AprĂšstrois annĂ©es passĂ©es sur le terrain Ă  bivouaquer en pleine nature par n’importe quel temps, le rĂ©alisateur parvient Ă  remonter la piste des loups. Petit Ă  petit, il observe, se rapproche et finit par se faire accepter par la meute. Contre toute attente les prĂ©dateurs magnifiques offrent alors un peu de leur intimitĂ© Ă  ce
Six annĂ©es de cinĂ© recensĂ©es sur FB
 24 Hour Party People Michael Winterbottom, 2002 L’évocation, sous forme de rock/mockumentary, d’une pĂ©riode et d’une personnalitĂ©, celle du Manchester musical de la dĂ©cennie 80, celle de Tony Wilson, Ăąme de label et dandy rebelle le tandem Coogan-Winterbottom une pensĂ©e pour le scĂ©nariste Frank Cottrell Boyce amuse souvent, en reportage de bidouillage, en regard camĂ©ra, en tons sĂ©pia via la vidĂ©o, Robby MĂŒller, Ă©mancipĂ© de Wenders, s’aĂšre avec New Order, en archives montĂ©es ou en saynĂštes reconstituĂ©es ; nĂ©anmoins, au final, tout ceci, un brin bruyant, un peu Ă©puisant, se dilue aussitĂŽt dans l’oubli, patine immĂ©diatement dans l’imagerie habituelle – sexe, drogues, ego, trĂ©molos –, peine Ă  ranimer une galerie de pantins Ă  peine esquissĂ©s, au profit de l’ironie, aux dĂ©pens de l’empathie. Au lieu de cela, si sage et jamais ressenti, orientons les oreilles et les yeux vers Control, biopic classique et classy de Curtis par Corbijn. 78/52 Alexandre O. Philippe, 2017 AprĂšs le risible remake arty commis par Van Sant, un documentariste suisse, qui travailla sur Lucas et les zombies, bigre, dĂ©livre une interminable dĂ©monstration bien Ă©videmment dĂ©diĂ©e Ă  sa maman d’histoire orale et d’exĂ©gĂšse collective en noir et blanc, prologue + Ă©pilogue de reconstitution Ă  la con ; ceci vire trĂšs vite Ă  l’effet Rashƍmon, voire Koulechov chacun, plus ou moins savant/intĂ©ressant, s’exprime puis au final il n’en reste rien, sinon une sociologie scolaire, une psychologie paresseuse ; pire, cela se voudrait exhaustif mais ignore l’apport du DP Joseph L. Russell non citĂ© !, nĂ©glige De Palma grand absent, on le comprend, oublie la parodie X du spĂ©cialiste Gary Orona ; la vĂ©ritĂ© subjective, pas dĂ©finitive de la scĂšne se trouve en elle-mĂȘme, dans l’intĂ©gritĂ© de sa durĂ©e, son articulation avec le reste du film, ici rĂ©duit Ă  l’anecdotique, sa contextualisation de disparition L’avventura, connais pas. L’Appel de la forĂȘt Chris Sanders, 2020 Adaptation dĂ©sincarnĂ©e, pasteurisĂ©e, du bouquin darwinien de London, dotĂ©e d’une dimension politiquement correcte trĂšs malhonnĂȘte, dĂ©pourvue du moindre point de vue. Comme il existe une justice pour tous, en tout cas parfois, mĂȘme au cinĂ©ma, mĂȘme aux USA, le vain ouvrage se vianda au box-office local, ce qui dut un peu indisposer les distributeurs capitalistes de Disney, sans doute insensibles Ă  la sensibilitĂ© anarchiste de la fable d’origine. Demeure, au sein de l’interminable simulacre canin, la performance fragile et forte de Ford, solitaire volontaire, endeuillĂ© dessinateur-narrateur, en requĂȘte d’un ailleurs
 L’Ascenseur Dick Maas, 1984 En 1984, Rohmer scrutait la lune et Maas prenait l’ascenseur ; une trentaine d’annĂ©es aprĂšs, le fantastique lĂ©tal se situe oĂč l’on ne l’attend pas et la cabine de Dick, dĂ©jĂ  Ă©troite Ă  l’époque, semble aujourd’hui bien vieillie, c’est-Ă -dire mal, relecture trĂšs paupĂ©risĂ©e du kubrickien combat de l’Homme contre la Machine ; demeure deux ou trois meurtres pas tellement en dĂ©rangement et le charme nĂ©erlandais de Willeke van Ammelrooy, ancienne partenaire d’un Jean-Marie Pallardy Ă  la filmographie comico-Ă©rotique aux titres cinĂ©philes
 Benni Nora Fingscheidt, 2019 MĂ©lodrame maternel, Ă  gamine agressive, car traumatisĂ©e, car mal-aimĂ©e, maltraitĂ© en camĂ©ra portĂ©e, en auteurisme teuton Ă  la sauce ARTE, durant deux heures rĂ©pĂ©titives, presque interminables, au terme desquelles l’image se fige, se fissure tel du verre d’objectif, ou de transparence Ă  distance, comme si l’hĂ©roĂŻne, ivre de sa course sur le toit de l’aĂ©roport, cassait l’équivalent cinĂ© du fameux quatriĂšme mur » d’imposture. HĂ©las, ça ne casse rien
 Boundaries Shana Feste, 2018 En vĂ©ritĂ©, il convient d’ĂȘtre un fana de Vera Farmiga, afin de s’infliger ça, minable tĂ©lĂ©film anonyme et cacochyme grimĂ© en comĂ©die dramatique indie, familiale, Ă©difiante, en road movie immobile, carburant gentiment au cannabis, sinon Ă  la gĂ©rontophilie. Pardonnons Ă  Christopher Plummer, que l’on suppose en train de penser Ă  ses impĂŽts, prĂ©levĂ©s Ă  la source » ou pas ; remarquons les camĂ©os Ă  la con de Christopher Lloyd puis Peter Fonda, voilĂ , voilà
 Bus Party to Hell Rolfe Kanefsky, 2017 Du cinĂ© comico-horrifique ? Une petite plaisanterie Ă  la Troma pas trop antipathique. Le titre rĂ©sumant totalement le rĂ©sultat, faisons fissa Sadie Katz vaut bien Sandra Bullock, sa voix Ă©vocatrice davantage voilĂ©e ; bonne idĂ©e de donner corps Ă  son bestiaire tatouĂ©, mĂȘme si l’on se croirait dans la cale animale de Fort Boyard ; deux rĂ©pliques poĂ©tiques, profĂ©rĂ©es par une tĂȘte coupĂ©e, par un friquĂ© – Big mistake, bitch! » + My gift is my dick ». Sinon, sus aux esquisses de sourire, tout ceci, sataniste en diable, si j’ose dire, rendu en Red, Ă©crit sur du papier toilette mis en abyme, fort en gore, peu folichon en nichons, reste trĂšs con, manque aussi, Ă  l’image du vĂ©hicule de Vegas, d’essence, d’énergie, de dĂ©sir, de rythme et d’érotisme, commis par un stakhanoviste du frisson onaniste, voire l’inverse. Alors que l’Enfer se paverait de bonnes intentions, la belle imagerie succombe Ă  ces produits de saison. Calibre Matt Palmer, 2018 Deux chasseurs Ă©cossais sachant chasser le garçonnet + son papounet se retrouvent fissa les proies de locaux trĂšs Ă©nervĂ©s, on comprend, on compatit. Mais Zaroff se fiche de Netflix et des ruraux en sursis, d’un accident, d’un enterrement, de l’amitiĂ© in extremis mise Ă  mort, prix Ă©levĂ© d’une survie nĂ©gociĂ©e. La lutte des classes passe ainsi par une partie de chasse et la paternitĂ© participe de l’émancipation de pensionnat, regard camĂ©ra en coda. Tout ceci s’étire durant un premier long mĂ©trage trop sage, en partie rĂ©ductible Ă  sa bande-annonce
 Capitaine Flam Tomoharu Katsumata et al., 1978-1979 Certes, il ne s’agit pas du meilleur segment d’un dessin animĂ© Ă  raison mĂ©morable, banal argument de dĂ©tournement, maquillage, revente de vaisseaux spatiaux sur fond de course cosmique, cependant la magie, sans nostalgie, opĂšre parfois, dans des scĂšnes solidaires, des dĂ©cors stellaires. Flam, orphelin accompagnĂ© par une famille de cƓur, paraĂźt flotter Ă  l’infini dans la nuit nippone d’une enfance française, soutenu par les notes addictives de Yuji Ohno. Le Chinois se dĂ©chaĂźne Yuen Woo-ping, 1978 Illusion comique de Corneille ? ComĂ©die d’action pour Jackie. Bien avant de s’exiler Ă  avec le succĂšs que l’on sait, le chorĂ©graphe martial Yuen dĂ©livre un aimable mĂ©lodrame de transmission, donc de filiation. Les claires scĂšnes de combat se voient scandĂ©es de zooms avant/arriĂšre Ă  ravir un Visconti. La cĂ©lĂ©bration physique n’oublie pas de faire une place au corps estropiĂ© du cuisinier un traĂźtre, gare Ă  son thĂ©, au corps obĂšse du fils Ă  papa-magnat. L’allitĂ©ration du titre français Ă©vacue la zoologie de l’original et au final, le serpent terrassera l’aigle en s’inspirant du chat, sĂ©quence qui, n’en doutons pas, irritera les militants de PETA. EnsoleillĂ©, aĂ©rĂ©, un peu dĂ©sargentĂ©, muni de mĂ©lodies addictives et contrebandiĂšres, ce petit film modeste et sympathique s’appuie aussi sur une rivalitĂ© d’écoles, se dĂ©roule sur des montagnes chipĂ©es aux frĂ©rots Shaw et compte un curĂ© Ă  couteau comparable Ă  Caviezel
 Countryman Dickie Jobson, 1982 Vrai-faux rousseauisme Ă  la marie-jeanne sur fond d’élections, de corruption, d’opposition, d’oppression, d’exĂ©cution + de sorcellerie un soupçon. Certes, nul ne confond Dickie Jobson avec Peter Weir, mais son conte pas con, plutĂŽt politique que touristique, se suit avec plaisir, avec le sourire, Ă  l’instar du couple US hilare Ă  cause de la cigarette qui fait rire ». DĂ©diĂ© Ă  Bob Marley, inspirateur-chroniqueur, l’opus repose aussi, surtout, sur le pĂȘcheur Ă©ponyme... Dark Crimes Alexandros Avranas, 2019 DĂ©testĂ©e par beaucoup, certes desservie par un tĂ©lĂ©filmage soporifique et une VF effroyable, cette sorte de 8 millimĂštres Ă  la sauce polonaise, fiction tirĂ©e de faits rĂ©els, en rime Ă  l’argument, par consĂ©quent, inclut un Carrey mĂ©connaissable en flic placardisĂ©, manipulĂ©, Ă  la famille minable, motivĂ© par un sens de la justice insaisissable. On pouvait espĂ©rer un portrait pertinent du capitalisme sexuel en territoire communiste et catholique ; on devra se contenter, ou pas, d’un Garde Ă  vue au rabais, Ă  l’ironie discrĂšte, Ă  la coda cohĂ©rente, puisque Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face », nous dit HĂ©raclite, et que la vĂ©ritĂ© s’avĂšre un tombeau. Signalons que les scĂšnes SM, au propre, au figurĂ©, avec Charlotte Gainsbourg, actrice spĂ©cialisĂ©e dans le drame auteuriste, dont on aimerait voir davantage le sourire solaire, se caractĂ©risent par une intensitĂ© dĂ©sespĂ©rĂ©e-dĂ©terminĂ©e adĂ©quate, indeed. Dear Dictator Lisa Addario & Joe Syracuse, 2018 ƒuvrette inepte, Ă  l’argument politiquement incorrect, au traitement platement tĂ©lĂ©visuel. Exit Charlie Chaplin, le dictateur rococo, non cinĂ©phile, conseille Ă  l’adolescente isolĂ©e, connaisseuse de Blue Velvet & Maniac Cop, la lecture de Machiavel. Caine, cosplay castriste, vieux, Ă©mouvant, assure sa retraite, cite Shakespeare ; Katie Holmes, carrĂ©ment trentenaire, montre son orteil, ses guibolles, son short, sa culotte ; Odeya Rush, l’ñge du personnage, s’en sort avec les honneurs, Savannah substituĂ©e Ă  IsraĂ«l. Ceci ne saurait faire un film, une satire politique ou sociologique, ça sauve sa morale inoffensive, si conservatrice. Le duo mixte, au scĂ©nario, derriĂšre l’objectif, s’appuie sur un double coup d’État », en français dans le texte, parlĂ©, chantĂ©, mais ne rĂ©volutionne ni n’ambitionne rien, sinon trousser un pur produit pour ta teen en ligne, de prĂ©fĂ©rence mal dans sa peau monoparentale foutaise fĂ©ministe fatale. The Debutantes Prime Cruz, 2017 Ersatz fadasse et philippin de l’admirable et amĂ©ricain Carrie au bal du diable De Palma, 1976, avec en sus une dose de maltraitance familiale, de vrai-faux dĂ©doublement mental, de rĂ©seaux sociaux pas beaux ; commis par un type a priori traumatisĂ© par Suspiria en 1977, Argento jette dĂ©jĂ  Jessica Ă  l’eau, le mĂ©trage mouligas semble enlisĂ© dans sa propre insipiditĂ© d’inanitĂ©, dotĂ© de dĂ©butantes dĂ©cimĂ©es, dispensables, exemple de cinĂ© faussĂ©, fini. Depeche Mode 101 David Dawkins, Chris Hegedus, Donn Alan Pennebaker, 1989 Documentaire anecdotique, voire interminable, sur une lucrative tournĂ©e amĂ©ricaine de DM si le mĂ©trage conserve un aimable caractĂšre artisanal, dĂ©pourvu du Barnum de parvenu Louma nous voilĂ , s’ils surent Ă©viter l’épilepsie du montage en mode MTV, Pennebaker d’ailleurs mis en abyme au Rose Bowl avec sa camĂ©ra 16 mm Ă  la main et ses confrĂšres s’avĂšrent, hĂ©las pour le spectateur-auditeur, incapables de filmer avec une once d’originalitĂ© la musique mĂ©canique, mĂ©lodique et mĂ©lancolique des valeureux quatre garçons dans le vent des annĂ©es 80, moins encore de les identifier, y compris en surface ; pire, ils s’égarent dans un picaresque d’autocar prĂ©sageant les actuels ravages de la tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, en compagnie de fanatiques juvĂ©niles peu finauds, dont on se contrefout franchement. Conseillons aux cinĂ©philes, aux mĂ©lomanes, aux nĂ©ophytes et aux spĂ©cialistes de se rabattre vite sur Spirit ! Dnevnik Glumova SergueĂŻ Eisenstein, 1923 Eisenstein avant Eisenstein FantĂŽmas meets Ça ou presque dans cet aimable montage d’attractions » en mode mĂ©ta, qui inclut mĂȘme une architecture ecclĂ©siastique anale-phallique, des substitutions allĂ©goriques Ă  la MĂ©liĂšs et un signe slave assez obscĂšne de la mimine ; on le sait, le SergueĂŻ, nous saluant, souriant, Ă  la fin, mise en abyme ultime, destinait ce divertissement un brin sinistre, car innervĂ© par le frais souvenir de 14-18, car curieusement annonciateur de 39-45, visez-moi la svastika utilisĂ©e aussi en Russie impĂ©riale, d’accord, Ă  son adaptation d’une piĂšce apparemment axĂ©e sur la stupiditĂ© de la sagesse, ou l’inverse – averti par Vertov, dĂ©jĂ  en compagnie du fidĂšle Grigori Aleksandrov, le camarade cinĂ©phile passe ainsi de la scĂšne Ă  la saynĂšte, de la rampe Ă  l’écran, du théùtre au cinĂ©ma via un vrai-faux journal intime aux allures de JT en accĂ©lĂ©rĂ©, cryptique et homoĂ©rotique, amen
 Emily Henry Herbert, 1976 Fanny Hill peut continuer Ă  dormir tranquille, cet Ă©niĂšme rĂ©cit de virginitĂ© Ă  perdre en supposĂ©e bonne sociĂ©tĂ© ne suscite qu’un ennui dit poli, mais le travail impeccable de Jack Hildyard, DP valeureux Ă  l’Ɠuvre chez Lean, Mankiewicz, Nicholas Ray, Hathaway, Losey, Hitchcock ou sur Le Message de Moustapha Akkad, fait honneur Ă  l’ensemble insipide, trĂšs britannique dans sa sexualitĂ© de classes juste cachĂ©e ; et jolie scĂšne de douche pas farouche. Ewa Haim Tabakman, 2016 Vaudeville sous valium, Ă  base de surcadrages en widescreen, avec moto molto mĂ©taphorique et ponctuations en chansons, oĂč un retraitĂ© Ă©puisĂ©, sinon Ă©puisant, amateur de bain habillĂ©, se demande de maniĂšre rhĂ©torique Être un rescapĂ© de la Shoah t’autorise Ă  baiser ma femme ? ». En dĂ©pit du plan-sĂ©quence solaire liminaire, un brin tarkovskien, rematez Le Miroir, malgrĂ© un casting estimable, ce Jules et Jim issu d’IsraĂ«l assoupira fissa
 Felicity John D. Lamond, 1979 Avatar australien/hamiltonien de notre interminable Emmanuelle, voici un film dĂ©finitivement inoffensif, anecdotique, conservateur, sentimental, Ă  peine rendu supportable par la belle lumiĂšre de Gary Wapshott et le charme modeste de Glory Annen, lectrice en VO de l’exotico-datĂ©e Mademoiselle Arsan + un certain Story of O, chef-d’Ɠuvre mystique dĂ» Ă  Dominique Aury ; sinon, croiserons-nous enfin le FĂ©licitĂ© de Christine Pascal ? The Foreigner Martin Campbell, 2017 Camus ? David Morrell ! Et l’IRA, pourquoi pas, dĂ©crite en milieu naturellement incestueux, au figurĂ© puis au propre, liaison tante-neveu incluse. HĂ©las, ces Atrides-ci, insipides et sans style, s’agitent paresseusement dans la grisaille d’ensemble, entre Londres et l’Irlande. Le terrorisme assassine des gens a priori innocents, so what? Sans doute dans un souci d’équitĂ©, le tĂ©lĂ©film au bord de l’interminable suggĂšre aussi la torture britannique expliquĂ©e, sinon justifiĂ©e, par un attentat immĂ©diat, avatar de Mrs. Thatcher en l’air. La violence se nourrit de jeunesse quand l’ñge incite Ă  la diplomatie, amen et Dieu sauve la Reine » – ou la refoule via le Sinn FĂ©in. PiĂšce rapportĂ©e parmi cette partie d’échecs ou ce jeu de massacre en interne », Chan co-produit et joue les pĂšres orphelins, assommĂ©s par le chagrin. Soudain, il devient un expert militaire formĂ© au Vietnam, dame on s’émouvait, on ricanera. FĂŒr Elise Wolfgang Dinslage, 2012 TĂ©lĂ©film teuton triangulaire qui voudrait rivaliser avec Lolita, ja, mais qui s’avĂšre, en visionnage accĂ©lĂ©rĂ©, dĂ©finitivement un infime drame bourgeois minable et interminable meublĂ© chez IKEA ; si la France fixe dĂ©sormais la majoritĂ© sexuelle Ă  quinze annĂ©es, Ăąge de l’hĂ©roĂŻne plus Ă©prise de Chopin que de Beethoven, l’ensemble se caractĂ©rise par sa rĂ©dhibitoire puĂ©rilitĂ©, de scĂ©nario, d’interprĂ©tation et de rĂ©alisation – Brooke Shields, alors mineure dans le bordel par dĂ©finition peu politiquement correct de La Petite, en rit encore
 Giselle Toa Fraser, 2014 Captation Ă  la con d’une mise en scĂšne un brin burtonienne aux ponctuations cosmopolites en plein air et en studio, de danse, forcĂ©ment ; Gillian Murphy s’avĂšre aussi rousse que Moira Shearer tandis que Qi Huan remĂ©more Mark Dacascos ; on pensera ce que l’on veut du ballet classique en gĂ©nĂ©ral, de la partition d’Adolphe Adam en particulier, mais le British Kiwi qui commit ceci mĂ©riterait presque le mĂ©pris, comme si Les Chaussons rouges n’existait pas, comme si filmer des talents en mouvement se rĂ©duisait Ă  les suivre en charcutier de TV. Plus qu’un ballet, du cinĂ©ma » affirme l’accroche pompeuse et menteuse – aprĂšs le pitoyable Pina de l’éventĂ© Wenders, voici plutĂŽt la preuve supplĂ©mentaire d’un cinĂ© surgelĂ©, incapable de traiter le corps musiquĂ©, sinon en pur produit supposĂ© culturel, en vĂ©ritĂ© caduc. Le Grand Tournoi Jean-Claude Van Damme, 1996 Avec ce premier, presque dernier, film devant/derriĂšre la camĂ©ra, l’acteur attachant voulait certainement faire s’entrecroiser Il Ă©tait une fois en AmĂ©rique et OpĂ©ration Dragon, en sus de signer un mĂ©lodrame martial. HĂ©las, le scĂ©nario reste exsangue et la rĂ©alisation abuse d’angles dits hollandais, de ralentis flapis, d’un steadicam sans Ăąme. Apparemment, l’argent manqua, le temps itou, Moore dĂ©testa tout ceci, crĂ©dita le polyvalent Peter MacDonald de la cohĂ©sion d’occasion. Les esthĂštes apprĂ©cieront le travail Ă©vocateur du DP David Gribble et les spĂ©cialistes des combats la diversitĂ© des styles prĂ©sentĂ©s. En simple cinĂ©phile mĂ©lomane, quelques passages de la partition de Randy Edelman retiennent l’attention, tandis que la schizophrĂ©nie et la mĂ©lancolie idiosyncrasiques de Van Damme n’apparaissent qu’en filigrane. Un ratage Ă  oublier ? Un hommage manquĂ©, une odyssĂ©e amputĂ©e – dommage, JC. Halbschatten Nicolas Wackerbarth, 2013 L’histoire ? Elle est trĂšs simple. Ce n’est pas le problĂšme. » Justement si, en tout cas dans ce tĂ©lĂ©film fastidieux qui se voudrait formaliste, sorte d’Ozon teuton, visez-moi l’écrivain, la piscine, l’amant invisible. On espĂšre pour elle que l’équipe savoura son sĂ©jour niçois, aprĂšs tout, les co-productions franco-allemandes servent aussi Ă  ça, au lieu de faire du cinĂ©ma. L’auteur connaĂźt-il seulement Vigo & Demy ? On se fiche de le savoir, on se contrefout de lui. Happy Birthdead Christopher Landon, 2017 Insipide produit prĂ©fabriquĂ© portĂ© par une interprĂšte transparente et signĂ© par le scĂ©nariste-rĂ©alisateur d’un Larry Clark supportable + quatre Paranormal Activity, l’une des franchises les plus affligeantes-lucratives de notre minable modernitĂ© horrifique. La boucle temporelle Ă  la truelle ne suffisait pas le fils de Michael Landon inflige au cerveau d’ado, sa cible cynique, une morale moralisatrice, trĂšs amĂ©ricaine, Ă  main armĂ©e. Que le cupcake l’étouffe. Heinrich Himmler The Decent One Vanessa Lapa, 2014 La Shoah etc. avec bruitages, musiques, lettres anecdotiques, images d’horreur en couleurs l’Histoire selon la sĂ©rie Apocalypse, mise en scĂšne, mise en fiction, plombĂ©e par un psychologisme pompier, par une dĂ©licatesse Ă©lĂ©phantesque, privĂ©e de la plus petite perspective analytique ou historique ; un film malhabile, stĂ©rile, infantile, inutile, finalement parfait puisqu’aussi indĂ©cent que son sujet – on en reste Ă  Resnais, Lanzmann, voire Ă  Littell. HĂ©rĂ©ditĂ© Ari Aster, 2018 Un film d’horreur majeur, selon le consensus US ? PlutĂŽt une comĂ©die noire sur le deuil et le destin, filmĂ©e par un marionnettiste suspect, sur fond d’infanticide guĂšre accidentel et de sorcellerie familiale. On suppose que les fanatiques de la co-productrice Toni Collette apprĂ©cieront son petit numĂ©ro lucratif de maniaco-dĂ©pressive Ă©prise de miniatures, au pedigree chargĂ©. Sinon, les cinĂ©philes adultes en resteront Ă  Ne vous retournez pas puis Ă  Rosemary’s Baby
 L’Heure d’étĂ© Olivier Assayas, 2008 MĂ©trage petit-bourgeois sur/avec/par/pour des petits-bourgeois, Ă  faire passer Sautet pour un marxiste Ă  main-camĂ©ra armĂ©e ; jadis je subis seulement pour Maggie Cheung Irma Vep + Clean, aujourd’hui je m’imposai ça pour Édith Scob ; cette France-lĂ , ce cinĂ©ma-ci, cette tendance certaine du cinĂ© français, histoire de paraphraser Truffaut, qui peuvent-ils intĂ©resser, sinon ceux qu’ils prĂ©sentent, reprĂ©sentent, qui les financent, qui les rĂ©compensent ? On pourrait vite devenir verbalement violent envers ce type de films Ă©mĂ©tiques, alors gardons le silence, mĂ©prisons par l’indiffĂ©rence, Ă©vacuons l’inconsistance. Hitchcock/Ttruffaut Kent Jones, 2015 Double hagiographie rassie, amnĂ©sique, dĂ©pourvue du moindre esprit critique, psychologisante, languissante, superficielle et superflue, basĂ©e sur un classique autarcique devenu un peu vite la bible laĂŻque d’une certaine tendance cinĂ©philique ; tout ce dialogue technique et hermĂ©neutique, via un improbable mĂ©nage Ă  trois, Helen Scott en traductrice approximative fana de saint François, reprend la plaisanterie gĂ©nĂ©tique du corbeau de Poe, annonce la post-modernitĂ© notoirement Ă©namourĂ©e de second degrĂ©, de coulisses, de confessions, de making-of et d’explications Ă  la con les films de Hitch & Truffaut, trĂšs supĂ©rieurs au documentaire d’amateur, par-delĂ  un ouvrage incontournable et discutable, intĂ©ressant et surfait, conservent, tant mieux, leur mystĂšre, leur impact, irrĂ©ductibles aux analyses louangeuses de quelques adeptes obsolĂštes, croisĂ©s par deux historiens pour rien. HjemsĂžkt Carl Christian Raabe, 2017 Trauma maternel de tĂ©lĂ©film anonyme, Ă©tirĂ© sur une heure vingt, dĂ©butĂ© par une levrette dans les toilettes, mais main posĂ©e sur le ventre de l’épouse enceinte, avide d’avorter. Outre le cadre Ă©vocateur d’une NorvĂšge enneigĂ©e, tout ceci, Ă  subir par un aprĂšs-midi de saison, prĂ©lude idĂ©al Ă  sieston, s’illumine nĂ©anmoins de la prĂ©sence de SynnĂžve Macody Lund, ancien mannequin, dĂ©sormais actrice-productrice convaincante, cf. l’ultime plan menaçant
 Hold the Dark Jeremy Saulnier, 2018 TĂ©lĂ©film Netflix figĂ©, anĂ©miĂ©, interminable, qui voudrait bien se faire passer pour une rĂ©flexion Ă©clairĂ©e sur l’obscuritĂ© du cƓur colonial, surtout en Alaska + en Irak. En rĂ©alitĂ©, le masque lupin dĂ©masque le rien, la culpabilitĂ© partagĂ©e sent l’éventĂ©, citation du sacristain Gerard Manley Hopkins incluse. Si l’écriture du romancier William Giraldi possĂšde une certaine Ă©conomie Ă©vocatrice, le scĂ©nario se signale par son mystĂšre de maternelle, son mutisme d’auteurisme. La sĂ©quence de la fusillade, Ă©tirĂ©e au-delĂ  du raisonnable, sommet d’indiffĂ©rence en rime Ă  l’infanticide prophylactique, cristallise l’ensemble, l’arrogance risible de son esprit de sĂ©rieux, en sus de discourir sur l’indianitĂ© froidement dĂ©chaĂźnĂ©e. En matiĂšre de tĂ©nĂšbres, de sauvagerie, de wilderness, restons-en, sans regrets, Ă  The Thing Carpenter apocalyptique, The Grey les loups de Liam ou Sukkwan Island visitĂ© par votre serviteur. The Hunt Craig Zobel, 2020 ComĂ©die noire du samedi soir ? Zaroff fĂ©ministe ? MoralitĂ© de complotisme ? Surtout tĂ©lĂ©film au filigrane fasciste – fun du fĂ©minicide », amusement de l’homicide – Ă  ranger au rayon des blumeries-conneries. Si Hilary Swank, visible un tiers du trĂšs long mĂ©trage, paraĂźt payer ses impĂŽts, Ă  la limite du camĂ©o, Betty Gilpin ne manque pas de charme, ni d’arme, et rappelle une certaine Linda Hamilton chez James Cameron ; La Fontaine & Orwell opinent
 Ich und Kaminski Wolfgang Becker, 2015 TĂ©lĂ©film de luxe touristique, drolatique puis nostalgique, Ă  propos d’une impossible biographie de peintre retors Becker, auteur guĂšre prolixe du sympathique mais surfait Good Bye, Lenin! ne dit absolument rien sur l’art pictural, sur son milieu, sur l’arrivisme, la vieillesse ou l’amitiĂ© intergĂ©nĂ©rationnelle, et pas davantage sur le cinĂ©ma, mĂȘme s’il s’inspire pour l’ouverture de Forrest Gump, adresse au public sauf en France, dispensable inĂ©dit des clins d’Ɠil cinĂ©philes et tresse le fantasme au rĂ©el du rĂ©cit ; au-delĂ  d’une gĂ©nĂ©rique de fin ludique et convenu animation de toiles cĂ©lĂšbres, son vrai-faux road movie vaut pour la brĂšve prĂ©sence de la trop rare Amira Casar, ici somptueuse descendante aux perruques empruntĂ©es Ă  Louise Brooks, de la toujours fragile Geraldine Chaplin, hĂ©roĂŻne d’une scĂšne sĂ©nile assez cruelle. Recommandons aux esthĂštes un certain citoyen Kane
 Ichi Fumihiko Sori, 2008 MĂ©lodrame anonyme, dommage, visiblement tĂ©lĂ©filmĂ© sous valium, au fĂ©minisme soft, Ă  la quĂȘte incomplĂšte, au maternel trauma, aux combats en bois, aux adversaires ridicules, mais nĂ©anmoins muni d’un humour mĂ©ritoire, du beau duo formĂ© par Haruka Ayase & Takao Ìsawa, de la bonne BO de Lisa Gerrard & Michael Edwards, dĂ©laissant ici les gladiateurs hollywoodiens et les empereurs romains pour les samouraĂŻs in situ, voire atteints de cĂ©citĂ©. Jurassic World Fallen Kingdom Juan Antonio Bayona, 2018 On devine ce qui sĂ©duisit le rĂ©alisateur du rĂ©ussi L’Orphelinat jadis adoptĂ© par BelĂ©n Rueda la rĂ©surrection des dinosaures comme un conte de fĂ©es horrifique pour gamine dĂ©munie de parents, en rĂ©alitĂ© clone dickesque aux allures de petit Spartacus. Toutes les scĂšnes avec Geraldine Chaplin, Isabella Sermon, James Cromwell participent ainsi d’un gothique hispanique familial similaire. HĂ©las, le reste convainc moins, mĂ©lange de lĂ©chĂ©s logiciels et de marxisme de maternelle, de mĂ©taphore Ă  la PETA et d’antimilitarisme paresseux. Pire, la morale finale, outre annoncer la suite d’une franchise interminable, s’enlise dans un alarmisme Ă©cologique trĂšs contemporain, Jeff Goldblum en camĂ©o de cassandre repentante d’audition maccarthyste. Une fois de plus, sans surprise, Hollywood pasteurise la sensibilitĂ© europĂ©enne, aplanit la moindre aspĂ©ritĂ© au rouleau compresseur du politiquement correct... Kaçis Kenan Kavut, 2016 Disons que Le Silence de la mer rencontrerait Petit paysan. Un passager de la pluie syrien, une Ă©pouse turque, un mari stĂ©rile si ce premier long mĂ©trage trop sage Ă©vacue un peu vite le drame des migrants », comme on dit en Occident, au profit d’un mĂ©lodrame domestique sur fond de condition fĂ©minine loin d’Istanbul, il arrive Ă  exprimer sans pathos ni misĂ©rabilisme trois ou quatre choses assez justes sur l’exil, la solitude, la culpabilitĂ©, la colĂšre, la seconde chance. On retiendra prĂ©cisĂ©ment deux monologues dans une langue Ă©trangĂšre et avec l’espĂ©ranto du corps. On saluera de surcroĂźt l’attachant Ali Suliman, double meurtrier par accident, et la rĂ©vĂ©lation d’une actrice belle, talentueuse, intense Jale Arikan
 Kairaku OnsenkyĂŽ Nyotaiburo Atsushi Fujiura, 1981 ComĂ©die Ă©rotico-Ă©conomique plutĂŽt bien troussĂ©e par un spĂ©cialiste presque inconnu en nos contrĂ©es. Jamais misogyne, gentiment fĂ©ministe, la fable inoffensive et bon enfant sur fond de chasse au trĂ©sor historique autour d’une auberge libidinale affiche des femmes fortes, plĂ©onasme, et des hommes immatures, idem. La mĂ©lancolie d’un Mizoguchi se voit vite congĂ©diĂ©e au profit d’une coda en Ă©cho corrigĂ© Ă  Ridley Scott jadis on the road, car la suicidaire romantique et la patronne endettĂ©e deviennent associĂ©es, rusĂ©es complices de pactole en Mercedes, puis nous adressent un double V souriant via l’écran. MoralitĂ© rien ne vaut le coffret mouillĂ© entre tes cuisses douces, alors gare Ă  trop rĂȘver ou convoiter du vent. À l’orĂ©e des annĂ©es fric, au Japon ou non, cette bande mineure, pas interdite aux mineurs, un peu longuette malgrĂ© sa briĂšvetĂ©, assez sympathique, soignĂ©e, s’avĂ©rait donc d’actualitĂ©. Konvert Vladimir Markov, 2017 Un film horrifique russe ? Des citoyens du Kremlin dĂ©signent le rĂ©gime de Poutine, passons. Ici, une malĂ©diction empestĂ©e du dix-huitiĂšme siĂšcle se poursuit dans un pays gris, glacĂ©, cadrĂ© en Scope, survolĂ© en drone. Igor, chauffeur puis facteur malgrĂ© lui, va passer une nuit d’enfer dĂ©fiant son apprĂ©hension de l’espace-temps. Il croisera une adepte de Dorian Gray, il s’occupera de son propre salut, chauffard distrait de gamine hantĂ©e, in extremis Ă©vitĂ©e. Cette moralitĂ© sur la deuxiĂšme chance, la culpabilitĂ©, la responsabilitĂ©, manque certes de regard de cinĂ©aste et d’ñme slave ou pas, mais constitue au final une petite curiositĂ© pionniĂšre, oĂč la joliesse des actrices compense un peu leur manque de talent, oĂč l’inanitĂ© du script rĂ©pond Ă  l’inanimĂ© de la trame, oĂč la Russie d’hier, de chasse aux sorciĂšres, et celle d’aujourd’hui, au capitalisme funĂšbre, cartographient un continuum mental soignĂ©, longuet. Leviathan George Pan Cosmatos, 1989 D’origine inconnue brocardait l’instinct de propriĂ©tĂ© six ans aprĂšs, toujours avec Peter Weller, Leviathan mine le capitalisme sous-marin. Il suffit d’une vodka avariĂ©e, trafiquĂ©e, pour que les membres de l’équipage fusionnent Ă  la Society, constituent chacun Ă  son tour une crĂ©ature lovecraftienne in extremis explosĂ©e en plein jour, en surface, via une fusĂ©e de dĂ©tresse. Bien Ă©paulĂ© par le DP Alex Thomson et le dĂ©corateur Ron Cobb, Cosmatos filme avec un sĂ©rieux remarquable son survival transalpin plus proche du Continent des hommes-poissons que de Alien. Certes, l’ensemble ne brille ni par sa profondeur ni par son intensitĂ©, mais le regrettĂ© George savait assurĂ©ment conduire un huis clos, mettre en valeur le charme d’Amanda Pays autant que le travail organique de Stan Winston. N’omettons pas Crenna en doc polyglotte + Meg Foster en PDG psychorigide. Une rĂ©ussite ? Un titre assez sympathique. Looking Glass Tim Hunter, 2018 Faut-il dĂ©faillir ou s’en ficher ? De l’estimable Motel autrefois bien tenu par NimrĂłd Antal il ne demeure plus rien, sinon ce piteux tĂ©lĂ©film insipide, inepte, anonyme, Ă©clairĂ© sans doute par un adepte du boulot de BenoĂźt Debie. On aime bien Robin Tunney & Nicolas Cage mais pas ici, pas comme ça, mĂȘme si l’on comprend parfaitement la nĂ©cessitĂ© de payer ses impĂŽts, en Arizona ou en Utah. Et l’accroche Ă  double sens dit vrai voir Ă©quivaut Ă  dĂ©cevoir. The Lost World Harry O. Hoyt, 1925 Comment rĂ©sister au cinĂ©ma comme aventure ? Presque cent ans aprĂšs, visionnĂ©e dans une version aux bruitages superflus pas si malvenus, n’en dĂ©plaise Ă  ceux encore traumatisĂ©s par le Metropolis de Moroder, cette adaptation de Doyle sĂ©duit, pas seulement grĂące au bestiaire belliqueux et vorace du magicien O’Brien, Spielberg peut remballer ses dinosaures numĂ©risĂ©s, l’émerveillement de l’enfance se trouve ici, ou dans la mythologie en mode Harryausen, pas chez lui. Cette histoire est humainement trĂšs intĂ©ressante », en effet, quĂȘte des origines – le pĂšre, la prĂ©histoire – doublĂ©e d’une moralitĂ© sur l’hĂ©roĂŻsme Ă  base de triangle sentimental. Bien sĂ»r, tout ceci reste sage et ne saurait possĂ©der la richesse Ă©rotique-rĂ©flexive de King Kong, cependant l’ensemble constitue un divertissement plaisant, intelligent, souvent drĂŽle, toujours inspirĂ©, Ă©ruption/Tamise incluses honneur Ă  Challenger ! Louise en hiver Jean-François Laguionie, 2016 La vieillesse s’avĂšre un naufrage, disait de Gaulle, toutefois la naufragĂ©e de Laguionie le contredit, dĂ©couvre, au soir isolĂ© de sa vie, les vertus de l’invisibilitĂ©, la plĂ©nitude de la solitude, le baume de l’amnĂ©sie. Certes, cette robinsonnade senior, Ă  base autobiographique, souffre de son caractĂšre anecdotique, rassure un peu trop, un peu trop vite, sa douceur graphique disons en rĂ©ponse Ă  la rudesse lucide du Amour de Haneke. Cependant, elle sait inclure du macabre Ă©vocateur, en apesanteur, elle arbore une belle scĂšne de suicide acide, de rescapĂ©e Ă  son PĂ©pĂšre, en effet. Sorte de rencontre improbable, sur le sable, entre Les Vacances de Monsieur Hulot et Je suis une lĂ©gende, la fable affable dĂ©localise l’Overlook en Bretagne, associe les visages aux paysages, l’extĂ©rioritĂ© Ă  l’intĂ©rioritĂ©. Le voyage immobile, Ă  la bande-son soignĂ©e, mĂ©rite ainsi sa dĂ©couverte estivale. Mauvaise graine Alexandre Esway & Billy Wilder, 1934 Une comĂ©die motorisĂ©e un peu au point mort, d’accord, mais aussi assez soignĂ©e, sympathique et mĂȘme un brin marxiste, coloniale contexte historique oblige, finalement morale, voire moralisatrice, scellant les presque dĂ©buts de la dĂ©licieuse Danielle, Ă  peine adolescente, du cher Wilder, en français d’exilĂ© s’il vous plaĂźt ; notons en outre la partition bicĂ©phale d’Allan Gray & Franz Waxman, bientĂŽt enrĂŽlĂ©s par les Archers ou Hollywood ; quant aux cinĂ©philes marseillais, ils se souviendront que le co-rĂ©alisateur, Alexandre Esway, dirigea par deux fois Fernandel, que Maupi, avec ou sans panama, participa Ă  moult Pagnol citĂ© en clin d’Ɠil cravatĂ©, que les amants en cavale, littĂ©ralement sur la paille, surplombent en plan-sĂ©quence le pont + la plage de CorbiĂšres, tout prĂšs du quartier-village de L’Estaque, oĂč tourneront plus tard, Ă©videmment, RenĂ© Allio puis Robert GuĂ©diguian
 La MĂ©gĂšre apprivoisĂ©e Ferdinando Maria Poggioli, 1942 Pas de tĂ©lĂ©phone blanc mais un abri souterrain ce titre d’un cinĂ©aste mĂ©connu dĂ©localise Shakespeare dans une Rome martiale. Avec sa misogynie musicale et souriante, la comĂ©die du double mariage montre vite ses limites mussoliniennes, bien que la copie impeccable rende hommage au travail du DP Renato Del Frate. Poggioli, aussi homo que Luchino, dixit Jean A. Gili, manque de style et d’implication, il filme cependant Amedeo Nazzari en nouvel Errol Flynn et le scĂ©nario Ă  plusieurs sait esquisser de sympathiques silhouettes. Mieux, l’ouvrage dĂ©cevant la critique associe dĂ©cor et dehors, marivaudage d’un autre Ăąge et architecture urbaine contemporaine. Bien sĂ»r, un certain Rossellini remisera tout ceci au placard, ouvrira le cinĂ©ma transalpin sur le mĂ©lodrame dit nĂ©o-rĂ©aliste. On peut pourtant passer quatre-vingts minutes de sa cinĂ©philie en compagnie de l’énergique-mutine Lilia Silvi. Men & Chicken Anders Thomas Jensen, 2015 Des souris et des hommes ? Cinq mecs et quelques poules, donc, durant cette dark comedy ou drame drolatique souvent amusante, discrĂštement touchante, Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre sidĂ©rante, surtout au niveau cinĂ©matographique. Ce film un peu trop tranquille, vraie-fausse relecture de L’Île du docteur Moreau, due au signataire de Antichrist et La Tour sombre, vaut pour son scĂ©nario de frĂ©rots, de secrets familiaux, pour une distribution Ă  l’unisson, mentionnons Mads Mikkelsen en Ă©mule de John Holmes, David Dencik en sosie de Roland Topor ou Bodil JĂžrgensen en doublure d’Aurore ClĂ©ment. DerriĂšre la dĂ©fense assez consensuelle, voire conservatrice, du droit Ă  la diffĂ©rence, de la solidaritĂ© de l’anormalitĂ©, se dissimule le souvenir sinistre de l’eugĂ©nisme du voisin suĂ©dois, corrigĂ© par le conte de fĂ©es. Le monde tremblera Richard Pottier, 1939 Co-Ă©crit par Clouzot, incarnĂ© par un excellent casting, voici un conte philosophique et drolatique reposant sur une idĂ©e dramatique, en effet fatidique, qui actualise la crise de 1929, qui sortit en 1939, oĂč entendre le mot guerre » et ressentir une sorte de panique Ă  peine prophĂ©tique ; par-delĂ  un traditionnel moralisme scientifique, Pottier soigne sa fable affable, dans laquelle prĂ©dire la mort revient Ă  dĂ©truire l’espĂ©rance + la Bourse Ă  la Samson. Most Beautiful Island Ana Asensio, 2017 Apparemment basĂ© sur une histoire vraie », rĂ©servoir usagĂ© pour scĂ©nariste stĂ©rile, voici encore un court diluĂ© durant quatre-vingts minutes mettant Ă  l’épreuve la patience du cinĂ©phile en ligne. Cela commence par des blattes de salle de bains et finit par des araignĂ©es importĂ©es, olĂ©. Aussi illĂ©gale que la mygale, ou sa consƓur au bout de la peur, Luciana, mĂšre endeuillĂ©e, espĂšre se faire du blĂ© fissa grĂące Ă  une soirĂ©e sympa. Bien sĂ»r, une surprise dĂ©sagrĂ©able l’attend, ni cĂ©rĂ©monie secrĂšte sadienne, ni viol en rĂ©union » par des bobos carburant au champagne. Visage et physique de mannequin, Ana Asensio signe une indigence indie en partie produite par Larry Fessenden, Ă  transformer les laxatifs des frĂšres Dardenne en modĂšles de composition et d’observation. Ceci se voudrait une fable Ă©difiante sur la responsabilitĂ©, la solidaritĂ©, la fĂ©minitĂ© ceci s’apparente Ă  un Ă©pisode de Fear Factor. Nitro Rush Alain Desrochers, 2016 TĂ©lĂ©film nullissime, aux combats en bois, Ă  l’action Ă  la con, qui de surcroĂźt se voudrait un mĂ©lodrame paternel, punaise. N’en dĂ©plaise aux accueillants QuĂ©bĂ©cois, on ne dĂ©cĂšle hĂ©las pas une seule seconde de cinĂ©ma parmi ce brouet-lĂ , que commit un ex-clipeur passĂ© par la TV et la publicitĂ©, vite on le devinait. Quant Ă  la tatouĂ©e baston en prison, demeurons au Canada, on la comparera ou plutĂŽt pas avec celle assez superbe des Promesses de l’ombre
 Not of This Earth Jim Wynorski, 1988 Aimable cormanerie commise par le stakhanoviste Jim Wynorski, Ă  visionner surtout pour Mademoiselle Lords, ici dĂ©licieuse et drĂŽle infirmiĂšre Ă  domicile prĂ©nommĂ©e Nadine, tandis que Kim Basinger, dans le presque similaire et contemporain J’ai Ă©pousĂ© une extra-terrestre, s’appelle Celeste ; puisque mĂȘme un divertissement assumĂ©, amusant, ne saurait tout Ă  fait s’extraire ni s’exonĂ©rer de son temps, l’argument prend acte du sida, jugĂ© en effet un flĂ©au » par le toubib de service ; beau boulot du directeur de la photo Zoran HochstĂ€tter. Nous, les chiens Lee Choonbaek & Oh Seong-Yun, 2020 Certes, le dessin ou l’animation manquent de finesse, mais cette curiositĂ© presque pionniĂšre, remember le brillant, sinon merveilleux, Wonderful Days, mĂ©rite une certaine estime, sĂ©duit par son Ă©vidente modestie, vire davantage vers le wild selon London que les pitreries, pardon, le plat de spaghetti, de Disney, jamais beau et moins encore clochardisĂ©, malgrĂ© un clin d’Ɠil dĂ©localisĂ©. Ici aussi, l’espĂšce bipĂšde se caractĂ©rise par sa cruautĂ©, la survie des canidĂ©s nĂ©cessite leur solidaritĂ©, le mĂ©tissage animal in extremis domine. Quant Ă  la coda, en effet explosive, elle dispose de soldats sud-corĂ©ens, dĂ©mons/gardiens d’un Ă©den atteint
 Les Onze Mille Verges Éric Lipmann, 1975 Érotisme fantasmatique, mis en abyme et pleinement publicitaire, commis par un spĂ©cialiste mĂ©lomane, un conseiller de Toscan du Plantier, un admirateur de Quincy Jones. Pourtant l’opus point ne dĂ©plaĂźt, portĂ© par le sourire du frĂšre de Patrick Dewaere + celui de l’ensemble de l’essaim fĂ©minin, callipyge et dotĂ© d’une aisance, sinon d’une innocence, very seventies. À dĂ©faut de retrouver en images l’immoralisme sauvage, stimulant et souvent amusant d’Apollinaire, le cinĂ©phile littĂ©raire apprĂ©cie la belle BO de Colombier. Une scĂšne sexuelle mĂ©morable, topless Marion Game, remplie de nĂ©ologismes jouissifs, charme idem
 The Passenger Jaume Collet-Serra, 2018 Hawthorne ? Dumas ! Vieilli, amaigri, la voix cassĂ©e, ridĂ©e, Liam Neeson se fait Ă  nouveau emmerder, cette fois-ci dans le train de banlieue qu’il emprunte depuis dix ans. HypothĂšques, fils filant en fac, licenciement intempestif, mission pas si impossible bien rĂ©munĂ©rĂ©e l’assureur, rassurons-nous, ne rendra pas le tĂ©moin muet, rĂ©intĂ©grera la police. Hors une bagarre en plan-sĂ©quence et un dĂ©raillement nocturne, instants spectaculaires et virtuoses, la traversĂ©e s’avĂšre bien longue, le voyage bien vain. Le marxisme du mĂ©trage se limite Ă  faire un doigt d’honneur amĂ©ricain Ă  Goldman Sachs et Ă  dĂ©noncer scolairement le capitalisme ruineur, corrupteur, tueur. Si De Palma rĂ©alisa dans le TGV de Tom un grand film excessif, Ɠdipien, mĂ©ta, l’aimable Collet-Serra semble dĂ©sormais essorĂ©, en pilotage automatique famĂ©lique ; notons les camĂ©os Ă  la con des talentueux Vera Farmiga & S. Neill. The Patriot Dean Semler, 1998 DP douĂ©, rĂ©alisateur mineur, Dean Semler signe en anonyme un western viral, oĂč assure et sourit Steven Seagal. Sa moralitĂ© amĂ©ricaine manie milice suprĂ©maciste et immunologie amĂ©rindienne au terme de la sĂ©cession, de la contamination, du confinement, de l’affrontement, des hĂ©licoptĂšres militaires, semeurs de fleurs, herbe rouge » Ă  la Boris Vian, apaisent l’épidĂ©mie nommĂ©e VietNam, victoire de la bienveillance du medicine man
 Paul, apĂŽtre du Christ Andrew Hyatt, 2018 Plan-sĂ©quence au steadicam dans le sillage de Luc le long de nocturnes rues romaines oĂč les chrĂ©tiens servent de chandelles humaines bonne atmosphĂšre liminaire crĂ©pusculaire puis pas de miracle avec ce mĂ©trage au succĂšs sans doute dĂ©moniaque, plombĂ© par un dolorisme et un prosĂ©lytisme de tĂ©lĂ©film Ă  faire passer DeMille pour un adepte du jansĂ©nisme et Gibson pour un modĂšle de laĂŻcitĂ© ; sinon, Joanne Whalley ressuscite en citoyenne attachĂ©e Ă  sa citĂ© incendiĂ©e par NĂ©ron, quel con, Caviezel rempile privĂ© de fouet, descendu de sa croix polĂ©mique, Faulkner dicte ses Ă©pĂźtres cosmopolites et Martinez se dĂ©guise en taulier-prĂ©fet Ă  l’accent français, Ă  la coupe d’armĂ©e. Si les croyants pardonnent, les athĂ©es fuient vite fait. Payback Brian Helgeland, 1999 OrphĂ©e de polar, Gibson veut rĂ©cupĂ©rer sa part et s’égare dans une ville vintage, avatar de seventies, au grĂ© d’un argument inconsistant aux allures de jeu de massacre vidĂ©o, un niveau puis l’autre, un nervi Ă  chaque fois occis. En dĂ©pit du vrai plaisir de retrouver Gregg Henry, William Devane, Kris Kristofferson et un James Coburn curieusement non crĂ©ditĂ©, on frise l’ennui dit poli au cours de cette comĂ©die grise et pas si funky, oĂč Deborah Kara Unger demeure scandaleusement sous-utilisĂ©e, oĂč la sexy Lucy Alexis Liu s’amuse en princesse SM, oĂč Maria Bello donne un brin de relief Ă  sa prostituĂ©e amoureuse. Pris entre les feux croisĂ©s des voyous et des ripoux, Porter perd deux orteils mais finit eh oui par s’en sortir via un coup de fil explosif. DĂ©lestĂ© de son passif et d’un fils par procuration, otage que garde un clĂ©bard homonyme, notre couple prend la route et l’acteur-producteur paraĂźt soulagĂ© – nous itou
 PerchĂ© quelle strane gocce di sangue sul corpo di Jennifer? Giuliano Carnimeo, 1972 SociocinĂ© sous la panoplie assez soignĂ©e, rythmĂ©e, Ă©rotique, comique, de l’imagerie meurtriĂšre-policiĂšre transalpine, un florilĂšge floral, dĂ©pressif, de la sexualitĂ© du temps, pas seulement, gĂ©noise ou non, Ă  base de prostitution, de saphisme, d’échangisme, d’onanisme en huis clos, l’immeuble-tombeau abritant des locataires Ă  faire passer ceux de Polanski 1976 pour de bienfaisantes brebis. Proies programmĂ©es du scĂ©nario mathĂ©matique, traumatique, du stakhanoviste Ernesto Gastaldi, mais silhouettes sympathiques mises en valeur par un spĂ©cialiste du western, l’exquise Edwige et ses amies mimi sĂ©duisent sans souci, escortĂ©es du leitmotiv addictif de Bruno Nicolai. L’assassinat en ascenseur annonce bien sĂ»r en mineur celui de Pulsions Brian De Palma, 1980, giallo dĂ©localisĂ©, vidĂ© de violon. Porn of the Dead Rob Rotten, 2006 Un film en effet horrifique, aussi faisandĂ© que son affiche, façonnĂ© par un fumiste falot, sorte de noces d’Éros & Thanatos pour le boloss, sĂ©rie de vignettes suspectes sans queue ni tĂȘte, quoique, qui dĂ©moralisera autant les amateurs de dites horreurs et ceux qui rĂ©flĂ©chissent Ă  la pornographie, pas l’inverse, mĂȘme si l’imagerie interdite aux mineurs mĂ©rite mieux que le mĂ©pris a priori ou l’apologie corporatiste. Conseillons donc aux cinĂ©philes nĂ©crophiles, possible plĂ©onasme, d’en rester au teutonique Nekromantik Buttgereit, 1987, modeste rĂ©ussite sympathique, si comparĂ©e Ă  l’assourdissant crossover
 Pot o’ Gold George Marshall, 1941 James Stewart vomissait ce titre musical mĂ©connu de sa filmographie, mais rien ne vous oblige Ă  savourer tous les jours les vertiges de Vertigo, pas vrai ? Certes, nul ne confondra George Marshall & Frank Capra, son marxisme inoffensif se rĂ©sume Ă  un lancer de tomate pourrie sur le capitaliste apoplectique, signature du slapstick de ses origines. Cependant, l’argument transparent ne manque point d’allant charmant, rĂ©serve mĂȘme, dans sa briĂšvetĂ©, quelques sourires au cinĂ©phile pressĂ©. Ici, Jimmy, surnom aussi de rĂ©cit, s’oppose Ă  son oncle, rencontre l’amour de sa vie, commerce d’armes, de cosmĂ©tiques contre troc, pratique de la musique. Si Mary Gordon, rĂ©guliĂšre de John Ford + Charles Winninger, adversaire aphone, ne dĂ©mĂ©ritent, Miss Paulette Goddard, chanteuse doublĂ©e, mĂ©rite tous nos Ă©gards. Radiophonique, anecdotique, sympathique, un divertissement d’antan, Ă  revoir maintenant. Le Puits et le Pendule Alexandre Astruc, 1964 TournĂ© pour la TV, ce qui le rend davantage audacieux et prĂ©cieux, Le Puits et le Pendule relu par Alexandre Astruc, Ă©clairĂ© par Nicolas Hayer, devient un superbe survival annonciateur du torture porn et lestĂ© d’un lyrisme mystique, merci Ă  la partition chorale d’Antoine Duhamel, Ă  jamais insaisissable pour l’épuisante franchise des Saw. La camĂ©ra mobile, avec ses cadres au cordeau, magnifie l’immobilitĂ© d’un huis clos remĂ©morĂ©, achevĂ© sur une fenĂȘtre cĂ©leste et l’arrivĂ©e hors-champ de la cavalerie hexagonale. Maurice Ronet, remarquable par sa voix et par son corps, incarne avec une prĂ©cision d’horloger romantique le prisonnier de Poe admirablement transposĂ© en français par Baudelaire. RĂ©ussissant un suspense mĂ©taphysique parfois silencieux, le rĂ©alisateur rĂ©habilite des rongeurs salvateurs. Pussy Kills Gabriel Black, 2017 Avec son titre explicite, Ă  la Russ Meyer, ce film dit de viol et revanche s'avĂšre sympathique, car il opte pour le drolatique, laissant Ă  autrui, pas seulement Abel Ferrara + sa nonne armĂ©e, le registre dramatique. On sourit ainsi souvent, malgrĂ© l'argument a priori refroidissant, Ă  cette histoire d'une pauvre orpheline transformĂ©e le jour de Halloween en Diane chasseresse des membres du gang qui renvoyĂšrent ses parents ad patres puis lui infligĂšrent un sanglant outrage de prisonniĂšre trop impliquĂ©e. DĂ©guisĂ©e en chatte, l'impitoyable nĂ©mĂ©sis multiplie les exĂ©cutions de saison, remplit l'intitulĂ© descriptif. La fugue psychogĂ©nique se solde par un suicide, hĂ©las. Gabriel Black cumule les postes, soigne l’image et n’exploite pas son actrice de telenovela, la callipyge, amusante, presque touchante Lina Maya, beautĂ© brune qui vaut bien Halle Berry et mĂ©rite, peu couverte, d’ĂȘtre dĂ©couverte ici. Radioactive Marjane Satrapi, 2019 Biopic merdique, pseudo-scientifique, structurĂ© tel L’Impasse, emprunts Ă  J’accuse inclus, Ă©clairĂ© Ă  la Jeunet, portĂ© par une piĂštre interprĂšte, prĂ©sentĂ© » par Studiocanal & Amazon Studios, Dio mio, vu en VO, 3 spectatrices dans la salle estivale, ce fichu tĂ©lĂ©film sur Madam Kiouri », entre fĂ©minisme et catastrophisme, mĂ©rite ses mauvaises critiques, des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique, mĂ©lo zĂ©ro commis par la responsable du dispensable Persepolis
 Railroad Tigers Ding Sheng, 2016 Au croisement de La Bataille du rail et de La Grande Vadrouille, un opus poussif, en train inter-minable, qui ferait presque regretter les frasques dĂ©jĂ  ratĂ©es, sises en simultanĂ©, du Bon, la Brute et le CinglĂ© sud-corĂ©en, hein. Question pont, on prĂ©fĂšre en rester Ă  ceux de Lean & Leone, ouvrages sens duel d’un autre Ăąge, pas encore contaminĂ©s par le numĂ©rique cheap, en sus lestĂ©s d’une dimension symbolique. Jackie Chan porte une barbe, nous barbe
 La RĂ©surrection du Christ Kevin Reynolds, 2016 On pouvait espĂ©rer la rĂ©surrection de Kevin Reynolds, naguĂšre auteur du beau La BĂȘte de guerre et de l’estimable 187 code meurtre. HĂ©las, le dĂ©sert de JudĂ©e n’égale pas celui de l’Afghanistan et la crucifixion de Yeshua » paraĂźt un passage obligĂ© vite expĂ©diĂ© par rapport au calvaire de cailleras subi par Samuel Jackson. Le cinĂ©aste, ici co-scĂ©nariste, ose se risquer Ă  la simplicitĂ©, Ă  la trivialitĂ©, Ă  l’amitiĂ©, les scĂšnes du combat avec Barabbas, de la traque du tribun, ne manquent point d’une certaine Ă©nergie, tandis que Joseph Fiennes s’avĂšre assez solide en tĂ©moin Ă  jamais transformĂ©. Cependant tout ceci, produit par les missionnaires de Affirm Films, manque de chair, d’esprit, de souffle, de vie, de prestance et de transcendance. La RiviĂšre du hibou Robert Enrico, 1962 Rod Serling prĂ©sente en VO un film de Robert Enrico d’aprĂšs Ambrose Bierce – nous voici bel et bien dans La QuatriĂšme Dimension, ou plutĂŽt durant la guerre de SĂ©cession, pĂ©riode de pendaison surtout en cas de sabotage de voie ferroviaire. Roger Jacquet, assez exceptionnel, succombe au cĂ©rĂ©monial macabre mais s’évade grĂące Ă  une fugue psychogĂ©nique oĂč il retrouve sa chĂšre Abby, afin de la perdre une seconde fois via une chute impitoyable. SituĂ© en CĂ©vennes, primĂ© Ă  Cannes puis Ă  Hollywood, La RiviĂšre du hibou se savoure en western sensoriel et cruel, panthĂ©iste et onirique. Bien secondĂ© par son fidĂšle DP Jean Boffety, Enrico accouche d’une Ɠuvre vĂ©nĂ©neuse et proustienne, qui prĂ©sage Carnival of Souls autant que Le Vieux Fusil, eh oui, autre poignant voyage dans le temps, avec Noiret substituĂ© Ă  Morel. SalomĂ© Charles Bryant, 1923 Oscar Wilde dut se retourner dans son cercueil ou se rĂ©jouir, en adepte du paradoxe au vu de ce pĂ©plum arty, kitsch, Ă©quivalent local de notre hexagonal film d’art, Ă  faire passer DeMille pour un Ă©mule de Bresson. HĂ©roĂŻne androgyne d’un huis clos Art dĂ©co, frontal et statique, de reprĂ©sentation paupĂ©risĂ©e en MJC, la Nazimova, par ailleurs pygmalion bisexuel de Valentino Natacha Rambova, son Ă©pouse, s’occupa du scĂ©nario et des costumes, d’aprĂšs Aubrey Beardsley, s’il vous plaĂźt, en fait des tas, ses comparses ne dĂ©mĂ©ritent pas on reverra Rose Dione parmi La Monstrueuse parade, en roue libre devant la camĂ©ra du gay Bryant, mari de la star bientĂŽt dĂ©chue. Aucun Ă©rotisme voilĂ©, dĂ©voilĂ©, hĂ©las, Ă  peine un halo homo et une cage aux folles, pardon, un puits Ă  prophĂšte prĂ©sageant les oubliettes nippones de Ring – rĂ©sumons coĂ»teux, ruineux, assez prĂ©tentieux et souvent risible, donc. Sans famille Marc AllĂ©gret, 1934 InterprĂšte poignant pour Poil de Carotte Duvivier, 1932, Robert Lynen rempile en RĂ©mi dans ce mĂ©lo de studio sachant aussi s’aĂ©rer ; si Malot relit en partie Dickens, Marc AllĂ©gret amincit le roman et livre un film plutĂŽt plaisant, pas seulement destinĂ© aux enfants, Ă  base de filiation, d’éducation, de renonciation, au picaresque jamais pathĂ©tique, aux animaux pas sots, au gendarme Ă  vomir et aux amis de hasard Ă  chĂ©rir, avant de retrouver, enfin, Maman. Shepherds and Butchers Oliver Schmitz, 2016 TĂ©lĂ©film de luxe plutĂŽt bien Ă©crit et interprĂ©tĂ©, notamment par Steeve Coogan en avocat abolitionniste et Garion Dowds en bourreau traumatisĂ©, qui parvient un peu Ă  renouveler la perspective raciale » en l’incluant au cƓur du systĂšme carcĂ©ral, par nature inĂ©galitaire, surtout dans l’Afrique du Sud des annĂ©es 80. Certes, l’Ɠuvre en Scope esthĂ©tise assez la pisse, le sang ou le vomi, tant pis, et enfonce des portes ouvertes Ă  propos du cercle en effet infernal des violences Ă©tatiques, politiques, nĂ©vrotiques, mais elle n’omet pas la place des victimes, rĂ©ussit deux scĂšnes d’émeute et d’enterrement, repose en partie sur une belle idĂ©e de cinĂ©ma sonore, plĂ©onasme, l’association d’une trappe fatale et d’une portiĂšre mortifĂšre... Skeleton Crew Tommi Lepola & Tero Molin, 2009 MĂ©ta finnois plutĂŽt sympa. Le tandem derriĂšre la camĂ©ra maĂźtrise la mise en abyme et le mĂ©trage Ă  tiroirs s’avĂšre soignĂ©, Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre rĂ©volutionnaire. PlacĂ© sous le signe d’une partie de la filmographie de Carpenter, t-shirt inclus, ce titre passĂ© assez inaperçu ne mĂ©rite ni mĂ©pris ni indiffĂ©rence, car il respecte les personnages et les spectateurs, mĂȘme mĂ©contents in extremis. En rĂ©sumĂ©, une plaisante surprise documentĂ©e, drolatique, adulte. Les statues meurent aussi Ghislain Cloquet, Chris Marker, Alain Resnais, 1953 Bien avant Les Herbes folles, Resnais, alors accompagnĂ© de Marker + Cloquet, s’occupait de botanique de la mort ». Avec le support d’une revue spĂ©cialisĂ©e, il dĂ©livre en virtuose une leçon d’esthĂ©tique, de politique, de cinĂ©ma chorĂ©graphiĂ©, censurĂ©. La camĂ©ra enlace les statues ressuscitĂ©es par le double regard orientĂ©, les archives tendent Ă  dĂ©montrer un point de vue documentĂ© Ă  la Vigo, charge toujours valable contre le colonialisme et le capitalisme. Plus secrĂštement, ce pamphlet brillant et brĂ»lant interroge sur l’altĂ©ritĂ© radicale, la fraternitĂ© d’outre-tombe, la dĂ©gradation d’une culture et la possible paritĂ© des ĂȘtres par-delĂ  la rĂ©pression » commune et la diffĂ©rence superficielle, fantasmĂ©e, des couleurs d’épiderme. Ni angĂ©lique ni statique, le film du tandem propose un poĂšme temporel, Ă©tudie un art insĂ©parable du cosmos, espĂšre une rencontre sans pittoresque et sans dĂ©illusions. Swinging Safari Stephan Elliott, 2018 On dĂ©cida de subir ceci pour la prĂ©cieuse Kylie, presque mĂ©connaissable en alcoolique mutique, en mĂšre urophile de gamine mĂ©dusĂ©e, au propre, au figurĂ©, qui retrouve son voisin de TV prĂ©fĂ©rĂ©, l’éclectique Guy Pearce, qui accompagne Asher Keddie, Radha Mitchell, ici brunie, Julian McMahon & Jeremy Sims. HĂ©las, la chronique adolescente un brin attristĂ©e, gentiment mĂ©ta, assortie d’une satire sexuelle vintage, Ă  base d’échangisme sĂ©parateur, des fellations en sĂ©rie de la sister, en sus d’un cĂ©tacĂ© Ă©chouĂ©, explosĂ©, n’amuse jamais, mise en images sans une once de personnalitĂ© par le signataire du succĂšs Priscilla, folle du dĂ©sert, du boudĂ© Eye of the Beholder, vrai-faux remake inepte du Mortelle randonnĂ©e de Miller. La destruction de conclusion, idem au ralenti, rappelle Antonioni Ă  Zabriskie, tandis que la moralitĂ© consensuelle paraphe l’inanitĂ© de l’entreprise. Oui au cinĂ© d’Australie, pas Ă  celui-ci. Le Temps perdu Michel Brault, 1964 MĂ©lancolie canadienne francophone au carrefour du documentaire et de la fiction, par l’une des figures majeures de la trop mĂ©connue cinĂ©matographie quĂ©bĂ©coise une hĂ©roĂŻne de quinze ans, dont un carton explicite le mystĂšre ontologique, se souvient en hiver de son last summer de baby-sitter, Ă  papoter avec ses potes, Ă  se sĂ©parer de garçons pas cons, eux-mĂȘmes prĂ©occupĂ©s de similaires sujets, l’amour, la mort, le mariage, l’existence de Dieu, amen. Le Temps perdu ne fait pas perdre le sien au spectateur curieux, car il conserve depuis cinq dĂ©cennies sa fraĂźcheur, sa spontanĂ©itĂ©, sa sensualitĂ© fĂ©minine et montrĂ©alaise. Film libre et film intime, film de neige, de pluie, de soleil pour des jeunes filles en fleurs, il tourne autour de CĂ©line Bernier, belle et brune sylphide nostalgique Ă  l’orĂ©e de sa vie, de ses envies. Tetarti 0445 Alexis Alexiou, 2015 Polar grec certainement pas financĂ© par l’OTSI d’AthĂšnes, Ă  l’imagerie trop proprette et aux prĂ©tentions sociologiques de produit europĂ©en pour chaĂźne franco-allemande dite culturelle ou festival auteuriste, mais nul ne confondra ce Stelio-lĂ  avec le Cosmo de Meurtre d’un bookmaker chinois, voilĂ . Avec sa lumiĂšre lĂ©chĂ©e, ses cadres au story-board, sa chronologie d’agonie, le mĂ©trage manque d’ñme et de mouvement. Dommage, car sous la baise avec jeunette surcadrĂ©e au Scope, en filigrane de la fusillade finale au ralenti en pleine pluie, se laissent entrevoir deux ou trois scĂšnes de vĂ©ritĂ©, de vitalitĂ©, par exemple la colĂšre narquoise albanaise, sa rime fĂ©minine polonaise, quelques secondes de rencontre, de tendresse, dans un univers de dĂ©sespĂ©rance et de violence, lacet nouĂ© Ă  la maniĂšre maternelle, protection de rejeton roumain + chansons mĂ©lancoliques. Reste un double sapin incendiĂ©, folie du pays. Thanatomoprhose Éric Falardeau, 2012 PutrĂ©faction arty par un Canadien apparemment traumatisĂ© par La Mouche, le pauvre ; dĂšs les premiers plans, la pose et l’ennui s’installent, si bien que le silence immobile du squelette au cri coupĂ© net constitue un soulagement. Sous la dĂ©figuration lourdement rĂ©flexive, totalement dĂ©sincarnĂ©e, sous le symbolisme de maternelle, fissure vaginale au plafond, se cache en rĂ©alitĂ© une pitrerie puritaine dĂ©guisĂ©e en furie fĂ©ministe. Restons-en Ă  RĂ©pulsion
 Toute la mĂ©moire du monde Alain Resnais, 1956 FilmĂ©e par Resnais, musiquĂ©e par Jarre Delerue dirige, Ă©clairĂ©e par Cloquet, la Nationale » devient une forteresse studieuse, une ruche silencieuse, un vaisseau immobile et un espace wellesien. Ce thriller littĂ©raire, suspense expressionniste Ă  propos du passĂ©, de la musĂ©ification du monde embaumĂ©, rassemblĂ©, n’oublie pas le prĂ©sent d’avant, tĂ©moigne des esquisses de numĂ©risation, dĂ©taille la mĂ©thodologie de l’acquisition, du catalogage, de la mise Ă  disposition des ouvrages. Harry Dickson cĂŽtoie Zola, Mandrake DĂŒrer, un rare Rimbaud de gros Hugo. OrganisĂ©e, sans cesse en expansion cĂ©leste ou souterraine, la bibliothĂšque Ă  la Borges, Ă  la Babel, constitue en autarcie cosmopolite une sorte de citĂ© idĂ©ale, dont la raison d’ĂȘtre rĂ©side au final dans
 le bonheur. Pardonnons Ă  l’auteur flanquĂ© de Forlani cette petite faute de goĂ»t et savourons la visite anatomique, guĂšre anachronique. La Vague Dennis Gansel, 2008 TĂ©lĂ©film Ă  la finesse kolossale, au succĂšs en salles, qui confond Ă©ducation et didactisme, qui dĂ©localise en Germanie aisĂ©e le rĂ©cit romancĂ© d’une dĂ©monstration US, qui se conclut sur un meurtre, un suicide, une arrestation, cessez d’en jeter, please. En rĂ©alitĂ©, le rĂ©alisateur du supportable Napola 2004 ne vise pas plus haut que la reprĂ©sentation pasteurisĂ©e de MJC, la théùtralitĂ© du final en rime Ă  la mise en scĂšne de la piĂšce inaugurale, DĂŒrrenmatt Ă  la rescousse maousse. Le sieur Gansel ne semble point percevoir l’universalitĂ© du fascisme, tandis que les deux opposantes bien-pensantes, effet pervers involontaire, suscitent l’antipathie. En Allemagne ou ailleurs, on ne fait jamais de bons films avec de bonnes intentions et quitte Ă  donner dans le sport politique, plĂ©onasme, on en restera Ă  Palombella rossa Moretti, 1989. Demeure donc une distribution solide, que domine le valeureux Vogel. Vengo Tony Gatlif, 2000 Belle ouverture obscure de cĂ©rĂ©monie soufie en Andalousie, puis l’estimable Tony Gatlif s’égare vers le mĂ©lo anĂ©miĂ©, Ă  base d’oncle endeuillĂ©, de neveu handicapĂ©, de conflit clanique conclu au couteau, tout ceci, en rĂ©alitĂ©, transparent prĂ©texte Ă  une tapisserie de numĂ©ros musicaux, heureusement filmĂ©s Ă  l’unisson de leur irrĂ©sistible Ă©nergie. Demeure donc un goĂ»t de gĂąchis, si rĂ©dimĂ© par la dĂ©couverte de la douce sensualitĂ© de Maria Faraco
 Wild Nicolette Krebitz, 2016 L’onirisme de cunnilingus lupin et l’onanisme musical sur rampe d’escalier, il fallait y penser
 Sinon, l’ouvrage si sage, jamais sauvage, se vautre vite dans le vide d’un court Ă©tirĂ©, au fĂ©minisme marxiste de supermarchĂ©, coprophilie de Germanie incluse, un salut au Wenders lui-mĂȘme merdique de Au fil du temps. Laissons Ă  Sundance cette camelote falote de mĂ©lo bobo et Ania aux faux airs d’Alice Ă  son terrier devenu vide-ordures, prĂ©fĂ©rons les fĂ©lines de Tourneur/Schrader ou la compagnie d’Angela Carter & Jordan, trio point relou, lui.
La ligne bleue" NaĂŻs au pays des loups (TV Episode 2021) Quotes on IMDb: Memorable quotes and exchanges from movies, TV series and more Menu. Movies. Release Calendar DVD & Blu-ray Releases Top 250 Movies Most Popular Movies Browse Movies by Genre Top Box Office Showtimes & Tickets In Theaters Coming Soon Movie News India Movie Spotlight. TV Shows. ï»ż28 December 2021 4 members Un pĂšre et sa fille, NaĂŻs, qui commence tout juste Ă  marcher et dire ses premiers mots, se lancent dans une folle aventure au coeur du Mercantour, le parc national le plus sauvage de France. Entre voyage initiatique et apprentissage de la nature avant son entrĂ©e en maternelle, NaĂŻs vivra jusqu'Ă  ses trois ans de vĂ©ritables instants magiques. Au fil de leurs bivouacs et en toutes saisons, ils vont rencontrer des bouquetins, des serpents, des insectes, et apprendre Ă  vivre parmi eux, chez eux. Elle pourra ainsi s'approcher au plus prĂšs de la faune et de la flore de ce vaste territoire et croiser le chemin du plus insaisissable de tous les animaux le loup. 451k views, 1,1 k likes, 658 loves, 233 comments, 2 k shares, Facebook Watch Videos from France 3: Avant son entrĂ©e en maternelle, NaĂŻs part Ă  451 k views, 1,1 k likes, 658 loves, 233 comments, 2 k shares, Facebook Watch Videos from France 3: Avant son entrĂ©e en maternelle, NaĂŻs part Ă  l'aventure avec son pĂšre sur les traces des loups du
L'addresse URL /france/2021-12-16t2245 n’a pas pu ĂȘtre trouvĂ©e. retour
Thisvideo is currently unavailable to watch in your location An animal trapper living in an abandoned mountain town in northern Spain seeks to resolve his loneliness by securing a Ń€ĐŸĐ»ŃŃ…ĐœĐ°Ń€Ń–ĐŸ Касас,Đ†Ń€Đ”Đœ ЕсĐșĐŸĐ»Đ°Ń€,Рут Đ”Ń–Đ°ŃĐ”ĐŸĐșĐ»Đ°ĐŽĐœŃ– ĐČŃ–ĐŽĐŸĐŒĐŸŃŃ‚Ń–ĐŸŃ€ĐŸ Ń„Ń–Đ»ŃŒĐŒĐ‘Đ”Đ·ĐșĐŸĐŒĐżŃ€ĐŸĐŒŃ–ŃĐœĐ”,ВошуĐșĐ°ĐœĐ”,ĐŸĐŸŃ…ĐŒŃƒŃ€Đ”ĐĐșŃ‚ĐŸŃ€ŃŃŒĐșĐžĐč сĐșĐ»Đ°ĐŽĐœĐ°Ń€Ń–ĐŸ ĐšĐ°ŃĐ°ŃĐ†Ń€Đ”Đœ ЕсĐșĐŸĐ»Đ°Ń€Đ ŃƒŃ‚ Đ”Ń–Đ°ŃĐĄŃ…ĐŸĐ¶Đ”ĐĐ”Đ·Đ°Đ±Đ°Ń€ĐŸĐŒĐĐœŃ–ĐșŃƒĐ»Đ°ĐżĐŸAfter an affair with a queen leads to his demise, an eager traveler encounters a mystical bird with the power to give him another ĐąŃ–Đ»ŃŒĐŽĐ° Đč Đ„ŃƒĐ°Đœ стають жДртĐČĐ°ĐŒĐž жахлОĐČох ĐżĐŸĐ±Ń–Ń‡ĐœĐžŃ… ДфДĐșтіĐČ ĐżŃ–ŃĐ»Ń участі ĐČ ĐœĐ°ŃƒĐșĐŸĐČĐŸĐŒŃƒ Đ”ĐșŃĐżĐ”Ń€ĐžĐŒĐ”ĐœŃ‚Ń–. Đ’ĐŸĐœĐž ĐŸĐ±â€™Ń”ĐŽĐœŃƒŃŽŃ‚ŃŒŃŃ, Ń‰ĐŸĐ± Đ·ĐœĐ°Đčто ĐČĐžĐœŃƒĐČатціĐČ Ń– Đ· ĐœĐ”ĐČŃ–ĐŽĐŸĐŒĐžŃ… ĐżŃ€ĐžŃ‡ĐžĐœ літаĐș сіЮає ĐœĐ° Đ·Đ”ĐŒĐ»ŃŽ чДрДз п’ять Ń€ĐŸĐșіĐČ ĐżŃ–ŃĐ»Ń Đ·Đ»ŃŒĐŸŃ‚Ńƒ, пасажОрО рДĐčсу ĐżĐŸŃ‚Ń€Đ°ĐżĐ»ŃŃŽŃ‚ŃŒ у сĐČіт, Ń‰ĐŸ за цДĐč час ЎужД Đ·ĐŒŃ–ĐœĐžĐČся, і ĐŒĐ°ŃŽŃ‚ŃŒ спраĐČу Đ· ĐżĐŸĐ»Ń–Ń†Đ”ĐčсьĐșох ĐżĐŸ Ń€Ń–Đ·ĐœŃ– Đ±ĐŸĐșĐž ĐŃ‚Đ»Đ°ĐœŃ‚ĐžĐșĐž Đ±Đ”Ń€ŃƒŃ‚ŃŒ участь у ĐČіЮчаĐčĐŽŃƒŃˆĐœĐŸĐŒŃƒ ĐżĐŸĐ»ŃŽĐČĐ°ĐœĐœŃ– ĐœĐ° ĐżŃ–ĐŽŃŃ‚ŃƒĐżĐœĐŸĐłĐŸ ĐœĐ°Ń€ĐșĐŸŃ‚ĐŸŃ€ĐłĐŸĐČця, Ń‰ĐŸ ĐŽĐŸŃŃ– Đ°ĐœĐŸĐœŃ–ĐŒĐœĐŸ заĐčĐŒĐ°Ń”Ń‚ŃŒŃŃ спраĐČĐ°ĐŒĐž ĐżĐŸ ĐČŃŃŒĐŸĐŒŃƒ Đ„ĐŸĐ»ĐŒŃ 2Enola Holmes takes on her first case as a detective, but to unravel the mystery of a missing girl, she'll need help from friends — and brother genre-bending series puts a modern twist on Greek and Roman mythology, exploring themes of gender politics, power and life in the ĐżĐŸŃˆŃƒĐșах сĐČĐŸŃ”Ń— ĐŒĐ°Ń‚Đ”Ń€Ń– ĐČĐŸĐ»Đ”Đ»ŃŽĐ±ĐœĐ° ЮіĐČŃ‡ĐžĐœĐ° Ń€Đ°Đ·ĐŸĐŒ Đ· Đ”ĐșŃŃ†Đ”ĐœŃ‚Ń€ĐžŃ‡ĐœĐžĐŒĐž ĐŽŃ€ŃƒĐ·ŃĐŒĐž ĐČорушає у Ń„Đ°ĐœŃ‚Đ°ŃŃ‚ĐžŃ‡ĐœŃƒ ĐżĐŸĐŽĐŸŃ€ĐŸĐ¶, ĐżŃ€ĐŸŃ‚ŃĐłĐŸĐŒ яĐșĐŸŃ— їĐč ĐŽĐŸĐČĐŸĐŽĐžŃ‚ŃŒŃŃ ŃƒĐœĐžĐșато лап ĐżŃ–ĐŽŃŃ‚ŃƒĐżĐœĐŸŃ— ĐșапĐșĐ°ĐœŃ–ĐŁ сОĐșĐČДлі ĐŽĐŸ Ń„Ń–Đ»ŃŒĐŒŃƒ ĐŁ пастці» ĐĐœĐŽŃ€Đ” Đč Đ“Ń–ĐœŃ€Ń–Đșа Ń€ĐŸĐ·ŃĐ»Ń–ĐŽŃƒŃŽŃ‚ŃŒ убОĐČстĐČĐŸ Ń‡Đ»Đ”ĐœĐ° сДĐșто, ĐżĐŸĐČâ€™ŃĐ·Đ°ĐœĐŸĐłĐŸ Ń–Đ· ŃŃƒĐżĐ”Ń€Đ”Ń‡ĐșĐŸŃŽ за Đ·Đ”ĐŒĐ»ŃŽ Đ· Đ±Đ°ĐœĐŽĐŸŃŽ баĐčĐșДріĐČ Ń– Đ·ĐœĐžĐșĐœĐ”ĐœĐœŃĐŒ Đ¶Ń–ĐœĐșĐž у 2013 Ń€ĐŸŃ†Ń–.
