĂ©ritĂ© fondatrice pour nous, c’est JĂ©sus-Christ et il n’y a pas Ă  en chercher d’autre. A qui irions-nous, tu as les paroles de la vie Ă©ternelle ? » Jn 6,68. Cette vĂ©ritĂ©, elle est Ă  la fois comblante et inĂ©puisable, on n’a jamais fait le tour d’une personne aimĂ©e. Une vĂ©ritĂ© qui nous conduit au terme de l’histoire trinitaire notre rĂ©surrection dans le Christ. La foi Le bouclier de la foi ». Jean, l’ÉvangĂ©liste, qui insiste le plus sur le combat qu’il y a Ă  livrer tout au long de sa mission, est aussi celui qui prĂ©sente la foi comme l’attitude victorieuse face aux puissances du mal. Celui qui met sa foi en moi, mĂȘme s’il meurt vivra »Jn 11,25. Une foi qui pousse Ă  se mettre ne mouvement ; une foi qui peut ĂȘtre en mĂȘme temps ferme et modeste. Elle n’a pas rĂ©ponse Ă  tout mais elle vit la certitude d’ĂȘtre sur un chemin de vie. La Parole de Dieu Le glaive de l’esprit, la Parole de Dieu ». La parole de Dieu est Ă©nergique et plus tranchante qu’aucun glaive Ă  double tranchant » ! Hb 4,12. Elle est ce qui permet de discerner et c’est bien ce dont nous avons le plus besoin dans la diversitĂ© et la complexitĂ© des dĂ©fis auxquels nous sommes affrontĂ©s. On parle beaucoup du discernement, mais attention, il n’est pas une science Ă  acquĂ©rir, mais une grĂące Ă  accueillir. Sa source est la mĂ©ditation de la Parole de Dieu et il faut avoir longuement ruminĂ© l’Évangile pour porter sur toute chose un regard Ă©vangĂ©lique. Reste la Parole du Christ Courage, j’ai vaincu le monde ! ». Cette victoire nous est acquise, PĂąques nous le rappelle. Ne cessons jamais de l’accueillir dans l’Esprit qui nous est remis. PĂšre Philippe Marxer

ï»żLavĂ©ritĂ© est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science ; la notion de devoir est une valeur de l’existence, relevant du domaine de la morale ou de l’éthique. Donc l’idĂ©e d’un devoir de chercher la vĂ©ritĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, d’autant qu’on recherche la vĂ©ritĂ© en science et ailleurs. Il y a un dĂ©sir de vĂ©ritĂ©, un devoir

Le verbe savoir est du troisiĂšme verbe savoir se conjugue avec l'auxiliaire avoirTraduction anglaise to know savoir au fĂ©minin savoir Ă  la voix passive se savoir savoir ? ne pas savoir Imprimer Exporter vers WordPrĂ©sentje saistu saisil saitnous savonsvous savezils saventPassĂ© composĂ©j'ai sutu as suil a sunous avons suvous avez suils ont suImparfaitje savaistu savaisil savaitnous savionsvous saviezils savaientPlus-que-parfaitj'avais sutu avais suil avait sunous avions suvous aviez suils avaient suPassĂ© simpleje sustu susil sutnous sĂ»mesvous sĂ»tesils surentPassĂ© antĂ©rieurj'eus sutu eus suil eut sunous eĂ»mes suvous eĂ»tes suils eurent suFutur simpleje sauraitu saurasil sauranous sauronsvous saurezils saurontFutur antĂ©rieurj'aurai sutu auras suil aura sunous aurons suvous aurez suils auront suPrĂ©sentque je sacheque tu sachesqu'il sacheque nous sachionsque vous sachiezqu'ils sachentPassĂ©que j'aie suque tu aies suqu'il ait suque nous ayons suque vous ayez suqu'ils aient suImparfaitque je susseque tu sussesqu'il sĂ»tque nous sussionsque vous sussiezqu'ils sussentPlus-que-parfaitque j'eusse suque tu eusses suqu'il eĂ»t suque nous eussions suque vous eussiez suqu'ils eussent suPrĂ©sentje sauraistu sauraisil sauraitnous saurionsvous sauriezils sauraientPassĂ© premiĂšre formej'aurais sutu aurais suil aurait sunous aurions suvous auriez suils auraient suPassĂ© deuxiĂšme formej'eusse sutu eusses suil eĂ»t sunous eussions suvous eussiez suils eussent suPrĂ©sentsachesachonssachezPassĂ©aie suayons suayez suParticipePassĂ©susuesussuesayant suInfinitifGĂ©rondifRĂšgle du verbe savoirLa particularitĂ© de savoir est la forme que je sache au du verbe savoirconnaĂźtre - Ă©prouver - Ă©pistĂ©mĂš - culture - Ă©rudition - escient - science - gnose - Ă©sotĂ©risme - humanisme - atticisme - classicisme - civilisation - hellĂ©nisme - sagesse - sapience - omniscience - pouvoir - connaissance - instruction - doctrine - lumiĂšres - discipline - art - capacitĂ© - compĂ©tence - expĂ©rience - scolaritĂ© - cursus - lettres - lectureDĂ©finition du verbe savoir1 ConnaĂźtre, avoir la connaissance de, avoir la mĂ©moire de2 Avoir le pouvoir, la force ou l'habiletĂ© de faire quelque chose ex je saurai le faire parler3 Être accoutumĂ©, exercĂ© Ă  une chose, la bien faire ex il sait parler aux femmesEmploi du verbe savoirFrĂ©quent - Intransitif - Transitif - Autorise la forme pronominale Tournure de phrase avec le verbe savoirFutur procheje vais savoirtu vas savoiril va savoirnous allons savoirvous allez savoirils vont savoirPassĂ© rĂ©centje viens de savoirtu viens de savoiril vient de savoirnous venons de savoirvous venez de savoirils viennent de savoirVerbes Ă  conjugaison similairesavoir

LespiĂšges Ă  Ă©viter ‱ La notion de devoir ne doit pas vous inviter Ă  rĂ©citer ce que vous connaissez de la morale kantienne. ‱ « Chercher la vĂ©ritĂ© » ne concerne pas que le scientifique (ou le philosophe) : ne consacrez pas votre copie Ă  leur seule dĂ©ontologie.