Naïsau pays des loups (2021) ← Back to main. Translations 1. French fr-FR; French (fr-FR) Naïs au pays des loups — Un pùre et sa fille, Naïs, qui commence tout juste à marcher et dire ses premiers mots, se lancent dans une folle aventure au coeur du Mercantour, le parc national le plus sauvage de France. Entre voyage initiatique et apprentissage de la nature avant son
Du 25 au 28 janvier 2018, le Festival d’AngoulĂȘme va mettre Ă  l’honneur tout l’univers de la BD les auteurs, les maisons d’édition, les exposants et prĂšs de 200 000 visiteurs. Parmi les temps forts de cette 45Ăšme Ă©dition, il y a un Ă©vĂ©nement Ă  ne pas manquer la prĂ©sence au Festival de Richard et Wendy Pini, les crĂ©ateurs d’Elfquest, la mythique Ă©popĂ©e de comic Fantasy. Cela fait 25 ans que ce couple d’AmĂ©ricains n’est pas venu en France ! S’ils ont rĂ©pondu favorablement Ă  l’invitation de Snorgleux Comics, la maison d’édition indĂ©pendante qui Ă©dite la saga Elfquest en France, c’est que 2018 n’est pas une annĂ©e comme les autres. En effet, la saga fĂȘtera ses 40 ans et son dernier numĂ©ro sera publiĂ© aux Etats-Unis en fĂ©vrier 2018. Connue dans le monde entier, l’aventure Elfquest aborde des thĂ©matiques trĂšs actuelles ce monde peuplĂ© d’Elfes, de Trolls, d’Humains et de tant d’autres crĂ©atures sert de prĂ©texte Ă  Ă©voquer le racisme et la xĂ©nophobie, l’appartenance au groupe, l’écologie, l’éthique, la recherche des origines
 Snorgleux Comics sortira le tome 4 pour le Festival et proposera de dĂ©couvrir le tome 5 en avant-premiĂšre 4 mois avant sa sortie en librairie. Un rendez-vous Ă  ne pas manquer pour tous les fans, et ils sont nombreux, de “Cutter”, de “Scouter”, de “One-Eye”, de “Pike” ou de “Strongbow” ! “Oldie but Goodie” Elfquest fĂȘtera ses 40 ans au Festival d’AngoulĂȘme Elfquest est un comic-book, une bande-dessinĂ©e amĂ©ricaine, nĂ©e en 1978. Son univers est celui de la Fantasy, un genre littĂ©raire qui utilise la magie, les mythes et le surnaturel pour raconter une histoire. Et quelle histoire ! Les lecteurs dĂ©couvrent le cheminement de Cutter, le courageux chef des Wolfriders, une tribu d’Elfes MaĂźtres Loups en conflit depuis des millĂ©naires avec des humains. Ces derniers les haĂŻssent et vont dĂ©truire complĂštement leur habitat naturel, obligeant les Wolfriders Ă  partir Ă  l’aventure, loin du confort de leur forĂȘt
 Les Elfes MaĂźtres Loups vont alors dĂ©couvrir qu’ils ne sont pas les seuls Elfes Ă  peupler ce monde et qu’il existe d’autres tribus aux caractĂ©ristiques physiques et capacitĂ©s diffĂ©rentes des leurs. L’esprit du jeune chef bouillonne et il se met en quĂȘte de trouver les TrĂšs-Hauts, ces divinitĂ©s qui sont aussi leurs ancĂȘtres lointains et les premiers Elfes Ă  avoir foulĂ© la Terre
 Une oeuvre complexe et engagĂ©e au succĂšs planĂ©taire Il ne faut pas se fier Ă  ses dessins naĂŻfs l’intrigue d’Elfquest est complexe, pleine de rebondissements, et surtout profondĂ©ment engagĂ©e. Au fil des tomes, des thĂšmes profonds racisme, Ă©cologie, Ă©thique, recherche des origines
 sont traitĂ©s avec subtilitĂ© et avec une grande humanitĂ©. Ce n’est pas un hasard si cette oeuvre, auto-Ă©ditĂ©e Ă  ses dĂ©buts, a rencontrĂ© un tel succĂšs ! Les plus grands noms des comics Marvel, DC Vaillant
 lui ont rendu hommage en faisant des clins d’oeil Ă  l’univers d’Elfquest dans X-Men, Superman, les Quatre Fantastiques, Ghost Rider
 DC Comics et Marvel Comics ont d’ailleurs eu aux Etats-Unis la main mise sur la saga qui est dĂ©sormais distribuĂ©e lĂ -bas par Dark Horse. Mais Elfquest est surtout une forte communautĂ© de fans trĂšs active qui fait vivre ce monument du comics de Fantasy des annĂ©es 80 au travers d’un Jeu de rĂŽles et d’un jeu de sociĂ©tĂ©. Il y a mĂȘme un album de musique compilant les chansons de Wolfriders et, en 2011, les fans ont entiĂšrement créé une bande-annonce pour faire la promotion du film qu’ils aimeraient tant voir rĂ©alisĂ© ! La prĂ©sence exceptionnelle de Richard et Wendy Pini Pour la premiĂšre fois depuis 25 ans, Richard et Wendy Pini viendront en France pour fĂȘter les 40 ans d’Elfquest et la parution du dernier opus de la saga en fĂ©vrier 2018. Ils seront prĂ©sents pendant le Festival d’AngoulĂȘme sur le stand de Snorgleux Comics. Richard et Wendy sont des rĂ©fĂ©rences dans l’univers du comics de Fantasy. Elfquest est tout simplement le premier comics de fantasy entiĂšrement créé, illustrĂ© et dessinĂ© par une femme ! Richard est associĂ© Ă  ce succĂšs car il n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  lancer une maison d’édition Warp Graphics pour auto-Ă©diter au dĂ©part cette fabuleuse Ă©popĂ©e. Richard s’implique Ă©galement trĂšs vite dans l’écriture du scĂ©nario, et remplit les fonctions de directeur crĂ©atif. L’oeuvre culte rééditĂ©e en France par Snorgleux Comics En France, Elfquest est dĂ©sormais Ă©ditĂ© par Snorgleux Comics. Eric Joly, le fondateur de Snogleux Comics, souligne Nos Ă©ditions d’Elfquest sont recolorĂ©es par Wendy Pini, la dessinatrice. Un nouveau travail de traduction a Ă©tĂ© effectuĂ© par Nicolas Jean, un scĂ©nariste passionnĂ© par Elfquest, et le format est plus grand que ce qui existait auparavant. Et pour le plus grand plaisir des fans, nous proposerons des chapitres inĂ©dits en VF dans la suite du cycle. Les nouveautĂ©s Elfquest au festival d’AngoulĂȘme 2018 AprĂšs avoir publiĂ© les trois premiers tomes d’Elfquest, Snorgleux Comics prĂ©sentera deux grandes nouveautĂ©s au Festival d’AngoulĂȘme - la sortie du tome 4 Ce quatriĂšme volume de 144 pages contient les Ă©pisodes 13 Ă  15 d’Elfquest, La QuĂȘte Originelle. - et le tome 5 en avant-premiĂšre, qui sera ainsi disponible 4 mois avant sa sortie en librairie Tout au long des 152 pages, les lecteurs dĂ©couvriront les Ă©pisodes 17 Ă  20. Les fans pourront ainsi profiter de l’intĂ©gralitĂ© du premier cycle des aventures de Cutter, “La QuĂȘte Originelle” ! A noter que Snorgleux Comics sortira Ă©galement son Édition Extra Large Noir & Blanc avec la pagination originale et des bonus inĂ©dits dĂ©taillant les secrets de fabrication de la saga. Les autres grands noms de la BD qui seront au Festival avec Snorgleux Comics La maison d’édition française est devenue une rĂ©fĂ©rence Ă  l’international grĂące Ă  son implication et Ă  ses choix exigeants. Ce n’est pas un hasard si, en plus de Richard et Wendy Pini, d’autres auteurs talentueux accompagneront Snorgleux Comics au Festival d’AngoulĂȘme Juan Doe Etats-Unis, dessinateur d’American Monster, Jacques Lamontagne Canada, dessinateur Shelton & Felter, Paul Azaceta USA, dessinateur de Outcast, un comic par le crĂ©ateur de The Walking Dead adaptĂ© en sĂ©rie TV, Bruno Bessadi France, Marseille, dessinateur de Bad Ass et Zorn & Dirna Bruno MaĂŻorana France, dessinateur de D et Garulfo A propos de Snorgleux Comics, une maison d’édition française qui fait le pari de la qualitĂ© Avant Snorgleux Comics, il y a eu L’Antre du Snorgleux, une librairie lancĂ©e en 1998 par Eric Joly Ă  la fin de ses Ă©tudes d’informatique. Progressivement, la librairie s’est dĂ©veloppĂ©e et, dĂšs 2010, elle a commencĂ© a Ă©diter des tirages limitĂ©s de sketchbooks et de tirages luxe. C’est l’occasion pour l’équipe de L’Antre du Snorgleux d’apprendre le mĂ©tier d’éditeur, du graphisme Ă  l’impression en passant par le contact avec les auteurs et les Ă©diteurs. GrĂące au succĂšs rencontrĂ©, Eric dĂ©cide en 2016 de publier des tirages non limitĂ©s pour passer Ă  une diffusion nationale et faire connaĂźtre son domaine de prĂ©dilection les comics. Snorgleux Comics vient de naĂźtre ! Totalement indĂ©pendante, Snorgleux Comics a pour ambition de faire dĂ©couvrir ou redĂ©couvrir ses coups de cƓur au public français. La maison d’édition espĂšre dĂ©velopper son catalogue de façon qualitative, avant de produire ses propres projets. Pour en savoir plus Facebook Site web
OnTuesday 18th January, 229 pupils from Monegasque schools took part in a day of school screenings at the Cinéma des Beaux-Arts to see the documentary "Naïs au Pays des Loups" in the presence of Rémy Masséglia, the film's director and his daughter Naïs.. The pupils had the chance to exchange with Rémy and Naïs on their incredible adventure in search of the wolves
©Isabelle Fabre Eco tourism Countryside breaks, ecotourism, responsible tourism, green tourism or even slow tourism be overcome by sensation in the unique setting of the CĂŽte d’Azur. Between the sea and the mountains, the diversity of natural sites on the CĂŽte d’Azur will see you travel from the azure blue of the Mediterranean to the green of the Mercantour, offering you the chance to enjoy unforgettable experiences with family or friends. A natural immersion in the most beautiful natural parks, a meeting with cetaceans in the PĂ©lagos sanctuary, a night in a refuge or in a cabin in the trees, a hike with or without a guide in the Mercantour to discover the wildlife, a meeting with local producers and artisans
 A different view of the CĂŽte d’Azur lies before you! Whether for your main holiday or for a micro-adventure, rediscover the CĂŽte d’Azur through ecotourism. ©yann savalle blysart Art Crafts & Traditions Faithful to the traditions and creativity of the CĂŽte d’Azur, the artists and artisans offer the full scope of their talents in its many towns and villages, the most well-known of which are Biot, Vallauris, Cagnes-sur-Mer, La Colle-sur-Loup, etc. Open the doors to their studios, discover the specialities and let yourself by won over by these artisans with a golden touch. Perfumers, master glassmakers, potters, ceramic artists
 The CĂŽte d’Azur celebrates arts and crafts! ©CĂŽte d’Azur France – Isabelle Fabre Nature and Sensations activities A unique place for all lovers of outdoor activities and the great outdoors, the CĂŽte d’Azur enjoys an exceptional natural environment set between the sea and the mountains – whatever the season. Hiking, trail, mountain biking, tree climbing, via ferrata, zip line, paragliding, canyoning, rafting, caving
 there is something for everyone! With family or friends, fill up on sensations and nature on the CĂŽte d’Azur! ©Isabelle Fabre - CĂŽte d’Azur France Water Sports A unique place for everyone that enjoys water activities, the CĂŽte d’Azur boasts an exceptional natural environment with nearly 200 kilometres of coastline, six islands, exceptional sea beds and more than 300 days of sunshine per year. Hiking, diving, snorkelling, paddleboarding, sailing, windsurfing, kite-surfing, kayaking, jet-skiing, water skiing, parasailing, boat trips and even sea fishing
 there’s something for everyone! With family or friends, whether you are a beginner or more experienced, fill up on sensations on the CĂŽte d’Azur! AmĂ©lieau pays des Bodin's (2010) Streaming French. Spectacles Annonces. 1:22. AmĂ©lie au pays des Bodin's (2010) Humour VF. Spectacles Annonces. 1:35. Peter Pan 2 - Retour au pays imaginaire - VF. TĂ©lĂ© 7 Jours. 22:48. Alice au pays des merveilles - E 29 Le retour de la grande lessive (VF) dfecrw . 2:41. Niger, Le retour au pays d'Abdoul Razak Alfaga mĂ©daillĂ©
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Gris le (pas si) grand méchant loup. Film Animation, Fédération de Russie, 2016, 1h21. Dispo. plus de 3 mois. Dans un pays magique, la vie paisible d'un troupeau de moutons insouciants est interrompue par l'arrivée d'une meute de loups dans le ravin voisin. Gris, le favori de la meute, relÚve le défi de devenir chef afin de reconquérir

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Full text of "Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparĂ©e de l'homme et des animaux / faites Ă  la FacultĂ© des Sciences de Paris par H. Milne Edwards" See other formats LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANAÏOMIE COMPAREE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. rar-1Sl _ imprimerie de E. Martinet, rue Mignon, 2. S77' ĂŽ ni Ăč>3 LEÇONS a SUR LÀ PHYSIOLOGIE ET KANATOMIE COMPAREE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX FAITES A LA FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS PAR Dl. HIIilVE EDWARDS CE. P., % Doyen Je la FacullĂ© des sciences de Paris Professer au MusĂ©um d'Histoire naturelle; Membre de l'Institut AcadĂ©mie des sciences; des SociĂ©tĂ©s royales de Londres et d'Edimbourg ; des AcadĂ©mies de Stockholm, de Saint-PĂ©tersbourg, de Berlin, de KĂčnigsberg. de Copenhague, d Amsterdam, de BruxellM, de Vienne, de Hongrie, de BaviĂšre, de Turin et de Naples; des Curieux de la nature de 1 Allemagne , de la SociĂ©tĂ© Hollandaise des sciences , de 1 AcadĂ©mie AmĂ©ricaine; De la SociĂ©tĂ© des Naturalistes de Moscou ; des SociĂ©tĂ©s des Sciences d'Upsal, de Gottingue, Munich, Gotçnbourg, Lié». Somerset, MontrĂ©al, nie Maurice; des SociĂ©tĂ©s LinnĂ©enne et Zoologue de Londres; * 'de l'AcadĂ©mie des Sciences naturelles de Philadelphie; du Lycium de New-York; des SociĂ©tĂ©s Eutomologiquesde France et de Londres; des SociĂ©tĂ©s Anthropologique de Londres, et Ethnologiques d'Angleterre et d'AmĂ©rique ; de l'Institut historique du BrĂ©sil; De l'AcadĂ©mie impĂ©riale de MĂ©decine de Paris; des SociĂ©lĂ©s mĂ©dicales d'Edimbourg, Je SuĂšde et de Bruges; de la SociĂ©tĂ© des Pharmaciens de l'Allemagne septentrionale ; Des SociĂ©tĂ©s d'Agriculture de France, de New-York, d'Alhany, etc. TOME HUITIÈME shSh PARIS VICTOR MASSON ET FILS PLACE DE l' M DCCC LXIII Droit de traduction rĂ©servĂ©. LEÇONS SUR LA PHYSIOLOGIE ET L'ANÀTOMIE COMPAREE DE L'HOMME ET DES ANIMAUX. SOIXANTE-SEPTIÈME LEÇON. ConsĂ©quences du travail nutritif.— Production de chaleur. — Causes des diffĂ©rences dans la tempĂ©rature propre des Animaux. — Influence de la transpiration sur la facultĂ© de rĂ©sister Ă  une chaleur excessive de l'air. — VertĂ©brĂ©s Ă  sang chaud; Animaux hibernants. — Influence du froid sur les enfants nouveau-nĂ©s et les autres jeunes Animaux Ă  sang chaud. — Influence de l'activitĂ© musculaire, du sommeil, etc., sur le dĂ©veloppement de la chaleur. — Influence du systĂšme nerveux. S 1. — La plupart des transformations chimiques de la La production J r i * de chaleur matiĂšre organique dont l'Ă©tude nous a occupĂ©s dans la derniĂšre est une 01 * consĂ©quence Leçon, sont, comme nous l'avons vu, des consĂ©quences plus ^ ia 7 coinbuslion ou moins directes de l'introduction de l'oxygĂšne dans l'Ă©eo- piiydokwe. nomie animale par l'acte de la respiration. Cet Ă©lĂ©ment com- burant, puisĂ© dans le milieu ambiant et portĂ© par le fluide nourricier dans toutes les parties de l'organisme, s'y fixe sur les matiĂšres combustibles qu'il y rencontre et les brĂ»le d'une maniĂšre plus ou moins complĂšte. vm. 1 NUTRITION. Or, toute combustion de ce genre est accompagnĂ©e d'un cer- tain dĂ©gagement de chaleur. Par consĂ©quent, tout ĂȘtre animĂ©, par cela seul qu'il respire, doit ĂȘtre un foyer calorifique, et la production de la chaleur animale, qui est si facile Ă  constater chez l'Homme et les autres VertĂ©brĂ©s supĂ©rieurs, doit dĂ©pendre en totalitĂ© ou en partie de cette combustion physiologique. Telle fut, en effet, l'explication que l'illustre Lavoisier donna de ce phĂ©nomĂšne, dĂšs qu'il eut constatĂ© le grand fait de l'ab- sorption de l'oxygĂšne et de la production d'acide carbonique parles Animaux qui respirent; et cette thĂ©orie est certainement l'expression de la vĂ©ritĂ©, bien que la source de chaleur qu'elle signale puisse ne pas ĂȘtre la seule qui contribue Ă  Ă©lever la tempĂ©rature de ces ĂȘtres 1. 1 Avant la dĂ©couverte de la na- ture du phĂ©nomĂšne de la combustion, dĂ©couverte dont j'ai rendu compte dans une prĂ©cĂ©dente Leçon a, on ne pouvait avoir cpie des notions fort vagues sur les causes de la chaleur animale, et pendant longtemps il rĂ©gna Ă  ce sujet des opinions qui aujourd'hui ne mĂ©ritent pas la discussion. Ainsi les anciens attribuĂšrent la tempĂ©rature propre dn corps de l'Homme Ă  une chaleur innĂ©e qui se communiquerait du cƓur au sang 6. Vers le commen- cement du xvne siĂšcle, Van Ilelmont combattit cette hypothĂšse, mais il n'y substitua rien de satisfaisant, et il crut pouvoir expliquer la chaleur animale par la production d'un esprit vital qui se dĂ©velopperait dans l'intĂ©rieur du cƓur c. Descartes , adoptant des vues analogues, l'attribua Ă  une fer- mentation du sang dans les cavitĂ©s du cƓur d. Sylvius la considĂ©ra comme due Ă  une action ou Ă  une effervescence produite par le contact du chyle et de la lymphe, et il sup- posa, avec les anciens, que la respira- tion servait Ă  emporter la chaleur ainsi produite e. Plus tard, Steven- son s'approcha davantage de la vĂ©- ritĂ©, en considĂ©rant la chaleur animale comme Ă©tant due aux transformations que les humeurs de l'organisme et les aliments subissent sans cesse dans l'intĂ©rieur du corps / ; et Hamberger compara ce phĂ©nomĂšne Ă  l'espĂšce de combustion spontanĂ©e qui se dĂ©ve- loppe dans les amas de fumier g. Enfin Mayovv en conçut une idĂ©e plus juste, lorsqu'il supposa que la ma- tiĂšre dĂ©signĂ©e sous le nom de prin- cipe nitro-aĂ©rien de l'air produit la a Voyez tome I", page 400 et suiv. b Voyez Haller, Elementa physiologiƓ, lib. vi, t. II, p. 287. fj Van Helmont, TraitĂ© de l'esprit de vie nommĂ© archĂ©e EuĂŻ'rcs, trad. de Leconte, p*. I 85 d Descartes, De la formation du lƓtus ƒuvres, Ă©dit. de M. Cousin, t. IV, p. 437. \e Sylvius, Disput. med., cap. vu. f Stevenson, MĂ©dical Essays, t. V, 2° partie, p. 800. g Hamberger, Plujsiologia medica, 1751, p. 24. PRODUCTION DE CHALEUR. Quand je parle des dĂ©couvertes de Lavoisier, j'ai toujours peine Ă  ne pas dire combien est profonde l'admiration que son gĂ©nie m'inspire. Dans nos Ă©coles, on ne manque pas de le signaler Ă  la reconnaissance publique comme le fondateur de la chimie moderne, science qui depuis un demi-siĂšcle a con- tribuĂ© plus que toute autre Ă  l'agrandissement des connais- sances humaines ; mais on ne lui rend ainsi qu'une justice chaleur en s'unissant au sang dans le poumon et en dĂ©terminant dans le fluide nourricier une sorte de fer- mentation comparable Ă  celle dont naĂźt la chaleur dans une combustion ordinaire a. D'autres physiologistes substituĂšrent Ă  ces hypothĂšses chi- miques des explications mĂ©caniques, et attribuĂšrent la production de la chaleur animale au frottement du sang contre les parois des vaisseaux dans lesquels ce liquide circule, ou Ă  d'autres causes analogues 6. Tout Ă©tait donc incertain et obscur, lorsque Lavoisier, rapprochant entre eux les phĂ©nomĂšnes de la combustion dans un foyer inerte et ceux delĂ  respi- ration dans les poumons d'un Homme ou de tout autre MammifĂšre, fut con- duit Ă  considĂ©rer cette fonction phy- siologique comme une vĂ©ritable com- bustion, et Ă  attribuer Ă  cette coni h us- lion le dĂ©veloppement de chaleur qui maintient la tempĂ©rature du corps de ces ĂȘtres au-dessus de celle de L'at- mosphĂšre. Ses vues Ă  ce sujet furent dĂ©veloppĂ©es successivement dans les beaux mĂ©moires qu'il publia vers 1777 c aujourd'hui elles sont gĂ©nĂ©- ralement admises dans tout ce qu'elles ont d'essentiel; mais pendant long- lemps elles ne furent pas adoptĂ©es partons les physiologistes, et quelques- uns de ceux-ci cherchĂšrent Ă  expliquer la production de la chaleur animale par l'action du systĂšme nerveux, tandis que quelques physiciens se deman- dĂšrent si elle ne serai l pas due au jeu des forces Ă©lectriques ; enfin des hypothĂšses mĂ©caniques curent aussi leurs partisans r/. Nous examine- rons bientĂŽt comment l'action ner- veuse agit sur la tempĂ©rature du corps, en influant sur les conditions dans lesquelles la combustion vitale s'opĂšre, et nous aurons Ă  chercher si d'autres actions chimiques ou phy- siques ne concourent pas Ă  dĂ©velopper de la chaleur dans l'organisme ; mais je dois dire dĂšs ce moment que la thĂ©orie lavoisienne, considĂ©rĂ©e non dans ses dĂ©tails, mais dans son es- sence, me paraĂźt ĂȘtre l'expression de la vĂ©ritĂ©, et rendre compte de tout ce qui est fondamental dans ce phĂ©no- mĂšne. a Mayow, Trartatus, p. 151 et suiv. b Boerhaave, ÉlĂ©ments de chimie, t. I, p. 213. — Haies, HĂ©mostatique, ou statique des Animaux, p. 7G. c Lavoisier, ExpĂ©riences sur la respiration des Animaux et sur les changements qui arri- vent Ă  l'air en passant par leur poumon MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1777, p. 185. — MĂ©m. sur la combustion en gĂ©nĂ©ral loc. cit., p. 592. d Winn, On a Remarkable Property of Arteries considered as a Cause of Animal Heat {London and Edinburgh Philosophical Magasine, t. XIV, p. 174. h NUTRITION. incomplĂšte. Lavoisier Ă©tait un des plus grands physiologistes des temps modernes, et ses titres de gloire comme tel ne con- sistent pas seulement dans les rĂ©sultats immĂ©diats de ses beaux travaux ; l'influence qu'il a exercĂ©e sur la direction des recher- ches physiologiques a Ă©tĂ© non moins puissante qu'utile il a montrĂ© Ă  tous ceux qui Ă©tudient les phĂ©nomĂšnes de la vie comment la chimie peut les conduire Ă  la solution de plus d'une question capitale; comment dans ce but ils doivent inter- roger expĂ©rimentalement la nature, et comment il convient de raisonner sur les faits que les recherches de cet ordre leur four- nissent. Avant lui tous les physiologistes se contentaient trop facilement de considĂ©rations vagues ou d'hypothĂšses dĂ©pourvues de bases solides ; il a commencĂ© Ă  les accoutumer Ă  une logique claire, prĂ©cise et rigoureuse, en mĂȘme temps qu'il Ă©levait leur esprit par la grandeur et la justesse de ses vues. Son style, simple et saisissant, Ă©tait aussi un modĂšle Ă  suivre, et, pour faire connaĂźtre ses pensĂ©es sur le sujet qui nous occupe ici, on ne saurait mieux faire que de rapporter ses paroles. La respiration, dit Lavoisier, n'est qu'une combustion » lente de carbone et d'hydrogĂšne, qui est semblable en tout Ă  » celle qui s'opĂšre dans une lampe ou dans une bougie allumĂ©e, » et, sous ce point de vue, les Animaux qui respirent sont de » vĂ©ritables corps combustibles qui brĂ»lent et se consument. » Dans la respiration, comme dans la combustion, c'est l'air » de l'atmosphĂšre qui fournit l'oxygĂšne et le calorique ; mais » comme dans la respiration, c'est la substance mĂȘme de » l'Animal, c'est le sang qui fournit le combustible, si les Ani- » maux ne rĂ©paraient pas habituellement par les aliments ce » qu'ils perdent par la respiration, l'huile manquerait bientĂŽt Ă  » la lampe, et l'Animal pĂ©rirait, comme une lampe s'Ă©teint lors- » qu'elle manque de nourriture. » Les preuves de cette identitĂ© d'effets entre la respiration » et la combustion se dĂ©duisent immĂ©diatement de l'expĂ©rience. PRODUCTION DE CHALEUR. 5 » En effet, l'air qui a servi Ă  la respiration ne contient plus, Ă  la » sortie du poumon, la mĂȘme quantitĂ© d'oxygĂšne; il contient » non-seulement du gaz acide carbonique, mais encore beau- coup plus d'eau qu'il n'en contenait avant l'inspiration. Or, » comme l'air vital ne peut se convertir en acide carbonique » que par une addition de carbone, qu'il ne peut se convertir » en eau que par une addition d'hydrogĂšne , que cette double » combinaison ne peut s'opĂ©rer sans que l'air vital perde une » partie de son calorique spĂ©cifique, il en rĂ©sulte que l'effet de » la respiration est d'extraire du sang une portion de carbone » et d'hydrogĂšne, et d'y dĂ©poser Ă  la place une portion de son » calorique spĂ©cifique, qui, pendant la circulation, se distribue » avec le sang dans toutes les parties de l'Ă©conomie animale, et » y entretient cette tempĂ©rature Ă  peu prĂšs constante que l'on » observe dans tous les Animaux qui respirent. On dirait que » cette analogie qui existe entre la respiration et la combustion a n'avait point Ă©chappĂ© aux poĂštes, ou plutĂŽt aux philosophes de » l'antiquitĂ©, dont ils Ă©taient les interprĂštes et les organes. Ce » feu dĂ©robĂ© du ciel, ce flambeau de PromĂ©thĂ©c ne prĂ©sente pas » seulement une idĂ©e ingĂ©nieuse et poĂ©tique ; c'est la peinture » fidĂšle des opĂ©rations de la nature, du moins pour les Animaux » qui respirent on peut donc dire avec les anciens, que le flam- » beau de la vie s'allume au moment oĂč l'enfant respire pour la » premiĂšre fois, et qu'il ne s'Ă©teint qu'Ă  sa mort. En considĂ©rant » des rapports si heureux, on serait quelquefois tentĂ© de croire » qu'en effet les anciens avaient pĂ©nĂ©trĂ© plus avant que nous ne » le pensons dans le sanctuaire des connaissances, et que la fable » n'est vĂ©ritablement qu'une allĂ©gorie sous laquelle ils cachaient » les grandes vĂ©ritĂ©s de la mĂ©decine et de la physique 1. » I Ce passage se trouve dans un mĂ©moire Ă©crit par Lavoisier et SĂ©guin en 1780 a ; mais il est Ă©videmment de la plume du premier de ces auteurs , dont le style est facile Ă  reconnaĂźtre, et diffĂšre beaucoup de celui de SĂ©guin. a Seguin et Lavoisier, Premier mĂ©moire sur la respiration des Animaux {MĂ©m. de l'Acad. des sciences pour \ 789, p. 570. N> Lu / 6 NUTRITION. tous Cette thĂ©orie de la chaleur animale, je le rĂ©pĂšte, est inatta- les Animaux . , . produisent fjuable dans tout ce qui est essentiel. Au premier abord, cepen- plus ou moins i 1 ‱ i ‱ ‱ ‱'»/>‱ de chaleur, dant, les physiologistes pouvaient se croire autorises a y taire des objections spĂ©cieuses. En effet, nous avons vu prĂ©cĂ©dem- ment que tous les Animaux respirent tous consomment donc de l'oxygĂšne et produisent de l'acide carbonique. Mais ils dif- fĂšrent beaucoup entre eux sous le rapport de la facultĂ© de Animaux dĂ©velopper de la chaleur, et depuis longtemps on les a classĂ©s, Ă  sang diaud p0ur cette raison, en deux catĂ©gories, sous les noms VAnimauoo Ă  sang froid. ^ mng cjiaud ej d'Animaux Ă  sang froid 1. Les premiers sont les MammifĂšres et les Oiseaux. La tempĂ©- rature de leur corps est d'ordinaire notablement supĂ©rieure Ă  celle de l'atmosphĂšre, et en gĂ©nĂ©ral ne change que trĂšs peu, malgrĂ© les variations qui peuvent survenir dans celle-ci. Chez les Animaux dits Ă  sang froid, on n'aperçoit au toucher aucun indice de chaleur propre , et la tempĂ©rature du corps s'abaisse avec celle du milieu ambiant. Tous les Animaux invertĂ©brĂ©s, ainsi que les Poissons, les Batraciens et les Rep- tiles, prĂ©sentent ce caractĂšre, et comme la tempĂ©rature de l'at- mosphĂšre est d'ordinaire beaucoup au-dessous de celle de notre main, ils produisent sur nous une sensation de froid quand on vient Ă  les toucher. Mais c'est Ă  tort qu'on les a considĂ©rĂ©s comme privĂ©s de la facultĂ© de produire de la chaleur 2. Tous 1 Dutrocliet a proposĂ© de substi- grand renom qui ont considĂ©rĂ© les tuer Ă  ces expressions celles iVAni- Animaux Ă  sang froid comme Ă©tant maux Ă  haute tempĂ©rature et iĂŻAni- dĂ©pourvus de la facultĂ© de produire maux Ă  basse tempĂ©rature , dĂ©si- de la chaleur, je citerai en premiĂšre gnations qui en effet seraient plus ligne Treviranus b. conformes Ă  la vĂ©ritĂ© cty; mais Tu- Je dois ajouter que depuis fort long- sage des premiĂšres est trop gĂ©nĂ©ra- temps quelques autres physiologistes lement rĂ©pandu pour pouvoir ĂȘtre Ă©taient d'un avis contraire, et pen- abandonnĂ©. saient que les Animaux vertĂ©brĂ©s Ă  2 Parmi les physiologistes de sang froid, ainsi que certains Inver- a Dulrochet, Recherches sur la chaleur propre des ĂȘtres vivants Ă  basse tempĂ©rature [Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1840, t. XIII, p. 5. b Treviranus, Biologie, t. V, p. 19. — Die Erscheinungen des Lebens, I. I, p. 410. PRODUCTION DE CHALEUK. / en dĂ©veloppent, mais d'ordinaire la quantitĂ© en est faible ; et comme leur corps est gĂ©nĂ©ralement d'un petit volume, leur tempĂ©rature se met trĂšs vite presque en Ă©quilibre avec celle du milieu ambiant. A l'aide d'un thermomĂštre ordinaire, dont on place le rĂ©ser- voir dans l'intĂ©rieur du corps de l'Animal que Ton Ă©tudie, on peut presque toujours reconnaĂźtre que chez un VertĂ©brĂ© Ă  sang froid la tempĂ©rature est un peu plus Ă©levĂ©e que celle de l'air ou de l'eau oĂč il vit 1. La diffĂ©rence est trĂšs petite chez la plupart des Poissons elle est communĂ©ment d'un peu moins TempĂ©rature i , i / . des d un degrĂ© centigrade 2. Poissons. lĂ©brĂ©s, n'Ă©taient pas complĂštement dĂ©pourvus de chaleur propre a. Ainsi , limiter avait remarquĂ© que Peau en contact avec le corps d'un Poisson gĂšle moins vite que celle situĂ©e Ă  quelque distance /. Chez le LĂ©zard, l'excĂšs de la tem- pĂ©rature du corps sur celle de l'air environnant a Ă©tĂ© trouvĂ© de 0',75 par Berthold; de 0°,75 Ă  1°, 25 par M. Bec- querel ; de I°,25 Ă  8", 12 par Czer- mĂąk c. Chez la VipĂšre et les Couleuvres, cette diffĂ©rence Ă©tait de 0\21 Ă  6°, 3 dans les expĂ©riences de Czermak ; de 1°,1 Ă  3°, 9 dans celles de M. J. Davy, et de 0°,75 Ă  3°, 10 dans celles de M. Becquerel d. Chez l'Orvet, Ber- thold a trouvĂ© 0°,25 Ă  0°,50 c. J'ajouterai que dans une sĂ©rie d'ob- servations thermomĂ©triques faites par M. Jones, la tempĂ©rature des parties profondes de l'organisme fut trouvĂ©e presque toujours un peu plus Ă©levĂ©e que celle des parties superficielles /. 2 En 1835,un naturaliste voyageur, M. Lamarre-Picquot, annonça Ă  l'Aca- dĂ©mie des sciences que le grand Py- thon de l'Inde produit beaucoup de chaleur pendant que ce Serpent se tient enroulĂ© sur ses Ɠufs pour en assurer l'incubation. Cette observation n'inspira d'abord que peu de con- fiance g ; mais bientĂŽt aprĂšs M. Va- lencienncs eut l'occasion de bien con- stater le fait de l'Ă©lĂ©vation de la un Walbaum, Chelonographla, Oder Beschrcibimg ebiigĂš? SchildUrdlĂ©itt 1783, p0 — RĂ©aumur, MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire des Insectes, t. V, p. 170. — Braun, De calore Animahum [Comment. Petrop., 1700, t. Xllt, p.' 428 c Huber, Nouvelles observations sur les Abeilles, t. II, p. 338. d Juch, Ideen zu einer Zoochemie, 1800, t. I. — Berthold, Neue Versuehe itber die Temperalur der kaltblutigen Thiere. ! g 15 — Newport, On the TempĂ©rature of Insects and Us Connexion with the FunctUm of Respira- tion {Philos. Trans., 1837, p. 299. — Brcycr, Observations sur le dĂ©veloppement d'une chaleur propre et Ă©levĂ©e chez le Sphinx Convolvuli [Ann. de la SociĂ©tĂ© enlomologique belge, 1800, t. IV, p. 921. — GĂ©rard, Recherches sur la chaleur animale des Arti aies [Ann. de la SociĂ©tĂ© enlomolowiuc de France, 4° sĂ©rie, 1801, t. I, p. 503;. e Juch, Op. cit., t. I, p. 9-2. f Ranggei-j Physiologische Vntersuchungen iĂŻber die thierische Ilaushaltunn der Inseuten Tiibingen, 1817, p. 39. gHaĂčsmann, De AnimdUum emanguium respiration», GuUinsren, 1803. h Juch, Op. cit., p. 35. 12 NUTRITION. dont les physiciens de nos jours ont dotĂ© la scienee, on a pu s'assurer de l'existence de la facultĂ© calorifique chez tous ces petits ĂȘtres, quand ils sont isolĂ©s aussi bien que lorsqu'ils sont rĂ©unis en tas ou renfermĂ©s en grand nombre dans une quantitĂ© limitĂ©e d'air. En effet, au moyen du thermo-multiplicateur, Nobili et Mclloni ont reconnu que la tempĂ©rature intĂ©rieure des Insectes est toujours un peu plus Ă©levĂ©e que celle de l'air extĂ©rieur 1. Chez les Mollusques, la tempĂ©rature du corps de Bertliokl et de Jx'cwport , celte cause d'erreur fut Ă©vitĂ©e, et les rĂ©sul- tats furent trĂšs probants a. J'ajou- terai qu'en observant un thermomĂštre placĂź au milieu d'un grand nombre de Hannetons dans un sac Ă  claire-voie, MM. RĂ©gnant! et Ueiset ont vu le mer- cure indiquer une tempĂ©rature supĂ©- rieure de '2 degrĂ©s Ă  celle de l'air environnant b ; mais dans les expĂ©- riences de Dutrocbet la chaleur propre des Insectes ne dĂ©passa pas 0",5 c. Pour le moment je n'indique pas les tempĂ©ratures observĂ©es par la plupart des pbysiologistes dont je viens de parler, parce qu'elles varient beau- coup suivant les conditions biologiques, sujet sur lequel nous aurons bientĂŽt Ă  revenir. La tempĂ©rature intĂ©rieure des Crus- tacĂ©s ne s'Ă©lĂšve que trĂšs peu au-des- sus de celle du milieu ambiant d, et il faut attribuer Ă  quelque circonstance accidentelle indĂ©pendante du pouvoir calorifique de l'Animal le fait men- tionnĂ© par IUulolpbi, qui vit le. ther- momĂštre placĂ© dans l'intĂ©rieur du corps d'une Écrevisse s'Ă©lever d'en- viron 6 degrĂ©s au-dessus de la tem- pĂ©rature de l'atmosphĂšre e. M. Va- lentin a trouvĂ© cbez le Maia squi- nado seulement de 0°,30 Ă  0°,90 /'. 1 Les expĂ©riences de ces deux physiciens habiles sur la production de la chaleur dans l'intĂ©rieur du corps de divers Insectes furent faites Ă  l'aide d'un thermo-multiplicateur muni de miroirs collecteurs de la chaleur rayonnante, au foyer de l'un desquels ce trouvait l'Insecte empri- sonnĂ© dans un rĂ©seau mĂ©tallique. La chaleur dĂ©gagĂ©e par l'Animal dĂ©ter- minait une certaine dĂ©viation dans l'aiguille du galvanomĂštre, et l'Ă©tendue de cette dĂ©viation donnait la mesure de la diffĂ©rence de tempĂ©rature entre le corps de l'Insecte et l'air am- biant g. a Berlhold, Op. cil. — Newport, Op. cit. {Philos. Trans., 1837, p. 259 et suiv.. b et Reiset, Recherclies chimiques sur la respiration des Animaux des diverses classes Ann. de chimie et de physique, 3° sĂ©rie, 1849, I. XXVI, p. 517. c Duti'oehcl, Op. cit. Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1840, t. XIII, p. 27 el suiv. d Berthold, Op. cit., p. 34. — i. Davy, On the TempĂ©rature of Mail and other Animais [Researches, t. I, p. 192. e Rudolphi, ElĂ©ments o/ Physiology, Iranslated by How, 1825, t. I, p. 15G. f Valcnlin , Zur Kennlniss der thierischen WĂąrrne Repertorium fur Anat. und Physiol., 1839, I. IV, p. 359. g Nobili et Mclloni, Recherches sur plusieurs phĂ©nomĂšnes calorifiques entreprises au moyen du thermo-multiplicateur [Ann. de chimie et de physique, 1831, t. XLV11I, p. 208. PRODUCTION DE CHALEUR. 13 tend aussi Ă  se maintenir un peu au-dessus de la tempĂ©rature TempĂ©rature du milieu ambiant 1, et un phĂ©nomĂšne semblable a Ă©tĂ© MoiiusJueV etc. constatĂ© chez les Vers 2 et chez les Zoophytes 3, mais n'est jamais bien notable. Du reste, la faiblesse de la facultĂ© calorigĂšne chez les Animaux infĂ©rieurs est en rapport avec 1 Spallanzani n'a pu apercevoir aucun indice de production de chaleur lorsqu'il observa une Limace isolĂ©e ; niais en rĂ©unissant plusieurs de ces Mollusques autour de son thermo- mĂštre, il vit la tempĂ©rature s'Ă©lever de l ou { degrĂ© a. D'aprĂšs Hanter, quatre Colimaçons auraient fait mon- ter le thermomĂštre de plus de 2 de- grĂ©s d, et Martine Ă©valua la chaleur propre de ces Animaux Ă  1 °, 1 V. Dans les expĂ©riences de M. Becquerel, la chaleur propre des Escargots fut trou- vĂ©e de 0°,9 9. 5. — Leçons sur les propriĂ©tĂ©s physiologiques, etc., des liquides de l'organisme, 1859, I. 1, p. 57 et suiv. d Hering, Xersuche die Druckliraft des Herzens zu bestimmen Archiv fur physiologische Heilkundc, 1S50, t. IX, p. 18. e G. Liebig, Uebcr d. Temperaturunterschiede des venosen und arteriellen Blutes, inaug. Abhaudl.. Giessen", 1853. — Fick, Beitrdge zur Temperaturtopographic des Organisants Miillcr's Arcldv fur Anat. und Physiol., 1853, p. 408. — Wurlilzer, De temperatura sauguinis arteriosi et venosi, adjectis quibusdam experimentis disserl. inaug.. Greifswold, 1858. / Saissy, Recherches expĂ©rimentales sur la physique des Animaux mammifĂšres ibernants, p. 69. — John Davy, Experiments on Animal Heat Philos. Trnas., 1814. — Researches Anat and Physiol., t. I, p. 149. — Nasse, Thierische \Xiirme Wagner's Handtvorlerbuch der Physiologie, t. IV, p. 47. 36 NUTRITION. Boerhaavene se trompait pas lorsque, Ă  l'exemple des anciens, il attribuait une action rafraĂźchissante au renouvellement de l'air dans l'intĂ©rieur des poumons, bien qu'il ait mal apprĂ©ciĂ© le degrĂ© d'importance de ce phĂ©nomĂšne physique et qu'il ait mĂ©connu le rĂ©sultat final du travail respiratoire 1. TempĂ©rature §5, — La chaleur animale, avons-nous dit, se dĂ©veloppe diverses parties partout dans l'organisme, puisque partout il y a production rorganisme. d'acide carbonique; mais il est Ă©vident que les rĂ©actions chi- miques dont ce phĂ©nomĂšne dĂ©pend ne s'effectuent pas avec la mĂȘme intensitĂ© dans tous les tissus ni dans tous les organes, et que par consĂ©quent il doit y avoir aussi des diffĂ©rences dans la facultĂ© calorigĂšne des diverses parties du corps. Effectivement, cela ressort des observations thermomĂ©triques faites compara- tivement dans diffĂ©rentes rĂ©gions chez le mĂȘme individu 2 morts et dont ils mettaient le cƓur Ă  nu. M. J. Davy trouva ainsi le sang Ă  la tempĂ©rature de /ii°,22 dans le ven- tricule gauche, et Ă  /i0°,53 seulement dans le ventricule droit. Cela rĂ©sultait de la rapiditĂ© plus grande avec laquelle le liquide se refroidit dans les deux cavitĂ©s du cƓur, dont les parois n'ont pas la mĂȘme Ă©paisseur. ]\1. Georges Liebig a constatĂ© ce fait en plaçant un cƓur dans un bain d'eau lĂ©gĂšrement chauffĂ©e, de façon Ă  avoir Ă©quilibre de tempĂ©rature dans toutes les parties de l'organe , puis en l'exposant Ă  l'air froid et en mesurant comparative- ment la marche de l'abaissement de la tempĂ©rature du liquide contenu dans les deux ventricules. Au commence- ment de cette seconde pĂ©riode de l'ex- pĂ©rience, les deux thermomĂštres pla- cĂ©s, l'un dans la cavitĂ© droite, l'autre dans la cavitĂ© gauche du cƓur, mar- quaient le mĂȘme degrĂ©, mais celui du ventricule droit descendit plus rapidement que l'autre . Dans les expĂ©riences de M. Cl. Bernard, faites sur des Chiens et des Moutons, la diffĂ©rence dans la tempĂ©rature du sang avant et aprĂšs le passage de ce liquide dans le poumon Ă©tait en gĂ©nĂ©ral d'environ \ de degrĂ© centi- grade b. 1 Voyez tome I, page 376. 2 G. Martine, mĂ©decin Ă©cossais qui, vers le milieu du siĂšcle dernier, ht quelques bonnes observations sur la tempĂ©rature du corps humain, Ă©va- lua Ă  1 degrĂ© centigrade la diffĂ©rence qui existe entre la chaleur de la peau et celle des viscĂšres c. Hunier fit a C. Lie'nig, Op. cit., 1853. b Cl. Bernard, Leçons sur les liquides de l'organisme, t. I, p. 110 et 11G. c Martine, Essais sur la construction et comparaison des thermomĂštres, etc., frad, de l'an- glais, 1751, p. 174. PRODUCTION DE CHALEUR. o7 mtiis le contact mutuel de tous les organes cl la rapiditĂ© des courants sanguins qui les traversent sans cesse tendent Ă  l'aire disparaĂźtre les inĂ©galitĂ©s qui peuvent exister sous ce rapport, et plusieurs expĂ©riences pour apprĂ©cier l'influence que les causes extĂ©rieures de refroidissement peuvent exercer sur la tempĂ©rature des parties qui y sont le plus exposĂ©es. Ainsi il porta successivement la boule d'un petit thermomĂštre Ă  diverses profondeurs dans le canal de PurĂšthre, et trouva 33°, 3 centigrades Ă  un pouce de l'extrĂ©- mitĂ© de la verge, 33°, 9 Ă deuxpoucesde l'orifice urinaire, 34°, 5 Ă  trois pouces, et 36°, 1 lorsque le rĂ©servoir Ă©tait arrivĂ© dans le bulbe de l'urĂšthre. En plongeant la verge dans de l'eau Ă  10 degrĂ©s oĂč Ă©tait placĂ© le mĂȘme organe provenant d'un cadavre et prĂ©alablement chauffĂ© Ă  33°, 3, il vit que dans l'espace de temps nĂ©cessaire pour refroidir ce dernier corps Ă  10 degrĂ©s, la tempĂ©rature de l'organe vivant Ă©tait descendue Ă  l!i°, 5 a. Dans une sĂ©rie d'observations sur la distribution de la chaleur animale dans les diffĂ©rentes parties du corps, faites par AI. J. Davy sur des Mou- lons qu'on venait de tuer, le thermo- mĂštre fut introduit sous la peau ou dans la profondeur des organes, et donna les indications suivantes a Au larsc 32,22 Au mĂ©tatarse 36,11 A l'articulation du genou . . 38,80 Vers le liant de la cuisse . . 39,44 A la hanche 40,00 Dans le cerveau 40,00 Dans le rectum 40,50 Vers la base du foie 41,11 Dans la substance de cet or- gane 41,39 Dans le ventricule gauche . . 41,07 11 est probable que la graduation du thermomĂštre n'Ă©tait pas exacte ; mais les rĂ©sultats obtenus n'en furent pas moins comparatifs. En faisant des observations analogues sur le corps de l'Homme, les indications thermo- mĂ©triques ne pouvaient cire aussi exactes; car M. J. Davy ne pouvait appliquer qu'incomplĂštement le rĂ©ser- voir de l'instrument sur les parties dont il voulait apprĂ©cier la tempĂ©ra- ture. Voici, du reste, quelques-uns des rĂ©sultats qu'il obtint de la sorte Sous la plante du pied. . . . 32,2-2 Au mollet ' ... 33,89 Au milieu de la cuisse. . . . 34,4 4 PrĂšs du nombril 35,00 A l'aisselle, oĂč le thermomĂštre pou- vait ĂȘtre complĂštement entourĂ© par les parties vivantes, le mercure s'Ă©leva Ă  3fi°,67 b. \V. Edwards el Gentil trouvĂšrent cbez un homme en bonne santĂ© et au repos Dans la bouche et dans l'anus. 38,75 A la main 37,50 Au pied 35,02 Ils virent aussi que dans l'aisselle et a Hanter, ExpĂ©riences et observations sur la facultĂ© dont jouissent les Animaut de produire de la chaleur ƒuvres, t. IV, p. 212. 6 J. Davy, An Account of some ExpĂ©rimente on Animal Heat Philos. Trans., 1814, I. CIV, p. 590. 38 NUTRITION. la principale cause des diffĂ©rences que Ton observe dans la tempĂ©rature des diverses parties de l'organisme, est la faci- litĂ© plus ou moins grande avec laquelle ces parties perdent la chaleur qui leur est propre. Or, il existe Ă  cet Ă©gard des diffĂ©- rences trĂšs considĂ©rables, et il est Ă©vident que lors mĂȘme que chaque molĂ©cule de matiĂšre vivante dĂ©velopperait en un temps donnĂ© une mĂȘme quantitĂ© de chaleur, la tempĂ©rature produite de la sorte diffĂ©rerait beaucoup prĂšs de la surface de refroi- dissement et dans la profondeur de l'organisme. Les parties superficielles du corps doivent donc ĂȘtre moins chaudes que les parties internes, et, toutes choses Ă©tant Ă©gales d'ailleurs, la diffĂ©rence doit ĂȘtre d'autant plus considĂ©rable que cette surface est plus Ă©tendue relativement Ă  la quantitĂ© de matiĂšre vivante qu'elle limite. Ăźl en rĂ©sulte que la forme des diverses parties du corps doit influer sur leur tempĂ©rature propre, et que cette tempĂ©rature doit ĂȘtre non-seulement plus Ă©levĂ©e dans les parties intĂ©rieures que prĂšs de la peau, mais aussi plus dans l'aine le] thermomĂštre s'Ă©levait sur un Lapin par M. Collard de Mar- moins que dans la main, mais il est tigny probable que cette anomalie dĂ©pendait de quelque imperfection dansĂ©e mode TempĂ©ralme lJc 1 4°, 5 RĂ©aum. d'expĂ©rimentation a. Du tarse 17,5 RĂ©cemment M. Braune a profitĂ© d'un Du jarret 215 cas d'anus contre nature pour prendre Du pli de la jambe 26,5 la tempĂ©rature de l'intĂ©rieur de Pin- Du co"> PrĂšs du ll,orax ‱ ‱ ‱ 27-° testin, et il a trouvĂ© 37°,S ou environ De rabdomeB' sous Ia Peau ~ de degrĂ© de moins , tandis que la tempĂ©rature de l'aisselle varie de 35°, 7 De l'intĂ©rieur de l'abdomen . 25,5 Au - dessous du diaphragme , prĂšs de l'estomac 30,5 Ă  37 degrĂ©s 6. Lhi prĂšs du cƓiu, _ _ dQ5 r Je citerai Ă©galcment'Ă  ce sujet les observations thermomĂ©triques laites Dans les expĂ©riences thermomĂ©iri- d W. Edwards, Animal lient Todd's CijclopƓdia of Anat. and PhysioL, t. II, p 660. t Braune, Ein Fall von Amis prƓnaturahs Arcliiv fur palh. Anat und l'hysiol., 1800, t. XIX, p. 470. c Collard de Martigny, Op. cit. Journal complĂ©mentaire du Dictionnaire des sciences mĂ©di- cales, t. XLI1I, p. 269. PRODUCTION DE CHALEUR. 39 Ă©levĂ©e clans le tronc que dans les membres, et les divisions ter- minales de ces appendices doivent ĂȘtre moins chaudes que leur portion basilaire. L'observation journaliĂšre suffirait pour mon- trer la justesse de ces conclusions ; mais, pour nous donner la mesure des diffĂ©rences qui existent Ă  cet Ă©gard entre les diverses parties du corps d'un mĂȘme individu , il faut avoir recours aux indications thermomĂ©triques, et, pour prendre la tempĂ©rature dans l'intĂ©rieur de l'organisme^ on ne peut pas toujours se servir de thermomĂštres ordinaires ; souvent il l'aul avoir recours aux aiguilles thermo-Ă©lectriques que l'on peut enfoncer sans inconvĂ©nient dans les parties vivantes, et qui permettent d'Ă©valuer des diffĂ©rences trĂšs faibles. M. Becquerel et Breschet ont fait de la sorte une sĂ©rie de recherches intĂ©- ressantes, et ils ont vu qu'il pouvait y avoir des diffĂ©rences de plus de 2 degrĂ©s centigrades entre la tempĂ©rature des diffĂ©rentes parties profondes de l'organisme d'un mĂȘme indi- vidu 1. Pour les parties superficielles, l'abaissement de la tempĂ©rature peut ĂȘtre beaucoup plus considĂ©rable, et varie davantage suivant les conditions dans lesquelles l'individu est placĂ© 2. qiics faites sur des Chiens, M. L. Fink trouva la tempĂ©rature du rectum un peu plus Ă©levĂ©e que celle du cƓur et du cerveau a. 1 Les observations faites Ă  l'aide d'aiguilles thermomĂ©triques par Bres- chet et M. lĂźecquerel ne furent pas trĂšs variĂ©es ; mais elles montrent que dans la substance des muscles du bras la tempĂ©rature est notablement plus Ă©levĂ©e que dans le tissu cellulaire sous-nilanĂ© adjacent. Ainsi, dans un cas, la diffĂ©rence Ă©tait de 1°,83, et dans une autre expĂ©rience de 2°,25 b. Dans une autre expĂ©rience, l'aiguille introduite sous l'aponĂ©vrose plantaire y indiquait 32 degrĂ©s, tandis que, pla- cĂ©e dans le muscle biceps brachial . elle marquait 37°, 5 c. 2 C'est aux diiFĂ©rcnees de tempĂ©- rature existant entre le tronc et les mem- bres, et au refroidissement Ă©prouvĂ© a Luil. Fink, BeitrĂ«ge zur TemperaturtopOi/raphie des Organisants Mitller's Archiv fur Anatomie xind Physiologie, 1853, p. 112. b Becquerel et Breschet, Premier MĂ©moire sur la chaleur animale Ann. des sciences nat., 2e sĂ©rie, 1835, t. III, p. 269. c Becquerel et Breschet, DeuxiĂšme MĂ©moire su1 la chaleur animale [Ann. des sciences nal , 2' sĂ©rie, 1835, t. IV, p. 245. Influence du volume 40 NUTRITION. Des considĂ©rations du mĂȘme ordre nous conduisent Ă  recon- du corps naĂźtre que le volume du corps des cires animĂ©s doit influer sur . , . , sa tempĂ©rature, aussi beaucoup sur leur tempĂ©rature propre, et que si la quan- titĂ© de chaleur qu'ils dĂ©veloppent Ă©tait la mĂȘme pour un mĂȘme poids de matiĂšre calorigĂšne, c'est-Ă -dire de substance vivante, celui dont la masse serait faible ne saurait rĂ©sister aux causes de refroidissement dont tous sont entourĂ©s, comme le ferait celui dont le volume serait considĂ©rable. Pour conserver la mĂȘme tempĂ©rature quand le milieu ambiant est froid, les petits Animaux ont donc besoin de produire beaucoup plus de chaleur que ceux dont le corps est gros. Ainsi, une Mouche, par exemple, pour conserver en hiver la tempĂ©rature intĂ©rieure dont elle jouit en Ă©tĂ©, aurait besoin de produire une quantitĂ© de chaleur Ă©norme comparĂ©e Ă  celle au moyen de laquelle le moindre Mam- mifĂšre peut maintenir son corps Ă  une tempĂ©rature de 36 Ă  38 degrĂ©s ; et, comparativement, pour avoir la mĂȘme tempĂ©ra- ture intĂ©rieure, une Souris et un Lapin ont besoin de brĂ»ler beau- coup plus de combustible organique qu'un Cheval ou un BƓuf. Or, en Ă©tudiant les phĂ©nomĂšnes de la respiration chez ces par le sang en traversant les extrĂ©- mitĂ©s, qu'il faut attribuer les diffĂ©- rences constatĂ©es par divers observa- teurs entre la tempĂ©rature du sang artĂ©riel et celle du sang veineux dans ces parties. En effet, le sang qui revient des membres et de la tĂȘte vers le cƓur est moins chaud que celui qui s*y rend aprĂšs avoir circulĂ© dans les vais- seaux du tronc. Ainsi, M. J. Davy a trouvĂ© /tO ° ,8/j pour le sang de la veine jugulaire, et Zil°,67 pour le sang de l'artĂšre carotide a. Dans les expĂ©- riences faites par Breschet et M, Bec- querel sur des Chiens , le sang de l'artĂšre crurale Ă©tait dans un cas de 0°,8 et dans un autre cas de 1°,1 plus chaud que le sang de la veine corres- pondante. Ces savants trouvĂšrent aussi le sang un peu plus chaud dans la veine jugulaire que dans la veine cru- rale b. Des observations analogues ont Ă©tĂ© faites rĂ©cemment par M. Wur- litzer c. a Op. cit. {Philos. Tram., 1814, p. 596. b Becquerel et Breschet, Recherches expĂ©rimentales physico-chimiques sur la tempĂ©rature des tissus et des liquides animaux [Afin, des sciences nal., 2* sĂ©rie, 1837, t. VII, p. 9'J et suiv.. c YYiirlitzer, Le hmpcralura satiguinis arteriosi cl venosi, adjeclis quibusdam experimentis dissert, inaug.. GreifswaW, 1858. PRODUCTION DE CHALEUR. Û l diffĂ©rents cires, nous avons vu qu'effectivement les petits Animaux Ă  sang chaud consomment en un temps donnĂ© une quantitĂ© d'oxygĂšne qui, proportionnĂ©ment au poids de leur corps, est beaucoup plus grande que celle employĂ©e de la mĂȘme maniĂšre par les gros MammifĂšres 1. § 6. — L'Ă©vaporation de l'eau qui a lieu sans cesse Ă  la Enels surface de la peau et dans les voies respiratoires de L'Homme l'Ă©vaporation. et des autres Animaux qui vivent dans l'atmosphĂšre, es! la principale cause de refroidissement qui contre- balance les effets hermomĂ©triques du dĂ©veloppement de la chaleur propre de ces ĂȘtres rĂ©sultant de la combustion vitale dont ils sont le siĂšge ; et c'est aussi en raison de cette circonstance qu'ils peuvent rester pendant un certain temps dans de l'air dont la tempĂ©rature est plus Ă©levĂ©e que celle de leur corps, sans que leur chaleur intĂ©rieure augmente notablement. En effet, Ă  mesure que la tempĂ©rature de l'air s'Ă©lĂšve, la tension de la vapeur y augmente rapidement, et par consĂ©quent l'Ă©va- poration s'active ; dans de l'air trĂšs chaud qui n'est pas saturĂ© d'humiditĂ©, la transpiration insensible, c'est-Ă -dire l'Ă©vaporation de l'eau, est donc plus abondante que dans l'air froid, et par cela mĂȘme elle enlĂšve Ă  l'organisme plus de chaleur "2. Il y a lĂ  encore une de ces harmonies rĂ©gulatrices qui sont 1 Voyez tome H, page 515. 2 D'aprĂšs les lois qui rĂ©gissent la transformation des liquides en vapeur, ou pouvait prĂ©voir que les choses de- vaient se passer ainsi dans l'Ă©conomie animale, et les expĂ©riences de Dela- roche et Berger prouvent que la thĂ©o- rie est en accord avec les faits. Ainsi, l'un de ces physiologistes perdit par Ă©\aporation, pendant un sĂ©jour de treize minutes dans une Ă©tuve 50 grain, Ă  la tempĂ©rature de 40 Ăč 12 degrĂ©-. 215 — do59ĂčGl ;»15 — do 71 Ă  72 En deux minutes il perdit 220 gram- mes, quand la tempĂ©rature de l'air am- biant Ă©tait entre 86 et 87 degrĂ©s a. L'Ă©vaporation est beaucoup plus a Delaroche, ExpĂ©riences sur les effets qu'une forte chaleur dans l'Ă©conomie ani- male, t806, p. 48. VIII. ^ Action de la chaleur sur les Animaux. Z2 NUTRITION. si remarquables dans les Ɠuvres de la crĂ©ation, et qui sont pour tous les esprits droits un objet d'admiration. Effectivement, soit en raison de la coagulabilitĂ© des matiĂšres albuminoĂŻdes qui jouent un rĂŽle si important dans la constitu- tion des tissus et des liquides de l'organisme, soit Ă  cause de plusieurs autres circonstances dont l'examen nous entraĂźnerait trop loin du sujet principal de celte Leçon, les Animaux ne peuvent continuer Ă  vivre si la tempĂ©rature de leur corps s'Ă©lĂšve au-dessus d'une certaine limite, qui en gĂ©nĂ©ral ne dĂ©passe que de trĂšs peu le degrĂ© de chaleur auquel l'organisme se maintient naturellement chez l'Homme et les autres Ver- tĂ©brĂ©s supĂ©rieurs 1. Aussi les eaux trĂšs chaudes ne sont-elles habitĂ©es par aucun Animal wj, et l'Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature grande dans l'air sec que dans l'air humide a ; mais quand ce fluide csl chargĂ© de vapeur d'eau, son action sur la peau provoque plus facilement la sueur, ce qui peut dĂ©terminer des perles de poids plus considĂ©rables 6. 1 J'aurai Ă  revenir sur ce sujet en traitant de la contraction muscu- laire et des fonctions du systĂšme ner- veux. ‱_> Quelques voyageurs parlent de Poissons ou autres Animaux, qui li tbi- teraient dans des eaux thermales dont la tempĂ©rature serait beaucoup plus Ă©levĂ©e que celle du corps des Animaux ordinaires ; mais leurs observations ne paraissent pas mĂ©riter confiance. Ainsi Sonnerat dit avoir vu, prĂšs de .Ma- nille, des Poissons dans une source thermale dont la chaleur aurait Ă©tĂ© entre 00 et 86 degrĂ©s r ; mais on sait aujourd'hui, par les observations plus prĂ©cises de Marion de l'rocĂ©, que dans les eaux en question le thermo- mĂštre ne marque pas plus de 36 de- grĂ©s lĂ  oĂč l'on voit des Animaux vivants d. Dans un hassin de la fontaine de Hammam-Vieskoulin , en AlgĂ©rie, oĂč l'on voit nager des Bar- heaux, la tempĂ©rature de l'eau est Ă  58 degrĂ©s prĂšs de la surface ; mais vers la partie infĂ©rieure , dans les couches dont ces Animaux ne sortent pas, la tempĂ©rature n'est que d'en- viron liO degrĂ©s p. J'ajouterai que M. Prinsep a vu des Poissons sup- a VY. Edwards, De l'influence des agents physiques sur la vie, p. 217 ut ;i8ĂŽ. b Delaroclie, Op. cit., > -4'J. ici Sonnerai, Voyage Ă  la Nouvelle* GuinĂ©e, et Voyage aux Indes orientales et Ă  la Chine. d; Marion do l'rocĂ©, Excursion au village de Los Bagnos, prĂšs de Manille Journal de physique, 1822, t. 101. le Tripier, Observations sur les sources thermales de llamman -Berda et Hammam- Mes- kouliu, situĂ©es entre UĂŽne et Conslantine Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1S39, t. IX, p. 602. PRODUCTION DE CHALEUR. ko atmosphĂ©rique qui, dans certaines rĂ©gions du globe, rĂ©sulte souvent de l'action des rayons solaires, serait promptement mortelle pour tous ces ĂȘtres, s'ils ne possĂ©daient en eux les moyens nĂ©cessaires pour produire du froid or, celle l'acuitĂ©, comme je viens de le dire, leur est donnĂ©e par la transpiration dont ils sont le siĂšge IL Sous ce rapport, leur corps ressemble Ă  porter une tempĂ©rature de .'i degrĂ©s dans un rĂ©servoir Ă  Calcutta a, et que M. Cumberland estime Ă  /i'i",6 la chaleur d'une source thermale dans le Bengale, oĂč des Animaux de ta mĂȘme classe vivent habituellement b. Mais il esi probable que celle derniĂšre observation thermomĂ©trique n'Ă©tait pas exacte ; car Spallanzani, qui a fait beaucoup d'expĂ©riences sur ce sujet, a vu que toujours Ira Grenouilles, les In- sectes et les a i res Animaux qu'il plon- geait dans de l'eau Ă  Ă»'2 ou A3 degrĂ©s y pĂ©rissaient trĂšs promptement c . William Edwards a constatĂ© aussi que ces animaux, ainsi que les LĂ©zards, les Tortues et les Poissons, meurent presque instantanĂ©ment lorsqu'on les plonge complĂštement dans de l'eau Ă  4'2degrĂ©sd, Eofln, tout rĂ©cemment, M. Cl. Bernard c et M. kiĂŻlme ont vu que les, MammifĂšres mouraient tou- jours quand la tempĂ©rature de leur sang arrivait Ă  environ 45 degrĂ©s. D'a- prĂšs ce dernier, la limite de la cha- leur intĂ©rieure, compatible avec l'exis- tence des Oiseaux, ne dĂ©passait pas /S degrĂ©s, et il suffirait de o!i degrĂ©s pour dĂ©terminer chez les Grenouilles un Ă©tal tĂ©tanique du systĂšme muscu- laire qui entraĂźne la mort /'. 1 Chacun sait que l'Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature dĂ©terminĂ©e par les rayons solaires sullit parfois pour nous don- ner la mort ; et jusqu'Ă  l'Ă©poque oĂč les navigateurs portugais, en poursui- vant leurs dĂ©couvertes sur la cĂŽte occidentale de l'Afrique, eurent fran- chi la ligne, on croyait gĂ©nĂ©ralement qu'a raison de celte circonstance la zone torride Ă©tait inhabitable pour l'Homme. Vers le milieu du xv1' siĂšcle, on reconnut que cela n'Ă©tait pas; mais les mĂ©decins, parfois tĂ©moins d'accidents mortels produits par l'in- solation, continuaient Ă  penser que les Animaux ne pouvaient exister dans une atmosphĂšre dont la tempĂ©rature serait supĂ©rieure Ă  celle de leur corps, et pie la principale utilitĂ© de la respiration Ă©tait le refroidissement dĂ» Ă  l'entrĂ©e de l'air frais dans les poumons. Quelques expĂ©riences faites sur les Animaux par Fahrenheit et Provoost, pour vĂ©rifier les vues de Boerhaave Ă  ce sujet, vinrent Ă  l'ap- pui de celte opinion, car ces physiciens virent un Chien, un Chat et un Moi- fa Prinsep, voyez Gumberland, Sur des Poissons trouvĂ©e dans une eau thermale Ă  foorĂ©e, au Bengale BibliothĂšque universelle de GenĂšve, 1S39, l. NX, p. -0-i. b Cumberland, Op. cit. [BibliothĂšque universelle de GenĂšve, 183'J, t. XX, p. 204. c SpallaĂŻuani, Opuscules de physique animale, t. I, p. ol cl 101 . , et Researches Anat. and Physiol., t. I, p. 161. d Reynaud, Dissertation sur la tempĂ©rature humaine considĂ©rĂ©e sons les rapports des dges, des tempĂ©raments, des races et des climats, iliĂ©se. Pari?, 18-29. e Blainville, Rapport sur les rĂ©sultats scientifiques du voyage de la Bonite Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1838, t. VI, p. 157. — Voyage de la Bonite, Zool., t. I, p. xxxi. 50 NUTRITION. divers voyageurs dans les rĂ©gions glacĂ©es du pĂŽle nord nous montrent que beaucoup de ces Animaux Ă  sang chaud peuvent conserver leur tempĂ©rature normale lorsque celle de l'atmos- phĂšre est pendant des mois entiers Ă  50, 60 ou mĂŽme 80 degrĂ©s plus bas. Le cĂ©lĂšbre explorateur des mers arctiques, Parry, vit plus d'une fois le thermomĂštre marquer 39 ou 40 degrĂ©s dans l'intĂ©rieur du corps d'un Loup ou d'un Renard que les chasseurs venaient de tuer, quand la tempĂ©rature de l'air Ă©tait de 32 degrĂ©s ou mĂŽme de 36 degrĂ©s au-dessous de zĂ©ro, et l'on doit des observations analogues au capitaine Back 1. Il est vrai que, dans les cas de ce genre, la dĂ©perdition de la chaleur animale est toujours ralentie par l'existence d'une fourrure Ă©paisse, et que si la surface de la peau n'Ă©tait pro- tĂ©gĂ©e contre le contact du milieu rĂ©frigĂ©rant par une enveloppe formĂ©e par quelque corps trĂšs mauvais conducteur du calo- Ainsi, chez 8 personnes la tempĂ©rature du corps s'est Ă©levĂ©e, ternie moyen, de 1°,27, en passant du 47e degrĂ© de latitude nord, oĂč la tempĂ©rature at- mosphĂ©rique n'Ă©tait que de 8 degrĂ©s, Ă  l'Ă©qualeur , oĂč celte tempĂ©rature Ă©tait de 29°, 5. En six semaines, ces mĂȘmes individus ont ensuite perdu en moyenne 0°,G7, en s'avançant vers le sud jusqu'Ă  une latitude oĂč l'air Ă©tait Ă  16 degrĂ©s a. Dans ce cas, de mĂȘme que dans celui observĂ© par Eydoux et Souleyet, la variation dans la chaleur animale a Ă©tĂ© plus grande sous l'in- fluence de l'Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature extĂ©rieure que lorsque l'on passait d'un climat chaud dans un climat froid. Des variations dans la tempĂ©rature du corps en rapport avec la tempĂ©ra- ture de l'air ont Ă©tĂ© constatĂ©es aussi chez les Pigeons par Letellier b. 1 Le capitaine Back trouva que la tempĂ©rature propre de deux Lago- pĂšdes de la haie d'Uudson Ă©tait de /3°,3 centigrades, lorsque la tempĂ©ra- ture de l'atmosphĂšre Ă©tait dans un cas — 32°, 8, et dans l'autre — ;$5°,8; par consĂ©quent, la diffĂ©rence entre la tempĂ©rature du corps et celle du mi- lieu ambiant Ă©tait de 76°, 1 pour l'un de ces Animaux, et de 79", i pour l'autre r. a\ Brown-SĂ©quard, Recherches sur l'influence des changements de climat sur la chaleur ani- male Journal de physiologie, 1859, t. II, [>. 549. b Lelellier, Influence des tempĂ©ratures extrĂȘmes sur la production de l'acide carbonique dans la respiration des Animaux Ă  sang chaud Ann. de chimie et de physique, 3* sĂ©rie, 1845, t. Mil, p. 488. le Back, Narrative of Vue Avclie land ExpĂ©dition to the mouth of Ihe great Fish river, 1836, p. 590. PRODUCTION DE CHALEUR. 51 rique, la tempĂ©rature intĂ©rieure de l'organisme baisserait promptement, ainsi que cela a lieu chez l'Homme, quand il est plongĂ© dans un bain d'eau glacĂ©e ou exposĂ© Ă  l'air froid sans ĂȘtre couvert de vĂȘtements 1. Mais il n'en est pas moins vrai que le maintien d'une tempĂ©rature de 30 Ă  hO degrĂ©s au-dessus de zĂ©ro, quand pendant des mois entiers tout est gelĂ© dans la nature inanimĂ©e, suppose un dĂ©veloppement de chaleur Ă©norme dans l'intĂ©rieur de l'organisme vivant. § 8. — La facultĂ© de produire de la chaleur est donc en rĂ©alitĂ© beaucoup plus grande chez tous ces Animaux qu'on ne le supposerait par l'observation de la tempĂ©rature de leur corps dans les climats doux ou tropicaux, et la quantitĂ© de chaleur qu'ils dĂ©veloppent varie beaucoup suivant les circonstances ; tandis que chez les Animaux Ă  sang froid, oĂč la tempĂ©rature du corps varie avec celle du milieu ambiant, les di liĂ©' renĂ©es dans la quantitĂ© de chaleur dĂ©veloppĂ©e restent presque con- stantes ou s'abaissent sous l'influence du froid extĂ©rieur. Or, puisque la production de chaleur est une consĂ©quence de la combustion physiologique, el que celle combustion est Ă  son tour en rapport avec le degrĂ© d'activitĂ© de l'ĂȘtre qui en est le siĂšge, nous pouvons conclure de ce l'ait que pour l'Homme el 1 A l'occasion de la mort de plu- sieurs matelots qui, dans un naufrage sur les cĂŽtes de l'Angleterre, pĂ©rirent de froid en quelques heures, Currie fit une sĂ©rie d'expĂ©riences intĂ©res- santes sur les effets produits par l'im- mersion dans un bain trĂšs froid. Dans la plupart des cas, l'eau em- ployĂ©e Ă©tait Ă  environ G degrĂ©s, et un thermomĂštre placĂ© sous la langue du sujet descendit promptement Ă  33 ou ;;'i degrĂ©s ; dans quelques circon- stances , cet instrument ne marqua mĂȘme que '2i ou 29 degrĂ©s et ce grand refroidissement aurait Ă©tĂ© Ă©vi- demment suivi d'accidents fort graves, si on ne l'avait combattu trĂšs prompte- ment par l'application de couvertures chaudes, par des frictions et par d'au- tres moyens convenables a. a J. Currie, An Account of the remarkable Effects of a shipwreck on the Mariners ; with ExpĂ©rimente and Observations on the Influence of immersion in fresh and sait hot and cold, on the Poirers of the living [iody Philos. Trans.,^'9-2, p. 199J. FacultĂ© productrice de la chaleur 5*2 NUTRITION. les autres Animaux Ă  sang chaud, l'influence d'un froid modĂ©rĂ© doit ĂȘtre fortifiante, tandis que pour les Animaux Ă  sang froid elle sera sĂ©dative. Mais les recherches de mon frĂšre William Edwards nous ont appris qu'il y a une distinction importante Ă  Ă©tablir Ă  cet Ă©gard chez les jeunes . . . , , Animaux, entre les Animaux nouveau-nes et ceux qui ont passe les pre- miers temps de la vie. Ainsi l'enfant, en arrivant au monde, ne possĂšde encore qu'une faible facultĂ© productrice de chaleur 1, et, sous ce rapport, il ressemble beaucoup Ă  un Animal Ă  sang- froid, si ce n'est que l'abaissement de tempĂ©rature intĂ©rieure dont ceux-ci ne souffrent pas est pour lui un danger consi- dĂ©rable. Il en est de mĂȘme pour beaucoup d'autres Mammi- fĂšres, ainsi que pour un grand nombre d'Oiseaux qui, mĂȘme en Ă©tĂ©, meurent de froid, s'ils sont abandonnĂ©s Ă  eux-mĂȘmes et ne reçoivent pas de leur mĂšre, ou de quelque autre source calori- fique, le complĂ©ment de chaleur dont ils ont besoin pour main- tenir leur corps Ă  la tempĂ©rature voulue 2. Les MammifĂšres 1 W. Edwards fut le premier Ă  Ă©ta- blir une distinction entre la facultĂ© de produire de la chaleur et la production effective de cet agent physique ; dis- tinction qui est trĂšs importante, et sans laquelle il est impossible de bien com- prendre les variations qu'il a observĂ©es dans la tempĂ©rature du corps de riJonnne et de celui des Animaux a. ‱> Lorsque les petits Chiens nou- veau-nĂ©s sont Ă  la mamelle, la tempĂ©- rature de leur corps est Ă  peu prĂšs Ă©gale Ă  celle de leur mĂšre ; mais s'ils sont Ă©loignĂ©s de celle-ci, et que la tem- pĂ©rature de l'air ambiant ne soit que de 10 Ă  20 degrĂ©s, il suffit d'une heure ou deux pour qu'ils se refroidissent beaucoup. Ainsi, dans une des expĂ©- riences faites par W. Edwards, un petit Cliien de forte race, ĂągĂ© de vingt- quatre heures, faisait monter le ther- momĂštre Ă  37°, 7 5 au moment oĂč on le sĂ©para de sa mĂšre pour l'isoler dans une atmosphĂšre dont la tempĂ©rature Ă©tait de 13 degrĂ©s. Au bout de dix mi- nutes, sa tempĂ©rature propre Ă©tait des- cendue de plus de 2 degrĂ©s, et dans l'espace de trois heures l'abaissement fut de plus de 11 degrĂ©s. Un autre indi- vidu, dont la tempĂ©rature initiale Ă©tait de 36°, 8, perdit plus de 18 degrĂ©s en quatre heures, et sa tempĂ©rature propre n'Ă©tait alors que de 5 ou G degrĂ©s au- dessus de celle de l'air. Dans une autre sĂ©rie d'expĂ©riences, des Chiens de mĂȘme Ăąge, mais de plus petite taille, placĂ©s a W. Edwards, De l'influence des agents physiques sur la vie, p. 182. PRODUCTION DE CHALEUR. 53 qui naissent les yeux fermĂ©s, tels que les Chiens et les Chats, ainsi que les Oiseaux qui quittent l'Ɠuf avant d'avoir le corps couvert de duvet, sont particuliĂšrement remarquables par leur peu d'aptitude Ă  produire de la chaleur, et leur corps se refroi- dit avec une facilitĂ© extrĂȘme 1. L'abaissement de tempĂ©rature qu'ils Ă©prouvent ainsi provoque une rĂ©action intĂ©rieure, et dans des circonstances semblables, '‱prouvĂšrent en treize heures un abais- sement de tempĂ©rature Ă©gal Ă  22 de- grĂ©s; ils Ă©taient alors dans un Ă©tat de faiblesse extrĂȘme mais, placĂ©s devant le feu et enveloppĂ©s d'un linge, ils se rĂ©chauffĂšrent peu Ă  peu ; en moins de cinq heures ils reprirent presque leur tempĂ©rature primitive et parurent aussi bien portants qu'avant l'expĂ©rience a. .liez les Chats nouveau- nĂ©s l'abaisse- ment de la tempĂ©rature propre du corps a lieu avec plus de rapiditĂ© h, et chez les petits Lapins nouveau-nĂ©s la chaleur de ranimai descend pres- que au niveau de la tempĂ©rature ex- trĂȘme en moins de trois heures c. Lorsque ces divers MammifĂšres nou- veau-nĂ©s sont protĂ©gĂ©s contre l'action de l'air froid par une enveloppe de laine ou de quelque autre corps mau- vais conducteur de la chaleur, ils se refroidissent moins rapidement, mais leur tempĂ©rature s'abaisse peu Ă  peu, et au bout d'un certain temps descend aussi bas que dans les circonstances prĂ©cĂ©dentes. Des expĂ©riences faites par Ilolland montrent que mĂȘme a l'Ăąge de trois mois les Lapins rĂ©sistent moins bien au froid extĂ©rieur qu'ils ne le font Ă  l'Ăąge adulte {d. 1 Ainsi, dans nue des expĂ©riences faites par W. Edwards, des petits Moineaux ĂągĂ©s de huit jours firent monter le thermomĂštre Ă  30 degrĂ©s au moment oĂč on les retira de leur nid pour les isoler la tempĂ©rature de l'air Ă©tait de 17 degrĂ©s; et an bout d'une heure la tempĂ©rature de leur corps n'Ă©tait plus que de 19 degrĂ©s. Chez un de ces individus, la chaleur propre Ă©tait mĂȘme descendue Ă  18 de- grĂ©s, et par consĂ©quent n'Ă©tait supĂ©- rieure Ă  celle de l'air ambiant que de 1 degrĂ©. Le mĂȘme physiologiste con- stata des laits analogues chez beaucoup d'autres jeunes Oiseaux, mĂȘme chez des Épervicrs qui Ă©taient presque aussi gros que des Pigeons. Il est aussi Ă  noter que la diffĂ©rence qui existe sous le rapport de la rĂ©sistance au refroidissement entre les jeunes Oi- seaux et les adultes ne dĂ©pend pas seulement de ce que les premiers ont le corps nu et les seconds sont couverts de plumes. Un Moineau adulte dont toutes les plumes furent cou- pĂ©es conserva sa tempĂ©rature ordi- naire dans les circonstances thermO- fa W. Op. cil., p. 013. 6 Mem, ibid., p. 315. C Idem, ibid., p. 0 10. d Ilolland, An ExpĂ©rimental Inqidry into the laivs which regulatc the phenomena of Organic and Animal Life, 1829, p. 130. 54 NUTRITION. pendant quelque temps la combustion respiratoire augmente ; mais- les forces de l'organisme ne suffisent pas au maintien de ce travail physiologique, et bientĂŽt la tempĂ©rature intĂ©rieure s'abaisse de nouveau pour descendre plus bas que dans la pre- miĂšre pĂ©riode du phĂ©nomĂšne sous l'influence du froid extĂ©- rieur, de nouvelles oscillations se produisent, et il en rĂ©sulte bientĂŽt un Ă©tat morbide des poumons ou d'autres organes qui dĂ©termine la mort 1. Les petits MammifĂšres qui naissent les yeux ouverts ont la facultĂ© de produire plus de chaleur, et peuvent par consĂ©quent mieux conserver leur tempĂ©rature propre sous l'influence du froid extĂ©rieur 2; mais dans l'es- mĂ©triques oĂč les jeunes Ă©prouvĂšrent l'abaissement de tempĂ©rature indiquĂ© ci-dessus a. 1 On doil Ă  M. Flourens une sĂ©rie d'expĂ©riences 1res intĂ©ressĂąmes sur les causes de la mort des jeunes Oiseaux de basse-cour qui se trouvent exposĂ©s au froid. Ce physiologiste a constatĂ© qu'ils pĂ©rissent par suiie d'un Ă©tal Inflammatoire des poumons h. 2 Ainsi, les petits Codions d'Inde, qui naissent les yeux ouverts et qui peuvent tout de suite courir pour cber- eber leur nourriture, conservent leur chaleur propre lorsqu'ils sont Ă©loignĂ©s de leur mĂšre et exposĂ©s Ă  une tempĂ©ra- ture extĂ©rieure de 10 Ă  20 degrĂ©s. Les Chevreaux, les Poulains eĂź beaucoup d'autres MammifĂšres sont dans le mĂȘme cas. Mais ces jeunes Animaux n'ont ce- pendant pas la facultĂ© productrice de la chaleur ;.ussi dĂ©veloppĂ©e que les adultes, et ils rĂ©sistent beaucoup moins que ceux-ci Ăč l'action refroidissante d'un air dont la tempĂ©rature est trĂšs basse. Ainsi, nous voyons, dans les expĂ©riences de W. Edwards, que sous l'influence d'une tempĂ©rature extĂ©- rieure de 0 degrĂ©, des Codions d'Inde adultes ne prĂ©sentĂšrent au bout d'une heure qu'une diminution de 2°, 5 dans leur chaleur propre, tandis que des individus de la mĂȘme espĂšce, mais ĂągĂ©s de quelques jours seulement, perdirent de 7 Ă  11 degrĂ©s c. Les Oiseaux qui, au moment de la sortie de l'Ɠuf, sont en Ă©tat de courir et de manger seuls, se trouvent dans les mĂȘmes conditions que les Mammi- fĂšres dont je viens de parler ; ils peu- vent produire assez de chaleur pour conserver la tempĂ©rature propre des Animaux de leur espĂšce et nĂ©cessaire Ă  l'exercice normal de leurs fonctions, lors mĂȘme qu'ils sont soumis Ă  l'action d'une tempĂ©rature extĂ©rieure de 15 de- o W. Edwards, De l'influence des agcnls physiques sur la vie, p. l-il, ĂŻ!3S, 010 et suiv, 6 Flourens, Observations sur quelques maladies des Oiseaux Ann. des sciences nat., 182U, t. XVIII, p. 03 et suiv.. c W. Edwards, Op; cit., p. 136 cl 625. PRODUCTION DE CHALEUR. 55 pĂšco humaine cette facultĂ© n'est encore que trĂšs imparfaitement dĂ©veloppĂ©e pendant les premiers jours de la vie extra-utĂ©rine, et la statistique nous apprend que la mortalitĂ© des jeunes enfants est notablement augmentĂ©e pendant nos hivers, lors- qu'on expose ces frĂŽles crĂ©atures Ă  l'influence du froid. Chez ceux qui naissent avant terme, le pouvoir calorifique est encore plus faible, et, pour leur conserver la tempĂ©rature indispen- sable Ă  l'entretien de la vie, il est en gĂ©nĂ©ral nĂ©cessaire d'avoir recours Ă  des moyens artificiels 1. Les mĂ©decins et les lĂ©gis- lateurs n'accordent pas Ă  ces faits toute l'attention qu'ils mĂ©ritent; mais ils ont une grande importance pour l'hygiĂšne publique, et je m'y arrĂȘterais davantage, si le sujet spĂ©cial de mes Ă©tudes ne m'interdisait les digressions de ce genre 2 Influence du froia sur la mortalitĂ© des enfants. grĂ©s. Mais quand ils sont exposĂ©s Ă  un froid de 9 degrĂ©s, et surtout de !\ 01 5 degrĂ©s, ils se refroidissent trĂšs rapi- dement . 1 Les enfants, comme on le sait gĂ©nĂ©ralement, sont viables quand ils naissent Ă  sept mois de la vie intra-utĂ©- rine, mais Ă  cette Ă©poque leur dĂ©ve- loppement u'est encore que trĂšs in- complet, et, sous le rapport du sens de la vue, ils sont Ă  peu prĂšs dans le mĂȘme Ă©tat que les petits MammifĂšres dont les yeux sont fermĂ©s au moment de la naissance; car la pupille est encore bouchĂ©e par nue membrane, et ce caractĂšre, sans avoir aucun rapport direct avec la calorii itĂ©, coĂŻncide avec le faible degrĂ© de dĂ©veloppement de la facultĂ© de produire de la chaleur, qui fait ressembler les petits Chiens et les Chats nouveau-nĂ©s Ă  des Animaux Ă  sang froid. En effet, on sait que les en- fants nĂ©s avant terme ne rĂ©sistent pas a Vf. Edwards, Op. cit., p. 1 14 Cl 623 d Op. cil , p. 505. aux causes de refroidissement aux- quelles les enfants ordinaires peuvent ĂȘtre exposĂ©s sans inconvĂ©nient, et qu'ils ont besoin de chaleur artifi- cielle 6. Sous le rapport de la facultĂ© de dĂ©velopper de la chaleur, le, en- fants Ă  terme sont dans un Ă©tat inter- mĂ©diaire entre celui des pciits Mam- mifĂšres dont il vient d'ĂȘtre question et les MammifĂšres adultes; ils ne se refroidissent pas aussi facilement que les premiers, mais ils sont loin de put voir maintenir une tempĂ©rature intĂ©- rieure constante aussi bien que les seconds. 