J’ai hĂ©sitĂ© Ă  vous raconter cette histoire. Car, au final, le comportement que je vais vous dĂ©crire tire tout le monde vers le bas en laissant Ă  croire que les convictions et le dĂ©bat passent aprĂšs les intĂ©rĂȘts rien dire, c’est cautionner ces attitudes et laisser croire que l’on peut raconter tout et son contraire sans que personne ne le sache. Ne rien dire, ce serait surtout manquer Ă  un devoir de vĂ©ritĂ©. Alors, voilĂ  Jeudi 14 dĂ©cembre, Ă  l’occasion du conseil municipal du MĂ©e, notre groupe a dĂ©posĂ© une motion pour s’opposer Ă  la suppression des financements des contrats aidĂ©s, dĂ©cidĂ©e par le Gouvernement. Si ces contrats ne constituent pas une panacĂ©e, leur suppression aura des consĂ©quences lourdes pour les services publics de notre territoire, comme pour les associations. Il y a Ă©galement des ĂȘtres humains et des emplois nous inscrivions Ă©galement dans la prolongation des positions dĂ©fendues par les associations de collectivitĂ©s territoriales et par le conseil dĂ©partemental, gauche et droite donc aussi l’occasion d’avoir un dĂ©bat public sur ce sujet. Car nous le savions, notre position n’était pas partagĂ©e par le Maire du MĂ©e. Non seulement M. Vernin figurait parmi les deux seuls Ă©lus ayant votĂ© contre une motion presque identique lors du conseil dĂ©partemental de septembre dernier. Mais en outre, dans un article intitulĂ© Au sujet des emplois aidĂ©s » et publiĂ© le 9 septembre sur son blog, il dĂ©fendait la position du Gouvernement et dĂ©clarait notamment Inutile de crier au loup, comme se complaisent Ă  le faire certains politiques ». Il est vrai qu’à l’époque, il Ă©tait candidat aux SĂ©natoriales sur une liste MajoritĂ© PrĂ©sidentielle ».C’est son droit. Faut-il encore qu’il l’assume. Or, Ă  l’exception d’une Ă©lue, l’ensemble du groupe de M. Vernin et lui-mĂȘme ont votĂ© sans sourciller notre vƓu ... sans mĂȘme s’en expliquer ! Quelle image renvoie-t-il ainsi ? Que les convictions sont secondaires en politique ? Que l’on peut voter une chose et son contraire suivant le lieu oĂč l’on se trouve? Que l’on n’a pas de compte Ă  rendre aux habitants ?Ce double langage, nous l’avons dĂ©jĂ  observĂ© de nombreuses fois au MĂ©e. Il mine le climat en rendant impossible tout dĂ©bat de fond pour privilĂ©gier les oppositions de forme. C’est aussi pour cela que nous placerons notre action en 2018 en nous rĂ©fĂ©rant Ă  cette phrase de Jean JaurĂšs Le courage, c’est de chercher la vĂ©ritĂ© et de la dire » CONSEIL MUNICIPAL DU 14 DÉCEMBRE 2017 MOTION PRESENTEE PAR LES ELU-E-S Un Nouveau DĂ©part pour Le MĂ©e »MOTION RELATIVE À LA FIN DES CONTRATS AIDÉSLe gouvernement a annoncĂ© durant l'Ă©tĂ© sa volontĂ© de rĂ©duire les financements de contrats aidĂ©s. Pour des motivations budgĂ©taires, il passe Ă  320 000 contrats pour l'annĂ©e 2017, lĂ  oĂč l'État en a financĂ© 459 000 en 2016, suivi d'une extinction progressive. Cette baisse drastique n'a fait l'objet d'aucune concertation prĂ©alable. Les employeurs ayant recours Ă  ce type de contrats, comme les salariĂ©s en insertion dont les emplois sont menacĂ©s, se sont retrouvĂ©s devant le fait accompli Ă  quelques jours de la dĂ©cision brutale est lourde de consĂ©quences pour les salariĂ©s, pour les collectivitĂ©s territoriales, pour le mouvement associatif et pour les citoyens. Le gouvernement n'a prĂ©vu aucun dispositif pour supplĂ©er d'associations se retrouvent gravement menacĂ©es, alors qu'elles sont dĂ©jĂ  fortement fragilisĂ©es par les Ă©conomies budgĂ©taires de leurs financements publics. Pour certaines, elles envisagent un dĂ©pĂŽt de bilan et le licenciement de leurs salariĂ©s, qu'ils soient en contrats aidĂ©s ou en CDI tant la disparition des contrats aidĂ©s met en pĂ©ril leur contrats sont utilisĂ©s dans des domaines aussi variĂ©s que les Ă©tablissements pour personnes ĂągĂ©es, le sanitaire et social, le sport, la jeunesse, la culture...autant d'associations qui contribuent Ă  des missions de service public et au lien social au plus prĂšsdes territoire a