2 Il n'est peut-ĂȘtre aucun point de physiologie appliquĂ©e Ă  l'hygiĂšne sur lequel on ait n des idĂ©es aussi erro- nĂ©es que celui qui est relatif Ă  l'in- fluence du froid sur les jeunes enfants. Dans l'espĂšce humaine, comme chez la plupart des Animaux des classes supĂ©- rieures, l'instinct porte la mĂšre Ă  main- 56 NUTRITION. JI est Ă©galement Ă  remarquer que par eela seul que les jeunes Animaux sont moins volumineux que ceux dont la erois- sanee est terminĂ©e, ils doivent se refroidir plus facilement, et celle circonstance, jointe Ă  leur moindre aptitude Ă  produire tenir autour du nouveau-nĂ© une tem- pĂ©rature douce et Ă  le soustraire autant que possible Ă  l'action des vicissitudes atmosphĂ©riques; et cependant des au- teurs cĂ©lĂšbres ont considĂ©rĂ© ces prĂ©- cautions comme Ă©tant non-seulement inutiles , mais mĂȘme nuisibles aux jeunes enfants, et ont vantĂ© les usages de quelques peuples qui , dit - on , plongent dans de l'eau souvent gla- cĂ©e les nouveau-nĂ©s, afin de fortifier leur constitution, et cela mĂȘme dans les saisons les plus rigoureuses. Les belles expĂ©riences de mon frĂšre au- raient pu suffire pour faire justice de celte erreur dangereuse, cl pour mon- trer que dans les premiers temps de la vie l'homme a besoin d'ĂȘtre prĂ©- servĂ© contre le froid extĂ©rieur. Mais afin de soumettre ce point de doctrine hygiĂ©nique a une nouvelle Ă©preuve, et de chercher si Ton pouvait saisir quelques rapports entre la marche de la mortalitĂ© des enfants nouveau- nĂ©s et l'Ă©tat thcrmomĂ©trkpie de l'at- mosphĂšre , nous fĂźmes , en 1829 , .M. VillermĂ© et moi, une sirie de re- cherches statistiques dont il ne sera peut-ĂȘtre pas inutile de dire ici quel- ques mots. En comparant mois par mois le nombre des naissances et le nombre des dĂ©cĂšs d'enfants ĂągĂ©s de un jour Ă  trois mois, nous trouvĂąmes que pour la totalitĂ© de la France la morta- litĂ© est la plus grande pendant la saison froide; qu'elle diminue beaucoup au printemps, et que celte diminution dans la proportion des dĂ©cĂšs a lieu plutĂŽt dans nos dĂ©partements mĂ©ridio- naux que dans ceux du Nord ; enfin, pic cette mortalitĂ© est plus forte quand le froid est rigoureux que lorsque l'hi- ver est doux. Nous en tirĂąmes cette conclusion, qu'en hiver il est mauvais d'exposer les enfants nouveau-nĂ©s au froid, et que les prescriptions lĂ©gisla- tives d'aprĂšs lesquelles ils doivent ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă  la mairie avant l'expira- tion du troisiĂšme jour qui suit la nais- sance, afin d'y faire constater leur Ă©tat civil, est nuisible Ă  l'hygiĂšne pu- blique a. Pour mettre mieux en lumiĂšre ce rĂ©sultat, nous fĂźmes recueillir ensuite des documents comparatifs sur la mar- cbe de la mortalitĂ© des jeunes enfants mois par mois dans un certain nombre de communes oĂč les habitations sont agglomĂ©rĂ©es autour de la mairie et dans d'autres oĂč les habitations Ă©tant trĂšs Ă©parses, le trajet Ă  faire pour porter l'enfant de la maison paternelle au bu- reau de l'Ă©tat ci vil est gĂ©nĂ©ralement plus long, et nous trouvĂąmes que, dans ces derniĂšres conditions, sur 12 000 dĂ©cĂšs annuels d'enfants ĂągĂ©s de un Ă  trente jours, le trimestre d'hiver dĂ©cembre, janvier et fĂ©vrier figurait, terme moyen, pour 1270 par mois, tandis que dans les communes oĂč , en raison de a Milne Edwards ut VillermĂ©, De l'influence de la tempĂ©rature sur la mortalitĂ© des enfants nouveau-nĂ©s {MĂ©m. de la SotiĂ«tc d'histoire naturelle de Paris, t. V, p. 01. PRODUCTION DU CHALEUR 57 de la chaleur, t'ait que la tempĂ©rature de leur corps est eu gĂ©nĂ©ral un peu moins Ă©levĂ©e que celle des adultes de la mĂȘme espĂšce. Cela rĂ©sulte d'un grand nombre d'observations ther- momĂ©triques laites d'abord par William Edwards, puis par M. Despretz, et plus rĂ©cemment par .M. Roger 1. l'agglomĂ©ration des habitations autour de la mairie, le trajet Ă  faire Ă©tait court, le chiffre correspondant n'Ă©tait que de 116S5 a. L'augmentation de la mortalitĂ© des entants nouveau-nĂ©s pendant la saison froide ressort Ă©galement des recherches statistiques faites plus rĂ©cemment en Belgique et en Suisse b. Depuis quelques annĂ©es l'attention de l'administration a Ă©tĂ© appelĂ©e de nouveau sur la question du transport obligatoire des enfants nouveau-nĂ©s Ă  la mairie c, et aujourd'hui, quoiqu'il n'y ait eu Ă  ce sujet aucun changement introduit dans la lĂ©gislation, on tolĂšre souvent la dĂ©claration de la naissance par tĂ©moins. Dans l'intĂ©rĂȘt de l'hygiĂšne publique, il est Ă  espĂ©rer que cette modification sera adoptĂ©e d'une ma- niĂšre plus gĂ©nĂ©rale. Comme preuve de la faible rĂ©sis- tance que les enfants nouveau-nĂ©s opposent au refroidissement, je citerai aussi le fait suivant qui a Ă©tĂ© constatĂ© par M. BĂ rensprung. Le bain tiĂšde dans lequel on place ces petits ĂȘtres pendant quelques instants pour les laver aussitĂŽt aprĂšs leur sortie du seiu de leur mĂšre, suffit pour faire baisser la tempĂ©rature de leur corps de 0°,90, terme moyen, et quelquefois mĂȘme de 1°,6 centigrade d. I Avant la publication des recher- ches de mon frĂšre, relativement Ă  l'in- fluence des agents pbysiques sur la vie, on pensait assez gĂ©nĂ©ralement que la tempĂ©rature des enfants et des jeunes Animaux Ă  sang chaud Ă©ait un peu plus Ă©levĂ©e que celle des adultes e, mais ce physiologiste a constatĂ© qu'il n'en est pas ainsi. Dans ses expĂ©- riences sur les petits Chiens Ă  la ma- melle, il a trouvĂ© que la tempĂ©ra- a Hilne Edwards, Influence de la tempĂ©rature sur lu mortalitĂ© des jeunes enfants l'Institut, 1838, p. 3S8. b Quclelet, Lie l'influence des saisons sur l'Homme Aun. d'hygiĂšne publique, 183-2, t. VII, p. 564. — Lombard, De l'influence des s lisons sur la mortalitĂ© Ă  diffĂ©rents Ăąges Ann. d'hygiĂšne publique, 1833. t. X, p. 1 10. c Du service des actes de iaissance en France et Ă  l'Ă©tranger; nĂ©cessitĂ© d'amĂ©liorer ce service Compte rendu, des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques, 1845. — De l'exĂ©cution de l'article 55 du Code civil relatif Ă  la constatation des naissxnces Revue du, droit français et Ă©tranger, 1840, t. M. — Du, baptĂȘme, considĂ©rĂ© dans ses rapports avec l'Ă©tat civd et l'hygiĂšne publique lue. cit., 1849, t. Vil. — De l'Ă©tal civil des nouveau-nĂ©s au point de vue de l'histoire, de l'hygiĂšne et de la loi, in-8, 1854. — H. Royer-Collard, Rapport {Bulletin de l'Acad. de mĂ©decine, 1. XV, p. 554. d Barensirung , Untersuchungai iiber die Teinpcraturverhdltnisse des FƓtus und des erwachsenen Menschen Miiller's Archiv fur Anat. und Pkysiol., 1851, p. 139. e Burdach, TraitĂ© de physiologie, t. IX, p. 631. — Holland, An expĂ©rimental Inquiry into Laws which vegulate the Phenomena of Organic Life, 1829, p. 124. vin. 5 Animaux hibernants. 58 NUTRITION. § 9. — En gĂ©nĂ©ral, on rĂ©unit indistinctement sous le nom ĂŻ Animaux Ă  sang chaud tous les MammifĂšres, ainsi que les Oiseaux, parce que daus les circonstances ordinaires la tem- pĂ©rature de leur corps est notablement supĂ©rieure Ă  celle de l'atmosphĂšre; mais tous n'ont pas comme l'Homme, le Chien turc de ces Animaux Ă©tait de 1 Ă  2 degrĂ©s infĂ©rieurs Ă  celle des corps de leur mĂšre, et en comparant la chaleur propre des enfants nouveau-nĂ©s Ă  celle des hommes adultes, il trouva en moyenne dans l'aisselle 3/i°,85 pour les premiers, et 36", 12 pour les seconds. Chez un enfant nĂ© avant terme Ă  sept mois, mais paraissant hien portant, et ĂągĂ© seulement de deux ou trois heures, il trouva seulement 32 degrĂ©s, en pla- çant Ă©galement le thermomĂštre dans le creux de l'aisselle a. M. Despretz trouva en moyenne 37°,1/ chez neuf Hommes ĂągĂ©s de trente ans, et seulement 35°, 06 chez trois enfants d'un Ă  trois jours 6. Les observations thermomĂ©triques faites par M. IĂźoger sont beaucoup plus nombreuses, mais donnent des rĂ©sul- tats analogues ; elles font voir aussi pie dans les premiers temps de la vie humaine les variations de tempĂ©rature sont beaucoup plus considĂ©rables qu'Ă  un Ăąge plus avancĂ©. Chez des enfants nĂ©s depuis moins d'une demi-heure, ce physiologiste trouva pour la tempĂ©rature moyenne du creux de l'aisselle 3û°,tZi, et chez 33 enfants ĂągĂ©s d'un Ă  sept jours la tempĂ©rature maximum Ă©tait o9°,0, tan- dis que le minimum Ă©tait 30 degrĂ©s ; enfin, la moyenne Ă©tait 37°, 08. Chez 13 enfants ĂągĂ©s de quatre Ă  six mois, les extrĂȘmes Ă©taient 37°, 75 et 36°, 75 ; la moyenne, 37°, 1 1. Enfin, chez 12 enfants ĂągĂ©s de six Ă  quatorze ans, les extrĂȘmes Ă©taient, d'une part 37°, 75, et d'autre part 37°, 0 ; la moyenne, 37°, 31 c. J'ajouterai que, d'aprĂšs AI. Mignot, la tempĂ©rature des nouveau-nĂ©s se- rait un peu plus Ă©levĂ©e. En effet, chez 13 enfants ĂągĂ©s de trois Ă  cinq jours et placĂ©s dans une chambre oĂč l'air Ă©tait Ă  15 ou 16 degrĂ©s centigrades, il a trouvĂ© que la tempĂ©rature du corps prise sous l'aisselle ne variait qu'entre 37°, 3 et 38°,lrf. Enfin, dans une sĂ©rie d'observations faites avec beaucoup de soin par M. F. von BĂ rensprung, la tempĂ©rature des enfants nouveau-nĂ©s fut trouvĂ©e presque la mĂȘme que celle de la mĂšre prise dans le vagin avant l'accouchement ; en moyenne, la diffĂ©- rence n'Ă©tait que de 0",07 e. a W. Edwards, De l'influence des agents physiques sur la vie, p. 133, 235 et 23G. fi Despretz, Recherches expĂ©rimentales sur les causes de la chaleur animale {Ann. de chimie et de physique, 1824, t. XXVI, p. 338. c Roger, De la tempĂ©rature chez, les enfants, 1844 ^Archives gĂ©nĂ©rales de mĂ©decine, 4e sĂ©rie, 1845, t. Y, p. 290. rf Mignot, Recherches sur les phĂ©nomĂšnes normaux et morbides delĂ  circulation, de la calo- ricitĂ© et de la respiration chex, les nouveau-nĂ©s, thĂšse. Paris, 1851, p. 9. {e BĂ rensprung, Untersuchungen iiber die TcmpcraturvcrliĂ ltnisse des FƓtus und des cnuachsenen Mensehen im gesxmden und kranken Zustande MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol, 1851, p. 130. PRODICTION DE CHALEUR. 59 ou le Cheval, une tempĂ©rature Ă  peu prĂšs constante, et parmi les MammifĂšres il en est un certain nombre qui, tout en Ă©tant aptes Ă  produire plus de chaleur que ne saurait le faire un Reptile ou un Poisson, ressemblent jusqu'Ă  un certain point aux Animaux Ă  sang froid, car leur corps se refroidit facile- ment, et ils supportent sans inconvĂ©nient un abaissement de tempĂ©rature qui serait mortel pour la plupart des Animaux supĂ©rieurs, et qui dĂ©termine seulement chez eux un Ă©tat de torpeur. On les dĂ©signe sous le nom d'Animaux hibernants, parce que durant l'hiver ils restent plongĂ©s dans une sorte de lĂ©thargie ou de sommeil profond. Le froid engourdit de la mĂȘme maniĂšre beaucoup d'Animaux infĂ©rieurs, et il est un grand nombre d'Insectes et de Mollusques, aussi bien que des Reptiles, des Batraciens et des Poissons, qui passent ainsi la totalitĂ© de la saison froide dans un Ă©tat d'inactivitĂ© complĂšte, durant laquelle toutes les fonctions sont suspendues ou du moins trĂšs ralenties 1; mais c'est chez les MammifĂšres hibernants que l Quelques Mollusques conservent leur activitĂ© Ă  dos tempĂ©ratures nos basses ainsi, on voit souvent des Lini- uĂ©es et des Planorbes qui nagent dans de Peau recouverte d'une couche Ă©paisse de glace, et dont la tempĂ©ra- ture, par eonsĂ©quent, ne peut s'Ă©lever guĂšre au-dessus de zĂ©ro c. Mais lu plupart des Animaux de cet embran- chement s'engourdissent au commen- cement de la saison froide, et restent dans un Ă©tat de torpeur jusqu'au prin- temps. Quelquefois ce sommeil hiver- nal dure pendant la plus grande partie de l'annĂ©e. Ainsi, on rencontre la 17- trina diaphĂ»na dans les PyrĂ©nĂ©es, blottie sous les pierres, Ă  des hauteurs oĂč la neige couvre la terre pendant neuf Ă  dix mois b. Les Colimaçons, aux premiers froids de l'hiver, cessent de manger et se ca- chent dans lu mousse ou dans creusĂ©s en terre, puis se blottissent dans leur coquille. En gĂ©nĂ©ral, ils font alors suinter du bord de leur manteau une matiĂšre blanchĂątre plus ou moins riche en carbonate de chaux, qui, en se solidifiant, constitue une sorte d'oper- a Picard et Garnicr, Histoire des Mollusques terrestres et /luvialiles qui vivent dans le dĂ©par- tement de la Somme Bulletin de la SociĂ©tĂ© linnĂ©enne du Xord de la France Abbeville 1810 t. 1, p. 278. [b Charpentier, Catalogue des Mollusques terrestres et /luviatiles de la Suisse Nouveaux MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© helvĂ©tique des sciences naturelles, 1837, t. I, p. 4. — Moquin-Tandon, Histoire naturelle des Mollusques terrestres et fluvialĂźles de France t I p. 115. ' " ' GO NUTRITION. ce phĂ©nomĂšne est le plus remarquable, [tarĂ©e que, sous l'in- fluence excitante de la chaleur, ces ĂȘtres se raniment non- seulement de façon Ă  pouvoir exĂ©cuter des mouvements plus culc temporaire nommĂ© Ă©piphragme, et bouche complĂštement l'entrĂ©e de leur coquille puis ranimai se contracte encore davantage, de façon Ă  laisser entre cette cloison et son pied un cer- tain espace qu'il remplit avec l'air chassĂ© de son poumon. 11 reste ensuite dans un Ă©tal de torpeur profonde. Ce repos hivernal a Ă©tĂ© signalĂ© par Aris- tole a, et Uioscoride parle de l'oper- cule que ces Animaux forment pour fermer leur coquille b. Spallanzani a constatĂ© que leur respiration devient alors presque nulle, mais que leur sommeil est peu profond, en sorte que d'ordinaire il suffit de casser leur Ă©pi- phragme, et de les irriter mĂ©canique- ment, pour les faire sortir de leur co- quille, et se mettre en mouvement c. Quand la tempĂ©rature est trĂšs basse, leur cƓur cesse de battre J. Il est cependant probable que, malgrĂ© cet Ă©tat de torpeur, ils continuent Ă  pro- duire un peu de chaleur, car ils rĂ©- sistent pendant quelque temps Ă  un froid trĂšs vif, et il faut les soumettre Ă  l'action d'une tempĂ©rature de 7 ou 8 degrĂ©s au-dessous de zĂ©ro pour dĂ©ter- miner la congĂ©lation de leur corps e. Des faits analogues ont Ă©tĂ© observĂ©s chez plusieurs autres Mollusques /. Beaucoup d'Insectes qui passent l'hi- ver Ă  l'Ă©tat adulte s'engourdissent, et restent dans une lĂ©thargie plus ou moins profonde pendant toute la sai- son froide fj. Mais c'est Ă  tort que les entomologistes supposent qu'il doive en ĂȘtre ainsi pour la plupart des es- pĂšces xylophages, qui passent l'hiver dans le tronc des arbres, car lĂ  la tem- pĂ©rature est rarement assez basse pour produire un semblable sommeil hi- vernal. Les Fourmis tombent en tor- peur Ă  2 ou o degrĂ©s au-dessous de zĂ©ro {h. Les Abeilles s'engourdissent et paraissent mortes quand leur tem- pĂ©rature descend Ă  5 ou G degrĂ©s centigrades, et elles ne rĂ©sistent que fort peu de temps aux effets ainsi pro- duits i ; mais, lorsque ces Ani- a Aristulc, Histoire naturelle des Animaux, trad. de Camus, liv. VIII, t. I, p. 495. b Dioscoride, De maleria medica, ljb. II, cap. V11I. c Spallanzani, MĂ©moire sur la respiration, p. 128 et suit. dl Lister, anatomica in qua de Cochleis, maxime lerrestribus, et Limacibus agilur, 1094. e Gaspard, MĂ©m. physiologigue sur le Colimaçon Journal de physiologie de Magendic, 182-2, t. II, p. 313. . ., ' f Joty, Note sur des Anodonla et des Paludina vivipara qui ont rĂ©siste a la congĂ©lation .l»/i. des sciences nat., 3 sĂ©rie, 1845, 1. 111, p. 373. — Moquin-Tandon, Op. cit., p. 115. g Schmid, Ueber die der Kafer llliger Magasin fur Insectcnkunde, 1802, 1. 1, p. 209. . _ — Suckow, Ueber den WinUrschlafder Heussinger's Zeilschrift, 1827, l. I, p. 59/- — Kirley and Spence, Op. cit., I. II, p. 437 et suiv. — Burmeister, Handbuch der Entomologie, t. I, p. 62G et suiv. — Newport, On the TempĂ©rature oflnsects [Philos. Trans., 1837, p. 275. [h Huberlils, Recherches sur les mƓurs des Fourmis, p. 202. ! PiĂ©aumur, Op. cit., t. V, p. G76. — J. Huber, Nouvelles observations sur les Abeilles, t. II, p. 321. production df chaleur. Gl ou moins rapides et Ă  jouir de la plĂ©nitude des facultĂ©s animales, mais aussi Ă  produire beaucoup de chaleur et Ă  avoir une tempĂ©rature propre qui dĂ©passe de beaucoup celle du milieu oĂč ils vivent d'ordinaire 1. Certains Oiseaux, ainsi que divers MammifĂšres, appartien- nent Ă  la catĂ©gorie des Animaux hibernants; mais il existe maux sont rĂ©unis eu grand nombre dans leur ruche, ils produisent assez de chaleur pour maintenir la tempĂ©ra- ture nĂ©cessaire Ă  l'exercice de leurs fonctions. Comme exemple d'Insectes capables de conserver leur activitĂ© Ă  de trĂšs basses tempĂ©ratures, je citerai le Po- diira nivalis, qui court avec agilitĂ© sur la neige. Une espĂšce de cette fa- mille le Desoria glacialis vit en sociĂ©tĂ©s nombreuses sur les glaciers de la Suisse a. 1 Les MammifĂšres chez lesquels le sommeil hivernal est le plus profond. et le ralentissement des fonctions nu- tritives est portĂ© le plus loin durant cet Ă©tat de torpeur, sont, les uns de petits Insectivores, tels que lesCham es- Souris et les HĂ©rissons, les autres des Rongeurs qui se nourrissent principa- lement de fruits ou de grains, et qui habitent sous des climats rigoureux Ă  cause de l'Ă©lĂ©vation des lieux ou de leur Ă©loignemeni des rĂ©gions tropicales par exemple, la Marmotte des Alpes, le Loir, le LĂ©rot, le Muscardin et le Hamster de l'Europe septentrionale. Nos Ecureuils, le l'orc-Épic et plu- sieurs autres Animaux du mĂȘme or- dre hibernent aussi; mais tous les Rongeurs des pays froids ne sont pas dans ce cas, les Lemmings, par exem- ple. Quelques grands MammifĂšres qui se nourrissent principalement de fruits, et qui habitent les montagnes oĂč le froid est long et rigoureuv, prĂ©sentent des phĂ©nomĂšnes du mĂȘme ordre. Ainsi l'Ours brun et le Blaireau restent en- dormis dans leur taniĂšre pendant pres- que tout l'hiver, mais leur sommeil est beaucoup moins profond que celui des petits MammifĂšres dont je viens de parler. L'Ours polaire, qui est es- sentiellement carnassier, ne s'engourdit pas de la sorte. BufĂźon considĂ©rait les MammifĂšres hibernants comme des Animaux Ă  sang froid, et pensait que la tempĂ©rature in- terne de leur corps Ă©tait toujours Ă  peu prĂšs la mĂȘme que celle de l'at- mosphĂšre ĂŽ. .Mais il Ă©tait dans l'er- reur, et SpallanzanĂź lit voir que la chaleur propre de ces MammifĂšres est souvent de 15 Ă  !20 degrĂ©s au-dessus de la tempĂ©rature de l'air, lorsque celle-ci est assez Ă©levĂ©e pour qu'ils res- tent Ă©veillĂ©s c. Humer trouva aussi a Nicolet, Recherches pour servir Ă  l'histoire des Podurelles, p. ">S Nouveaux MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© helvĂ©tique des sciences naturelles, 1841, t. VI. b Buflon, Histoire naturelle des QuadrupĂšdes, art. Loir ƒuvra, Ă©dit. de VerdiĂšra, 1. XX, c Spallanzani, Opuscules de physique animale et vĂ©gĂ©tale, 1. 1, p. 110. — Lortet, Observations stir le sommeil lĂ©thargique du Muscardin Ann. de la SociĂ©tĂ© a' agri- culture de Lyon, 1844, t. VU. 62 NUTRITION. parmi ces ĂȘtres beaucoup de degrĂ©s sous le rapport de la facultĂ© de rĂ©sister Ă  l'abaissement de tempĂ©rature et quant Ă  l'intensitĂ© de l'Ă©tat lĂ©thargique dĂ©terminĂ© par le froid. Ainsi, chez les uns, la facultĂ© de produire de la chaleur est assez grande pour qu'en hiver la tempĂ©rature du corps ne que le thermomĂštre marquait 27°, 5 dans l'intĂ©rieur de l'abdomen d'un Loir en activitĂ©, bien que la tempĂ©ra- ture de l'air ambiant ne fĂ»t que de 17°, 7 a. Des faits du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© constatĂ©s par Mangili , Prunelle, Saissey, M. J. Davy, M, Regnault, et plusieurs autres expĂ©rimentateurs b. Ainsi, dans quelques-unes des obser- vations de M. Regnault, quand la tempĂ©- rature extĂ©rieure Ă©tait comprise entre 10 et 15 degrĂ©s, la chaleur animale de la Marmotte, observĂ©e dans le rec- tum, Ă©tait de 32 Ă  .'35 degrĂ©s. Dans les expĂ©riences de Saissey, la tempĂ©rature du corps de la Chauve- Souris ne s'est jamais Ă©levĂ©e au-dessus de 31 degrĂ©s centigrades c. Ce n'est pas seulement en hiver que les MammifĂšres hibernants s'engour- dissent ; toutes les fois qu'on les sou- met pendant un certain temps Ă  l'in- fluence d'une basse tempĂ©rature, leur corps se refroidit, et ce refroidissement amĂšne Ă  sa suite l'Ă©tat de torpeur. Ainsi Pallas a dĂ©terminĂ© le sommeil lĂ©thargique chez des Marmottes, en les plaçant dans une glaciĂšre pondant l'Ă©tĂ©, et Saissey a obtenu par le mĂȘme moyen un rĂ©sultat analogue dans ses expĂ©riences sur des HĂ©rissons et des Loirs. La tempĂ©rature Ă  laquelle l'Ă©tat de torpeur se dĂ©clare, varie suivant les espĂšces, et l'on peut conclure de lĂ  que la facultĂ© productrice de la chaleur n'est pas Ă©galement faible chez tous ces Animaux. Ainsi, Berthold a vu des Muscardins s'engourdir de la sorte dans une chambre oĂč l'air Ă©tait entre 10 et 17 degrĂ©s. D'aprĂšs Saissey, le HĂ©risson et les Cbauves- Souris tombent en lĂ©thargie quand la tempĂ©rature du milieu ambiant est de 6 ou 7 degrĂ©s, a Hunter, ExpĂ©riences et observations sur la facultĂ© dont jouissent les Animaux de produire de la chaleur ƒuvres, t. IV, p. 215. 6 Mangili, Saggio d'osservazioni per servire alla storia dei Mammiferi soggelti Ă  periodico letargo. Milano, 1807. — MĂ©moire sur la lĂ©thargie des Marmottes Ann. du MusĂ©um, 1807, t. IX, p. 100. — Sur la lĂ©thargie pĂ©riodique de quelques MammifĂšres Op. cit., t. X, p. 434. — Saissey, Recherches expĂ©rimentales anatomiques, chimiques, etc., sur la physique des Animaux mammifĂšres hibernants, 1808. — Prunelle, Recherches sur les phĂ©nomĂšnes et sur les causes du sommeil hivernal de quel- ques MammifĂšres Ann. du MusĂ©um, t. XVIII, p. 20 et 302. — Berger, ExpĂ©riences et remarques sur quelques Animaux qui s'engourdissent pendant la saison froide MĂ©m. du MusĂ©um, 1828, t. XVI, p. 201. — Marshall-Hall, On Hybemation Philos. Trans., 1832, p. 335. — Gmelin, Veber den Winterschlaf iuaug. dissert.. Tubingen, 1839. — Regnault et Reiset, Recherches chimiques sur la respiration des Animaux Ann. de chimie et de physique, 3e sĂ©rie, 1849, t. XXVI, p. 429 et suiv.. — Valentin, BeitrĂąge mur Kenntniss des Wintcrschlafen der Murmelthiere MolescIioU's Untersuchungen zur Naturlehre des Mcnschen und der Thiere, 1857, t. I, p. 206 ; t. II, p. 1 et suiv. f Saissey, Op. cit., p. 10. PRODUCTION DE CHALEUR. 63 s'abaisse pas beaucoup, et que le sommeil qui accompagne ce refroidissement ne soit pas trĂšs profond ; tandis que chez d'autres, cette facultĂ© s'affaiblit rapidement sous l'influence d'une basse tempĂ©rature, et que le refroidissement du corps amĂšne une suspension presque complĂšte de tout travail phy- siologique i. Les Animaux hibernants nous offrent un nouvel exemple des harmonies de la crĂ©ation dont tout naturaliste doit ĂȘtre si souvent frappĂ©. Les MammifĂšres qui prĂ©sentent cette particu- laritĂ© physiologique sont seulement ceux qui se nourrissent d'Insectes, de fruits ou d'antres substances analogues, et qui sont destinĂ©s Ă  habiter les pays oĂč pendani l'hiver ils ne pour- raient trouver aucun des aliments dont ils ont besoin. Mais celle privation no leur nui! pas, car le froid, qui fui! disparaĂźtre de la surface de la erre les Animaux el les produits vĂ©gĂ©taux qui leur conviennent, les plonge dans un Ă©tat de torpeur pen- dant lequel eus les besoins du travail nutritif deviennent presque nuls ils restent alors cachĂ©s dans quelque rĂ©duit et le LĂ©rot s'endort de la mĂȘme ma- niĂšre sous l'influence d'un froid de U ou 5 degrĂ©s au-dessus de zĂ©ro. Le sommeil hivernal de la Marmotte nese dĂ©clare pas sitĂŽt pour le produire, il faut d'ordinaire un froid de G degrĂ©s au-dessous de zĂ©ro. 1 D'aprĂšs 15ruguiĂšre, le Tenrec de Madagascar tomberait eu lĂ©thargie pendant la saison chaude, mais il pa- raĂźt que c'est au contraire pendant les mois oĂč la tempĂ©rature est le plus b tsse que ces petits Animaux s'engour- dissent a. Je ne parle pas ici des hypothĂšses qui ont Ă©tĂ© hasardĂ©es pour expliquer la cause des particularitĂ©s physiologiques que prĂ©sentent les Animaux hiber- nants, car aucune d'elles ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme satisfaisante 6. a Desjardins, Note sur le Tenrec Ann. des sciences nat., 1830, t. XX, p. 179. — Coqiicrcl, Noie sur les habitude» des Termes [Revue soologique, 1848, p. 39 . — Telfair, Letler [Proceedings of the Committee of the Zoological Society, 1831, pari. 1, p. S9. — Brown-SĂ©quard, On the causes of the Torpidity of the Tenrec [ExpĂ©rimental Hesearches avplied to Physiolegy uni Patholagy, isĂŽ3, p. 25. 6 Pastre, De la cause de l'hibernation chez- les Animaux donneurs [Nova Acla Acad. nat. curioa., 18-29, t. XIV, y. 661. — Oiio, De Animalium quorumdam per hyemem dormientium vagis ceptialicis cl aure interna Nova Acta Aead. nat. curios., t. .Mil, p. 23 ; — Ann. des sciences nat , iH-2~, t. \l, p. 70. j!\ NUTRITION. bien abritĂ©; leur circulation se ralentit beaucoup; leur respi- ration, sans cesser complĂštement, diminue de façon que la combustion vitale devienne extrĂȘmement faible , et que la graisse emmagasinĂ©e dans leur corps suffise pour l'entre- tenir. Les Oiseaux ne possĂšdent que fort rarement la facultĂ© de dormir d'un sommeil profond pendant toute la durĂ©e de nos longs hivers ; mais la Nature pourvoit autrement Ă  leur conservation en donnant Ă  plusieurs d'entre eux l'instinct de l'Ă©migration, qui les conduit dans des climats oĂč la nourriture ne leur fait pas dĂ©faut il. Dans la suite de ce cours, nous aurons Ă  revenir sur la considĂ©ration de ces faits remar- 1 Les Hirondelles, comme on le sait, quittent nos contrĂ©es aux appro- ches de la saison froide, et il parait indubitable qu'en gĂ©nĂ©ral elles Ă©mi- grent alors vers les parties chaudes de l'Afrique; mais quelques espĂšces de ce genre, telles que l'Hirondelle de rivage et l'Hirondelle de fenĂȘtre, pa- raissent ĂȘtre susceptibles de passer la mauvaise saison cachĂ©es dans des trous et plongĂ©es dans un Ă©tat de lĂ©thargie. Un naturaliste de SuĂšde, OlaiisMagnus, a prĂ©tendu que dans le Nord, ces Oi- seaux passaient l'hiver sous l'eau, pe- lotonnĂ©s en groupes serrĂ©s, et cette assertion a Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e par plusieurs auteurs; mais, dans l'Ă©tat actuel de la science, elle n'est pas admissible a. D'aprĂšs le tĂ©moignage de divers ob- servateurs, des Hirondelles se trouvent parfois, pendant l'hiver, dans des an- fractuositĂ©s de rochers ou dans d'autres retraites, et y restent profondĂ©ment engourdies. On cite plusieurs exemples de ce genre, et l'on a vu les Hirondelles engourdies par le froid reprendre leur activitĂ© quand on les eut rĂ©chauf- fĂ©es b. Il esl mĂȘme possible que lorsqu'elles sont dans cette espĂšce de lĂ©thargie, elles puissent' rĂ©sister pendant un certain temps Ă  l'asphyxie, et ne pas se noyer aussi vite que d'ordinaire. Du reste, l'action sĂ©da- tive du froid ne paraĂźt pouvoir se faire sentir sur ces animaux qu'Ă  la longue ; car Spallanzani, en soumettant des Hirondelles Ă  une trĂšs basse tem- pĂ©rature pendant plusieurs heures, ne parvint pas Ă  les endormir le. a Olaiis Magnus, Histoire des pays septentrionaux, 1561, p. 217. b AcliarJ, Remarks on Smallows on the Rhine Philos. Trans., 1763, t. LV, p. 101. -— Glialelux, Voyage dans l'AmĂ©rique septentrionale, t. Il, p. 329. — Pallas, Voyage dans plusieurs provinces de l'empire de Russie, t. II, p. 409 Ă©dit. tli> Lamarck. — C. Smith, Facts in regard lo the Ilgbernation of the rhimney Swallow New Philosophicnl Journal, 1827, t. 111, p. 231. — Dutruchet, Hivernation des Hirondelles Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1838, l. VI, p. 673. {c Spallanzani, Voyage en Sicile, t. VI, p. 13 et suiv. PRODUCTION DE CHALEUR. 65 quables ; mais je ne pouvais passer Ă  cotĂ© d'eux sans les signaler. Sous le rapport de la facultĂ© de produire la chaleur et de ^*JVℱCM supporter le froid, il y a donc quatre catĂ©gories principales Ă  &»** uu^aiĂ© Ă©tablir de ta chaleur. 1° Les Animaux Ă  sang chaud et Ă  tempĂ©rature constante, qui produisent beaucoup de chaleur, et qui, sous l'influence d'un froid modĂ©rĂ©, augmentent cette production de laeon Ă  con- server une tempĂ©rature propre qui ne varie que peu. T Les Animaux Ă  sang chaud et Ă  tempĂ©rature variable, qui ne sont pas aptes Ă  produire assez de chaleur pour rĂ©sister Ă  des causes de refroidissement d'une puissance mĂ©diocre, mais qui ne sont pas organisĂ©s pour supporter un abaissement notable de tempĂ©rature intĂ©rieure, et qui pĂ©rissent promptement quand la tempĂ©rature du milieu ambiant s'abaisse beaucoup. 3° Les Animaux Ă  sang chaud et Ă  tempĂ©rature essentielle- ment variable, qui se refroidissent trĂšs facilement, et pour les- quels ce refroidissement occasionne un ralentissement dans les fonctions vitales sans ĂȘtre une cause de mort, c'est-Ă -dire les Animaux hibernants. h" Les Animaux Ă  sang froid, qui ne produisent pas assez de chaleur pour avoir dans les circonstances ordinaires une tem- pĂ©rature propre qui s'Ă©lĂšve beaucoup au-dessus de celle du milieu ambiant, et qui supportent sans inconvĂ©nient un refroi- dissement considĂ©rable, soit en s'engourdissant, soit en con- servant la plĂ©nitude de leur activitĂ© vitale. Tous les Animaux invertĂ©brĂ©s, de mĂȘme que les Poissons, les Batraciens et les Reptiles, appartiennent Ă  cette derniĂšre catĂ©- gorie, et beaucoup d'entre eux conservent une grande activitĂ© lorsque la tempĂ©rature intĂ©rieure de leur corps ne s'Ă©lĂšve que fort peu au-dessus de celle de la glace fondante. Beaucoup de Poissons sont dans ce cas, et, ainsi que nous le verrons plus tard, c'est pendant qu'ils subissent ainsi l'influence du froid G6 NUTRITION. que fort souvent ils vaquent aux fonctions de la reproduction. D'autres s'engourdissent quand la tempĂ©rature de leur corps s'abaisse de la sorte, et il en est qui peuvent alors supporter la congĂ©lation sans pĂ©rir I. Nos connaissances sont encore trĂšs incomplĂštes au sujet des 1 Chez les Animaux Ă  sang chaud, la congĂ©lation, mĂȘme partielle du corps, est en gĂ©nĂ©ral suivie de la mort des parties dont les liquides ont Ă©tĂ© solidifiĂ©s de la sorte a ; mais dans quelques cas on a vu certaines por- tions de l'organisme revenir Ă  la vie et reprendre leur Ă©tat ordinaire aprĂšs avoir Ă©tĂ© complĂštement gelĂ©es. limiter a constatĂ© des faits de ce genre chez des Lapins dont il avait gelĂ© une oreille en la maintenant pendant une heure dans un mĂ©lange rĂ©frigĂ©rant, et chez des Coqs dont il congela de la mĂȘme maniĂšre la crĂȘte et les bar- billons b. Les Animaux Ă  sang froid rĂ©sistent mieux aux elĂŻels de la congĂ©lation, et un grand nombre d'entre eux peuvent continuer Ă  vivre aprĂšs que la totalitĂ© de leur corps a Ă©tĂ© solidifiĂ©e par le froid. Ainsi Lister a vu des Chenilles re- prendre le mouvement aprĂšs avoir Ă©tĂ© congelĂ©es c, et IlĂ©aumur a constatĂ© que les larves du Bombyx pityocampa peuvent supporter sans pĂ©rir un froid de plus de 2Zi degrĂ©s au-dessous d*e zĂ©ro d. Bonnet lit des observations analogues sur des Chrysalides du Pontia BrassicƓ, et Steikers obtint le mĂȘme rĂ©sultat dans des expĂ©riences sur la congĂ©lation de quelques larves de Tipules e. Je citerai Ă©galement ici des recherches sur la congĂ©lation des Podurelles, faites par M. Nicol- let f ; mais une des expĂ©riences les plus remarquables Ă  ce sujet est duc au capitaine Ross, Ce voyageur plaça 30 Chenilles dans une boĂźte, qu'il exposa quatre fois de suite pen- dant une semaine Ă  une tempĂ©rature de — h'1 degrĂ©s environ. A chaque exposition elles devinrent roides et furent congelĂ©es ; cependant ,a rĂšs la premiĂšre exposition, toutes revin- rent Ă  la vie quand on les ramena dans une chambre chaude ; 23 survĂ©- curent Ă  la seconde congĂ©lation, 1 1 res- tĂšrent Ă  la troisiĂšme Ă©preuve, et 2 pu- rent ĂȘtre rappelĂ©es Ă  la vie aprĂšs la quatriĂšme congĂ©lation {g. M. Joly de Toulouse a constatĂ© aussi que des l'a- ludines et des Anodontes ont pu ĂȘtre pris dans un bloc de glace, dont la tem- pĂ©rature Ă©tait descendue jusqu'Ă  5 de- grĂ©s au-dessous de zĂ©ro sans pĂ©rir, ni a Au sujet des effets du froid sur le corps humain, je renverrai Ă  l'article CONGÉLATION du Compendium de chirurgie pratique par BĂ©rard et Denonvilliers, t. 1, p. 380 et suiv. b limiter, TraitĂ© du sang, etc. ƒuvres, t. III, p. 131. e Lisler, Goedartius, De insectis, 4 C>85, p. 70. \di RĂ©aumiir, servira l'histoire naturelle des Insectes, t. II, p. 142. e Kirby et Spence, An Introduction to Entomoloijij, t. II, p. 453. /' Ross, Effet d'un froid intense sur des Chenilles BibliothĂšque universelle de GenĂšve, nouv, sĂ©rie, t. III, p. 483. g Nicolet, Recherches pour servir Ă  l'histoire naturelle des Podurelles, p. 12 Nouveaux MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© helvĂ©tique des sciences naturelles, 1841. PRODUCTION DE CHALEUR. G7 Animaux Ă  sang chaud dont la facultĂ© calorifique est faible; j'ai dĂ©jĂ  dit que beaucoup de MammifĂšres et d'Oiseaux nouveau- nĂ©s prĂ©sentent ces caractĂšres, mais en gĂ©nĂ©ral cela est de peu de durĂ©e, et longtemps avant Page adulte la tempĂ©rature du corps devient fixe 1. Il me parait probable cependant que mĂȘme paraĂźtre souffrir de cette congĂ©- lation a. Les Ɠufs de quelques Insectes rĂ©- sistent aux effets de la congĂ©lation, et peuvent mĂŽme supporter l'action d'un froid trĂšs intense. Ainsi Spallan- zani a constatĂ© l'Ă©closion d'oeufs de Vers Ă  soie qui avaient Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  — 30 degrĂ©s o, et plus rĂ©cemment Bonafous a fait des expĂ©riences ana- logues c. limiter a constatĂ© que les Crapauds peuvent supporter la congĂ©lation sans pĂ©rir [d. Pendant un voyage en Is- lande, Gaimard a observĂ© des faits ana- logues. Par l'action du froid, les Cra- pauds sur lesquels il expĂ©rimenta de- venaient roides, cassants, et ne lais- saient pas Ă©chapper une goutte de sang quand il les brisait ; cependant, en les dĂ©gelant dans de l'eau tiĂšde, il les lit revenir Ă  la vie. Dans ces cas la congĂ©lation s'Ă©tait faite lentement; mais quand elle Ă©tait rapide, elle dĂ©- terminait toujours la mort. En rĂ©- pĂ©tant ces expĂ©riences sur des Gre- nouilles, Gaimard ne put conserver vivants les Animaux dont le corps avait Ă©tĂ© gelĂ© e ; mais M. Auguste Du- mĂ©ril a constatĂ© que la mort n'est pas toujours une consĂ©quence de la con- gĂ©lation du corps de ces Batra- ciens /' ; le mĂȘme lait a Ă©tĂ© observĂ© chez le Triton y. Plusieurs auteurs parlent aussi de la reviviscence de Poissons dont le corps avait Ă©tĂ© roidi par congĂ©la- tion / Chossat, MĂ©moire sur l'influence du systĂšme nerveux sur la chaleur animale, p. 10. 80 NUTRITION. la consĂ©quence du refroidissement de l'organisme 1. Enfin on sait depuis longtemps, par l'observation des effets de l'ivresse, que chez l'homme l'alcool diminue la puissance calorifique. La division de la moelle Ă©piniĂšre dans la rĂ©gion cervicale peut produire Ă  peu prĂšs les mĂȘmes effets que la destruction sur un Chien, PĂ©thĂ©risation, prolongĂ©e pendant trente-cinq minutes, a fait baisser la tempĂ©rature de 2°, 20. Chez un autre Chien, le refroidissement dĂ©- terminĂ© par L'administration du chlo- roforme a Ă©tĂ© mĂȘme de Zi°,80 aprĂšs une heure quarante minutes cPanes- thĂ©sie. Mais en gĂ©nĂ©ral l'action exer- cĂ©e de la sorte sur la chaleur animale est moins forte. Chez une Poule, PĂ©- thĂ©risation a fait baisser la tempĂ©ra- ture de 2°, 50 en quinze minutes, et dans un autre cas le refroidissement a Ă©tĂ© de 3°, GO en quarante minutes a. Dans une sĂ©rie d'expĂ©riences sur les effets de l'empoisonnement par l'o- pium faites par Holland, l'abaisse- ment de la chaleur animale ne fut pas aussi considĂ©rable 6. 1 M. Brown-SĂ©quard a constatĂ© que l'action mortelle de plusieurs sub- stances toxiques est d'autant plus grande, que les Animaux qui y sont soumis sont placĂ©s dans des condi- tions moins favorables Ă  la conserva- tion de leur chaleur propre. Ainsi, dans divers cas, en administrant la mĂȘme dose de poison Ă  deux Ani- maux Lapins ou Cochons d'Inde aussi semblables entre eux que possible, mais dont l'un Ă©tait placĂ© dans une chambre oĂč la tempĂ©rature n'Ă©tait que de 8 Ă  10 degrĂ©s centigrades , tandis que l'autre Ă©tait placĂ© prĂšs d'un feu, dans une atmosphĂšre dont la tempĂ©rature se maintenait entre 24 et 30 degrĂ©s , cet expĂ©rimen- tateur vit ces derniers se rĂ©tablir assez facilement, tandis que les au- tres Animaux, aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© un refroidissement notable , pĂ©rissaient au bout de quelques heures ou d'un Ă  deux jours. Les substances qui agis- saient le plus fortement sur la facultĂ© productrice de la chaleur Ă©taient l'o- pium, l'acide cyanhydrique, le cyanide de mercure, la jusquiame, la digitale, e tabac, l'euphorbe, Le camphre, l'al- cool, l'acide oxalique et divers acides minĂ©raux trĂšs diluĂ©s. Souvent le pre- mier effet du poison sur cette fonction dĂ©terminait une augmentation de la chaleur animale ; mais ce phĂ©nomĂšne Ă©tait suivi d'un refroidissement plus ou moins considĂ©rable, surtout quand l'action toxique n'Ă©tait pas assez in- tense pour dĂ©terminer la mort ra- pidement, et que l'Animal pouvait y rĂ©sister pendant quatre ou cinq heures c. la Au;. DumĂ©ril et Deniarquny, Recherches expĂ©rimentales sur les modificatims imprimĂ©es Ă  la tempĂ©rature animale par l'Ă©ther et par le chloroforme {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1848, t. XXVI, p. 171. b Holland, Laws nf Organic and Animal Life, p. 255. te Brown-SĂ©quard, Recherches sur une cause de mort qui existe dans un grand nombre d'empoisonnements Gazette mĂ«d. de Paris, iSid, t. IV, p. 04 i ; — ExpĂ©rimental Researches, 1853, p. 20j. PRODUCTION DE CHALEUR. 81 du cerveau; mais lorsque la lĂ©sion porte sur la parlie dont naissent les nerfs cervicaux de la huitiĂšme paire et les nerfs thoraciques des deux premiĂšres paires, il en rĂ©sulte une Ă©lĂ©- vation dans la tempĂ©rature de la tĂȘte 1. La section de cette portion du systĂšme nerveux dans des points plus Ă©loignĂ©s de la tĂȘle est suivie d'un certain affaiblissement dans la produc- tion de chaleur ; mais le refroidissement diminue Ă  mesure que la lĂ©sion est situĂ©e plus prĂšs de la rĂ©gion lombaire, oĂč elle cesse d'avoir une influence bien apprĂ©ciable sur ce phĂ©- nomĂšne. Nous avons vu prĂ©cĂ©demment que la destruction des gan- glions du systĂšme sympathique dont naissent les nerfs vaso- moteurs de la tĂȘte et des membres, est suivie d'une grande augmentation de la production de chaleur dans les parties cor- respondantes de l'organisme 2; mais je ne saurais attribuer ce phĂ©nomĂšne Ă  la cessation d'une action retardatrice que ces nerfs exerceraient dans les circonstances ordinaires sur le tra- vail calorifique, et je n'y vois qu'une consĂ©quence de la dilata- tion que des vaisseaux sanguins Ă©prouvent par suite de la para- lysie de leurs nerfs moteurs et de l'afflux considĂ©rable de sang qui en rĂ©sulte. Quoi qu'il en soit, il est digne de remarque que toutes les parties du systĂšme sympathique ne paraissent pas jouer un rĂŽle de ce genre. En effet, Chossat a trouvĂ© que la destruction 1 M. Budge a constatĂ© que chez le h ou 5 Il en conclut que Pac- la section de la moelle Ă©piniere lion exercĂ©e sur les vaisseaux de la entre la derniĂšre vertĂšbre cervicale et tĂšte par le grand sympathique cervical la troisiĂšme vertĂšbre dorsale est sui- a son point de dĂ©part dans la portion vie d'une dilatation des artĂšres de la de la moelle Ă©piniere indiquĂ©e ci- tĂȘte et d'une augmentation de chaleur dessus a. dans les oreilles, qui peut s'Ă©lever Ă  *2 Voyez ci-dessus, page 31. a BuJgc, De l'influence de la moelle Ă©piniere sur la chaleur de la tĂȘte Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1853, t. XXXVI, p. 377. 82 NUTRITION. de ki portion du systĂšme ganglionnaire qui constitue le plexus semi -lunaire est suivie d'un anĂ©antissement si complet de la production de la chaleur, que le corps de l'Animal encore vivant se refroidit aussi rapidement que le ferait un cadavre placĂ© dans les mĂȘmes circonstances 1. Ce physiologiste obtint le mĂȘme rĂ©sultat en liant l'artĂšre aorte thoraeique, opĂ©ration qui n'arrĂȘta pas la circulation dans la tĂšte et les membres antĂ©rieurs, mais qui empĂȘcha le sang d'arriver dans l'abdomen, oĂč se trouvent les centres nerveux dont ii vient d'ĂȘtre question. 11 est aussi Ă  noter que la tempĂ©rature d'un membre para- lysĂ© est d'ordinaire moins Ă©levĂ©e que celle du membre cor- respondant qui a conservĂ© la sensibilitĂ© ainsi que le mouvement, et que dans quelques cas on a vu le dĂ©veloppement de chaleur y augmenter notablement sous t'influence de l'excitation dĂ©ter- minĂ©e par l'Ă©lectricitĂ© 2. § 13. — Faut-il conclure de tous ces faits que la production de la chaleur est indĂ©pendante de l'action comburante de l'oxy- gĂšne sur l'organisme, et n'est pas une consĂ©quence de la respi- ration? Non, certes. On pouvait le supposer quand on croyait que la combinaison de l'oxygĂšne de l'air avec les matiĂšres combustibles fournies par l'Ă©conomie animale avait lieu dans 1 Dans une des expĂ©riences de ce genre, Chossat vit la tempĂ©rai ure du Chien tomber Ă  27°, 8 en huit heures, et dans une autre expĂ©rience la tem- pĂ©rature, qui Ă©tait /0°,9 avant l'opĂ©ra- tion, descendit Ă  26 degrĂ©s dans l'es- pace de dix heures a. 2 En 1819, Earle publia quel- ques observations intĂ©ressantes sur ce sujet. Chez un paralytique, il trouva que dans la main du cĂŽtĂ© sain le thermomĂštre marquait 33", 3, tandis que dans la main paralysĂ©e la tempĂ©- rature n'Ă©tait que de 21", 67 avant l'emploi de l'Ă©lectricitĂ© ; mais elle s'y Ă©leva Ă  25 degrĂ©s aprĂšs quelques jours de traitement par cet agent exci- tant b. a Chossat, Influence du systĂšme nerveux sur la chaleur animale, iliĂšse, 1820, p. 42. b H. Earle, Cases and Observations illustraling tkc Influence of the Nervous System in regulating Animal Heat [Medico- chirurgical Transactions, 1819, t. VII, p. 177;. PRODUCTION DE CHALEUR. 83 les cellules du poumon 1 ; mais aujourd'hui il n'en est plus de mĂȘme. Nous savons que l'appareil respiratoire est seule- ment la voie par laquelle le principe comburant arrive dans le torrent de la circulation, et que, transportĂ© par le sang dans la profondeur de toutes les parties du corps, l'oxygĂšne de l'air s'unit Ă  du carbone et Ă  de l'hydrogĂšne dans le systĂšme capil- laire gĂ©nĂ©ral ou dans la substance des tissus oĂč ces vaisseaux sont rĂ©pandus. Par consĂ©quent, pour expliquer la diminution dans le dĂ©veloppement de la chaleur qui suit les diverses lĂ©sions du systĂšme nerveux, il suffit d'admettre que, d'une maniĂšre directe ou indirecte, la combustion physiologique est plus ou moins subordonnĂ©e Ă  l'action normale du systĂšme nerveux, hypothĂšse qui n'est en dĂ©saccord avec aucun fait bien avĂ©rĂ©. Il me paraĂźt probable que l'influence exercĂ©e par les nerfs sur l'Ă©tat de contraction ou de dilatation des capillaires sanguins contribue beaucoup Ă  la production des phĂ©nomĂšnes dont l'Ă©lude vient de nous occuper 2; mais j'incline Ă  croire que 1 BrodiĂš et Cliossnt ne furent pas les seuls Ă  attribuer au systĂšme ner- veux le pouvoir de dĂ©velopper de la chaleur indĂ©pendamment de toute ac- tion comburante dĂ©terminĂ©e par la respiration. M. de la lĂźive pensa qu'on pouvait attribuer ce phĂ©nomĂšne au passage de courants Ă©lectriques dans les nerfs a ; mais, comme nous le ver- rons par la suite, l'existence de pareils courants n'a pu ĂȘtre dĂ©montrĂ©e. 2 Il y a lieu de penser qu'il faut attribuer Ă  l'action du systĂšme nerveux sur le degrĂ© de contraction des vais- seaux capillaires un pbĂ©noniĂšne fort remarquable qui a Ă©tĂ© constatĂ© par W. Edwards et Gentil. Ces physiolo- gistes ont trouvĂ© que le refroidisse- ment considĂ©rable de l'une des mains produit par l'immersion de cette partie dans de l'eau glacĂ©e est accompagnĂ© d'un abaissement considĂ©rable de la tempĂ©rature de l'autre main non immergĂ©e 6. Au premier abord , on pourrait attribuer cet effet Ă©loignĂ© Ă  un refroidissement dans la masse du sang en circulation ; mais il rĂ©sulte des expĂ©- riences plus rĂ©centes de MM Tbolozan et Brown-SĂ©quard, que la tempĂ©rature de la bouche n'est que peu modifiĂ©e par le grand refroidissement de la main immergĂ©e ; en sorte que le changement [a De la Rive, Observations sur les causes prĂ©sumĂ©es de la chaleur propre des Animaux BibliothĂšque universelle de GenĂšve, 1820, t. XV, p. 4G;. b W. Edwards, Animal Heat Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol, t. II, p. GGO. Sk NUTRITION. l'action nerveuse contribue Ă  dĂ©terminer les combinaisons chimiques qui s'effectuent dans l'intĂ©rieur de l'Ă©conomie, et qui me paraissent ĂȘtre indubitablement la principale cause du dĂ©gagement de chaleur dont toutes les parties vivantes du corps de l'Animal sont le siĂšge. Ainsi, en dĂ©finitive, c'est toujours Ă  l'introduction de l'oxy- gĂšne dans l'organisme et Ă  la combinaison de ce principe avec les matiĂšres combustibles fournies, soit par le sang, soit par les tissus, qu'il faut attribuer la production de la chaleur animale. Il est aussi Ă  noter que le ralentissement du travail respira- toire suffit pour produire une diminution plus ou moins grande dans la production de chaleur. Ainsi, dans les expĂ©riences de Legallois, des Lapins maintenus Ă©tendus sur le dos se sont refroidis de 2 ou 3 degrĂ©s en une heure et demie, et Chossat a obtenu des rĂ©sultais semblables en agissant sur des Chiens \f. influence § H, — L'alimentation exerce aussi une grande influence raiinientation mr jP dĂ©veloppement de la chaleur dans l'intĂ©rieur de l'Ă©co- ia production nomie animale. Hunier a constatĂ© que, chez les Souris, la pri- de chaleur. * ' r vation d'aliments est bientĂŽt suivie d'un abaissement notable dans l'Ă©tat thermomĂ©trique de l'autre mai» paraĂźt devoir dĂ©pendre d'une action sympathique exercĂ©e par le systĂšme nerveux sur les vaisseaux san- guins de cette derniĂšre partie, et d'une diminution dans la quantitĂ© de sang en circulation dans celle-ci par suite de la contraction de ces mĂȘmes vais- seaux a. 1 Dans quelques-unes des expĂ©- riences de Legallois, laites sur des La- pins trĂšs jeunes, le refroidissement qui accompagne cette position du corps Ă©lait beaucoup plus considĂ©rable, mais dans ce cas le phĂ©nomĂšne Ă©tait com- plexe,et l'abaissementde la tempĂ©rature devait ĂȘtre attribuĂ© principalement Ăč l'insuffisance normale de la produc- tion de chaleur dans les premiers temps de la vie b. Dans des expĂ©- riences analogues faites par Chossat sur des Chiens adultes, le refroidisse- ment dĂ©terminĂ© par la fixation du corps dans la position indiquĂ©e ci- dessus n'a jamais dĂ©passĂ© notablement 2 degrĂ©s centigrades c. a Tholozan et Brown-Scqnard, Recherches expĂ©rimentales sur quelques-uns des effets du froid sur l'Homme Journal de physiologie, 1858, t. I, p. 500. b Legallois, Mim. sur la chaleur des Animaux [ƒuvres, t. H, p. 1 1. c Chossat, Op. cit., p. 12. PRODUCTION DE CHALEUK. 85 dans la tempĂ©rature du corps et d'une diminution dans la facultĂ© de rĂ©sister Ă  l'action d'un froid intense 1. Plus rĂ©cemment, M. Martins, professeur Ă  Montpellier, a fait des observations analogues 2, et Chossat a mis ce fait mieux en Ă©vidence par ses expĂ©riences sur les effets de l'inanition. Il a constatĂ© que chez des Animaux privĂ©s d'aliments la tempĂ©rature du corps s'abaisse notablement, et qu'aux approches de la mort elle est quelquefois de 18 Ă  20 degrĂ©s au-dessous de la tempĂ©rature normale 3. Je rappellerai aussi que chez 1 Chez une Souris vigoureuse et bien nourrie, limiter vit le thermomĂštre marquer 99 degrĂ©s Fahrenheit dans l'abdomen, prĂšs du diaphragme, tandis que chez un autre individu affaibli par un long jeĂ»ne, l'instrument, placĂ© de mĂȘme, ne marqua que 97 degrĂ©s. Le premier de ces Animaux, exposĂ© pendant une heure Ă  de l'air dont la tempĂ©rature n'Ă©tait que de 13 degrĂ©s Fahr, , se refroidit intĂ©rieurement d'environ 18 degrĂ©s Fahr. Le second, placĂ© clans les mĂŽmes circonstances, perdit 123 degrĂ©s Fahr. a. Des faits du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© notĂ©s par les voyageurs qui, en explo- rant les rĂ©gions polaires, se sont trou- vĂ©s exposĂ©s Ă  des froids intenses et n'avaient souvent qu'une nourriture insuffisante. Ainsi, l'un des compa- gnons du capitaine Franklin, Ă©tant rĂ©duit Ă  un Ă©tat de grande maigreur, souffrit beaucoup des abaissements de tempĂ©rature qu'il aurait sup- portĂ©s sans gĂšne dans les circonstances ordinaires , et il remarqua que les Hommes avec qui il se trouvait sup- portaient beaucoup mieux l'influence du froid de la nuit quand ils avaient fait un bon repas que lorsqu'ils avaient passĂ© la journĂ©e Ă  jeun b. Il est aussi Ă  noter que dans des expĂ©riences sur l'alimentation, M. Ilammond con- stata un abaissement notable de la tempĂ©rature de son corps aprĂšs avoir vĂ©cu pendant quatre jours de gomme seulement c. 2 M. Martins a eu l'occasion d'ob- server aux environs de Montpellier deux troupeaux de canards qui vivaient dans la mĂȘme localitĂ©, mais dont l'un n'avait qu'une nourriture insuffisante, tandis que l'autre recevait journellement des rations abondantes et de bonne qua- litĂ©. Chez les premiers la tempĂ©rature moyenne Ă©tait /il0, 177, tandis que chez les seconds elle s'Ă©levait Ă  Z1°,978. La diffĂ©rence en faveur des Canards bien nourris Ă©tait donc de 0",8 d. 3 Dans une des sĂ©ries d'expĂ©riences a Hunier, Op. cit. ƒuvres, t. IV, p. 218. b J. Franklin, Sarrative of a Journey to the shores of the Polar Sea in 1819, 1820, 1821 and 1822, p. 424. c Hamniond, Recherches expĂ©rimentales sur la valeur nutritive et les effets physiologiques de l'albumine, etc. Journal de physiologie, 1858, t. I, p. 411. . 30. PRODUCTION DE CHALEUR. 91 ne peuvent dĂ©pendre uniquement de la facilitĂ© plus ou moins, grande avec laquelle la chaleur animale se dissipe au dehors dans les divers organes, et qu'elles doivent rĂ©sulter, en partie, de diffĂ©rences locales dans le degrĂ© d'activitĂ© du travail chimique qui s'opĂšre dans les tissus vivants, et qui donne lieu au dĂ©ve- loppement de cette chaleur. Mais l'Ă©tude de la tempĂ©rature propre des diverses parties du corps est moins simple qu'on ne serait portĂ© Ă  le croire au premier abord, car cette tempĂ©- rature est subordonnĂ©e Ă  celle des parties d'oĂč vient le sang qui les traverse. En effet, le torrent circulatoire est le grand Ă©galisateur de la tempĂ©rature intĂ©rieure de l'organisme, en mĂȘme temps qu'il est la source alimentalrice de la combus- tion dont l'Ă©volution de la chaleur animale est une consĂ©- quence. Nos connaissances Ă  ce sujet ne sont encore que peu avancĂ©es; mais, d'aprĂšs les recherches de M. CI. Bernard, nous voyons que le foie est de toutes les parties celle oĂč ce mouvement molĂ©culaire paraĂźt ĂȘtre le plus actif 1. Pour faire un pas de plus dans l'Ă©tude de la production de 1 Kn introduisant dans diverses artĂšres et veines, chez an Animal vi- vant, de trĂšs petits thermomĂštres fort sensibles, M. Cl. Bernard a pu con- stater, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, des diffĂ©rences remarquables entre la tempĂ©rature du sang qui se rend du cƓur Ă  certaines parties de l'organisme, ou qui, aprĂšs avoir traversĂ© celles-ci, revient vers le centre de l'appareil cir- culatoire. Dans les points oĂč le sang revient de parties exposĂ©es Ă  des causes de refroidissement considĂ©rable, les membres, par exemple, la tempĂ©rature du sang veineux fut trouvĂ©e infĂ©rieure Ă  celle du sang artĂ©riel ; mais dans les points oĂč la dĂ©perdition de la chaleur animale n*est que faibli', la tempĂ©ra- ture du courant sanguin fut trouvĂ©e au contraire plus Ă©levĂ©e aprĂšs son passage dans les vaisseau* capillaires qu'avant son arrivĂ©e dans la profondeur des ihsus vivants. Cette augmentation de tempĂ©rature Ă©tait presque toujours trĂšs sensible dans le sang qui avait circulĂ© dans l'Ă©paisseur des parois du tube digestif, mais devenait encore plus grande aprĂšs le passage du liquide dans le systĂšme de la v eine porte a. Chez des Chiens vigoureux, M. Claude Bernard trouva que la tempĂ©rature du sang de la veine hĂ©patique Ă©tait souvent de /il degrĂ©s, ou mĂȘme da- vantage. Il constata aussi que la sub- a Voyez ci-dessus, pagcU3. 92 NUTRITION. chaleur chez l'Homme et les autres Animaux, nous nous trou- vons donc conduit Ă  chercher quelles sont les matiĂšres com- bustibles qui dans la profondeur des organes vivants se com- binent avec l'oxygĂšne, et donnent ainsi lieu Ă  cette Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature. Sont -ce les matiĂšres alimentaires puisĂ©es au dehors, et charriĂ©es par le sang, qui sont brĂ»lĂ©es de la sorte dans l'Ă©conomie animale? est-ce le sang lui-mĂȘme qui fournit ces combustibles, ou bien proviennent-ils de la substance des tissus vivants, et l'entretien de la combustion physiologique est-il liĂ© Ă  la destruction de la matiĂšre vivante? Ce sont lĂ  des questions qui touchent Ă  la nature mĂȘme du travail nutritif, et nous chercherons Ă  les rĂ©soudre dans une des prochaines Leçons. slance des tissus situĂ©s profondĂ©ment est en gĂ©nĂ©ral plus chaude que le sang qui en part a. Il est probable que les glandes rĂ©- nales sont, de mĂȘme que le foie, le siĂšge d'un travail calorifique consi- tics du corps b. dĂ©rable , car M. Brown-SĂ©quard a trouvĂ© que l'urine de l'Homme, ait moment de rĂ©mission, avait une tem- pĂ©rature, terme moyen, de 89°, 5, et Ă©tait par consĂ©quent notablement plus chaude que la plupart des autres par- iionE-CENCE de la met. Dictionnaire des sciences naturelles, t XI., p. 4G. — Becquere', TraitĂ© de physique considĂ©rĂ©e dans ses rapporte avec la chimie et les sciences naturelles, 1*44, i. Il, p. ISO. 9G NUTRITION. reste toujours privĂ©e d'ailes et ressemble Ă  une larve vermi- torme. Dans le midi de l'Europe il en existe une autre espĂšee du mĂȘme genre, dont les deux sexes sont ailĂ©s 1, et en voltigeant dans l'atmosphĂšre, ces Insectes produisent pendant les belles nuits de l'Ă©tĂ© une illumination mobile d'un effet charmant 2 ; mais ces ColĂ©optĂšres sont beaucoup moins brillants que quelques insectes phosphorescents qui. appar- tiennent Ă  la famille des Taupins ou ÉlatĂšres, et qui habitent les parties tropicales de l'AmĂ©rique , oĂč ils sont connus sous le nom de Cucujos 3. On assure que la lumiĂšre Ă©mise par ceux-ci est tellement vive , que non -seulement elle a Ă©tĂ© souvent utilisĂ©e par les voyageurs pour s'Ă©clairer pendant la 1 Ces Insectes phosphorescents cpie les Italiens appellent des Laccioli, et que les entomologistes dĂ©signent sons le nom de Lampyris italica, sont le izu-uz'.; dont parle Aris- tote , et le Cicindela de Pline. L'es- pĂšce que Ton rencontre dans les cam- pagnes des environs de Paris, ainsi qu'en Angleterre et en SuĂšde, est le Lampyris noctiluca ; et il existe en Europe deux autres espĂšces du mĂȘme genre, savoir le L. sphndidula, qui est commun en Allemagne, et le L hemiptera qui se trouve plus au midi. On connaĂźt aussi un grand nom- bre d'espĂšces exotiques du genre Lam pyris ou des autres petits groupes gĂ©nĂ©riques Ă©tablis par les entomolo- gistes aux dĂ©pens de la famille des Lampyrides, et il est probable que toutes sont plus ou moins pbospbo- rescentes. Le Lampyris hemiptera ne brille que d'un Ă©clat trĂšs faible a, mais n'est pas privĂ© de la facultĂ© d'Ă©- mettre de la lumiĂšre, ainsi que quel- ques auteurs l'avaient supposĂ©. L'es- pĂšce qui habile la Corse paraĂźt ĂȘtre distincte des prĂ©cĂ©dentes et a reçu le nom de Lampyris bicarinata b. '2 Dans quelques cas trĂšs rares on a vu les Vers luisants briller jusqu'en hiver, mĂȘme en Allemagne c. 3 Le Taupin cucujo, ou Elater noctilucus, Lin., a prĂšs de 3 centi- mĂštres de long d. On a donnĂ© le nom iVElater phosphorinus Ă  une autre espĂšce du mĂȘme genre qui brille aussi dans l'obscuritĂ©, mais qui est beau- coup moins grande, et qui se trouve Ă  Cayenne e. a Helbcg-, Merkwwdige Beobaohtung von Johanniswurmcheti Voigt's Magaxin fur den nettes- teti Zustand der Naturkunde, 1805, t. IX, p. 100. 6 Mulsant et ReveillĂšre, Description d'une nouvelle espĂšce du genre Lampyris [ SociĂ©tĂ© linnĂ©enne de Lyon, 2* sĂ©rie, 1800, t. VI, p. 140. r P. Millier, Bcitr. zur Naturgesch. des halbdekkigen LeuchtkĂąfers Lampyris hemiplcra Illijrer's Magasin fur Insecktenkunde, 1805, i. IV, p. 175. d Voyez Olivier, Entomologie, C0LÉnPTÈaE3, t. II, n" 31 . pi. 2. fig-. lia. t'.'l Idem, ibid., Us;. 14 b. PRODUCTION DE LUMIÈRE. 97 nuit, mais qu'elle peut suffire pour la lecture des plus petits caractĂšres 1. Chez tous ces Insectes, la production de lumiĂšre paraĂźt ĂȘtre localisĂ©e dans quelques parties bien circonscrites de l'orga- nisme 2. La position de ces foyers varie; mais en gĂ©nĂ©ral, sinon toujours, ils occupent le tronc 3. Chez les ÉlatĂšres, ils 1 Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je renverrai aux ouvrages gĂ©nĂ©raux sur l'entomologie a. 2 Quelques auteurs pensent que chez les grands ÉlalĂ©rides phospho- rescents de l'AmĂ©rique tropicale, la production de lumiĂšre a rĂ©ellement lieu dans toutes les parties de l'orga- nisme, et qu'elle est seulement mas- quĂ©e dans la majeure partie de la surface du corps par l'opacitĂ© des tĂ©- guments b. Mais M. Lacordaire, qui a eu l'occasion d'Ă©tudier ces beaux ColĂ©optĂšres Ă  l'Ă©tat vivant, assure qu'il n'en est pas ainsi, et que la pro- duction de lumiĂšre est circonscrite dans trois points, dont deux occupent la face dorsale du prothorax et un la partie infĂ©rieure et postĂ©rieure du mĂ©sothorax Quand l'Insecte est au repos, ce dernier foyer n'est pas visi- ble, mais pendant le vol l'abdomen, s' Ă©cartant un peu du thorax, laisse Ă  dĂ©couvert une dĂ©pression triangulaire qui brille d'un Ă©clat assez vif c. Sui- vant Sloane d et Lees e, il y aurait aussi Ă©mission de lumiĂšre par la face dorsale de l'abdomen, mais ce der- nier foyer ne deviendrait visible que quand les Ă©lytres se relĂšvent. M. Bur- meister parle aussi de la phosphores- cence de celte partie du corps / ; mais je dois ajouter que les observa- tions de M. Lacordaire sont en par- fait accord avec celles faites vers le milieu du siĂšcle dernier, par Fouge- roux y. o Les exceptions Ă  cette rĂšgle sont douteuses. D'aprĂšs Alzelius, le Paussits sphƓrocerus, qui habitelacĂŽte de Gui- nĂ©e, Ă©mettrait une faible lueur par la massue arrondie qui termine ses an- tennes h. Suivant Sihillc Merlan , le grand prolongement vĂ©siculaire qui sur- monte la tĂšte du Fulgora lanternaria d' AmĂ©rique serait trĂšs phosphores- cent i ; mais cette assertion a Ă©tĂ© 4, t. XLIV, p. 300. /' Oviedo, Coronica de las Yndios, lili. XV, cap. n, p. 13. y Garmann , De luce Scolopendra innohe Kphem. iialurƓ curiosorum , 1070, dec. 1, ann. 1, p. 270. — Ray, llistorla Insectorum, p. 45. — RĂ©aumur, Des merveilles des Dails MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1723, p. 204. / LinnĂ©, Systema naturiC, edit. 12, t. I, p. 1003. i Newport, Monoyr. of the Class Myriapoda Trans. of the Linnean Society, t. XIX p. 431. — Audouin, Remarques sur la phosphorescence de quelques Animiux articulĂ©s Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1 S 10, l. XI, p. 748. ij LinnĂ©, Systema naturƓ, edit. 12, t. I, p. 1 00 i-. k II. N. GrirĂ ui, Sur dis Vei's lu sauts [EphĂ©m des curieux de la nature, ilĂ©c. 2, ann. 1 , obs. 172. PRODUCTION DE LUMIÈRE. *07 infĂ©rieurs i, ainsi que chez beaucoup de Vers qui appar- Les vers. tiennent pour la plupart Ă  la classe des AnnĂ©lides 2 ; chez quelques ArticulĂ©s qui parais- sent ĂȘtre des QydrachnĂ©s a]. 1 Vers le milieu du siĂšcle dernier, Godehen de Rivale observa en liante nier de petits CrustacĂ©s qui Ă©taient trĂšs phosphorescents, et qui, Ă  en ju- ger par les ligures qu'il en donna, de- vaient appartenir Ă  la famille des Cypridiens b. Quelques-unes des espĂšces du genre Sapphirina sont trĂšs lumineuses c, et c'est probablement un de ces Ani- maux qui a Ă©tĂ© figurĂ© par Macarlni \ sous le nom erronĂ© de Limulus noc- tilucus cl ; mais la plupart des espĂšces de ce groupe ne paraissent pas avoir la facultĂ© d'Ă©mettre de la lumiĂšre . 573, pi. 1, tig. -J. 109 PRODUCTION DE LUMIERE. quelques-uns appartiennent Ă  la classe des Echinodermes 1 et zoophytes d'autres Ă  celle des [illusoires 2, mais dont la plupart sont des ÀcalĂšphes, et il y a mĂȘme des raisons de penser qu'elle peut exister chez tous ces Animaux pĂ©lagiques o. Nous ne savons roscents , mais ces Mollusques Ă  l'Ă©- tat vivant ne semblent pas avoir la facultĂ© de dĂ©velopper de la lumiĂšre, et si dans quelques cas ils ont paru brillants dans l'obscuritĂ©, cela tenait probablement Ă  la prĂ©sence de matiĂšres Ă©trangĂšres Ă  la surface de leur corps. Il me paraĂźt en ĂȘtre de mĂȘme pour les Moules qu'Adanson dit avoir trou- vĂ©es phosphorescentes a ; unis quel- ques GastĂ©ropodes et beaucoup de Mol- luscoĂŻdes de la classe dis Tunisiens jouissent de cette singuliĂšre propriĂ©tĂ©. Elle existe Ă  un haut degrĂ© chez les l'yrosomcs b, et a Ă©tĂ©; constatĂ©e chez beaucoup de Bipbores c. D'aprĂšs quelques auteurs, une espĂšce de Li- mace , Y HĂ©lix noctiluca , brillerait aussi dans l'obscuritĂ© {d. Il est aussi Ă  noter que chez le t'ieodora cuspidataunc lueur bleuĂątre est dĂ©veloppĂ©e dans la rĂ©gion abdomi- nale et apparaĂźt au dehors et au som- met de la coquille e. 1 Quelques Zoophytes de la classe des Echinodermes sont phosphores- cents ; cette propriĂ©tĂ© a Ă©tĂ© observĂ©e chez des Ophiures par exemple, chez une espĂšce dĂ©signĂ©e sous le nom d'/ls- teiias noctiluca par Yiviani/",ct une espĂšce indĂ©terminĂ©e des cĂŽtes de la Manche observĂ©e par M. de Quatre- fages y. 2 M. Ehrcnberg signale l'existence de cette propriĂ©tĂ© chez quelques es- pĂšces des genres Peridinium et Pro- rocentrum h. D'aprĂšs .Mieliaelis, elle existerait aussi chez certains Cercaires el \ orticelles /'. 3 La facultĂ© d'Ă©mettre de la lu- miĂšre est trĂšs frĂ©quente , et d'aprĂšs Escbscholtz elle serait mĂȘme gĂ©nĂ©rale a Voyez Beart de la Taille, Dissert, de Animalibus phosphoreseentibus. Groningnc, 1821. b PĂ©ron, MĂ©m. sur le nouveau genre Pyrosoma Ann. du MusĂ©um, t. IV, p. 441, pi. "2. — Meyen, leber das Leuchlen des Meeres Nova Acta Acad. nal. cicrios., 1834, t. XVI, Snppl., p. 12". — Bcnnct, On the Light emitted bij a species of Pyrosoma Proceed. of the Zool. Soc, 1833, t. I, p. 79. — On XocltiucƓ {Op. cit., 1837, t. V, p. 51. — Huxley, Observ. vpon the Anat. and Physiol. of Salpa and Pyrosoma {Philos. Trans., 1851, p. 580. dus, p. 20, pi. 1, lu'. 1 , PRODUCTION DE LUMIÈRE. 111 chez quelques-uns d'entre eux il est facile de constater que la matiĂšre lumineuse est le produit d'une sĂ©crĂ©tion, et qu'elle nia dianema a ou Geronia dia- nema de PĂ©ron 6 , la Dianema appsndiculata c et la Dianema ou Tima Bairdii , fiç. IV. / Voyea Forbca, 0/>. cit.. pi. 12, lig. 1. {g idem, ibid., pi. 7, fig. 3. h> Idem, ibid., pi. 12, fiff. 2. i Idem, ibid., pi. 13, Ă»g. 1. j Poash, Ubserv. on the Luminosity of tlie Sea [An», and Mag. of Nat, llist., 2* sĂ©rie, 1850, l. VI, p. 425. fcj Forskal, Op. cit., p. 111. — Delle Chiaje, Meni. sulla e natomia degli Animait sema vertĂšbre del regno di Sa poli, t. III. p. 58. / Raçp, Êtablissemeut de la famille des DĂ©roides {Ann. de la SociĂ©tĂ© d'histoire naturelle, 1828, t. IV, p. 173, pi. 20. ‱ un llorƓ TergestinƓ, 1 S 44, p. 57. n Ehrenberç, Das Leuchten tUs Mecres, p. 539 loc. cit.. o Forbes, O/. cit., p. 12. p Milne Edwards, Note sur quc'ques AcalĂšphes ctĂ©nojthores [Afin, des sciences nat., 4* sĂ©rie, 857, l. VII, pi. J 4 » . q Forbes, Op. cit., p. 12. r Hassal, SupplĂ©ai, lo a Catalogue of Irish Zcophytes [Afin, and Mag. ofSat. Hist., 1841, t. Vil, p. 281. s Odhelins, Chinensia Lagerstromania LinnĂ©, Amtvntt. aoad., 1759, t. IV, p. 359. — Bohadsch, De quibusdam An malibus marinis, 1"01, p. 101. — Crant, Sotie reupecting the Structure ami Mode of droit Ih of the Virgularia and Pennalula pbosphoi ea Edinburgh Journal of Science, 1827, i. VU, p. 330. fj \V. Rapp, l'iitcrsiicltuntjeit ttbcr tlca littu einiger l'olijiett des MilHlld dheheti .Veeres ;.V va Acia Acad. nat. curioĂȘorum, 1829, l. M\', p. 468;. 412 NUTRITION. est susceptible de briller sans le concours d'aucune action vitale. On peut s'en convaincre en observant quelques-uns des Mollusques de nos cĂŽtes les Pholades , par exemple. Ainsi, Pline, en parlant de ces Animaux, qu'il dĂ©signait sous le nom de Dactyles, nous dit que non-seulement la substance de leur corps Ă©met de la lumiĂšre, mais que le liquide qui s'en Ă©coule lorsqu'on les mange, et qui tombe Ă  terre, prĂ©- sente le mĂȘme phĂ©nomĂšne 1. RĂ©aumur a constatĂ© l'exacti- tude de ces observations 2, et en plongeant dans de l'alcool faible quelques Pholades de nos cotes qui n'Ă©taient que peu phosphorescentes, j'ai vu un torrent lumineux en descendre et s'Ă©taler en nappe au fond du vase, oĂč il a continuĂ© Ă  luire pen- dant un certain temps. Ph0c?nc°Úes' La phosphorescence de la mer, qui s'observe souvent sur nos cĂŽtes, et qui dans les rĂ©gions tropicales est un des phĂ©no- mĂšnes les plus magnifiques que les navigateurs puissent contem- pler, est produite parla prĂ©sence de lĂ©gions innombrables de petits Animaux presque microscopiques, qui flottent prĂšs delĂ  1 Voici textuellement ce passage Pholades ouDails vivantes sont lumi- remarquable de Pline ncux tout comme la surface de leur De Dactylorum miraeulis. peau, et que les particules de substance » Concharum e gĂ©nĂšre sunt dactyli qui s'en dĂ©tachent lorsqu'on les manie, » ab humauorum unguium similitu- et qui restent adhĂ©rentes aux doigts, » dine appellati. 1 lis natura in tene- non-seulement rendent ceux-ci phos- » bris, remoto lamine, alio fulgore phorescents, mais peuvent mĂȘme com- » claro, et quanto magis humorem muniquer cette propriĂ©tĂ© Ă  l'eau dans » habeant, lucere in ore mandentium, laquelle les mains ainsi enduites ont » lucere in manibus, atque etiam in Ă©tĂ© lavĂ©es. Ce naturaliste habile nous » solo ac veste, decidentibus guttis; apprend Ă©galement que la substance » ut procul dubio pateal succi illam phosphorescente de ces Mollusques » naturam esse , quam miraremur cesse de briller quand elle a Ă©tĂ© des- » etiam in corpore a. » sĂ©chĂ©e, mais qu'elle peut redevenir 2 RĂ©aumur remarque aussi que lumineuse si on l'humecte de nou- les fragments sĂ©parĂ©s du corps des veau 6. a Plinii secnmli Historiarum mundi liber IX, g lxxxvii, 11. b RĂ©aumur, Des merveilles des Dails, vu de la lumiĂšre qu'ils rĂ©pandent MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1723, p. 108. de la nier. PRODUCTION DE LUMIÈRE. 113 surface de l'eau et qui sont autant de foyers lumineux 1. Au nombre de ces ĂȘtres singuliers il faut ranger en premiĂšre ligne les Animalcules gĂ©latineux et rcniformes qui ont reçu le nom de Nocliluques 2. Leur structure est trĂšs simple. On n'aperçoit dans leur 1 La phosphorescence de la mer est trĂšs frĂ©quente pendant les nuits obscures, sur les cĂŽtes mĂ©ridionales de la France, oĂč les pĂȘcheurs langue- dociens la dĂ©signent sous le nom Ă»'ar- tlenn a. Elle n'est pas rare sur les cĂŽtes de la Manche, et parfois on l'observe mĂȘme dans les rĂ©gions po- laires b. 2 Depuis l'antiquitĂ© jusqu'Ă  nos jours le phĂ©nomĂšne de l'Ă©mission do lumiĂšre par la surface de la mer a Ă©tĂ© signalĂ© ou mĂȘme dĂ©crit avec dĂ©tail par un grand nombre d'auteurs dont on trouve l'indication dans un mĂ©- moire publiĂ© sur ce sujet, en 1834, par M. Ehrenberg c. En 1707, un de nos missionnaires, le pĂšre de Bourges, publia une bonne description de cette phosphorescence, et remarqua qu'elle Ă©tait liĂ©e Ă  la prĂ©- sence de matiĂšres Ă©trangĂšres d'une consistance gĂ©latineuse d ; mais il n'examina pas ces substances au mi- croscope, et par consĂ©quent il ne put en reconnaĂźtre la vĂ©ritable nature. Les premiĂšres bonnes observations sur les Animalcules qui d'ordinaire produisent cette phosphorescence sur nos cĂŽtes datent du milieu du siĂšcle dernier, et sont dues Ă  Yianelli. On donna d'abord le nom de Xoctiluques Ă  la plupart de ces petits ĂȘtres, et c'est de nos jours seulement qu'il a Ă©tĂ© rĂ©servĂ© au gĂ©nie particulier de Zoophyies dont je parle ici. Vers la mĂȘme Ă©poque, Rigault et Diquemare les firent con- naĂźtre c, et Slabber, qui les dĂ©signa sous le nom de Nier-h'icul , c'est- Ă -dire MĂ©duse rĂ©niforme, en donna une meilleure figure /". Plus rĂ©cem- ment, Suriray, mĂ©decin au Havre, Ă©tudia Ă  son tour ces Animalcules lumineux, mais il se forma des idĂ©es trĂšs fausses touchant leur structure intĂ©rieure g, et ce fut d'aprĂšs ses vins que Lamarck et Blainville pla- cĂšrent le genre Nocliluque Ă  cĂŽtĂ© des BĂ©roĂ©s, dans la grande division des hadiaires mollasses h, ou auprĂšs a Dunal, Xote sur la phosphorescence de la Dur dans les environs de Montpellier {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1838, t. VI, p. 83. b Robert, Phosphorescence de la mer dans les climats froids Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1838, t. VI, p. 518. c Ehrenberg, Das Leuchten des Mceres. Xeue Beobachtungen nebst L'ebersirhl der Haupl mo- ment e der geschichtlichen Entwicklung diĂšses merkwĂ»rdigen Phclnomens Alhandlungen der Akad. der Wissenschaften au Berlin, ans 1834, p. 411. d Voyez Choix des Lettres Ă©difiantes Ă©dit. de 1826, t. VIII, p. 174 et suiv. e Diquemare, Observ. sur la lumiĂšre dont la mer brille souvent pendant la nuit [Journal de physique, 171 5, t. VI, p. 519, pi. 2, tig. 8. { Slabber, Xaturkundige Yerlustiijungen, 1778, p. IÎ7, pi. 8, fig. 4 et 5. g Los observations de ce naturaliste furent prĂ©sentĂ©es Ă  l'Institut en 1810, et ne furent publiĂ©es que beaucoup plus tard. — Voyez Suriray, Recherches sur la cause ordinaire de la phosphorescence de la mer, et description de la Noctiluca miliaris Magazin de z-oologie, 1830, cl. X, pi, 1 et 2. h Lamarck, Histoire des Animaux sans vertĂšbres, t. Il, p. 470. Mil NUTRITION. intĂ©rieur ni intestin, ni muscles, ni nerfs, ni aucun autre organe particulier, et la lumiĂšre jaillit sous la forme detin- celles de tous les points de leur surface. Elle est provoquĂ©e par l'agitation, ainsi que par toutes espĂšces d'excitants, soit physiques, soit chimiques, et elle ressemble beaucoup aux Ă©clairs qui rĂ©sulteraient d'une sĂ©rie de petites dĂ©charges Ă©lec- triques. Mi de Quatrclages, qui a fait sur ce sujet beaucoup des Diphyes, parmi les Actinozoaires de la famille des Physogrades a. M. Ehrenberg donna Ă  ces Animal- cules un nom nouveau, celui de Mam- maria, mais il n'ajouta rien d'impor- tant Ă  leur histoire 6. Enfin, en 18Zi3, AI. Ycrhaeghe constata que leur orga- nisation ne ressemble en rien Ă  celle des AcalĂšphes ou des Polypes, parmi les- quels quelques naturalistes les avaient rangĂ©s, mais se rapproche davantage de celle des lĂźhizopodes c, fait qui ressort Ă©galement des recherches plus rĂ©centes de M. DoyĂšre d et de M. de Hialrei'ages. Ce dernier auteur en a donnĂ© de bonnes ligures , et les caractĂ©rise de la maniĂšre suivante Animalcules arrondis, de \ Ă  \ de mil- limĂštre de diamĂštre, et de forme trĂšs \ ariable, tantĂŽt sphĂ©rique , d'autres fois Ă©chancrĂ©s sur un point de leur surface, ou mĂȘme cordiformes ; com- plĂštement transparents; revĂȘtus d'une double tunique membraniforme ex- trĂȘmement mince, et pourvus d'une sorte de tentacule grĂȘle et conique ; intĂ©rieur occupĂ© par une substance sarcodique qui se creuse de vacuoles, et constitue une sorte de trame dont les mailles sont occupĂ©es par un li- quide et sont formĂ©es par des expan- sions rhizopodiques. L'Ă©mission de lu- miĂšrea lieu quelquefois simultanĂ©ment dans toute l'Ă©tendue de la surface du corps, mais en gĂ©nĂ©ral des Ă©tincelles se succĂšdent sur divers points c. Le mode d'organisation de ces sin- guliers Animalcules a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© plus rĂ©cemment par MM. Busch, Krolm, Huxley et Webb /". a Blainville, Manuel d'actinolonic, p. 140. il Elirenberg, Das Leucliten des Meeres MĂ©m. de l'Acad. de Berlin, 1834, p. 411. c Voyez Van Bcneden, Rapport sur tin MĂ©moire de M. Yerbaegbe, ayant pour titre Recherches sur la cause de la phosphorescence de la mer dans les parages d'Osleiide{Bulletiii de l'AcadĂ©mie de Bruxelles, 1840, 1. Mil, ±' partie, p. 3. [d DoyĂšre, Sur la Noctiluque miliaire {l'Institut, 1840, t. XIV, p. 428. " e i Qualrefages, Observations sur les i\octiluques Anu. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1850, t. XIV, p. -220, pi. 5, fig. 1-5. — MĂ©moire sur la phosphorescence de quelques Animaux inver- tĂ©brĂ©s marins lue. cit., p. 203. H Buscb, Bcobaclitunnm itber Anat. und Entwickelung einiqer wirbellosen Seethiere, 1851, p. 103. — Krolin, Notix itber die Nocliluca miliaris Wiegmann's Archiv fur 1852, p. 70, pi. 3, fi-j. 2. — Huxley, On the Structure of Nocliluca miliaris Quai'teiitj Journal of Microscopical Science, 1855, t IU, p. 49. — Webb, On the Nocliluca miliaris Q larterhj Journal of Microscopical Science, 1855, t. III, p. 102. PRODUCTION DE LUMIÈRE. 115 d'observations intĂ©ressantes, pense que ces lueurs ne sont pas dues Ă  des phĂ©nomĂšnes de combustion l, et il les considĂšre comme Ă©tant liĂ©es Ă  l'action mĂ©canique des tissus contractiles qui occupent l'intĂ©rieur du corps des Noctiluques 2. Beaucoup d'AnnĂ©lides sont aussi trĂšs phosphorescents, et en Ă©tudiant au microscope quelques-uns de ces Vers, le natu- raliste que je viens de citer constata que la lumiĂšre Ă©mane de leurs muscles et se dĂ©veloppe au moment de la contraction de ces organes. En raison de ces faits et des diverses considĂ©ra- tions qu'il serait trop long d'exposer ici, M. de Qualrelages et M. Ehrenberg sont disposĂ©s Ă  croire pic chez ces Animaux la phosphorescence rĂ©sulte d'un dĂ©veloppement d'Ă©lectricitĂ©, et cette opinion est partagĂ©e par quelques physiciens; mais elle 1 M. de Quatrcfagcs a bien con- statĂ©, ainsiquel'avaitdĂ©jĂ fait M. l'ring, que les Noctiluques peuvent conti- nuer Ă  briller pendant un certain temps, lorsqu'il ne leur est pas pos- sible de venir Ă  la surface de l'eau se mettre eu rapport avec l'atmosphĂšre, ou bien encore lorsque l'eau dans laquelle elles nagent est en contact avec des gaz Impropres Ă  l'entretien de La combustion, tels que de l'hydro- gĂšne ou de l'acide carbonique [a'. .Mais, Ă  mon avis, ces faits ne prouvent pas que la production de lumiĂšre n'est pas due Ă  un phĂ©nomĂšne de combus- tion; car l'eau dans laquelle ces Ani- malcules vivent contient toujours en dissolution une certaine quantitĂ© d'oxy- gĂšne libre ; c'est cet oxygĂšne qui en- tretient la combustion respiratoire, et, lorsqu'il est Ă©puisĂ©, la mort arrive, rĂ©- sultat qui est accompagnĂ© de l'cxlinc- lion de la lumiĂšre dĂ©veloppĂ©e dans l'intĂ©rieur de l'organisme de ces petits Zoophytes. 2 M. de Quatrefages a remarquĂ© que l'expansion filiforme de substances sarcodiques qui occupent l'IntĂ©rieur du corps des Noctiluques se rompt sou- vent spontanĂ©ment, et que c'est dans tes points oĂč ce phĂ©nomĂšne est le plus frĂ©quent que les Ă©tincelles sont les plus nombreuses. 11 a constatĂ© aussi que si l'on presse entre deux lames de verre le corps d'un de ces Animalcules, ees brides se rompent 'gaiement, et il a vu pie cet Ă©crasement dĂ©terminait toujours une forte Ă©mission de lu- miĂšre [b . a Pring, Observ. and Experiments on ine Nocliluca miliaris, tlie animalciilar Source 0/ the Phosphorescence of the Dritish Seas ; together with a few gĂȘnerai R' marks on Ihc Pheno- mena of Vital l'hosphorescence [Phitotophical Magazine, '‱'‱" sĂ©rie, 18-19, 1. XXXIV, >. 401. — Quatrefages, UĂ©n. suc la phosphorescence de quelques livertĂ©bt'Ă©s marins Ann. des sciences nul., 3* sĂ©rie, 1850, t. XIV, p. 268}. {!> Qualrefages, Op. cit. loc. ci!., p. 270. H G NUTRITION. ne nie semble pas suffisamment fondĂ©e, et j'incline Ă  penser que chez les Vers et les Zoopliytes, de mĂȘme que chez les Insectes, ce phĂ©nomĂšne doit dĂ©pendre de l'oxydation de quelque sub- stance combustible. En effet, M. Ehrenberga constatĂ© que chez la Syllis, que ce naturaliste dĂ©signe sous le nom de Photo- charis cirrigera 1, la lumiĂšre se montre d'abord par Ă©tincelles dans les appendices tentaculiformes situĂ©s Ă  la base de la rame dorsale des pieds, et gagne ensuite toute la surface du dos, mais ne se dĂ©veloppe pas seulement dans l'intĂ©rieur de l'or- ganisme, et Ă©mane aussi du mucus qui suinte Ă  la surface de la peau. Or, ce mucus continue Ă  briller aprĂšs qu'on l'a dĂ©tachĂ© du corps de l'Animal, et communique sa phospho- rescence aux objets sur lesquels on l'applique 2, circon- stance qui est incompatible avec l'hypothĂšse suivant laquelle la production de cette lumiĂšre dĂ©pendrait de l'Ă©lectricitĂ© dĂ©ve- loppĂ©e dans l'Ă©conomie animale 3. 1 Il me paraĂźt probable que la 3 J'ajouterai qu'Ă  la suite de quel- Photocharis de M. Ebreuberg n'est ques observations faites par Forbes sur autre ebose que la Syllis monillaris la direction constante des traĂźnĂ©es dont Savigny a donnĂ© une trĂšs belle pbospborescentes qui se manifestent figure Ă . cbez les Pennatulides, M. Wilson d'É- 2 M. Ebrcnberg s'exprime for- dimbourg a fait des expĂ©riences Ă©te- rnellement au sujet de la pbosphores- troscopiques en vue de constater le cence de cette Syllis b; mais je dois dĂ©veloppement d'Ă©lectricitĂ© lors de l'Ă©- ajouler que DugĂšs, en observant un mission de lumiĂšre par ces Animaux ; autre AnnĂ©lide du mĂŽme genre, qu'il mais il n'est arrivĂ© qu'Ă  des rĂ©sultats a appelĂ© Syllis fuhjurans, n'a pu nĂ©gatifs, et ce savant conclut de ses constater aucune excrĂ©tion de matiĂšre recberebes que probablement le phĂ©- pbospborescente, bien que la lumiĂšre nomĂšne est dĂ» Ă  la sĂ©crĂ©tion de quel- dĂ©veloppĂ©e dans l'intĂ©rieur du corps que matiĂšre spontanĂ©ment inflam- fĂčt trĂšs intense c. niable d. a Savigny, SystĂšme des Annclides {Description de l'Egypte, Histoire naturelle, AnnĂ©udes, pi. 4, fig. 3. b Ehrenberg, Das Leuchten des Meeres MĂȘm. de l'Acad. de Berlin pour 1831, p. 548. c Voyez Audouin et Milne Edwards, Classification des AnnĂ©lides et description de celles qui habitent les cĂŽtes de France Ann. des sciences nat., 4 833, t. XXIX, p. H'J. d Voyez Johnslon, Hist. of Drilish, Zoopiiytes, 4847, I. I, p. 154 el sufv. PRODUCTION DE LUMIÈRE. 117 On doit ranger aussi, parmi les Animaux marins qui pos- sĂšdent au plus haut degrĂ© la facultĂ© photogĂ©nique, divers Tunicicrs, les Pyrosomes et les Biphores, par exemple 1 , beaucoup de Coralliaires, tels que les Pcnnatules. et la plupart des AcalĂšphes 2. Chez ces Zoophytes, de mĂȘme que chez les autres Animaux marins, dont je viens de parler, l'Ă©mission de lumiĂšre est provoquĂ©e par le choc et par toutes les causes qui dĂ©terminent la production de mouvements dans l'intĂ©rieur de l'organisme 3. Souvent ce phĂ©nomĂšne ne se manifeste que dans, les parties du corps oĂč des fibres musculaires se con- tractent, par exemple le long des cĂŽtes ciliĂ©es des BĂ©roĂ©s Ă»; mais ces parties sont aussi celles oĂč l'irrigation physiologique est la plus active, et, d'aprĂšs quelques observations que j'ai eu l'occasion de faire sur des BĂ©roĂ©s, ce serait dans l'intĂ©rieur des 1 L'Ă©mission de lumiĂšre par ces Tuniciers a Ă©tĂ© observĂ©e par plusieurs naturalistes, et contribue parfois beau- coup Ă  la phosphorescence de la nier a. 2 Voyez ci-dessus page 109. 3 Tour provoquer les dĂ©charges lumineuses chez ces BĂ©roĂ©s, il suflit en gĂ©nĂ©ral d'irriter mĂ©caniquement l'A- mmal ; niais lorsque les Ă©clairs se suc- cĂšdent rapidement, leur intensitĂ© s'af- faiblit beaucoup, comme si la provi- sion de matiĂšre phosphorescente accu- mulĂ©e dans l'organisme par un travail sĂ©crĂ©toire plus ou moins lent s'Ă©pui- sait [b. L'immersion dans de l'eau douce active beaucoup la production de lumiĂšre pendant quelques instants cbez la plupart des AcalĂšphes phos- phorescents; souvent elle peut mĂȘme la dĂ©terminer quand celle-ci a cessĂ© d'avoir lieu c. Il paraĂźtrait, d'aprĂšs les observations rĂ©centes de M. Allman, que l'action prĂ©alable de la lumiĂšre est dĂ©favorable Ă  la phosphorescence des BĂ©roĂ©s; il n'a pu constater ce phĂ©nomĂšne que cbez des individus qui Ă©taient restĂ©s quelque temps dans l'obscuritĂ© d. !\ Voyez l'atlas du RĂ©yne animal de Cuvicr, Zoophytks, pi. 56, iig. 1 et 2. o Voyez ci -dessus, page 109. ftMarray, On Vie Luminosity of the Sea item, of Vie Wernerian Nat. Ihst. Soc, 1821, 1. 111, p. 466. — Forbes, A Monograph of Vie British nakcd-cyed MedusƓ, p. 13. — Bennet, Observ. on Vie Phosphorescence of the Proceedings of Vie Royal Society, 1837, p. 1. c Milnc Edwards Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes, etc. Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, I. XVI, p. 210. d Allman, Sole on the Phosphorescence of Beroe {Proceedings of the Royal Society of Edin- burgh, 1862, p. 518. 118 NUTRITION. canaux sanguifĂšres quĂȘte dĂ©veloppement de la lumiĂšre parai- trait avoir son siĂšge. Je suis donc portĂ© Ă  croire que le renou- vellement du fluide nourricier qui baigne le tissu sĂ©crĂ©teur de la matiĂšre phosphorescente pourrait bien ĂȘtre une des causes de l'apparition des Ă©clairs qui de temps en temps sillonnent tout le voisinage de ces conduits. Il est aussi Ă  noter que chez d'autres AcalĂšphes le foyer lumineux est situĂ© dans l'appareil reproducteur, qui reçoit beaucoup de lluidc nourricier, mais qui n'est que peu contractile l. Enfin on sait depuis longtemps, par les expĂ©riences de SpaĂźlanzani, que chez d'autres Animaux marins qui appartiennent Ă  la mĂȘme classe, la phosphorescence persiste aprĂšs la mort, et peut ĂȘtre transmise Ă  des liquides dans lesquels on dĂ©laye la substance des parties lumineuses de l'or- ganisme 2. Quelques observations laites sur la phosphorescence des 1 Ainsi, Al. Ehrenberg a remar- quĂ© que chez YOceania pilcata la phosphorescence rĂ©side dans la por- tion centrale de la face infĂ©rieure de l'ombrelle, oĂč les ovaires se trouvent suspendus [a; et Forbes a vu .que la lumiĂšre Ă©mane aussi de l'appareil re- producteur chez la Diamma appendi- culata b. 2 SpaĂźlanzani a constatĂ© que chez l'AcalĂšphe qu'il appelle MĂ©dusa phos- phorea, et que l'on dĂ©signe aujour- d'hui sous le nom de Pelpgia nocti- luca c, l'Ă©mission de lumiĂšre a lieu par la portion marginale de l'ombrelle, oĂč se trouvent les principaux muscles locomoteurs. 11 trouva aussi que le mucus qui lubrifie la surface de la peau de cette partie est lumineux, et com- munique la phosphorescence aux doigts de l'observateur ainsi qu'aux autres corps auxquels il adhĂšre. SpaĂźlanzani vit aussi que des fragments peu lumi- neux de cette portion du disque devien- nent trĂšs brillants quand on les plonge dans de l'eau douce et qu'en faisant la mĂȘme expĂ©rience avec du lait ce liquide jetait un Ă©clat encore plus vif. Le liquide phosphorescent obtenu de la sorte formait des traĂźnĂ©es lumineuses quand on le rĂ©pandait Ă  terre, et une de ces MĂ©duses plongĂ©e dans un verre de lait Ă©claira si fortement les objets adjacents, qu'Ă  une distance d'un mĂštre on pouvait s'en servir pour lire une lettre cl. a Ehi'fnberg, Bas Leuehten des Mccves [Mena, de VAcad. de Berlin pour 1834. {b Korbesi .1 Monograph of the Bri'ish haked-cyed SfeiiusƓ, p. 14. f Voyez VAllas du lUijne animal de Cnvier, ZoÔPUYĂźES, p. 45. {dj SpaĂźlanzani j Yiaggi aile Due Sicilte, 1713, . IV, p. 210 et sniv. PRODUCTION DE LUMIÈRE. 119 petits CrustacĂ©s qui dans certains parages illuminent la sur- face de la mer, tendent Ă©galement Ă  Ă©tablir que l'Ă©mission de la lumiĂšre est due Ă  un liquide sĂ©crĂ©tĂ© par ces Animaux. Ainsi, pendant un voyage dans le grand OcĂ©an , Eydoux et Souleyet ont vu ces Animaux lancer des jets d'une matiĂšre lumi- neuse qui, en se mĂȘlant Ă  l'eau, rendait ce liquide phospho- rescent 1. 11 est aussi des Poissons chez lesquels des phĂ©nomĂšnes de phosphorescence ont Ă©tĂ© observĂ©s, mais il ne me parait pas bien dĂ©montrĂ© que la lumiĂšre dont brillaient ces Animaux leur appartint rĂ©ellement, et ne fĂ»t pas dĂ©veloppĂ©e par des Ani- malcules photogĂšnes ou par d'autres corps Ă©trangĂšre dont la surface de leur peau pouvait ĂȘtre enduite Je dois ajouter qu'il parait y avoir de grandes diffĂ©rences dans la pĂ©riode de la vie Ă  laquelle se manifeste la facultĂ© pho- togĂ©nique chez les divers Animaux. Dans les uns elle existe avant la naissance et dure toujours 2, tandis que chez d'autres elle ne parait se dĂ©velopper pie temporairement. § h- — En rĂ©sumĂ©, nous voyons que la facultĂ© de produire de la lumiĂšre est beaucoup plus rĂ©pandue dans le rĂšgne animal qu'on ne serait portĂ© Ă  le croire au premier abord; car, si elle n'existe que chez un petit nombre d'Animaux terrestres, qui 1 La matiĂšre phosphorescente lancĂ©e par ces CrustacĂ©s Ă©tait assez visqueuse pour se coller aux. parois du vase dans lequel les Animaux Ă©taient placĂ©s, et son Ă©mission produisait d'a- bord l'effet d'une fusĂ©e brillante, puis formait autour du petit ĂȘtre une sorte d'atmosphĂšre lumineuse. Malbeureuse- ment Eydoux et Souleyet ne nous ap- prennent pas sur quelles espĂšces de CrustacĂ©s pĂ©lagiques ces observations furent faites a. 2 M. Allman a constatĂ© rĂ©cemment que l'embryon des BĂ©roĂŻdiens dont on a forai le genre Idya, est phospho- rescent avant l'Ă©closioo 6, et j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de dire que les Ɠufs des Lampyricns sont lumineux. a Voyez Blainville, llipport sur les rĂ©sultats scientifiques du voyaje d la Conilc autour du monde [Comptes rendus de V AcadĂ©mie ds sciences, is;s\ t. VI, p. 158. b Allraan, Note on Ihs Phosphorescence of Ocroz [Procedinjs ofihz llxjal Sic. of Edindurgh, 1802, p. 518. 120 NUTRITION. pour la plupart Appartiennent Ă  la classe des Insectes, elle est trĂšs commune chez les InvertĂ©brĂ©s marins, principalement chez les espĂšces dont les tissus sont transparents, et cette circon- stance me porte Ă  soupçonner que des phĂ©nomĂšnes du mĂȘme ordre pourraient bien se dĂ©velopper parfois dans la profondeur de l'organisme chez d'autres Animaux oĂč ils restent inaperçus Ă  cause de l'opacitĂ© des tĂ©guments. Dans l'Ă©tat actuel de nos connaissances, il me paraĂźtrait inutile d'insister davantage sur l'histoire de ces phĂ©nomĂšnes remarquables, et je me bornerai Ă  engager les naturalistes qui naviguent ou qui habitent les bords de la mer Ă  faire de nouvelles recherches sur son mode de production. Je terminerai donc lĂ  cette digression, et dans la prochaine Leçon je m'occuperai de questions qui touchent plus directe- ment Ă  l'histoire du travail nutritif. SOIXANTE - NEUVIÈME LEÇON. Suite de l'Ă©tude des phĂ©nomĂšnes de nutrition. — Mutation de la matiĂšre organique dans l'organisme. — Pertes subies par le corps d'un Animal privĂ© d'aliments. — RĂŽle des matiĂšres alimentaires. — Modes d'Ă©valuation du degrĂ© d'activitĂ© de la combustion nutritive. — Circonstances qui influent sur l'activitĂ© de ce travail ; influence du volume de l'organisme, des diffĂ©rences spĂ©cifiques, de l'Ăąge; des sexes , de l'exercice musculaire ; application de ces faits aux procĂ©dĂ©s employĂ©s pour l'engraissement des Animaux de ferme ; influence du rĂ©gime. — Ration alimentaire de l'Homme et de quelques Animaux. § 1 . — La combustion physiologique, dont l'Ă©tude nous a Effet* de occupĂ©s dans les Leçons prĂ©cĂ©dentes, s'effectue dans l'intĂ©rieur u combustion du corps des Animaux, et se lie de la maniĂšre la plus intime Ă  presque toutes les manifestations de leur puissance vitale. Son degrĂ© d'intensitĂ© est mĂȘme en rapport avec la grandeur de l'activitĂ© physiologique de ces ĂȘtres, et bien que dans certaines circonstances elle puisse continuer aprĂšs la mort, on voit tou- jours la force vitale s'Ă©teindre ou devenir latente, dĂšs qu'elle s'arrĂȘte. Pour l'entretenir, il faut nĂ©cessairement que l'organisme puisse disposer de deux choses d'une quantitĂ© suffisante de l'agent comburant, c'est-Ă -dire d'oxygĂšne libre ou suscep- tible d'ĂȘtre enlevĂ© Ă  des corps dans la composition desquels il entre, et de matiĂšres combustibles aptes Ă  brĂ»ler dans les con- ditions oĂč l'Animal doit en faire usage. La respiration, comme nous l'avons dĂ©jĂ  vu, fournit Ă  ces foyers de combustion l'Ă©lĂ©ment comburant que l'Animal trouve Ă  l'Ă©tat de libertĂ© dans l'atmosphĂšre, ou faiblement associĂ© Ă  l'eau qui est exposĂ©e au contact de l'air. Dans quelques cas extrĂȘmement rares, l'ĂȘtre animĂ© peut vivre aux dĂ©pens de l'oxygĂšne qui se trouve Ă  l'Ă©tat de combinaison dans certains vin. 9 122 NUTRITION. corps auxquels il en enlĂšve une portion, et il est probable que souvent des phĂ©nomĂšnes du mĂȘme ordre ont lieu dans l'intĂ©- rieur de l'Ă©conomie animale par l'action de certaines parties vivantes sur des matiĂšres prĂ©alablement oxydĂ©es par suite du travail respiratoire ordinaire; mais dans l'immense majoritĂ© des cas, c'est l'atmosphĂšre qui fournit directement Ă  l'orga- nisme l'oxygĂšne nĂ©cessaire Ă  l'entretien de la combustion phy- siologique par l'acte de la respiration, le fluide nourricier de l'Animal s'en charge, et sert de vĂ©hicule pour le porter sur les combustibles avec lesquels il doit se combiner 1. L'oxygĂšne qui est en dissolution dans l'eau, est libre chimi- quement; les Animaux aquatiques sont donc placĂ©s, sous ce rapport, dans des conditions analogues Ă  celles oĂč se trouvent les Animaux terrestres, dont le corps est baignĂ© directement par le fluide atmosphĂ©rique. Et jusque dans ces derniers temps on devait penser que l'action de l'oxygĂšne libre sur l'organisme Ă©tait indispensable Ă  l'entretien de la vie chez tous les ĂȘtres ani- mĂ©s ; mais il existe quelques Animaux infĂ©rieurs chez lesquels le travail respiratoire peut ĂȘtre remplacĂ© par un phĂ©nomĂšne plus complexe, et l'introduction de l'oxygĂšne dans l'Ă©conomie peut ĂȘtre obtenue au moyen de la dĂ©composition de certains composĂ©s oxygĂ©nĂ©s avec lesquels le corps vivant est en contact. Cela a Ă©tĂ© constatĂ© par M. Pasteur, dans ses belles expĂ©riences sur certains Infusoires qui dĂ©terminent la fermentation buty- rique dans les dissolutions de sucre ou d'acide lactique 2, et 1 Voyez tome I, page /i30 et suiv. L'espĂšce de fermentation ainsi pro- 2 Il rĂ©sulte des recherches de duite est accompagnĂ©e d'un dĂ©gage- ai. Pasteur que certains Vibrions peu- ment d'acide carbonique et d'hydro- vent vivre sans oxygĂšne libre et en gĂšne. Il est aussi Ă  noter que ces dĂ©composant des matiĂšres organiques, Animalcules pĂ©rissent trĂšs-prompte- telles que le sucre et l'acide lactique, ment quand ils subissent l'action de qu'ils transforment en acide butyrique. l'oxygĂšne libre et. a Pasteur, Animalcules infusoires vivaitt sans gaz oxygĂšne libre et dĂ©terminant des fer' mentations Comptes rendus de l'AcadĂ©mie des sciences, 1861, t. LU, p. 344. SOURCE 1>ES MATIÈRES BRÛLÉES. 123 il me paraĂźt probable que les Helminthes qui vivent dans l'in- tĂ©rieur du corps des Animaux sont douĂ©s du mĂȘme pouvoir dĂ©soxydant. Mais, quoi qu'il en soit Ă  cet Ă©gard, la rĂšgle ordi- naire pour les ĂȘtres animĂ©s est d'entretenir la combustion physiologique au moyen de l'oxygĂšne libre puisĂ© directement ou indirectement dans l'air atmosphĂ©rique; aussi avons-nous vu que chez tous les Animaux, sauf les espĂšces intĂ©rieures dont il vient d'ĂȘtre question, la privation de cet Ă©lĂ©ment com- burant est plus ou moins promptement une cause de mort appa- rente, suivie de la mort rĂ©elle. Je rappellerai aussi que nous avons constatĂ© prĂ©cĂ©demment que l'activitĂ© respiratoire des Animaux, ou, en d'autres termes, la consommation d'oxygĂšne faite par ces ĂȘtres est en rapport avec le degrĂ© de leur activitĂ© vitale et la grandeur de leur puissance physiologique. BientĂŽt nous verrons que les mĂȘmes rapports existent entre ces phĂ©nomĂšnes et la destruction des matiĂšres combustibles dont l'organisme est pourvu, de telle sorte que la mesure de l'action vitale peut ĂȘtre fournie Ă©galement bien par la considĂ©ration de ces deux ordres de faits. Mais, avant d'a- border l'Ă©tude de ces questions, il faut que nous cherchions Ă  bien fixer nos idĂ©es au sujet de la source qui fournit Ă  la combus- tion physiologique les matiĂšres combustibles destinĂ©es Ă  fixer l'oxygĂšne introduit sans cesse dans l'organisme par le travail respiratoire. § 2. — Il est Ă©vident que les matiĂšres brĂ»lĂ©es delĂ  sorte source dans l'intĂ©rieur de l'Ă©conomie animale ne peuvent ĂȘtre que les combustible brĂ»lĂ©s dans substances organiques qui y sont introduites sous la forme d'ali- ĂŻorganisme. Au moment de mettre celte feuille tion exercĂ©e par certains Vibrions sur sous presse, j'apprends que cet expe- le tartratc de chaux. Ces Animalcules rimentateur habile a constatĂ© d'autres vivent sans air, en dĂ©composant l'acide faits du mĂȘme ordre en Ă©tudiant Tac- tartiique a. a Pasteur, Nouvel exemple de fermentation dĂ©terminĂ©e par des Animalcules infusoires pouvant vivre sans gaz oxygĂšne libre et en dehors de tout contact avec l'air de l'atmosphĂšre Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 9 mars 1803, t. LVI, p. 416. 124 NUTRITION. ments, et qui sont versĂ©es par l'appareil digestif dans le torrent de la circulation, ou bien celles qui constituent, soit des dĂ©pots ou rĂ©serves de matiĂšres nutritives, comme la graisse, soit le tissu mĂȘme des organes. Mais les physiologistes sont partagĂ©s d'opinions au sujet du rĂŽle accompli par ces deux sortes de corps combustibles. Jadis on pensait que tout ce qui se dĂ©truit dans l'Ă©conomie provenait de la substance des organes, que cette substance se renouvelait tout entiĂšre avec une grande rapiditĂ©, et que la matiĂšre organique fournie par les aliments, et absorbĂ©e par l'appareil digestif, Ă©tait exclusivement destinĂ©e, soit Ă  la reconstitution des tissus soumis Ă  cette loi de renou- vellement, soit Ă  la formation des humeurs non excrĂ©menti- tielles; enfin que toutes les matiĂšres excrĂ©tĂ©es Ă©taient les pro- duits de cette destruction de la substance vivante. Travail Cette hypothĂšse reposait sur une multitude de faits fournis dĂ©sassimiiation tant par l'observation journaliĂšre que par l'expĂ©rimentation des organique, pjjygiologistes. Ainsi, chacun saitque, lorsqu'un Animal est privĂ© d'aliments, le poids de son corps diminue plus ou moins rapi- dement-, qu'il perd de ses forces en mĂȘme temps qu'il perd de sa substance, et que la mort est toujours la consĂ©quence de ces pertes, lorsqu'elles dĂ©passent certaines limites. Quand il s'ap- proprie une quantitĂ© suffisante de matiĂšres nutritives, son poids reste stationnaire ou augmente, et cependant il continue Ă  Ă©prouver des pertes non moins considĂ©rables que s'il Ă©tait privĂ© d'aliments. Guvier, dont le style Ă©tait souvent remarquable par le brillant des images aussi bien que par l'Ă©lĂ©vation des pensĂ©es et la nettetĂ© de l'expression, a parfaitement rĂ©sumĂ© l'opinion des physiologistes de son Ă©poque sur la nature du travail nutritif, lorsqu'il a dit La vie consiste essentiellement dans la facultĂ© qu'ont certaines combinaisons corporelles de durer » pendant un temps et sous une forme dĂ©terminĂ©e, en attirant » sans cesse dans leur composition une partie des substances SOURCE DES MATIÈRES BRÛLÉES. 125 » environnantes, et en rendant aux Ă©lĂ©ments des portions de » leur propre substance. La vie est donc un tourbillon plus ou moins rapide, plus ou moins compliquĂ©, dont la direction » est constante, et qui entraĂźne toujours des molĂ©cules de mĂȘmes » sortes, mais oĂč les molĂ©cules individuelles entrent et d'oĂč » elles sortent continuellement, de maniĂšre que la forme du corps vivant lui est plus essentielle que la matiĂšre 1. » Il est indubitable que l'organisme, considĂ©rĂ© dans son en- semble, prĂ©sente toujours des phĂ©nomĂšnes de cet ordre, et que sans cesse certaines de ses parties se dĂ©truisent et disparaissent pendant que d'autres se forment pour leur succĂ©der et en tenir lieu. Ainsi chacun sait que nos ongles, de mĂȘme que nos che- veux ou les poils de notre barbe, croissent par leur base et s'usent par leur extrĂ©mitĂ© opposĂ©e, en sorte qu'au bout d'un certain temps la substance constitutive de chacun de ces appendices cornĂ©s se trouve renouvelĂ©e complĂštement, bien que leur forme gĂ©nĂ©rale n'ait pas changĂ©. Nous avons dĂ©jĂ  vu qu'il en est de mĂȘme pour la couche de tissu utriculaire qui revĂȘt les membranes muqueuses du tube digestif, des voies respiratoires et des cavitĂ©s glandulaires; dans une autre partie de ce cours je montrerai que l'Ă©pidcrmc croit de la mĂȘme maniĂšre par sa face interne, pendant que du cĂŽtĂ© opposĂ© elle se dĂ©truit ou se dĂ©tache de la peau. Enfin les belles expĂ©riences de M. Flourens sur les os des MammifĂšres et des Oiseaux Ă©tablissent que [tendant le jeune Ăąge ces organes s'accroissent et s'usent en mĂȘme temps d'une maniĂšre analogue, mais en sens inverse, c'est-Ă -dire grandis- sent par la naissance de couches nouvelles Ă  leur surface, tandis que vers le centre ils se creusent des cavitĂ©s produites par la rĂ©sorption progressive des couches primitives de leur tissu con- stitutif. Ce genre de changement a Ă©tĂ© mis bien en Ă©vidence par l'emploi alimentaire de la garance, qui, rĂ©pandue dans le fluide 1 /e RĂšgne animal distribuĂ© d'aprĂšs son organisation, 1817, t. I, p. 13. \2Q NUTRITION. nourricier, teint en rouge les parties superficielles des os, phĂ©- nomĂšne qui nous permet de reconnaĂźtre les portions de la sub- stance osseuse existante au moment de l'expĂ©rience, et de les distinguer de celles dĂ©veloppĂ©es aprĂšs que l'Animal a Ă©tĂ© remis Ă  son rĂ©gime ordinaire 1. Dans tous ces cas il y a remplace- ment d'une portion de l'ancienne substance constitutive du corps vivant par de la substance nouvelle ; et comme l'a trĂšs-bien fait remarquer M. Flourcns, la thĂ©orie de la rĂ©novation matĂ©rielle de l'organisme, conçue delĂ  sorte, est certainement l'expression 1 Le fait de la coloration des os en ronge chez des Cochons qui mangent une certaine quantitĂ© de garance, avait Ă©tĂ© signalĂ© dĂšs le milieu du xvie siĂšcle par un certain Mizaud, dit Mizaldi a, mais n'avait pas fixĂ© l'attention des physiologistes, et Ă©tait gĂ©nĂ©ralement ignorĂ© lorsqu'on 1736, un chirurgien anglais, J. Belchier, l'observa par hasard en dĂźnant chez un teinturier qui utilisait pour la nourriture de ses Porcs le son imprĂ©gnĂ© de garance pro- venant de ses ateliers. Belchier fit aus- sitĂŽt des expĂ©riences sur la cause de ce phĂ©nomĂšne b, et il fĂ»t suivi dans celte voie par Duhamel et par plusieurs autres physiologistes, qui profilĂšrent de la coloration du tissu osseux obte- nue de' la sorte pour Ă©tudier le mode de croissance des os. Dans une autre partie de ce cours je rendrai compte des rĂ©sultats obtenus ainsi par M. Flou- rcns ou par ses prĂ©dĂ©cesseurs c, et ici je me bornerai Ă  considĂ©rer ce sujet au point de vue de l'Ă©tude des phĂ©- nomĂšnes de nutrition. On a cru d'abord que le tissu osseux rougi par le principe colorant de la garance avait dĂ» se former pendant que l'Animal recevait dans son orga- nisme celte substance tinctoriale mĂȘ- lĂ©e Ă  ses aliments. Ainsi lĂźulherford, qui fut le premier Ă  reconnaĂźtre que le phĂ©nomĂšne en question est dĂ» Ă  la production d'une sorte de laque rĂ©sultant de l'union chimique de l'alizarine, ou principe colorant de la garance, avec les sels calcaires de l'or- a Mizaldi, Memorabilium utilium et jucundorum centuriƓ novem in aphorismos digestƓ. Lutelise, 1584, p. 101, cenl. vu, aph. 91. 6 Belchier, An Account of Ihe Boues of Animais being Clianged to a lied Colour bij aliment only Philos. Trans., 4830, t. XXXIX, p. 287. — Further Account, etc. loc. cit., p. 299. fi Duhamel, Sur une racine qui a la facultĂ© de teindre en rouge les os des Animaux vivants MĂ©m. de l'Acad. des sciences pour 1739, p. 1. — Si»' le dĂ©veloppement et la crue des os des Animaux MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1742, p. 354. — Bazani, De coloratis animalmmquorumdam vivorum ossibus Comment. Insl. Bononiensis, 1745, t. II, part. 1, p. 129. — De ossium colorandorum artificio per radieem rubiic Op. cit., 1740, t. H, pars 2, p. 124. — Bcehmer, De radicis RubiƓ tinctorum effectibus in corpore animali dissert, inaug.. Lipsia?, 1 752. — Nouvelles expĂ©riences sur les effets que produit la garance dans le corps des Animaux MĂ©langes d'histoire naturelle, par A. Dulac, 1705, t. 111, p. 227. — J. Hunter, ExpĂ©riences et observations sur le dĂ©veloppement des os ƒuvres, t. IV» p. 409. SOURCE DES MATIÈRES RRULÉES. 127 de la vĂ©ritĂ© pour beaucoup de parties de l'Ă©conomie animale, sinon pour toutes. Mais ce n'est pas ainsi que l'on se reprĂ©- sente gĂ©nĂ©ralement la mutation de la matiĂšre vivante dans l'in- tĂ©rieur de l'organisme. On suppose que la substance constitu- tive de chaque fibre, de chaque lamelle de tout tissu vivant se renouvelle, molĂ©cule Ă  molĂ©cule; que ebacune des molĂ©cules dont ces tissus se composent est usĂ©e et dĂ©truite sur place, pen- dant qu'une ou plusieurs molĂ©cules nouvelles de mĂȘme espĂšce viennent en tenir lieu ; en un mot, que les matĂ©riaux constitutifs de ces fibres et de ces lamelles sont renouvelĂ©s Ă  peu prĂšs comme les pierres d'un vieil Ă©difice sont parfois remplacĂ©es successi- vement par la substitution de blocs nouveaux Ă  ceux que le temps a dĂ©tĂ©riorĂ©s. On se trouve ainsi conduit Ă  admettre que la matiĂšre ganisme a, pensait que cette combi- naison devait B'effectuer dans le sang et prĂ©cĂ©der le dĂ©pĂŽt des matiĂšres ter- reuses dans le tissu de l'os. .Mais on sait aujourd'hui par les expĂ©riences de Gibson, ainsi que par celles faites plus rĂ©cemment par MM. DoyĂšre et Serres, que les choses ne se passent pas ainsi que le tissu osseux prĂ©exis- tant se teint en rouge, pourvu que le fluide nourricier chargĂ©, d'alizarine \ pĂ©nĂštre en assez grande abondance. Ainsi, un fragment d'os enfoncĂ© sous la peau d'un Animal soumis au rĂ©- gime de garance, se colore comme le l'ont les os vivants du mĂȘme individu; et si la coloration du squelette a lieu promplement chez les jeunes Ani- maux, tandis qu'elle ne s'effectue que trĂšs-lentement ou trĂšs-incomplĂ©tement chez ceux qui sont avancĂ©s en Ăąge, cela dĂ©pend seulement des diffĂ©rences dans le degrĂ© de permĂ©abilitĂ© du tissu osseux et dans l'activitĂ© de la circula- lion des fluides nourriciers dans sa sub- stance aux derniĂšres pĂ©riodes de la vie. Dans tous les cas, la fixation de la garance sur les sels calcaires du tissu osseux est un phĂ©nomĂšne analogue a celui dĂ» Ă  l'action des mordants dans la teinture d'une Ă©toffe, et n'est aucu- nement liĂ©e au travail nutritif. a Rutheiford, cilĂ© d'aprĂšs Gibson. — Gibson, Obs. on the Effect of Madder root on the Bones of Animais Mem. of the Lit. and Philos. Soc. of Manchester, 2* sĂ©rie, 1805, t. I, p. 146. — Flourens, Recherches sur le dĂ©veloppement des os et des dents {Archives du MusĂ©um, 1841, t. II, p. 315. — Serves et DoyĂšre, ExposĂ© de quelques faits relatifs Ă  la coloration des os chez les Animaux soumis au rĂ©gime de la garance [Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1812, t. XVII, p. 153. — BrullĂ© et Hugueny, ExpĂ©riences sur le dĂ©veloppement des os dans les MammifĂšres et les Oiseaux, faites au moyen de l'alimentation par la garance Ann. des sciences nat,, 3* sĂ©rie, 1845, t. IV, p. 283. 128 NUTRITION. dont se compose chaque partie de l'organisme est toujours en mouvement, et que dans un espace de temps plus ou moins court la substance du corps tout entier se trouve renouvelĂ©e. Quelques auteurs ont mĂŽme cru pouvoir assigner une pĂ©riode dĂ©termi- nĂ©e pour l'accomplissement de cette rĂ©novation de substance dans le corps humain. Enfin, beaucoup de physiologistes admet - tent, conformĂ©ment Ă  ces vues de l'esprit, que la combustion physiologique dont l'Ă©conomie animale est le siĂšge, estalimentĂ©e uniquement par la substance des tissus; que la totalitĂ© de l'acide carbonique, de l'urĂ©e et des autres produits excrĂ©mentitiels for- mĂ©s dans l'organisme, provient de cette source, et que par consĂ©quent aussi toute matiĂšre nutritive absorbĂ©e par l'Animal n'est utilisĂ©e qu'Ă  la condition d'ĂȘtre fixĂ©e dans ces mĂȘmes tis- sus et d'en devenir partie intĂ©grante 1. Mais beaucoup de faits paraissaient ĂȘtre peu favorables Ă  cette hypothĂšse de la mutation gĂ©nĂ©rale et continue de la matiĂšre constitutive de l'organisme. Ainsi Duhamel a vu que les parties du systĂšme osseux qui ont Ă©tĂ© colorĂ©es par l'action de la garance chez un Animal vivant ne se dĂ©colorent pas, comme on le sup- posait d'abord, mais sont cachĂ©es sous les nouvelles couches dĂ©veloppĂ©es ultĂ©rieurement; M. Flourens a montrĂ© que les parties teintes de la sorte conservent leur coloration anormale jusqu'Ă  ce qu'elles soient elles-mĂȘmes dĂ©truites ; que rien n'y dĂ©cĂšle un renouvellement de substance, et que chez l'individu parvenu au terme de sa croissance , leur existence paraĂźt ĂȘtre en gĂ©nĂ©ral permanente 2. Les rapports qui ont Ă©tĂ© constatĂ©s par Chossat et plusieurs autres expĂ©rimentateurs 1 Celte hypothĂšse a Ă©tĂ© adoptĂ©e mutation de la matiĂšre dans l'Ă©conn- rĂ©cemment par MM. Bischoff et Voit, mie animale a. dans leur intĂ©ressant travail sur la 2 Duhamel avait d'abord pensĂ© a Th. BiscliolT und C. Voit, Die Gesetz-e der ErnĂ hrung des Fleischfressers durch neue Untersuchungen festgestellt., 1SG0. SOURCE DES MATIÈRES BRÛLÉES. 129 entre le mode d'alimentation et la nature ou la quantitĂ© des produits de la sĂ©crĂ©tion urinaire, ont mĂȘme conduit quelques physiologistes Ă  penser que dans les circonstances ordinaires toutes les matiĂšres excrĂ©tĂ©es de l'organisme proviennent direc- tement des matiĂšres Ă©trangĂšres qui y ont Ă©tĂ© introduites ; de sorte que la combustion physiologique dont rĂ©sultent l'acide carbonique, l'urĂ©e, etc., serait entretenue uniquement par les aliments 1. Mais cette hypothĂšse n'est pas admissible, et la qu'aprĂšs la cessation du rĂ©gime de la garance, les os rougis par cette sub- stance reprenaient toujours leur cou- leur primitive a ; mais, par la suite de ses expĂ©riences, il reconnut que chez les jeunes Animaux les parties rougies de la sorte se retrouvent au- dessous des couches du tissu osseux dĂ©veloppĂ©es ultĂ©rieurement />. M. Flourens confirma ce rĂ©sultat, et mon- tra que dans les cas oĂč la teinte rouge vient Ă  disparaĂźtre, cela ne dĂ©pend pas d'un renouvellement molĂ©culaire de la portion du tissu qui a Ă©tĂ© garancĂ©e, mais de sa rĂ©sorption complĂšte pat- suite du travail d'accroissement c, phĂ©nomĂšne sur lequel je reviendrai lorsque je traiterai du mode de dĂ©ve- loppement des os. Je citerai Ă©galement ici une des ex- pĂ©riences de MM. DoyĂšre et Serres. Un jeune pigeon fut soumis au rĂ©gime de la garance du 10 mars 1840 au 15 avril; le 15 mai on lui amputa une aile, puis le 30 janvier 1841 on lui amputa l'autre aile l'Animal mourut des suites de cette seconde opĂ©ration. Entre les moments oĂč les deux ailes avaient Ă©tĂ© amputĂ©es, il n'avait reçu aucun aliment colorĂ© ; cependant les os correspondants dans ces deux mem- bres Ă©taient Ă©galement colorĂ©s d. 11 est du reste Ă  noter que par le seul fait du lavage des os colorĂ©s opĂ©rĂ© avec du sĂ©rum qui ne contient pas d'alizarine, l'espĂšce de laque formĂ©e par la combinaison de ce principe avec le phosphate calcaire des os peut Ă  la longue abandonner une certaine quantitĂ© d'alizarine et pĂąlir plus ou moins e ; mais ce phĂ©nomĂšne pure- ment chimique ne ressemble en rien Ă  la mutation continue de la matiĂšre organique dont les physiologistes par- lent d'ordinaire sous le nom de mou- vement nutritif. 1 Chossat de GenĂšve a fait une longue sĂ©rie d'expĂ©riences intĂ©ressantes sur les circonstances qui influent sur la sĂ©crĂ©tion urinaire chez l'Homme. Malheureusement il n'a pas dosĂ© di- rectement les matiĂšres azotĂ©es ef sa- in Duhamel, Sur une racine qui a la facultĂ© de teindre en rouge les os des Animaux vivants {MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1739, p. 4. b Idem, Sur le dĂ©veloppement des os MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1742, p. 365. c Flourens, Op. cit. MĂ©m. du MusĂ©um, t. II, p. 407. d DoyĂšre et Serres, ExposĂ© de quelques faits relatifs Ă  la coloration des os chez les Animaux soumis au rĂ©gime de la garance {Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1842, t. XVII, p. 172 e BrullĂ© et Hngueny, Op. nt. Ann. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1845, t. IV, p. 294. 130 NUTRITION. vĂ©ritĂ© se trouve entre les deux opinions extrĂȘmes que je viens d'exposer. En effet, d'une part il est Ă©vident que des phĂ©nomĂšnes de combustion ont lieu dans les liquides nourriciers de l'Ă©conomie, que des matiĂšres organiques en dissolution ou en suspension dans ces fluides peuvent s'y oxyder, et que de ces rĂ©actions chimiques il peut rĂ©sulter de l'acide carbonique ou. d'autres matiĂšres brĂ»lĂ©es qui sont ensuite excrĂ©tĂ©es. La transformation des sels vĂ©gĂ©taux en carbonates, que nous avons dĂ©jĂ  vue s'opĂ©rer dans le torrent circulatoire, nous en fournit une preuve irrĂ©- cusable 1. Mais, d'autre part, les faits fournis par l'Ă©tude des changements qui ont lieu dans le corps d'un Animal privĂ© de tout aliment ou nourri d'une maniĂšre insuffisante, me semblent prouver non moins clairement qu'il y a consommation de la substance des organes par suite de l'action comburante de Unes qui se trouvent excrĂ©tĂ©es de la sorte, et il s'est contentĂ© d'en apprĂ©- cier approximativement la quantitĂ© en dĂ©terminant d'une part le volume des liquides Ă©vacuĂ©s, et d'autre part leur densitĂ©; puis en multipliant par un facteur constant, 3,32, le produit du- dit volume multipliĂ© par l'excĂšs de la pesanteur spĂ©cifique observĂ©e sur celle de l'eau distillĂ©e. La quantitĂ© de ma- tiĂšres solides contenues dans les urines a pu ĂȘtre Ă©valuĂ©e de la sorte d'une maniĂšre satisfaisante ; mais comme la composition du mĂ©lange formĂ© par ces substances n'Ă©tait pas constante, des erreurs assez grandes pouvaient ĂȘtre commises quand on venait Ă  appliquer les rĂ©sultats ainsi obtenus Ă  l'Ă©tude des mutations de la matiĂšre organique dans l'intĂ©rieur de l'organisme. Quoi qu'il en soit, Cbossat a trouvĂ© que la quantitĂ© de matiĂšres solides sĂ©crĂ©tĂ©es par les reins en vingt- quatre beures varie beaucoup suivant le rĂ©gime ; que cette sĂ©crĂ©tion augmente toujours peu de temps aprĂšs qu'Ă  la suite des repas, les produits de digestion arrivent dans le torrent de la circulation, et qu'il existe des relations intimes entre l'abondance de cette excrĂ©tion et la quantitĂ© d'aliments albuminoĂŻdes in- troduits dans l'organisme peu de temps auparavant. Il en conclut que c'est l'al- bumine du cbyle qui, en traversant les poumons, se dĂ©pouille d'une certaine quantitĂ© d'eau et de carbone pour don- ner naissance Ă  de l'acide carbonique et Ă  de l'urĂ©e, etc. a. 1 Voyez ci -dessus, tome VII, page 531. {a Chossat, MĂ©moire sur l'analyse des fonctions urinaires {Journal de physiologie deMagenrlie, 1825, t. V, p. 65. SOURCE DES MATIÈRES BRÛLÉES. 431 l'oxygĂšne dont le sang est chargĂ©, que cette substance orga- nisĂ©e concourt Ă  l'entretien de la combustion vitale, et qu'une portion des produits excrĂ©tĂ©s est le rĂ©sultat des transforma- tions qu'elle Ă©prouve. Examinons ce qui se passe dans l'Ă©conomie des Animaux Entretien qui, Ă©tant privĂ©s d'aliments, ne reçoivent du dehors que l'un ia combustion 1,1 ' ' physiologique des facteurs des produits excrĂ©mentitiels, et tirent l'autre de leur p^ant r l'abstinence. propre fonds, c'est-Ă -dire de la substance constitutive de leurs organes ou de la rĂ©serve alimentaire reprĂ©sentĂ©e tant par la graisse emmagasinĂ©e dans leur corps que par les principes albuminoĂŻdes et autres matiĂšres combustibles contenues dans leur sang ou dans les autres luidcs de leur organisme. Ce sujet a Ă©tĂ© l'objet de plusieurs sĂ©ries de recherches intĂ©- ressantes laites, les unes par Chossat de GenĂšve , les autres Ă©lĂšve Letellier, puis par MM. liidder et Schmidt, Ă  Dorpat, MM. Bischoff et Voit, Ă  Munich, ainsi que par quelques autres physiologistes; mais il esta regretter que dans la plupart des cas les rĂ©sultats'constatĂ©s par cq. 159. SOURCE DES MATIÈRES BRULEES. 135 Enfin je signalerai comme une Ă©tude plus complĂšte du mĂȘme sujet les recherches de MM. Bidder et Schmidt sur les effets de la privation d'aliments chez le Chat. J'aurai souvent Ă  les citer, et en ce moment je me bornerai Ă  dire qu'elles confirment pleinement les rĂ©sultats fournis prĂ©cĂ©demment par les expĂ©- riences de Chossat, relativement Ă  la consommation rapide et considĂ©rable de tissu musculaire, aussi bien qu'Ă  l'emploi de la rĂ©serve nutritive pour l'entretien de la combustion phy- siologique pendant l'abstinence. Ainsi un Animal pesant 2572 grammes fut privĂ© d'aliments; il vĂ©cut de la sorte pen- dant dix-huit jours, et il perdit pendant ce temps 30gr,807 d'a- zote, 205sr,96 de carbone, et 927gr,6w2 d'eau. Or, pour fournir Ă  cette dĂ©pense, le sang avait perdu 93 centigrammes de son sĂ©c le second jour de l'abstinence; mais elle est restĂ©e ensuite Ă  peu prĂšs la mĂȘme pendant les sept jours qui' dura le jeĂ»ne. La quantitĂ© de carbone brĂ»lĂ© par l'Animal en vingt-quatre heures n'atteignait pas la moitiĂ© de celle consommĂ©e par le mĂȘme indi- vidu dans l'Ă©tal normal, et a variĂ© ! 0sr,21 Ă  06' ,07 par heure, sans que ces diffĂ©rences aient paru avoir aucun rap- port constant avec la durĂ©e de l'inani- tion a. Voici les quantitĂ©s de carbone exhalĂ©es par heure , sous la forme d'acide carbonique , par un de ces Oiseaux 1" AprĂšs avoir mange .... 0,213 2° AprĂšs avoir Ă©tĂ© privĂ© d'ali- ments pondant vingt- quatre heuros 0,114 3° Le quatriĂšme jour d'inani- tion 0,1 i i Gram. 4* Le sixiĂšme jour d'inanition. 0,113 5" Le septiĂšme jour d'inani- tion 0,072 Hans une autre expĂ©rience faite sur une Tourterelle du poids de 176 grammes , la quantitĂ© d'acide carbonique produite en une heure a Ă©tĂ© de lĂŻi .im. 0,11 4 aprĂšs deux jours d'inanition. 0,121 aprĂšs quatre jours d'inanition. 0,095 aprĂšs onze heures seulement d'inanition. 0,073 aprĂšs trente-six heures d'inani- tion. 0,0G5 aprĂšs deux jours et demi d'ina- nition. 0,077 aprĂš9 trois jours et demi d'ina- nition. 0,077 aprĂšs quatre jours et demi d'ina- nition. a Boussingault, Analyses comparĂ©es de l'aliment consommĂ© et des excrĂ©ments rendus par une Tourterelle {Ann. de chimie et de physique, 3" sĂ©rie, 1844, t. XI, p. 448. 136 NUTRITION. poids initial, la graisse 80 centigrammes, l'appareil muscu- laire 66 centigrammes, et l'axe cĂ©rĂ©bro-spinal 37 centigrammes. Enfin la quantitĂ© d'azote exhalĂ©e correspond Ă  la dĂ©sorganisa- tion de plus de 200 grammes de tissu musculaire supposĂ© sec et dĂ©pouillĂ© de graisse 1. 1 Les principaux rĂ©sultats de cette Bidder et Schmidt dans le tableau ci- expĂ©rience ont Ă©tĂ© rĂ©sumĂ©s par MM. joint a DESIGNATION des ORGANES. REPARTITION DES MATIERES CONSTITUTIVES DE L'ORGANISME. AVANT L'INANITION, POIDS TOTAL 2572 GR. Muscles et ten- dons Os Graisse ƒsophage, esto- mac el entrailles Axe cĂ©rĂ©bro-spi- nal Foie Poumons . . . . Reins Raie PancrĂ©as Glandcssalivaires CƓur Aorte et veine cave MĂ©sentĂšre et Ă©pi- ploon Veux avec leurs muscles .... Larynx et trachĂ©e UtĂ©rus Vessie Ovaires Peau Poids Ă  l'Ă©tat frais. Sang- Bile. 1158,32 379,26 310,87 166,95 49,88 122 2t 2l'72 23,14 8,12 7,71 2,90 10,85 3,43 98,15 37,82 5,86 2,50 1,06 155,25 Totaux. Eau. 881,47 172,56 164,14 129,39 38,86 89,34 21,95 18,37 6,38 6,00 2,30 8,44 2,64 42,60 26,25 3,93 » 1,92 0,82 130,57 Sub- stance sĂšche. 276,85 206,70 146,73 37,56 11,02 32,87 5,77 4,77 1,74 1,71 0,60 2,41 0,79 55,55 11,57 1,93 » 0,58 0,24 24,08 APRES L INANITION, POIDS TOTAL 1241 GR. PERTES EPROUVEES PENDANT L'INANITION. 2572,00jl747,93 824,07 Poids Ă  l'Ă©tat frais. G uni. 380,98 325,00 215,40 115,40 31,12 49,33 20,55 21,70 2 27 T,h 1,01 12,33 2,13 19,00 12,02 4,33 10,91 5,36 0,39 9,88 0,96 Eau. 1241,02 281,98 118,30 77,11 88,28 23,71 37,74 15,39 16,58 1,75 0,87 0,61 9,40 1,02 14,17 9,14 2,87 8,61 4,14 0,29 7,52 0,79 Sub- stance sĂšche. 723,87 96,00 206,70 138,29 27,12 7,41 11,59 5,16 5,12 0,52 0,26 0,40 2,93 0,51 4,83 2 1,46 2,30 1 22 oĂŻo > 2,36 0,17 POIDS ABSOLU. Eau. 596,49 54,26 87,03 - 41,11 15,15 51,60 6,50 1,79 4,63 5,13 1,69 0,90 Sub- stance sĂšche. + 517,33 — 1,02 — 28,43 — 17,11 — 1,06 » + 2,22 » — 123,05 + -1021,06 GlMT", -180,85 0,0 - 8,44 - 10,44 - 3,61 - 21,28 - 0,61 0,35 \ 22 — i'.h — 0,20 + 0,52 — 0,28 — 50,72 — 8,69 — 0,47 + 0,64 » oo oo POIDS RELATIF correspondant A 100 GR. 9 = ‱ - -306,49 58,4 66,9 14,3 3u,7 30,9 37,6 59,6 25,9 6,2 72,0 85,4 65,2 37,8 80,7 08,2 26,2 93,7 65,0 0,0 5,7 27,8 32,9 64,7 lu, 5 ‱> 70^2 84,5 58,2 ‱ 35,6 91,3 75,1 24,3 » » 90,4 37,2 a Bidder und Schmidt, Die Verdauungssaefte und der Sto/fwcchsel, 1852, p. 331. SOURCE DES MATIÈRES BRÛLÉES. 137 § h. — D'aprĂšs tous ces faits, il me paraĂźt bien dĂ©montrĂ© que consĂ©quence , , de ces faits. la combustion physiologique peut ĂȘtre entretenue aux dĂ©pens de la substance constitutive des organes ; mais cette oxydation de matiĂšres albuminoĂŻdes est-elle un phĂ©nomĂšne nĂ©cessaire ou n'a-t-ellc lieu dans les circonstances dont je viens de parler que parce que le principe comburant portĂ© dans l'intĂ©rieur de l'Ă©conomie parla respiration n'y trouve pas une quantitĂ© suffi- sante d'autres combustibles organiques ? En d'autres termes, la combustion vitale peut-elle ĂȘtre entretenue indiffĂ©remment par toute espĂšce de matiĂšres oxydables, ou doit-elle nĂ©cessairement ĂȘtre alimentĂ©e en partie par la substance des tissus animaux ou d'autres combustibles azotĂ©s du mĂȘme ordre? Si l'entretien de cette combustion Ă©tait l'unique condition de l'activitĂ© physiologique des Animaux, ceux-ci devraient pouvoir se nourrir d'aliments hvdrocarbonĂ©s sans mĂ©lange de matiĂšres azotĂ©es, Ă  moins que ce ne fĂ»t pendant la pĂ©riode de croissance, lorsque leurs tissus, en voie de dĂ©veloppement, nĂ©cessitent l'assimilation de matĂ©riaux semblables Ă  ceux dont ces parties se composent. On devrait mĂȘme s'attendre Ă  voiries aliments remplir d'autant mieux leur rĂŽle d'agents nutritifs, qu'ils seraient plus combustibles, ou du moins plus riches en carbone, en hy- drogĂšne, et par consĂ©quent les substances carbo-hydrogĂ©nĂ©es, telles que le sucre ou les graisses, seraient les aliments par excellence, ou tout au moins des aliments suffisants. Mais il n'en est pas ainsi nous savons, par les expĂ©riences de Magendie et de plusieurs autres physiologistes, que ces aliments ne rĂ©pon- dent pas Ă  tous les besoins de l'organisme, et que les Animaux adultes, aussi bien que les Animaux en voie de dĂ©veloppement, meurent toujours plus ou moins promplement quand ils ne trouvent pas dans leur nourriture des principes organiques azotĂ©s 1. 1 A l'Ă©poque oĂč Magendie entre- lĂ©gistes n'avaient que des idĂ©es trĂšs- prit ces recherches 1816, les physio- vagues ci fort incomplĂštes, ou mĂȘme vin. 10 1o8 NUTRITION. Il est aussi Ă  noter qu'un Animal nourri avec de la graisse, du sucre ou tout autre Ă©lĂ©ment non azotĂ©, continue Ă  excrĂ©ter des produits azotĂ©s par les voies urinaires. Or, dans ce cas, l'azote qu'il Ă©limine ne peut provenir que de sa propre sub- stance, c'est-Ă -dire des matiĂšres azotĂ©es qui constituent les tissus de ses organes, ou qui se trouvent soit en dissolution, soit en suspension dans son sang et dans les autres fluides de l'organisme. La destruction d'une certaine quantitĂ© de matiĂšres de cet ordre, et leur transformation en urĂ©e ou en quelque pro - duit analogue, ont lieu constamment, quel que soit le rĂ©gime de l'animal. j'ajouterai qu'un Chien qui ne mange que de la viande dĂ©pouillĂ©e de graisse peut, sans diminuer de poids, satisfaire Ă  toutes les causes de dĂ©perdition inhĂ©rentes Ă  son mode d'exis- tence 1. Il n'en continue pas moins Ă  exhaler de l'acide Car- erronĂ©es, sur le rĂŽle des aliments dans la nutrition, et assez gĂ©nĂ©ralement on supposait que les Animaux avaient la facultĂ© de transformer en matiĂšre histo- gĂ©nique toute substance nutritive; que la gomme ou le sucre, par exemple, se changeaient ainsi en chair, aussi bien que l'albumine ou la fibrine. Magendie chercha Ă  dĂ©terminer si la vie d'un Animal pouvait ĂȘtre entre- tenue de la sorte Ă  l'aide de matiĂšres rĂ©putĂ©es nutritives, qui ne contien- nent pas d'azote, et dans celte vue il soumit des Chiens Ă  l'usage exclusif de sucre et d'eau distillĂ©e. Les Ani- maux soumis Ă  ce rĂ©gime dĂ©pĂ©rirent rapidement , la cornĂ©e transparente s'altĂ©ra, la faiblesse gĂ©nĂ©rale devint extrĂȘme, et la mort arriva au bout d'environ cinq semaines. En employant comme aliment unique, tantĂŽt de la gomme , d'autres fois du beurre ou de l'huile, Magendie obtint le mĂȘme rĂ©sultat a. Ainsi , dans les expĂ©riences de MM. Bischoff et Voit, relatives Ă  l'in- fluence de l'alimentation sur les pro- duits de la sĂ©crĂ©tion urinaire, nous voyons que chez un Chien dont la ration se composait uniquement de graisse, la quantitĂ© d'urĂ©e sĂ©crĂ©tĂ©e en vingt-quatre heures Ă©tait d'environ Ih grammes, et renfermait une quan- titĂ© d'azote correspondant Ă  17 centi- grammes pour 1 kilogramme du poids total du corps b. I La possibilitĂ© d'entretenir de la sorte un Chien a Ă©tĂ© constatĂ©e par M. Bischoff. a Magendie, MĂ©moire sur les propriĂ©tĂ©s nutritives des substances qui ne contiennent pas d'aio'e. 1816 {Journal de mĂ©decine de Leroux, 1817, t. XXXVIII. b Bischoff et G. Voit, Die Gesrlie der Ernflhrung des Fleischfressers, 18G0, p, 150 et suiv. SOURCE DES MATIÈRES BRÛLÉES. 1 .39 bonique, ainsi qu'Ă  excrĂ©ter de l'urĂ©e, et cela s'explique faci- lement, mĂȘme sans l'intervention des matiĂšres grasses emma- gasinĂ©es dans son corps car, dans ce cas, il brĂ»le beaucoup de matiĂšres prolĂ©iques, comme on peut en juger par l'abon- dance des produits azotĂ©s que ses reins excrĂštent, et les prin- cipes albuminoĂŻdes, en s'oxydarit pour donner naissance Ă  de l'urĂ©e, doivent nĂ©cessairement perdre beaucoup de carbone et d'hydrogĂšne. § .". — L 'Ă©tude du mode d'alimentation des Animaux et celle Elliploi direcl des produits ordinaires du travail nutritif dont ils sont le siĂšge, p0duersSĂ«en nous conduisent Ă©galement Ă  reconnaĂźtre que, dans l'Ă©tat normal, ^^Hem la combustion vitale est entretenue en partie par la substance p,,yslol°s"iuc- des organes et en partie par les substances combustibles non azotĂ©es qui se trouvent dans le sang, OU qui sont emmagasinĂ©es autrement dans l'intĂ©rieur du corps, et qui ne sont pas aptes Ă  servir de matĂ©riaux pour la constitution des tissus vivants. C'est donc avec raison que M. Dumas, dans ses savantes leçons sur la chimie physiologique, laites il y a une vingtaine d'annĂ©es Ă  noire Ă©cole de mĂ©decine, et M. Liebig, dans une sĂ©rie de pu- blications d'un haut intĂ©rĂȘt sur le mĂȘme sujet, ont divisĂ© les aliments en deux classes principales ceux qui ne sont destinĂ©s qu'Ă  l'entretien de la combustion vitale, et ceux qui sont assi- milables aux parties vivantes de l'organisme. Les premiers sont appelĂ©s communĂ©ment les aliments respiratoires, et consistent en substances organiques carbo-hydrogĂ©nĂ©es, qui ne renferment pas d'azote, telles que le sucre et les graisses; les seconds ont reçu le nom autres fluides de l'Ă©conomie. En effet, le poids de son corps diminue alors progressivement, et, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, celte perte est dĂ©terminĂ©e en partie par l'excrĂ©tion d'une cer- taine quantitĂ© d'urĂ©e; mais si le mĂȘme Animal reçoit journelle- ment une ration do graisse sans addition d'aucun aliment azotĂ©, non-seulement le dĂ©pĂ©rissement est moindre, mais la quantitĂ© absolue d'urĂ©e est diminuĂ©e. Ainsi, dans une scrio d'expĂ©riences fort instructives faites sur ce sujet par MM. Bischoff et Voit, le mĂŽme Animal a perdu par urinaires, en vingt-quatre heures, terme moyen, entre 30 et "22 centigrammes d'azote pour chaque kilogramme du poids de l'organisme, quand il Ă©tait privĂ© d'aliments, et seulement 17 centigrammes d'azote quand il recevait une ration de graisse. § 8. — Mais si les aliments doivent prĂ©server les tissus vi- consĂ©quences vants des causes de destruction 'pendant d'une oxydation des "aliments superflue, en mĂȘme temps qu'ils son! appelĂ©s Ă  fournir aux organes les matiĂšres voulues pour leur croissance et pour la rĂ©paration des pertes auxquelles leur substance est nĂ©cessaire- ment assujettie, on conçoit que ces corps, pour bien remplir leur rĂŽle, doivent ĂȘtre de deux sortes les uns doivent ĂȘtre essentiel- lement rĂ©parateurs el organisĂąmes ; les autres doivent ĂȘtre douĂ©s d'une affinitĂ© plus grande pour l'oxygĂšne que ne le sont les matĂ©riaux constitutifs des tissus vivants, c'est-Ă -dire doivent ĂȘtre plus combustibles. Or, ces caractĂšres sont rĂ©unis, d'une part dans les aliments azotĂ©s, que nous avons appelĂ©s plastiques, d'autre part dans les aliments carbo-hydrogĂ©nĂ©s, que nous avons dĂ©si- gnĂ©s sous le nom d'aliments respiratoires. Nous pouvons donc prĂ©voir que le rĂ©gime le plus favorable Ă  l'accomplissement du travail nutritif doit ĂȘtre \m rĂ©gime mixte dans lequel il entre Ă  la fois, suivant certaines proportions, des aliments azotĂ©s, tels que la fibrine, l'albumine ou la casĂ©ine, et des aliments dĂ©pour- vus d'azote, mais riches en carbone et trĂšs-oxydables, tels que les fĂ©cules, les sucres et les graisses. \I\ll NUTRITION. uiiiiit' § 9. — L'expĂ©rience est pleinement d'accord avec ces vues aiimematk>n thĂ©orĂź* jucs, et l'Ă©tude chimique des substances que la nature mixte. . . r, , . . _ destine uniquement a 1 alimentation des jeunes Animaux, dont la nutrition doit cire Ă  la fois facile et forte, suffirait mĂȘme pour nous apprendre qu'un pareil mĂ©lange convient mieux que tout autre rĂ©gime. En effet, il est deux produits animaux, qui sont pour ainsi dire les types les plus parfaits de l'aliment, savoir le lait, qui est la nourriture prĂ©parĂ©e par la Nature pour rĂ©pondre aux besoins de l'Homme et des autres MammifĂšres pendant les premiers temps de leur vie ; et le jaune d'Ɠuf, qui est une pro- vision de matiĂšre nutritive destinĂ©e Ă  ĂȘtre employĂ©e d'une ma- niĂšre analogue par l'embryon des Animaux ovipares, en atten- dant que ces ĂȘtres puissent cbercher dans le monde extĂ©rieur les aliments qui leur conviendront. Or, le lait et le jaune d'Ɠuf, comme nous le verrons par la suite, sont l'un et l'autre des corps riches en principes albuminoĂŻdes et en principes gras, c'est-Ă -dire en aliments plastiques et respiratoires. Ainsi, par son exemple, la Nature nous enseigne Ă  donner aux Animaux que nous voulons nourrir le mieux possible, des aliments mixtes. Il est Ă©galement Ă  remarquer que la plupart des aliments dont les Animaux font usage instinctivement, sont en rĂ©alitĂ© des mĂ©langes de ce genre. En effet, les Carnassiers trouvent dans leur proie des matiĂšres grasses aussi bien que des matiĂšres albuminoĂŻdes, et presque toujours les substances vĂ©gĂ©tales que les phytophages mangent contiennent du gluten ou quel- que autre principe azotĂ© du mĂȘme ordre, associĂ© Ă  de la fĂ©cule, du sucre ou des corps gras. Seulement, dans les aliments d'o- rigine animale, ce sont les matiĂšres plastiques qui prĂ©dominent, tandis que dans les aliments vĂ©gĂ©taux, ce sont d'ordinaire les principes immĂ©diats earbo-bydrogĂ©nĂ©s qui abondent. § 10. — Avant d'aller plus avant dans l'Ă©tude des phĂ©no- mĂšnes de combustion dont l'Ă©conomie animale est le siĂšge, RÔLE DES ALIMENTS. 1^5 et d'examiner plus en dĂ©tail les consĂ©quences de cette action influence 1 * do l'irrigation chimique, je dois rappeler que la destruction des combus- physiologique tibles organiques effectuĂ©e ainsi n'est pas la seule cause de ia rĂ©sorption, dĂ©perdition de substance agissant dans l'organisme, et que, par consĂ©quent, ce n'est pas uniquement pour rĂ©pondre aux besoins créés de la sorte, que l'Homme et les Animaux sont soumis Ă  la nĂ©cessitĂ© de s'assimiler sans cesse de nouvelles quantitĂ©s de matiĂšres Ă©trangĂšres. En effet, nous avons vu que de l'eau en quantitĂ© plus ou moins considĂ©rable circule toujours dans l'intĂ©rieur de leur corps, et qu'une partie de ce liquide s'Ă©chappe constamment au dehors sous la forme d'urine et d'au- tres humeurs excrĂ©mentiticlles. Or, cette eau lave, pour ainsi dire, les tissus qu'elle baigne, et doit entraĂźner avec elle une portion des matiĂšres solubles qui entrent dans leur composition ou qui s'y trouvent dĂ©posĂ©es. Par consĂ©quent, pour empĂȘcher cette soustraction de matiĂšre, ou pour en contre-balancer les effets, il faut que l'eau introduite dans l'organisme soit accom- pagnĂ©e d'une certaine proportion de ces mĂȘmes substances solubles dont la prĂ©sence l'empĂȘche de se charger de celles prĂ©existantes dans les tissus, ou permette Ă  ceux-ci d'y puiser pour rĂ©parer les pertes qu'ils peuvent avoir subies. Pour mettre bien en Ă©vidence ce genre d'Ă©changes qui s'Ă©ta- blit entre les solides et les liquides de l'Ă©conomie animale, sui- vant que les uns ou les autres sont plus ou moins chargĂ©s des matiĂšres pour lesquelles ils ont une certaine affinitĂ©, il me paraĂźt utile de prendre en considĂ©ration certains phĂ©nomĂšnes que l'on n'observe pas dans les circonstances ordinaires, et qui sont faciles Ă  constater d'une maniĂšre nette. L'Ă©tude du mode d'action des poisons sur l'Ă©conomie ani- male a permis aux physiologistes de reconnaĂźtre que beaucoup de substances minĂ©rales, qui ne sont pas des matĂ©riaux nor- maux de l'organisme et qui sont portĂ©es dans le torrent de la circulation par absorption ou autrement, se dĂ©posent dans le \\Q NUTRITION. issu de certains organes, et s'y combinent de maniĂšre Ă  y ĂȘtre retenues avec plus ou moins de force. Ces tissus enlĂšvent donc au sang une portion de ces matiĂšres minĂ©rales dont la prĂ©sence dans l'Ă©conomie est accidentelle ; mais lorsque, par suite de la cessation de l'arrivĂ©e de ces matiĂšres Ă©trangĂšres et du renouvellement normal de l'eau dans le fluide nourricier, celui-ci cesse d'en ĂȘtre chargĂ©, il redissout peu Ă  peu les sub- stances qu'd avait abandonnĂ©es lorsqu'il en Ă©tait saturĂ©, et les expulse ensuite au dehors avec la portion de liquide qu'il cĂšde aux organes excrĂ©teurs. Ainsi, dans les cas d'empoisonnement par les prĂ©parations arsenicales , la substance toxique est absorbĂ©e et introduite dans le sang ; puis elle circule avec ce fluide dans toutes les parties du corps, mais elle s'arrĂȘte dans certaines parties, et se fixe plus particuliĂšrement dans le tissu du foie et de quelques autres organes, oĂč elle s'accumule de façon Ă  ĂȘtre facile Ă  dĂ©couvrir par les procĂ©dĂ©s d'analyse dont la chimie moderne dispose 1. Mais lorsque les dĂ©sordres 1 Ce dĂ©pĂŽt de l'acide arsĂ©nieux dans la substance des divers tissus de l'organisme, lorsque cette matiĂšre mi- nĂ©rale se trouve dans le torrent de la circulation, a Ă©tĂ© trĂšs- bien Ă©tabli par Orfila. Ce toxicologiste a constatĂ© aussi que le poison ainsi emmagasinĂ© est en- suite rĂ©sorbĂ© et expulsĂ© de l'organisme parla sĂ©crĂ©tion ui inaire; circonstance qui explique L'utilitĂ© des diurĂ©tiques dans les cas oĂč de petites quantitĂ©s d'arsenic ont Ă©tĂ© absorbĂ©es o. Des faits du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© fournis par l'Ă©tude de l'action lente des prĂ©parations antimoniales sur l'Ă©conomie animale. Ainsi, en expĂ©ri- mentant sur des Chiens, M. Millon a vu qu'Ă  la suite de l'administration quotidienne d'une certaine quantitĂ© de tartre Ă©mĂ©lique, pendant plusieurs jours, l'antimoine se retrouve en pro- portions Ă  peu prĂšs Ă©gales dans toutes les parties de l'organisme ; mais lors- que les Animaux qui ont Ă©tĂ© empoi- sonnĂ©s de la sorte ne pĂ©rissent pas et sont remis Ă  leur rĂ©gime ordinaire, ce mĂ©tal disparait assez promptement du tissu musculaire et de quelques autres parties du corps, tandis qu'il sĂ©journe fort longtemps dans le foie, dans le tissu adipeux et dans les os. Chez un Chien qui fut tuĂ© quatre mois aprĂšs la rĂ©sorption de l'Ă©mĂ©tique, on trouva des quantitĂ©s considĂ©rables d'anti- a Orfila, MĂ©moires sntr l'empoisonnement MĂ©m. de l'Acad. demĂ©decine, 1*40, t. VIII, p. 418. - TraitĂ© de toxicologie, 1852, t. 1, p. 453. ROLE DES ALIMENTS. lkl produits ainsi ne sont pas mortels, et que l'introduction de l'arsenic dans le sang ne continue pus, le mĂ©tal dĂ©posĂ© de la sorte est peu Ă  peu repris par les fluides en circulation et Ă©liminĂ© de l'organisme par la sĂ©crĂ©tion uriuaire. 11 en est de mĂȘme pour le mercure et pour le plomb ; suivant qu'il en existe davantage dans le sang ou dans les tissus qui sont aptes Ă  s'en emparer, le torrent irrigatoire en dĂ©pose ou en enlĂšve Ă  mesure qu'il traverse ceux-ci, et, lorsque les solides vivants ont Ă©tĂ© chargĂ©s d'une de ces substances toxiques, on peut en accĂ©lĂ©rer la rĂ©sorption et l'expulsion au dehors en introduisant dans le sang certains mĂ©dicaments qui rendent ce liquide plus apte Ă  attaquer et Ă  dissoudre les composĂ©s insolubles que ce mĂ©tal avait formĂ©s dans la profondeur des organes par exemple, en administrant de l'iodure de potassium 1. Il en rĂ©sulte que par l'effet de la combustion physiologique d'une part, et du lavage irrigatoire d'autre part, toutes les sub- stances combustibles ou solublcs qui entrent dans la compo- moine dans le foie ei dans les os, niais les autres parties du corps n'en contenaient quefort peu a. M. A. F. Orfila a constatĂ© qu'Ă  la suilede l'introduction lente des sels so- lubles de plomb et de cuivre dans l'Ă©co- nomie animale, ces mĂ©taux pouvaient sĂ©journer dans le foie, les os, etc., pendant huit mois ou mĂȘme davan- tage , mais que peu Ă  peu ils sont rĂ©sorbĂ©s et excrĂ©tĂ©s avec les urines, la sueur, etc. {b. 1 On doit Ă  Al. Melsens des re- cherches intĂ©ressantes sur ce sujet. Les composĂ©s mercuriels insolubles , tels pie ceux rĂ©sultant de l'action du sublimĂ© corrosif sur les matiĂšres albu- niinoĂŻdes, se dissolvent dans l'iodure de potassium, et cette substance, in- troduite dans le torrent de la circula- tion, les dĂ©place, puis les entraĂźne .m dehors par les voies urinaires. Cela ex- plique l'utilitĂ© de l'emploi de ce mĂ©di- cament dans les cas d'intoxication lente par le mercure. Des etĂŻels analogues sont produits par l'iodure de potas- sium, lorsque l'organisme est chargĂ© de matiĂšres contenant du plomb c. a Hilton, Sur lu permanence de l'antimoine dans les organes vivants {Revue scientifique et industrielle, 1847, t. XXVI, p. 33. b A. F. Orfila, De l'Ă©limination des poisons, thĂšse. Paris, 1852. r Melsens, MĂ©moire sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les affections saturnines et mercurielles \Ann. de chimie et de physique, 3' sĂ©rie, 1849, t. XXVI, p. 215. — Parkes, On the Elimination of Lead by lodide of potassium [British and Foreion tted Heview, 1853, p. 522. DiversitĂ© iks Ă©lĂ©ments chimiques dont l'introduction est nĂ©cessaire. M\& NUTRITION. sition du corps animal sont susceptibles d'ĂȘtre dĂ©truites ou enlevĂ©es, et que pour empocher ces pertes ou pour les rĂ©parer, l'ĂȘtre vivant a besoin d'introduire continuellement dans son organisme de nouvelles provisions de chacune de ces sub- stances, lors mĂȘme que sa croissance est terminĂ©e, et que son poids doit rester stationnaire. Pour se nourrir, il lui faut donc non-seulement des matiĂšres organisĂ©es propres Ă  la formation de ses tissus, et des aliments de la respiration, mais aussi toutes les substances inorganiques qui sont nĂ©cessaires Ă  la constitution, soit de ses organes, soit de ses humeurs, et qui sont sans cesse entraĂźnĂ©es au dehors avec l'eau dont les reins ou les autres glandes opĂšrent l'excrĂ©tion. Ainsi l'Animal adulte, de mĂȘme que l'Animal en voie de dĂ©veloppement, a besoin de trouver dans ses aliments, en cer- taines proportions, tous les Ă©lĂ©ments constitutifs des corps composĂ©s qui sont Ă  leur tour les matĂ©riaux dont ses organes sont formĂ©s, et il faut que ces Ă©lĂ©ments lui soient fournis dans un Ă©tat tel, qu'il puisse les utiliser, c'est-Ă -dire dĂ©jĂ  combinĂ©s de façon Ă  fournir les matĂ©riaux dont je viens de parler, ou des substances Ă  l'aide desquelles il pourra les produire. Pour connaĂźtre les besoins nutritifs d'un Animal, il suffit donc de connaĂźtre ce qui compose son organisme et la quantitĂ© de chacun de ses matĂ©riaux constitutifs qu'il perd en un temps donnĂ©, soit par les voies respiratoires, soit par la sĂ©crĂ©tion urinaire ou toute autre excrĂ©tion. § i\ . — Ainsi que chacun le sait, les corps que les chimistes appellent simples ou Ă©lĂ©mentaires, parce qu'on n'en peut ob- tenir que des molĂ©cules d'une mĂȘme sorte, ne peuvent ĂȘtre ni dĂ©truits, ni créés, ni transformĂ©s par les forces dont l'Homme dispose, et, Ă  cet Ă©gard, la puissance vitale n'est pas plus grande. Aucun Ă©lĂ©ment chimique ne peut donc naĂźtre dans l'Ă©conomie animale, et tous les corps simples qui s'y trouvent ont dĂ» v arriver du dehors. Jadis quelques physiologistes pen- ROLE DES ALIMENTS. 1/9 saient qu'il n'en Ă©tait pas ainsi, et que certains Ă©lĂ©ments Ă©taient créés dans l'intĂ©rieur de l'organisme; mais c'est lĂ  une erreur dont la rĂ©futation serait aujourd'hui superflue, et il suffit de la signaler en termes prĂ©cis pour en faire justice. 1! est vrai que dans quelques cas certains Ă©lĂ©ments n'arrivent dans le corps de quelques Animaux qu'en si petites quantitĂ©s Ă  la fois, que nos moyens d'analyse ne nous permettent pas d'en constater toujours la prĂ©sence dans les aliments ou les boissons dont ces ĂȘtres font usage ; mais toutes les fois pie l'origine des matiĂšres constitutives de l'organisation a Ă©tĂ© attentivement examinĂ©e, on a pu se convaincre de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de la loi que je viens de rappeler. Pour dresser la liste complĂšte des Ă©lĂ©ments qui entrent dans Analogie 1 .Je composition la composition de la substance constitutive de l'organisme, il des principaux 1 aliments. faut analyser le corps tout entier de l'Animal dont on s'oeeupe. Mais l'Ă©tude que nous avons dĂ©jĂ  faite de la composition du sang peut nous suffire en ce moment, car ce liquide est en quelque sorte le fonds commun dont toutes les parties de l'Ă©conomie tirent leur substance, et par consĂ©quent il doit contenir tout ce pie ces parties renferment. Je me bornerai donc Ă  rappeler ici tpie ce fluide nourricier est formĂ© par de l'eau tenant en disso- lution ou en suspension des matiĂšres minĂ©rales fort diverses, aussi bien que des matiĂšres organiques, parmi lesquelles il en est qui sont composĂ©es non-seulement d'azote, de carbone, d'hydrogĂšne et d'oxygĂšne, mais aussi de soufre et de phos- phore. Au nombre des substances inorganiques se trouvaient le chlorure de sodium, des sulfates et des phosphates de soude, de potasse, de chaux et de magnĂ©sie ; enfin des composĂ©s de silice, de fer, etc. Par consĂ©quent, il faut que l'Homme et les Animaux trouvent dans leurs aliments non-seulement du car- bone, de l'azote, de l'hydrogĂšne et de l'oxygĂšne, mais aussi du soufre, du phosphore, du chlore, du sodium, du calcium, et tous les autres Ă©lĂ©ments que je viens d'Ă©numĂ©rer. 150 NUTRITION. Du reste, sauf les proportions qui varient, les mĂȘmes Ă©lĂ©- ments essentiels se trouvent rĂ©unis dans le corps de tous les ĂȘtres vivants, que ceux-ci soient des Animaux ou des plantes; et par consĂ©quent la substance des uns et des autres peut tou- jours ĂȘtre un aliment complet pour l'Animal qui a le pouvoir d'en absorber une quantitĂ© suffisante. Ainsi, le rĂ©gime du Carnassier et celui de l'Herbivore diffĂšrent entre eux beaucoup moins qu'on ne serait portĂ© Ă  le croire au premier abord. La proie dont le premier se nourrit contient beaucoup de matiĂšres grasses associĂ©es Ă  des matiĂšres azotĂ©es, et par consĂ©quent fournit Ă  celui-ci un mĂ©lange d'aliments respiratoires et plas- tiques, en mĂŽme temps que des phosphates terreux et les autres sels minĂ©raux dont l'organisme a besoin i. Dans le rĂ©gime de l'Herbivore, la proportion des matiĂšres carbo-hvdrogĂ©nĂ©es est plus considĂ©rable ; mais dans presque tous les aliments vĂ©gĂ©- taux, tels que la Nature les fournit, il y a aussi des substances azotĂ©es, et si l'Animal est capable de digĂ©rer une quantitĂ© considĂ©rable de ces matiĂšres vĂ©gĂ©tales, il y trouve en dĂ©finitive tout l'azote dont il a besoin. Il est aussi Ă  noter qu'en gĂ©nĂ©ral les Animaux boivent en quantitĂ© plus ou inoins considĂ©rable de l'eau, qui tient en disso- 1 On doit Ă  MM. Gilbert et Lawes des Animaux de boucherie, les pre- nne longue ^Ă©rie de recherches trĂšs- miĂšres sont beaucoup plus abondantes, intĂ©ressantes sur la composition chi- Quand ces Animaux ont Ă©tĂ© engraissĂ©s mique de l'ensemble de l'organisme pour le marchĂ©, on trouve chez le des divers Animaux de boucherie BƓuf deux ou trois fois autant de employĂ©s en Angleterre, et sur celle graisse cpie de matiĂšres azolĂ©es sĂšches, des diffĂ©rentes parties de leur corps. Chez les Moulons, cette proportion Ils ont trouvĂ© que la viande , telle s'Ă©lĂšve ordinairement Ă  h pour 1, et qu'on la mange ordinairement, con- atteint quelquefois 6 pour 1 a. En tient plus de matiĂšres grasses que France, les Animaux de boucherie ne de substance azotĂ©e sĂšche, et que sont pas chargĂ©s d'autant de graisse dans le corps entier de la plupart qu'en Angleterre. a Lawcs and Gilbert, On the Composition of sorne of the Animais fed and sVanijhtered as humun foodPhilos. Tram., 1850, y. 024. ÉVALUATION DES BESOINS. 151 lulion des sels calcaires et autres. Or, ces matiĂšres minĂ©rales concourent aussi Ă  ["entretien du travail nutritif dont leur orga- nisme est le siĂšge, et il est probable que si beaucoup d'Ani- maux marins pĂ©rissent plus ou moins promptement dans l'eau douce, cela dĂ©pend souvent de ce qu'ils ne trouvent pas dans celle-ci, comme dans l'eau de la mer, toutes les substances minĂ©rales dont ils ont besoin pour la constitution de leur orga- nisme 1. Ainsi, en rĂ©sumĂ©, nous voyons que, pour l'alimentation normale des Animaux, il faut la rĂ©union de trois sortes de sub- stances des matiĂšres organiques plastiques 2, des matiĂšres organiques essentiellement combustibles, et des matiĂšres minĂ©- rales, lesquelles se trouvent effectivement associĂ©es dans pres- 1 U me parait Ă©galement trĂšs-pro- bable que l'inaptitude de certains ani- maux marins Ă  vivre clans Peau douce, ou de certains Animaux d'eau douce Ă  vivre dans l'eau salĂ©e, dĂ©pend des phĂ©nomĂšnes osmotiques qui se pro- duisent lorsqu'ils changeai de milieu. Ainsi l'Animal qui habite les eaux de la mer doit, par un effet d'endosmose, se charger d'une quantitĂ© inaccoutu- mĂ©e d'eau, lorsqu'il vient Ă  ĂȘtre plongĂ© dans de l'eau qui n'est pas chargĂ©e de sel, et l'Animal d'eau douce qui subit le contact de l'eau de la mer doit au contraire cĂ©der Ă  ce liquide une cer- taine quantitĂ© de l'eau dont les tissus situĂ©s prĂšs de la surface de son corps sont chargĂ©s. Il serait intĂ©ressant d'Ă©tudier Ă  ce point de vue l'action des bains. L'insalubritĂ© des eaux qui provien- nent de la fonte des neiges et qui n'ont pas coulĂ© longtemps sur un sol chargĂ© de sels calcaires, dĂ©pend en partie de leur trop grande puretĂ© et de l'absence d'une proportion convenable de ma- dĂšres calcaires en dissolution. 2 bien ne nous autorise Ă  penser que les substances azotĂ©es non orga- niques puissent servir Ă  la nutrition de la plupart des animaux , et se substituer aux matiĂšres albuminoĂŻdcs dans les phĂ©nomĂšnes bistogĂ©niques. Je dois ajouter, cependant, que quel- ques chimistes pensent que les compo - ses ammoniacaux peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans l'intĂ©rieur de l'organisme. Ainsi, M. Kublmann, ayant remarquĂ© que les Mollusques d'eau douce se multipliaient beaucoup dans les fossĂ©s d'une usine oĂč arrivaient des eaux chargĂ©es de bicarbonate d'ammoniaque, entreprit quelques expĂ©riences sur l'emploi des sels ammoniacaux dans l'alimentation des Cochons. Il constata que ces Ani- maux peuvent en prendre sans incon- vĂ©nient des doses considĂ©rables mĂȘlĂ©es Ă  leurs aliments, et que, sous l'in- fluence de ce rĂ©gime, leur urine devient plus alcaline et paraĂźt plus chargĂ©e 15*2 NUTRITION. que toutes les substances alimentaires, elles que la Nature les fournit. Modes d'apprĂ©cintio» § 12. — Il rĂ©sulte Ă©galement de l'ensemble des faits dont des besoins . . . , nuiritffe. je viens de rendre compte, que 1 utilisation des matiĂšres ali- mentaires dans la profondeur de l'organisme est corrĂ©lative de l'oxydation de ces mĂȘmes matiĂšres ou de celles qu'elles rem- placent, et que, par consĂ©quent, tout ce travail intĂ©rieur, que je dĂ©signerai d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale sous le nom de mutation nutritive, est subordonnĂ© Ă  l'absorption et Ă  la fixation de l'oxygĂšne introduit dans l'Ă©conomie animale par l'acte de la respiration. Il doit donc y avoir une relation directe entre la grandeur de la puissance respiratoire et l'intensitĂ© du mouve- ment nutritif. Par consĂ©quent encore, nous pourrons juger de la valeur fonctionnelle de ce mouvement par la quantitĂ© d'air que l'Animal consomme I. Les connaissances que nous avons acquises au commence- ment de ce Cours, touchant l'activitĂ© respiratoire des divers Animaux et du mĂȘme Animal, quand il est placĂ© dans des con- ditions diffĂ©rentes, peuvent ainsi nous aider dans l'apprĂ©ciation des mutations nutritives. Mais les rceberebes relatives aux d'urĂ©e que dans les circonstances Lartrate d'ammoniaque est un aliment ordinaires a, tout comme le serait de l'albumine ou Pour les Animalcules qui jouent le de la casĂ©ine 6. rĂŽle de ferments, et qui vivent Ă  la l Tout ce que je dis ici s'ap- maniĂšre des VĂ©gĂ©taux, en rĂ©duisant plique aux Animaux ordinaires ; mais des matiĂšres oxydĂ©es, la facultĂ© d'uti- les recherches rĂ©centes de M. Pasteur liser les composĂ©s ammoniacaux dans m'obligent Ă  faire des rĂ©serves au le travail nutritif a Ă©tĂ© mise hors de sujet des ĂȘtres animĂ©s microscopiques doute par les expĂ©riences de AI. Pas- qui appartiennent Ă  la catĂ©gorie des leur. Effectivement, ce savant a cou- ferments, et qui ne respirent pas de la statĂ© que pour ces ĂȘtres singuliers, le mĂȘme maniĂšre que les prĂ©cĂ©dents c. ‱ a Kuhlmann, De l'influence des alcalis dans divers phĂ©nomĂšnes naturels, el en particulier du, rĂŽle que joue Y ammoniaque dans la nutrition des Animaux [Comptes rendus de l'AcadĂ©mie des sciences, 1847, t. XXIV, p. 2i33. b Pasteur, MĂ©moire sur les corpuscules organisĂ©s qui existent d,ns l'atmosphĂšre Afin, des sciences nul., 4" sĂ©rie, t8ĂŽl , t. XVI, p. 05. f Voyez ci-dessus, pa^e 122. ÉVALUATION DES BESOINS. 