recours Ă  des contrats aidĂ©s pour lui permettre Ă  la fois d'exercer des missions de service public indispensables Ă  son bon fonctionnement, de former ces publics aux mĂ©tiers de la fonction publique et leur permettre d’accĂ©der Ă  des emplois durables au sein de la consĂ©quences de cette dĂ©cision sont donc dĂ©sastreuses chĂŽmage pour certains salariĂ©s, disparition du dispositif d'insertion sociale et professionnelle pour les personnes Ă©loignĂ©es de l'emploi et fragilisation des services pour les usagers. CONSIDÉRANT l'annonce du gouvernement de mettre fin aux financements des contrats aidĂ©s,CONSIDÉRANT les consĂ©quences d'une telle dĂ©cision pour notre collectivitĂ© dans la gestion de ses services, CONSIDÉRANT les consĂ©quences pour les salariĂ©s en contrat aidĂ© et la disparition de ce dispositif d'insertion,CONSIDÉRANT la fragilisation des services publics,Le Conseil municipal, aprĂšs en avoir dĂ©libĂ©rĂ©,S'OPPOSE Ă  la suppression des financements en faveur des contrats aidĂ©s,S'ASSOCIE Ă  la demande de moratoire dĂ©posĂ©e par les 6 associations reprĂ©sentatives desMaires de France,DEMANDE solennellement au Gouvernement que toute intervention dans les dispositifs susceptibles d'impacter la gestion des Ressources Humaines des collectivitĂ©s fasse prĂ©alablement l'objet d'une concertation en amont afin de maintenir la qualitĂ© du service public rendu et le maintien de la cohĂ©sion sociale essentielle,RAPPELLE que la politique d'insertion par l'emploi doit ĂȘtre un engagement majeur et volontariste de l'État, une solidaritĂ© qui au travers de divers dispositifs aide Ă  revenir vers le travail,ENCOURAGE le gouvernement Ă  soutenir les collectivitĂ©s territoriales et les associations qui s'engagent pour l'emploi durable et utile.

CorrigĂ©du sujet Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? (BAC S 2012) Accepter les conditions - Refuser Vous devez avoir lu, compris et acceptĂ© toutes les conditions de notre service avant de l'utiliser. Obligations de s'engage Ă  fournir un service de qualitĂ© et Ă  assurer dans la mesure du possible et de ses compĂ©tences l'accĂšs au site et Les Travaux ont Ă©tĂ© ouverts dans les formes rituelles prĂ©cĂ©demment indiquĂ©es. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Mes FrĂšres, il va ĂȘtre procĂ©dĂ© Ă  l'initiation au 4e degrĂ© des VĂ©nĂ©rables MaĂźtres N
, N
 MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, remplissez votre office ! Pause AccompagnĂ© des rĂ©cipiendaires, le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies se prĂ©sente Ă  la porte du Temple oĂč il frappe en MaĂźtre du 3e degrĂ© ‱‱‱ ‱‱‱ ‱‱‱ L'EXPERT Entrouvrant la porte Qui vient ici? Qui approche de ce lieu de tristesse et de chagrin ? LE MAÎTRE DES CÉRÉMONIES De l'extĂ©rieur Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, accompagnant les VĂ©nĂ©rables MaĂźtres N . . . . . . . . ., N . . .. . . . . . rĂ©guliĂšrement initiĂ©s au 1er degrĂ© Apprentis Maçons et successivement Ă©levĂ©s au 2e degrĂ© Compagnons, puis au 3e degrĂ© MaĂźtres. Des MaĂźtres Secrets, tĂ©moins de leur zĂšle et ayant reconnu leurs aptitudes, les ont prĂ©sentĂ©s afin qu'ils deviennent MaĂźtres Secrets. Sur la proposition de l'Atelier, le SuprĂȘme Conseil de France les a nommĂ©s au 4e degrĂ©. L'EXPERT Trois Fois Puissant MaĂźtre, le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies se prĂ©sente Ă  la porte de la Loge, accompagnant les VĂ©nĂ©rables MaĂźtres N
, N