153 quantitĂ©s d'oxygĂšne employĂ©es par les ĂȘtres animĂ©s sont peu nombreuses, et elles prĂ©sentent des difficultĂ©s considĂ©rables. Ce sera donc principalement par l'examen de faits d'un autre ordre que nous chercherons Ă  nous Ă©clairer sur la marche des phĂ©nomĂšnes de combustion ou de rĂ©novation organique dont l'Ă©tude nous occupe en ce moment. En effet, pour Ă©valuer les rĂ©sultats de ces actions molĂ©cu- laires, il n'est pas indispensable de tenir compte de l'Ă©lĂ©ment comburant ; il suffit de prendre en considĂ©ration les combus- tibles physiologiques, et de connaĂźtre, soit la quantitĂ© de ces corps qui arrivent dans l'organisme, sans en augmenter le poids, soit la quantitĂ© des divers produits excrĂ©mentitiels qui s'Ă©chappent de l'Ă©conomie animale, genre de dĂ©termination qui est en gĂ©nĂ©ral facile. On appelle ration d'entretien, la quantitĂ© d'aliments qu'un Animal doit consommer pour subvenir d'une maniĂšre complĂšte aux besoins de la mutation nutritive dont son organisme est le siĂšge. Ce travail s'effectue alors sans perte ni gain apparent, et le poids du corps reste stalionnaire ou n'oscille qu'entre des limites trĂšs-Ă©troites. Si l'alimentation est insuffisante, la com- bustion vitale est entretenue en partie au moins Ă  l'aide de la substance propre de l'Animal, et alors le poids de son corps diminue proporlionnĂ©ment aux pertes qu'il subit. Si , au contraire, sous l'influence d'un rĂ©gime dĂ©terminĂ©, le poids de son corps augmente, il en faut conclure que la quantitĂ© des matiĂšres Ă©trangĂšres introduites dans son organisme dĂ©passe celle dont il peut opĂ©rer la destruction et l'Ă©limination. Quand l'Ani- mal est encore jeune et en voie de dĂ©veloppement, cet excĂ©dant est employĂ© en totalitĂ© ou en partie Ă  la formation de tissus nouveaux; mais lorsque l'Animal est adulte, les matiĂšres com- bustibles surabondantes s'accumulent dans diverses parties , principalement sous la forme de graisse, et constituent des rĂ©serves de substance nutritive. 11 en rĂ©sulte qu'en tenant vin. il 154 NUTRITION. compte de la quantitĂ© d'aliments consommĂ©s par un Animal et du poids de son corps, on peut Ă©valuer avec une prĂ©cision suf- fisante le degrĂ© d'activitĂ© de la mutation nutritive qui s'opĂšre dans son organisme , sans avoir Ă©gard, ni Ă  l'oxygĂšne qu'il absorbe, ni aux matiĂšres qu'il excrĂšte. La mĂȘme question peut ĂȘtre rĂ©solue par l'Ă©valuation des diverses excrĂ©tions qui, Ă©tant les produits de la mutation nutri- tive, donnent aussi la mesure de ce phĂ©nomĂšne. Enfin, on peut juger aussi de l'activitĂ© plus ou moins grande du travail nutritif par la dĂ©perdition totale pie l'animal subit quand il ne reçoit du dehors aucun aliment et vit aux dĂ©pens de sa propre substance. circonstances § 13. — Du reste, quelle que soit la mĂ©thode d'investigation sTr'ie deSrĂ© employĂ©e, on reconnaĂźt facilement qu'il existe de grandes diffĂ©- dUaCtravaii renĂ©es dans l'activitĂ© avec laquelle les mutations nutritives s'effectuent non-seulement chez les divers Animaux, mais aussi chez les individus d'une mĂȘme espĂšce, suivant l'Ăąge, le sexe et une multitude d'autres circonstances. influence II est d'observation que, lorsque toutes choses sont Ă©gales poids du corps, d'ailleurs, le volume du corps influe beaucoup sur la quantitĂ© de matiĂšre organique consommĂ©e par un Animal. Chacun sait qu'un Homme grand a besoin de plus d'aliments qu'un individu de petite taille, et que la ration d'entretien d'un petit Cheval serait insuffisante pour un Cheval dont la taille serait Ă©levĂ©e. Il est vrai que chez deux Animaux de mĂȘme espĂšce ou d'espĂšces voisines, cette consommation n'est pas tout Ă  fait proportion- nelle au poids de l'organisme, et que, comparativement Ă  ce poids, elle est plus forte chez les petits individus que chez les grands ; mais il y a toujours, chez les Animaux dont l'activitĂ© vitale est Ă  peu prĂšs la mĂȘme, un rapport intime entre la quan- titĂ© de matiĂšre vivante dont l'organisme se compose et la quan- titĂ© de matiĂšre alimentaire ou organisĂ©e qui est employĂ©e Ă  l'entretien du mouvement nutritif. 11 en rĂ©sulte que chez les QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 155 individus de grande taille, la quantitĂ© de matiĂšres urinaires excrĂ©- tĂ©es journellement est aussi plus considĂ©rable que chez les indivi- dus de mĂȘme espĂšce dont le poids du corps est moins Ă©levĂ©. Cela ressort nettement des observations faites sur l'Homme par plu- sieurs physiologistes. Ainsi, dans les recherches de M. Scherer, la quantitĂ© d'urĂ©e sĂ©crĂ©tĂ©e en vingt-quatre heures s'est Ă©levĂ©e Ă  environ 13, 18, 27 et 30 grammes chez quatre individus dont le poids du corps Ă©tait de 16, 22, 62 et 70 kilogrammes 1. 1 Voici les principaux laits con- quantitĂ© proportionnelle d'urĂ©e, cal- statĂ©s par M. Scherer sur les quatre culĂ©e pour une mĂȘme unitĂ© du poids individus mentionnĂ©s ci-dessus. Dans du corps, savoir, 1 kilogramme la derniĂšre colonne, on a indiquĂ© la AGE. POIDS. CHINE. MATIÈRES exlracliYW, etc. MATIÈRE inorganique. PROPOIIT. D'L'i Et pour 1 Km du poids du corps.* N» 1 fille. . . N* 2 garçon. Ns 3 homme. N* 4 homme. Ans. 31/2 7 22 38 Kllofi . 10 22 62 70 Gnm. 755 1077 Si 56 1701 C,i MB. 12,98 18,29 27,008 29,824 Gram. 2,17 3,88 24,33 20,484 jrjm. 10,98 10,23 23,627 20,919 Gram. 0,81 0,82 0,43 0,42 Des recherches analogues faites par M. [tomme! et par M. Bischoff ont donnĂ© des rĂ©sultats semblables, sauf en ce qui concerne un vieillard, comme on peut le voir par le tableau suivant EXPÉRIENCES DE M. ROMMEL. EXPERIENCES DE M. BISCHOI T. Age. Poids. UrĂ©e. Age. Poids .V N" V N* N- N' Ans. 1. 3 2. 4 3. 5 4. 18 5. 31 6. 65 Kilogr. 13,0 14,5 10,7 58 71 57 UrĂ©e. iram. 13,57 15,59 18,22 30,52 39,28 Proportion d'urĂ©e pour 1 kilogr. Gram. 1,03 1,08 1,08 0,51 0,33 N* .v N" .V N» An* 1. 3 2. 16 3. 18 4. 43 5. 45 Kl L'I 15 48 00 99 104 Gi -"ii. 11,27 19,80 20,19 25,32 37,70 Proportion d'urĂ©e pour 1 kilogr. Gi ani. 0,53 0,41 0,30 0,28 0,35 Je dois ajouter que les individus dĂ©signĂ©s ici sous le n" 3 dans les expĂ©- riences de M. lUimniel, et sous les n09 3 et h dans celles de M. Bischoff, Ă©taient du sexe fĂ©minin a. a Scherer, Vergleichcnde dtersuchungen der in 24 Stunden durch den Harn austretenden Stoffe [Verlumdlungm der Phys. Med. Gesellschaft m W&ntburg, 1852, t. III, p. 180. — Rummel, lieitrdge tu den vergl. Vntersuch. der in 2i Stunden durch den Harn ausge- ichicdenen Stoffe [Verhandl. der Phys. Med. Gesellsch. au WĂ»rxburg, 1854, t. V, p. 110. — Bischoff, Der Harnstoff als Maass des Stoffwechsels, 1853, p. 25 et suiv. 156 NUTRITION. Effectivement, toutes les particules do substance organisĂ©e dont l'Ă©conomie animale se compose, semblent participer Ă  ce travail mĂ©tamorphique et concourir Ă  la production des matiĂšres excrĂ©mentitielles, dont la quantitĂ© nous donne la mesure de la somme des actions partielles accomplies de la sorte ; mais de mĂȘme que la mutation de la matiĂšre n'est pas Ă©galement rapide dans tous les organes d'un mĂȘme individu, le degrĂ© de puis- sance mutatoire dont les parties correspondantes sont douĂ©es chez les divers Animaux peut varier. Par consĂ©quent, il peut y avoir, Ă  poids Ă©gaux, de grandes diffĂ©rences dans la consom- mation physiologique. Ainsi nous avons vu, au commencement de cette Leçon, que tous les Animaux meurent lorsqu'ils ne reçoivent pas du dehors de nouvelles provisions de matiĂšres nutritives, et vivent aux dĂ©pens de leur propre substance jusqu'Ă  ce qu'ils aient atteint un certain degrĂ© de dĂ©pĂ©rissement. La quantitĂ© de matiĂšre qu'ils peuvent perdre ainsi sans que la mort en rĂ©sulte, parait ĂȘtre Ă  peu prĂšs la mĂȘme pour tous; mais il existe des diffĂ©rences Ă©normes dans la durĂ©e du temps pendant lequel ils peuvent vivre ainsi sur eux-mĂȘmes, et par consĂ©quent dans la rapiditĂ© avec laquelle ils dĂ©pensent la matiĂšre qu'il leur est possible d'abandonner 1. Nous voyons, par exemple, dans les expĂ©- riences de Chossat, que les MammifĂšres et les Oiseaux privĂ©s 1 Chossat conclut de ses expĂ©- riences, que dans l'inanition, c'est-Ă - dire l'abstinence complĂšte de tout ali- ment organique, la durĂ©e de la vie est Ă©gale Ă  la perte intĂ©grale proportion- nelle divisĂ©e par la perte diurne proportionnellement moyenne a ; mais il est Ă©vident que pour que la perte intĂ©grale proportionnelle ait toujours la mĂȘme valeur physiologique, il fau- drait que l'Ă©tat initial de l'organisme fĂ»t toujours le mĂȘme, quant Ă  la rĂ©- serve nutritive contenue dans le corps de l'Animal. Or, il existe Ă  cet Ă©gard des diffĂ©rences trĂšs-considĂ©rables, et par consĂ©quent la question est moins simple qu'on ne serait portĂ© Ă  le sup- poser au premier abord. a Chossat, Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. des sciences , Sav. clrang., t. VIII, \\ 472. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 157 d'aliments organiques, et ne recevant que de l'eau, n'ont rĂ©sistĂ© Ă  l'inanition qu'environ dix jours, terme moyen, et ont perdu en moyenne &2 milliĂšmes de leur poids chaque jour; tandis que les Grenouilles placĂ©es dans des conditions analogues ont vĂ©cu aux dĂ©pens de leur propre substance pendant neuf mois ; en moyenne, et quelquefois jusqu'Ă  quatorze ou quinze mois, mais que la perte de poids subie par ces Animaux n'Ă©tait en moyenne que d'environ 0,0015 de leur poids initial, c'est-Ă - dire environ un trentiĂšme de celle constatĂ©e chez les VertĂ©- brĂ©s Ă  sang chaud. Chossat a obtenu des rĂ©sultats analogues en opĂ©rant sur des Reptiles et des Poissons ; en sorte qu'on peut poser en rĂšgle que la consommation de matiĂšre organique nĂ©cessaire Ă  l'entretien de la vie est beaucoup plus considĂ©rable chez les MammifĂšres et les Oiseaux que chez les VertĂ©brĂ©s Ă  sang froid. Je pourrais citer ici beaucoup d'autres fails propres Ă  mon- trer l'inĂ©galitĂ© qui existe entre les Animaux supĂ©rieurs et ceux dont l'activitĂ© vitale est moindre, quant Ă  la grandeur des besoins nutritifs et Ă  la facultĂ© de vivre avec peu, inĂ©galitĂ© qui implique des diffĂ©rences correspondantes dans le travail de mutation de la matiĂšre organique dont l'Ă©conomie est le siĂšge ; mais je me bornerai Ă  faire remarquer que les rĂ©sultats aux- quels nous arrivons de la sorte sont parfaitement conformes Ă  ceux que nous a dĂ©jĂ  fournis l'Ă©tude des phĂ©nomĂšnes de la res- piration. En effet, nous avons vu que la quantitĂ© d'oxygĂšne absorbĂ©e en un temps donnĂ© par les divers Animaux est loin d'ĂȘtre proportionnelle au poids de la matiĂšre vivante dont leur corps se compose, et varie beaucoup suivant le degrĂ© de puis- sance physiologique dont ils sont douĂ©s. Ainsi, nous avons vu qu'un Poisson, lors mĂȘme qu'il est beaucoup plus gros qu'un Oiseau, peut vivre pendant plus d'une heure avec une quantitĂ© d'air qui serait insuffisante pour l'entretien de la respiration de 158 NUTRITION. l'Oiseau pendant une minute 1. Or, la quantitĂ© de l'Ă©lĂ©ment comburant, dont les Animaux font usage, est nĂ©cessairement en rapport avec la quantitĂ© de matiĂšres combustibles qu'ils consument, et par consĂ©quent les Animaux dont la respiration est la plus active sont aussi ceux qui effectuent avec le plus de rapiditĂ© la mutation nutritive dont tout corps vivant est le siĂšge. En Ă©tudiant la respiration, nous avons vu aussi qu'il existe des rapports Ă©troits entre l'activitĂ© de cette fonction et les diverses manifestations de la puissance vitale ; que plus les actions phy- siologiques sont grandes, plus la consommation d'oxygĂšne est considĂ©rable, et que tout dĂ©ploiement de force est accompagnĂ© de phĂ©nomĂšnes de combustion organique. Nous pouvons donc prĂ©voir qu'il doit en ĂȘtre de mĂŽme pour l'emploi des matiĂšres combustibles dont la transformation accompagne ou constitue le mouvement nutritif, et que par consĂ©quent l'abondance des produits excrĂ©mentitiels fournis par l'organisme, ainsi que la quantitĂ© de matiĂšre alimentaire nĂ©cessaire pour contre-balancer ces pertes, sont subordonnĂ©es au degrĂ© de puissance physiolo- gique dĂ©ployĂ©e par l'Animal. Voyons si l'expĂ©rience confirmera ce raisonnement. influence § 14- — On sait depuis l'antiquitĂ© que l'Ăąge influe beaucoup de rĂąge" sur la facultĂ© de supporter l'abstinence ; que chez les jeunes Animaux le besoin de nourriture se fait sentir Ă  de courts inter- valles, tandis que dans l'Ăąge mĂ»r, et surtout dans la vieillesse, le jeĂ»ne peut ĂȘtre soutenu pendant plus longtemps sans aucun inconvĂ©nient grave. Le tableau tragique que le Dante trace des souffrances d'Ugolin et de ses enfants est l'expression de ce qui doit arriver quand des personnes dont l'Ăąge diffĂšre beaucoup pĂ©rissent d'inanition c'est le plus jeune qui meurt d'abord, et le plus vieux qui rĂ©siste le plus. Or, cela ne dĂ©pend pas de ce 1 Voyez tome II, page 516 et suivantes. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 159 que celui-ci peut supporter des pertes plus grandes que le pre- mier, mais de ce qu'en un temps donnĂ© il perd moins les expĂ©riences de Chossat nous le dĂ©montrent. En Ă©valuant com- parativement ces pertes par la diminution du poids du corps chez des Tourterelles dont les unes Ă©taient jeunes, d'au 1res adultes, et d'autres encore plus avancĂ©es en Ăąge, ce physiolo- giste trouva que la perle diurne proportionnelle Ă©tait de 81 milliĂšmes chez les premiĂšres, de 59 milliĂšmes chez les secondes, et de 35 milliĂšmes seulement chez les derniĂšres. Or les premiĂšres, c'est-Ă -dire les plus jeunes, sont mortes de faim au bout de trois jours ; les secondes ont vĂ©cu sans aliments pendant six jours, et les plus ĂągĂ©es ont rĂ©sistĂ© aux effets mortels de l'inanition pendant treize jours. 11 est vrai que dans ce cas la perle intĂ©grale a Ă©tĂ© beaucoup plus forte chez les individus les plus ĂągĂ©s, mais cette cause de diffĂ©rence, dĂ©pendant peut- ĂȘtre de la proportion de graisse accumulĂ©e prĂ©alablement dans leur corps, ne suffirait pas pour rendre compte des diffĂ©rences observĂ©es; el l'inĂ©galitĂ© dans la durĂ©e de la vie alimentĂ©e uni- quement par la substance de l'Animal dĂ©pendait Ă©videmment en majeure partie de la grande inĂ©galitĂ© que la balance a rĂ©vĂ©lĂ©e dans la dĂ©pense physiologique 1. Nous savons, d'ailleurs, 1 Il est Ă  regretter que l'Ăąge des Tourterelles employĂ©es par Chossal n'ait pas pu ĂȘtre constatĂ© directement et n'ait Ă©tĂ© Ă©valuĂ© que par les diffĂ©- rences dans leurs poids a. Des faits du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© constatĂ©s sur des Chiens par Magen- die. Ce physiologiste, en expĂ©rimen- tant sur des Animaux ĂągĂ©s de quatre jours, vit la mort arriver aprĂšs qua- rante-huit heures d'abstinence, tandis que des individus ĂągĂ©s de plus de six ans rĂ©sistĂšrent encore aprĂšs plus de trente jours de diĂšte absolue ; d'autres Chiens dĂ©jĂ  grands, mais plus jeunes que ces derniers, ont vĂ©cu sept, dix, onze, quinze et vingt jours sans ali- ments {b. Des expĂ©riences analogues a Chossat, Op. cit., p. 4C0. b Magendie, Itapport fait Ă  V AcadĂ©mie des sciences au nom de la Commission dite de la gĂ©latine {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1841, t. Mil, p. 255. 160 NUTRITION. que la combustion respiratoire est beaucoup plus active cbez l'enfant que chez l'adulte, et s'affaiblit considĂ©rablement chez le vieillard. Ainsi, nous avons vu que dans des conditions ana- logues un enfant a consommĂ© par jour une quantitĂ© de carbone correspondant Ă  6 grammes pour chaque kilogramme du poids intĂ©gral de son corps, tandis que chez un adulte cette consom- mation diurne n'Ă©tait, proportionnellement au poids total de l'organisme, que de 3 grammes 1. La grande diminution dans le travail de mutation nutritive qui nous est dĂ©montrĂ©e par ces faits ressort Ă©galement de l'Ă©tude des produits de la sĂ©crĂ©tion urinaire. Ainsi, M. Leeanu a trouvĂ© que la quantitĂ© moyenne d'urĂ©e excrĂ©tĂ©e en vingt- quatre heures Ă©tait d'environ 28 grammes pour les Hommes adultes de vingt Ă  quarante ans, et d'environ 13 grammes pour des garçons de huit ans ; or le poids du corps augmente beau- coup plus que dans le rapport de 1 Ă  2 a dater de ce dernier Ăąge. Enfin, le mĂȘme chimiste a vu que la sĂ©crĂ©tion diurne de l'urĂ©e n'Ă©tait plus que d'environ 8 grammes chez des vieillards ; elle Ă©tait par consĂ©quent de beaucoup infĂ©rieure Ă  ce qu'il avait constatĂ© chez les enfants de huit ans, malgrĂ© la diffĂ©rence en sens inverse qui devait exister dans le poids total du corps '2. ont Ă©tĂ© constatĂ©es par Collard de Mar- tigny dans ses expĂ©riences sur les effets de l'abstinence chez les Lapins adultes et jeunes a. 1 Voyez tome II, page 56/j. 2 11 est Ă  regretter que dans ses recherches sur la sĂ©crĂ©tion journa- liĂšre de l'urine, M. Leçanu n'ait tenu un compte exact ni du poids des indi- vidus soumis Ă  ses expĂ©riences, ni de la quantitĂ© d'aliments qu'ils rece- vaient. Je dois ajouter que le dosage de l'urĂ©e contenue dans l'urine d'en- fants de trois ou quatre ans n'a pas donnĂ© des rĂ©sultats en accord avec la marche gĂ©nĂ©rale des phĂ©nomĂšnes in- diquĂ©s ci-dessus ; car la quantitĂ© abso- lue de ce produit excrĂ©menlitiel n'Ă©tait pas Ă©gale au tiers de celle fournie par les urines d'enfants de huit ans, et la diffĂ©rence dans le poids du corps est loin d'ĂȘtre dans la mĂȘme proportion b . a Collard de Marligny, Recherches expĂ©rimentales sur les effets de l'abstinence complĂšte Journal de physiologie de Magendie, 1828, t. VIII, p. 103. b Leeanu, Nouvelles recherches sur l'urine humaine Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1830, t. XII, p. 10G. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 161 Ces vues sont pleinement confirmĂ©es par les rĂ©sultais obtenus plus rĂ©cemment Ă  l'aide d'expĂ©riences dans lesquelles les pro- portions entre le poids total de l'organisme et le rendement journalier de l'appareil urinaire ont Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©es directe- ment. Ainsi, dans les recherches de M. Scherer, la quantitĂ© d'urĂ©e excrĂ©tĂ©e en vingt-quatre heures Ă©lait de 0sr,81 par kilogramme chez un jeune garçon de sept ans, et de 08r,ft2 chez un adulte de trente-huit ans. Dans une sĂ©rie d'expĂ©riences analogues faites par M. Rummel, la dĂ©croissance des produits urinaires Ă  mesure que l'Homme avance en Ăąge Ă©tait encore plus marquĂ©e. Ainsi, il y avait par kilogramme Grara. 1,08 chez un garçon de huit ans; 0,62 chez un jeune homme de dix-huit ans; 0,51 chez un homme de trente et un ans; 0,33 chez un vieillard de soixante-cinq ans. Des diffĂ©rences du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© constatĂ©es par M. Bischoff 1. §15. — La consommation dos matiĂšres organiques dĂ©pen- dant du mouvement nutritif diffĂšre aussi suivant les sexes, et elle llL1 sexe est beaucoup plus grande chez l'Homme que chez la Femme. Nous avons dĂ©jĂ  vu qu'Ă  poids Ă©gal, le corps fournit beaucoup plus d'acide carbonique chez les petites filles que chez les gar- çons, et qu'Ă  l'Ăąge adulte, l'inĂ©galitĂ© est encore trĂšs-grande, quoique modifiĂ©e par diverses circonstances dĂ©pendantes des fonctions de reproduction 2. La quantitĂ© des produits de la combustion physiologique qui s'Ă©chappent de l'organisme par les voies urinaires est Ă©galement beaucoup moins considĂ©rable chez la Femme que chez l'Homme 3. 1 Voy. ci-dessus page 155, note. M. Lecanu, la quantitĂ© d'urĂ©e excrĂ©- 2 Voyez tome II. page 565. tĂ©e en vingt-quatre heures Ă©tait, en 3 Ainsi , dans les expĂ©riences de moyenne, de 28 grammes pour les Influence Influence du volume du corps. Influence de l'activitĂ© musculaire. 162 NUTRITION. § 16. — Cependant, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, quand toutes choses sont Ă©gales d'ailleurs, l'activitĂ© vitale est en gĂ©nĂ©ral plus grande chez les petits Animaux que chez ceux dont le corps est plus volumineux, et, pour un mĂŽme poids de matiĂšre vivante, les premiers consomment plus d'oxygĂšne et brĂ»lent plus de carbone que les seconds. Cette inĂ©galitĂ© entraĂźne avec elle des diffĂ©rences correspondantes dans la proportion des produits excrĂ©mentitiels Ă©liminĂ©s de l'organisme, et dans celle des matiĂšres alimentaires nĂ©cessaires pour constituer la ration d'entretien. En Ă©tudiant les phĂ©nomĂšnes de la respiration, nous en avons dĂ©jĂ  eu des preuves 1, et lorsque nous nous occu- perons de l'engraissement de nos Animaux de boucherie, j'aurai Ă  signaler d'autres faits du mĂȘme ordre qui sont non moins significatifs 2. § 17. — Dans une prĂ©cĂ©dente Leçon, nous avons vu que le dĂ©veloppement de la force musculaire est accompagnĂ© d'une Hommes adultes , et seulement de 19 grammes pour les Femmes a. Nous avons vu ci-dessus que les re- cherches de M. Bischoff mettent encore mieux celte diffĂ©rence en lumiĂšre. Ainsi, dans le tableau qui reprĂ©sente les rĂ©sultats obtenus par ce physiologiste, on trouve que pour 1 kilogramme du poids total du corps il y avait journel- lement G 0,35 d'urce chez un homme de quaranle- cinq ans ; 0,28 d'urĂ©e chez une femme de quarante- trois ans 6. M. Beigel a trouvĂ©, pour 1 kilo- gramme du poids total, entre 0&',Z/i et 0^,51 chez l'Homme, et seulement de 0&r,39 Ă  0sr,_'i7 chez la Femme. La moyenne Ă©tait pour l'Homme 0*',Z6, et pour la Femme 0'r,ft2 c. 1 Voyez tome II, page 515. 2 En gĂ©nĂ©ral, les Animaux de petite taille supportent l'abstinence moins bien que les grands. Ainsi Redi, qui lit beaucoup d'expĂ©riences sur les effets de la faim, estima que les Rats ne peuvent vivre plus de trois jours sans aliments, tandis que les Chiens qu'il soumettait Ă  une diĂšte absolue, ne mouraient de faim que vers le trente-quatriĂšme ou mĂȘme le trente- sixiĂšme jour cl. a Lecanu, Op. cit. Ann. des sciences nat., 2e sĂ©rie, t. XII, p. 106. b Bischoff, Der Harnstoff als Maass des Stofl'wechsels, p. 25. c Beigel, Op. cit. Nova ActaAcad. nat. curios., 4 855, t. XVII, p. 500 et 501. d Redi, De Animalculis vins quƓ in corporibus Animalium vivorum reperiuntur observa- liones Opvsevlorum pars lertia, p. 1838, Ă©dit. de Coste, 1729. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 163 augmentation de la combustion respiratoire. En effet , nous avons trouvĂ© que chez les Insectes la quantitĂ© d'acide carbo- nique exhalĂ©, quand l'Animal fait des mouvements violents, est dans certains cas vingt-sept fois plus considĂ©rable que dans l'Ă©tat de repos ; et que chez l'Homme, la diffĂ©rence, quoique beaucoup moins grande, est encore trĂšs-notable car, dans les expĂ©riences de SĂ©guin, un Homme au repos n'a con- sommĂ© que 300 pouces cubes d'oxygĂšne, tandis que dans le mĂȘme espace de temps il en employait 800 pouces cubes, lorsqu'il faisait des efforts musculaires intenses i. Tout rĂ©cemment, de nouvelles recherches ont Ă©tĂ© faites sur ce sujet par M. Smith, et elles mettent encore mieux en Ă©vidence l'influence de l'action musculaire sur la combustion respira- toire. En effet, ce physiologiste estime qu'en vingt -quatre heures la quantitĂ© d'acide carbonique qu'il exhalait par les pou- mons Ă©tait, en movenne 28,8 onces ou environ 815 grammes pendant un repos complet; 33,43 ou 948 grammes quand il marchait et agissait de la maniĂšre ordinaire ; 45,7 ou 1293 grammes quand il effectuait un travail musculaire considĂ©- rable 2. Le rendement de la sĂ©crĂ©tion urinaire est Ă©galement aug- 1 Voyez tome H, page 531. carbonique exhalĂ©e par minute riait 2 Les recherches de \1. E. Smitli de 18,1 grains ou 1MG quand il furent faites Ă  l'aide d'un appareil marchait Ă  raison de 2 milles par qui, sans gĂȘner la respiration, per- heure , et s'Ă©levait Ă  25,83 grains mettait de recueillir et de doser la quand a accĂ©lĂ©rait le pas de façon quantitĂ© totale de vapeur d'eau et Ă  faire 3 milles ou prĂšs de 3 kilo- d'acide carbonique, qui s'Ă©chappaient mĂštres par heure; puis, quand il des poumons, ainsi que d'Ă©valuer le Ă©tait assis, la quantitĂ© du mĂȘme gaz volume de l'air qui passait dans ces Ă©tait d'environ 10 grains 0^,65; organes. enfin, lorsque Ă©tant couchĂ©, il Ă©tait Dans une de ses expĂ©riences faites Snis l'influence du sommeil, la quan- sur un Homme qui pesait 86k,8, et titĂ© correspondante tombait au-des- qui portait un appareil spiromĂ©trique sous de 5 grains ou 0gr32 a. pesant 3\400 , la quantitĂ© d'acide a E. Smith, ExpĂ©rimental Inquiries into Ihe Chemical and other Phenomena of Respiration Philos. Trans., 1859, p. 693. iGli NUTRITION. montĂ© par l'exercice musculaire. Ainsi, dans des expĂ©riences faites par M. Beigel, un Homme bien nourri, qui, en vingt- quatre heures n'excrĂ©tait que /i6 grammes d'urĂ©e quand il Ă©tait au repos, en fournissait 52sr,32 lorsqu'il faisait beaucoup d'exercice 1. 11 paraĂźtrait aussi que ce genre d'activitĂ© phy- siologique tend Ă  augmenter la puissance comburante de l'or- ganisme, et Ă  rendre plus complĂšte l'oxydation des matiĂšres brĂ»lĂ©es dans le travail nutritif; car M. Hammond a trouvĂ© que, sous l'influence de l'exercice musculaire, la proportion d'acide urique diminue dans l'urine, tandis que celle de l'urĂ©e aug- mente 2. 1 Lorsque la nourriture Ă©tait in- suffisante, la diffĂ©rence dĂ©terminĂ©e par l'Ă©tat de repos on d'activitĂ© muscu- laire n'Ă©tait que dans le rapport de 31 Ă  33 a. Dans des expĂ©riences comparatives faites sur des Chiens qui recevaient la mĂȘme ration, mais qui Ă©taient tantĂŽt au repos, d'autres fois astreints Ă  un travail musculaire fatigant, M. Voit a vu la quantitĂ© d'urĂ©e diffĂ©rer dans la proportion de 109*r,8 Ă  l\l\r,i, et mĂȘme 117^,2 6. 2 Voici les rĂ©sultats obtenus par ce physiologiste en expĂ©rimentant sur le mĂȘme individu POIDS DE L'URÉE. POIDS DE L'ACIDE UniQUE. 487 grains. 082 804,9 24,8 13,7 8,2 Se livrant Ă  un travail musculaire modĂ©rĂ©. . Le mĂȘme auteur a vu apparaĂźtre de l'urĂ©e dans l'urine d'un Boa qui Ă©tait dans un Ă©tat d'excitation, tandis que dans les circonstances ordinaires ce produit n'en contenait pas c. M. Bergholz a constatĂ© que l'acti- vitĂ© musculaire des membres infĂ©- rieurs est accompagnĂ©e d'une augmen- tation plus grande dans la production des matiĂšres urinaires que ne le sont les mouvements exĂ©cutĂ©s par les mem- bres thoraciques d ; et cette diffĂ©rence a Beigel, Op. cit. Nova Acta Acad. nat. curios., 1855, t. XVII. {b Voit, Untcrsuchungen iiber den Einfluss des Kochsahcs, des Koffees und der Muskelbeive- gunyen au f den Stofwechsel. Munich, 18G0. c Hammond, On the lielations existing betiueen Urea and Uric Acid The American Journal of MĂ©dical Science, 1855, t. XXIX, p. 119. d Bergholz, Ueber die Harnmenge bei Keivegung der unteren und oberen ExtremitĂ ten Archiv fur Anat. und Physiol., 1801, p. 131. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 165 D'aprĂšs les faits que nous venons de passer en revue, nous consĂ©quences , . ' ‱ i Ăź relatives pouvons prĂ©voir que lorsqu ou veut appliquer spĂ©cialement la ;. l'engraisse- , , . vii ment. matiĂšre alimentaire au dĂ©veloppement des tissus et a I accumu- lation de la graisse, il faut Ă©viter tout dĂ©ploiement de force mus- culaire, et, autant que cela est compatible avec l'entretien de la santĂ©, maintenir l'organisme dans un Ă©tat de repos profond, car la matiĂšre combustible qui serait dĂ©truite pour produire le mouvement serait perdue pour l'objet que l'on se pro- pose. La pratique a depuis longtemps conduit les agronomes Ă  reconnaĂźtre cette rĂšgle de zootechnie , et lorsqu'ils veulent dĂ©terminer une obĂ©sitĂ© rapide, ils condamnent Ă  une inaction aussi complĂšte que possible les sujets sur lesquels ils opĂšrent. § 18. — Le rĂ©gime exerce une influence plus grande sur la influence quantitĂ© des matiĂšres excrementitielles expulsĂ©es de 1 organisme par les voies urinaires. Chossat publia en 1825 une longue sĂ©rie d'expĂ©riences intĂ©ressantes sur ce sujet, mais il ne dĂ©termina pas directement le poids des divers produits de la sĂ©crĂ©tion rĂ©nale, et c'est dans ces derniĂšres annĂ©es seulement que des recherches Ă  ce sujet ont Ă©tĂ© faites avec toute la prĂ©cision dĂ©si- rable. NĂ©anmoins les expĂ©riences de Chossat montrent claire- ment que la quantitĂ© de ces substances urinaires croit avec la quantitĂ© des aliments, quand ceux-ci restent les mĂȘmes, et qu'Ă  poids Ă©gaux d'aliments, elle augmente Ă  mesure que le rĂ©gime devient plus riche en matiĂšres azotĂ©es 1. Plus rĂ©cemment pourrait bien dĂ©pendre d'une certaine gĂšne que la contraction des muscles moteurs du bras dĂ©termine dans le jeu de l'appareil respiratoire. I Dans une premiĂšre sĂ©rie d'expĂ©- riences qui dura dix jours, la nourri- ture consista principalement en pain, et le poids total des aliments Ă©tait en moyenne de 39 onces par jour. La moyenne diurne des matiĂšres urinaires Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par 390 grains. Dans une seconde sĂ©rie d'expĂ©- riences les aliments Ă©taient les mĂȘmes, mais leur poids Ă©tait de 60 onces par jour, et la moyenne diurne de l'excrĂ©- tion urinairc s'Ă©leva Ă  500 grains. Sous l'influence d'un rĂ©gime vĂ©gĂ©to- albumineux, la sĂ©crĂ©tion urinairc Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par 339 grains quand la quantitĂ© des aliments Ă©tait de '25 ou 23 onces par jour, et par 513 Ă  563 quand la mĂȘme ration pesait 30 onces. 166 NUTRITION. M. Lehmann, chimiste distinguĂ© de l'Allemagne, dont j'ai sou- vent Ă  citer les travaux, lit sur lui-mĂȘme une sĂ©rie d'expĂ©riences dont les rĂ©sultats sont encore plus significatifs, comme on peut s'en convaincre en jetant les yeux sur le tableau suivant, oĂč se trouvent rĂ©unies les moyennes obtenues par l'analyse des urines Ă©vacuĂ©es en vingt-quatre heures, sous l'influence de divers rĂ©gimes 1 RÉGIME. TOTAL des MATIÈRES FIXES. URÉE. ACIDE URIQUE. MATIÈRES EXTRACTIVES ET SELS. Aliments vĂ©gĂ©taux. . Aliments mixtes. . . RĂ©gime animal . . . Gram. 41,63 59,2/i 67,82 87,/iZi Gram. 15,408 22,481 32,496 53,198 Gram. 0,735 1,021 J,183 1,478 Gram. 17,139 19,312 12,746 7,314 M. Beigel a profitĂ© d'un mode de traitement adoptĂ© dans Enfin, lorsque le rĂ©gime Ă©tait essen- aliments, Chossat trouva que pour un tiellement animal , les produits uri- mĂȘme poids d'aliments secs, la sĂ©crĂ©- naires s'Ă©levĂšrent dans la proportion tion urinaire Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par de 339 Ă  534, quand le poids des ali- r . . ‱ 1 n-} - on ℱ„o ℱ->.. 16 Ă  19 crains avec le rĂ©gime panaire, ments lut porte de 23 a 30 onces par , , . „ "Ă  grains avec le rĂ©gime albumincux. jour. Pour un mĂȘme poids de matiĂšres La diffĂ©rence Ă©tait donc Ă  peu prĂšs alimentaires 1 once, la quantitĂ© de ma- ians ]e rapport de 1 Ă  4- tiĂšre urinaire, Ă©valuĂ©e comme dans les jc dois ajouter que le facteur va- expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes, varia dans riable dont Chossat se sert pour Ă©va- les proportions suivantes hier la sĂ©crĂ©tion urinaire est le produit de la multiplication du volume de RĂ©gime panaire 9,9 l'urine par la pesanteur spĂ©cifique de RĂ©gime -vĂ©gĂ©to-albumineux. . . 10,7 ce liquide , et que, pour arriver Ă  la RĂ©gime albumineux 13,6 connaissance de la quantitĂ© de ma- RĂ©gimevĂ©gĂ©io-fibiineux. . . . 14,2 ^.^ ^.^ excrĂ©tĂ©e&j g admet que RĂ©gime fibrine» H,3 ^ ^^ ^ ^ ^^ par un Enfin, en tenant compte de la quan- facteur constant 3 a, titĂ© d'eau contenue dans ces divers 1 Les aliments non azotĂ©s compo- a Chossat, UĂ©m. sur l'analyse des fonctions nrinaires {Journal de physiologie de Magendie, 1 825, t. V, p. 65. QUANTITÉ DES PRODUITS DE CE TRAVAIL. 167 quelques hĂŽpitaux de l'Allemagne, et appelĂ© hungerkur, pour faire des observations sur la quantitĂ© de matiĂšres urinaires sĂ©crĂ©tĂ©es journellement par l'Homme, sous l'influence d'un rĂ©gime extrĂȘmement sĂ©vĂšre ; et en comparant les rĂ©sultats ainsi obtenus avec ceux fournis par un individu dont l'alimentation Ă©tait abondante et trĂšs riche en matiĂšres animales, il a vu que la quantitĂ© d'urĂ©e Ă©tait en moyenne de 18 Ă  23 grammes dans le premier cas, et qu'elle s'Ă©levait de /i6 Ă  52 grammes dans le second cas 1. sant la ration dans la premiĂšre sĂ©rie d'expĂ©riences Ă©taient de la graisse, de l'amidon et du sucre. Les aliments vĂ©- gĂ©taux composaient la seconde espĂšce de ration. M. Ilaugbton de Dublin a fait Ă©ga- lement un certain nombre d'expĂ©- riences relatives Ă  l'influence du rĂ©- gime sur la quantitĂ© d'urĂ©e excrĂ©tĂ©e en vingt-quatre beurcs. Les principaux rĂ©sultats qu'il a obtenus sont rĂ©sumĂ©s dans les tableaux suivants a POIDS QUANTITÉ QUANTITÉ ACIDE ACIUC ACE DES INDIVIDUS. des corps. d'urine. d urĂ©e. liriqne. phospborique. RĂ©gime anin al. Ans. Livres. Onces. Grains. Grains. G [i - . N» 4. . . ... 37 120 34 465,00 1,02 47,14 N 2. . . . . . 35 120 69 677,25 11,88 43,28 V 3. . . . . . 18 120 52 644,69 1,04 40,78 V 4. . . ... 30 174 50 554,10 7,40 38,10 N' 5. . . ... 40 189 45 030,00 5,20 23,7 2 V 6 ... 40 145 41 484,30 0,71 29,43 RĂ©gime vĂ©gĂ©tal. N* 1. . . ... 03 173 70 307,50 0,50 30,00 03 132 81 578,81 0,71 32,47 N' 3. . . . . . 31 140 45 315,00 1,60 b 22,78 00 14'! 56 366,12 2,48 27,54 N* 5. . . , 31 14G 43 342,55 2,03 b 20,70 1 Le hungerkur, ou traitement par la faim, est quelquefois employĂ© dans les cas d'affections syphilitiques ; le malade ne reçoit qu'un quart de ration, composĂ© de soupe, de pain et de tisane sudorifique c. a S. Haui,'hton, On the Natural Contents of the Healthy Urine of Man The Dublin quar- terhj Journal of MĂ©dical Science, 1850, t. XXVIII, p. 5 et 6. b Dans ces deux cas l'acide urique Ă©lait mĂȘlĂ© Ă  de l'acide hippurique. c Beigel, Op. cit. Nova Acta Acad. mt> curios., 1855, t. XVII, p. 527. 168 NUTRITION. Je pourrais citer Ă©galement ici des recherches semblables Ă  celles de M. Lehmann, qui ont Ă©tĂ© faites par plusieurs physiolo- gistes, et qui ont fourni des rĂ©sultats analogues ; mais je prĂ©fĂšre passer tout de suite Ă  l'examen des faits obtenus par l'expĂ©ri- mentation sur les Animaux, car, dans ce cas, on peut intro- duire des diffĂ©rences plus grandes dans le rĂ©gime et le mieux rĂ©glementer. On doit Ă  MM. Bidder et Sehmidt un travail trĂšs- remarquable sur ce sujet. Ces physiologistes ont opĂ©rĂ© sur un Chat 1, et ils ont Ă©valuĂ© de la maniĂšre suivante, pour vingt* quatre heures, les principaux produits dont l'excrĂ©tion peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme donnant la mesure des transmutations, de matiĂšre dont l'organisme est le siĂšge dans diverses condi- tions de rĂ©gime. PRIVATION d'iilimenls solides ; eau Ă  discrĂ©tion. nourriture ordinaire sans eau. NOURRITURE ordinaire avec eau. ALIMENTATION la plus abondante possible, et eau Ă  discrĂ©tion. ExcrĂ©tion pulmonaire. Acide carbonique . Eau 16,30 15,00 21,32 17,08 ExcrĂ©tion urinaire et fĂ©cale. Eau UrĂ©e Substances inorganiques. Soufre Acide pliospborique . . . 55,47 1,237 0,225 0,041 0,071 23,49 3,050 0,461 0,090 0,178 20,32 15,36 50,59 2,958 0,441 34,88 14,70 67,72 5,152 0,760 0,140 ‱? L'accroissement de la combustion physiologique dĂ©pendante 1 Dans ces expĂ©riences, l'Animal de rĂ©gime, qui furent maintenues pen- fut placĂ©, autant que possible, dans les dant plusieurs semaines consĂ©cu- mĂšmes conditions, sauf les diffĂ©rences tives a. a Bidder et Sehmidt, Die Ycrdauungssaflc und der SI offwechsel, 1852, n. 345, RATION D'ENTRETIEN DE L'HOMME. 169 de l'introduction d'aliments dans l'Ă©conomie animale est Ă©ga- lement indiquĂ©e par les diffĂ©rences que l'on observe dans les quantitĂ©s d'acide carbonique exhalĂ©es en un temps donnĂ©. Je ne reviendrai pas ici sur les preuves que j'en ai dĂ©jĂ  fournies dans une des premiĂšres Leçons de ce cours l, et je me bornerai Ă  ajouter que dans les expĂ©riences rĂ©centes sur la respiration de l'homme, par M. Smith, des faits du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© constatĂ©s 2. § 19. — En rĂ©sumĂ©, nous voyons que les matiĂšres exerĂ©- RĂ©sumĂ©. mentilielles provenant, soit de la dĂ©composition des matĂ©riaux constitutifs de l'organisme, soit des substances alimentaires ou des composĂ©s auxquels celles-ci donnent naissance par leur association Ă  l'oxygĂšne que la respiration introduit dans le fluide nourricier, s'Ă©chappent de l'Ă©conomie animale, sous diverses formes, par trois voies principales la surface respiratoire, l'appareil urinaire et l'intestin; que les pertes effectuĂ©es de la sorte varient suivant les espĂšces, les individus et les condi- tions biologiques dans lesquelles ceux-ci se trouvent, mais qu'on peut Ă©tablir en principe gĂ©nĂ©ral que toujours elles sont dans un certain rapport avec le degrĂ© d'activitĂ© vitale dĂ©ployĂ© par l'Animal. Enfin, que tout ĂȘtre vivant, pour rester dans son Ă©tat normal, doit s'approprier chacun des Ă©lĂ©ments chimiques dont son corps se compose en quantitĂ©s Ă©gales Ă  celles de ces mĂȘmes matiĂšres qu'il expulse de son organisme. Pour connaĂźtre quels sont les besoins nutritifs de l'Homme Évaluation i -, t ‱ 1 , . i ''es l'esoins ou aun Animal quelconque dont la croissance est terminĂ©e et de rHomme. 1 Voyez lome IF, page 539. ['! M. Smith, en expĂ©rimentant sur lui-mĂȘme, fut conduit Ă  Ă©valuer en moyenne Ă  33,97 onces la quantitĂ© d'acide carbonique exhalĂ©e sous l'in- fluence d'un rĂ©gime ordinaire, et Ă  21,7/i cette mĂȘme quantitĂ© pendant une abstinence presque complĂšte pro- longĂ©e pendant plus de vingt-quatre heures a. a Smith, Un Uic Chemical and other l'henomena of Respiration Philos. Traus , 185a. p. 003 ut U'JUj. VI11. 12 DĂ©pense nutritive. 170 NUTRITION. dont le poids resle stationnaire, il surfit donc de connaĂźtre sa dĂ©pense physiologique, c'est-Ă -dire la quantitĂ© de chacun de ses clĂ©ments constitutifs qu'il perd en vingt-quatre heures, et de connaĂźtre la forme sous laquelle ces mĂȘmes Ă©lĂ©ments doivent se trouver associĂ©s dans sa ration quotidienne pour qu'il puisse les utiliser. Or, nous avons vu dans les prĂ©cĂ©dentes Leçons que celte dĂ©pense physiologique consiste principalement en carbone et en azote. Nous avons constatĂ© aussi qu'en gĂ©nĂ©ral, chez un Homme de taille ordinaire, l'exhalation pulmonaire verse journellement dans l'atmosphĂšre environ 700 grammes d'acide carbonique, quantitĂ© qui contient 207 grammes de carbone 1. D'autre part, on sait qu'en France la taille de l'Homme est en gĂ©nĂ©ral peu Ă©levĂ©e, et que le poids moyen de son corps peut ĂȘtre estimĂ© Ă  environ 6^ kilogrammes. Par consĂ©quent, il perd de la sorte, en vingt-quatre heures, Ă  peu prĂšs —— de son poids, ou, en d'autres mots, pour chaque kilogramme de son poids physiologique, il emploie environ 36%25 de carbone pour alimenter le travail excrĂ©toire dont ses poumons sont le siĂšge. Mais pour un Homme de grande taille, celte consom- mation de carbone serait plus considĂ©rable, et elle s'Ă©lĂšverait aussi si l'individu faisait un grand dĂ©ploiement de force mus- culaire 2. i Voyez iome II, page 506 et sui- vantes. 2 Celte Ă©valuation, qu'on ne doit considĂ©rer que comme une approxi- mation, concorde trĂšs-bien avec les rĂ©sultats fournis par les recherches rĂ©centes de M. Smith. Ce physiolo- giste a trouvĂ© que les quatre Hommes sur lesquels i! expĂ©rimenta devaient exhaler par les pouvons, en vingt- quatre heures, terme moyen, 7,1/ii onces, ou 203 grammes de carbone, Ă  l'Ă©tat de repos, et 8,63 onces, c'est-Ă - dire 245 grammes, quand ils se li- vraient Ă  un exercice modĂ©rĂ© ; enfin 11,7 onces, ou 331 grammes, quand le travail musculaire Ă©tait trĂšs-considĂ©- rable. On peut donc considĂ©rer l'exha- lation de 2/j5 grammes de carbone par jour, comme reprĂ©sentant l'Ă©tat nor- mal de ces individus ; et si l'on tient compte du poids du corps de ces per- sonnes, on voit que, pour une mĂȘme quantitĂ© de matiĂšre vivante, la combus- RATION DENTUETIEN DE l'hOMME. 171 En Ă©tablissant ce compte des dĂ©penses de l'organisme, nous ne devons pas oublier que l'appareil respiratoire n'est pas la seule voie par laquelle le carbone est expulsĂ© de l'Ă©conomie, et qu'il s'en trouve aussi dans les urines, ainsi que dans les pro- duits sĂ©crĂ©tĂ©s par l'appareil digestif, et Ă©vacuĂ©s avec le rĂ©sidu fĂ©cal laissĂ© par les aliments. Or, nous savons que, terme moyen, l'Homme excrĂšte, en vingt-quatre heures, environ 28 grammes d'urĂ©e 1, et que l'urĂ©e, dont la composition est reprĂ©sentĂ©e par la formule C*H*Az302, contient l/5e de son poids de carbone. L'organisme dĂ©pense donc journellement, sous la forme d'urĂ©e, environ 5gr,6 de ce dernier Ă©lĂ©ment, et si l'on tient compte du carbone contenu dans les autres produits organiques sĂ©crĂ©tĂ©s par les reins, matiĂšre dont le poids s'Ă©lĂšve Ă  environ 2 grammes par jour, et dont la composition ne s'Ă©loigne que peu de celle de l'urĂ©e, on arrivera Ă  un total d'environ G grammes, comme reprĂ©sentant les pertes en carbone attribuantes Ă  l'excrĂ©tion urina ire. La quantitĂ© de matiĂšres organiques provenant de la bile, des sucs intestinaux, et des autres produits que l'organisme verse dans le tube digestif et Ă©vacue sous la forme de fĂšces, est peu considĂ©rable ; clic ne s'Ă©lĂšve pas Ă  plus de 25 ou 30 gram- mes 2, et ne renferme qu'environ 15 grammes de carbone. Par consĂ©quent, en faisant la somme de la dĂ©pense physiolo- gique, on trouve que la quantitĂ© de carbone excrĂ©tĂ©e journel- lement est en moyenne d'environ 230 grammes 3. lion physiologique ne devait ĂȘtre que giques ordinaires, ces individus exha- la diffĂ©rente de ce qui a Ă©tĂ© admis ci- laienl donc par kilogramme du poids dessus. En clTet, les Hommes en ques- du corps 3sr,i de carbone a. lion Ă©taient de grande taille, et le poids 1 Voyez tome VII, page 514. moyen de leur corps s'Ă©levait Ă  72 ki- 2 Voyez tome VII, page 158, note. logrammes; dans les conditions biolo- o Ces Ă©valuations se rapprochent {a Smiil, On the Chemical and other Phenomena of Respiration {Philos. Trans., lBĂŽ'3, p. 003. 172 NUTRITION. La dĂ©perdition d'azote, comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, n lieu princi- palement par les voies urinaires. Pour 1 gramme de carbone, l'urĂ©e contient 2sr,33 de cet Ă©lĂ©ment, et par consĂ©quent les 28 grammes d'urĂ©e excrĂ©tĂ©s journellement emportent de l'organisme environ 17sr,S d'azote, quantitĂ© qu'il faut Ă©lever Ă  environ 19 grammes, si l'on veut y comprendre l'azote des autres matiĂšres urinaires. Les Ă©vacuations alvines entraĂźnent au dehors environ 2 grammes d'azote par jour 1, et par consĂ©quent la dĂ©pense totale de l'organisme peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e Ă  environ 21 grammes d'azote en vingt-quatre heures. D'aprĂšs ces donnĂ©es, nous pouvons prĂ©voir que, dans les circonstances ordinaires, l'Homme doit trouver dans sa ration quotidienne au moins 230 grammes de carbone et 21 grammes d'azote assimilables-, que si ses aliments ne lui fournissent pas sous une forme utilisable ce poids d'azote et de carbone, il vivra en partie aux dĂ©pens de sa propre substance, et le poids de son corps diminuera proportionnĂ©ment au dĂ©ficit nutritif. Si, au contraire, sa ration contient une quantitĂ© plus grande de ces mĂȘmes Ă©lĂ©ments, le surplus sera exerĂ©tç sous la forme de fĂšces, ou bien sera consommĂ© physiologiquement, et dĂ©termi- nera, soit un accroissement dans l'activitĂ© de la combustion nutritive et une augmentation proportionnelle dans les produits excrĂ©tĂ©s par les voies respiratoires et urinaires, soit une accu- mulation de graisse ou d'autres matiĂšres organiques dans l'in- beaucoup des rĂ©sultats obtenus par Dans une seconde sĂ©rie d'expĂ©- M. Barrai dans une sĂ©rie d'expĂ©riences riences faites pendant l'Ă©tĂ©, le poids faites sur lui-mĂȘme pendant l'hiver. des fĂšces, au lieu d'ĂȘtre en moyenne L'analyse des fĂšces donna par jour de 29 grammes par jour, s'est trouvĂ© Carbone 15,3 rĂ©duit Ă  17 grammes, et par consĂ©- ~ or- quent ces matiĂšres m renfermaient HydrogĂšne ~,o ' A*ote ... 28 qu'environ 9 grammes de carbone a. OxygĂšne 8,8 1 Voyez tome Vil, page 586. a Darrul, Statique chimique des Animaux, p. 218 et suiv. RATION D'ENTRETIEN DE L'HOMME. 173 tĂ©rieur de l'Ă©conomie, et une augmentation correspondante du poids du corps. Playfair, On the Food of Mail in diffĂ©rent Oondilims of Age and Bmploymsnt [Edinburgh new rhilosophical Journal, 1851, t. LVI, p. 206 . c J. D. Cochrane, Narrative of a Pedestrious ĂŻoumzy tkrough Russia and Siberian TaHary to ihe Froicn Sea, 1824, t. I, p. 255. d Parry, Journal of a second VoyagĂ© for the Discovery of a RjrtUwjsl from the Atlanticto the Pacific, perfortnĂ©d in the years 18-21, il, i'Ăą, p. 413. Ration alimentaire de divers Animaux. 184 NUTRITION. cription de leurs festins ne nous Ă©claire que peu sur leur con- sommation moyenne et pour ne pas donner d'idĂ©es fausses Ă  ce sujet, je me bornerai Ă  dire, d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, que dans les elimats trĂšs-froids, l'Homme a rĂ©ellement besoin de beaucoup plus de nourriture que dans les pays chauds 1. §23. — Nous ne savons que peu de eboses relatives Ă  la quantitĂ© de matiĂšres nutritives qui est nĂ©cessaire pour l'entre- tien de l'organisme de la plupart des Animaux, mais un grand nombre d'observations ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es touchant l'alimen- tation des espĂšees domestiques dont la production est un objet d'industrie rurale, et mĂȘme on a fait sur ce sujet quelques recherches expĂ©rimentales dont les physiologistes doivent tenir grand compte. Ainsi, M. Boussingault, dans ses Ă©tudes sur l'ali- mentation des Tourterelles, chercha Ă  dĂ©terminer le minimum d'aliments plastiques qui, associĂ© Ă  des aliments respiratoires en abondance, pouvait suffire au maintien du poids initial d'un de ces Animaux qui pesait 130 grammes, et il trouva que sa ration devait contenir au moins 31 centigrammes de matiĂšres albumi- 1 M. Scharling, aprĂšs avoir criti- quĂ© avec raison les assertions exagĂ©rĂ©es de beaucoup de voyageurs louchant la consommation des habitants des pays froids, me semble ĂȘtre tombĂ© dans un excĂšs contraire, en soutenant que dans les rĂ©gions circumpolaires l'Homme n'a pas besoin d'une ration alimentaire plus forte que dans la zone torride. Il s'appuie principalement sur des docu- ments qui lui ont Ă©tĂ© fournis par l'administration de la marine danoise, relatifs Ă  la consommation faite par l'Ă©quipage d'un navire qui a naviguĂ© successivement pendant plusieurs mois dans les mers du Nord et des Antilles, piĂšces d'oĂč il rĂ©sulterait que la ration journaliĂšre des Hommes Ă©tait notable- ment plus Ă©levĂ©e dans les rĂ©gions tro- picales que dans les rĂ©gions froides du globe a. Mais il me paraĂźt probable qu'il y avait lĂ  quelque cause d'erreur inaperçue par l'auteur de ce travail ; et je ferai remarquer Ă  ce sujet que le capitaine Itoss, qui a vĂ©cu beaucoup parmi les Esquimaux, dit positivement que la ration de viande qu'il leur four- nissait d'ordinaire Ă©tait six fois plus considĂ©rable que celle dont un Anglais se contenterait o. a Scharling, Forlsalte Forsotj for al bestemme den moingde Kulsyre ci Mcnncskc uJaander l 24 limer [Det Sclskables Aftiandlinuer, 18*5, l. M, p. 381. [b ItĂŽss, Narrative ofa second Voyage in Scarch ofa N. \V. Passage, p. U'J. RATION D'ENTRETIEN DES ANIMAUX. 185 noĂŻdes ; ce qui suppose l'azote alimentaire dans la proportion d'environ 31 milligrammes pour chaque kilogramme de l'ĂȘtre vivant 1. Des observations analogues, mais moins prĂ©cises, ont conduit ce savant Ă  considĂ©rer la nourriture des BƓufs et des Chevaux comme insuffisante, quand elle ne renferme pas des principes albuminoĂŻdcs dans les proportions de 200 ou mĂȘme 225 grammes pour 100 kilogrammes du poids du corps, tandis que pour les Porcs cette quantitĂ© relative descendrait Ă  environ l/iO grammes 2. Du reste, je ne cite ici ces rĂ©sultais pie pour montrer que, suivant toute apparence, la ration d'ali- ments plastiques requise pour l'entretien d'un mĂȘme poids de l'organisme varie considĂ©rablement suivant les espĂšces et les individus, aussi bien que suivant les conditions biologiques 3. 1 M. Boussingault a constatĂ© d'a- bord que la Tourterelle mise en expĂ©- rience Ă©tait parfaitement rationnĂ©e avec ih grammes de millet ; puis il diminua progressivement la quantitĂ© de ce grain, dans lequel il existe une proportion considĂ©rable de principes albuminoĂŻdcs, et il remplaça largement le dĂ©ficit par des aliments non azotĂ©s, tels que de l'amidon, du sucre et du beurre. Or, il a trouvĂ© que, sous l'in- Uiencc de ce rĂ©gime mixte, le poids initia] de l'Animal ne se soutenait plus lorsque la ration de millet lĂ»t rĂ©- duite Ă  lsr,5 par jour, bien que dans cette circonstance la quantitĂ© d'amidon et de beurre consommĂ©s suffisait am- plement pour satisfaire Ă  la dĂ©pense totale de carbone occasionnĂ©e par la respiration et les autres Ă©vacuations. Or, ier,5 de millet renferme 0,31 de principes albuminoĂŻdes, et par consĂ©- quent M. Boussingault en conclut que ce poids d'aliments azotĂ©s Ă©tait insuf- fisant pour l'entretien de l'organisme de cet Animal, dont le poids Ă©tait de lo0 grammes, quelle que fiU l'abon- dance des aliments carbo-bydrogĂ©nĂ©s, mais non azotĂ©s a. '2 M. Boussingault, sans s'expli- quer formellement sur la quantitĂ© d'aliments plastiques dont ces Ani- maux ont besoin pour maintenir leur corps au mĂȘme poids, dit que la ration quotidienne lui parait ĂȘtre insuffisante quand l'albumine ou la lĂ©guniine qui s'y trouve tombe au-dessous de 1 ,20 pour une Vaclic laitiĂšre pesant 000 kilo- grammes. 1,00 pour un Cheval de travail pesant 500 ki- logrammes. 0,00 pour un Cheval pesant 400 kilogrammes. 0,12 pour un Porc pesant 85 kilogrammes 6. 3 J'ajouterai cependant, Ă  titre de renseignement, que, suivant M. de o Boussingault, Économie rurale, 2. M. Boussingault a remarquĂ© que les hĂšles bovines qui, dans ses Ă©lablcs, recevaient une ra- tion de sel, avaient le poil plus lisse et plus beau que les autres c. 1 Il est cependant Ă  noter que, d'aprĂšs les expĂ©riences faites par M. Barrai sur des Moutons, le sel pa- raĂźt avoir augmentĂ© la sĂ©crĂ©tion uri- naire, non-seulement d'une maniĂšre absolue, mais aussi proportionnĂ©menl Ă  la quantitĂ© d'eau employĂ©e comme boisson. Sous l'influence du rĂ©gime salĂ©, cet auteur a trouvĂ© aussi que la proportion d'azote excrĂ©tĂ©e par les voies urinaires Ă©tait beaucoup plus considĂ©rable que sous L'influence du rĂ©gime ordinaire d. '2 Pour Ă©tudier L'influence que l'eau exerce sur le travail nutritif, chez L'Homme, M. BĂŽker fit sur lui- mĂȘme une sĂ©rie d'expĂ©riences dans lesquelles, aprĂšs avoir constatĂ© quelle Ă©tait la quantitĂ© d'aliments nĂ©ces- saire pour maintenir sans variations le poids de son corps dans lis circon- stances ordinaires, il continua ce rĂ©- gime, mais en variant la quantitĂ© d'eau employĂ©e comme boisson. Pen- dant une semaine il ne prit journelle- ment que l'2j0 grammes de ce liquide, et pendant une autre pĂ©riode de mĂȘme durĂ©e il en prit oOfiO grammes par jour. Sous l'influence de cette ingur- gitation considĂ©rable de liquide le besoin d'aliments se fit sentir davan- a Milnc Edwards, Rapport sur la production et l'emploi du sel, p. 73. 0\ Delafond, Sur l'emploi du sel marin dans l'Ă©conomie des Animaux domestiques MĂ©m. de la SociĂ©tĂ© centrale d'agriculture, 1849, 1" partie, p. 385. c Boussingault, Recherches entreprises pour dĂ©terminer l'influence que le sel ajoutĂ© Ă  la ration exerce sur le dĂ©veloppement du bĂ©tail Ann. de chimie, 1847, t. XIX, p. 117 ; t. XX, p. 113, et t. XXII, p. 110. .V> kilo- grammes, celte mĂȘme consommation Ă©tait de 58 kilogrammes. Enfin, chez un troisiĂšme individu qui pesait 555 kilogrammes, elle n'Ă©tait que de 50 ki- logrammes, ce qui donne pour chacun de ces Animaux 90 grammes par kilo- gramme du poids total du corps. Chez des Vaches, cette consommation d'eau tait dans la proportion de 120 gram- mes par kilogramme du poids de ra- nimai c. Le mĂȘme auteur Ă©value Ă  150 gram- mes pour chaque kilogramme du poids de l'Animal la quantitĂ© d'eau qui entre dans la ration d'un Porc, tandis que cette proportion ne s'Ă©lĂšverait, d'aprĂšs ses calculs, qu'Ă  6S ou mĂȘme Ă  63 seulement chez les Moutons. 3 Quelques auteurs ont Ă©valuĂ© la quantitĂ© des boissons par rapport Ă  celle des aliments. Ainsi Sanctorius a cru pouvoir Ă©tablir que, normalement', {a Boussingault, Analyses comparĂ©es des aliments consommĂ©s cl des produits rendus par vu Clu val soumis Ă  In ration d'entretien An»', de chimie et de. physique, 1839, i. LXXF, p. 131;. M Allibert, Alimentation des Animaux domestiques, 1S0-J, p. 101. ! M, m, 0\ . er., p. -10j. 196 NUTRITION. Ainsi que chacun le sait, la privation des boissons occa- sionne Ă  l'Homme des souffrances trĂšs-vives ; il en est de mĂȘme pour la plupart des autres Animaux. Mais les effets de ce genre d'abstinence ne sont pas aussi graves qu'on pour- rait le croire au premier abord , et lorsque les aliments organiques nĂ©cessaires pour constituer la ration d'entretien manquent, la mort est souvent accĂ©lĂ©rĂ©e plutĂŽt que retardĂ©e par le libre usage de l'eau ; ce qui s'explique facilement par l'augmentation des pertes par excrĂ©tion que dĂ©termine le pas- sage d'une quantitĂ© considĂ©rable de ce liquide par les voies urin aires 1. § 27. — Nous venons de passer en revue les principales circonstances qui influent sur la consommation nutritive de l'Homme adulte ; nous avons cherchĂ© aussi Ă  dĂ©terminer la quantitĂ© de chacun des principaux Ă©lĂ©ments chimiques que le corps humain a besoin de s'approprier. Mais les no- tions acquises de la sorte ne peuvent nous suffire, et pour complĂ©ter nos Ă©tudes relatives Ă  la nutrition de l'Homme pour un partie d'aliments solides , mais les Lapins qui, en Ă©tant soumis l'Homme buvait normalement plus de Ă  l'inanition , se trouvaient privĂ©s trois parties en poids d'eau ; suivant d'eau, ont vĂ©cu notablement moins Cornaro, cette proportion serait comme longtemps que ceux qui buvaient Ă  1 1,16, et suivant Robinson, comme discrĂ©tion. Par l'ingestion forcĂ©e d'une 1 2,5 a. certaine quantitĂ© d'eau dans l'esto- 1 Ainsi, dans des expĂ©riences sur mac des Animaux privĂ©s d'aliments, ce sujet, faites par Cbossat sur des Chossat a vu la vie ĂȘtre abrĂ©gĂ©e Tourterelles, la mort est arrivĂ©e plus d'une maniĂšre trĂšs-remarquable. Ceux promptement cbez les individus qui qui Ă©taient soumis Ă  cette ingestion buvaient de l'eau Ă  volontĂ© que cbez n'ont vĂ©cu , terme moyen, que sept ceux qui en Ă©taient privĂ©s. Pour les jours, tandis que ceux qui Ă©taient Pigeons, la durĂ©e de la vie a Ă©tĂ© Ă  privĂ©s d'eau ne sont morts qu'au bout peu prĂšs la mĂȘme dans les deux cas; de onze jours d'abstinence 6. a Voyez Bimlach, TraitĂ© de physiologie, t. IX, p. 287. 6 Chossat, Recherches expĂ©rimentales sur l'inanition MĂȘm. de l'Acad. des sciences, Savants Ă©trangers, 1843, t. VIII, p. 501. RATION D'ENTRETIEN DE LHOMMH. 197 et des Animaux, il nous faut encore chercher sous quelle forme ces matiĂšres doivent ĂȘtre fournies Ă  l'organisme, et approfondir davantage l'histoire physiologique des substances alimentaires c'est ce que nous ferons dans la prochaine- Leçon . SOIXANTE -DIXIÈME LEÇON. Suite de l'Ă©tude des phĂ©nomĂšnes de nulrition. — De la voleur nutritive des divers aliments. valeur § \ . — 11 a suffi de l'observation journaliĂšre pour faire rc- nulrilivc A , .. , ai/ des aliments, connaĂźtre que tous les aliments ne possĂšdent pas au mĂȘme degrĂ© la puissance nutritive, et, lorsque les agronomes ont voulu donner Ă  la zootechnie des bases scientifiques, ils ont compris que pour l'Ă©conomie rurale il importait de connaĂźtre avec au- tant de prĂ©cision que possible les diffĂ©rences qui peuvent exister Ă  cet Ă©gard entre les diverses substances dont ils com- posent la ration de leurs Animaux domestiques. Les physiolo- gistes ont attachĂ© aussi beaucoup d'intĂ©rĂȘt Ă  la solution des questions de cet. ordre, et les personnes qui s'occupent d'Ă©co- nomie sociale et d'administration publique n'ont pu y rester indiffĂ©rentes. Aussi, depuis une vingtaine d'annĂ©es, des recher- ches expĂ©rimentales fort nombreuses ont Ă©tĂ© faites sur ce sujet, et l'on a cherchĂ© Ă  dĂ©terminer avec prĂ©cision, d'une part, quels sont les besoins nutritifs de l'Homme et des Animaux que nous Ă©levons pour notre service; d'autre part, quelle est la valeur physiologique relative des diffĂ©rents aliments. M. Boussin- gault fut un des premiers Ă  tenter la construction d'une table d'Ă©quivalents nutritifs, et d'importants travaux relatifs Ă  l'ali- mentation de l'Homme ont Ă©tĂ© faits plus rĂ©cemment par plu- sieurs chimistes, au nombre desquels je placerai en premiĂšre ligne M. Liebig. Propoi-iion L'eau se trouve en si grande abondance dans la nature, qu'en contenue gĂ©nĂ©ral la valeur vĂ©nale de la quantitĂ© de ce liquide dont un tes divers Homme ou un Animal a besoin pour sa boisson est pour ainsi aliments. ,. ,, , , .. . 1 1 ' i dire nulle, et qu on n en tient aucun compte dans les Ă©valua- VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 199 tions dont il est ici question. Lorsqu'on veut comparer entre eux la puissance nutritive des divers aliments, il faut donc dĂ©- terminer tout d'abord la proportion d'eau que ces corps peu- vent contenir, et les considĂ©rer que comme s'ils Ă©taient Ă  l'Ă©tat sec, bien que cĂšne soit jamais ainsi qu'on en lasso usage. Dans les premiers essais faits par les chimistes pour apprĂ©cier la va- leur physiologique des substances alimentaires, on se contenta des donnĂ©es obtenues de la sorte et effectivement, quand il s'agit seulement de matiĂšres qui, par leur nature, se ressemblent beaucoup entre elles, on "peut arriver ainsi Ă  des approxima- tions satisfaisantes dans beaucoup do cas [1 mais lorsqu'on veut approfondir l'Ă©lude thĂ©orique de ces questions, il faut nĂ©- cessairement tenir grand compte de la composition el des pro- priĂ©tĂ©s de la portion solide des aliments, aussi bien que de leur quantitĂ©. 1 En 1818, le minisire de L'intĂ©- rieur voulant s'Ă©clairer sur la valeur nutritive des diverses substances cm- ployĂ©cs pour l'alimentation des dĂ©te- nus, a tressa Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine de P uis une sĂ©rie de questions Ă  ce sujet, et, pour \ rĂ©pondre, Vauquclin »i Percj dosĂšrenl la quantitĂ© d'eau etla proportion de matiĂšres extractives con- tenues dans un certain nombre de c. J'ajouterai que M. Lawes et Gilbert ont dĂ©terminĂ© la proportion d'eau contenue dans les diffĂ©rentes pal- lies du corps des animaux de bou- cherie c. la Percj et Vauquelin, Rapport fait Ă  la l'acuitĂ© de mĂ©decine le 9 avril 1815 Bulletin Foi ut. VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 205 Ăźl est Ă©vident que dans l'Ă©tude thĂ©orique des aliments il faut tenir grand compte de la quantitĂ© d'oxygĂšne que ces corps renferment; car leur valeur comme combustible diminue pro- portionnellement Ă  cette quantitĂ©, puisque cet Ă©lĂ©ment com- burant s'y trouve dĂ©jĂ  Ă  l'Ă©tat de combinaison avec un ou plusieurs des autres Ă©lĂ©ments constitutifs de la matiĂšre orga- nique dont il neutralise la puissance comme agent combustible. Ce n'est donc pas la proportion totale de l'hydrogĂšne ou du carbone contenus dans un aliment qui inllue sur sa puissance nutritive, mais la quantitĂ© de l'un et de l'autre de ces Ă©lĂ©- ments qui se trouve en excĂšs, lorsqu'on suppose que la totalitĂ© de l'oxygĂšne avec lequel ils sont associĂ©s est employĂ©e Ă  les transformer en eau ou en acide carbonique. Ainsi, le sucre tre individu nourri de pain cl de gĂ©- latine pendant trente-quatre jours perdit 20J grammes de son poids, et dans un Ă©gal espace de temps il perdit /16/1 grammes lorsqu'il Ă©lait mis au rĂ©gime du pain el de l'eau seulement. Enfin, dans d'autres expĂ©riences, ces pin siologislcs constatĂšrent qu'un Chien nourri avec du pain el de la gĂ©latine assaisonnĂ©s de quelques cuillerĂ©es de bouillon bien sapide gagna en quinze jours 1618 grammes. Or, dansĂ©e cas, la quantitĂ© pondĂ©rale de matiĂšre alimentaire, autre que la gĂ©latine que renfermait le bouillon, Ă©tait insigni- fiante, et aurait Ă©tĂ© Ă©videmment in- suffisante pour maintenir l'organisme Ă  son poids initial, si elle avait Ă©lĂ© ad- ministrĂ©e seule it Ă©gale a 100 grammes, et j'ajouterai que, pour Ă©valuer approximativement la quantitĂ© de matiĂšres albuminoĂŻdes qu'ils contiennent, il suffit de multi- plier par 0,5 le poids de l'azote obtenu. Ă©lĂ© constatĂ© expĂ©rimentalement par HM. Lawes et iilbert. En employant comparativement l'amidon ei le sucre de canne pour l'alimentation des Porcs, ces agronomes ont vu que pour des poids Ă©gaux de ces matiĂšres supposĂ©es Ă  l'Ă©tat sec, il \ avait Ă©galitĂ© dans l'accroissement du poids du corps /.' . 1 M. Wa\ a fait une sĂ©rie de re- cherches sur les proportions d'eau, de suhstances azotĂ©es et de matiĂšresgrĂąs- ses contenues dans diverses espĂšces d'berbages employĂ©es pour l'alimen- tation des hestiaux en Angleterre. La quantitĂ© d'eau varia entre 57 et 87 pour 100 la proportion de principes albu- minoĂŻdes Ă©tait en gĂ©nĂ©ral de 3 Ă  h pour 100, mais dans quelques cas elle tomba Ă  2 pour 100, et dans d'autres elle s'Ă©leva jusqu'Ă  lo,9 pour 100; celle des matiĂšres passes varia entre 1,50 et 0,52 ; celle des matiĂšres amylacĂ©es ou sucrĂ©es varia entre 3,98 et 22,6 ; enfin, le dosage des matiĂšres minĂ©- rales donne de 0,52 Ă  4,17 pour 100. Dans une autre sĂ©rie d'expĂ©rien- ces, M. W'.iv dĂ©termina la proportion d'azote contenue dans ces mĂȘmes four- rages 6. a Lavvcs and Gilbert, On the Equivalency of Statcli and Sugar in food Report of the 24th meeting of the British Association held in 1854, p. 4-21. b Way, On Vie relative Nutritive and Fattening Properties of diffĂ©rent natural and artificial Grasses Journal of the 11. Agrieultural Soc. of England, 1 S 5 3 , t. XIV, \>. 171. 208 NUTRITION, NOMS DES ALIMENTS. Viande sans os ƒufs blanc et jaune ensemble Lait de Vache Lait de ChĂšvre Fromage de Brie Fromage de GruyĂšre Chocolat FĂšves Haricots Lentilles Pois BlĂ© dur du Midi BlĂ© tendre Farine blanche de Paris . . . Farine de seigle Orge d'hiver, ou escourgeon. MaĂŻs Sarrasin Riz Gruau d'avoine Pain blanc de Paris Pain de munition nouveau . Pain de farine de blĂ© dur. . . ChĂątaignes ordinaires ChĂątaignes sĂšches Pommes de terre Carottes Figues fraĂźches Figues sĂšches Pruneaux Lard Beurre ordinaire frais. . . . Huile d'olive AZOTE. CARBONE Gram. 3 1, 0,66 0,69 2,25 5 1,52 4,50 3,88 3,75 3,50 3 1,81 l,6/i 1,75 1,90 1,70 1,95 1,08 1,95 1,08 1,20 2,20 0,64 1,04 0,24 0,31 0,41 0,92 0,73 1,18 0,04 0,00 Gram. il 12,50 7 7,60 24,60 36 48 40 41 40 41 10 39 39 41 40 44 40 43 41 29,50 30 31 35 48 10 5,50 15,50 34 28 61,14 67 77 GRAISSE. Grain. 2 7 3,70 4,10 5,56 24 26 2,10 2,80 2,65 2,10 2,10 1,75 1,80 2,25 2,20 8,80 2 0,80 6,10 1,20 1,50 1,70 4,40 6 0,10 0,15 0,00 0,00 0,00 71 82 86 EAU. Gram. 78,50 80 86,50 83,60 58 40 15 12 12 10 12 14 14 15 13 12 12 13 13 36 35 37 26 10 74 88 66 25 26 20 14 9 J Je dois ajouter que les nombres dĂ©signĂ©s dans le tableau ne sont pas rigoureusement applicables Ă  toutes les variĂ©tĂ©s de grains ou de lĂ©gumineuses d'une mĂŽme espĂšce, car la compo- sition de ces plantes est sujette Ă  quelques variations suivant les conditions dans lesquelles la culture en a Ă©tĂ© faite ; mais ici nous n'avons besoin que d'approximations. Quant Ă  la proportion du soufre et des autres matiĂšres inorganiques contenues dans les aliments, les diffĂ©rences sont si faibles, qu'il est rarement nĂ©- cessaire d'en tenir compte dans l'Ă©valuation de la valeur nutri- VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 209 tive des rations. Du reste, le dosage en a Ă©tĂ© tait par divers chimistes 1. Il est Ă©galement Ă  noter que, dans un grand nombre de sub- stances alimentaires employĂ©es par les agriculteurs pour la nourriture des animaux de ferme, il existe, en proportions plus ou moins fortes, des matiĂšres organiques qui, d'ordinaire, ne sont digĂ©rĂ©es que d'une maniĂšre incomplĂšte, et sont Ă©vacuĂ©es 1 Voici, par exemple, les rĂ©sultats obtenus d'une longue sĂ©rie d'analyses faites par M. Horsford a. HATIKHES ANALYSÉES. Farine de froment de Vienne, n* 1 . . Farine de froment do Vienne, n° 2 . . Farine de froment de Vienne, n" 3 . . Froment de Talavera, de llulienheiin . . Froment de \Vhillingten, do Hohenheim Froment de Sandomir, de ilolienlieiin. . Farine de seigle de Vienne, n* 1. . . . Farine de seigle de Vienne, n* 2. . . . Seigle Staudenrogen de Hohenheim. . Seigle Schilfrogen de Hohenheim . . . Polenta de Vienne Mais de Hohenheim Avoine de Orge de Hohenheim Orge d'hiver de Hohenheim Avoine du Kamtchatka, de Hohenheim . Avoine blanche de Hohenheim Riz ordinaire Farine de sarrasin de Vienne Sarrasin tarlare de Hohenheim Pois verls de Vienne Pois de Giessen Haricots de Vienne FĂšves Lentilles Pommes de terre blanches Pommes de terre violettes Carottes Betteraves Radis Tnrneps jaunes. Choux Oignons . . . . 3,00 2,12 3, il 2,59 3,68 3,69 1,87 2,93 3,78 2,17 2,14 2,30 2,31 2,79 2,39 2,82 1,16 1,08 1,50 4,42 4,57 1,47 4,59 4,77 1,56 1,20 1,67 2,43 1,81 1,45 1,78 1,18 0,23 15 1 5 18 19 19 13 21 IS 18 15 10 15 10 20 17 20 08 07 H 14 14 14 I i 15 H 08 12 17 13 10 14 y. u , -= 0,70 19,10 0,86 13,54 1,10 21,97 2,80 16,54 3,13 17,11 2,40 17,18 1,33 1 1 ,94 1,07 18,71 0,80 17, 2,37 15,77 0,86 13,66 1,93 14,08 2,01 13,33 2,84 14,74 5,53 17,81 3,36 15,26 4,14 18,00 0,3G 7,40 1,09 G,89 2,30 9,90 3,18 38,03 3,79 29,18 ,38 28,54 4,01 29,31 30,40 3,71 9,90 3,30 7,66 5 , 7 7 10, GG 0,43 15,50 5,02 11,50 4,01 9,25 7,02 12,04 8,53 7,53 79,77 85,37 78,03 80,78 78,58 78,89 85,65 78,97 80,80 63,67 84,90 84,52 84,52 84,80 80,04 80,05 83,08 91,00 91,52 90,38 07,31 00,22 G0, 70 00,17 05,00 80,30 88,20 84,59 73,18 78,49 90,32 81,33 13,85 13,05 12,73 15,43 13,93 15,48 13,78 14,08 13,94 13,30 14,90 1 i,iu 16,79 13,80 12,71 12,94 15,14 15,12 14,19 13,43 19,50 13,41 15,80 13,01 74,95 08,94 80,10 81,01 82,25 83,28 87,78 93,78 a Horsford, Ueber dm Werth verschiedener vegetabilischer Nahrungsmittel, hergeleitet aus ihrem Stickstolfgehalt Ann. ier Chemie und Pharm., 1848, t. LVIH, p. 166. ^10 NUTRITION. au dehors sans avoir servi Ă  l'entretien de l'organisme. Il est donc utile de connaĂźtre la quantitĂ© de matiĂšres rĂ©ellement uti- lisables que ces aliments renferment, et dans cette vue on peut consulter avec avantage les analyses dans lesquelles on a dosĂ© la quantitĂ© de principes amylacĂ©s contenus dans ces corps 1. Pour montrer l'Ă©tendue des diffĂ©rences qui peuvent exister Ă  cet Ă©gard entre diverses substances alimentaires dont on fait souvent usage pour la nourriture de nos Animaux domestiques, il me suffira de citer ici un petit nombre d'exemples. Ainsi les l Dans les analyses Ă©lĂ©mentaires ordinaires des substances alimentaires vĂ©gĂ©tales, on dose en bloc la totalitĂ© du carbone provenant de la cellulose, delĂ  cire et d'autres matiĂšres plus ou moins indigestes, aussi bien que celui fourni par les principes amylacĂ©s ou Amidon de haricots pur. Farine de fronienl, n° 1. Farine de froment, n° 2. Farine de froment, n" 3. Froment de Talavera. . . Farine de seigle, n° 1 . . Farine de seigle, n° 2. . Farine de seigle, n" 3. . Seigle {Staudenrogen . . Seigle Schilfi'ogen . . . Avoine des prairies . . . Avoine du Kamtchatka. . Farine d'orge Orge Orge de JĂ©rusalem. . . . Farine de sarrasin .... Sarrasin Farine de mais MaĂŻs Epeautre Riz FĂšves Pois Lentilles sucrĂ©s. Dans les analyses dont les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© consignĂ©s dans le tableau suivant, M. Kroker a dĂ©terminĂ© la proportion de ces derniĂšres sub- stances carbo-bydrogĂ©nĂ©es digestibles qui se trouvent dans 100 parties de matiĂšres sĂšches a. NUMERO 1. » 77,74 05,88 55,51 85,75 37,71 38,81 39,02 NUMERO 99,90 » 05,21 00,10 00,93 07,42 57,70 57,21 55,92 50,59 01,20 00, 5G 54,88 54,12 57,07 57,77 44,39 44,80 47,71 47,13 37,93 39,55 40,17 04,03 04,18 38,02 37,99 42, 0G 42,03 » 00,80 53,70 80,03 37,79 38,70 40,08 a Krocker, Bestimmiimj des StĂ rkmchlgehaltes in vegetabUischen Nahrungsmitteln. Ami 1er Chem. und Pharm., 1848, t. LV1II, p. 212. VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 211 agronomes Ă©valuent Ă  300 grammes la quantitĂ© de substances indigestes contenue dans 1 kilogramme de paille d'avoine; Ă  220 la quantitĂ© des mĂȘmes matiĂšres contenue dans le mĂȘme poids de luzerne sĂšche; Ă  17 grammes le rĂ©sidu digestif de 1 kilo- gramme de feuilles de betteraves, et Ă  k grammes seulement ce mĂȘme rĂ©sidu laissĂ© par la digestion de 1 kilogramme de pommes de terre jaunes. En gĂ©nĂ©ral, ces diffĂ©rences dĂ©pendent principalement du degrĂ© d'agrĂ©gation molĂ©culaire des tissus, et le dĂ©chet nutritif est d'autant moindre, que la proportion d'eau contenue dans la substance vĂ©gĂ©tale est pins Ă©levĂ©e. Mais on ne peut pas toujours juger de la digestibilitĂ© de ces aliments par des considĂ©rations de cet ordre; car la Betterave Ă  sucre, par exemple, contient plus d'eau pie les pommes de terre dont je viens de parler, et cependant 'lie fournit six fois pins de ma- tiĂšres indigestes 1. 1 M. Allibert, professeur Ă  l'Ă©cole tragriculture do GrignoQ, en traitant des rations Ă©quivalentes pour l'alimen- tation des Animaux domestiquĂ©e, a donnĂ© un tableau dans lequel toutes ces indications se trouvent rĂ©unies. L'intĂ©rĂȘt qui s'attache aux connais- sances de cet ordre me dĂ©termine Ă  reproduire ici ce document. Tableau de la composition des a liments pour 1 kilog ranime. te 11 a en M 2 RAPPORT ‱r. a 5 NOMS h o if. V. t/j B O du ^ d f- o o=r m te a. z'. O des ALIMENTS. r. Z ~ g '= li vsioloai rue des aliments ne entre / ' ... des matiĂšres dĂ©pend pas sculeiiieiit de leur composition chimique ; elle est isomĂ©riques. , subordonnĂ©e aussi Ă  leur mode d'arrangement molĂ©culaire et Ă  leur degrĂ© d'absorbabilitĂ©. L'influence exercĂ©e par le mode de groupement des atomes constitutifs d'un corps sur sa valeur nutritive a Ă©tĂ© mise en lu- miĂšre de la maniĂšre la plus Ă©vidente par les recherches expĂ©- rimentales de M. Pasteur, relatives aux diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de l'acide tarlrique. En effet, ce chimiste habile a constatĂ© que NOMS des u a a s ‱ w3 0 0 > 0 11 m 00 ^ WD V M CD b B C 1 O - Cl es S > N 5." ALIMENT S. r. Si 5 OU 3 Il APPORT QQ .1 3 1 3 — Cfi — 0 a du NOMS 3 k3 ta j 130 57 9 / 86 3 720 52 115 Racines et tubercules. 28 9 116 49 0,10 8 66 820 25 250 15 16 8 5 6 3 109 82 57 40 31 24 i," 2 .1 1,0 53 42 29 9,6 5 9 KIlO 883 920 8 10 3 479 400 88 V Navets jaunes 19 7 115 48 o 57 / 850 5 383 16 11 25 6 4 9 [08 70 202 45 29 sr, 0,5 2 1,2 0,1 1,' 53 33 90 7,7 7 9,1 801 910 759 4 3 4 400 076 287 l'ommes de terre jaunes 11 25-2 100 2 1,0 119 10 "00 h 230 O 8 8 5 101 53 27 08 22 il n 9 0,5 2 7 0,4 78 37 10 9 4 2 792 901 945 12 6 10 348 311 i 548 23 13 10 4 125 53 0,5 15 par heure [a. il est aussi Ă  Doter que dans les ex- pĂ©riences, de. Magendie , des Cbiens nourris avec b- la fibrine seulement en consommĂšrent beaucoup, mais nĂ©an- moins prĂ©sentĂšrent tous les signes d'une alimentation insuffisante, et l'un de ces Animaux mourut d'inanition au bout de deux mois 6. a Boussingaull, ExpĂ©riences statiques sur la digestion Ann. de chimie el de physique, 3- sĂ©rie, IS4G, I. Wlll, p. 473. ib Magendio, liapporl sur la gĂ©latine [Comptes rendus de l'AcadĂ©mie des sciences, 1841. l XIII, p. -272. VIII. 15 218 NUTRITION. Ă©videmment applicables qu'aux cas particuliers qui les ont fournis, et de ce que les Canards ne sauraient vivre de fibrine ou d'albumine seulement , il ne faudrait pas conclure qu'il n'existe pas d'autres Animaux pour lesquels l'une ou l'autre de ces substances serait un aliment suffisant. Mais les faits que nous venons de passer en revue n'en ont pas moins une grande portĂ©e, car ils nous montrent que l'efficacitĂ© de toute ration ali- mentaire est subordonnĂ©e Ă  trois choses Ă  la composition chi- mique des substances dont elle est formĂ©e ; Ă  la rapiditĂ© plus ou moins grande avec laquelle l'absorption s'en effectue, et Ă  la grandeur des besoins nutritifs de l'animal. Ainsi, on conçoit facilement que si un ĂȘtre animĂ© qui possĂ©derait la mĂȘme puis- sance digestive que le Canard, respirait d'une maniĂšre beau- coup moins active, il pourrait entretenir la combustion physio- logique dont il serait le siĂšge Ă  l'aide du carbone introduit dans son organisme par l'albumine ou par la fibrine dont il se sus- tenterait; et que la variĂ©tĂ© dans le rĂ©gime doit ĂȘtre d'autant plus grande, que la puissance absorbante de l'appareil digestif sera plus petite relativement Ă  l'intensitĂ© de la combustion respira- toire et des autres phĂ©nomĂšnes du travail nutritif. § h. — Pour constituer, sans emploi superflu de matiĂšre alimentaire, la ration d'entretien d'un Animal, il faut Ă©videm- ment que la quantitĂ© de substance nutritive qu'il en peut tirer journellement porte dans le torrent delĂ  circulation, sous une forme assimilable, une quantitĂ© de carbone, d'hydrogĂšne et d'azote correspondante Ă  celle de chacun de ces Ă©lĂ©ments chi- miques qui entrent dans la composition de l'acide carbonique exhalĂ© en vingt -quatre heures, et dans l'urĂ©e ou les autres ma- tiĂšres excrĂ©mentitiellesdont la production est une consĂ©quence nĂ©cessaire du travail nutritif. La composition de cette ration doit donc dĂ©pendre en partie du rapport qui existe entre le degrĂ© d'activitĂ© de la combustion respiratoire qui dĂ©termine la for- mation de cet acide carbonique et la grandeur des phĂ©nomĂšnes VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 219 chimiques qui amĂšnent la transformation des principes orga- niques azotĂ©s en produits urinai res. Si l'emploi nĂ©cessaire de ces derniĂšres substances est restreint et la combustion physiolo- gique de carbone trĂšs-acĂŻive, les aliments hydro-carbonĂ©s, tels que la fĂ©cule, le sucre ou les graisses doivent ĂȘtre en propor- tion considĂ©rable relativement aux aliments albuminoĂŻdes; car la portion de ceux-ci qui ne serait pas employĂ©e dans l'orga- nisme [tour rĂ©parer les pertes occasionnĂ©es par la production nĂ©cessaire d'urĂ©e ou d'autres principes de mĂȘme ordre, et qui ne servirait qu'Ă  donner du carbone ou de l'hydrogĂšne, intro- duirait inutilement dans l'Ă©conomie un excĂ©dant d'azote, et son absorption occasionnerait une dĂ©pense superflue des forces digeslives. En composant la ration d'aprĂšs ces principes, il y aura donc Ă©conomie pour la consommation alimentaire et allĂ©gement pour le travail digestif. Mais ces avantages ne sont pas les sctils qui pourront rĂ©sulter d'un rĂ©gime mixte, comparĂ© Ă  un rĂ©gime exclusivement albuminoĂŻde. Si la combustion res- i m» ‱‱ , . ilos ration piratonc nĂ©cessite 1 introduction de beaucoup de carbone, et si complexes la puissance Ă©lĂ©mentaire de l'appareil urinaire n'est pas trĂšs- grande' l'alimentation de cette combustion au moyen de ma- tiĂšres albuminoĂŻdes pourra amener la production de produits urinaires, tels que l'acide urique,. en quantitĂ©! trop considĂ©rable pour que l'organisme puisse s'en dĂ©barrasser en temps utile, et il pourra en rĂ©sulter une accumulation de ces matiĂšres dans l'intĂ©- rieur de l'Ă©conomie, ainsi que cela se voit souvent dans certains Ă©tats pathologiques, tels que la goutte 1. Or, l'observation nous 1 Nous avons dĂ©jĂ  eu l'occasion dĂ©terminer la formation de graviers de voir que dans les affections de ce dans les reins 6. Les concrĂ©tions genre le sang est parfois trĂšs-chargĂ© arthritiques sont en gĂ©nĂ©ral formĂ©es de matiĂšres urinaires a, et quel'em- aussi en grande partie par des ploi d'une nourriture trop azotĂ©e peul orales r. a Voyez tome I, page 200. 6 Voyez tome VII, page 476. c Voyez LhĂ©ritier, TraitĂ© de chimie pathologique, p. tj'J-i — Simon, Animai Chemislry, t. II, p. 477. Ration alimentaire de l'Homme. 220 NUTRITION. a depuis longtemps appris que les atĂŻeetions de ce genre se dĂ©clarent le plus souvent chez des personnes qui se livrent trop aux plaisirs de la table. Les mĂ©decins savent aussi que, pour combattre ces maladies, il suffit parfois de substituer Ă  l'emploi des viandes succulentes un rĂ©gime vĂ©gĂ©tal. Ainsi, supposons un Animal qui, en remplissant normale- ment le travail nutritif nĂ©cessaire au maintien de l'Ă©tat stalion- naire de son organisme, produira par jour 800 grammes d'acide carbonique et 20 grammes d'urĂ©e ou d'autres matiĂšres urinaires analogues. S'il se nourrissait de fibrine ou de casĂ©ine seule- ment , il lui faudrait pour sa ration quotidienne environ o75 grammes de ces substances, car la fibrine, de mĂŽme que la casĂ©ine, ne renferme que 55 pour 100 de carbone environ ; mais ce poids de fibrine portera dans l'Ă©conomie 60 grammes d'azote, tandis que pour remplacer la quantitĂ© d'azote excrĂ©tĂ©e normalement par les voies urinaires, il suffi- rait de 40 grammes de ce mĂȘme Ă©lĂ©ment, Si, au contraire, sa ration se compose de 25 grammes de fibrine et de 250 grammes de matiĂšres grasses, il pourra satisfaire aux mĂȘmes besoins en n'employant chaque jour que 275 grammes d'alimenls. § 5. — Test en examinant Ă  ce point de vue les substances complexes dont l'Homme fait sa nourriture ordinaire, ou dont il se sert pour sustenter les Animaux placĂ©s dans sa dĂ©pendance, que nous pouvons juger de la part qui doit ĂȘtre attribuĂ©e Ă  cha- cune d'elles dans la composition des rations destinĂ©es Ă  ces usages. Ainsi le pain, qui constitue la base principale de la nourriture dune grande partie de la population en France, renferme des principes amylacĂ©s associĂ©s Ă  des matiĂšres azotĂ©es et mĂȘlĂ©s Ă  des sels inorganiques et Ă  beaucoup d'eau. Sa composition varie un peu suivant celle du blĂ© dont on s'est servi pour le faire, et suivant la maniĂšre dont la mouture de ce grain a Ă©tĂ© prati- VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 221 quĂ©e 1. Celui qui est gĂ©nĂ©ralement employĂ© Ă  Paris contient, pour 100 parties en poids 33 parties d'eau. 56,7 parties de matiĂšres amylacĂ©es, principalement de l'amidon ei de la dextrine. 1,3 partie de substances grasses. 7 parties de substances azotĂ©es, telles que gluline, fibrine, casĂ©ine et albu- mine, que Ton confond communĂ©ment sous le nom de gluten. 2 parties de phosphates de chaux et de magnĂ©sie, chlorure de sodium et autres substances minĂ©rales. 1 ConsidĂ©rĂ©es sous le rapport ali- grasses que le pĂ©rispcrme; enfin, les mentaire, les nombreuses variĂ©tĂ©s de principes albuminoĂŻdes qu'il renferme froments diffĂšrent entre elles princi- n'ont pas les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que paiement par la proportion des ma- celles de la partie profonde du grain, tiĂšres azotĂ©es contenues dans le grain, qui est blanche et beaucoup plus et, Ă  raison de ces diffĂ©rences, on les riche en gluten souple et Ă©lastique, divise en trois catĂ©gories, savoir les II en rĂ©sulte que, suivant que le blĂ©s durs, les blĂ©s demi-durs et les blutage ou le procĂ©dĂ© de mouture blĂ©s tendres. Les blĂ©s durs sont les employĂ© enlĂšve le son plus ou moins plus riches en gluten ou principes al- complĂštement, lu farine est plus ou buminoĂŻdes, dont la proportion s'Ă©lĂšve moins blanche, et apte Ă  donner en gĂ©nĂ©ral Ă  prĂšs de 20 pour 100 ou par le pĂ©trissage avec de l'eau une mĂȘme davantage 22,7 dans le blĂ© de pĂąte susceptible de bien lever. La Venezuela. Les blĂ©s demi-durs n'en coloration du pain bis est gĂ©nĂ©rale- renferment qu'environ 16 pour 100, ment attribuĂ©e au son, mais elle dĂ©- et les blĂ©s tendres n'en ont qu'Ă  peu pend principalement de l'action exer- prĂšs 12 pour 100 [a . cĂ©e sur le gluten par une matiĂšre La mouture a pour objet la sĂ©para- particuliĂšre, appelĂ©e cĂ©rĂ©aline, qui se tion plus ou moins complĂšte des tĂ©- trouve Ă  la surface du pĂ©risperme, guments de la graine, dont les dĂ©bris en contact avec le tĂ©gument de la constituent le son, et du pĂ©risperme qui graine 6. renferme la fĂ©cule, et qui, restĂ© entier La farine des boulangers de Paris ou faiblement divisĂ©, prend le nom contient de iiruau, tandis que broyĂ© d'une ma- l,rau'' J ,' , , Eau 10,0 niĂšre plus complĂšte, il prend la forme ,.. . r - i Gluten 10,2 de farine. Le son est colorĂ© et cou- Amidon. 70 8 lient beaucoup de cellulose environ Glucose 42 L\ centiĂšmes , et plus de matiĂšres Dextrine 2,8 c. a Paycn, PrĂ©cis de chimie industrielle, 1859, 1. II, p. 154. b Chevreul, Rapport sur vn mĂ©moire de M. MĂšge-Mourtez, ayant pour titre Recherches chimiques sur le froment, sa farine et sa panification {Comptes rendus de iAcad. des sciences 1857, t. XL1V, p. 40. c Dumas, TraitĂ© de chimie, t. VI, p. 589. 222 NUTRITION. Par consĂ©quent, 100 grammes de ce pain renferment lgr,08 d'azote et environ .30 grammes de carbone. Or, nous avons vu prĂ©cĂ©demment que, terme moyen, la dĂ©pense physiologique d'un homme pouvait ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par 21 grammes d'azoteet 230 grammes de carbone. Pour fournir Ă  son organisme une quantitĂ© de carbone Ă©qui- valente Ă  celle qu'il exhale, il suffirait donc d'une ration d'en- viron 750 grammes de pain. Mais ce poids de pain ne lui don- nerait qu'environ 8 grammes d'azote ; et, pour trouver dans un tel aliment la quantitĂ© de principes albuminoĂŻdes dont il a besoin, il lui faudra digĂ©rer, non pas 750 grammes de pain seulement, mais plus de 2 kilogrammes. Si l'Homme se nourrissait de riz seulement, le manque d'ali- ments plastiques serait encore plus grand. En effet, 100 grammes de cette cĂ©rĂ©ale ne contiennent qu'environ 7 grammes de matiĂšres azotĂ©es associĂ©es Ă  prĂšs de y 0 grammes de substances amylacĂ©es, Ă  quelques traces de matiĂšres grasses, un peu de cellulose et une trĂšs- faible proportion de matiĂšres minĂ©rales. Pour fournir une quantitĂ© de carbone Ă©quivalente Ă  celle qui est brĂ»lĂ©e dans l'organisme de l'individu dont il vient d'ĂȘtre question, il suffirait presque de 650 grammes de riz ; mais cette ration ne donnerait guĂšre que 7 grammes d'azote, et le dĂ©ficit des aliments plas- tiques correspondrait Ă  14 grammes de ce dernier Ă©lĂ©ment. Supposons, au contraire, la ration de l'Homme composĂ©e uni- quement de viande de boucherie peu chargĂ©e de graisse. Nous - avons vu prĂ©cĂ©demment que 100 grammes de cette matiĂšre ali- mentaire contiennent 78gr,50 d'eau et seulement 11 grammes de carbone associĂ©s Ă  3 grammes d'azote. Pour fournir Ă  la dĂ©pense physiologique en matiĂšres azotĂ©es, il suffirait donc d'environ 700 grammes de cette viande; mais une pareille ration ne donnerait que 71 grammes de carbone, au lieu de 230, qu'il aurait fallu introduire dans l'organisme. Nous voyons donc que, pour rendre le rĂ©gime de l'Homme VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 223 appropriĂ© Ă  ses besoins nutritifs, sans dĂ©pense superflue des matiĂšres alimentaires et des forces digestives, il faut y rĂ©unir, dans certaines proportions, des substances animales et vĂ©gĂ©- tales. Par exemple, une ration composĂ©e de 600 grammes de pain et de 500 grammes de viande donnerait 235 grammes de carbone et environ 21 grammes d'azote, e 'est-Ă -dire les quan- titĂ©s voulues. Cette ration ne contiendrait cependant en tout que 512 grammes de matiĂšres solides, tandis que la ration composĂ©e de pain seulement, et pesant 2 kilogrammes, en con- tiendra 1350 grammes. Une ration composĂ©e uniquement de fibrine ou d'autres matiĂšres albuminoĂŻdes et de graisse en pro- portions convenables serait encore plus substantielle, car, pour des poids Ă©gaux de substance alimentaire sĂšcbe, elle donnerait une proportion plus Ă©levĂ©e de principes plastiques et de com- posĂ©s carbo-hydrogĂ©nĂ©s utilisables Ăą titre de combustibles; mais, ainsi que nous l'avons dĂ©jĂ  vu, l'absorption des corps gras ne peut, en gĂ©nĂ©ral, s'effectuer que lentement, et, par consĂ©quent , l'usage d'une certaine quantitĂ© de fĂ©cule ou de sucre comme aliment respiratoire est gĂ©nĂ©ralement prĂ©fĂ©- rable 1. Lorsqu'on veut nourrir d'une maniĂšre suffisante les Hommes, tout en ne faisant que la moindre dĂ©pense pĂ©cuniaire possible, 1 On doit Ă  M. Hoppc une sĂ©rie d'expĂ©riences intĂ©ressantes, relatives au rĂŽle du sucre dans l'alimentation des Cliiens. 11 a constatĂ© qu'en asso- ciant cttte substance Ă  la viande, on dĂ©termine une diminution dans la quantitĂ© d'urĂ©e excrĂ©tĂ©e et une aug- mentation plus rapide du poids du corps, que dans le cas oĂč la ration se compose de viande seulement a. Un mĂ©lange de viande crue pilĂ©e et de sucre constitue un excellent ali- ment pour les trĂšs-jeunes enfants qui viennent d'ĂȘtre sevrĂ©s, et qui ne di- gĂšrent pas le lait de Vache en quan- titĂ© suffisante pour y trouver toute la nourriture dont ils ont besoin. J'ai eu plusieurs fois l'occasion d'en constater futilitĂ©. a Hoppe, Ueber den Einfluss des Rohrzucken auf die Verdauung und ErnĂąhrung Archiv fur pathol. Anat. und Physiologie, 1856, t. X, p. 144. 2% NUTRITION. il faut tenir grand compte des faits de cet ordre, et prendre en considĂ©ration, d'une part la valeur vĂ©nale des diffĂ©rents ali- ments, d'autre part leur valeur physiologique relative aussi bien qu'absolue 1. L'art de composer Ă  bon marchĂ© des rations d'un pouvoir nutritif dĂ©terminĂ© pour l'usage des Ani- maux de ferme est aussi d'une grande importance en agro- nomie. Mais ces questions ne sont pas de notre domaine, et nous ne devons nous en occuper qu'en tant que leur Ă©tude peut jeter d'utiles lumiĂšres sur l'histoire gĂ©nĂ©rale de la nutri- tion; elles sont, comme on le voit, trĂšs-compliquĂ©es, et, pour les rĂ©soudre, il ne suffit pas des donnĂ©es fournies par l'analyse chimique, il faut aussi avoir Ă©gard Ă  l'ensemble des propriĂ©tĂ©s de chaque substance alimentaire, et bien connaĂźtre les besoins rĂ©els que le travail nutritif fait naĂźtre dans les organismes vivants , suivant les conditions dans lesquelles ces organismes fonctionnent. § 6. — D'aprĂšs ce que nous savons dĂ©jĂ  sur l'emploi phv- Influence p , de siologique des matiĂšres alimentaires, nous pouvons prĂ©voir l'Ăąge. Ă©galement que la composition de la ration la plus convenable pour un Animal dĂ©terminĂ© pourra varier, suivant qu'il sera jeune ou que sa croissance sera terminĂ©e, ou bien encore sui- vant qu'il sera au repos, ou qu'il fera un grand usage de sa force musculaire. Toutes choses Ă©tant Ă©gales d'ailleurs, le jeune Animal a besoin de fournir au travail histogĂ©nique dont dĂ©pend sa croissance, en mĂȘme temps qu'il fournit Ă  l'entretien de la combustion respiratoire ; par consĂ©quent, il aura besoin d'une plus forte proportion d'aliments azotĂ©s que l'anima] adulte, l Je citerai Ă  ce sujet des recher- sur la valeur relative du pain et de la ches intĂ©ressantes qui ont Ă©tĂ© faites viande de boucherie plus ou moins rĂ©cemment par MM. Lawes et Cdlberl chargĂ©e de graisse a. a Lawes ami Gilbert, ExpĂ©rimental Inquiry into the Composition of the Animais fed ami slanghtercd as Human food Philos. Trans., p. 508 ei suiv.. VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 225 dont le corps ne grandit plus. Aussi, en comparant le rĂ©gime alimentaire qu'une longue pratique a conduit Ă  adopter dans divers Ă©tablissements publics, pour des adultes et pour des enfants , a-l-on remarquĂ© que la ration des derniers contient proportionnellement plus d'aliments plastiques et moins d'ali- ments respiratoires que celle des premiers 1. Comme nous l'avons dĂ©jĂ  vu, l'activitĂ© musculaire accĂ©lĂšre influence le travail chimique dont dĂ©pend la transformation des matiĂšres travail 11 . musculaire. albuminoĂŻdes en principes urinaires, et par consĂ©quent aussi, quelle que soit dans ces conditions la quantitĂ© de carbone brĂ»lĂ© dans l'organisme, il faut plus d'aliments plastiques que chez l'individu au repos. Sur ce point, les rĂ©sultats fournis parla pra- tique sont parfaitement d'accord avec les vues thĂ©oriques, et chacun sait que l'ouvrier qui exĂ©cute des travaux de force a besoin de manger plus de viande ou d'autres aliments azotĂ©s que l'homme de lettres, dont le systĂšme musculaire ne fonctionne que peu 2. Un exemple remarquable de l'influence que le 1 M. riayfair a publiĂ© des re- cherches statistiques trĂšs-intĂ©ressantes sur le rĂ©gime alimentaire des sol- dats, des prisonniers et des collĂ©giens en Angleterre. 11 a fait connaĂźtre non- seulement le poids des aliments Mu- tĂ©s et non azotĂ©s qui sont consom- mĂ©s par individu pendant une se- maine , mais aussi la quantitĂ© totale de carbone qui est contenue dans ces substances, et la proportion existant entre le carbone des aliments appar- tenant aux deux classes de substances indiquĂ©es ci-dessus, ce qui permet de bien apprĂ©cier la proportion des ali- ments plastiques et des aliments dits respiratoires dans ces diverses rations. Or, nous voyons, par les documents rĂ©unis dans ce travail, que si l'on re- prĂ©sente par t la quantitĂ© de carbone contenu dans les aliments plastiques, celle du carbone contenu dans les ali- ments respiratoires est d'environ 5 ; dans le rĂ©gime adoptĂ© pour les garçons desĂ©coles publiquesde Londres, de 6,1 clans celui employĂ© pour les adultes dans les maisons de refuge de la mĂȘme ville, et de 6,8 pour les adultes dans les prisons a. {'1 Je citerai, Ă  ce sujet, un fait en- registrĂ© par M. l'layfair. Les dĂ©tenus dans les prisons anglaises au Bengale sont nourris de maniĂšre Ă  recevoir, pour une quantitĂ© d'aliments azotĂ©s a Playfair, On the Food of Mon under diffĂ©rent Conditions of Age and Emploi/ment Edinburgh new Philos. Journal, 1854, I. p. 266. 226 NUTRITION. rĂ©gime plus ou moins azotĂ© exerce sur le dĂ©veloppement des forces physiques de l'Homme, s'est produit, il y a quelques annĂ©es, lorsqu'on exĂ©cutait entre Paris et Rouen les grands tra- vaux nĂ©cessaires pour l'Ă©tablissement du chemin de fer qui relie ces deux villes. Les entrepreneurs de terrassement avaient fait venir plusieurs escouades d'ouvriers anglais, et avaient remarquĂ© que ceux-ci mangeaient beaucoup plus de viande que les ouvriers français employĂ©s aux mĂȘmes travaux, mais faisaient aussi beaucoup plus d'ouvrage ; on mit alors les ouvriers français Ă  un rĂ©gime alimentaire analogue, et bientĂŽt on les vit dĂ©ployer non moins de force que leurs compagnons d'outre-Manche 1. § 7. — La tempĂ©rature atmosphĂ©rique parait exercer aussi ia tempĂ©rature. une certaine influence sur la nature des aliments qui convien- nent le mieux Ă  l'Homme et aux Animaux, ainsi que sur l'em- ploi que ces ĂȘtres sont susceptibles de faire des matiĂšres assi- milables 21 Dans les pays trĂšs-froids, oĂč la dĂ©pense de chaleur Influence de contenant 1 de carbone, des aliments carbo-bydrogĂ©nĂ©s dans la proportion de 7,6 lorsqu'ils ne sont pas astreints au travail, et de 5,9 lorsqu'ils sont con- damnĂ©s Ă  des travaux de force. Les premiers reçoivent par semaine envi- ron 18 onces d'aliments azotĂ©s, les seconds plus de 28 onces des mĂȘmes substances a. 1 Les ouvriers anglais dont il est ici question consommaient journelle- ment 660 grammes de viande, 700 grammes de pain, 1 kilogramme de pommes de terre et 2 kilogrammes de biĂšre. Ils recevaient ainsi ;u&r,9 d'azote alimentaire, tandis que les ouvriers français ne mangeaient que peu de viande, et se nourrissaient prin- cipalement de pain et de lĂ©gumes. Des observations analogues ont Ă©tĂ© faites en Irlande, oĂč les ouvriers se nourrissent d'ordinaire de pommes de terre et de lait seulement 6. 2 M. May a fait une sĂ©rie d'expĂ©- riences relatives Ă  la tempĂ©rature la plus favorable Ă  l'utilisation de la ra- tion alimentaire des Vacbes, et il a trouvĂ© que c'est dans une atmosphĂšre Ă  12° ou 13° centigrades que ces Ani- maux produisent le plus de lait et de viande Ă  l'aide d'une quantitĂ© donnĂ©e d'aliments c. a Playfair, Op. cit. Edinb. new Philos. Joum., 1854, t. LVI, p. 266. b Payen, Des substances alimentaires, p. 379. c May, Bel welcher Temperatur wird bei KĂ»hen das Fulter am besten verwerthel Moleschott's Untersuchungen zur Naturlehre, 1858, t. V, p. 319. VALEUR NUTRITIVE DES DIVERS ALIMENTS. 227 animale est trĂšs-grande, et oĂč, par consĂ©quent, la combustion physiologique doit ĂȘtre trĂšs-aetive, la consommation des matiĂšres grasses est en gĂ©nĂ©ral fort considĂ©rable, et, comme l'a trĂšs- bien fait remarquer M. Liebig, ce rĂ©gime est en parfaite har- monie avec les besoins du travail respiratoire, car les graisses sont, de toutes les substances alimentaires, celles qui, pour un poids dĂ©terminĂ© de matiĂšre, fournissent le plus de combustibles et dĂ©gagent le plus de chaleur par le fait de leur oxydation. Eu effet, ces substances sont trĂšs-riches en hydrogĂšne et en car- bone, mais ne contiennent que peu d'oxygĂšne; on conçoit donc que, dansĂ©es circonstances, des matiĂšres de ce genre puissent ĂȘtre plus utiles que des aliments fĂ©culents ou sucrĂ©s, dans lesquels la totalitĂ© de l'hydrogĂšne se trouve associĂ©e Ă  de l'oxy- gĂšne dans les proportions voulues pour former de l'eau, et par consĂ©quent ne sauraient ĂȘtre utilisĂ©s comme combustibles dans le travail respiratoire 1. Il est aussi Ă  noter que, toutes choses Ă©tant Ă©gales d'ailleurs, l'absorption d'une substance est d'autant plus facile, qu'il en existe moins dans le torrent de la circula- lion, et que, par consĂ©quent, la combustion rapide des matiĂšres grasses sous l'influence de l'oxygĂšne inspirĂ©, qui semble devoir s'effectuer dans les climats trĂšs-froi. 331. CafĂ©. Alcool. 230 NUTRITION. gique dont l'Ă©conomie animale est le siĂšge 1. 11 est donc Ă©vident que ces matiĂšres, si elles n'exercent aucune action nuisible sur l'organisme, pourront tenir lieu d'une portion des aliments combustibles dont la ration d'entretien se compose d'ordinaire ; et si, en mĂȘme temps, elles excitent le systĂšme nerveux de façon Ă  relever les forces, et si elles sont suscep- tibles de jouer le rĂŽle de combustibles dans Faction de la respiration, elles pourront avoir une importance considĂ©rable dans la nutrition. Tel est le cafĂ©, dont plusieurs peuples font, comme chacun lĂ©sait, un grand usage. M. Lebmann a con- statĂ© expĂ©rimentalement que chez l'homme l'action de cette substance tend Ă  diminuer beaucoup la production de l'urĂ©e et des matiĂšres salines dont l'existence dĂ©pend du travail d'oxy- dation qui s'opĂšre dans toutes les parties vivantes de l'Ă©co- nomie animale 2. Des effets analogues paraissent rĂ©sulter de l'emploi de plu- sieurs autres substances qui exercent une action stimulante sur le systĂšme nerveux le thĂ© 3 et l'alcool, par exemple. Nous avons dĂ©jĂ  eu l'occasion de voir que l'usage des liquides spiri- tueux est suivi d'une diminution dans la quantitĂ© d'acide car- 1 Voyez ci-dessus, page 188. 2 L'opinion contraire a Ă©tĂ© sou- tenue par M. Zobel a. 3 M. BĂŽcker a Ă©tudiĂ© expĂ©rimen- talement l'action de l'infusion de thĂ© sur l'Ă©conomie animale dans des cir- constances d'alimentation insuffisante pour l'entretien du poiils du corps, et il a constatĂ© que lorsque ce liquide Ă©tait substituĂ© Ă  l'eau dont il buvait d'ordinaire , la quantitĂ© d'aliments solides consommĂ©s diminua, terme moyen, de 12 grammes par jour; mais . 11 semblait mĂȘme rĂ©sulter des expĂ©- riences de M. Ducbek, que ce liquide Ă©tait d'abord transformĂ© en aldĂ©- byde c. Mais les rceberebes plus rĂ©centes de MM. Lallemand, Pcrrin et Duray tendent Ă  Ă©tablir que cette transformation n'a pas lieu, et que la plus grande partie de l'alcool absorbĂ© est assez promptement exbalĂ©e par les poumons d. 1 M. Docker a remarquĂ© que l'em- ploi du sucre, comme aliment, tend Ă  diminuer notablement l'Ă©limination des phospbates terreux par les voies uri- naires. Il Ă©value Ă  0gl ,013 la diffĂ©- rence dĂ©terminĂ©e de la sorte dans l'excrĂ©tion du pbospbate de ebaux par kilogramme du poids du corps, et il conclut de ses observations que ce comestible retarde le travail de dĂ©s- assimilation dans le tissu osseux e. 2 Il rĂ©sulte des recberebcs expĂ©- rimentales de M. Bocker sur les efTels produits par l'usage de la biĂšre, que cette boisson, indĂ©pendamment de l'ac- tion qu'elle exerce Ă  raison de son alcool, influe d'une maniĂšre remar- quable sur l'excrĂ©tion du chlorure de sodium par les voies urinaires. D'a- prĂšs l'analyse de la biĂšre employĂ©e, on constata que ce liquide ne conte- nait que des traces de chlorure de so- dium et trĂšs-peu de chlorure de potas- sium ; cependant les jours oĂč M. Bucker a Voyez Day, Chcmistvy in its Relations lo Physiology and MĂ©diane, 1800, p. 515. '; Bouchardat et Santlras, De la digestion des boissons alcooliques, et de leur rĂŽle dans la nutrition Annales de chimie et de physique, 3" sĂ©rie, 1847, t. XXI, p. 450. — Liebig, nouvelles lettres sur la chimie, p. 244. c Duclick, Ueber das Vcrhalten des Mkohols ira thierischen Organisants Prager Vierlel- jahrschritt fur praktische lleilkunde, 1853. d Lallemand, Perrin et Duray, Du rĂŽle de l'alcool et des aneslhcsiqxics dans l'organisme, 1860. e BĂŽcker, Beilrdge sttr lleilkunde voy. Brilish and Foreign lieview, 1854, t. XIV, p. 403. VALEUR NL'TIUTIVE DES DIVERS ALIMENTS. 23o Je dois rappeler Ă©galement ici que quelques peuples peu a van- substance» , ..... , . . , . ., minĂ©rales. ces en civilisation emploient parfois comme aliment des matiĂšres terreuses, et apaisent ainsi les souffrances de la faim ou mĂȘme se nourrissent un peu. Les substances minĂ©rales employĂ©es de la sorte renferment quelquefois des dĂ©bris de matiĂšres organiques en proportion assez considĂ©rable pour donner Ă  ces corps un faible pouvoir nutritif; mais, dans d'autres cas, elles sont troj» pauvres en principes de ce genre pour que leur utilitĂ© puisse ĂȘtre expliquĂ©e de la sorte, et il est probable qu'alors elles agissent seulement comme absorbants, pour s'emparer du suc gastrique et empĂȘcher son action sur les parois de l'estomac 1. en prenait une certaine quantitĂ© Ă  ses servent d'aliment contiennent une sub- repas, ses urines contenaient jusqu'Ă  stance animale provenant des [illusoires 3 grammes de chlorure de plus que qui s'y trouvent en grand nombre, dans les circonstances ordinaires a. C'est le cas pour le Bergmehl, ou farine 1 Humboldt a constatĂ© ce aingu- de montagne, dont les Lapons mangent lier mode d'alimentation chez les en temps de disette e. Ottomaques , peuplade des bords Les Chinois ont aussi recours Ă  des de rorĂ©noque, dans l'AmĂ©rique du matiĂšres terreuses pour apaiser leur Sud b. M\I. Spix et Martius signa- faim en temps de disette /", mais lent les mĂȘmes habitudes fiiez des in- cette sorte de farine minĂ©rale ne ren- diens de la riviĂšre des Amazones c . ferme que livs-peu de matiĂšres orga- et LabillardiĂšre a observĂ© des faits niques [g. analogues chez les habitants de quel- Des observations relatives Ă  l'emploi ques villages de Java d. L'espĂšce de de la terre en guise d'aliment ont Ă©tĂ© terre glaise employĂ©e de la sorte ne recueillies par plusieurs autres au- paraĂźt pas contenir de matiĂšres orga- leurs /i, mais elles sont en gĂ©nĂ©ral niques, mais d'autres terres qui parfois fori incomplĂštes. u BĂŽcker, Ueber die Wirkung des Biera [Archiv des Vereins fur gemiriach. Arbieten tur I orderung der wissensch. Ileilkumle, ] 854. b Humboldl, Tableaux de la nature, t. I, p. 188 cl suiv. C Spix cl Marlins, Beise in BrasUien, !. II, p. 527. {d LabillardiĂšre, Voyage Ă  la recherche de la PĂ©rouse, t. Il, p. 32-J. e Humboldl, Lettre {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1837, t. IV, p. 293. — Trail, Examinaiion and Analysis of the BergMeal or Minerai Four found in West Bothnia [Trains, of the Roy. Soc. of Edinburgh, 1844, I. XV, p. 145. — Relzius. iVait-/-e; pulvĂ©rulente formĂ©e de dĂ©pouilles siliceuses d" in f moires, et dĂ©signĂ©e sous le nom de farine minĂ©rale, etc. {Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1838, t. VI, p. 35i. tf Biot, Sole sur des matiĂšres premiĂšres employĂ©es en Chine dans les temps de famine, sous le nom de farine de pierre {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1837, t. IV, p. 301. — Stanislas Julien, Sur la t urine fossile {Comptes rendus de l'Acad. des sciences. 18il, t. XIII, p. 358. {g Payen, Note sur la farine fossile des Chinois {Comptes rendus de l'Acad. des sciences 1841 t. XIII, p. 480. {h Voyez Burdacli , TraitĂ© de physiologie, l. IX, p. 260. VIII. iG 23/l Histo-Ă©nĂšsc. § lia — Les substances alimentaires que nous venons de passer en revue ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour l'entretien de la vie de l'Animal qu'aprĂšs avoir Ă©tĂ© absorbĂ©es et introduites dans le torrent de la circulation. La digestion, comme nous l'avons dĂ©jĂ  vu, a pour but de les rendre absorbables et souvent aussi d'en modifier les propriĂ©tĂ©s chimiques ; mais, quoi qu'il en soit Ă  cet Ă©gard, lorsque ces matiĂšres sont arrivĂ©es dans le sang, elles s'y mĂȘlent aux autres principes dont ce liquide se compose, et dĂšs lors on peut en gĂ©nĂ©ral les considĂ©rer comme des parties constitutives du fluide nourricier. En effet, leur rĂŽle ultĂ©rieur se confond avec celui des matiĂšres prĂ©existantes dans le sang, et elles servent tout d'abord Ă  rĂ©parer les pertes que celui-ci Ă©prouve sans cesse par suite des sĂ©crĂ©tions^ de la combustion physiologique, ou des autres phĂ©nomĂšnes Ă  la production desquels il contribue. En poursuivant dans cette direction l'Ă©tude du travail nutritif dont l'Ă©conomie animale est le siĂšge, nous nous trouvons donc ramenĂ©s Ă  notre point de dĂ©part, c'est-Ă -dire Ă  l'examen du rĂŽle du sang dans l'orga- nisme, sujet dont j'ai traitĂ© dans les premiĂšres Leçons de ce cours, et ici je n'aurai que peu de choses Ă  ajouter Ă  ce que j'ai eu l'occasion d'en dire prĂ©cĂ©demment. Si je voulais appro- fondir davantage ces questions, je me trouverais bientĂŽt rĂ©duit Ă  n'exposer que des conjectures assez vagues, et par consĂ©quent je dois ĂȘtre bref. D'aprĂšs l'ensemble des faits dont j'ai rendu compte^ nous devons penser, ce me semble, que la partie essentiellement nutritive du sang n'est en rĂ©alitĂ© que le sĂ©rum, qui tient en dissolution de l'albumine ainsi qu'une foule d'autres matiĂšres combustibles, et que la fixation de l'oxygĂšne sur ces matiĂšres est dĂ©terminĂ©e principalement par l'action des solides vivants, dont les uns affectent la forme d'organites isolĂ©s et flottent au milieu du fluide nourricier, oĂč ils constituent les globules du sang, et dont les autres, agrĂ©gĂ©s d'une maniĂšre plus ou moins KOLE DU SANG. "2o5 intime, composaient les divers tissus, tels que les membranes, les muscles ou la substance glandulaire. Pour que les phĂ©no- mĂšnes nutritifs de cet ordre se manifestent, il n'est donc pas nĂ©cessaire que le sang tout entier, c'est-Ă -dire le plasma et les globules, arrive en contact avec la partie vivante-, il suffit que le sĂ©rum y parvienne, et par consĂ©quent aussi, quoique la multiplicitĂ© des vaisseaux sanguins soit une circonstance trĂšs- favorable Ă  l'activitĂ© du travail nutritif, en rendant l'abord de ce liquide [dus rapide et plus abondant dans les solides adja- cents, la vascularitĂ© d'un tissu n'est pas une condition nĂ©ces- saire pour rĂ©tablissement du mouvement nutritif dans sa pro- fondeur. 11 faut seulement que le solide vivant soit permĂ©able aux liquides, et c'est ainsi que des rĂ©actions de chimie physio- logique d'une grande importance peuvent avoir lieu dans l'intĂ©- rieur des utricules qui constituent les tissus Ă©pithĂ©liques en gĂ©nĂ©ral, aussi bien que la substance des glandes, quoique ces utricules soient dĂ©pourvus de vaisseaux sanguins. Cela nous permet aussi de comprendre comment les phĂ©nomĂšnes essen- tiels de la nutrition peuvent se manifester de la mĂȘme maniĂšre chez tous les Animaux, que ceux-ci soient ou non pourvus d'un systĂšme de vaisseaux destinĂ©s au service de l'irrigation orga- nique. Mais les rĂ©actions chimiques, qui jouent un rĂŽle si important dans la vie vĂ©gĂ©tative de tous les ĂȘtres vivants, ne sont pas les seuls phĂ©nomĂšnes de nutrition dont l'Ă©tude doive nous occu- lter. Les matiĂšres plastiques contenues dans le fluide nourricier sont employĂ©es en partie Ă  constituer les tissus qui provoquent ces rĂ©actions, et, pour achever celte partie de nos Ă©tudes phy- siologiques, il faut par consĂ©quent examiner aussi comment l'organisation de ces substances s'effectue, comment un Animal peut s'accroĂźtre, et comment il peut rĂ©parer les pertes qu'il Ă©proilve. Mais tout cC qui se rapporte au travail histogĂ©niquC ne peut ĂȘtre bien saisi que lorsqu'on connaĂźt ce qui se passe 256 NUTRITION. clans l'embryon au moment oĂč toutes les parties vivantes com- mencent Ă  se constituer et s'accroissent avec le plus de rapi- ditĂ©. Je terminerai donc ici la longue sĂ©rie de Leçons consa- crĂ©es spĂ©cialement Ă  l'histoire des fonctions de nutrition, et je complĂ©terai cette partie de ma tĂąche Ă  mesure que j'avancerai dans l'Ă©tude d'un autre groupe de phĂ©nomĂšnes qui se lient d'une maniĂšre intime Ă  ceux dont je viens de parler, mais qui ont pour objet principal la multiplication des individus vivants. Par consĂ©quent j'aborderai maintenant l'histoire des fonctions de reproduction, me proposant de ne traiter des phĂ©nomĂšnes de la vie de relation qu'aprĂšs avoir achevĂ© l'Ă©tude des fonctions de la vie vĂ©gĂ©tative. SOIXANTE ET ONZIÈME LEÇON. De la reproduction des Animaux. — RĂ©futation de l'hypothĂšse des gĂ©nĂ©rations dite? spontanĂ©es. § 1 . — Chacun sait que la durĂ©e de tout ĂȘtre vivant a des Destruction limites infranchissables, et qu'aprĂšs avoir existĂ© pendant un renouvellement temps plus ou moins long, les Animaux, comme les Plantes, ĂȘtrestivanis. meurent nĂ©cessairement, mais que cette destruction des indi- vidus n'entraĂźne pas la disparition des espĂšces ou types orga- niques dont ils sont des reprĂ©sentants, car ils ont tous la facultĂ© de produire d'autres individus faits Ă  leur image, et de perpĂ©- tuer leur race par voie de gĂ©nĂ©ration. Chacun sait aussi que le ChĂȘne et le Froment, de mĂȘme que le Chien, le Cheval et l'Homme, ne peuvent naĂźtre que de leurs semblables, dont ils sont des produits et dont ils tirent leur puissance vitale. En cela, comme en beaucoup d'autres choses, ces ĂȘtres organisĂ©s diffĂšrent radicalement des corps bruts, qui durent tant qu'une force Ă©trangĂšre ne vient pas dĂ©sassocicr leurs molĂ©cules con- stitutives, qui ne sont jamais engendrĂ©es par leurs semblables et qui rĂ©sultent toujours de l'union ou de la dĂ©composition de corps dont la nature diffĂšre de la leur. Ainsi un atome de craie n'est pas produit par de la craie qui prĂ©existerait, mais naĂźt de la combinaison d'un atome de chaux et d'un atome d'acide carbo- nique ; de mĂȘme que tous les autres corps bruts, il n'a ni ascendants ni descendants de son espĂšce, et il est une consĂ©- quence des propriĂ©tĂ©s dont est douĂ©e la matiĂšre qui le con- stitue ; tandis que les corps organisĂ©s dont je viens de parler ne se forment que sous l'influence d'un autre individu de leur espĂšce qui imprime Ă  la matiĂšre destinĂ©e Ă  les constituer un vm. 17 L'origine des Animaux est parfois obscure. 238 REPRODUCTION. cachet particulier», en mĂȘme temps qu'il y communique la puis- sance vitale dont il est lui-mĂȘme anime. Aucun de ces ĂȘtres n'existerait s'il n'avait Ă©tĂ© engendrĂ© par des parents, et si les grandes lois de la Nature ont rĂ©ellement la gĂ©nĂ©ralitĂ© que je leur ai souvent attribuĂ©e dans le cours de ces Leçons, nous devons penser qu'il en sera de mĂȘme pour tout ce qui vit; que tous les Animaux, ainsi que toutes les Plantes, doivent ĂȘtre des descen- dants d'autres Animaux et d'autres Plantes, et que leur multi- plication Ă  la surface de notre globe est toujours une consĂ©- quence de la facultĂ© gĂ©nĂ©ratrice dont les individus de leur espĂšce sont douĂ©s. Dans l'immense majoritĂ© des cas, il est facile de s'assurer qu'effectivement les Animaux et les Plantes se reproduisent, et ne peuvent naĂźtre que s'ils ont Ă©tĂ© procréés de la sorte. Mais dans quelques circonstances cette filiation n'est pas Ă©galement Ă©vidente, et parfois mĂȘme on ne s'explique pas bien, au pre- mier abord, comment certains Animaux peuvent avoir une origine semblable. On ne leur connaĂźt pas de mĂšre, et l'on ne voit mĂȘme pas d'Animaux de leur espĂšce dans les lieux oĂč ils naissent. Ainsi il n'est pas rare de voir des Anguilles, des Apus et d'autres Animaux aquatiques se montrer en nombre consi- dĂ©rable dans des mares ou mĂȘme dans de petites flaques d'eau pluviales, au milieu de terres qui Ă©taient restĂ©es Ă  sec pendant de longues annĂ©es, et qui par consĂ©quent n'avaient pu ĂȘtre habi- tables pour des ĂȘtres de cette nature. Lorsqu'un cadavre exposĂ© Ă  l'action de l'air se putrĂ©fie, on voit souvent des milliers de petits Animaux vermiformes s'y dĂ©velopper, et dans quelques cas on trouve des parasites non-seulement dans les intestins de beaucoup d'Animaux, mais aussi jusque dans la substance d'organes en apparence inaccessibles Ă  des ĂȘtres venant du dehors, dans la substance du foie, dans le globe de l'Ɠil et dans l'intĂ©rieur du crĂąne, aussi bien que dans le centre de cer- tains fruits et dans le tissu du bois. HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 239 Pour rendre compte de faits de cet ordre, les philosophes de HypothĂšse l'antiquitĂ© imaginĂšrent que le limon de la terre , les chairs u gĂ©nĂ©ration corrompues et d'autres substances privĂ©es de vie, pouvaient, spontanĂ©e sous l'influence de la chaleur, de l'air et de l'eau, se constituer en corps organisĂ©s qui prendraient vie sans avoir Ă©tĂ© engendrĂ©s par aucun ĂȘtre vivant. Par un singulier emploi des mots, on a appelĂ© gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e ce mode d'origine de corps vivants qui ne seraient pas des produits d'une gĂ©nĂ©ration quelconque, et qui se constitueraient de toutes piĂšces sans le concours d'aucun organisme prĂ©existant; qui seraient créés et non engendrĂ©s. Cette maniĂšre d'expliquer la formation des Animaux dont l'origine Ă©tait entourĂ©e d'obscuritĂ© fut gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e par les naturalistes anciens et par les Ă©crivains du moyen Age ; aujourd'hui encore quelques physiologistes y ont recours, et dans ces derniers temps elle a Ă©tĂ© soutenue avec ardeur par quelques hommes de talent. .Mais, Ă  mesure que la science a fait des progrĂšs, on a vu presque toutes les prĂ©tendues excep- tions Ă  la loi de la multiplication des ĂȘtres vivants par voie de gĂ©nĂ©ration rentrer successivement dans la rĂšgle commune , et il me semble impossible de ne pas croire que, dans l'Ă©tat actuel des choses, la vie est toujours transmise, que la matiĂšre brute ou morte ne saurait Ă  elle seule se constituer en forme d'ĂȘtre organisĂ©, et acquĂ©rir le mode d'activitĂ© qui caractĂ©rise soit un Animal, soit une Plante, et que la multiplication de ces ĂȘtres s'effectue d'aprĂšs le mĂȘme principe essentiel, que ces corps soient des Hommes ou des Monades; en d'autres termes, que tout corps vivant provient d'un corps qui vit. § 2. — Il me paraĂźtrait presque inutile de rapporter ici tout ce que les anciens ont dit de la production des Animaux par le limon des fleuves ou la corruption des cadavres. Chacun de nous, dĂšs son enfance, a Ă©tĂ© familiarisĂ© avec les idĂ©es de ce genre par la lecture de l'un des plus grands poĂštes de l'antiquitĂ©, et ce que Virgile raconte des Abeilles du berger AristĂ©e n'Ă©tait 2q0 REPRODUCTION. que l'expression des croyances partagĂ©es par tous les natura- listes de son temps. Le grand Aristote avait pensĂ© de mĂȘme, et gĂ©nĂ©ralisant des observations incomplĂštes, il avait dit que tout corps sec qui devient humide, ainsi que tout corps humide qui se dessĂšche, produit des Animaux, pourvu qu'il soit susceptible de les nourrir 1. Quelques naturalistes du moyen Ăąge et de l'Ă©poque de la renaissance firent un usage encore plus immodĂ©rĂ© d'hypothĂšses analogues. Ainsi un Ă©rudit cĂ©lĂšbre du xvne siĂšcle, le pĂšre Kir- cher, assura que la chair d'un Serpent dessĂ©chĂ©e et rĂ©duite en poudre, puis semĂ©e dans de la terre et arrosĂ©e par la pluie, 1 Au dĂ©but du cinquiĂšme livre de son Histoire des Animaux, Aristote s'exprime de la maniĂšre suivante Il y a des Animaux qui sont produits par d'autres Animaux qu'une forme com- mune place dans le mĂȘme genre, et il y en a qui naissent d'eux-mĂȘmes sans ĂȘtre produits par des Animaux sem- blables. Ceux-ci viennent onde la terre putrĂ©fiĂ©e, ou des plantes, comme la plupart des Insectes ; ou bien ils se produisent dans les Animaux mĂȘmes des superfluitĂ©s qui peuvent se trou- ver dans les diffĂ©rentes parties de leur corps. » Dans beaucoup d'autres pas- sages, Aristote parle de la production d'Animaux par le limon ou d'autres matiĂšres analogues ainsi il explique de la sorte la formation des larves qu'il appelle des Ascarides, et qui, en se mĂ©tamorphosant , deviennent des Mouches du genre Empis ; il dit que les Poux naissent de la chair, et que les Puces rĂ©sultent d'une fermentation qui se dĂ©veloppe dans les ordures ; il attribue aussi Ă  la gĂ©nĂ©ration dite spon- tanĂ©e la formation des Teignes qui rongent la laine, et des Acarus de la cire, ainsi que celle des Anguilles et de quelques autres Poissons a. Diodore de Sicile mentionne le dĂ©- veloppement d'une foule d'Animaux aux dĂ©pens du limon du Nil Ă©chauffĂ© par les rayons du soleil 6, et Plutar- que assure que le sol de l'Egypte paraĂźt engendrer spontanĂ©ment des Rats c. La fable que Virgile raconte au sujet de la production des Abeilles au moyen du cadavre d'un bƓuf d a Ă©tĂ© ac- ceptĂ©e sans critique par Pline e. a Aristote, Histoire des Animaux, trad. de Camus, t. I, p. 237, 291, 31 3, 363, 367, etc. b Diodore, BibliothĂšque historique, trad. par Gros, 1846, t. I, p. 12. f Quelques auteurs ont fait remarquer que ce passage ne saurait sappliquer au Rat proprement dit, qui n'Ă©tait pas connu des anciens ; mais on sait qu'il existe en Egypte une autre espĂšce du mĂȘme genre qni, dans les temps modernes, a Ă©tĂ© dĂ©signĂ©e sous le nom de Mus cohirinus voyez Geoffroy Saint-Hilaire, Description de l'Egypte Hist. nat., t. II, p. 733, MammifĂšres, pi. 5, lig. 1. d Virgile, GĂ©orgiques, chant IV. e Pline, Historiarum mundi lib. XI, ? XXIII. de TĂŻeili. HYPOTHÈSE DK LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 2A1 donne naissance Ă  des Vers qui bientĂŽt se transforment en Ser- pents 1. En 1638, un premier coup fut portĂ© Ă  toutes ces idĂ©es ExpĂ©rience fausses par un mĂ©decin de Florence, dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occa- sion de parler dans une prĂ©cĂ©dente Leçon, François Redi 2. A l'aide d'expĂ©riences non moins simples que probantes, ce naturaliste constata que les prĂ©tendus Vers qui se montrent dans les charognes sont des larves d'Insectes ; que ces larves ne sont pas des produits de la putrĂ©faction, mais naissent des Ɠufs qui sont dĂ©posĂ©s sur la chair par des Mouches, et que les matiĂšres corrompues dont on les supposait provenir ne sont en rĂ©alitĂ© qu'un aliment dont ils se nourrissent S. 1 Ce savant, trop crĂ©dule, s'occu- pait de linguistique, de mathĂ©matiques et de physique, aussi bien que d'his- toire naturelle, et il fut un des pre- miers Ă  chercher Ă  interprĂ©ter les hiĂ©- roglyphes Ă©gyptiens. 11 mourut Ă  Home en 1G80. Ce fut en partie pour con- trĂŽler les assertions consignĂ©es dans un de ses ouvrages a, que Iledi entre- prit les expĂ©riences doni il va ĂȘtre question. 2 Voyez tome V, page 255. 3 AprĂšs avoir rendu compte de beaucoup d'expĂ©riences faites pour Ă©tablir que les Animaux vermiformes qui se dĂ©veloppent dans la chair en putrĂ©faction sont des larves destinĂ©es Ă  se transformer en Mouches de diffĂ©- rentes sortes, Redi s'exprime dans les termes suivants D'aprĂšs ces faits que je venais d'acquĂ©rir, je commençais Ă  soupçon- ner que tous les Vers qui naissent dans les chairs y sont produits par des .Mou- ches et non par ces chairs mĂȘmes, et je me confirmais d'autant plus dans celte idĂ©e, qu'Ă  chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration produite par mes soins, j*a\ais toujours vu des Mouches vol- tiger et s"arrĂšter sur les chairs avant qu'il y parut des Vers, et que les Mouches qui s'y formaient ensuite Ă©taient de mĂȘme espĂšce que celles que j'avais vues s'y poser. Mais ce soupçon n'aurait Ă©tĂ© d'aucun poids si l'expĂ©- rience ne l'eut confirmĂ©; c'est pour- quoi, au mois de juillet, je mis dans quatre bouteilles Ă  large cou, un SĂ©r- pent, quatre petites Anguilles et un morceau de veau. Je bouchai bien exactement ces bouteilles avec du papier que j'arrĂȘtai sur leur orifice en le ser- rant autour du goulot avec une ficelle; aprĂšs quoi je mis des mĂȘmes choses et en mĂȘme quantitĂ© dans autant de bouteilles que je laissai ouvertes. Peu de temps aprĂšs, les Poissons et les chairs de ces seconds vaisseaux se rem- plirent de Vers et je voyais les Mouches y entrer et en sortir librement ; mais je n'ai pas aperçu un seul Ver dans les bouteilles bouchĂ©es, quoiqu'il se fut {a\ Kirclier, Munivs subterraneus, lib, MI. 2/^2 REPRODUCTION. observation Redi resta dans le cloute concernant le mode d'origine de vaiiisnieri. certains Yers ou larves que l'on trouve souvent dans l'intĂ©- rieur du corps de divers Animaux vivants ou dans la sub- stance de certaines Plantes en pleine vĂ©gĂ©tation, et, tout en refusant Ă  la matiĂšre morte la facultĂ© de s'organiser sponta- nĂ©ment et de devenir ainsi un corps vivant, il inclina Ă  penser que la force vitale dont les Plantes, aussi bien que les ĂȘtres ani- mĂ©s, sont douĂ©es pouvait dĂ©terminer dans leur organisme la production d'Animaux parasites. Mais un de ses disciples, Vaiiisnieri, ne tarda pas Ă  faire rentrer dans la rĂšgle commune un grand nombre de ces anomalies prĂ©sumĂ©es, car il constata que divers Insectes qui se dĂ©veloppent dans l'intĂ©rieur des fruits sont les produits d'une gĂ©nĂ©ration ordinaire, et qu'ils sont dĂ©posĂ©s Ă  l'Ă©tat d'Ɠufs dans la substance des VĂ©gĂ©taux, ou y pĂ©nĂštrent du dehors Ă  l'Ă©tat de larves pour y vivre et y grandir 1. Ă©coulĂ© plusieurs mois depuis que ces matiĂšres y avaient Ă©tĂ© renfermĂ©es ; on voyait quelquefois sur le papier qui les couvrait de petits Vers qui cherchaient un passage pour s'introduire dans ces hou l cilles ils semblaient s'efforcer de pĂ©nĂ©trer jusqu'Ă  ces chairs qui Ă©taient corrompues et qui exhalaient une odeur fĂ©tide... Je ne me conten- tai pas de ces expĂ©riences, j'en fis une infinitĂ© d'autres en diffĂ©rents temps et avec diffĂ©rentes sortes de vaisseaux, et pour ne nĂ©gliger aucune espĂšce de tentatives, je fis enfouir plusieurs fois dans la terre des morceaux de chair, que j'eus soin de faire recouvrir de terre bien exactement ; et quoiqu'ils y restassent plusieurs semaines, il ne s'y engendra jamais de Vers, comme il s'en formait sur toutes les chairs sur lesquelles les Mouches s'Ă©taient po- sĂ©es a. » Redi constata aussi l'existence d'or- ganes reproducteurs chez divers Vers intestinaux que l'on supposait gĂ©nĂ©ra- lement ne se multiplier que par la gĂ©- nĂ©ration dite spontanĂ©e 6. I Vaiiisnieri Ă©tait un neveu de l'illustre Malpighi, et il pratiquait la mĂ©decine Ă  Padoue, vers le commen- cement du xvme siĂšcle ; on lui doit beaucoup d'observations intĂ©ressantes sur la gĂ©nĂ©ration des Insectes dont les larves vivent dans ou sur les vĂ©gĂ©- taux. Il reconnut aussi que l'Animal vermiforme appelĂ© OEstre, qui se dĂ©ve- a Redi, ExpĂ©rimenta circa generationem Insectorum edit. de Lcyde, 1739, p. 32 et suiv.. b Idem, De Animalculis vivis quee in corporibus Animalium vivonim reperiuntur obsena- tiones, edit. de Leyde, 1T29. HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 2&3 Un autre naturaliste du xvne siĂšcle, dont le nom revient sou- Recherches Ăźle vent dans ces Leçons, Swammerdam 1, combattit avec non swammerdam, moins de succĂšs les erreurs qui rĂ©gnaient depuis l'antiquitĂ©, touchant l'aptitude de la matiĂšre brute Ă  former spontanĂ©ment beaucoup d'Animaux infĂ©rieurs 2. Ainsi il fit voir que les Abeilles, dont le nombre se compte par milliers dans chaque ruche, sont toutes le produit, non pas de la putrĂ©faction des cadavres, comme on l'avait prĂ©tendu, mais du dĂ©veloppement des Ɠufs pondus par l'individu que les anciens appelaient le roi, et que les modernes dĂ©signent par le nom mieux appropriĂ© de reine 3. Il constata que les Poux sortent d'un Ɠuf, et en loppe dans l'intestin du Cheval, est en- gendrĂ© par une sorte de Mouche, mais il se trompa sur la maniĂšre dont ce parasite est introduit du dehors dans l'intĂ©rieur du corps de l'Animal oĂč il vit a. Vallisnicri pensait que la fe- melle pĂ©nĂ©trait dans l'anus du Che- val pour y pondre ses Ɠufs, tandis cju'en rĂ©alitĂ© elle les dĂ©pose Ă  l'extĂ©- rieur et les colle aux poils de cet Ani- mal, sur une des parties du corps que celui-ci a l'habitude de lĂ©cher. Le Cheval ramasse avec sa langue les larves qui sortent des Ɠufs ainsi placĂ©s, les avale et les introduit dans son estomac, oĂč elles sĂ©journent fort longtemps; de lĂ  ces parasites passent dans l'intestin et s'Ă©chappent au dehors par l'anus, pour aller en terre achever leurs mĂ©tamorphoses 6. 1 Voyez tome I, page 1x2. 2 Swammerdam ne mĂ©nagea pas ses expressions lorsqu'il parla des par- tisans de l'hypothĂšse des gĂ©nĂ©rations dites spontanĂ©es. Ainsi, en traitant de l'Abeille, il dit Quoique ce soit le comble de L'absurditĂ© d'imaginer que la pourriture soit capable d'engendrer des Animaux aussi bien organisĂ©squele sont les Abeilles, c'est cependant l'opi- nion de la plus grande partie des Hom- mes, parce qu'on juge sans vouloir rien examiner c, » Enfin, il termine son ouvrage par ces mots En examinant donc attentivement le dĂ©veloppement des Insectes, des Animaux qui ont du sang et des VĂ©gĂ©taux, on reconnaĂźt que- tous ces ĂȘtres croissent et se dĂ©velop- pent suivant une mĂȘme loi, et l'on sent combien est fausse l'opinion de la gĂ©- nĂ©ration spontanĂ©e, qui attribue Ă  des causes fortuites des effets si rĂ©guliers et si constants /. » 3 Les rĂ©sultats gĂ©nĂ©raux des re- cherches de Swammerdam sur la gĂ©- nĂ©ration des Abeilles et des autres Insectes furent publiĂ©s du vivant de ce naturaliste en 1669 e ; mais la plupart {a Vallisnieri, DĂ©lia curiosa origine dcgli Sviluppi e de coslumi ammirabili di molli Insetti Opcre fisico-mediche, t. I, p. 3. & Bracy-Clarke, An Essay on the Dots of Horses and olher Animais, 1315, p. 17 et suiv. c Swammerdam, Diblia Natures, I. I, p. 530. {d Idem, Op. cit., t. 11, p. 8G3. e Swammerdam, Histoire gĂ©nĂ©rale des Insectes, p. 96, clc. 2lili REPRODUCTION. pondent, comme les autres Insectes 1; enfin il expliqua d'une maniĂšre trĂšs-judicieuse l'origine des larves qui habitent dans l'intĂ©rieur des excroissances vĂ©gĂ©tales appelĂ©es galles, ou dans la substance des feuilles de diverses plantes 2. L'histoire du mode de reproduction de ces parasites, et de beaucoup d'autres Insectes dont les mƓurs sont analogues, ne fut complĂ©tĂ©e que bien plus tard par les belles recherches de RĂ©aumur ; mais les faits introduits dans la science par Redi, Swammerdam et Vallisnieri auraient probablement suffi pour faire justice de de ses observations ne furent connues du monde savant que longtemps aprĂšs sa mort, lorsqu'on 1737, son grand ouvrage, intitulĂ© Biblia Natures, seu historia Insectorum in certas classes reducta, fut Ă©ditĂ© par son compatriote rillustrc mĂ©decin Boerhaavc. Une tra- duction française de ce livre parut en 1758 dans le 5e volume de la collec- tion acadĂ©mique de Dijon. 1 Dans quelques cas, les Poux se dĂ©veloppent sur le corps humain en nombre si prodigieux, qu'au premier abord on a cru ne pouvoir s'expliquer leur multiplication par la voie ordi- naire de la gĂ©nĂ©ration, et qu'on a sup- posĂ© qu'ils naissaient de la substance de notre organisme, opinion qui a Ă©tĂ© soutenue encore de nos jours par quel- ques auteurs. Les mĂ©decins ont con- sidĂ©rĂ© ce phĂ©nomĂšne comme dĂ» Ă  une maladie particuliĂšre qu'ils dĂ©si- gnent sous le nom de phthiriasis, et parmi les personnes quiont Ă©tĂ© infestĂ©es de la sorte, on cite plusieurs hommes cĂ©lĂšbres par exemple, AIcman, poĂšte grec a, Platon, le dictateur Sylla , les deux HĂ©rodes, l'empereur Maximhi et le roi d'Espagne Philippe II. On a mĂȘme attribuĂ© Ă  cette maladie la mort de plusieurs de ces personnages. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, les partisans de l'hypothĂšse des gĂ©nĂ©rations dites spontanĂ©es pensaient que les Puces naissaient de la poussiĂšre et d'autres matiĂšres inertes; mais en 1682, Leeu- wenhoekconslata que ces Insectes pon- dent des Ɠufs et se multiplient par la voie de la gĂ©nĂ©ration ordinaire; il fit connaĂźtre en mĂȘme temps les mĂ©ta- morphoses qu'ils subissent dans le jeune Ăąge b. 2 Swammerdam n'eut pas l'occa- sion d'observer la maniĂšre dont les Ɠufs sont introduits dans le tissu de la plante, qui, en se dĂ©veloppant, consti- ‱ tuera une galle, mais il constata que ces Ɠufs donnent naissance Ă  des lar- ves qui, aprĂšs s'ĂȘtre nourries de la sub* stance vĂ©gĂ©tale dont elles sont entou- rĂ©es, se transforment en Insectes ailĂ©s qui produisent Ă  leur tour des Ɠufs semblables Ă  ceux dont elles Ă©taient elles-mĂȘmes sorties c. tt Stoatahierdamj Biblia NalurƓ, l. Il, p. 72 3 et suiv, b Leuwenhoek, Arcana NaturƓ dĂ©tecta, epist. lxxyi OpĂ©ra, I. Il, p. 325. f Burducli, TraitĂ© de physiologie, t. I, p. 3'J. HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 2fr5 l'hypothĂšse des gĂ©nĂ©rations spontanĂ©es 1, si, vers la fin du wne siĂšele, une dĂ©couverte importante, en reculant les limites de l'observation possible , n'eĂ»t fait naĂźtre d'autres diffi- cultĂ©s pour l'explication desquelles on eut de nouveau recours Ă  des suppositions analogues Ă  celles dont la faussetĂ© venait d'ĂȘtre reconnue pour tous les cas susceptibles d'ĂȘtre Ă©tudiĂ©s d'une maniĂšre approfondie. En examinant au microscope de l'eau pluviale'qui Ă©tait restĂ©e DĂ©couverte des exposĂ©e Ă  l'air, Leeuwcnhoek 2 y dĂ©couvrit une multitude infĂšres. d'ĂȘtres animĂ©s, d'une petitesse extrĂȘme, qui n'y existaient pas au moment oĂč il avait recueilli ce liquide. Il constata aussi que des Animalcules microscopiques analogues se dĂ©veloppent par myriades dans l'eau oĂč l'on fait infuser des matiĂšres orga- niques, par exemple du poivre ou du foin, et il ouvrit ainsi un champ nouveau aux investigations des observateurs ainsi qu'aux hypothĂšses des physiologistes spĂ©culatifs 3. De bonne 1 En 1737, RĂ©aumur disait Nous 3 Les premiĂšres observations de n'avons plus besoin de combattre le LeeuwenhƓk sur le dĂ©veloppement sentiment absurde dans lequel on a Ă©tĂ© des Animalcules microscopiques dans pendant si longtemps sur l'origine des Peau pluviale datent de 1675, mais ne Insectes des galles ; il n'est plus de furent publiĂ©es que quelque temps philosophe qui osĂąt soutenir avec les aprĂšs. Il constata aussi la prĂ©sence de anciens, peut-ĂȘtre mĂȘme n'en cst-il ces petits ĂȘtres dans de l'eau de puits, plus de capable de penser que quel- dans de l'eau provenant de la fonte ques parties d'une plante peuvent, en des neiges, et dans l'eau de la mer. se pourrissant, devenir un Ver, une Enfin, il vit ces Animalcules se dĂ©ve- Mouche, en un mot un Insecte, qui est lopper en trĂšs-grand nombre dans de un assemblage de tant d'admirables l'eau oĂč il avait fait infuser du poi- organes a. » Les observations de ce vre b. Afin de donner une idĂ©e de la grand naturaliste sur la gĂ©nĂ©ration des petitesse et de l'abondance de ces Ani- Insectes qui se dĂ©veloppent dans Pin- malcules, Leeuvvenhock chercha Ă  cal- tĂ©ricur des plantes sont pleines d'in- caler combien une seule goutte d'eau tĂ©ret et d'une exactitude parfaite. pouvait en contenir, et il arriva Ă  2 Voyez tome I, page 42. cette conclusion que, dans certains cas, a Rcaumur, MĂ©moires pour servir Ă  l'histoire des Insectes, t. III, p. 474. {b A. Van LeeuwcnlioeK, Lettcr concernimj liltlc Animais by him observed in min water and snow water; as also water conlaining pepper had lain influai l'hilus. Trans., 1078, i. Ml, [.. 8-21. Mil. 18 246 REPRODUCTION. HypothĂšses heure quelques naturalistes attribuĂšrent cette production relatives Ă  rorigine d'Animalcules Ă  une sorte d'ensemencement d'Ɠuts ou de de ces f ta Animalcules, germes qui , engendres par d'autres Animalcules de mĂȘme espĂšce, auraient Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s par les vents et flotteraient dans l'atmosphĂšre au milieu des poussiĂšres dont l'air est toujours plus ou moins chargĂ© 1. Mais d'autres auteurs, ne pouvant apercevoir ni Ɠufs ni germes de ce genre, crurent prĂ©fĂ©rable d'expliquer la naissance de ces petits ĂȘtres comme les anciens expliquaient la formation des Abeilles d'AristĂ©e ou la multipli- cation des Rats de l'Egypte, c'est-Ă -dire en supposant que la matiĂšre inorganique ou morte, soumise Ă  l'action de la cha- leur et de l'humiditĂ©, possĂ©derait la facultĂ© de s'organiser et de constituer des ĂȘtres animĂ©s, lesquels vivraient sans avoir reçu la vie d'un autre corps vivant; ou, en d'autres ternies, ils attribuaient l'apparition de ces Animalcules Ă  une gĂ©nĂ©ration dite spontanĂ©e. Vers le milieu du siĂšcle dernier, ces questions ardues occu- pĂšrent beaucoup l'attention des naturalistes, et donnĂšrent nais- sance Ă  deux hypothĂšses opposĂ©es qui ont eu trop de cĂ©lĂ©britĂ© pour que je n'en dise pas quelques mots. il pouvait y en avoir plus de vingt- sept millions {a. Enfin, il constata avec beaucoup de soin que les Animalcules de Teau pluviale n'existaient pas dans ce liquide au moment de sa chute, et qu'ils s'y Ă©taient dĂ©veloppĂ©s quelques jours aprĂšs 6. 1 Henry Baker, l'un des micro- graphes les plus laborieux du xvme siĂš- cle, interprĂ©ta de la sorte les faits observĂ©s par Lecuwcnhoek et par lui- mĂȘme, relatifs au dĂ©veloppement des Animalcules dans Peau exposĂ©e Ă  l'air, eteontenant des matiĂšres nutritives c. Ce fut aussi l'hypothĂšse que Spallan- zani et quelques autres auteurs adop- tĂšrent pour expliquer l'apparition des Animalcules dans les infusions /. a Lceuwenliock, Lcller wherein some Account is given of the Manner of his obstrvuig sa great a number of living Animais in diverse sorts of water, etc. Philos. Trans., 1078, t. XII, p. 844. b Leeuwonhoek, Another Lettcr concerning his Observations on rain ivatcr Philos. Trans., 1702, t. XXIII, p. 1152. e Baker, The Microscope made casg, 1742, p. G9. d Spallanzani, Opuscules de physique animale et vĂ©gĂ©tale, trad. par Senelier, 1787, 1. 1, p. 232 et suiv. il\[»OTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 2Zl7 En rĂ©flĂ©chissant sur les phĂ©nomĂšnes naturels plutĂŽt qu'en EmboĂźtement Ăźles germes. observant la nature, un philosophe genevois, Bonet, fut con- duit Ă  penser que non-seulement un Animal ne pouvait se con- stituer de toutes piĂšces et prendre vie sans avoir Ă©tĂ© engendrĂ© par un Animal prĂ©existant, mais qu'il ne pouvait ĂȘtre une crĂ©ation de celui-ci ; que le jeune se dĂ©veloppait dans le corps de sa mĂšre sans ĂȘtre en rĂ©alitĂ© formĂ© par elle, et qu'il y prĂ©existait Ă  l'Ă©tat de germe. Appliquant ensuite ce mode de raisonnement Ă  la sĂ©rie des ĂȘtres dont cette mĂšre Ă©tait elle- mĂȘme descendue et Ă  la progĂ©niture future de ses produits, Bonet arriva Ă  penser que le premier individu de cha/juc race devait contenir, inclus les uns dans les autres, les germes de tous les individus dont il Ă©tait destinĂ© Ă  ĂȘtre la souche, de sorle que tous ces individus auraient existĂ© Ă  l'Ă©tat de germes dĂšs la crĂ©ation du RĂšgne animal, et n'auraient fait que se dĂ©ve- lopper Ă  mesure qu'ils se seraient dĂ©pouillĂ©s successivement des enveloppes constituĂ©es par des germes placĂ©s moins pro- fondĂ©ment. C'est celte hypothĂšse singuliĂšre que l'on connaĂźt sous le nom de thĂ©orie de l'emboĂźtement des germes. Notre imagination s'en effraye comme de l'idĂ©e de l'infini, et cepen- dant Cuvicr considĂ©ra cette maniĂšre d'envisager le mystĂšre de la multiplication des ĂȘtres vivants comme Ă©tant prĂ©fĂ©rable Ă  toute autre 1. Buffon, dont les conceptions nous charment toujours par MoiĂ©cnt* leur grandeur, lors mĂȘme qu'on ne saurait les considĂ©rer "T1"' comme l'expression des laits acquis Ă  la science, se plaça Ă  un autre point de vue, et, adoptant en partie les idĂ©es de Mauper- tuis sur l'attraction Ă©lective des molĂ©cules 2, il regarda la 1 J'ai soin en t entendu Cuvier s'ex- 2 Mauper luis, dont la cĂ©lĂ©britĂ© est pliquer Ă  ce sujet dans la conversa- due surtout au voyage qu'il fit eu La- tion, et son opiuion a Ă©tĂ© recueillie par ponie avec Clusant et quelques au- son collaborateur Laurillard a. trĂšs savants pour vĂ©rifier les idĂ©es de a Laurillard, Éloge de Cuvier sur les ossements fossiles, cdil. in-8, t. I, p. 57. Dufl'un . 2fj8 REPRODUCTION. vitalitĂ© comme Ă©tant une propriĂ©tĂ© indestructible, non pas de la matiĂšre en gĂ©nĂ©ral, mais de la matiĂšre organisĂ©e, c'est-Ă -dire de la substance constitutive des ĂȘtres vivants; il pensa que chaque molĂ©cule de cette matiĂšre vit par elle-mĂȘme, et que la maniĂšre dont son activitĂ© physiologique se manifeste, dĂ©pend de son mode d'association avec d'autres molĂ©cules organiques. Le corps d'un Animal ou d'une Plante ne serait donc qu'une rĂ©u- nion d'une multitude d'ĂȘtres vivants avant chacun leur indivi- dualitĂ©, et susceptibles de se rĂ©unir de mille maniĂšres diffĂ©rentes pour constituer autant d'autres Animaux ou d'autres Plantes ; ce que nous appelons la mort d'un de ces ĂȘtres complexes ne serait alors que la dissolution d'une de ces associations, et les molĂ©- cules organiques ainsi mises en libertĂ© continueraient Ă  vivre isolĂ©ment, ou entreraient dans de nouvelles combinaisons pour former d'une part les Monades, par exemple, d'autre part quelque corps vivant plus complexe, tel qu'un Insecte ou un QuadrupĂšde. Telle est, en peu de mots , l'essence de la thĂ©orie dite des molĂ©cules organiques de BulĂŻon, thĂ©orie d'aprĂšs laquelle les Animalcules qui naissent dans les infusions ne seraient que des molĂ©cules des matiĂšres animales ou vĂ©gĂ©tales mises en libertĂ© par la destruction de l'association physiologique dont elles Newton touchant l'aplatissement de la ' terre aux pĂŽles, combattit fortement la thĂ©orie de la prĂ©existence et de l'em- boĂźtement des germes. Il crut pouvoir expliquer la formation des organismes en supposant que les molĂ©cules de la matiĂšre organisahle sont douĂ©es d'une sorte d'attraction Ă©lective en vertu de laquelle ces atomes se rapprocheraient et s'uniraient dans certains rapports, de façon Ă  donner naissance Ă  des assem- blages analogues Ă  ceux dont ces mĂȘ- mes molĂ©cules proviennent, propriĂ©tĂ© qu'il comparait tantĂŽt Ă  l'affinitĂ© chi- mique ou Ă  l'attraction en vertu de laquelle les parties constitutives d'un cristal se rĂ©unissent suivant un ordre dĂ©terminĂ©, tantĂŽt Ă  une sorte d'instinct ou de souvenir d'un Ă©tat antĂ©rieur. Les premiers Ă©crits de Mauperluis sur ce sujet parurent peu d'annĂ©es avant ceux de Buffon a. a Mauperluis, VĂ©nus physique, 1744 ƒuvres, t. II, p. 3. — Essai sur la formation des corps organisĂ©s, Berlin, 1754 ƒuvres, I. II, p. 139. HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 249 faisaient prĂ©alablement partie, et redevenues actives isolĂ©ment aprĂšs avoir cessĂ© de manifester leur puissance vitale par un genre d'activitĂ© dĂ©pendant de leur mode de rĂ©union en un orga- nisme complexe. Ce serait cette matiĂšre organique, et par consĂ©quent vivante, qui, retenue dans l'intĂ©rieur de certains Animaux ou de certaines Plantes, formerait des Vers intestinaux ou d'autres parasites. Enfin, ce seraient encore ces molĂ©cules organiques qui, en s'associant dans l'intĂ©rieur des organes de la reproduction d'un ĂȘtre vivant, imitant le mode d'assem- blage des molĂ©cules dont le corps de celui-ci se compose, rem- pliraient une sorte de moule virtuel fourni par cet organisme prĂ©existant, et constitueraient ainsi l'embryon destinĂ© Ă  perpĂ©- tuer sa race .1. L'hvDOthĂšse de la multiplication des ĂȘtres animĂ©s sans Fin- Renouvellement ‱ » x Ăźle l'hypothĂšse tervention d'Animaux engendreurs, et par le jeu seulement des , age LGb. 2 Voyez Ă  ce sujet les remarques prĂ©sentĂ©es Ă  l'AcadĂ©mie, le 5 janvier 1859 6. a f'michct, Note sur des Proto-organismes nĂ©s spontanĂ©ment dans de l'air artificiel et dans le ga; oxygĂšne {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1858, t. XLVII, p. 979, el Aun. des sciences nat., i' sĂ©rie, 1858, t. IX, p. 3*7. — Pouchet et Houzeau, /. es sur les gĂ©nĂ©rations spontanĂ©es Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1858, t. XLVII, p. 982, cl Aun. des sciences nat., 4" sĂ©rie, t. IX, p. 350. b Milne Edwards, Fiemarqnes sur la valeur des faits qui sont considĂ©rĂ©s par quelques natu- ralistes comme Ă©tant propres Ă  prouver l'existence de la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e des Animaux Comptes rendus, t. XLVIII, p. 23, et Ann. des sciences nat., 4 sĂ©rie, 1858, t. IX, p. 353;. — Observations sur la question des gĂ©nĂ©rations spontanĂ©es, par MM. Payen, de 0_"a''ef3gcs, Claude Bernard el Dumas Comptes rendus, t. XLVIII, et Ann. des sciences nat., 4e sĂ©rie, t. IX, p. 3G0. 26/j. REPRODUCTION. de conviction, et des preuves qui me paraissent dĂ©cisives ne taillĂšrent pas Ă  nous ĂȘtre fournies par les belles expĂ©riences de M. Pasteur 1. ExpĂ©riences Jusqu'alors l'existence de propagules ou de germes d'Infu- "'' soires dans l'atmosphĂšre Ă©tait une hypothĂšse plausible pour expliquer l'origine de ces ĂȘtres d'une maniĂšre conforme aux lois gĂ©nĂ©rales de la reproduction ; mais c'Ă©tait une supposition seulement, et l'on n'avait pu ni voir ni saisir ces corpuscules reproducteurs. 31. Pasteur, en faisant passer de l'air Ă  travers divers corps qui remplissaient l'office de libres, du coton ou de l'amiante, par exemple, est parvenu Ă  arrĂȘter ces germes ou propagules, et, en les semant dans des infusions placĂ©es dans des vases hermĂ©tiquement fermĂ©s, il a pu dĂ©terminer Ă  volontĂ© le dĂ©veloppement d'ĂȘtres vivants dans des conditions oĂč aucun phĂ©nomĂšne vital ne se serait manifestĂ© si cet ense- mencement n'avait eu lieu. Ses expĂ©riences ont Ă©tĂ© instituĂ©es de maniĂšre Ă  Ă©viter toutes les causes d'erreur qu'il nous est possible d'imaginer, et les rĂ©sultats qu'elles lui ont fournis me paraissent inattaquables. Les arguments Ă  l'aide desquels M. Pouchet, M. Joly et quelques autres naturalistes ont cherchĂ© Ă  les renverser ne me semblent avoir aucune valeur, et, sans m 'arrĂȘter Ă  les rĂ©futer 2, je me bornerai Ă  citer ici quelques 1 Les recherches de M. Pasteur dĂ©es par cet habile expĂ©rimentateur sur la gĂ©nĂ©ration dite spontanĂ©e lurent sont discutĂ©es d'une maniĂšre appro- d'abord communiquĂ©es Ă  l'AcadĂ©mie fondie b. des sciencesdans une sĂ©rie de notes , 2 Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, puis rĂ©unies et coordonnĂ©es dans un je renverrai aux publications faites par mĂ©moire oĂč toutes les questions abor- ces divers naturalistes c, aux dis- fa Pasteur, ExpĂ©riences relatives aux gĂ©nĂ©rations dites spontanĂ©es Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1800, t. L, p. 303, et Ann. des sciences nat., 4' sĂ©rie, t. XII, p. 85. — De l'origine des ferments. Nouvelles expĂ©riences relatives aux gĂ©nĂ©rations dites sponta- nĂ©es Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1*00, t. L, p. 849. b Pasteur, MĂ©moire sur les corpuscules organisĂ©s qui existent dans l'atmosphĂšre, et examen de la doctrine des gĂ©nĂ©rations spontanĂ©es Ann. des sciences nat., 4* sĂ©rie, 1861, t. XVI, p, 5. c Voyez ri-dessus, page 254. HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 2G5 parties du beau travail de M. Pasteur, car les dĂ©tails qu'il donne suffiront, je pense, pour convaincre tous les esprits impartiaux, et montrent combien il est facile de laisser passer inaperçues des causes d'erreur. M. Pasteur constata d'abord que si l'on place dans un ballon de verre une dissolution de sucre mĂȘlĂ©e Ă  des substances albu- minoĂŻdes et Ă  une petite quantitĂ© de matiĂšres minĂ©rales pro- venant de l'incinĂ©ration de la levure de biĂšre; si l'on bouche ensuite ce ballon en Ă©tirant Ă  la lampe son col effilĂ©, et si, aprĂšs avoir effectuĂ© celle clĂŽture hermĂ©tique, on chauffe le liquide Ă  100 degrĂ©s, la fermentation ne s'y Ă©tablit pas. Il ne s'y dĂ©veloppe ni globules de ferment, ni MucĂ©dinĂ©es, ni aucune autre espĂšce d'ĂȘtres vivants, lorsqu'on fait pĂ©nĂ©trer dans le ballon ainsi disposĂ© de l'air qui a Ă©tĂ© calcinĂ© en passant Ă  travers un tube chauffĂ© au rouge, et qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© purifiĂ© delĂ  sorte, n'a pu se charger l'aucun corps organisĂ©. Cette expĂ©rience, rĂ©pĂ©tĂ©e un grand nombre de fois, a toujours donnĂ©, entre les mains de M. Pasteur, le mĂȘme rĂ©sultat. Les choses se passaient encore de la mĂȘme maniĂšre lorsqu'une certaine quantitĂ© des poussiĂšres organisĂ©es qui flottaient dans l'atmosphĂšre, et qui avaient Ă©tĂ© recueillies par la filtration de l'air, fut placĂ©e dans le col du ballon de façon Ă  ne pas subir l'influence destructive de la chaleur et Ă  ne pas arriver dans le liquide mis en expĂ©rience; mais, lorsque aprĂšs avoir laissĂ© eussions qui ont eu lieu entre M. Pas- bonne en 1862 a, et aux autres pil- leur et ses antagonistes, dans des blications faites sur ce sujet par divers rĂ©unions scientifiques tenues Ă  la Soi- auteurs b. a Voyez la Revue des Sociales savantes, sciences mathĂ©matiques physiques cl naturelles 1862, t. 1, p. iĂŻ4 et suivantes. ' 6 LavallĂ©e Poussin, le viviparisme et la question des gĂ©nĂ©rations spontanĂ©es cxlrail de la Revue catholique de Louvam, lMi2j. — Jobard, De la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e le Pro/jrĂšs international, Bruxelles, 28 aoĂ»t 1861 1. — G. Gat\o,Sulle generaziom spontanĂ©e Giornale di farmacia, 18fi — Salimbeni, Sulla eterogenia ovvero siilla generaaione spontanea. Modena, 1863. — Voyez aussi les publications dĂ©jĂ  citĂ©es pages 25-4 et suivantes, 266 REPRODUCTION. l'appareil dans cet Ă©tat pendant un temps plus ou moins long, on l'inclinait de façon Ă  faire tomber cette poussiĂšre dans le bain chargĂ© de sucre et d'albumine , on voyait toujours des signes de fermentation se manifester promptement dans le liquide, et au bout de quelques heures des productions organiques s'y dĂ©velopper. Le point oĂč ces poussiĂšres tom- baient dans le bain Ă©tait toujours celui oĂč les vĂ©gĂ©tations commençaient, et si ces mĂŽmes corpuscules, au lieu d'ĂȘtre portĂ©s directement dans l'infusion, Ă©taient exposĂ©s prĂ©alable- ment Ă  une tempĂ©rature d'environ 100 degrĂ©s, ils restaient inactifs, et la production d'Infusoires n'avait pas lieu. Mais pour dĂ©pouiller complĂštement de ces propagules les instru- ments ou les matiĂšres employĂ©s dans ces expĂ©riences, il faut i facilement pic l'on pourrait le croire de prime abord. Nous savons, par les expĂ©riences de DoyĂšre, que certains Animalcules, lorsqu'ils sont convenablement dessĂ©chĂ©s, peuvenl supporter Ăźles tempĂ©ratures qui dĂ©pas- sent de beaucoup cellede l'eau bouillante 2, et l'on a con- statĂ© aussi que les g Animalcules ou des VĂ©gĂ©taux microscopiques dont les hĂ©tĂ©rogĂ©nistes attribuent la formation donnĂ© les mĂȘmes rĂ©sultais a, mais M. Pasteur m'a rendu tĂ©moin, et dont je pense que cela devait dĂ©pendre les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© placĂ©s sous les yeux de quelque dĂ©faut dans les procĂ©dĂ©s de l'AcadĂ©mie, me semblent Ă  l'abri de opĂ©ratoires employĂ©s par ces derniers " toute cause d'erreur et me paraissent auteurs ; car les expĂ©riences dont ĂȘtre complĂštement probantes. In\ i. Wyman, ExpĂ©rimenta on ihe Formation of [nfusoria in boiled Solutions of Organic Matter enclosed in hermetically sealed Vessels and supplied with pure Air Amciican Journal of Science, 1802, t. XXXIV. - Musset, Nouvelles recherches expĂ©rimentales sur l'hĂ©lĂ©rogĂ©nie, thĂšse. Bordeaux, 1862. 