, que le SuprĂȘme Conseil de France a nommĂ©s au 4e degrĂ©. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE FrĂšre Expert, accordez‑leur l'entrĂ©e du Temple ! L'Expert ouvre la porte Ă  deux battants. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies pĂ©nĂštre dans le Temple, suivi des rĂ©cipiendaires qui exĂ©cutent la marche du MaĂźtre. La porte est refermĂ©e sans bruit derriĂšre eux. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies les conduit au centre de la Loge. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE VĂ©nĂ©rables MaĂźtres, aprĂšs avoir prĂ©sentĂ© Ă  notre Loge de Perfection un morceau d'architecture et rĂ©pondu de façon satisfaisante aux questions qui vous ont Ă©tĂ© posĂ©es, vous avez Ă©tĂ© nommĂ©s au 4e degrĂ©, MaĂźtre Secret, par le SuprĂȘme Conseil de France. Les MaĂźtres Secrets qui vous ont proposĂ©s vous connaissent. et se portent garants de votre dĂ©vouement et de votre esprit fraternel. Il va donc ĂȘtre procĂ©dĂ© Ă  votre initiation au 4e degrĂ© du Rite Écossais Ancien et AcceptĂ© dans les formes traditionnelles. Pause MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, remplissez votre office ! Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies retire aux rĂ©cipiendaires leurs dĂ©cors de MaĂźtre tablier, cordon et chapeau et leur fait quitter l'ordre. Les rĂ©cipiendaires restent gantĂ©s. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Vous venez d'ĂȘtre dĂ©pouillĂ©s de vos dĂ©cors de VĂ©nĂ©rables MaĂźtres. Nous savons qu'en obtenant les degrĂ©s de Compagnon et de MaĂźtre, vous avez acquis deux degrĂ©s d'instruction. Mais cette instruction n'est pas complĂšte, pas plus que n'est complĂšte la perception de la lumiĂšre Ă  travers le bandeau symbolique posĂ© sur vos yeux. De mĂȘme que vous ne voyez pas bien, vous ne comprenez pas bien. Vous allez, dans cette Loge de Perfection, accomplir un nouvel apprentissage. Nous vous dĂ©voilerons tout Ă  l'heure le point fondamental de la lĂ©gende particuliĂšre de ce degrĂ©; mais, avant tout, vous devez savoir que la discrĂ©tion maçonnique Ă  laquelle vous vous ĂȘtes engagĂ©s par serment, lors de votre premiĂšre initiation et de chacune de vos augmentations de salaire, est encore plus stricte au 4e degrĂ©. Pour vous en manifester le symbole, nous allons vous clore les lĂšvres avec le Sceau du Secret. Le Trois Fois Puissant MaĂźtre descend de son trĂŽne, le sceptre sceau sur les lĂšvres. Il leur place successivement la main droite sur le cƓur et leur appuie le Sceptre sur les lĂšvres. Il remet les rĂ©cipiendaires sous le signe du Secret et remonte Ă  son plateau. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE MaĂźtre des cĂ©rĂ©monies, faites abandonner le signe du Secret aux VĂ©nĂ©rables MaĂźtres, unissez‑les Ă  vous par la corde symbolique et faites‑leur accomplir le premier voyage rituel. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies passe autour du cou de chacun des rĂ©cipiendaires la corde Ă  nƓud coulant et les place en file indienne, chacun tenant de la main droite l'extrĂ©mitĂ© de la corde du FrĂšre qui le suit. Il prend lui‑mĂȘme l'extrĂ©mitĂ© de la corde du FrĂšre placĂ© en tĂȘte de file. Pause Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies conduit les rĂ©cipiendaires, il leur fait faire dextrorsum un tour complet du Temple. Quand ils passent devant le Premier Inspecteur, cet Officier frappe un coup de maillet Parvenus devant l'autel, ils s'arrĂȘtent une premiĂšre fois. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Mes FrĂšres, la Franc‑Maçonnerie vous a fait sortir du monde de l'ignorance, des prĂ©jugĂ©s et des superstitions. Elle vous a tirĂ©s de la servitude de l'erreur. Vous ne vous forgerez point d'idoles. humaines pour agir aveuglĂ©ment sous leur impulsion, mais vous dĂ©ciderez par vous‑mĂȘmes de vos opinions et de vos actions. Vous ne prendrez pas les mots pour des idĂ©es et vous vous efforcerez toujours de dĂ©couvrir l'idĂ©e sous le symbole. Vous n'accepterez aucune idĂ©e que vous ne compreniez et ne jugiez vraie. Pause MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, faites accomplir aux rĂ©cipiendaires leur deuxiĂšme voyage rituel. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies fait accomplir aux rĂ©cipiendaires, un deuxiĂšme tour du Temple. Quand ils passent devant le Premier Inspecteur, cet Officier frappe deux coups de maillet Parvenus devant l'autel, ils s'arrĂȘtent une deuxiĂšme fois. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Ne vous payez pas de mots, n'accordez Ă  qui que ce soit une confiance aveugle, mais Ă©coutez tous les hommes avec attention et dĂ©fĂ©rence. Ayez la ferme rĂ©solution de les comprendre. Respectez toutes les opinions, mais ne les acceptez pour justes que si elles vous apparaissent comme telles aprĂšs les avoir examinĂ©es. Ne profanez pas le mot de VĂ©ritĂ© en l'accordant aux conceptions humaines. La VĂ©ritĂ© absolue est inaccessible Ă  l'esprit humain; il s'en approche sans cesse, mais ne l'atteint jamais. Pause MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, faites accomplir aux rĂ©cipiendaires leur troisiĂšme voyage rituel. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies et les rĂ©cipiendaires accomplissent un troisiĂšme tour du Temple. Quand ils passent devant le Premier Inspecteur, cet Officier frappe trois coups de maillet. Ils s'arrĂȘtent une troisiĂšme fois devant l'autel. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Quelque admiration que vous inspire le spectacle de l'Univers, du macrocosme au microcosme, souvenez‑vous que vous ne l'admirez qu'en proportion de votre faiblesse en prĂ©sence de son immensitĂ©. Il n'y a de rĂ©ellement admirable que la Loi universelle qui rĂ©git toutes les choses dans leur ensemble et chaque chose dans son dĂ©tail. Pause MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, faites accomplir aux rĂ©cipiendaires leur quatriĂšme voyage rituel. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies et les rĂ©cipiendaires entament le quatriĂšme voyage en accomplissant un tour complet du Temple. Quand ils passent devant le Premier Inspecteur, cet Officier frappe quatre coups de maillet. Ils s'arrĂȘtent une quatriĂšme fois devant l'autel. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Ce que la Franc‑Maçonnerie vous demande, c'est d'aimer la Justice, de la rĂ©vĂ©rer, de marcher dans ses voies, de la servir de tout votre coeur et de toute votre Ăąme. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies et les rĂ©cipiendaires terminent le quatriĂšme voyage en allant de l'autel Ă  l'Occident. ils s'arrĂȘtent devant le Premier Inspecteur. LE PREMIER INSPECTEUR Il frappe un coup de maillet. Qui voyage ainsi avec vous, MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies ? LE MAÎTRE DES CÉRÉMONIES Des VĂ©nĂ©rables MaĂźtres qui cherchent la VĂ©ritĂ© et la Parole perdue. LE PREMIER INSPECTEUR HĂ©las! Elle n'a pas encore Ă©tĂ© retrouvĂ©e. Pause Que demandez‑vous pour ces VĂ©nĂ©rables MaĂźtres? LE MAÎTRE DES CÉRÉMONIES Qu'ils soient initiĂ©s au grade de MaĂźtre Secret. L'ORATEUR Malheur Ă  ceux qui aspirent Ă  ce dont ils sont indignes. L'HOSPITALIER Malheur Ă  ceux qui veulent assumer une charge qu'ils ne peuvent pas porter. LE TRÉSORIER Malheur Ă  ceux qui acceptent lĂ©gĂšrement des devoirs et qui, ensuite, les nĂ©gligent. LE PREMIER INSPECTEUR Sachez, mes FrĂšres, que l'idĂ©al de la Franc‑Maçonnerie est l'accomplissement du Devoir portĂ© jusqu'au sacrifice. Êtes‑vous prĂȘts Ă  faire votre devoir en toutes circonstances, quoi qu'il puisse vous en coĂ»ter ? LES RÉCIPIENDAIRES Chacun Ă  son tour Je le suis. LE PREMIER INSPECTEUR Vos travaux peuvent n'ĂȘtre pas rĂ©compensĂ©s, car celui qui sĂšme ne rĂ©colte pas toujours. Êtes‑vous prĂȘts Ă  accomplir votre devoir parce qu'il est le Devoir, sans songer Ă  la rĂ©compense, et Ă  ĂȘtre satisfaits de l'approbation de votre seule conscience? LES RÉCIPIENDAIRES Chacun Ă  son tour Je le suis. LE PREMIER INSPECTEUR S'il en est ainsi, souvenez‑vous de la maxime du Taciturne Il n'est pas nĂ©cessaire d'espĂ©rer pour entreprendre ni de rĂ©ussir pour persĂ©vĂ©rer ». LES RÉCIPIENDAIRES Chacun Ă  son tour Je m'en souviendrai. LE PREMIER INSPECTEUR MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, veuillez conduire les rĂ©cipiendaires devant l'autel sacrĂ© pour qu'ils y contractent une alliance avec nous et s'engagent Ă  accomplir toujours les devoirs du 4e degrĂ©. Les rĂ©cipiendaires sont conduits devant l'autel et placĂ©s face Ă  l'Orient sous le signe du Secret. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies donne Ă  chacun un flambeau allumĂ©, tenu dans la main gauche. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Qui reste ainsi devant l'autel sous le signe du Secret ? LE MAÎTRE DES CÉRÉMONIES Ce sont les VĂ©nĂ©rables MaĂźtres N