270 REPRODUCTION. Ă  la matiĂšre employĂ©e de la mĂȘme maniĂšre dans toutes les expĂ©riences 1. conclusion. Nous voyons donc que chacune des prĂ©tendues exceptions Ă  la loi de la formation des ĂȘtres vivants par voie de gĂ©nĂ©ra- tion a disparu de la science dĂšs que l'on en eut fait une Ă©tude approfondie, Lorsque la peuplade sauvage de l'une de ces Ăźles qui sont isolĂ©es au milieu du grand OcĂ©an, vit pour la pre- miĂšre fois des matelots jetĂ©s sur ses cĂŽtes par quelque nau- frage, elle crut, dit-on, que ces Ă©trangers Ă©taient descendus du ciel, ou nĂ©s, comme les Poissons, au fond des eaux ; mais elle ne tarda pas Ă  reconnaĂźtre qu'ils venaient d'une terre inconnue situĂ©e au delĂ  des limites Ă©troites de l'horizon, et dĂšs lors elle n'attribua plus Ă  une autre origine les nouveaux arrivants qu'elle vit aborder dans ses domaines, lors mĂȘme qu'elle 1 Pour faire ces expĂ©riences , M. Pasteur plaça dans des ballons de verre les infusions reconnues propres Ă  ĂȘtre le siĂšge des gĂ©nĂ©rations prĂ©- tendues spontanĂ©es , mais ne conte- nant rien de vivant ; puis il fit le vide dans ces vases et les ferma hermĂ©ti- quement. Les ballons ainsi prĂ©parĂ©s furent ensuite transportĂ©s dans les lieux dont on voulait Ă©tudier l'air; lĂ  on les ouvrit pour laisser entrer ce fluide, et aussitĂŽt aprĂšs on les ferma de nouveau en prenant toutes les prĂ©- cautions dĂ©sirables pour empĂȘcher l'introduction de corps Ă©trangers. Dans onze ballons prĂ©parĂ©s de la sorte et remplis avec de l'air pris dans la cour de l'Observatoire Ă  Paris, le dĂ©veloppement d'Infnsoires ne fit dĂ©- faut nulle part ; mais sur dix ballons remplis d'air dans la cave de cet Ă©ta- blissement oĂč la tempĂ©rature est con- stante, et oĂč par consĂ©cpient il n'y a que peu de courants, neuf restĂšrent stĂ©riles et un seul donna des Infu- soires. Dans une autre expĂ©rience, M. Pas- teur opĂ©ra de la mĂȘme maniĂšre sur soixante ballons , dont vingt furent ouverts dans la campagne, loin des habitations, au pied du Jura, dont un pareil nombre fut ensuite ouvert au sommet d'une des montagnes de cette chaĂźne , dont l'altitude est de 850 mĂštres au-dessus du niveau de la mer ; enfin les vingt autres furent remplis d'air sur le flanc du Mont- Blanc, prĂšs de la mer de glace, Ă  une Ă©lĂ©vation de 2000 mĂštres. Dans la premiĂšre sĂ©rie de ballons, les Infusoires se montrĂšrent dans neuf de ces vases et onze restĂšrent stĂ©riles. Dans la deuxiĂšme sĂ©rie , celle des ballons ouverts au haut du Jura, les Infusoires ne se dĂ©veloppĂšrent que dans cinq vases, et dans les quinze HYPOTHÈSE DE LA GÉNÉRATION DITE SPONTANÉE. 271 ne put apercevoir le navire qui les y avait transportĂ©s. Les partisans de l'hypothĂšse delĂ  naissance a gĂ©nĂ©tique des Ani- malcules dont les infusions se peuplent me semblent raisonner de la mĂȘme maniĂšre que ces insulaires ignorants , lorsque ceux-ci n'avaient pas encore appris qu'ils n'Ă©taient pas les seuls habitants de notre globe, et que la mer n'Ă©tait pas un obstacle infranchissable pour les peuples civilisĂ©s. Mais je pense qu'Ă  la longue ces physiologistes se laisseront convaincre par des observations analogues Ă  celles qui ont du dissiper peu Ă  peu les erreurs des OcĂ©aniens dont je viens de parler; et que tĂŽt ou lard tous les naturalistes seront d'accord [tour reconnaĂźtre que la mĂȘme loi fondamentale rĂ©git la production du chĂȘne autres il n'y eut aucun indice d'acti- vitĂ© vitale. Enfin, dans la troisiĂšme sĂ©rie, celle des ballons ouverts sur le Mont-Blanc, dix-neuf de ces vases restĂšrent stĂ©riles et un seul se peupla d'Infusoires a. Or, cette stĂ©rilitĂ©* des infusions em- ployĂ©es dans les expĂ©riences laites Ă  de grandes altitudes oĂč l'air est pur, ne dĂ©pendait en aucune façon de la nature des matiĂšres dont ces infusions se composaient, car un des ballons restĂ©s clos pendant plus de trois ans ayant Ă©tĂ© ouvert et placĂ© dans des con- ditions oĂč les poussiĂšres charriĂ©es par l'atmosphĂšre peuvent y tomber, donna des Infusoires dans l'espace Ăźle quel- ques jours 6. Des expĂ©riences analogues ont Ă©tĂ© faites rĂ©cemment dans les PyrĂ©nĂ©es Ă  la Maladctta par MM. Pouchet, Joly et Musset; mais les rĂ©sultats ob- tenus ne furent pas les mĂȘmes que dans les cas dont je viens de parler. Ces physiologistes, ayant opĂ©rĂ© sur huit ballons, virent des Infusoires se dĂ©velopper dans tous c. Peut-on en conclure que les faits annoncĂ©s par M. Pasteur sont inexacts .' K\i- demment non. Les expĂ©riences de. A1M. Pouchet, Joly et Musset, en supposant qu'elles aient Ă©tĂ© bien faites, prouveraient seulement que dans le lieu et au moment oĂč les huit vases de ces naturalistes ont Ă©tĂ© remplis d'air, l'atmosphĂšre Ă©tait chargĂ©e de plus de poussiĂšres organiques qu'il n'y en avait au haut du Jura au moment oĂč M. Pasteur s'y rendit. Ces expĂ©- riences ne fournissent donc aucun ar- gument solide Ă  l'appui de l'hypothĂšse de l'hĂ©tĂ©rogĂ©nie. a Pasteur, ilĂ©m. sur les corpuscules organisĂ©s qui existent dans l'atmosphĂšre Ann. des sciences nat., A- sĂ©rie, 18G1, t. XVI, p. 75 etsuiv.. 6 Pasteur, \ote en rĂ©ponse des observations critiques, etc. {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1863, l. LVII, p. 7-24. c ExpĂ©riences sur l'hĂ©tĂ©rogĂ©nie exĂ©cutĂ©es dans l'intĂ©rieur des glaciers de la Maladetta {Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 18C3, t. LVII, p. 358. ecrotrencsic. 272 REPRODUCTION. et des moindres moisissures, celle de l'homme et de la monade; en un mot, la naissance de tout ce qui est douĂ© de vie. Examen ‱ § 5. — En attendant, je ne m'occuperai pas davantage ici de laproductkm cette question sans cesse rĂ©solue et sans cesse reproduite depuis s Par"a le temps d'Aristote jusqu'Ă  nos jours; et laissant de cotĂ© l'hypo- thĂšse de l'origine agĂ©nĂ©sique des Animaux, je me hĂąte d'aborder l'examen d'un autre point de l'histoire de la multiplication de ces ĂȘtres l'hypothĂšse de leur production par nĂ©crogĂ©nĂ©sie. Dans l'Ă©tat actuel de la science, il serait oiseux de discuter la portion des idĂ©es de Buffon qui sont relatives Ă  l'indestructi- hilitĂ© de la matiĂšre organisante et Ă  l'impuissance oĂč seraient les ĂȘtres vivants d'en former de toutes piĂšces. Effectivement on sait que les Plantes et mĂȘme que certains Animaux infĂ©rieurs peuvent, avec de l'eau, de l'acide carbonique, des sels ammo- niacaux et d'autres matiĂšres minĂ©rales, fabriquer pour ainsi dire les composĂ©s chimiques qui sont nĂ©cessaires Ă  la constitu- tion de leurs organes, et former, avec la substance ainsi prĂ©- parĂ©e, des tissus vivants. Sous l'influence des forces vitales, la matiĂšre inorganique peut donc devenir de la matiĂšre vivante. Mais la thĂ©orie des molĂ©cules organiques de Buffon, dĂ©gagĂ©e de ce qui est relatif Ă  l'origine de la matiĂšre vivante, ne choque aucun des principes fondamentaux de la physiologie, et mĂ©rite de fixer notre attention; je m'y arrĂȘterai mĂȘme d'autant plus volontiers, que l'examen de cette question me fournira l'occa- sion de parler de divers faits importants Ă  signaler, et qui ne trouveraient peut-ĂȘtre que difficilement leur place dans les aulres parties de ce cours. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit 1, Buffon considĂ©rait les Animaux et les plantes comme Ă©tant formĂ©s par l'assemblage d'un certain nombre de molĂ©cules organiques douĂ©es chacune de la puissance vitale, et rĂ©unies dans certains rapports de façon Ă  constituer 1 Voyez ci-dessus, pas,rc 2/j7. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIË. Ăź273 par leur assemblage tel ou tel organisme particulier dont le mode d'activitĂ© dĂ©pendrait du caractĂšre de cette association, mais dont la destruction ou mort n'influerait en rien sur les propriĂ©tĂ©s essentielles de la matiĂšre vivante des molĂ©cules dont je viens de parler, et aurait seulement pour effet de leur rendre leur indĂ©pendance individuelle, et de leur permettre de contrac- ter entre elles de nouvelles alliances , d'oĂč rĂ©sulteraient d'autres organismes. L'idĂ©e qu'implique le mot molĂ©cule ne nous permet pas d'employer ici le langage de Buffon; mais si l'on substitue Ă  celte expression le mot organite, on peut dire, avec ce grand naturaliste, que la vie de ces matĂ©riaux de l'or- ganisme n'est pas nĂ©cessairement liĂ©e Ă  la vie gĂ©nĂ©rale de l'ĂȘtre dont ils font partie; que chaque organite, devenu un corps vivant sous l'influence de la vie de l'Animal ou de la Plante qui le produit, a une vitalitĂ© propre, et peut conserver cette puis- sance biologique pendant un temps plus ou moins long aprĂšs avoir cessĂ© d'ĂȘtre uni Ă  ses associes, c'est-Ă -dire aux autres parties de l'organisme de ['ĂȘtre producteur. Ainsi, les globules hĂ©matiques qui flottent dans le fluide nourricier des Animaux, et qui ont Ă©tĂ© l'objet de nos Ă©tudes au commencement de ce cours, sont, comme nous l'avons vu, des organites libres cl vivants, des individus biologiques qui, pendant la pĂ©riode em- bryonnaire, sont susceptibles de se reproduire par division spontanĂ©e ou par bourgeonnement, mais qui meurent prompte- iiient lorsqu'ils sortent de leur milieu ordinaire. Les Sperma- tozoĂŻdes, dont l'Ă©tude nous occupera bientĂŽt, sont Ă©galement des produits de l'organisme qui jouissent d'une vie individuelle, et lui peuvent mĂȘme conserver leur mode d'activitĂ© spĂ©ciale pendantlongtemps aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s de l'ĂȘtre dans l'intĂ©- rieur duquel ils ont pris naissance. La vitalitĂ© propre de beau- coup de parties solides de l'Ă©conomie animale est Ă©galement mise en Ă©vidence par les signes d'activitĂ© qu'elles donnent aprĂšs leur ablation chacun sait que les tronçons du corps d'un 274 REPRODUCTION. Ver de terre continuent Ă  se mouvoir aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s, et des expĂ©riences rĂ©centes relatives aux greffes animales et Ă  la transplantation de fragments de tissus vivants sur des parties Ă©loignĂ©es de l'organisme, ou mĂȘme d'un animal Ă  un autre, prouvent que si les conditions dans lesquelles les parties vivantes se trouvent placĂ©es sont favorables Ă  leur existence, elles peuvent continuer Ă  vivre aprĂšs avoir cessĂ© d'appartenir Ă  l'individu dont elles Ă©taient primitivement des matĂ©riaux constitutifs 1. Dans la prochaine Leçon, nous verrons mĂȘme que chez cer- 1 On trouve dans les Ă©crits des chirurgiens un nombre assez considĂ©- rable d'observations de cas dans les- quels certaines parties du corps bu- main, aprĂšs avoir Ă©tĂ© complĂštement sĂ©parĂ©es de l'organisme et avoir Ă©tĂ© remises en place, s'y sont entĂ©es de façon Ă  faire disparaĂźtre toute solution de continuitĂ© et Ă  continuer de vivre comme elles vivaient avant l'accident. Or, on ne conçoit pas la possibilitĂ© d'une soudure semblable entre le corps vivant et une partie rĂ©ellement morte. On sait que les greffes animales peuvent, dans certaines circonstances, avoir lieu assez facilement, si le fragment appli- quĂ© Ă  la surface d'une plaie saine reste pendant un certain temps en con- tinuitĂ© de substance avec l'ĂȘtre vivant. C'est sur la connaissance de ces faits que repose le principe de la rhinoplas- tic, opĂ©ration dans laquelle le chirur- gien fabrique en quelque sorte un nez nouveau Ă  l'aide d'un lambeau de la peau du front. On doit donc penser que dans les cas oĂč des fragments du corps, aprĂšs avoir Ă©tĂ©. complĂštement sĂ©parĂ©s, ont repris de la sorte, ils avaient con- servĂ© une vitalitĂ© qui leur Ă©tait propre. Parmi les histoires de nez coupĂ©s d'une maniĂšre complĂšte et rĂ©intĂ©grĂ©s, la plus cĂ©lĂšbre et l'une des plus authen- tiques, au moins en apparence, est celle publiĂ©e en 1731, par Garengeot. Un soldat, se battant avec un de ses camarades, fut mordu par celui-ci de façon qu'il lui emporta la presque totalitĂ© de la partie cartilagineuse du nez. Le morceau ainsi dĂ©tachĂ© tomba Ă  terre, et ayant Ă©tĂ© ramassĂ© et lavĂ©, fut ajustĂ© Ă  sa place naturelle et main- tenu avec un emplĂątre agglutinatif; la rĂ©union s'opĂ©ra promptement, et Ă©tait complĂšte au bout de quelques jours o. Le. rĂ©cit de Garengeot, quoique en accord avec quelques ob- servations plus anciennes {b, ne ren- contra pendant longtemps que des incrĂ©dules ; mais des faits analogues ayant Ă©tĂ© constatĂ©s par plusieurs {a Garengeot, TraitĂ© des opĂ©rations de chirurgie, 2» Ă©dit., 1731. b Tar exemple, celles de FioravanU, chirurgien du xvi- siĂšcle, de Mollnelh ci de WmsƓlt voyez Jobert, de Lamballc, Traite de chirurgie plastique, t. I, p. 109. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 275 tains Animaux infĂ©rieurs, ainsi que chez beaucoup de VĂ©gĂ©- taux, des fragments de l'organisme, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©s, se dĂ©veloppent et se complĂštent de façon Ă  devenir des Ani- maux ou des Plantes semblables Ă  l'ĂȘtre dont ces fragments proviennent, et que la scissiparitĂ© est un des procĂ©dĂ©s que la nature emploie pour la multiplication des individus. En se plaçant au point de vue de la thĂ©orie, on peut donc concevoir la possibilitĂ© d'un phĂ©nomĂšne de mĂ©mo ordre qui serait poussĂ© plus loin, et qui aurait pour consĂ©quence la trans- formation des organites ou Ă©lĂ©ments anatĂŽmiques d'un tissu autres chirurgiens a, la possibilitĂ© de Dans quelques cas, l'oreille, aprĂšs ccite soudure est considĂ©rĂ©e aujour- avoir Ă©tĂ© complĂštement coupĂ©e ou d'hui comme Ă©tant dĂ©montrĂ©e. La arrachĂ©e, a pu ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ©e c, el plupart 1rs expĂ©rimentateurs qui oui la rĂ©union entre une portion de doigt ivĂ© dĂ©faire des rĂ©intĂ©grations de et le moignon !. i Bert, De la greffe animale, p. 51. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 277 Ă©taient douĂ©s de la facultĂ© de se multiplier par bourgeonnement ou de toute autre maniĂšre, ainsi que c'est le cas pour beaucoup de cellules histogĂ©niques , on concevrait aussi la possibilitĂ© d'une production d'ĂȘtres vivants par suite de la dĂ©sagrĂ©gation de la matiĂšre vivante dont se compose le corps d'un Animal ou d'une Plante 1. Enfin, si les corpuscules ainsi mis en libertĂ© avaient la mĂȘme structure que les Animalcules des infu- sions, ou Ă©taient susceptibles d'acquĂ©rir cette structure par l'effet de leur dĂ©veloppement, il n'y aurait aucune raison pour ne pas admettre que les corpuscules dont je viens de parler deviennent fois trĂšs-considĂ©rable. Ainsi, M. Vel- peau obtint la reprise de la pulpe du doigt, qui n'avait Ă©tĂ© remise en place qu'une demi-heure aprĂšs l'ablation de cette partie a, et M. Ollier a pu opĂ©- rer, avec non moins de succĂšs , la rĂ©intĂ©gration d'une portion de doigt qui Ă©tait sĂ©parĂ©e depuis quarante minutes b. On cite des cas dans lesquels le fragment du doigt n'a Ă©tĂ© replacĂ© que plusieurs heures aprĂšs l'accident, et s'est cependant conso- lidĂ© complĂštement e. M. Ollier a transplantĂ© avec succĂšs des lambeaux de pĂ©rioste pris sur des Animaux morts depuis vingt-quatre ou mĂȘme vingt-cinq heures, et il a constatĂ© que l'influence d'une tempĂ©rature basse est favorable Ă  la conservation des propriĂ©tĂ©s vitales de ce tissu ostĂ©ogĂ©- nique /. Enfin M. Berl a greffĂ© sous l,i peao d'un Rat la queue d'un autre Rat mort depuis vingt-quatre heures e. 1 Les observations de M. G. Jaeger tendent Ă  Ă©tablir que, dans certaines circonstances, le corps des Bydres se dĂ©sagrĂšge, et que les cellules Ă©lĂ©men- taires ainsi mises en libertĂ© conti- nueraient Ă  vivre et s'enkysteraient, il pense mĂȘme que ces portions de sub- stance organique se transforment ainsi en Amibes ; mais cette opinion ne pa- raĂźt pas ĂȘtre fondĂ©e, et rien ne prouve que les corpuscules enkystĂ©s de la sorte subissent ultĂ©rieurement un dĂ©velop- pement quelconque /. a Vclpcau, Nouveaux ElĂ©ments de mĂ©decine opĂ©ratoire, 2° Ă©dition, 1839, t. I, p. 019. b Ollier, Nouvelle note sitr les greffes pĂ©riostiques Comptes rendus de l'Acad. des sciences 1861, t. LU, p. 1087. c Bailcy, Op. cit. Edinburgh MĂ©dical Review, 1815, t. X, p. 317. — hegnault, voyez BarthĂ©lĂ©my Journal hebdomadaire, t. V, p. 15. — Carlizzi, Op. cit. / Ollier, Note stir des transplantations d'os pris sur des Animaux morts depuis un certain laps de temps Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1800, t. L, y. 103. e Bert, De la greffe animale, thĂšse, t'aris, 1803, p. 53. /* Jaeger, Ueber das spontanĂ© Zerfallen der Sitssiuasserpolgpen nebst einigen Bemerkungen tiber Generationsweçhsel Sitzungsbericht der ]\iener Akad,, 1860, t. p. 321. Vin. 20 278 REPRODUCTION. des Infusoires, et que ceux-ci soient, par consĂ©quent, des pro- duits de la nĂ©crogĂ©nĂ©sie 1. À l'Ă©poque oĂč les microscopes n'Ă©taient encore que peu per- fectionnĂ©s, on croyait gĂ©nĂ©ralement Ă  cette identitĂ© de struc- ture entre les Infusoires et les Ă©lĂ©ments anatomiques des tissus ; on considĂ©rait les uns et les autres comme Ă©tant formĂ©s seu- lement par de petites masses d'une substance gĂ©latineuse amorphe, et plus d'un observateur a cru avoir Ă©tĂ© un tĂ©moin oculaire de la transformation de ces particules en Monades ou en Kolpodes, par exemple 2. Mais aujourd'hui on sait que cette 1 Parmi les micrographes du siĂšcle dernier, qui ont expliquĂ© de la sorte la formation des Animalcules infusoi- res, je citerai en premiĂšre ligne Olhon Frederick Millier a. Une opinion assez semblable fut soutenue par Glei- chen6,elde nos jours, cette maniĂšre de voir a eu beaucoup de partisans Treviranus,Burdach et M. Pineau, par exemple c. Les vues prĂ©sentĂ©es par M. Gros de Moscou, au sujet de ce qu'il nomme gĂ©nĂ©ration ascendante, s'en rapproche et Ă  beaucoup d'Ă©gards t/. 2 Lorsqu'cn 1822, je commençais Ă  m'occuper de l'Ă©tude de ces ques- tions, les microscopes qui Ă©taient entre les mains de la plupart des observa- teurs Ă©taient si mauvais, qu'on Ă©tait exposĂ© Ă  une foule d'erreurs, et qu'en voyant les Animalcules, en apparence trĂšs-simples, se montrer dans les in- fusions Ă  mesure que des particules d'une forme analogue se dĂ©tachaient des tissus organiques en macĂ©ration, on pouvait ĂȘtre assez facilement induit Ă  croire que c'Ă©taient ces particules elles- mĂȘmes qui, en devenant libres, consti- tuaient des Infusoires. Dans quelques circonstances, il Ă©tait mĂȘme trĂšs-diffi- cile de ne pas s'en laisser imposer pai- lles apparences trompeuses e. Ainsi, M. DonnĂ©, en Ă©tudiant au microscope le mouvement ciliaire qui se fait remar- quer Ă  la surface de diverses mem- branes muqueuses, constata que ce mouvement peut persister pendant plus de trente heures sur de trĂšs-petits fragments dĂ©tachĂ©s de la membrane pi- tuitaire, et que par la dĂ©sagrĂ©gation de ce tissu, des particules de l'Ă©pithĂ©lium a 0. F. Miiller, Vermium tcrreslrium et fliwiatilium historia, 1773, l. I, p. 21. b Glcichen, Dissertation sur la gĂ©nĂ©ration, les Animalcules spermatiques et ceux d'infusion, Irad. de l'allemand, an VII, p. 11. c Treviranus, Biologie, t. II. — Burdach, TraitĂ© de physiologie, t. 1, p. 13. — Pineau, Recherches sur le dĂ©veloppement des Infusoires et des moisissures Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1845, t. III, p. 182. d Gros, De l'embryogĂ©nie ascendante des espĂšces ou gĂ©nĂ©rations perfectives Ă©quivoques et spontanĂ©es Bulletin de la SociĂ©tĂ© des naturalistes de Moscou, 1851, t. XXIII. — Loi nouvelle de la gĂ©nĂ©ration ascendante Op. cit., 1854, t. XXVII, p. Î67, — Note sur la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e, etc. Ann. des sciences nat., 3" sĂ©rie, 1852, t. XVII, p. 193. e Voyez Dumas, art. GÉNÉRATION, Dictionnaire classique d'histoire naturelle, 1825, t. VII, p. 194. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 279 identitĂ© de structure n'existe pas ; que dans l'immense majoritĂ© des cas, sinon toujours, les Animalcules microscopiques ont en rĂ©alitĂ© une structure trĂšs-complexe, et ne ressemblent aux organiles en question que par leur petitesse et leurs formes arrondies; enfin on sait aussi que les Infusoircs se repro- duisent comme le font les autres Animaux ou Plantes 1, et, dans l'Ă©tat actuel de nos connaissances, rien ne vient Ă  l'appui de l'hypothĂšse de leur production par nĂ©crogĂ©nĂ©sie 2. portant des cils s'en sĂ©parent, et nagent pendant fort longtemps de maniĂšre Ă  simuler exactement autant de Mo- nades [a. 1 Ce sont les belles observations de M. Ebrenberg sur l'organisation des Infusoircs, qui ont le plus contribuĂ© Ă  saper les bases de cette hypothĂšse 6, et, dans ces derniers temps, le mode de reproduction de ces petits ĂȘtres a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© de maniĂšre Ă  ne laisser aucune incertitude quant Ă  leur multi- plication par voie de gĂ©nĂ©ration c. 2 Gomme exemple des erreurs dont il est difficile de se prĂ©server dans les recherches sur Porigiue des ĂȘtres mi- croscopiques, je citerai ici 1rs rĂ©sultats annoncĂ©s il y a quelques annĂ©es par M. Gienkowski ei rĂ©futĂ©s ensuite par le mĂȘme naturaliste. En observant des grains de fĂ©cule mis en infusion, il 1rs avait vus s'entourer d'une enveloppe membraniforme, puisse dissoudre peu Ă  peu et ĂȘtre remplacĂ©s par des Infu- BOires d. Ces faits furent constatĂ©s aussi par d'autres micrographes, et on les considĂ©ra comme dĂ©monstratifs de la production d'Animalcules au moyen de L'organisation spontanĂ©e de la ma- tiĂšre constitutive des grains de fĂ©- cule [e. Mais les recherches ultĂ©- rieure, de \i. Gienkowski les ont fait rentrer dans la rĂšgle commune; car ce naturaliste a montrĂ© que la prĂ©- tendue enveloppe membraniforme dont le ?-ii*.iiii de fĂ©cule semblait s'entourer, loin d'ĂȘtre un produit de celui-ci, est en rĂ©alitĂ© le corps d'un Animalcule prĂ©existant , qui , venant s'Ă©tendre sur le corpuscule amylacĂ©, l'entoure pour s'en nourrir, de sorte que les petits ĂȘtres vivants qui naissaient en- suite dans l'intĂ©rieur de l'espĂšce de cellule ainsi formĂ©e descendaient de cet Animalcule, et non de la matiĂšre amylacĂ©e incluse /'. a Donne, Sur le mouvement ci'.iairc L'Institut, 183", t. V, p. 343. b Ehrenberg, Organisation, Systematik uni gcogrjphisches VerhĂąUnits der Infusinsthier- chen, 1830 Mcm. de l'AcadĂ©mie de Berlin. cBalbiani, Recherches sur les phĂ©nomĂšnes sexuels des Infusoircs Journal de physiologie, 1861, t. IV, p. 102. — Ste'm, Die Infusionslhicrchen auf ihre Entwickelung untersucht, 1854. — ClaparĂšde et Laclimann, Etudes sur les Infusoircs, t. II, p. 74 et niiv, d Gienkowski, Zur Genesis eincs cimelligcn Organisants. e Regel, Professor Cicnkowski's Entdcckung um Eneugung Bolanischc Zeilung, 1856, n 38, t.' XIV, p. 665. — Merklin, Xachtragliche Bemerkungen tur Karto/felkrankhcit [Bulletin de la SociĂ©tĂ© des naturalistes de Moscou, 1850, I. XXIX, p. 304. f Cienkowski, Ueber meinen tjeweis fur die Generatio primaria Bulletin de la classe physico ‱mathĂ©matique de l'AcadĂ©mie des sciences de Saint-PĂ©tcrsbow g, 1859, i. XVII, p. 81. 280 REPRODUCTION. HypothĂšse § 6. — Mois si out ĂȘtre vivant est produit par un autre ĂȘtre de la production ... , . -, ,,. ‱ ‱ r j -i t /* *i j des Ammaux qui vit, et si, dans I immense majoritĂ© des cas, il est tacile de x^nogenĂ©sie. voir que les jeunes ainsi formĂ©s sont des individus de la mĂŽme espĂšce que les parents dont ils proviennent, faut-il en conclure que le RĂšgne animal tout entier est soumis Ă  la loi de l'homogĂ©- nĂ©sie, et, dans quelques circonstances, la puissance gĂ©nĂ©tique ne pourrait-elle s'exercer d'une autre maniĂšre, et l'ĂȘtre qui reçoit la vie de tel ou tel Animal ne pourra-t-il pas ĂȘtre essen- tiellement diffĂ©rent de celui-ci ? Ainsi l'Helminthe qui apparaĂźt dans l'intĂ©rieur de l'organisme d'un Poisson, d'un Chien ou d\n\ Homme n'cst-il pas un produit de cet organisme'' Les parasites diffĂšrent entre eux suivant les espĂšces animales oĂč ils vivent ; et quelquefois mĂȘme suivant les parties du corps oĂč ou les rencontre ; souvent les places qu'ils occupent sont situĂ©es si profondĂ©ment et sont si bien fermĂ©es de toutes [taris, qu'au premier abord on doit supposer que de pareils hĂŽtes n'au- raient pu y pĂ©nĂ©trer du dehors. 11 est aussi Ă  noter que dans un grand nombre de cas on n'aperçoit chez ces parasites aucune trace de l'existence d'organes gĂ©nitaux. D'autres fois les Hel- minthes sont pourvus d'un appareil de reproduction, et pondent des Ɠufs ; mais, dans le lieu qu'ils habitent, on ne voit aucun jeune naĂźtre de ces Ɠufs, et lors mĂȘme que ceux-ci en produi- raient aprĂšs leur expulsion au dehors, il resterait encore Ă  expli- quer comment cette progĂ©niture pourrait, de lĂ , pĂ©nĂ©trer dans le corps d'autres victimes et s'y Ă©tablir. Enfin, la plupart de ces parasites ont une conformation trĂšs- diffĂ©rente de celle des Ani- maux qui vivent dans le monde extĂ©rieur, et ne semblent au premier abord ne pouvoir ĂȘtre assimilĂ©s Ă  aucun de ceux-ci. Ces considĂ©rations et beaucoup d'autres arguments analo- gues avaient portĂ© la plupart des naturalistes Ă  penser que les Vers intestinaux Ă©taient engendrĂ©s par l'ĂȘtre dont le corps en est infestĂ©, et, par consĂ©quent, que si ces parasites n'Ă©taient pas le rĂ©sultat d'un phĂ©nomĂšne de nĂ©crogĂ©nĂ©sie , comme le suppo HYPOTHÈSE DE l'hKTKROGÉNIE. 281 saient les partisans de l'hypothĂšse des gĂ©nĂ©rations sponta- nĂ©es, ils Ă©taient produits par xĂ©nogĂ©nĂ©sie. Mais aujourd'hui l'origine des Vers intestinaux n'est plus un Mode *' do propagation mystĂšre pour les physiologistes. On sait qu'ils naissent les uns &* vers J r ' " ' des autres comme le l'ont les Animaux ordinaires; que la plupart d'entre eux subissent, dans le jeune Ăąge, dc> mĂ©tamorphoses variĂ©es qui lesrendenl difficiles Ă  reconnaĂźtre, ef qu'en gĂ©nĂ©ral ils voyagent nĂ©cessairement du corps d'un Animal dans le corps d'un Animal d'espĂšce diffĂ©rente, pour y achever leur dĂ©velop- pement et s'y reproduire au moyen d'Ɠufs dont rĂ©volution ne pourra se l'aire que dans quelque autre milieu I . On a pu 1 Jusque dans ces derniers temps l'apparition des Vers intestinaux dans la profondeur du corps de l'Homme et des autres Animaux Ă©tail attribuĂ©e, par la pluparl des naturalistes el des mĂ©decins, Ă  on phĂ©nomĂšne de gĂ©nĂ©ra- tion dite spontanĂ©e, et aujourd'hui encore cette maniĂšre de voir compte des partisans a. Quelques auteurs ont cherchĂ© Ă  expliquer ces faits par l'hĂ©rĂ©ditĂ©, en supposant que les para- sites en question, ou tout au moins leurs germes, Ă©taient transmis aux jeunes par les parents dont ils nais- saient il, ; niais cette hypothĂšse a de- puis longtemps disparu de la science, et depuis prĂšs d'un siĂšcle d'antres zoologistes, dont le nombre va crois- sant chaque jour, pensent que tout Helminthe provient, par voie de gĂ©- nĂ©ration, d'un autre Helminthe de son espĂšce, et arrive dans le corps de l'Animal qui l'hĂ©berge Ă  l'Ă©tat d'Ɠuf, de germe ou de larve, soil avec les aliments oo les Imi-suns. soit de quelque autre maniĂšre [C. Celte derniĂšre opi- nion paraissait d'abord peucouciliable avec beaucoup de faits mais elle est devenue admissible dĂšs qu'on eut en- treva la possibilitĂ© de certaines trans- formations chez les parasites qui chan- gent de rĂ©sidence. Le premier fait important Ă  l'appui de l'hypothĂšse des transmigrations des Helminthes fut introduit dans la science vers la lin du siĂšcle dernier par un naturaliste danois nommĂ© kbildgaard. Cet auteur constata expĂ©rimentale- ment que les Vers intestinaux qui sont nommĂ©s aujourd'hui SchistocĂ©phales, rt Bremser, TraitĂ© zoologuiue et physiologique des Vers intestinaux de l'Homme, 1K21. — Burdacli, TraitĂ© de physiologie, t. I, p. -21. — Doges, TraitĂ© de physiologie comparĂ©e, 1839, t. Ht, p. 204. — BĂ©rard, Cours de physiologie, 1848, t. I, p. 99. — Pouchet, HĂ©lĂ©rogĂ©nie, op. TraitĂ© de la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e, 1859, p. 52G et buĂźv. {b Biera, Mem. sopra iprincipali Vermi del corpo umano, 1811. c Pallas, De Insectis viventibus intra viventia, 1768. 282 REPRODUCTION. suivre beaucoup de ces ĂȘtres singuliers dans leurs migrations, les semer en quelque sorte dans les organismes propres Ă  les hĂ©berger, les voir pĂ©nĂ©trer Ă  travers les tissus de leurs hĂŽtes, et constater les mĂ©tamorphoses qu'ils subissent; enfin, on a pu se procurer leur progĂ©niture et s'en servir pour renouveler avec succĂšs les expĂ©riences d'ensemencement dont je viens de parler. En ce moment, il serait prĂ©maturĂ© d'Ă©tudier d'une maniĂšre approfondie cette partie curieuse et complexe de l'his- et qui se trouvent dans le corps de l'Épinoche . peuvent continuer de vivre dans l'intestin du Canard , lorsque le Poisson qui les renfermait a Ă©tĂ© mangĂ© par cet Oiseau a. Vers la mĂȘme Ă©poque, des expĂ©riences analogues furent tentĂ©es par Bloch sur les Ligules des Poissons, et par GƓze sur les CestoĂŻdes du Chat; mais elles furent mal combinĂ©es et ne donnĂšrent que des rĂ©sultats nĂ©gatifs 6. La ques- tion en resta lĂ  pendant prĂšs d'un demi-siĂšcle, bien qu'en 1829 Grepliu eĂ»t fait connaĂźtre toutes les formes intermĂ©diaires entre les Vers intesti- naux des Poissons et ceux des Canards, dont les transmigrations avaient Ă©tĂ© signalĂ©es prĂ©cĂ©demment par Abild- gaard c. En 1842, l'attention des physiologistes fut appelĂ©e de nouveau sur ce sujet par une observation duc Ă  M. de Siebold. Ce naturaliste distinguĂ© reconnut l'identitĂ© de structure entre la portion cĂ©phalique du Cysticerque de la Souris et la tĂšte du TƓnia crassi- collis du Chat d. Quelques annĂ©es aprĂšs, M. Van Beneden, professeur Ă  l'universitĂ© de Louvain, fit voir que les TĂ©trarhynques qui vivent dans l'in- tĂ©rieur du corps des Poissons osseux ne diffĂšrent de certains Vers intesti- naux des Poissons cartilagineux que par l'absence de l'appareil reproduc- teur, et que ces derniers Helminthes doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme la forme adulte des premiers. Ce ne se- rait donc qu'en mangeant les Poissons osseux infestĂ©s de TĂ©trarhynques que les Poissons cartilagineux recevraient dans leur intestin les parasites qui y vivent e. Enfin, en 1851,1e fait de ces transmigrations et de ces mĂ©ta- morphoses des Helminthes a Ă©tĂ© Ă©tabli expĂ©rimentalement par le docteur Kiichemneister, qui, en administrant Ă  des Chiens et Ăč des Chats le Cysti- a Abildgaard, Om Indvolde Orme Skrivtcr of Naturhistorie Selskabet Kiobenhaven, 1700, 1. I, p. 26. b Bloch, TraitĂ© de la gĂ©nĂ©ration des Vers des intestins, tract, de l'allemand, i 788, p. 94. — GƓze, Versuch einer Naturgescliichte der Eingeweidew armer thierschen Kurper, 1782, p. 20 cl 291. c Creplin, Novte observationes de Enlozois, 1829. '. a Leuckart, Nouvelle» expĂ©riences sur le dĂ©veloppement des Vers intestinaux Ann. des sciences mat., 4* sĂ©rie, 1 855, t. III, p. 351. b Schleisncr, Island undersogt. Forsug til en Nosographie of Island. Copenhague, 1849. — Eschrielit, Om de. Hydatiders Xatur og Oprindelse, der fremkalde den i Island endemiske Leversygge Danske Yidensk. selsk. Forhandl., 1853. — KĂčchenmeister, I'arasiten, t. I, p. 169etsuiv. — Siebold, Mcm. sur les Vers rubanĂ©s et vĂ©siculaircs Ann. des sciences nat 4' se'rie 1855, p. 204. 288 REPRODUCTION. Il est probable que le Ycr solitaire, ou TĂ©nia de l'Homme, est dĂ» pareillement Ă  un Cysticerque qui vit en parasite da\is le corps du Coehou , et que des eauses analogues dĂ©ter- minent le dĂ©veloppement de beaucoup d'autres Vers intesti- naux 1. Migraiions Quelquefois les voyages imposĂ©s aux parasites sont plus Douves' etc. nombreux et plus compliquĂ©s. L'espĂšce de Douve, du genre Monoslome, qui se trouve dans le foie du Canard et de quelques autres Animaux aquatiques, nous en fournit un exemple des plus curieux. Ce parasite est pourvu d'organes reproducteurs, et pond un grand nombre d'eeufs qui, expulsĂ©s au dehors, donnent naissance Ă  autant de petits Animaux aquatiques. Mais 1 On comprend qu'il soit difficile d'Ă©tablir expĂ©rimentalement ce fait; quelques essais ont cependant Ă©tĂ© ten- tĂ©s dans ce but, et le rĂ©sultat en a Ă©tĂ© favorable Ă  l'opinion Ă©mise ci-dessus. Ainsi quelque temps avant l'exĂ©cu- tion d'un criminel condamnĂ© Ă  la dĂ©capitation, M. KĂčcbenmeister mĂȘla aux aliments de cette personne de la viande de Porc contenant des Cjsti- cerques, et Ă  l'autopsie , il trouva dans l'intestin quatre petits TĂ©nias dĂ©jĂ  fixĂ©s Ă  la membrane muqueuse et en voie de dĂ©veloppement a. Al. Leuckart administra aussi des Cys- ticerquesdu Cocbon Ă  un malade dont la mort Ă©tait imminente et Ă  deux an- tres personnes qui s'Ă©taient prĂȘtĂ©es volontairement a ces expĂ©riences. Dans le premier cas, le rĂ©sultat fut nĂ©gatif; mais, dans le second, il en fut autre- ment en examinant les Ă©vacuations alvines provoquĂ©es par des vermi- fuges , il trouva dans les matiĂšres rendues par l'un de ces individus plusieurs Cysticerques en voie de dĂ©veloppement, et deux TĂ©nias qui avaient tous les caractĂšres du Ver solitaire {b. Enfin, des expĂ©riences analogues ont Ă©tĂ© faites par M. Ihun- bert de GenĂšve ce naturaliste avala quatorze Cysticerques, et quelques mois aprĂšs, il rendit par les selles, Ă  plusieurs reprises, des fragments de TĂ©nias c. Des arguments en faveur de l'opinion que le TĂ©nia de l'Homme provient des Cysticerques contenus dans la chair des animaux dont celui-ci se nourrit, avaient Ă©tĂ© fournis prĂ©cĂ©demment par les observations de beaucoup de mĂ©decins et de voyageurs. Ainsi on a Kiichenmeister, ExpĂ©riences relatives Ă  la transmission des Vers intestinaux chez l'espĂšce humaine Ann. des sciences nat., 4e sĂ©rie, 4 855, t. 111, p. K77. {b Leuckart, Die lilasenwitrmer und ihre Enlwickelung , 1850. c Voyez Berlholus, Dissertation sur les mĂ©tamorphoses des Cesto'iĂčes. thĂšse. Montpellier, -1850, n" 100." HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 289 ces jeunes, que quelques auteurs appellent des proscolex, n'ont pus le mode d'organisation propre Ă  leur mĂšre ils res- semblent Ă  des Infusoires ; toute la surface de leur corps est garnie de cils vibratiles, qui font fonction de rames nata- toires, et dans leur intĂ©rieur on n'aperçoit aucune trace d'or- ganes gĂ©nitaux. Mais bientĂŽt on y voit apparaĂźtre une espĂšce de sac contractile, appelĂ© scolex, qui ne tarde pas Ă  ĂȘtre mis en libertĂ©; aprĂšs quoi, le petit ĂȘtre qui provient directement du Monoslonc meurt et se dĂ©truit. Or, le scolex, ou sporo- cyste, dont je viens de parler, est un Ver qui va se loger dans la chambre respiratoire d'un .Mollusque gastĂ©ropode sait qu'en Abyssinie, ce parasite est d'une frĂ©quence extrĂȘme /, et que, dans cette partie de l'Afrique, on fait grand usage de viande crue ou Ă  peine cuite. 11 parait aussi que , dans ce pays, les musulmans, Ă  qui l'usage delĂ  viande de Porc est interdit, ne sont pas sujets Ă  celle affection vermi- neuse b , et que les religieux de l'ordre des Chartreux, qui ne vivent que de substances vĂ©gĂ©tales, en sont Ă©galement exempts c. Plusieurs mĂ©- decins ont remarquĂ© que le Ver soli- taire est particuliĂšrement frĂ©quent chez les charcutiers et les cuisiniers. A Saint-PĂ©tershourg, oĂč le TĂ©nia est trĂšs- rare et oĂč les mĂ©decins ont employĂ© avec avantage l'usage de la viande crue pour le traitement de certaines affections du canal intestinal, on a constatĂ© que les malades soumis Ă  ce rĂ©gime avaient souvent le TĂ©nia rf. Il me paraĂźt probable que le Co- chon n'est pas le seul Animal dont la chair soit susceptible de contenir des Cysticerques aptes Ă  se dĂ©velopper en TĂ©nias dans le tune digestif de l'Homme, et que, par consĂ©quent, l'introduction de ces Vers dans notre organisme n'est pas nĂ©cessairement subordonnĂ©e Ă  l'emploi alimentaire du Porc cru ou imparfaitement cuit; mais il y a lieu de penser que, dans la plupart des cas, la prĂ©sence du Ver solitaire dans notre intestin est duc Ă  l'usage de cette viande infestĂ©e de Cysticerques cellulaires Ă  l'Ă©tat vivant. La cuisson doit avoir pour effet de tuer ces Vers vĂ©siculaires, et de rendre le Porc ladre inapte Ă  donner le TĂ©nia. a Bruce, Voyage en Nubie, etc., IraJ. de l'anglais, 1797, t. IX, p. 167. — Rochet d'HĂ©ricourl, Second voyage sur les deux rives de la mer Rouge. ‱ — Ferrct et Galmier, Voyage en Abyssinie, 1847, t. H, p. 109. — Bilharz, Ein Beitrdg sur Helminthographia humann Zeitschrift fur wistensch ZoolonlC, 1853, t. IV, p. 53. ĂŽ Bruce, Op. cit. — Aubert, ilĂ©n. sur les substances anthelminthiques usitĂ©es en Abyssinie [MĂȘm. de l'Acad. d mĂ©decine, 18 il, t. IX, p. 689. c Reinlein, Bemcrkungen Ăčber den l'rsprung des breiten Bandwurms in den Oedarmen der Henschen. Wien, 1855, p. 25. {d Voyez Davainc, TraitĂ© des Enlozcaim, p. 89 et suiv, 290 REPRODUCTION. aquatique, la LimnĂ©e des Ă©tangs, ety passel'hiver. LĂ  ce parasite donne naissance Ă  des jeunes, qui n'ont pas sa forme et qui ne diffĂšrent pas de certains Animaux dĂ©crits jadis par les zoolo- gistes sous le nom de Cercaires. Leur corps, aplati et ovoĂŻde, est armĂ© antĂ©rieurement d'une espĂšce de dard, et se termine en arriĂšre par une queue flexible au moyen de laquelle ils nagent avec agilitĂ©. BientĂŽt ces Cercaires, devenus libres, s'attaquent aux tĂ©guments de la LimnĂ©e, les perforent au moyen de leur pointe frontale, et pĂ©nĂštrent dans l'intĂ©rieur du corps de ce Mollusque , oĂč ils s'entourent d'une vĂ©sicule appelĂ©e kyste. Ainsi enkystĂ©s, ils perdent leur armure fron- tale, ainsi que leur longue queue, et deviennent semblables Ă  de petits Monostomes, si ce n'est qu'ils manquent complĂštement d'organes reproducteurs. Mais lorsque la LimnĂ©e qui les loge a Ă©tĂ© mangĂ©e par un Canard ou par quelque autre Animal analogue, et que, par suite de la digestion du corps oĂč il Ă©tait renfermĂ©, le Cercaire, privĂ© de queue, devient libre dans l'intĂ©rieur du canal intestinal de son nouvel hĂŽte, il achĂšve son dĂ©veloppement et acquiert un appareil reproducteur 1. 1 Ces faits curieux ne furent ac- sans en soupçonner la vĂ©ritable na- quis Ă  la science que peu Ă  peu, et ture ; et vers la mĂȘme Ă©poque, Bory pendant longtemps on n'en connut ni Saint-Vincent crut avoir perfeclionnĂ© l'enchaĂźnement, ni la portĂ©e. Vers la la classification mĂ©thodique du RĂšgne fin du siĂšcle dernier* Othon FrĂ©dĂ©ric animal en rangeant ces petits ĂȘtres Millier donna le nom de Cercaria Ă  dans une division gĂ©nĂ©rique parlicu- divers Animalcules microscopiques, liĂšre, sous le nom tYHistrionella a. parmi lesquels se trouvaient les Cer- En 1818, Bojanus constata que l'un caires dont je viens de parler, ou du de ces Cercaires vit en parasite sur moins des espĂšces qui en sont trĂšs- la LimnĂ©e des Ă©tangs, et il fit con- voisines. En 1817 , INitsch observa naĂźtre l'existence des sporocystes mieux ces prĂ©tendus Infusoires, mais qui se trouvent aussi chez ce Mol- 0. Pi Millier, Ycrmium terrestrium et fluviatilium historia, 1773, t. I, p. 07. — Nitsch, BeitrĂąge zur lnfusorienkunde, oder Naturbeschreibung der Zerkarien und Bactl- Ăźarien, 1817 {Neue Schrift. der nat. Gesellsch. zu Halle, t. III. — Bory Saint- Vincent, Histoire naturelle des Zoophytes , etc. EncyclopĂ©die mĂ©thodique, p. 101. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 291 Le cycle de phĂ©nomĂšnes singuliers dont je viens d'indiquer briĂšvement les principaux traits recommence alors le nou- veau Monostomc vivant dans l'intestin du Canard pond des Ɠufs dont naissent des larves ciliĂ©es qui mĂšnent une vie errante, puis donnent naissance Ă  un Animal destinĂ© Ă  vivre en parasite dans le poumon d'une LimnĂ©e, et Ă  produire une lusquc ;. En 1826, M. Baer dĂ©- couvrit les relations qui existent entre les Cercaires et les sporocystes, dans l'intĂ©rieur desquels ces Animalcules se dĂ©veloppent 6. Quelques annĂ©es aprĂšs, M. Wagner signale Ă  l'atten- tion des physiologistes d'autres faits de mĂȘme ordre c, et M. Nitsch avait dĂ©jĂ  constatĂ© renkystement de ces Cercaires et la disposition de leur appendice caudal d. D'autre part, les helmintologistes avaient fait con- naĂźtre les caractĂšres zoologiques et le mode d'existence de ces espĂšces de Douves qui sont parasites des Oiseaux d'eau, et qui sont dĂ©signĂ©es sous le nom de Monostomum mutabilee. En 1835, AI. Siebold dĂ©couvrit le mode de reproduction de ces Helminthes, et constata le dĂ©veloppement d'un ĂȘtre vivant dans l'intĂ©rieur du corps des embryons ciliĂ©s qui en naissent; mais il pensa d'abord que cet animal inclus n'Ă©tait autre chose qu'un parasite /. En 1842, M. Steenstrap appela l'atten- tion des naturalistes sur la signification de ces singuliers phĂ©nomĂšnes {g. En- fin, dans un mĂ©moire qui fera Ă©poque dans l'histoire de l'helminthologie , M. Siebold fit connaĂźtre les relations qui existent entre les embryons et les Vers monostomes , les tubes cercari- gĂ©nĂšres, les Cercaires et les Mono- stomes parfaits h. Beaucoup d'autres faits analogues, relatifs aux transmigrations et aux mĂ©tamorphoses des Vers de l'ordre desTrĂ©matodes, ont Ă©tĂ© constatĂ©s plus rĂ©cemment par plusieurs naturalistes, et plus particuliĂšrement par H. de Filippi ‱. J'ajouterai que l'on trouve, dans l'ouvrage rĂ©cent de M. Lcuckarl a Bojanus, Kurze \achriclil iibcr'dic Zerkarien und ihren Fundort tels, 1818, t. I, p. 729. 6 Baer, Beitrdge zur Kenntniss der niedern Thicre Mova Acta Acad. nat. curios., t. XIII, p. 627, pi. 31,f,g. 6. c Wagner, Beobachtungcn Ă»ber deu Bau und die Entwickelung der Infusorien, etc. teis, 1832, p. 394. — Bemerkungen Hier Cercaria [teis, 1834, p. 131. d Nitsch, Op. cit. e Zeder, Nachtrag sur Naturgeschichte der Eingeweidewilrmer, 180G, p. 154. — Creplin, Novce observ. de Entozois, 1829, p. 49. — Mehlis, Observationes de Trematodibus tels, 1831, p. 171. f 0. T. von Siebold, Helmintulo , t. VI, p. 83. — De la Valcllc do Sainl-Gcorges, Symboles ad Trematodum evolutionis historlam. Bcrolini, 1853. — Moulitiie, De la reproduction des TrĂ©matodcs endo-parasites, 185G MĂ©m. de l'Institut genevois, t. 111. — Guido Wagener, Bcitrcige xur Entwickel. der EingeweidewĂ»rmer Naturkundige Vcrhand- lungen, 1851, t. XIII. - — Pagenslecher, Trcmatodcnlarvcti und Trematodcn. Helmintologischer Deitrag, 1857. a Rud. Leuckarl, Die menschlichen Parasitai. Leipzig, 1862 et 1803. b Van Beneden, Nouvelles observations sur le dĂ©veloppement des Vers cestoĂŻdes Ann. des sciences iut,t., 3" sĂ©rie, 1853, t. XX, p, 318. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉNIE. 293 citaient, comme une preuve de la formation agĂ©nĂ©sique des Helminthes, le dĂ©veloppement du Trichina spiralis dans la profondeur des muscles du corps humain ; mais, Ă  peine cet argument avait-il Ă©tĂ© employĂ© , que des expĂ©riences faites en Allemagne sont venues montrer que ce Ver agame est en rĂ©alitĂ© le produit gĂ©nĂ©sique d'un Helminthe trĂšs-voisin des coup insiste sur ce que parfois la prĂ©- sence d'Helminthes a Ă©tĂ© constatĂ©e dans l'intĂ©rieur du corps d'un fƓtus ou de trĂšs-jeunes animaux qui n'avaient encore pris d'autre nourriture que le lait de leur mĂšre, et qui, par consĂ©- quent, ne pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme ayant reçu ces parasites du dehors mĂȘlĂ©s Ă  leurs aliments. Des faits de ce genre ont Ă©tĂ© signalĂ©s par les mĂ©decins de l'antiquitĂ© aussi bien que par plusieurs observateurs mo- dernes a. Mais l'origine de ces Vers par homogĂ©nĂ©sie s'explique facilement depuis que l'on a constatĂ© que beau- coup de ers Animaux, Ă  l'Ă©tat de larve, peuvent perforer la substancedes tissus organiques, et voyager dans l'intĂ©rieur du corps d'un ĂȘtre vivant Ă  peu prĂšs comme le Ver de terre voyage dans le sol humide b. En effet, puisque ces para- sites traversent les parois de l'intestin, ainsi que le pĂ©ritoine, cl se rĂ©pandent parfois jusque dans la profondeur Ăźles muscles des membres c, ou se logent dans l'intĂ©rieur des vaisseaux san- guins ci, on comprend facilement la possibilitĂ© de leur arrivĂ©e dans l'utĂ©- rus et leur passage jusque dans l'intĂ©- rieur du corps du fƓtus contenu dans cet organe. La prĂ©sence de parasites animaux et vĂ©gĂ©taux dans l'intĂ©rieur des Ɠufs a Ă©tĂ© constatĂ©e Ă©galement dans quel- ques cas, et, en gĂ©nĂ©ral, elle peut ĂȘtre expliquĂ©e de la mĂȘme maniĂšre c. Dans quelques cas, les parasites se rendent directement dans l'Ɠuf Ă  Ira- vers la coquille, sans laisser de traces visibles di' leur passage, ainsi que .M. Panceri l'a constatĂ© rĂ©cemment pour plusieurs Cryptogames /. ri Baillet, ExpĂ©riences sur le Cysticcrcus tereticollis, etc. b Hippocralc, Des maladies, liv. IV ƒuvres, trad. par LittrĂ©, t. VII, p. 59". c l'ai- exemple, chez le fƓtus humain, par Kerckling, DotĂ©e et Brondel voy. Uavainc, Traite des Enlozoaires, 1800, p. 8. — Chez le fƓtus du Mouton. Voy. FromƓann, Observ. de verminoso in Ovibus cl Juvencis reperto hepate Ephemcrid. Acad., 1075, doc. 1, ann. 0 et 7, obs. 188, p. 145. — Valentin, Distomeneier in der liukcninarlcsltohlc cincs FĂ«tus MĂčler's Archiv fur Anal. Uiul Phijsial, 1810, p. 317. d M. Davaine vient de constater expĂ©rimentalement des faits de ce genre en inoculant sur divers Animaux les parasites filiformes qui pullulent dans le torrent de la circulation chez les Moulons affectĂ©s de la maladie que les vĂ©tĂ©rinaires dĂ©signent sous le nom de sang de rate. Duvaino, Recherches surlesInfusoiresdusang,etc., dans Comptes rendus de VAcad. des sciences, 1803, t. LV1I, p. 2-20. e BarthĂ©lĂ©my, Études sur le dĂ©veloppement et les migrations d'un XematoĂŻde parasite de l'Ɠuf de la Limace grise Ann. des sciences nat., 4" sĂ©rie, 1858, t. X, p. 41. f Panceri, Del coloramento deli 'albumine d'uovo di GalUna e dei criptogami chc crescheno nelle uove Atti dĂ©lia Soc. italiana di scienze naturali, 1800, t. II, p. 271. VIII. 21 294 REPRODUCTION. TrichocĂ©phales, ot qu'on pouvait en infester le tissu musculaire de divers Animaux , en ingĂ©rant dans le tube digeslif de ceux-ci des aliments qui renfermaient des parasites de cette espĂšce 1 . Tout derniĂšrement encore, l'origine du BothriocĂ©phale, qui infeste souvent le corps humain, particuliĂšrement en Suisse, en Pologne et en Russie, Ă©tait entourĂ©e de beaucoup d'obscuritĂ©. .Mais des recherches expĂ©rimentales, faites simultanĂ©ment Ă  Saint-PĂ©tersbourg par M. Knoch, et Ă  GenĂšve par M. Ber- tholus, ont prouvĂ© que c'est sous la forme de larves ciliĂ©es 1 Los 'migrations du Trichina spi- ralis paraissent avoir beaucoup d'ana- logie avec celles des Filaires dont il a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  question ci-dessus page 283. C'est Ă  l'Ă©tat de scolex ou de larves dĂ©pourvues d'organes gĂ©nitaux qu'on les rencontre dans le tissu musculaire oĂč ils s'enkystent. On les a trouvĂ©s sous cette forme chez l'Homme a, ainsi que chez quelques autres MammifĂšres 6. AI. Herbst, ayant administrĂ© Ă  de jeunes Chiens de la chair d'un Blaireau in- festĂ©e de Trichines , trouva , trois mois aprĂšs, les muscles de ces ani- maux envahis par un nombre immense de ces petits Vers filiformes c. AI. Vir- chow de Berlin a fait des expĂ©riences analogues, et il a constatĂ© que le Trichina spiralis de l'Homme, ingĂ©rĂ© dans l'estomac d'un Chien, se dĂ©- pouille de son kyste, et, devenu libre, achĂšve son Ă©volution clans l'intestin de cet Animal. LĂ  les organes gĂ©nĂ©- rateurs de ces parasites se dĂ©veloppent et produisent des spermatozoĂŻdes ainsi que des Ɠufs. En faisant manger Ă  un Lapin de la viande contenant des Tri- chines, ce physiologiste a observĂ© les mĂȘmes faits, et il a constatĂ©, en outre, que ces parasites, rendus libres dans l'intestin de ce Rongeur, deviennent sexuĂ©s, et donnent naissance Ă  de pe- tits Vers filiformes qui perforent en- suite les parois du canal digestif pour se rĂ©pandre dans toutes les parties de l'organisme. AI. Virchow a obtenu de la sorte cinq gĂ©nĂ©rations de Trichines, en faisant manger simplement Ă  des Lapins la chair musculaire des Ani- maux chez lesquels il avait dĂ©terminĂ© a Hilton, Notes cf a peculiar appearence observed in Human Muscle, probably depending upon Vie Formation ofvcry small Cysticcrci {London MĂ©dical Gazette, 1853, t. XI, p. 005. — Owen, Description of a Microscopical Entoxoar infesting the Muscles ofthe Human Ilody [TrĂąns. ofthe Zool. Soc, 1835, 1. 1, p. 315, pi. 41, fig. 1-8. — Luschka, Zur Naturgcschichte der Trichina spiralis {Zcitschrift fur wissensch. Zool., 1851, I. III, p. 69, pi. 3. 6 Siebold, Hclminthologischc BeitrĂ ge Wiegmann's Avchiv fur Naturgcschichte , 1838, t. I, p. 312. — Leidy, Existence of Trichina in the Hog Ann. of Xat. Hist., 18-17, t. XIX, p. 358. c Herbst, ExpĂ©riences sur la transmission des Vers intestinaux Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1852, t. XVII, p. 65. HYPOTHÈSE DE l'hÉTÉROGÉME. 595 que ces Vers sortent de l'Ɠuf; qu'ils vivent alors dans les eaux douces, puis s'enkystent et ne subissent leur dĂ©veloppement complet qu'aprĂšs ĂȘtre arrivĂ©s dans l'intestin propre Ă  leur servir d'habitation 1. Beaucoup d'autres faits analogues ont Ă©tĂ© constatĂ©s depuis quelques annĂ©es ; mais je ne pourrais, sans m'Ă©loigner de l'ob- jet de nos Ă©tudes actuelles, entrer dans plus de dĂ©tails relatifs Ă  l'origine des Vers intestinaux. Du reste, le peu de mots que je viens d'en dire me semble devoir suffire pour montrer l'erreur de ceux qui, faute de connaĂźtre le mode d'introduction expĂ©rimentalement la reproduction de ces Vers a. Des faits analogues ont Ă©tĂ© constatĂ©s par M. 1». Leuckart. Ce natu- raliste a trouvĂ© quela transformation des Trichines agames en Vers sexuĂ©s n'a jamais lieu dans le tissu muscu- laire, mais s'effectue trĂšs-rapidement dans le canal intestinal des divers MammifĂšres qui ont mangĂ© de la chair infestĂ©e de la sorte, et que les parasites filiformes qui naissent de ces indi\ idus prolifiques dans le tube digestif d'un Animal nourri de celle façon pĂ©nĂštrent dans le tissu conjonctif interorganique de celui-ci, pour aller se loger dans l'Ă©paisseur des muscles, oĂč ils s'en- kystent 6. Il est donc prĂ©sumante que la prĂ©sence des Trichines dans les muscles du corps humain dĂ©pend de Tcniploi alimentaire de la chair du Lapin ou de quelque autre Animal infestĂ©; de la sorte, et dont la cuisson n'aura pas Ă©tĂ© assez complĂšte pour tuer ces parasites. 1 La fĂ©conditĂ© de ce BothriocĂ©- phale est immense. Ainsi, dans un de ces Vers examinĂ© par Eschricht de Copenhague, le nombre desƓufss'cst Ă©levĂ© Ă  plus de dix millions parents qui sont, dans certaines limites, ses semblables. Nous verrons ailleurs que dans quel- ques cas la conformation du jeune peut s'Ă©loigner considĂ©rable- ment de celle de son ascendant immĂ©diat, et ne rĂ©pĂ©ter l'image que d'un ancĂȘtre plus ou moins reculĂ©; mais alors la progĂ©- niture de ce jeune ne diffĂšre en rien d'essentiel de son aĂŻeul, et par l'effet de ces retours pĂ©riodiques Ă  un mĂȘme type, ce type se perpĂ©tue tout aussi bien que dans les cas oĂč il se retrouve chez tous les individus qui proviennent les uns des autres 1. Une espĂšce peut s'Ă©teindre ou se diviser, pour ainsi dire, en un certain nombre de races qui ont chacune leur cachet particulier, niais jamais on ne voit un Animal naĂźtre d'un Animal \\\wr espĂšce autre que la sienne, et, sous l'influence \e^ conditions dans lesquelles notre globe se trouve aujourd'hui, aucune transmutation zoologique ne semble ĂȘtre possible. En Ă©tait-il toujours de mĂȘme, et, Ă  cer- taines pĂ©riodes gĂ©ologiques, les modifications introduites dans l'organisation des ĂȘtres qui se succĂ©daient par voie de gĂ©nĂ©ra- tion ont-elles Ă©tĂ© plus considĂ©rables, et ont- elles amenĂ© l'ap- parition de types assez dissemblables pour que l'analogie nous conduise Ă  les considĂ©rer comme des reprĂ©sentants d'autant 1 Cotte rotation de deux ou de tiennent Ă  une mĂȘme lignĂ©e, constitue plusieurs types chez les diffĂ©rents ter- ce que les zoologistes modernes ont mes d'une sĂ©rie d'individus qui appar- appelĂ© des gĂ©nĂ©rations alternantes. 298 REPRODUCTION. d'espĂšces particuliĂšres? C'est ce que l'on ne saurait dire dans l'Ă©tat actuel de nos connaissances, mais j'incline Ă  croire qu'il a dĂ» y avoir des transmutations de cet ordre, et que beaucoup de fossiles qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme appartenant Ă  des espĂšces diffĂ©rentes de celles de l'Ă©poque actuelle , ne sont en rĂ©alitĂ© que des races particuliĂšres. Peut-ĂȘtre mĂȘme les diffĂ©rences entre certaines sĂ©ries de termes d'une mĂȘme lignĂ©e d'individus ont-elles Ă©tĂ© plus grandes encore. Ici ces questions ne sauraient ĂȘtre assez approfondies pour que la dis- cussion en soit utile, et tout en me proposant d'y revenir un jour, je ne m'y arrĂȘterai pas eu ce moment, car il nous faut maintenant Ă©tudier les divers modes suivant lesquels la repro- duction des Animaux peut avoir lieu. Cette Ă©tude sera le sujet de la prochaine Leçon. SOIXANTE -DOUZIÈME LEÇON. Des divers modes df. reproduction des Animaux. — ScissiparitĂ©. — GemmiparitĂ©. — Multiplication par des bulbilles. — OviparilĂ© ; gĂ©nĂ©ration sexuelle. — Composition et structure des Ɠufs. fil. — Dans J'im et l'autre RĂšgne organique, la multiplioa- -rℱ modes . OsservaHoni iniorno a due porzioni di Sanguisuga [Mem. delV Accad. dĂ©lie scienxe di Tonno, 1822, t. XXVII, p. 137. — Moquin-Tmdon, Monographie de la famille des HirudinĂ©es, 1846, p. 193. 308 REPRODUCTION. dans le point Ă©tranglĂ© de la sorte, et chaque fragment se dĂ©ve- lopper de façon Ă  devenir bientĂŽt un individu complet 1. Certains AcalĂšphes, lorsqu'ils sont Ă  l'Ă©tat de slrobile, se divi- sent spontanĂ©ment en un grand nombre de tronçons discoĂŻdes qui deviennent autant de MĂ©duses 2, et un phĂ©nomĂšne analogue paraĂźt mĂŽme ĂȘtre trĂšs-commun chez beaucoup de 1 Tremblcy a vu la scissiparitĂ© se produire Ă  diffĂ©rentes hauteurs dans le corps du Polype souche ; mais ce mode de multiplication n'a lieu epic rarement chez ces Animaux a. Lau- rent a vĂ©rifiĂ© les observations de Trcm- bley, et a trouvĂ© qu'on pouvait dĂ©ter- miner artificiellement la formation de ces boutures en plaçant autour du corps des Hydres une ligature mĂ©dio- crement serrĂ©e h. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, M. G. 3x~ ger a vu que, dans certaines circon- stances, le corps de ces Polypes se dĂ©s- agrĂ©geait ; que lessphĂ©rulcs ou cellules Ă©lĂ©mentaires de leur substance, ainsi mises en libertĂ©, vivent pendant des mois entiers en prĂ©sentant des mou- vements analogues Ă  ceux des Ami- bes, puis s'enkystent parfois. Suivant cet auteur , les corpuscules de tissu vivant ainsi dĂ©sagrĂ©gĂ©s deviendraient, l'annĂ©e suivante, autant de nouvelles Hydres. 11 dĂ©signe ce mode de multi- plication sous le nom de diaspora- genĂšse, ou propagation par dissĂ©mina- tion, et il pense que les propagules ainsi formĂ©s sont les corps dĂ©crits par les zoologistes sous le nom d'Ami- bes c ; mais ainsi que Ta fait remar- quer AI. ClaparĂšde, ils en diffĂšrent considĂ©rablement , et la production d'Hydres nouvelles au moyen de cel- lules Ă©lĂ©mentaires dĂ©sassociĂ©es d'un individu souche est loin d'ĂȘtre prouvĂ©e par les observations de M. Ja?ger. '21 Les strobiles ou individus polypi- formes de la MĂ©dusa aurita se mul- tiplient de la sorte d. Aous aurons Ă  revenir sur ce sujet, lorsque nous Ă©tudierons les phĂ©nomĂšnes de gĂ©nĂ©- ration alternante chez les AcalĂšphes, et ici je me bornerai Ă  ajouter que la division spontanĂ©e des strobiles a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  un bourgeonnement par quelques auteurs e , mais offre bien les caractĂšres de la scissiparitĂ©, comme on peut le voir par les obser- vations de M. Van Beneden et de M. Agassiz f. a Tremblcy, MĂ©moire pour servir Ă  l'histoire d'un genre de Polypes, 1. Il, p. 54 cl 147. b Laurent, Nouvelles recherches sur l'Hylre Voyage de la Donile, Zooi'iiytolouie, p. 25. c i. Jceger, Ueber das spontanĂ© Zerfallen der Siisswasserpolypen nebst einigen Bcmcrkungcn ĂŻiber Generationswechsel Sitzungsbericht der Wiener Akad., 1800, t. XXXIX, p. 311. d Sars, Beskrivelser oy iagaltagelscr, 1835, p. 10, pi. I , fig. 0. — MĂ©m. sur le dĂ©veloppe- ment de la Mcdusa aurita Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1841, t. XVI, p. 321, pi. 15, %. 43-40. e Desor, Lettre sur la gĂ©nĂ©ration mĂ©dusiparc des Polypes hydraires Ann. des sciences nat., 3" sĂ©rie, 184 ; MM. ClaparĂšde et Lacbmanu ont dĂ©- crit un phĂ©nomĂšne analogue chez VUrnula epistylidis r. 2 La reproduction des Spongillcspar scissiparitĂ© a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par Laurent. Le fragment dĂ©tachĂ© artificiellement ou naturellement du Zoophy te souche se creuse d'une cavitĂ© qui bienfĂŽl s'ouvre au dehors, et constitue la partie centrale d'un systĂšme de canaux aquifĂšres d. 11 est aussi Ă  noter que les Spongiaires jouissent Ă  un trĂšs- haut degrĂ© de la facultĂ© de rĂ©parer les solutions de continuitĂ©, et que les parties complĂštement sĂ©parĂ©es ou mĂȘme Ă©trangĂšres l'une Ă  l'autre se soudent rapidement entre elles dĂšs qu'elles sont en contact e. 3 Il paraĂźt y avoir des diffĂ©rences assez considĂ©rables dans la maniĂšre dont la multiplication par scissiparitĂ© t'effectue chez les divers Amendes, et quelquefois le rĂ©sultat semble ĂȘtre compliquĂ© par des phĂ©nomĂšne! de gemmation. Chez la XnĂŻs proboscidea , dont la scissiparitĂ© a Ă©tĂ© constatĂ©e par O. F. M tiller, Gruithuisen et quel- ques autres naturalistes, le corps de l'individu souche se partage en deux portions Ă  peu prĂšs Ă©gales , et Ă  l'extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure de. la portion a Dujardin, Histoire naturelle des {illusoires, p. 230. b Schneider, DeitrĂąge »ur Naturgeschichte der Infusorien Archiv fur Anal und Phwini ‱1854, p. 204. ^ ' ci ClaparĂšde et Lachmann, Op. cit., 3* partie, p. 209, pi. 10, fig. 2, etc. /Laurent, Nouvelles recherches sur la Spongilk,8 Éponge d'eau douce Voyant de la. Bonite, Zoophvtologie, p. 133. e Bowerbank, On the vital Poivers of the SpongiadƓ {British Association for the Adimnr o[ Sciences, 1856, Proceed. of the Sec t., p. 438. ' 312 REPRODUCTION. GemmiparitĂ©. § 5. — La gemmiparitĂ© est un phĂ©nomĂšne fort analogue Ă  la scissiparitĂ© ; la production de l'individu nouveau est aussi une consĂ©quence directe du mode de croissance du corps de l'individu souche 1 ; mais les parties prĂ©existantes de celui-ci n'entrent pas dans l'organisation du jeune ou n'y occupent postĂ©rieure une tĂȘte se dĂ©veloppe avant que la sĂ©paration ait com- mencĂ© a. L'AnnĂ©lide errant , dĂ©- crit par O. F. Millier sous le nom de Nereis prolifĂ©ra b, et appelĂ© Autolytus par les auteurs les plus rĂ©cents c , prĂ©sente un mode de division spontanĂ©e analogue, et M. de Quatrefages a observĂ© les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes chez une Syllis de nos cĂŽtes d. Chez les Serpulins, que l'on a dĂ©si- gnĂ©s sous les noms de Protula clys- teri e et Filograna implexa /", une portion notable du corps de l'in- dividu souche entre aussi dans la composition de l'organisme du second individu nouveau ; mais chez la My- riana, que j'ai observĂ©e sur les cĂŽtes de la Sicile, un ou deux des derniers anneaux du corps semblent ĂȘtre les seuls qui concourent directement Ă  la formation du jeune, et la presque totalitĂ© de l'organisme de celui-ci rĂ©- sulte d'une sorte de bourgeonnement; enfin, ce n'est pas un individu seule- ment qui naĂźt Ă  l'arriĂšre du corps de l'individu souche, mais une sĂ©rie nom- breuse de petits, qui sont d'autant plus jeunes qu'ils sont placĂ©s plus en avant g. 1 Dans le langage employĂ© par Burdacb, ces deux modes de multi- plication sont dĂ©signĂ©s sous le nom commun de gĂ©nĂ©ration accrĂ©menti- tielle, et la gemmiparitĂ© a Ă©tĂ© appe- lĂ©e aussi gĂ©nĂ©ration surculaire h. M. Huxley a reprĂ©sentĂ© les mĂȘmes idĂ©es d'une maniĂšre un peu diffĂ©rente en appelant dĂ©veloppement continu la propagation par division ou par bour- geonnement, et propagation discon- tinue la multiplication que Burdach appelait sĂ©crĂ©mentitielle i. a 0. F. Muller, Zoologia Danica, 1788, t. II, p. 15, pi. 52, fig. C. 6 Idem, Naturgeschichte einiger Wurmarten, pi. 4 , fĂźg-. 2 . — RƓsel, Insectenbelustigungen, t. 111, p. 571, pi. 92, fig. 3, etc. — Gruithuisen , Anatomie der ge&Ăčgellen NaĂŻs Nova Acta Acad. nat. curios., t. XXI, 2" partie, p. 244, pi. 35, fig. 1 et 3. c Grube, Die Familien der Anneliden Wiegmann's Archiv fur Naturgeschichte, 1850, t. I, p. 310. Agasste, on Alternate GĂ©nĂ©ration in Annelids and the Embryologij of Autolytus coronatus Boston Journal of Nat. Hist., 1862, t. Vil, p. 384. d Voyez Milne Edwards, Rapport sur une sĂ©rie de mĂ©moires de M. de Quatrefages, relatifs Ă  l'organisation des Animaux sans vertĂšbres des cĂŽtes de la Manche Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1844, t. I, p. 22. e Huxley, On a Hermaphrodite and Fissiparous species of TubicolarAnnclid Edinburgh New Philosophie alJournal, 1855. Krohn, Ueber die Erscheinungen bei der Fortpflanzung von Syllis prolifĂ©ra und Autolytus prolifer Archiv fur Naturgeschichte von Wiegmann, 1852, t. I, p. 66. /‱ Sars, Fauna UUoralis NorwegiƓ, 1" partie, p. 87, pi. 10, fig. 18 et 19. g Milne Edwards, Observations sur le dĂ©veloppement des AnnĂ©lides Ann. des sciences nat., 3 sĂ©rie, 1845, t 111, p. 170, pi. 11, fig. 65. h Burdach, TraitĂ© de pliysiologie, t. I, p. 48. i Huxley, On Agamic Reproduction Truns. of the Linn. Soc, 1857, t. XXII, p. 219. GEMM1PAEUTÉ. 313 qu'une place trĂšs-minime, et celui-ci est constituĂ© par des tissus de nouvelle formation qui se dĂ©veloppent sur un ou plusieurs points du corps de l'individu producteur et qui sont en continuitĂ© de substance avec ces mĂȘmes parties. La tendance Ă  coordonner la matiĂšre assimilĂ©e de façon Ă  rĂ©aliser la forme zoologique propre Ă  l'espĂšce, au lieu de se manifester dans des fragments plus ou moins volumineux de l'organisme souche, se concentre ici dans un tissu nouveau produit par cet organisme, mais ne pouvant vivre encore d'une vie indĂ©pen- dante, et devant, pendant un certain temps, rester en connexion intime avec l'individu qui l'engendre et le nourrit. Les Hydres ou Polypes Ă  bras des eaux douces se prĂȘtent trĂšs-bien Ă  l'Ă©tude du mode de formation des bourgeons ou excroissances reproductrices. Ces petits Animaux, comme j'ai JÂŁZ dĂ©jĂ  eu l'occasion de le dire, ont le corps Ă  peu prĂšs cylin- clRVln- ''*' drique et creusĂ© dans presque toute sa longueur d'une grande cavitĂ© digestive qui infĂ©rieurement se termine en cul-de-sac, et, par l'extrĂ©mitĂ© opposĂ©e, communique avec le dehors au moyen d'une bouche situĂ©e au sommet d'un rendement dont la base est entourĂ©e d'un cercle de bras ou tentacules filiformes. Le bourgeon ne consiste d'abord que dans un lĂ©ger renilemcnt d'un point bien circonscrit de la paroi latĂ©rale de la cavitĂ© stomacale qui fait alors saillie Ă  la surface du corps et prend bientĂŽt la forme d'un tubercule ou mamelon 1. Celui-ci s'al- Hodo do formation des bourgeons ucliairs 1 La multiplication des Hydres par gemmation a Ă©tĂ© trĂšs-bien Ă©tudiĂ©e par Trembley et par plusieurs autres natu- ralistes. Elle a lieu frĂ©quemment pen- dant la saison chaude , quelquefois aussi en hiver, et paraĂźt ĂȘtre provo- quĂ©e par l'excitation mĂ©canique que les matiĂšres alimentaires d'un certain volume exercent sur les parois de la cavitĂ© digestive. En gĂ©nĂ©ral, les bour- geons reproducteurs se dĂ©veloppent prĂšs du pied de l'Animal, et il est rare d'en voir plus de trois ou quatre sur le mĂȘme individu ; mais en nour- rissant ces Polypes abondamment avec des larves dont le corps est anguleux a Trembley, MĂ©moires pour servir Ă  l'histoire d'un genre de Polypes d'eau douce t II p 3 et suiv. ' v' Mil REPRODUCTION. longe et se creuse d'une cavitĂ© qui en occupe l'axe, et qui est un prolongement de l'estomac de l'individu souche, mais qui ne communique pas directement avec l'extĂ©rieur et se termine en eul-de-sac extĂ©rieurement. Les tentacules commencent alors Ă  naĂźtre autour de l'extrĂ©mitĂ© libre du bourgeon, dont la base se rĂ©trĂ©cit et se transforme en un cylindre plein, de maniĂšre Ă  interrompre la communication entre la cavitĂ© centrale de l'individu en voie de formation et l'estomac de l'individu souche. Puis l'extrĂ©mitĂ© opposĂ©e du bourgeon se renfle et se perfore pour donner naissance Ă  la bouche. Enfin le pied s'Ă©trangle, et le nouveau Polype ainsi constituĂ© se dĂ©tache de l'individu producteur pour devenir libre et jouir d'une vie complĂštement indĂ©pendante de la sienne. La plupart des Coralliaires, les Sertulariens, quelques MĂ©du- coral'iaires, saires, les Bryozoaires et certaines Ascidies, sont susceptibles bouV-eon- de se multiplier d'une façon analogue ; il en est de mĂȘme pour nement. certains Vers. Mais en gĂ©nĂ©ral les nouveaux individus provenant de bourgeons restent fixĂ©s sur l'individu souche et se repro- duisent Ă  leur tour par gemmation ; il en rĂ©sulte des colonies ou agrĂ©gats de Polypes qui sont unis par continuitĂ© de sub- stance, et constituent en quelque sorte un Animal complexe. TantĂŽt l'estomac du jeune reste en communication directe avec celui de l'individu dont il naĂźt 1, d'autres fois il s'en trouve sĂ©parĂ© par une portion du tissu commun ; mais en gĂ©nĂ©ral et distend sur certains points leur liaires de l'ordre des Alcyonaires r estomac, on a vu des bourgeons se dont j'ai formĂ© le genre Alcyoni- former sur les parties moyenne et dia b ou Paralcyonium c. antĂ©rieure du corps a. La gemmation C'est Ă  raison d'un mode de gcm- n'a jamais lieu sur les tentacules. mation analogue que les colonies de 1 Par exemple, chez les Coral- Sertulariens prĂ©sentent une cavitĂ© di- a Laurent, Nouvelles recherches sur la Spongille, ou Éponge d'eau douce, p. 4 Voyage de la Bonite, Zoophytologie. b Milne Edwards, MĂ©moire sur un nouveau genre de la famille des Alcyonaires Ann. des sciences nat., 2° sĂ©rie, 1835, t. IV, p. 328, pi. 42, fig. 1 , et pi. 13, fi-. G. c Idem, Histoire des Coralliaires, t. I, p. 429. GEMMIPAR1TÉ. M5 des voies restent ouvertes pour le passage des liquides nour- rieiers d'un estomac Ă  l'autre, de façon que l'alimentation de chaque membre de la communautĂ© profite Ă  ses voisins. 11 est aussi Ă  noter que chez certains Coralliaires les bourgeons se forment dans l'Ă©paisseur de la couche extĂ©rieure du corps du Polype ou du tissu commun qui unit entre eux les divers individus 1, et que chez les Bryozoaires, ainsi que chez les gestive et irrigatoire rameuse et com- mune a. Lorsque le bourgeon repro- ducteur commence Ă  se former, il ne consiste qu'en un Ă©paississement du tissu mou qui tapisse intĂ©rieurement la tige cornĂ©e de ces Zoophytes, et qui circonscrit leur cavitĂ© digestive ; Ă  mesure que cette excroissance grossit, la portion adjacente du polypier se dilate , et il en rĂ©sulte bien lĂ»t un tubercule qui s'allonge en forme de branche, puis se renfle Ă  son extrĂ©- mitĂ©. Un canal central s'y creuse en- suite, et la partie terminale qui va constituer la portion protractile du Polype se sĂ©pare latĂ©ralement de la partie correspondante du polypier qui affecte la forme d'une cupule ; elle de- vient ainsi cla vifoi me, et la couronne de tentacules circumbuccaux commence Ă  se dessiner sur son bord antĂ©rieur ; enfin, la bouche se constitue, et ces derniers appendices s'allongent et de- viennent protractiles. Divers degrĂ©s de l'Ă©volution de ces bourgeons ont Ă©tĂ© dĂ©crits et figurĂ©s par plusieurs natura- listes chez les Campanulaires ou Ser- tulaires 6. La multiplication par bourgeons a Ă©tĂ© observĂ©e aussi chez quelques MĂ©dusaires du groupe des G nmophlhalmes, notamment chez des Tl uni niant ias et des Lizzies c. 1 Ainsi, chez les Alcyons propre- ment dits, ou Lobulaires, oĂč le cƓ- nenchyme est trĂšs-Ă©pais et parcouru par une multitude de canaux rameux qui naissent du fond de la cavitĂ© digestive de chaque individu, le bour- geonnement consiste d'abord en une sorte d'hypertrophie de ce tissu com- mun. Il se forme ainsi une protubĂ©- rance plus ou moins volumineuse dans l'Ă©paisseur de laquelle se dĂ©veloppent ensuite plusieurs individus nouveaux. Pendant la premiĂšre pĂ©riode de cette gemmation, la partie en voie de dĂ©ve- loppement ressemble extrĂȘmement Ă  un Spongiaire d. a Voyez tome III, page 52. 6 Cavoliui, Memorie per servire alla storia de' Polipi marini, 1 785, p. 151, pi. 5, fig. 3. — F. Moyen, Observationes zoologicƓ Nova Acta Acad. nat. curios., 1834, t. XVII, SupplĂ©- ment, pi. 30, fig. 1 et 2; pi. 32, 33, 34. — Lister, Some Observations on the Structure and Functions of Tubular and Cellular Polypi and AscidiƓ {Philos. Trans., 1834, p. 373, pi. 9, etc.. — Van Beneden, MĂ©moire sur les Campanu'aires delĂ  cĂŽte d'Ostende considĂ©rĂ©es sous les rapports physiologique, embryologique et zoologique MĂ©m. de l'Acad. de Bruxelles , 1844, t. XVII, p. 21, pi. 1, fig 5-11. — Idem, Recherches sur l'embryogĂ©nie des Tubulaircs loc. cit., pi. 5, fig. 10-14. — Agassiz, Contributions to the Xatural Historg of the United Stales of America, t. TV. c Sars, Fauna NorwegiƓ. — K. Foibe», A Monograph of the British naked-eyed MedusƓ, p. 16 Ray Society, 1858. d Milne Edwards, Observations sur les Alcyons proprement dits Ann. des sciences nat. , ÂŁ' sĂ©rie, 1835, t. IV, p. 339, pi. 1G, fig. 1 et 6. 316 REPRODUCTION. Ascidies, ils sont fournis par les parois de la cavitĂ© viscĂ©rale, de façon Ă  n'avoir aucune connexion avec le tube digestif de l'individu souche 1 ; mais, dans tous les cas, la cavitĂ© dont le bourgeon se creuse, est d'abord un prolongement ou diverti- 1 Chez certaines Ascidies agrĂ©- gĂ©es, telles que la Claveline lĂ©padi- forme, des prolongements semblables Ă  des stolons naissent du pied de l'Ani- mal, et contiennent chacun un appen- dice tabulaire de la tunique mem- braneuse qui tapisse la cavitĂ© viscĂ©rale dans lequel le sang dont ce rĂ©servoir est rempli circule librement. Ces sto- lons rampent sur le sol, et Ă  leur extrĂ©- mitĂ© naĂźt un tubercule qui, en se dĂ©veloppant, devient un nouvel indi- vidu a. Chez les Ascidies composĂ©es, le bourgeonnement se fait Ă  peu prĂšs de la mĂȘme maniĂšre, si ce n'est que le prolongement digitiformc de la tu- nique de la cavitĂ© abdominale, au lieu d'ĂȘtre contenu dans un appendice ra- diciforme du systĂšme tĂ©gumentaire , reste empĂątĂ© dans la profondeur de ce dernier tissu b. Chez les Bryozoaires, les bourgeons reproducteurs se dĂ©veloppent tantĂŽt sur des . prolongements stoloniformes de l'individu souche c, tantĂŽt sur la cĂŽte d ou Ă  l'extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure du corps de celui-ci e. Le mode de reproduction des Bi- phores,qui n'ont pas d'appareil gĂ©nital, paraĂźt devoir ĂȘtre considĂ©rĂ© aussi comme un phĂ©nomĂšne de gemmi- paritĂ© ; seulement le bourgeonnement a lieu dans un point dĂ©terminĂ© Ă  l'in- tĂ©rieur du corps et se continue de façon Ă  produire une sĂ©rie d'individus qui restent unis entre eux en forme de chaĂźne double ou de ruban, et qui se reproduisent seulement au moyen d'oeufs isolĂ©s /. Nous re- viendrons sur ce sujet en traitant des phĂ©nomĂšnes des gĂ©nĂ©rations alter- nantes. a Milne Edwards, Observations sur les Ascidies composĂ©es, p. 44, pi. 2, fig. 1, 1 b, etc. 6 Idem, Op. cit., pi. 7, fig. 1, d 6, 1 C, 36, 5a, etc. c Exemples voy. Thompson, Zoological Researchcs, 5' mĂ©m , pi. 2, fig. 1. — Bowerbankia voy. Fare, Observ. on the minute Struct. of some of the higher Forms of Polypi Philos. Trans., 1837, p. 400, pi. 9, fig. 2. — Laguncula reparu voy. Van Beneden, Recherches sur l'organisation des Laguncula Mem. de l'Acad. des sciences de Bruxelles, 1845, t. XV11I, pi. 2 et 3. — Pedicellina belgica voy. Van Beneden, Recherches sur les Bryozoaires, histoire naturelle du genre Pedicellina MĂ©m. de l'Acad. des sciences de Bruxelles, 1845, t. XVIII, pi. 9 et 10. d Exemple Alcyonelle, on Lophopus cristallinus voy. Trembley, MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire des Polypes, t. II, p. 140, pi. 10, fig. 8 — Raspail, Histoire naturelle de i Alcyonelle fluvialile MĂ©moires de la SociĂ©tĂ© d'histoire naturelle, 1828, t. IV, p. H 4, pi. 13, fig. 3, 1, 5, etc.. — Allman A Monograph of the fresh ivater Polyzoa , p. 35, pi. H , fig. 10-16 Ray. Soc, 1856. e Exemple Paludicella voy. Dumortier et Van Beneden, Histoire naturelle des Polypes com- posĂ©s d'eau douce, 2" partie, p. 52, pi. 2 et 3 MĂ©m. de l'Acad. des sciences de Bruxelles, t. XV. f Chamisso, De animalibus quibusdam in circumnavigatione terrƓ observatis, 1819. — - Escliricht, Anatomisk-physiologiske underĂŽsgelser over Salperne MĂ©m. de l'Acad. des sciences de Copenhague, 1839, t. V1M, p. 297, pi. 4. — Krolin, Observations sur la gĂ©nĂ©ration et le dĂ©veloppement des Biphores Ann. des sciences nat., 3 sĂ©rie, 1846, t. VI, p. 110. — Huxley, Observ. upon the Anat. and Physiol. of Salpa and Pyrosoma Philos. Trans., 1851, p. 573. GEHMIPARITÉ. 