 N
 , qui ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement examinĂ©s, qui ont fait les quatre voyages et rĂ©pondu aux questions du Premier Inspecteur. Ils attendent maintenant de recevoir l'investiture de MaĂźtre Secret. L'ORATEUR Le Devoir est pour nous aussi inflexible que la FatalitĂ© ! L'HOSPITALIER En santĂ© ou en maladie, en prospĂ©ritĂ© ou en adversitĂ©, le Devoir est pour nous aussi exigeant que la NĂ©cessitĂ© ! LE TRÉSORIER Le Devoir s'impose Ă  nous, le jour comme la nuit. Dans le tumulte de la citĂ©, dans la solitude du dĂ©sert, le Devoir est avec nous, toujours impĂ©ratif comme la DestinĂ©e ! LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Vous entendez, VĂ©nĂ©rables MaĂźtres Reconnaissez‑vous sans rĂ©ticence que le Devoir est la grande Loi de la Franc‑Maçonnerie, inflexible comme la FatalitĂ©, exigeant comme la NĂ©cessitĂ©, impĂ©ratif comme la DestinĂ©e? Baissez la main et rĂ©pondez. LES RÉCIPIENDAIRES Chacun Ă  son tour Je le reconnais. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Que cherchiez‑vous dans vos voyages ? LE MAÎTRE DES CÉRÉMONIES La VĂ©ritĂ© et la Parole perdue. LE TROIS FOIS PUISSANT MAÎTRE Telle la lumiĂšre que vous portez et que vous ne voyez qu'imparfaitement au travers du bandeau qui trouble votre vue, la VĂ©ritĂ© est une lumiĂšre que l'homme perçoit plus ou moins confusĂ©ment. Elle peut pourtant se rĂ©vĂ©ler dans tout son Ă©clat Ă  celui qui veut ouvrir les yeux et regarder. La route du Devoir mĂšne sĂ»rement Ă  la VĂ©ritĂ©. Mais cette route est longue et difficile et, parce qu'il tente de l'abrĂ©ger en prenant des raccourcis, l'homme s'Ă©gare dans le labyrinthe de l'erreur. Si vous voulez trouver la vraie LumiĂšre et la Parole perdue, inclinez‑vous devant notre autel sacrĂ©; contractez une sincĂšre alliance avec nous; prenez l'obligation de garder fidĂšlement les secrets et de remplir les devoirs du 4e degrĂ©. MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies, remplissez votre office. Le MaĂźtre des CĂ©rĂ©monies reprend le flambeau et la corde aux rĂ©cipiendaires. Pause Debout, mes FrĂšres MaĂźtres Secrets.
Cetteobligation donne sens Ă  notre vie : direction et signification. On peut aussi concevoir le devoir en question comme une nĂ©cessitĂ© en vue d’obtenir autre chose que la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. L’obtention de celle-ci serait la condition sine qua non du bonheur, de la sagesse. Une voie obligĂ©e, escarpĂ©e mais bĂ©nĂ©fique vers quelque
La conscience morale n’est pas un absolu. Elle ne peut se comparer Ă  un instinct qui Ă©viterait la rĂ©flexion, l’information, le dĂ©bat, la prudence et le discernement. La libertĂ© de conscience est liĂ©e Ă  la recherche de la que la conscience ?RĂ©pondre Ă  cette question brutalement posĂ©e suppose qu’on s’intĂ©resse Ă  l’usage que nous faisons du mot dans le quotidien de nos vies. Car s’il y a problĂšme de dĂ©finition, c’est que le mot se rencontre dans un grand nombre de phrases et d’expressions dans lesquelles il reçoit un trĂšs grand nombre de sens premier sens peut faire rĂ©fĂ©rence Ă  la connaissance de quelque chose comme dans les expressions "Je prends conscience de", "J'ai conscience de", "Je suis conscient de". Conscience dit alors connaissance, clartĂ© ou simplement pensĂ©e d'une chose en soi ou hors de deuxiĂšme sens, psychologique, se rencontre dans les usages suivants "Entrer dans notre conscience", "Perdre conscience", "Être inconscient de". Notons que dans ces cas, on peut parler de perte, de disparition d'un sentiment plus ou moins confus, mais sensible, d'une prĂ©sence Ă  soi et au monde. Alors que le premier groupe d'expressions tĂ©moignait de ce qui est prĂ©sent en notre esprit, ce deuxiĂšme ensemble pose la question philosophique de savoir si nous avons toujours conscience de ce dont nous avons philosophes ont bien mis en Ă©vidence que la conscience rĂ©flexive a ses limites. Freud nous a enseignĂ© que certains contenus de la conscience, ceux qui forment la vie psychique inconsciente, restent par nature inaccessibles."J'ai ma conscience pour moi !"Reste un troisiĂšme sens, celui de la conscience morale qu'on rencontre dans les usages suivants "Es-tu bien conscient de ce que tu engages ?", "J'ai mauvaise conscience", "J'ai ma conscience pour moi", "avoir la conscience tranquille", "avoir un cas de conscience", "agir en son Ăąme et conscience". La conscience fait alors rĂ©fĂ©rence Ă  l'expĂ©rience de la responsabilitĂ©. "Être inconscient", c'est agir au mĂ©pris de la prudence, dans l'ignorance des risques qu'on court ou fait courir aux autres. La conscience, dans ces cas, joue le rĂŽle d'une instance de jugement ou de justification en lien avec une capacitĂ© d'intelligence et de libertĂ©. Or, reconnaissons-le, le recours Ă  la conscience est de nos jours bien paradoxal. D'un cĂŽtĂ©, il semble qu'on n'a jamais fait autant appel Ă  la conscience pour justifier les positions Ă©thiques nom d'une morale oĂč chacun cherche l'Ă©panouissement de sa responsabilitĂ© et de sa libertĂ©, le recours Ă  la conscience tĂ©moignerait en faveur d'une maturitĂ© Ă©thique de nos contemporains, capables de discernement en situation pluraliste. Chacun, en conscience, semble pouvoir trouver des critĂšres justes et bons pour se dĂ©cider Ă  agir Ă©thiquement. Chacun, pour justifier ses actes, peut dire "J'ai ma conscience pour moi !" D'un autre cĂŽtĂ©, il n'est pas certain qu'en faisant appel Ă  la conscience, nos contemporains aient l'idĂ©e que cette conscience morale soit constitutivement conscience universelle de ce qui est bien et de ce qui est mal en Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©Ce sont ces questions sur les risques et les ambiguĂŻtĂ©s de la conscience morale moderne qui expliquent la position nuancĂ©e, voire mĂ©fiante, de l'Église catholique vis-Ă -vis de celle-ci. D'un cĂŽtĂ©, la tradition chrĂ©tienne tient ferme que la conscience est bien ce lieu oĂč s'exprime Ă©minemment la dignitĂ© de l'ĂȘtre moral. Vatican II a fait un exposĂ© clair et concis dans Gaudium et spes au paragraphe 16 de ce qu'il faut entendre par conscience "Au fond de sa conscience, l'homme dĂ©couvre une loi, qu'il ne se donne pas Ă  lui-mĂȘme, mais Ă  laquelle il doit obĂ©ir, et dont la voix, qui l'appelle sans cesse Ă  aimer et Ă  faire le bien, et Ă  Ă©viter le mal lorsqu’il le faut, rĂ©sonne Ă  l'ouĂŻe intĂ©rieure "Fais ceci, Ă©vite cela".Le ton est le mĂȘme chez le pape Jean-Paul II "Aucune autoritĂ© humaine n'a le droit d'intervenir dans la conscience de quiconque. La conscience est le tĂ©moin de la transcendance de la personne, mĂȘme en face de la sociĂ©tĂ©, et, comme telle, elle est inviolable. [...] Nier Ă  une personne la pleine libertĂ© de conscience, et notamment la libertĂ© de chercher la vĂ©ritĂ©, ou tenter de lui imposer une façon particuliĂšre de comprendre la vĂ©ritĂ©, cela va contre son droit le plus intime" 1.Mais si la conscience est ce lieu d'origine de la moralitĂ©, au plus intime de nous-mĂȘmes, n'oublions pas la rĂ©serve apportĂ©e un peu plus loin par Jean-Paul II "Cependant la conscience n'est pas un absolu qui serait placĂ© au-dessus de la vĂ©ritĂ© et de l'erreur ; et mĂȘme sa nature intime suppose un rapport avec la vĂ©ritĂ© objective, universelle et Ă©gale pour tous, que tous, que tous peuvent et doivent chercher".Autrement dit, s'il y a libertĂ© de conscience, c'est pour la vĂ©ritĂ© "Il ne suffit donc pas de dire Ă  l'homme ObĂ©is toujours Ă  ta conscience. Il est nĂ©cessaire d'ajouter immĂ©diatement Demande-toi si ta conscience dit le vrai ou le faux, et cherche, sans te lasser, Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ©" 2. La conscience est donc liĂ©e Ă  d'autres rĂ©fĂ©rences qu' conscience a besoin de guidesVoilĂ  qui peut ĂȘtre partagĂ© avec beaucoup de nos contemporains. N'oublions pas que la conscience, telle que nous l'avons vu fonctionner chez les dissidents des pays de l'Est dans les annĂ©es 70, ne saurait ĂȘtre de l'ordre de l'opinion et de l'arbitraire. Sinon, quelle serait sa force d'obligation et d'attestation ? À partir de lĂ , mĂȘme si les Ă©poques moderne et contemporaine ont connu une vĂ©ritable rĂ©volution dans la dĂ©finition de la conscience morale, l'opinion, de plus en plus rĂ©pandue, selon laquelle la conscience serait aujourd'hui la simple façade d'un nihilisme ou d'un relativisme moral exacerbĂ©s, n'est pas juste. Certes, la conscience morale ne fonctionne plus Ă  la maniĂšre des sources morales dont la thĂ©ologie chrĂ©tienne a fourni les modĂšles. Mais reste, dans le tĂ©moignage des dissidents, la question de l'accĂšs Ă  la vĂ©ritĂ© et de l'intĂ©gritĂ© d'une vie qui en le problĂšme de la fragilitĂ© de la conscience. Car la conscience, ordonnĂ©e Ă  la vĂ©ritĂ©, ne devrait pas se tromper. Or l'expĂ©rience la plus courante lui apporte des dĂ©mentis. En fait, c'est une mĂ©prise que de penser que la conscience morale, spontanĂ©e, agirait comme par instinct et pourrait Ă©viter la rĂ©flexion, l'information, le dĂ©bat et le discernement. On peut ĂȘtre responsable de son erreur, notamment quand on nĂ©glige de dĂ©velopper ses connaissances morales, d'examiner les circonstances de l'action, ou lorsqu'on se laisse guider par paresse, prĂ©cipitation ou passion. C'est pourquoi on ne peut pas Ă©voquer la conscience morale sans parler de sa formation. La conscience a besoin de guides lecture sĂ©rieuse de l'Écriture, tradition, expĂ©rience partagĂ©e avec la communautĂ© croyante, Ă©coute des frĂšres, information... Nous ne pouvons ĂȘtre excusĂ©s d'une faute commise par ignorance que si nous avons fait ce qui est en notre pouvoir pour Ă©clairer notre action. La conscience est en nous le tĂ©moin et l'organe de la vĂ©ritĂ© et du bien. Elle en a les promesses. Elle ne peut pas se dispenser de les se construit dans le dialogueIl est difficile pour nos contemporains de juger de l'errance de la conscience dans un monde pluraliste, parce qu'ils sont incapables de reconnaĂźtre unanimement une vĂ©ritĂ© partagĂ©e et atteignable par tous. Pourtant, plus que jamais, face Ă  l'individualisme radical qui mĂšne Ă  un respect qui sonne faux quand il abandonne l'individu Ă  lui-mĂȘme, il nous faut tenir que la conscience se construit dans le dialogue. Elle se dĂ©truit et se pervertit dans l'isolement social. Sans dialogue, il n'y a pas de chance pour une universalisation de nos conduites comme signe que nous sommes compagnons de la mĂȘme pour cette raison que le thĂ©ologien protestant amĂ©ricain H. Richard Niebuhr dĂ©crivait l'expĂ©rience de la conscience morale comme "une conversation". Une conversation qui ne saurait faire fi des situations et de la temporalitĂ©, et qui oblige Ă  expliciter ses raisons et Ă  les soumettre Ă  la critique des autres. Par ce travail, la conscience peut se trouver fortifiĂ©e, confirmĂ©e ou transformĂ©e par la mĂ©diation d' la conscience puisse se laisser Ă©duquer par cette vie de relation entre les ĂȘtres se dĂ©fend d'autant plus thĂ©ologiquement que Dieu est pour le chrĂ©tien "moins l'autre extĂ©rieur Ă  toute relation que Celui qui, du dedans mĂȘme de la dĂ©marche humaine, contribue Ă  son bien-fondĂ© et donne le goĂ»t de s'avancer dans l'aventure de la communication" 3. LĂ  est sans doute une conviction essentielle du chrĂ©tien qui devrait lui permettre de comprendre pourquoi l'Église, tout en tenant Ă  l'Ă©minente dignitĂ© de la conscience personnelle, renvoie chacun au discernement en communautĂ©.1 Jean-Paul II, "Message pour la JournĂ©e de la Paix", La Documentation catholique, n° 2020, 20 janvier 1991, p. 54.2 Jean-Paul II, Audience gĂ©nĂ©rale du 17 aoĂ»t 1983, La Documentation catholique, n° 1860, 16 octobre 1983, p. 937.3 Paul Valadier, Éloge de la conscience, Seuil, 1994, p. 168.
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  • avons nous le devoir de chercher la verite