317 culum, soit de l'estomac, soit des branches radieulaires qui partent de cette cavitĂ©, ou bien de la grande chambre viscĂ©- rale qui contient le fluide nourricier, de sorte qu'il y a toujours une solidaritĂ© nutritive plus ou moins complĂšte entre les divers individus. Enfin, le siĂšge des phĂ©nomĂšnes d'accroissement reproducteur varie, et il en rĂ©sulte des diffĂ©rences considĂ©- rables dans le mode de groupement des individus et dans la forme gĂ©nĂ©rale de l'agrĂ©gat constituĂ© par ces colonies zoolo- giques. Ainsi, chez les uns, les bourgeons peuvent naĂźtre sur tous les points de la surface latĂ©rale du corps des individus reproducteurs, et, en se dĂ©veloppant, ils constituent alors des branches disposĂ©es irrĂ©guliĂšrement, ou en gerbe ; tandis que chez d'autres, la gemmation est limitĂ©e au pourtour du pied ou Ă  certains points dĂ©terminĂ©s de l'un des cĂŽtĂ©s du corps 1. 1 Comme exemple de cette dissĂ©- mination de la facultĂ© gemmipare sur tous les points de la surface latĂ©rale du corps du Polype, je citerai d'abord les Hydres d'eau douce. Chez la plu- part des Alcyonaircs, celte propriĂ©tĂ© est rĂ©pandue dans toutes les parties du cƓnenchyme Ă©pais qui revĂȘt extĂ©- rieurement ces Animaux et qui con- stitue leur polypiĂ©roĂŻdc. Lorsque leur corps a une forme allongĂ©e et que le cƓnenchyme se dĂ©veloppe de fa- çon Ă  empĂąter toute la colonie, il en rĂ©sulte des masses plus ou moins ar- rondies, dans l'intĂ©rieur desquelles les individus sont disposĂ©s en gerbe, ainsi que cela se voit chez les Alcyons proprement dits o. Lorsque le corps de ces Polypes est au contraire fort court, le cƓnenchyme s'Ă©tale en lame plus ou moins mince Ă  l'une des sur- faces de laquelle tous les Polypes font saillie , tandis que la surface opposĂ©e adhĂšre Ă  quelque corps Ă©tranger, comme chez les AnthĂ©lies b , ou donne naissance Ă  un Polype Ă©pider- mique basilaire, comme chez le Corail et les Gorgones c. D'autres fois la portion du cƓnenchyme qui va ĂȘtre le siĂšge du travail reproducteur s'al- longe d'abord, eteonstitue une branche rampante en forme de stolon Ă  l'extrĂ©- mitĂ© de laquelle le jeune individu se dĂ©veloppe, ainsi que cela se voit chez les Cornulaires d. Dans l'ordre des Zoanthaires, on a Milne Edwards, Observations sur les Alcyons Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1835, t. IV, p. 339, pi. 15 et 10. 6 SaĂčgny, Egypte Histoire naturelle, Polypes, pi. 1, fig. 5. — Milne Edwards, Histoire naturelle des Coralliaires, t. I, pi. B, i, fig. 3. c Cavolini, Mem. per servire alla storia dei Polipi marini, pi. 1. — Milne Edwards, Allas du RĂšgne animal de Cuvier, Zoophytes, pi. 79 et 80. d Idem, ibid., pi. 05, fig. 3. 18 REPRODUCTION. influence L'Ă©tude de ces particularitĂ©s est d'un grand intĂ©rĂȘt pour de phĂ©nomĂšne l'histoire morphologique des Coralliaires et de leurs polypiers, c sur conformation mais ne saurait trouver place ici, et je me bornerai Ă  ajouter les Animaux , , , . . ,. ... 1. .. agrĂ©gĂ©s, qu en gĂȘnerai tous les individus produits ainsi par gemmation se ressemblent entre eux ; mais qu'il n'en est pas toujours ainsi, et que chez certains Zoophytes, ainsi que chez plusieurs Bryozoaires, les diffĂ©rences sont parfois si considĂ©rables, que l'association physiologique se trouve composĂ©e de membres dont les fonctions, de mĂȘme que la structure, sont dissem- blables 1. La division du travail s'introduit alors dans l'as- sociation , et les divers individus peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s rencontre des diffĂ©rences analogues tence de deux sortes d'individus chez dans la position des bourgeons et dans le Tendra zostericola g, et M. de les rapports des divers individus entre Quatrefages a observĂ© des faits ana- eux. 11 en rĂ©sulte que le polypier est logues chez les Synhydres. Celles-ci se tantĂŽt arborescent a, tantĂŽt mas- dĂ©veloppent par bourgeonnement sur sif 6, et d'autres fois Ă©talĂ© en forme une expansion basilaire commune, et de lame c. Quelquefois aussi les s'Ă©lĂšvent parallĂšlement entre elles en jeunes naissent sur une expansion restant libres, exceptĂ© par le pied les basilaire de l'individu souche, et ne unes sont pourvues d'une couronne de communiquent avec lui que par l'in- tentacules grĂȘles , d'une bouche et termĂ©diaire de cette expansion d ; d'une cavitĂ© digestive qui communique d'autres fois l'expansion proligĂšre est infĂ©rieurement avec celle de ses con- stoloniforme e. Pour plus de dĂ©tails gĂ©nĂšres au moyen de canalicules ; les Ă  ce sujet, je renverrai aux traitĂ©s autres n'ont pas d'appareil digestif et spĂ©ciaux sur les Coralliaires /". donnent naissance Ă  des bulbilles ou 1 M. Nordmann a constatĂ© l'exis- bourgeons reproducteurs caducs h. a Exemple le Dendrophyllea ramea vov. l'Atlas du RĂšgne animal, Zoophytes, pi. 83, %‱ !‱ 6 Exemple Y AstĂ©roĂŻdes calycularis voy. YA/las dit, RĂšgne animal, Zooph., pi. 83, Rg. 2. c Exemple la Turbinaire grise, ou Explanaire mĂ©sentĂ©rine voy. Y Atlas du RĂšgne animal, Zooph., pi. 83 ter, fig. 2. d Exemples le Polythoa mamellosa voyez Lamouroux, Op. cit., pi. 1, fig. 4. e Exemple le Zoanthus sociatus voyez Lamouroux, Exposition mĂ©thodique des genres de l'ordre des Polypiers, pi. 1 , fig. 4 et 6. /" Dana, Zoophytes, p. 57 et suiv. {United States exploring expĂ©dition under the command of Captain Wilkes. — Milne Edwards, Histoire naturelle des Coralliaires, t. I, p. 28 et suiv. g Nordmann, Recherches sur l'anatomie et le dĂ©veloppement du Tendra zostericola {Voyage dans la Russie mĂ©ridionale et la CrimĂ©e, par Demidoff, 1840, t. III, p. 631, Polypes, pi. 2. {h A. de Quatrefages, Mcm. sur la Synhydrc parasite Ann. des sciences nat., 2» sĂ©rie, 1844, t. XX, p. 230, pi. 8 et 9. GEMMIPARITÉ. 319 comme des organes particuliers d'un ĂȘtre complexe. Parfois mĂȘme la ligne de dĂ©marcation entre les Animaux agrĂ©gĂ©s et les Animaux simples, mais Ă  parties homologues multiples, devient ainsi assez difficile Ă  Ă©tablir, et les zoologistes ne sont pas tous d'accord au sujet de la maniĂšre d'envisager la consti- tution de certains corps animĂ©s , tels que les StĂ©phanomies et autres Hydrostatiques, qui, pour les uns, sont des colonies d'in- dividus polymorphes unis organiquement par une partie com- mune, tandis que pour d'autres, ce sont des individus pourvus d'une multitude d'organes de deux ou de trois sortes qui se rĂ©pĂštent indĂ©finiment 1. Des incertitudes du mĂȘme ordre existent au sujet du mode de constitution de certains Vers, tels que le TĂ©uia, qui se compose d'une sĂ©rie d'articles dont la pro- duction est due Ă  un phĂ©nomĂšne de bourgeonnement, et dont la structure offre la plus grande analogie avec celle de quel- ques Animaux de la mĂȘme classe dont le corps est simple 1 Lesueur fut le premier Ă  Ă©mettre l'opinion que les StĂ©phanomies Ă©taient des Animaux agrĂ©gĂ©s vivant en so- ciĂ©tĂ© a ; mais jusqu'Ă  ces derniers temps, la plupart des zoologistes pen- saient que les diffĂ©rentes parties de ces chaĂźnes animĂ©es Ă©taient plutĂŽt des organes d'un seul et mĂȘme individu. puis MM. Leuckart, Huxley, Kolliker et quelques autres zoologistes, ont donnĂ© des bases plus solides Ă  l'hypothĂšse de Lesueur, et aujour- d'hui la plupart des naturalistes s'ac- cordent Ă  regarder ces singuliers ĂȘtres comme des colonies de Zoophytos hĂ©- tĂ©romorphes. 6 Mais, ainsi que je viensde le dire, la ligne de dĂ©marcation entre les individus agrĂ©gĂ©s de la sorte, et les zoonites ou segments de certains Animaux annelĂ©s qui se mul- tiplient par une sorte de bourgeon- nement, est difficile Ă  fixer avec prĂ©- cision c. a Voyez Lamarck, Histoire des Animaux sans vertĂšbres, 1810, t. II, p. 402. b Vogt, Recherches sur les Animaux infĂ©rieurs de la WidUerranĂ©e, 1854. — Leuckart, Ueber den Bau der Phymlie Zeitschrift /tir uissensch. Zoologie, 1851, t. III, p. 189. — MĂ©m. sur la structure des Phgsalies et des Siphonojmores Ann. des sciences nat., 3 sĂ©rie, 1852, t. XVIII, y. 201. — Agassiz, Contributions to the Xatural llisloru of the United States, 1800, t. III, p. 50 et suiv. c Quatrefages, MĂ©m. sur l'organisation des Physalies Ann. des sciences nat., i- sĂčrie, 1854, t. II, p. 137. — R. Leuckart, Ueber den Polymorphismus der Individuen, oder die Erscheinungen der Arbeitstheilung in der Salur, 1851. ^production par l'iilhiles. 320 REPRODUCTION. jadis la plupart des zoologistes considĂ©raient un TĂ©nia Ă  seg- ments multiples comme Ă©tant un seul individu, tandis qu'au- jourd'hui la plupart des auteurs regardent ces espĂšces de rubans articulĂ©s comme des colonies composĂ©es d'autant d'in- dividus que l'on y comple de segments 1. §6. — Dans quelques cas, la multiplication des Animaux, tout en Ă©tant encore un phĂ©nomĂšne de nutrition, s'effectue d'une maniĂšre un peu diffĂ©rente. La portion de l'organisme de l'individu souche qui correspond au bourgeon reproducteur se dĂ©tache avant d'avoir constituĂ© un nouvel individu semblable au premier, mais n'en continue pas moins Ă  vivre et Ă  s'ac- croĂźtre, et, en se dĂ©veloppant, elle acquiert le mode de structure propre aux reprĂ©sentants parfaits de son espĂšce. On dĂ©signe sous le nom de bulbilles ces espĂšces de bourgeons caducs qui, de mĂȘme que chacun des fragments du corps d'un Animal fissi- pare, jouissent de la propriĂ©tĂ© de se complĂ©ter de façon Ă  rĂ©a- liser la forme typique propre de leur race. On en a observĂ© chez quelques Zoophytes chez les Synhydres, par exemple 2. Mais ce mode de reproduction est trĂšs-rare dans le RĂšgne animal, et, du reste, les ĂȘtres chez lesquels il existe, de mĂȘme que les espĂšces scissipares ou gemmipares, sont susceptibles de se multiplier aussi par oviparitĂ©. Reproduction § 7. — Chez la plupart des Animaux, et notamment chez 3U moyen d'Ɠufe. tous ceux qui sont Ă©levĂ©s en organisation, ce dernier mode de 1 Je reviendrai sur ce sujet lorsque je traiterai des gĂ©nĂ©rations alternantes. 2 M. de Quatrefages a fait con- naĂźtre ce mode de reproduction chez la Synhydre parasite. Les bulbilles ou bourgeons caducs se montrent d'a- bord sous la forme d'un tubercule creux dont l'intĂ©rieur communicpie librement avec la cavitĂ© digestive de l'individu souche. Celte excroissance s'allonge, puis s'Ă©trangle Ă  sa base, et enfin devient libre ; elle constitue alors un corps ovoĂŻde isolĂ© et indĂ©pendant, qui bientĂŽt se lise, s'allonge, se garnit d'une couronne de tentacules Ă  son sommet, et se perfore de façon Ă  con- stituer un nouvel individu polypi- forme a. a Quairefagcs, MĂ©moire sur la Synhydre parasite Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1843, t. XIX, p. 243, pi. 8, fig. 9 Ă  16. OVIPARITÉ. 321 reproduction est le seul qui existe, et, comme je viens de le dire, on l'observe aussi chez presque toutes les espĂšces qui sont scissipares ou gemmipares. Quelques ĂȘtres microscopiques, qui, Ă  raison de leur petitesse extrĂȘme, n'ont pu ĂȘtre Ă©tudiĂ©s d'une maniĂšre complĂšte, ne nous ont pas encore rendus tĂ©moins de ce phĂ©nomĂšne ; mais il me semble probable qu'ils doivent ĂȘtre susceptibles de se multiplier de la sorte, et par consĂ©- quent la gĂ©nĂ©ration ovipare me parait devoir ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une facultĂ© commune Ă  tous les Animaux. Dans ce travail reproducteur, la formation de l'individu nouveau n'est pas une consĂ©quence de l'extension du tissu constitutif de l'individu souche; la matiĂšre plastique qui y donne naissance est produite par celui-ci sans ĂȘtre mise en continuitĂ© de substance avec lui ; elle en est indĂ©pendante avant d'ĂȘtre le siĂšge d'aucun phĂ©nomĂšne embryogĂ©nique apprĂ©ciable, et elle possĂšde seulement l'aptitude Ă  un dĂ©veloppement de ce genre. Tout en Ă©tant logĂ© plus ou moins profondĂ©ment dans la substance du tissu vivant de l'individu souche, le corps reproducteur n'y adhĂšre pas, et dĂšs l'origine il est isolĂ© de façon Ă  avoir une individualitĂ© propre. 11 consiste en une cel- lule ou vĂ©sicule membraneuse contenant de la matiĂšre orga- nisante, et quel que soit le degrĂ© de simplicitĂ© ou de compli- cation de sa structure, il peut ĂȘtre dĂ©signĂ© d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale sous le nom tYƓuf. La partie essentielle de ce corps reproducteur est toujours constitution ... de l'Ɠuf. constituĂ©e par une sphĂšre dite vilelline, qui loge primitivement dans sa partie centrale une cellule arrondie Ă  parois membra- neuses, appelĂ©e vĂ©sicule germinative, ouvĂ©sicule do, Purkinje, en l'honneur d'un habile physiologiste de Breslau Ă  qui on en doit la dĂ©couverte 1. Cette utricule renferme un liquide albu- 1 Cette observation capitale, faite bliĂ©e pour la premiĂšre fois en 1825, Ă  d'abord sur l'Ɠuf des Oiseaux, fut pu- l'occasion du jubilĂ© semi-sĂ©culaire de 322 REPRODUCTION. Vilellus mineux qui est tantĂŽt d'une transparence parfaite, d'autres fois chargĂ© de corpuscules qui ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s sous le nom de taches germinatives 1. Elle est entourĂ©e d'une couche plus ou moins Ă©paisse de matiĂšre semi-fluide, visqueuse et gra- nuleuse, qui est en gĂ©nĂ©ral fortement colorĂ©e soit en jaune, soit en brun, en vert, ou de quelque autre maniĂšre, et qui est appelĂ©e le vilellus. C'est elle qui forme le jaune de l'Ɠuf de la Poule. A l'aide du microscope, on y distingue d'ordinaire trois sortes de . corpuscules des granules blanchĂątres, qui paraissent devoir ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme destinĂ©s Ă  entrer directement dans la constitution de l'embryon, Ă  en ĂȘtre les premiers matĂ©riaux, et qui peuvent ĂȘtre dĂ©signĂ©s sous le nom de corpuscules plastiques ; des sphĂ©rules ou cellules d'un volume plus considĂ©rable , appelĂ©es plus spĂ©cialement les globules vitellins, qui ne paraissent jouer qu'un rĂŽle indirect Blumonbach a, et fut exposĂ©e d'une maniĂšre plus complĂšte par M. Pur- kinje dans d'autres Ă©crits 6. En 1833, M. Coste dĂ©couvrit la vĂ©sicule germinative de l'Ɠuf des Mammi- fĂšres c, et bientĂŽt aprĂšs plusieurs autres publications eurent lieu sur le mĂȘme sujet d. M. Baer avait de son cĂŽtĂ© constatĂ© l'existence de celte vĂ©si- cule dans l'Ɠuf d'un grand nombre d'Animaux infĂ©rieurs e. 1 Le contenu de la vĂ©sicule ger- minative fut Ă©tudiĂ© vers la mĂȘme Ă©poque avec beaucoup de soin par M. Wagner /", et l'on donne parfois le nom de ce physiologiste aux taches dites germinatives qu'y s'y font re- marquer. D'aprĂšs M. Van Bencden, cette tache serait parfois due Ă  la prĂ©- sence d'une cellule logĂ©e dans l'intĂ©- rieur de la vĂ©sicule germinative g. a Purkinje, SymbolƓ ad ovi historiam unie incubationem. Leipsig, 1825. b Seconde Ă©dition de l'opuscule prĂ©cĂ©dent, 1830 — Article El, dans le Berlincr Encyclope- disches ÏXorterbuch, 1834, t. X. c Coste, Recherches sur la gĂ©nĂ©ration des MammifĂšres, 1834, p. 29. d Wharton Jones, On the Ova ofMan and Mammiferous Brutes asthey exist in the Ovaries before imprĂ©gnation, and on the discovery in them of a vesicle London MĂ©dical Gazette, 1838, p. 680. — Bernhardt et Valcniin, SymbolƓ ad ovi Mammalium historiam ante prƓgnationem, 1834. e Baer, Lettre sur la formation de l'Ɠuf. {f Wagner, Einige Bemerkungenund Fragen Ăčberdas KeimblĂ schen MĂčller's Archiv fur Anal, und Physiol., 1835, p. 373, pi. 8, lig. 1-7. — Prodromius historice generationis Hominis atque Animalium, 183G. g Van Beneden, Recherches sur la structure de l'Ɠuf dans un nouveau gnre de PĂčlync {Bulletin de l'Acad. de Bruxelles, 1847, t. VIII, p. 89. CONSTITUTION DE L'OEUF. 323 dans la formation du futur Animal, et qui consistent essen- tiellement en matiĂšre nutritive; enfin des sphĂ©rules trans- parentes, qui rĂ©fractent fortement la lumiĂšre, et qui ne pa- raissent ĂȘtre que des gouttelettes d'huile 1. L'analyse chimique nous apprend que le vitellus se compose princi- palement de matiĂšres albuminoĂŻdes associĂ©es Ă  des sels orga- niques et presque toujours aussi Ă  des corps gras 2 ; mais Composition chimique 'lu Vitellus. 1 Les matĂ©riaux organiques du vitellus ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s au microscope par plusieurs observateurs, parmi les- quels je citerai MM. Baer, Wagner, Schwann, Coste, PrĂ©vost et Lebert, Gourty, Thompson, etc. c. 2 La composition chimique des eeufs, mais plus particuliĂšrement de l'Ɠuf de la Poule, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par plusieurs expĂ©rimentateurs; mais nos connaissances Ă  ce sujet laissent en- core beaucoup Ă  dĂ©sirer car, Tune part, la distinction des principes im- mĂ©diats dont le vitellus est formĂ© prĂ©sente de grandes difficultĂ©s, et, d'autre part, les chimistes n'ont exa- minĂ© en gĂ©nĂ©ral que l'ensemble de la masse vitelline ou de l'albumine, sans chercher Ă  dĂ©terminer le mode de distribution des matiĂšres entre les di- vers Ă©lĂ©ments organiques de ces corps 6. On sait depuis longtemps que le jaune de l'Ɠuf de la Poule contient une huile particuliĂšre c, et, d'aprĂšs l'analyse de Prout, les matiĂšres grasses s'y trouveraient dans la proportion de 29 parties sur 100, associĂ©es Ă  17 cen- tiĂšmes d'albumine et Ă  3'i centiĂšmes d'eau d ; mais des recherches plus rĂ©centes ont fait voir que la compo- sition de ce vitellus est beaucoup plus complexe. Ainsi , M. Clievreul en a extrait deux principes colorants, l'un a Bacr, Etwickelungsg Par exemple, chez la Salamandra maculata voy. Wagner, Op. cit., pi. 2, fig. 1 7 ; le Triton igneus Wagner, loc. cit.. c Voyez Wagner, Op. cit., pi. 2, fig. 21. — KĂŽlliker, Op. ., pi. 1, fig. 1-2. d Voyez LallemanJ, Observ. sur le dĂ©veloppement des zoospermes de la RaieAnn. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1841, t. XV, pi. 10, fig. 15. e Voyez Wagner, Fragmente zur l'hysiol. der Zeugung, pi. 2, fig. 20. D Par exemple, chez la Carpe voy. Duiardio. Op. [cit., Anu. des sciences nat. , 2' sĂ©rie t. VIII, pi. 0, fig. 10. — La BrĂšme voy. Wagner, Op. cit., fig. 19. — Le Leuciscus chrysoleuchas espĂšce d'Able de l'AmĂ©rique, voy. Burnett, Remarks upon the Origin, etc., nf the Spermatic Particles, fig. 11 Mem. of the American Academy new sĂ©ries, t. Vj. ' g Voyez Wagner et Leuckart, Op. cit. Todd's Cyclop., t. IV, p. 483, fig. 347. h Voyez Burnett, Op. kk ItFPRODLCTION. spermatozoĂŻdes Chez les Animaux invertĂ©brĂ©s, les SpermatozoĂŻdes prĂ©- des Mollusques, sentent en gĂ©nĂ©ral des formes analogues Ă  celles qui prĂ©do- minent dans l'embranchement des VertĂ©brĂ©s. Ainsi, chez les Mollusques, ils n'offrent sous ce rapport rien qui soit bien important Ă  noter 1; mais je dois faire remarquer que chez quelques-uns de ces Animaux, les CĂ©phalopodes, par exemple, ils ne sont pas libres dans la liqueur sĂ©minale, et se trouvent Dujardin l'explique par l'enroulement chez la SĂšche, ils n'ont pas le quart de d'un fil accessoire a; enfin, Amici la longueur de ceux de l'ÉlĂ©done mus - et M. Pouchet pensent qu'il est dĂ» quĂ©e e. aux ondulations d'une crĂȘte membra- Dans la classe des GastĂ©ropodes, ils neuse 6, et je suis portĂ© Ă  croire qu'ils offrent des diffĂ©rences plus considĂ©ra- ont raison c. blĂ©s. Quelquefois ils sont filiformes, Les SpermatozoĂŻdes du Bombinator graduellement attĂ©nuĂ©s vers l'extrĂ©- ĂŻgneus prĂ©sentent une disposition ana- mitĂ© postĂ©rieure et ondulĂ©s ou cou - logue, seulement ils sont beaucoup tournĂ©s en spirale comme ceux de plus petits d. beaucoup d'Oiseaux f ; d'autres fois 1 Les SpermatozoĂŻdes des CĂ©pha- ces filaments se replient en boucle et lopodes sont filiformes et mĂ©diocre- leurs deux extrĂ©mitĂ©s se tordent en- ment Ă©largis antĂ©rieurement ; leur semble g, ou bien, tout en conservant portion cĂ©phaloĂŻde est cylindrique et la mĂȘme forme gĂ©nĂ©rale, ils restent arrondie aux deux bouts et leur queue Ă©tendus h; mais, chez la plupart de est trĂšs-grĂȘle. Leur grandeur varie ces Mollusques, leur portion antĂ©- beaucoup suivant les espĂšces ainsi, rieure est brusquement Ă©largie en — Mayer, Veber die Flimmerbewegungen Froriep's Notizen, 183G, p. 245. — Siebokl , Heine Flimmerorgane an den Spermatozoen der Salamander Froriep's Neut Notizen, 1837, t. II, p. 281. a Dujardin, Nouveau Manuel de l'observateur du microscope, 1843, p. 100. b Pouchet, Sur la structure et les mouvements des Zoospermes du Triton cristatus Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1845, t. XX, p. 1341. c Milne Edwards, Rapport, etc. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1846, t. XXIf, p. 636i. d Voyez Wagner et Leuckart, Op. cit. Todd's Cyclop., t. IV, p. 481, fig. 341. e Milne Edwards, Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes, Mollusques et CrustacĂ©s des cĂŽtes de la France Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1842, t. XV111, pi. 17, fig. 7, et pi. 14, fig. 5. f Par exemple, chez les Doris voy. Wagner et Leuckart, art. Semex Todd's Cyclop. ofAnat. andPhysiol., vol. IV, p. 4S5, fig. 356 A. — La Paludine vivipare voy. Wagner et Leuckart, Op. cit., p. 356 R. g Par exemple, chez l'Ambretle, ou Succiuea amphibia voy. Wagner, Fragmente zur Physiol. der Zeugung, pi. 3, fig. 24. — Siehold, Veber die Spermatozoen der Crustaceen, Insecten, Cas- leropoden, etc. MiĂŻllei's Archiv fur Anut. und Physiol., 1836, pi. 2, fig. 1-7. h Par exemple, chez la Carinaire voy. Milne Edwards, Observations sur la structure- de quelques Zoophytes et Mollusques Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1842, t. XVIII, pi. xr, fig. 7, FÉCONDATION. 3&5 renfermĂ©s dans des rĂ©ceptacles appelĂ©s spermatophores, sur l'histoire desquels nous aurons bientĂŽt Ă  revenir 1. Les par- maniĂšre de tĂšte ovalaire ou piri- forme a. Les SpermatozoĂŻdes des GastĂ©ropodes pulmonĂ©s sont en gĂ©- nĂ©ral remarquablement longs, et leur renflement cĂ©phaloĂŻde est Ă©paissi en dessus Ă  sa partie postĂ©rieure b ; mais il est Ă  noter que ces filaments ne sont pas encore arrivĂ©s Ă  maturitĂ© lorsqu'ils sont Ă©vacuĂ©s par le mĂąle et qu'ils subissent des changements con- sidĂ©rables aprĂšs leur dĂ©pĂŽt dans l'or- ganisme de la femelle c. Dans l'ordre des Mollusques acĂ©- phales, la portion cĂ©phaloĂŻde des Sper- matozoĂŻdes est en gĂ©nĂ©ral nettement caractĂ©risĂ©e d. Il en est de mĂȘme chez les Mollus- coĂŻdes, notamment chez les Acidiesdu genre Phalkisia{e et lesBotryllest/. Les SpermatozoMes des Bryozoaires ont. Ă©tĂ© observĂ©s dans plusieurs espĂš- ces, telles que le Tendra zosteri- cola g , le Flustra carnosa h , le Halodactylus diaphanus i , le Palludicella Ehrenbergi j, les Al- cyonelles k, etc. 1 Ces Spermatophores sont des tubes qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© assez bien a Par exemple, chez la Palelle voy. Wagner et Leuckart, loc. cit., p. 485, fig. 355 A. — L'Oscabrion voy. Wagner et Leuckart, loc . cit., fig. 355 B. — Le Vermet voy. Lacaze-Dutluers, MĂ©m. sur ianatomie et l'embryologie du Vermet Ann. des sciences uat.. 4' sĂ©rie, 1860, t. Mil, p. 2 il"., pi. 5, 6g. 9. — Du Pleurobranche orange voy. Lacaze-Duthiers, Histoire auatomique et physiologique du l'icurobranche Ann. des sciences nat., 4* sĂ©rie, 1859, t. M, p. 365, pi. 101, fig. 0. b Par exemple, chez Y HĂ©lix pomatia voy. Kolliker, Uie Bildung der SamenfĂąden , pi. 1 , lig. 3. — Wagner et Leuckart, Op. cit. Cyclop. of Anat. and Physiol., t. IV, p. 480, fig. 357. — Mamll, Anatomie microscopique, 2* sĂ©rie, pi. 10, lig. 14. — Le LimnĂ©e Ăźles Ă©tangs voy. Wagner, Fragmente zur Physiol. der Zeugung, \e l'Anodonte voy Siebold, Fernere lleobachtung ilber die Spermatozoen der wirbellosen Thiere MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1837, pi. 20, fig. 14. — DelĂ  Clavagelle et .lu Taret voy. Kolliker, Pie Bildung, etc., pi. 2, fig. 29. — Du Taret 'voy. Kolliker, Op, cit , pi. 2, fig. 28; — Lacaze, MĂ©m. sur le genre Taret Ann. des sciences nat., 4* sĂ©rie, 1849, t. XI, pi. 9, fig. 34. — De l'HuĂźtre, de la Moule, commune, de VUnio, de la Trigonelle, du Pecten, des Bucardes, du l'Anomie, du Dentale, etc., figurĂ©s par Lacaze- Uuibiers Recherches sur les organes gĂ©nitaux des AcĂ©phales lamellibranches, dans Ann. des sciences nat., i' sĂ©rie, 1854, t. Il, pi. 6 Ă  9; — MĂ©m. sur l'organisation de l'Anomie, loc. cit., pi. 2, fig. 7 ; — Histoire de l'organisation et du dĂ©veloppement du Dentale, dain Ann. des science* nat., 4* sĂ©rie, 1856, t. VII, pi. 7, %‱ 8. e Kolliker, Die Bildung, pi. 3, fig. 53. /' Idem, ibid., pi. 3, fig. 54 et suiv. g> Nordmann, Recherches microscopiques sur l'anatomie et le dt veloppement du Tendra zosle- ricolu Demidoff, Voyage en CrimĂ©e, t. 111, p. 068, Polypes, pi. 2, fig. 6. h Kolliker, BeilrĂ ge. pi. 2, fig. 17. i Van Beneden, Recherches sur les Bryozoaires, pi. 8, fig. i o MĂ©m. de l'Acad. de Bruxelles, t. XVIII. j Aliman, A Monngraph of the fresh water Polyzoa, pi. Il, fig. 25 Ray Swiety, 1856. k DumortH-r et Van Beneden, Histoire naturelle des Polypes composĂ©s d'un atome, pi. 5, tir. 2. 3/6 KEPHODUCTiON. SpermatozoĂŻdes tioularitĂ©s que nous prĂ©sente le sperme de quelques Insectes dĂ©pendent du mode de groupement des SpermatozoĂŻdes plutĂŽt que de la conformation de ces corps 1 ; mais chez la plu- part des CrustacĂ©s et des Arachnides ils paraissent ĂȘtre rem- placĂ©s par des vĂ©sicules qui ont souvent une structure fort singuliĂšre, et qui sont probablement des spermatophores ou des organites producteurs des SpermatozoĂŻdes plutĂŽt que les ana- logues de ces derniers corpuscules. Chez les Crabes et les Homards, par exemple, la liqueur sĂ©minale est remplie de vĂ©sicules garnies d'appendices radiaires qui n'exĂ©cutent aucun mouvement spontanĂ© 2 ; mais chez d'autres Podoph thaĂŻ maires, les Mysis, par exemple, des SpermatozoĂŻdes ordinaires se dĂ©veloppent dans l'intĂ©rieur de gaines analogues et ne tardent observĂ©s par Swammerdam et par Needbam, ont Ă©tĂ© pris par quelques naturalistes modernes pour des Vers parasites. Pour plus de dĂ©tails sur leur histoire, je renverrai Ă  un mĂ©- moire que j'ai publiĂ© sur ce sujet il y a une vingtaine d'annĂ©es a. 1 Ainsi, chez les Sauterelles et les Criquets, les SpermatozoĂŻdes sont fixĂ©s par leur extrĂ©mitĂ© eĂ©phaloĂŻde sur une sorte de ruban, de façon Ă  consti- tuer par leur assemblage un grand fila- ment barbu latĂ©ralement qui ressemble Ă  une plume [b. Il en est de mĂȘme cbez plusieurs autres Insectes c. Chez beaucoup d'autres Animaux de la mĂȘme classe les SpermatozoĂŻdes sont filiformes et repliĂ©s en boucle avec leurs deux extrĂ©mitĂ©s confondues en- semble d et il est Ă  noter que la boucle ainsi formĂ©e a Ă©tĂ© prise quelquefois pour un renflement eĂ©phaloĂŻde e. Il est aussi Ă  remarquer que chez quel- ques Insectes les SpermatozoĂŻdes sont renfermĂ©s dans des ampoules qui font office de Spermatophores par exemple, cbez les Grillons /". 2 Chez le Homard, ces corpuscules sĂ©minaux se composent d'une cellule ovalaire ou allongĂ©e, renfermant Ă  l'une de ses extrĂ©mitĂ©s une petite vĂ©sicule ou amas de matiĂšres organiques grisĂ - a M Une Edwards, Observations sur la structure et les fonctions de quelques Zoophytes, Mol- lusques et CrustacĂ©s des cĂŽles de la France Ann. des sciences nat., 2° sĂ©rie, d 842, t. XVIII, p. 331. ifr SieboM, Ueber die Spermalox-oĂŻden der Locuslincn Acta Acad. nat. curios., t. XXI, p. 251, pl. 44-, Rg. 15. c Par exemple, la Cigale voy. Dnjardin, Nouveau Manuel de l'observateur au microscope, pl. 11, fig. 18, et le Sphodrus terricola, de l'ordre des ColĂ©optĂšres Op. cit., fiç. 19. d Hammcrscliinidl, Ueber die Spermatozoen der Inscctcn Isis, 1838, p. 358, pl. 4. c Siebold, Uebcr die Spermatosoen der Crustaceen, Inscctcn, etc. Miiller's Archiv fur Anat. tttld l'hysiol., 1836, p. 3, pl. 2. / LespĂ©s, MĂ©moire sur les Spermatophores du Gryllus campcslris {Ann. des sciences nat., \' sĂ©rie, t. III, p. 300 ; t. IV, p. 244. FECONDATION. Ul pas Ă  devenir libres 1; enfin, chez quelques autres CrustacĂ©s, la liqueur sĂ©minale ne diffĂšre en rien de celle des Animaux des autres classes 2. trĂšs, et donnant naissance, par cette mĂȘme extrĂ©mitĂ©, Ă  trois longs appen- dices roides etstyliformesqui divergent- comme des rayons a. Leur confor- mation est Ă  peu prĂšs la mĂȘme chez la GalatĂ©e b ; mais chez l'Écrevisse c, ainsi que chez la plupart des DĂ©capo- des brachyures, leur portion centrale est constituĂ©e par une vĂ©sicule sphĂ©- rique ou lenticulaire dont partent en rayonnant deux ou plusieurs petits appendices styliformes d. Chez d'au- tres CrustacĂ©s du mĂȘme groupe, la forme de ces corpuscules est intermĂ©- diaire aux deux types dont je viens de parler e. Chez les Pagures, ils ont d'abord une forme analogue Ă  celle qui se rencontre chez les Crabes / ; mais ils acquiĂšrent en se dĂ©veloppant une sorte de boyau trĂšs-allongĂ© qui fait saillie entre la base de la couronne radiaire g. 1 On sait, par les observations de MAI. Frey et Leuckart, que chez les Mysis le sperme renferme d'abord des capsules qui ne paraissent diffĂ©rer des corpuscules sĂ©minaux dont il vient d'ĂȘtre question que par l'absence de rayons; qu'ensuite des SpermatozoĂŻdes filiformes se dĂ©veloppent dans l'intĂ©- rieur de ces capsules, et qu'enfin ces SpermatozoĂŻdes en sortent pour deve- nir libres, Ă©tat dans lequel leur forme ne prĂ©sente rien d'anormal />. Chez quelques CrustacĂ©s infĂ©rieurs, la li- queur sĂ©minale est logĂ©e dans des tubes qui l'ont fonction de Sperma- tophores, et qui ont quelque analogie avec ceux des CĂ©phalopodes, sans avoir une structure si complexe. Ces corps ont Ă©tĂ© observĂ©s chez les Cy- clopcs i. 2 Chez les CrustacĂ©s Ă©driophthal- mes, la liqueur sĂ©minale renferme a Valenlin, Repertorium fur 1838, p. 188. — Kolliker, BeitrĂąge zur Kenntniss der GeschlechtsverhĂ ltnisse, pi. 3, fig. 23. — Observ. pour servir Ă  l'histoire des organes sexuels et du liquide sĂ©minal des CrustacĂ©s, etc. {Ann. des sciences nat., 2 sĂ©rie, t. XIX, p. 335, pi. 9 B, fig. 3. — Goodsir, Anatomical and Pathological Observations, pi. 5, fig. 19. b Kolliker, Op. cit. Annales, t. XIX, pi. 9 B, fig. 2. c Henlc, Veber die Gattung Branchiobdella Miiller's Arcluv fur Anat. und Physiol., 1835, pi. 14, fig. 12. — Siebold, Ueber die Spermatozoen , etc. Miiller's Archiv fur Anat. und Physiol, 1836, pi. 3, fig. 24. — Mandl, Anatomic microscopique, 2* sĂ©rie, pi. 10, fig. 13. d Par exemple, chez le Tourteau Cancer pagurus voy. Kolliker, Op. cil. Ann. des science* nat., t. 9 B, fig. 7. — Le Carcimis mƓnas voy. Kolliker, loc. cit., fig. 4. — Le Stenorhynchus phalangium voy. Kolliker, loc. cit., fig. 'J. — L'Hyas aranea voy. Kolliker, loc. cit., fig. 5. — Le Maia squinado voy. Kolliker, Die Bildung der Samenfdden, pi. 3, fig. 38. — La Dromia Rumphii voy. Kolliker, Op. cit., pi. 3, fig. 40. e Kolliker, BeitrĂąge, Ueber die Bildung der Samenfdden, pi. 3, fig. 50. f Kolliker, BeitrĂąge, pi. 2, fig. 21. g Kolliker, Die Bildung der Samenfdden. pi. 3, fig. 36 et 37. h Frey et Leuckart, BeitrĂąge zur Kenntniss wirbelloser Tliiere, 1847, pi. 10, fig. 16. i Siebold , BeitrĂąge z-ur Naturgeschkhte der wirbellosen Thiere, 1839, p. 36, pi. 2, fig. 41, 405. 348 RKPUODUCT10N. Dans la classe des Arachnides, la liqueur sĂ©minale prĂ©sente des anomalies analogues Ă  celles que les CrustacĂ©s viennent de nous offrir. Chez les Scorpions, on y voit des Spermato- zoĂŻdes ordinaires 1; mais, chez les AranĂ©ides, ce liquide ne contient que des capsules comparables Ă  celles des Crabes, quoique dĂ©pourvues de rayons, et les corpuscules filiformes que l'on a vus se dĂ©velopper dans l'intĂ©rieur de ces cellules chez quelques AraignĂ©es n'ont prĂ©sentĂ© ni appendice caudal, ni mouvements spontanĂ©s; du reste, leur histoire rĂ©clame de nouvelles Ă©tudes 2. L'existence de SpermatozoĂŻdes a Ă©tĂ© constatĂ©e aussi chez des SpermatozoĂŻdes dont la conforma- tion ne prĂ©sente rien d'important Ă  noter a , mais ils ne paraissent pas jouir de la facultĂ© de se mouvoir spontanĂ©ment. Chez les Balanes, on a trouvĂ© des capsules spermatiques fusiformes Ă  deux rayons, qui paraissent ĂȘtre assez semblables Ă  celles des CrustacĂ©s dĂ©- capodes b. 1 Ces Zoospermes sont filiformes et graduellement attĂ©nuĂ©s d'avant en arriĂšre c. 2 Chez les ÉpĂ©ires, le sperme con- tient des cellules sphĂ©riques renfer- mant chacun un noyau qui se trans- forme en an corpuscule cylindrique ayant l'apparence d'un SpermatozoĂŻde qui serait dĂ©pourvu d'un appendice caudal et ne serait pas mobile {d. Pour plus de dĂ©tails au sujet des capsules spermatiques des Arachnides, je ren- verrai Ă  l'article Semen publiĂ© par MM. Wagner et Leuckart dans le CijclopƓdia of Anatomy and Physio- logy de M. Todd. Chez les Myriapodes chilopodes, les capsules spermatiques ont aussi la forme de petites cellules membra- neuses dans lesquelles se dĂ©veloppe tantĂŽt un disque conique e, tantĂŽt deux corpuscules analogues /" ; chez les Chilognathes, ils consistent en fila- ments capillaires enroulĂ©s en cercle g. a Par exemple, chez la Crevotto des ruisseaux, ou Gammarus pulex voy. Wagner et Leuckart, ait. Semen Todd's Cyclop. ofAnat. and Physiol., t. IV, p. 495, fig. 384. — Chez YHyperia Medusarum voy. Kolliker, Op. cit. Ann. des sciences nat., 1843, t. XIX, pi. 9B, fig. 9. b Kolliker, Op. cit. Ann. des sciences nat., 1843, t. XIX, pi. 9 B, fig. 10. c Kolliker, Die BUdung der SamenfĂąien, pi. 2, fig1. 16. d Voyez Todd's CyclopƓdia of Anatomy, t. IV, p. 491, fig. 374. e Par exemple, chez l'Iule terrestre voy. Wagner et Leuckart, art. Semen Tode's CyclopƓdia o/ Anat. and Physiol., t. IV, p. 492, fig. 376 et 377. f Par exemple, chez VIulus fabulosus voy. Wagner et Leuckart, loc. cit., p. 493, fig. 378. g Par exemple, chez la Lithobie voy. Stein, Uebcr die GeschlechtsverhĂ ltnissc der Myriopv- den, etc. MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1842, pi. 13, tĂźg. 19. — Chez les GĂ©ophiles voy. Stein, loc. cil., pi. 14, fig. 33. FÉCONDATION. 3/l9 beaucoup de Vers 1, ainsi que chez un grand nombre de spermatoio^ 4JCS V CF5 G* Zoophytes, 2, et dans ces groupes infĂ©rieurs du RĂšgne animal ils *» foopbyies. I Chez les AnnĂ©lides, lesSperma- lozoĂŻdes ont en gĂ©nĂ©ral nn renflement cĂ©phaloĂŻde bien distinct, quoique cylin- drique et peu Ă©largi a ; quelquefois ils se contournent en hĂ©lice d'une ma- niĂšre trĂšs-remarquable b. Chez les Clepsines et les NĂ©phĂ©lis, ils sont con- tenus dans des spermatophores c. Chez les Nemertiens surtout, leur portion cĂ©phaloĂŻde est subovalaire, mais peu Ă©largie et allongĂ©e d, d'au- tres fois piriforme e. Chez la Planaire verruqueuse, les SpermatozoĂŻdes sont filiformes, trĂšs- allongĂ©s et sans renflement cĂ©pha- loĂŻde distinct f. 2 Les SpermatozoĂŻdes des Coral- liaires et des Échinodermes sont pour- vus d'un renflement cĂ©phaloĂŻde assez gros, bien distinct du filament caudal, et en gĂ©nĂ©ral ovalaire g , mais quel- quefois globuleux h. La conformation des corpuscules sĂ©minaux est Ă  peu prĂšs la mĂȘme chez les MĂ©dusaires i ; il est cependant Ă  noter que quelquefois leur portion cĂ©phaloĂŻde est cylindrique et trĂšs- Ă©largie, par exemple chez la CassiopĂ©e bourbonienne j. Enfin on en a constatĂ© l'existence chez lesSpongillesA, les TĂ©thyes / ta Par exemple, chez le Lombric terrestre voy. Kolliker, Die Bildung der Samenfdden, pi. 2, — Les Polyophlhalmiens voy. Quatrefages, MĂ©m. sur la famille des Polyophthalmiens Ann. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1850, t. XIII . pi. 2, iig. 13. — Les Hermelles voy. Quatrefages, MĂ©m. sur la famille des Hermelliens Ann. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1848, t. X, pi. 3, fig. 2. — LesSyllis voy. Keferstein, Vntersuchungen Ăčber niedere SeethiereZeilschr. furwissensch. Zool., t. XU, pi. 9, fig. 44. b Kolliker, BeitrĂ ge zur Kenntniss der GeschlechtsverhĂ ltnisse und der Samen/lĂčssigkeit wirbelloser Thiere, 1841, pi. 2, fig. 10. c Fr MĂčller, Ueber die Ceschlechtstheile von Clepsine und Nephelis MĂčller's Archiv fur Anat. und Plujsiol., 1840, p. 138, pi. 8, fig. 11-13. — Robin. MĂ©moire sur les Spermatophores de quelques HirudinĂ©es {Ann. des sciences nat., i' sĂ©rie, 1861, t. XVII, p. 5, pi. 2. d Par exemple, chez le Semertes Khronii et le If. Epponbergii voy. Kolliker, Die Bildung der Samenfdden, pi. 3, lu,-. 51 et 52. — Le Borlasia balmea voy. Quatrefages, MĂ©m. sur la famille des NĂ©mertiens Ann. des sciences nat., 3 sĂ©rie, 1840, t. VI, pi. 9, fig. 6. e Par exemple, chez la Polia humilisel\ cit., pi. 11, fig. 5 etO. f Kolliker, 0p cit., pi. 3, fig. 59. g Exemples les SpermatozoĂŻdes de diverses espĂšces d'Actinies voy. Kolliker, BeitrĂ ge, pi. 5 , fig. 1, 2 et 3. — Ceux de l'Echinus saxatdis voy. Kolliker, Op. cit., pi. 1, fig. 4. h Par exemple, chez les Synaples voy. Quatrefages, MĂ©m. sur la Synapte de Duvernoy Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1842, t. XVII, pi. 5, fig. 2. — La Comaiulc de la MĂ©diterranĂ©e voy. Kolliker, Die Bildung der Samenfdden in BlĂ schen, pi. 2, fig. 19. i Par exemple, chez les ÉquorĂ©es voy. Milne Edwards, Observations sur la structure, etc., de quelques Zoophytes Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1841, t. XVI, pi. 1, fig. 1 d. — Les Chrysaores voy. Kolliker, BeitrĂ ge, pi. 1, fig. 9. — Les Rhizostomes voy. Kolliker, Op. cit., pi. 1, fig. 8. — Le Polyclonia frondosa Agassiz, Contributions to the N'atural History of the United States, t. 13 a, fig. 23. j Kolliker, Die Bildung der Samenfdden, pi. 2, fig. 18. fe LeberkĂčhn, Zur Eiitwickehingsgeschichte der Spongilen MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1856, p. 500, pi. 15, fig. 34 ; pi. 18, fig. 17. / Huxley, Zoological Notes and Observation!, on the Anat. ofthe genus Tethva Ann. ofSai. HM., 2* sĂ©rie, 1851, t. VII, r, 370. 350 REPRODUCTION. ne prĂ©sentent aucune particularitĂ© notable dans leur mode de conformation ou dans leur maniĂšre d'ĂȘtre, mais ils ressem- blent beaucoup aux corpuscules urticants qui se dĂ©ve- loppent dans certaines parties du systĂšme tĂ©gumentaire, ou mĂȘme dans des organes intĂ©rieurs, chez un grand nombre Mode d'AcalĂšphes et de Coralliaires, et au premier abord il est facile de dĂ©veloppement de les confondre avec ces organites 1. des spermatozoaires Dans ces derniers temps, le mode de dĂ©veloppement des SpermatozoĂŻdes a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© avec beaucoup de soin par plu- sieurs physiologistes, mais principalement par M. KĂŽlliker 2. Ces corpuscules se constituent dans l'intĂ©rieur de petites 1 Les corpuscules qui constituent les cordons filiformes Ă©jaculĂ©s par di- verses Actinies, et qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits d'abord par M. Wagner comme Ă©tant des SpermatozoĂŻdes a, ne sont autre chose que des nĂ©matocystes ou cap- sules sĂ©tifĂšres ratifiantes. Les vĂ©rita- bles SpermatozoĂŻdes des Actinies ont Ă©tĂ© observĂ©s plus tard par M. KĂŽl- liker 6. On connaĂźt Ă©galement ceux de plusieurs autres Coralliaires c. 2 Le fait du dĂ©veloppement des SpermatozoĂŻdes dans l'intĂ©rieur des cellules ou vĂ©sicules membraneuses paraĂźt avoir Ă©tĂ© annoncĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© des sciences naturelles en 1835 , par Pelletier cl ; mais cette communica- tion ne donna alors lieu Ă  aucune pu- blication e, et M. Wagner fut le pre- mier Ă  consigner dans les annales de la science des observations Ă  ce sujet /. L'Ă©tude du mode de forma- tion de ces corpuscules sperma tiques fut ensuite portĂ©e beaucoup plus loin par M. KĂŽlliker, et elle a donnĂ© lieu Ă  plusieurs autres publications g. a Pi. Wagner, Entdeckung mĂąnnlicher Geschlechtslheile bei den Aclinien Wiegmann's Archiv fur Naturgeschichte, 1835, t. II, p. 215, pi. 3, fig. 7. b KĂŽlliker, Beitrdge, pi. 1, fig. 13. c Par exemple, du CĂ©riantlic voy. J. Ihiime, MĂ©moire sur le CĂ©rianthe Ami. des sciences nat., i- sĂ©rie, 1854, t. I, p. 377, pi. 8, fig. 5. — Du Corail voy. Lacaze-Duthiers, Histoire naturelle du Corail, pi. 9, fig. 42. d Voyez Pelletier, Sur l'origine et le dĂ©veloppement des zoospermes de la Grenouille l'Insti- tut, 1838, p. 132. — Observations sur le mode de formation et le dĂ©veloppement des Zoo- spermes citez les Batraciens Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1S40, t. XI, p. 810. e Voyez le Bulletin de la SociĂ©tĂ© des sciences naturelles de France, in-4, n" 1 Ă  3. f Rud. Wagner, Die Genesis der Samenthierchen Miiller's Archiv fur Anut. uni Physiol., 1830, p. 225, pi. 9. — Fragmente zur Physiologie der Zeugung. — Ueber die Spermatozoen Wiegmann's Archiv fur Naturgeschichte, 1839, p. 40, p.2. g KĂŽlliker, Die Bildung der SamenfĂąden in BlĂ schen, 184G Neue Denkschriften der Allgem. Schweitzerischen Gesellschaft fur gesammle Naturwissenschaften, t. VIII. — W. Burnctt, Researches upon the Origin, Mode of Development and Nature of the Spermatic Particles among the four classes of Yertebrated Animais Mem. of the American Acad., new sĂ©ries, vol. V. — D. Martino, Observations sur le dĂ©veloppement des SpermatozoĂŻdes des Raies et des Tor- pilles Ann. des sciences nat., 1840, 3" sĂ©rie t. V, p. 171. — Lallemand, Observations sur le dĂ©veloppement des Zoospermes de la Raie Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1841, t. XV, p. 247. FÉCONDATION, 351 cellules ou utricules membraneuses sphĂ©riques, et ces cel- lules naissent en nombre plus ou moins considĂ©rable dans l'intĂ©rieur d'une cellule commune. Les parois de ces cellules se dĂ©truisent spontanĂ©ment lorsque leur rĂŽle physiologique est accompli, et suivant que la disparition des utricules secondaires ou internes a lieu avant ou aprĂšs celle des parois de la cellule mĂšre, ou cellule enveloppante commune, la disposition des SpermatozoĂŻdes varie. Lorsque la cellule mĂšre cesse d'exister avant que les cellules secondaires soient mures, celles-ci de- viennent libres, et, comme chacune d'elles produit dans son intĂ©rieur un SpermatozoĂŻde, ces corpuscules sĂ©minaux naissent isolĂ©ment dans le liquide qui les renferme. Mais dans le cas contraire, c'est-Ă -dire quand les parois des utricules secon- daires se dĂ©truisent avant que la cellule commune ait cessĂ© de la tenir emprisonnĂ©e, les SpermatozoĂŻdes se trouvent rĂ©unis en nombre considĂ©rable dans un rĂ©ceptacle commun, et sou- vent ils s'y disposent en faisceau ou d'une maniĂšre radiaire autour d'une masse albuminoĂŻde centrale. Or, quand il en est ainsi, il arrive frĂ©quemment que la cellule mĂšre ou cellule commune se dĂ©truit Ă  son tour avant la dĂ©sassociation du groupe ainsi constituĂ©, et que par consĂ©quent les Spermato- zoĂŻdes, quand ils viennent Ă  ĂȘtre mis Ă  nu, se montrent d'abord sous la forme de paquets plus ou moins gros; mais bientĂŽt ils se sĂ©parent entre eux et deviennent libres tout comme ceux qui sont nĂ©s isolĂ©ment 1. Le premier de ces inodes de forma- tion se rencontre chez la plupart des MammifĂšres 2, ainsi que 1 Chez le Pinson Fringilla cƓ- ricure ou caudale de ces corpuscules iebs, par exemple, les SpermatozoĂŻdes est dĂ©jĂ  dĂ©gagĂ©e et libre; ils forment sont rĂ©unis parallĂšlement en un fais- ainsi une sorte de pinceau a. ceau trĂšs-long dont la portion anlĂ©- '2 Ce mode de dĂ©veloppement des Heure reste engagĂ©e dans la capsule SpermatozoĂŻdes a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© plus parti- commune, lorsque la portion postĂ©- culiĂšrement chez le Lapin 6. a Voyez Wagner, IcĂŽnes physiologiccc, pi. 1 , lig- !‱ KĂŽlliker, Die Bildung der Samenfuden, pi. 4, fiÂŁ. H. 352 REPRODUCTION. chez beaucoup d'autres Animaux ; le second a Ă©tĂ© observĂ© chez un grand nombre d'Oiseaux, de Batraciens, de Poissons carti- lagineux, de Mollusques, d'Insectes et de Vers. Le microscope ne nous a permis jusqu'ici de rien dĂ©couvrir touchant la structure intĂ©rieure des SpermatozoĂŻdes ; leur sub- stance constitutive paraĂźt ĂȘtre amorphe 1; mais, comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, ces singuliers corpuscules jouissent de propriĂ©tĂ©s physiologiques trĂšs-remarquables. Ainsi , ils exĂ©cutent des mouvements qui paraissent ĂȘtre volontaires , ils nagent avec une grande agilitĂ© en battant l'eau avec leur longue queue, et, pour peu que l'on observe leurs allures, on ne saurait douter de leur vitalitĂ©. Ils ressemblent beaucoup Ă  des Animaux ver- miformes qui seraient d'une petitesse extrĂȘme, et les anciens micrographes les dĂ©signaient sous les noms d'Animalcules spermatiques ou de Spermatozoaires . Quelques auteurs les considĂšrent comme des parasites comparables aux Vers intes- tinaux, et leur ont assignĂ© une place dans les cadres zoolo- giques 2 ; mais ils ne sont en rĂ©alitĂ© que des produits de l'organisme assez analogues aux cils vibratiles des membranes muqueuses dont j'ai dĂ©jĂ  eu plus d'une fois Ă  parler. Ils ne pĂ©rissent d'ordinaire que plus ou moins longtemps aprĂšs qu'ils 1 Plusieurs observateurs ont cru 2 Bill fut le premier Ă  assigner avoir dĂ©couvert dans l'intĂ©rieur de cer- aux SpermatozoĂŻdes une place prĂ©cise tains SpermatozoĂŻdes des organes dis- dans la classification du rĂšgne animal tincts, par exemple un tube intestinal; il les rangea, avec les Vorticelles, dans mais les apparences trĂšs-vagues dont son genre Macrocerum b ; d'autres ils arguent ne peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es zoologistes les ont considĂ©rĂ©s comme delĂ  sorte a. trĂšs-voisins des CercariĂ©s c. a Valentin, Ueber die Spermatozoen des BĂąren {Nova Ac ta Acad. nat. curios., t. XIX, p. 239, pi. 24. — Ehrenbcrg, Infusionsthierchen, p. 465. — Henle, Ueber die Gattung Branchiobdella MĂčller's Archiv fur Anat. vnd Physiol., 183"., p. 574. b Hill, Hislory of Animais, 1752. c Elenchus Zoophytorum, 1766, p. 416. — 0. F. MĂčller, Vermium terrestrium et fluvial ilium historia, 1773, t. 1, p. 65. — Boiy Saint-Vincent, art. Zoospermes [Dictionn. classique d'hist. nat , t. XVT, p. 732 -r~ Cuvier, RĂšgne animal, 3* Ă©dit., 1828, t. 111, p. 326, FÉCONDATION. 353 ont quittĂ© l'ĂȘtre qui les a formĂ©s, et les conditions les plus favorables Ă  la prolongation de leur existence varient suivant les espĂšces auxquelles ils appartiennent et les circonstances dans lesquelles la Nature les destine Ă  vivre 1. Ainsi ceux de beaucoup d'Animaux marins pĂ©rissent promptement dans l'eau douce, tandis qu'ils paraissent se plaire dans l'eau salĂ©e, et pour ceux de certains Animaux qui frĂ©quentent les eaux douces, une dissolution de chlorure de sodium peu concentrĂ©e agit comme un poison 2. En gĂ©nĂ©ral, ils ne vivent que quelques heures quand ils sont exposĂ©s Ă  l'air ou rĂ©pandus dans l'eau ; 1 La mort de l'animalqui renferme dans son corps les SpermatozoĂŻdes n'entraĂźne pas nĂ©cessairement la cessa- lion de la viedeceux-ci, et parfois mĂȘme ils se conservent mieux dans le cada- vre on dans la glande sĂ©minale cxtir-. pĂ©e ques'ilsavaient Ă©tĂ© mis en libertĂ©et abandonnĂ©s Ă  eux-mĂȘmes. Ainsi, M. de Quatrefagesa trouvĂ© des Spermatozoik- des vivants dans les testicules chez des Brochets morts depuis trois jours a. Du reste, leur force de rĂ©sistance varie beaucoup suivant les Animaux aux- quels ils appartiennent. Ainsi les Sper- matozoĂŻdes des Poissons pĂ©rissent en gĂ©nĂ©ral trĂšs-promptement aprĂšs leur sortie de l'organisme, et M. de Quatre- fages ne les a vus vivre que quelques minutes , lors mĂȘme qu'il les plaçait dans les conditions les plus favora- bles environ deux minutes pour ceux de la Perche et du Barbeau, trois minutes pour ceux de la Carpe, et un peu plus de huit minutes pour ceux du Brochet b ; mais, dans une des expĂ©riences faites par M. Wa- gner sur la laitance d'une Perche con- servĂ©e dans un verre sans mĂ©lange d'eau et Ă  une basse tempĂ©rature, les SpermatozoĂŻdes Ă©taient encore vivants au bout de quatre jours c. Spallan- zani a trouvĂ© que les SpermatozoĂŻdes du Chien, exposĂ©s Ă  l'air, ne vivaient qu'environ un quart-d'heure, tandis que ceux du Cheval ne pĂ©rissaient quelquefoisqu'au bout de deux heures, et que ceux de l'Homme conservaient leurs mouvements pendant sept ou huit heures d. L'urine normale, le mucus mĂ©diocrement Ă©pais, et la plupart des autres liquides de l'Ă©conomie animale qui sont faiblement alcalins, ne leur sont pas nuisibles e. 2 La vitalitĂ© des SpermatozoĂŻdes semble ne pouvoir se manifester que lorsque leur substance renferme une certaine quantitĂ© d'eau, quantitĂ© qui serait variable suivant les espĂšces, et aJQuatrefages, Recherches sur la vitalitĂ© des SpermatozoĂŻdes de quelques Poissons d'eau douce [Ann. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1853, t. XIX, p. 35U. b Quatrefages, Op. cit., \\ 342. C Wagner, TraitĂ© de physiologie, trad. par Haliels, 1841 , p. 26. d Spallanzam, Opuscules de physique, t. 11, p. 187, 111,115, etc. e DonnĂ©, Cours de mirroscopie, p. 28fi. 354 ftEpnoDUcĂźioN. mais, ainsi que nous le verrons bientĂŽt, ils conservent parfois toute leur activitĂ© pendant plusieurs mois, lorsqu'ils ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s dans les organes gĂ©nitaux de la femelle 1. L'Ă©tin- celle Ă©lectrique les tue immĂ©diatement et ils ne rĂ©sistent l'influence de l'eau plus ou moins chargĂ©e de sel ou d'autres matiĂšres dont l'action chimique n'est pas nota- oie sur ces corps, paraĂźt dĂ©pendre principalement des phĂ©nomĂšnes osmo- tiques que ce liquide dĂ©termine. Ainsi, la dessiccation rend les SpermatozoĂŻdes immobiles, mais ne les tue pas tou- jours, et dans quelques cas il suffit de leur donner de l'eau pour les rendre Ă  toute leur activitĂ©. L'action de l'eau, chargĂ©e d'albumine , de sucre , de gomme, s'explique de la mĂȘme ma- niĂšre dans une dissolution trop con- centrĂ©e, les SpermatozoĂŻdes abandon- nent une portion de l'eau qui serait nĂ©cessaire Ă  l'exercice de leurs fonc- tions, et lorsqu'ils ont Ă©tĂ© rendus im- mobiles de la sorte, ils peuvent re- prendre leur mobilitĂ© par l'addition d'une certaine quantitĂ© d'eau pure a. Pour les SpermatozoĂŻdes des Animaux marins, qui sont destinĂ©s Ă  subir le contact de l'eau salĂ©e, l'action de l'eau douce est beaucoup plus nuisible que pour les SpermatozoĂŻdes des Animaux terrestres ou lluviatiles, et dĂ©termine souvent leur mort instantanĂ©ment. Aussi les SpermatozoĂŻdes des Vers marins du genre Hermelle pĂ©rissent instantanĂ©ment au contact de l'eau douce 6. 1 Ainsi, chez les Insectes, les Sper- matozoĂŻdes dĂ©posĂ©s dans l'appareil sexuel de la femelle peuvent y rester vivants des semaines et mĂȘme des mois entiers. Il en est de. mĂȘme pour cer- tains Animaux vertĂ©brĂ©s, la Salaman- dre terrestre , par exemple c. Il est aussi Ă  noter que chez quelques Ani- maux le dĂ©veloppement des Sperma- tozoĂŻdes ne s'achĂšve qu'aprĂšs l'intro- duction de ces corpuscules dans l'ap- pareil gĂ©nital femelle par exemple, chez les Colimaçons d. La tempĂ©rature exerce beaucoup d'influence sur la rĂ©sistance vitale des SpermatozoĂŻdes qui ont Ă©tĂ© expulsĂ©s au dehors. Ainsi Spallanzani a vu les SpermatozoĂŻdes de l'Homme, placĂ©s du reste dans des conditions analogues, mourir en moins d'un quart d'heure, Ă  la tempĂ©rature de 2 Ă  3 degrĂ©s au- dessus de zĂ©ro, tandis qu'ils vĂ©curent deux heures Ă  10 degrĂ©s, trois heures Ă  environ 14 degrĂ©s, et de sept Ă  huit heures Ă  27 ou 28 degrĂ©s e. M. de Quatrefages a constatĂ© des faits du mĂȘme ordre chez les SpermatozoĂŻdes des Poissons f. a Kcilliker, Veber die Vitalitdt und die Entwickelung der Samenfaden Verhandlungen der l'hijsiologischa Math. Ccsellschaft., 1855, t. VI. b Quatrefages, Recherches expĂ©rimentales sur les SpermatozoĂŻdes des Her nielles et des Tarets Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1850, t. XIII, p. 112. c Siebold, Veber das receptacnlum seminis der tveiblĂŻchen Urudelen Zeitschr. fur wissensch. Zoologie, 1858, t. IX, p. 463. d Gratiolet, iSole sur les Zoospermes des HĂ©lices et sur les mĂ©tamorphoses qu'ils subissent dans la vĂ©sicule copulatrice, oĂč ils ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s pendant l'accouplement Journal de conchy liologie, 1850, t. I, p. 116 et 236. ej Spallanzani, Op. cit., t. II, p. 107. /' Quatrefages, Sur la vitalitĂ© des SpermatozoĂŻdes Ann. des scien. nat., 3e sĂ©rie, t. XIX, p. 347. FÉCONDATION. 355 guĂšre mieux Ă  l'action de beaucoup de matiĂšres toxiques 1. Du reste, la facultĂ© d'exĂ©cuter des mouvements, quoique Ă©tant en gĂ©nĂ©ral trĂšs-dĂ©veloppĂ©e chez les SpermatozoĂŻdes qui sont parvenus Ă  l'Ă©tat de maturitĂ©, n'existe pas chez les corpuscules sĂ©minaux qui paraissent ĂȘtre appelĂ©s Ă  jouer le mĂȘme rĂŽle chez certains Animaux infĂ©rieurs. ConsidĂ©rĂ©s par quelques naturalistes comme des parasites wie des comparables aux Vers intestinaux, et comme n ayant aucun spermatozoĂŻdes dans rĂŽle Ă  remplir dans le travail de la reproduction i, les Sper- ia fĂ©condation, matozoĂŻdes sont regardĂ©s par la plupart des physiologistes comme des agents essentiels de la fĂ©condation, et quelques auteurs ont Ă©tĂ© jusqu'Ă  supposer qu'ils Ă©taient des Ă©bauches d'embryons destinĂ©s Ă  se dĂ©velopper dans l'intĂ©rieur de l'oeuf 1 MM. PrĂ©vost et Dumas ont vu rosif, Ă©tendue dans 20 millions de par- que l'Ă©tincelle Ă©lectrique frappait de tics d'eau de mer, tue les Spermato- mort tous les SpermatozoĂŻdes sur zoĂŻdes du Taret en moins de deux lesquels portĂšrent leurs expĂ©riences ; heures c. mais ils n'ont pas obtenu des effets 2 Ainsi Burdach, dont le TraitĂ© analogues en employant un courant de Physiologie a joui d'une grande galvanique a. vogue en France aussi bien qu'en Alle- Les agents chimiques qui coagu- magne, dit formellement que les Ani- lent l'albumine, ou qui modifient de malades spermatiques sont des Infu- quelque autre maniĂšre la substance soires qui se dĂ©veloppent dans le constitutive des SpermatozoĂŻdes, les sperme, quand ce liquide est devenu tuent plus ou moins promptement. En trĂšs-dĂ©composable ; qu'ils n'ont avec gĂ©nĂ©ral, les dissolutions alcalines trĂšs- l'organisme souche aucune connexion faibles ne leur nuisent pas, mais ils essentielle, que ce n'est pas en eux ne rĂ©sistent que peu Ă  l'action des que rĂ©side la facultĂ© procrĂ©atrice, enfin acides, et certaines matiĂšres minĂ©rales qu'ils ne sont qu'un effet accessoire et sont pour eux des poisons violents, un phĂ©nomĂšne concomitant de cette mĂȘme Ă  trĂšs-faibles doses 6. Ainsi une facultĂ© d. Il serait difficile d'accumu- partie d'eau saturĂ©e de sublimĂ© cor- 1er plus d'erreurs en si peu de lignes. a PrĂ©vost et Dumas, Observations relatives Ă  l'appareil gĂ©nĂ©rateur des Animaux mĂąles, etc. {Ann. des sciences nat., 1824, I. I, p. 288. 6 Kraemer, Observ. minos, et experim. de motu Spermatoworum Dissert, inaug.. Gaitin.» gue, 184-2. c Quatrefages, Sur un moyen de mettre les approvisionnements de bois de la marine Ă  l'abri de la piqĂ»re des Tarets [Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1848, t. XXVI, p. 113j. — Kolliker, Physiol. sludien Ă»ber die Samenflussigkeit Zeitschr. fĂ»v wissensch. ZooL, 183G, t. VII, p. 201. d Burdach, TraitĂ© de physiologie, trad. par Jourdan, 1857, t. I, p. 133 et 134. 356 REPRODUCTION. et Ă  devenir ainsi le jeune Animal, dont la mĂšre serait pour ainsi dire la nourrice seulement. Il me paraĂźtrait oiseux de rappeler ici tout ce qui a Ă©tĂ© imaginĂ© Ă  ce sujet dans le cours du siĂšcle dernier, lorsque l'imperfection des microscopes expo- sait les observateurs inhabiles Ă  une foule d'erreurs 1; mais on ne s'est pas trompĂ© lorsqu'on a attribuĂ© aux SpermatozoĂŻdes une grande importance, et les expĂ©riences rigoureuses dont la science a Ă©tĂ© enrichie plus rĂ©cemment prouvent que c'est en eux que rĂ©side la puissance fĂ©condante de la liqueur sĂ©minale. Notons d'abord que chez les jeunes Animaux qui ne sont pas encore aptes Ă  la reproduction, les liquides contenus dans les organes gĂ©nitaux du mĂąle ne renferment pas de Sperma- tozoĂŻdes, et que chez les Animaux oĂč la facultĂ© reproductrice ne se rĂ©veille qu'Ă  une certaine saison de l'annĂ©e, ces corpus- cules animĂ©s n'existent, ou du moins ne sont complĂštement dĂ©veloppĂ©s qn'Ă  cette mĂȘme Ă©poque, et manquent ou n'existent que dans un Ă©tat d'imperfection Ă©vident pendant le reste de l'annĂ©e 2. On sait que certains Animaux hybrides sont slĂ©- l On cite souvent, Ă  ce sujet, une prĂ©tendue observation de Dalem- patius, qui aurait vu dans la liqueur sĂ©minale un Animalcule se dĂ©pouiller de son enveloppe, et montrer alors trĂšs- distinctement la forme d'un corps hu- main avec tĂšte, bras, jambes, etc. a. Mais l'Ă©crit dans lequel cette relation se trouvait 6 paraĂźt n'avoir Ă©tĂ© qu'une plaisanterie faite par François de Plan- tade, secrĂ©taire de la SociĂ©tĂ© royale de Montpellier c. Buffon confondit les SpermatozoĂŻdes avec les corpuscules agitĂ©s par le mouvement brownien, qu'il trouva dans les ovaires ainsi que dans d'autres parties d et il considĂ©ra les uns et les autres comme Ă©tant de ces molĂ©cules organiques dont j'ai dĂ©jĂ  eu Ă  parler dans la prĂ©cĂ©dente Leçon e. Needham adopta des vues analogues, et considĂ©ra les Spermato- zoĂŻdes comme Ă©tant le rĂ©sultat de la dĂ©composition du sperme. 2 Je reviendrai sur ce sujet lorsque je traiterai de la reproduction dans chacun des principaux groupes du RĂšgne animal. a Buflbn, Histoire des Animaux ƒuvres, Ă©dit. de Desmarest, t. XII, p. 163. & Dalempatius, Lettre concernant une observation microscopique de la semence qu'on trouve dans la Nouvelle rĂ©publique des lettres, 1 699. c Portai, Histoire de l'anatomie, 1. IV, p. 231. d Buffon, Histoire des Animaux, p. 489 et sniv. Voyez ri-dessus, page 247. FÉCONDATION. 357 rilcs, les Mulets, par exemple, et le microscope a souvent permis de constater que chez ces mĂ©tis infĂ©conds il n'y a pas de Sper- matozoĂŻdes 1. Enfin, dans les cas oĂč la vieillesse amĂšne l'impuissance, ces corpuscules spermatiques manquent Ă©gale- ment -2. Dans diverses expĂ©riences sur la fĂ©condation artificielle, on Preuves ' il- ' de la facultĂ© a constate que la liqueur sĂ©minale dans laquelle les Spermato- fĂ©condante zoĂŻdes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s, soit par une exposition prolongĂ©e Ă  spermatozoĂŻdes. l'air, soit par l'action de la chaleur ou de divers agents chimi- ques, Ă©tait sans action sur les Ɠufs, et Spallanzani a trouvĂ© que la fillralion de ce liquide suffit pour produire le mĂȘme rĂ©sultat. D'aprĂšs tous ces faits, on devait ĂȘtre trĂšs-portĂ© Ă  croire que la puissance fĂ©condante du sperme Ă©tait liĂ©e Ă  l'existence et Ă  la vitalitĂ© des SpermatozoĂŻdes dont ce liquide est chargĂ© ; mais, pour ohlenir la dĂ©monstration de ce fait, il fallait des expĂ©- riences comparatives, et celles-ci n'ont Ă©tĂ© bien instituĂ©es que de nos jours. On les doit Ă  deux savants dont j'ai eu sou- vent l'occasion de citer les travaux, PrĂ©vost de GenĂšve, et M. Dumas, qui, avant d'ĂȘtre un des chimistes les plus emi- 1 L'absence de SpermatozoĂŻdes les dimensions, ni la forme de ceux dans la liqueur sĂ©minale des Mulets propres Ă  Tune ou Ă  l'autre des espĂš- ordinaires a Ă©tĂ© constatĂ©e par plusieurs ces citĂ©es b. naturalistes. Dans quelques casexcep- 2 Dans certains cas de stĂ©rilitĂ© du tionnels, ces mĂ©tis deviennent fĂ©- mĂąle, les SpermatozoĂŻdes existent en conds a. petit nombre dans la liqueur sĂ©mi- M. Wagner a trouvĂ© quelques Sper- nale, mais n'atteignent pas leur dĂ©ve- matozoĂŻdes dans la liqueur sĂ©minale loppement normal, ainsi que j'ai eu d'un mĂ©tis de Serin et de Cbardonne- l'occasion de l'observer chez un Coq trĂšs- ret, mais ces corpuscules n'avaient ni vieux et inapte Ă  la reproduction c. a Hebenslreit, Journal encyclopĂ©dique, 17G-2 voy. Bonnet, ConsidĂ©rations sur les corps organisĂ©s, t. II, p. 211. — Gleiclien, Dissertation sur la gĂ©nĂ©ration, p. 45. — PrĂ©vost et Dumas, Op. cit. An», des sciences nal., 1824, t. I, p. 18ii. — Hausmann, Ueber den Mangel der Samenthierclien bei Hausthieren, 1841. b Wagner, Physiologie, p. 38. c Lallemand, Jbserv. sur l'origine et le mode de dĂ©veloppement des [Ann. d sciejiccs nat., 3 sĂ©rie, 1841, t. XV, p. 43. les MU. o5S REPRODUCTION. nents de son temps, s'occupait avec un succĂšs Ă©clatant d'Ă©tudes physiologiques. Dans toutes les expĂ©riences dont je viens de rendre compte, de mĂŽme que dans celles oĂč les SpermatozoĂŻdes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s par un choc Ă©lectrique, on ne pouvait pas ĂȘtre certain que la perte de la puissance fĂ©condante fĂ»t occasionnĂ©e par la mort de ces corps, et ne tĂźnt pas Ă  d'autres modifications dĂ©terminĂ©es dans la constitution de la liqueur sĂ©minale par les agents dont on avait fait usage. Dans l'expĂ©rience de Spallanzani sur le sperme Ă©tendu d'eau et filtrĂ©, on pouvait aussi attribuer, non Ă  l'absence de Spermatozoaires, mais Ă  l'altĂ©ration de quelque autre partie de la liqueur prolifique, l'inaptitude de celle-ci Ă  fĂ©conder les Ɠufs. Pour dĂ©cider la question, il fallait s'assurer qu'il n'en Ă©tait pas ainsi, et cela a Ă©tĂ© fait par MM. PrĂ©vost et Dumas de la maniĂšre suivante Une certaine quantitĂ© de sperme de Grenouille convenable- ment Ă©tendu d'eau fut jetĂ©e sur un filtre appropriĂ© Ă  cet usage ; puis le liquide qui s'Ă©coula Ă  travers le papier, et qui ne ren- fermait pas de spermatozoĂŻdes, fut mis en contact avec des Ɠufs non fĂ©condĂ©s ; d'autres omfs semblables furent alors arrosĂ©s avec le rĂ©sidu restĂ© sur le filtre, et qui consistait essentielle- ment en SpermatozoĂŻdes. Ces derniers Ɠufs donnĂšrent bientĂŽt des indices de fĂ©condation et se dĂ©veloppĂšrent d'unemaniĂšre nor- male, tandis que les premiers restĂšrent stĂ©riles et ne tardĂšrent pas Ă  se corrompre. Ainsi le sperme dĂ©pouillĂ© de ses Spermato- zoĂŻdes avait perdu ses propriĂ©tĂ©s fĂ©condantes, et les Sperma-^ tozoĂŻdes, sĂ©parĂ©s mĂ©caniquement des autres parties constitu- tives de ce liquide, avaient conservĂ© cette facultĂ©. La mĂȘme expĂ©rience, rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois, donna toujours les mĂȘmes rĂ©sultats 1. 11 est donc Ă©vident que c'est aux Spermatozoaires 1 MM. PrĂ©vost et Dumas variĂšrent monslration, et toutes leurs expĂ©rien- de diverses maniĂšres ce genre de dĂ©- ces, dont il serait trop long de donner FECONDATION. 359 que le mĂ©lange, c'est-Ă -dire la liqueur spermatique, doit son pouvoir fĂ©condant. Il est Ă©galement Ă  noter que, dans toutes ces expĂ©riences de fĂ©condation artificielle, le microscope lit dĂ©couvrir un nombre plus ou moins considĂ©rable de Spermatozoaires fixĂ©s sur la surface de l'Ɠuf de la Grenouille ou pĂ©nĂ©trant dans la sub- stance albumineuse dont la sphĂšre vitelline est entourĂ©e. § 3. — La condition de toute fĂ©condation parait ĂȘtre en Los effet le contact matĂ©riel des SpermatozoĂŻdes vivants avec l'Ɠuf SpepSSes Ă  l'Ă©tat de maturitĂ©. Les faits nous manquent pour dĂ©cider si ce c,ansl'Ɠuf- son! ces singuliers corps eux-mĂȘmes qui possĂšdent la propriĂ©tĂ© fĂ©condante, ou s'ils sont seulement les agents chargĂ©s de trans- porter jusque sur l'Ɠuf une matiĂšre fĂ©condante particuliĂšre qui serait distincte de leur substance constitutive. Mais pour que le mouvement organisateur qu'ils impriment Ă  l'Ɠuf soit suffisant pour dĂ©terminer la formation d'un Animal nouveau, une quan- titĂ© de la matiĂšre fĂ©condante supĂ©rieure Ă  celle fournie par un de ces corps paraĂźtrait ĂȘtre nĂ©cessaire. Dans les expĂ©riences de MM. PrĂ©vost et Dumas, on trouva toujours plusieurs Sper- matozoĂŻdes sur chaque Ɠuf 1, et, dans des recherches ana- ici le dĂ©tail, tendirent Ă  prouver que le contact direct des SpermatozoĂŻdes et de l'Ɠuf est la condition essentielle de la fĂ©condation de celui-ci a. En 18i0, PrĂ©vost rĂ©pĂ©ta avec succĂšs cette expĂ©- rience en sĂ©parant les parties liquides et solides du sperme de la Grenouille au moyen d'une action osmotique 6, et plus rĂ©cemment Newport a obtenu les mĂȘmes rĂ©sultais en se servant d'un filtre c. 1 Ces physiologistes remarquĂšrent aussi que ie nombre des Ɠufs fĂ©condĂ©s Ă©tait toujours trĂšs-infĂ©rieur Ă  celui des SpermatozoĂŻdes employĂ©s {d. M. de, Quatrefages a obtenu des rĂ©sultats [a PrĂ©vost et Dumas, Second MĂ©moire sur la gĂ©nĂ©ration [Ann. des sciences nat., 1821, i. Il, p. 1 41 et suiv.. 6 PrĂ©vost, Recherches sur les Animalcules spermatiques Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1810, t. XI, p. 908. c G. Newport, Un the ImprĂ©gnation of the Ovwn in the Amimibia Philos. Trans., 1850. p. 169. [Ă  PrĂ©vost et Damas, DeuxiĂšme MĂ©moire sur Ut gĂ©nĂ©ration Ann. des sciences nal., 1821, l. 11, p. 145 et suiv.. 360 REPRODUCTION. logues faites plus rĂ©cemment en Angleterre par Newport, on a vu que le travail embryogĂ©nique avortait toujours dans les Ɠufs qui n'avaient reçu le conctact que d'un ou de deux Sper- matozoĂŻdes, tondis qu'il se poursuivait d'une maniĂšre normale lĂ  oĂč la dose de cette matiĂšre fĂ©condante avait Ă©tĂ© notablement plus forte. § h. — Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, les SpermatozoĂŻdes qui se fixent sur la surface de l'Ɠuf de la Grenouille pĂ©nĂštrent pro- fondĂ©ment dans la couche albumineuse dont la sphĂšre vitelline est entourĂ©e, et on les a vus s'avancer de la sorte jusque sur la membrane qui limite cette sphĂšre. Cette pĂ©nĂ©tration des SpermatozoĂŻdes jusque sur le globe vitellin paraĂźt ĂȘtre mĂȘme une condition de fĂ©condation ; car, lorsque les Ɠufs des Batra- ciens dont il est ici question ont Ă©tĂ© prĂ©alablement exposĂ©s Ă  l'action de l'eau, de façon que leur albumen se trouve gonflĂ© par l'absorption de ce liquide, les SpermatozoĂŻdes ne peuvent s'y enfoncer, et alors la fĂ©condation ne s'opĂšre pas 1. analogues dans les expĂ©riences sur la fĂ©condation artificielle des Ɠufs de di- vers AnnĂ©lides a. Les expĂ©riences de Newport tendent Ă  Ă©tablir que les premiers phĂ©nomĂšnes dĂ©notant l'activitĂ© embryogĂ©nique se manifestent plus promptement quand la quantitĂ© de matiĂšre fĂ©condante em- ployĂ©e a Ă©tĂ© considĂ©rable, que lorsque cette quantitĂ© est trĂšs-faible 6. 1 MM. PrĂ©vost et Dumas ont con- statĂ© que l'eau absorbĂ©e par l'albu- mine de l'Ɠuf de la Grenouille pen- dant que cette substance gĂ©latineuse se gonfle est l'agent mĂ©canique qui dĂ©termine la pĂ©nĂ©tration des Sperma- tozoĂŻdes jusque sur la sphĂšre vitel- line c. Les actions osmotiques qui s'Ă©tablissent entre l'Ɠuf et le liquide ambiant nous expliquent pourquoi, lorsque ces corps sont en contact avec du sperme trĂšs-concentrĂ©, il peut arri- ver qu'ils ne soient pas fĂ©condĂ©s ; fait qui a Ă©tĂ© remarquĂ© par plusieurs physiologistes {cl. En effet, si le cou- rant osmotique, au lieu d'aller de a Quatrefages, ExpĂ©riences sur la fĂ©condation artificielle des Ɠufs d'Hermelle et de Taret Ann. des sciences nat., 5e sĂ©rie, 1850, t. XIII, p. 128. b Newport, Op. cit. Philos. Trans., 1850, p. 210. c PrĂ©vost et Dumas, Op. cit. Ann. des sciences nat., 1824, t. II, p. 129. d Quatrefages, Op. cit. Ann. des sciences nat., 3- sĂ©rie, 1851, t. XIII, p. 131 el suiv.. — Newport, On the ImprĂ©gnation of the Ovum of the Amphibia, second sĂ©ries Pliilus. Trans., 1853, p. 253. FÉCONDATION. 361 Des phĂ©nomĂšnes analogues ont Ă©tĂ© observĂ©s chez beaucoup d'autres Animaux. Ainsi, chez divers MammifĂšres, on a vu les SpermatozoĂŻdes logĂ©s plus ou moins profondĂ©ment dans la couche de substance albuminoĂŻde qui entoure la sphĂšre vitel- line 1, et plusieurs observateurs habiles assurent les avoir suivis plus loin, c'est-Ă -dire au delĂ  delĂ  membrane vilelline et jusque dans le vitellus. Je ne parlerai pas ici de ce qui en a Ă©tĂ© dit par quelques MicroPyie auteurs du siĂšcle dernier, qui se lancĂšrent dans le domaine de la fantaisie 2; mais, Ă  raison de l'importance du sujet, je crois devoir entrer dans quelques dĂ©tails relatifs aux faits annoncĂ©s successivement par plusieurs des ovologistes les plus habiles de l'Ă©poque actuelle. 31. Martin Barry fut le pre- mier Ă  apercevoir chez le Lapin, dans l'enveloppe de la sphĂšre vitelline, une petite fente qui lui parut livrer passage aux Sper- matozoĂŻdes, et il annonça Ă©galement avoir constatĂ© la prĂ©sence de ceux-ci dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf de cet Animal 3. Mais son opinion ne rencontra d'abord que des incrĂ©dules, et elle dehors on dedans, et d'entraĂźner ainsi les zoospermes vers l'intĂ©rieur de l'Ɠuf, s'Ă©tablit de celui-ci dans Le liquide ambiant, il deviendra un ob- stacle pour la pĂ©nĂ©tration des Sper- matozoĂŻdes. 1 Par exemple Andry, qui, au commencement du xvme siĂšcle, Ă©tait doyen de la FacultĂ© de mĂ©decine de Paris a. 2 Pour plus de dĂ©tails sur l'his- torique de cette question , je renverrai Ă  un article trĂšs-bien fait de M. Ed. ClaparĂšde 6. 3 Les premiĂšres observations de M. Martin Barry sur ce sujet datent de 1860. A cette Ă©poque, il avait re- marquĂ© seulement, sur la surface de la membrane transparente ou zone pellucide de l'Ɠuf du Lapin non encore fĂ©condĂ©, un point qui lui paraissait ĂȘtre un orifice, et dans un cas il avait aperçu dans ce mĂȘme point un objet qui ressemblait beaucoup Ă  un Sper- matozoĂŻde' pĂ©nĂ©trantjdans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf; mais il ne prĂ©senta ces ob- servations qu'avec beaucoup de rĂ©- serve . En 1843, le mĂȘme physiolo- o Andry De la gĂ©nĂ©ration des Vers dans le corps de V Homme, 1700. - Éclaircissements sur le livre de la gĂ©nĂ©ration, 1709. ^mu ussements J> ClaparĂšde, Sur la thĂ©orie de la fĂ©condation de VƓuf BibliothĂšque universelle de GenĂšve Sciences physiques, t. \X1X, p. 284. "‹»» w wnew, 3G2 REPRODUCTION. Ă©tait dĂ©jĂ  presque oubliĂ©e des physiologistes, lorsque, en 1852, M. Nelson de Glasgow arriva Ă  des rĂ©sultats analogues en Ă©tudiant l'Ɠuf d'un Ver intestinal, Y Ascom mystaoo i; et Newport, qui, pendant longtemps, avait combattu les vues de Barry, reconnut que non-seulement les SpermatozoĂŻdes par- viennent en grand nombre jusque sur la membrane vitelline de l'Ɠuf delĂ  Grenouille, mais traversent cette tunique et se rendent dans l'intĂ©rieur du vitellus2. Peu de temps aprĂšs la publication de ces observations, M. Keber d'Insterberg annonça que chez les Ɠufs de certains Mollusques les Unio et les Anodontes, il existe Ă  la surface de la sphĂšre vitelline une ouverture en forme de goulot, Ă  laquelle il appliqua le nom de micropyle, et que cet orifice livre passage aux SpermatozoĂŻdes 3. Enfin, l'un des embryqlogistes les plus cĂ©lĂšbres de l'Allemagne, M, Bischoff, aprĂšs s'ĂȘtre souvent Ă©levĂ© contre les opinions giste se prononça d'une maniĂšre pins positive sur ce sujet, et affirma avoir vu des SpermatozoĂŻdes clans l'intĂ©- rieur de l'Ɠuf a ; mais la plupart des embryologistes pensĂšrent qu'il s'en Ă©tait laissĂ© imposer par quelque appa- rence illusoire b. 1 Cet auteur, en Ă©tudiant Y Ascaris myslaƓ, a vu les particules spermati- ques pĂ©nĂ©trer dans les Ɠufs qui ne paraissent pas ĂȘtre limitĂ©s par une membrane vitelline c. LĂ  il n'y au- rait pas d'orifice particulier compa- rable au micropyle dont parle M. Barry, et l'introduction du sperme dans la masse vitelline se ferait par tous les points de la surface de celle-ci. 2 Newport n'a conservĂ© aucun doute relativement au passage des SpermatozoĂŻdes Ă  travers la membrane vitelline de ces Ɠufs et Ă  leur entrĂ©e dans la substance du vitellus. 11 pense que ce passage n'a pas lieu par un ou plusieurs orifices particuliers compa- rables au micropyle dont il a Ă©tĂ© question ci-dessus, mais indiffĂ©rem- ment par des points quelconques d. 3 L'ouvrage publiĂ© sur ce sujet par M. Keber est loin de prĂ©senter le haut degrĂ© de nouveautĂ© que son au- a Barry, IĂŻesearches on Embryology, third sĂ©ries {Philos. Trans., 1840, p. 533, pi. 22, Ăźdeni, Spermatozoa observed tvithin the Mammiferous Ovum Philos. Trans., 1843, ' b Bischoff, TraitĂ© du dĂ©veloppement de l'Homme et des MammifĂšres, trad. par Jourdan, 1813 p. 29 c' Nelson, The Reproduction of the Ascaris mjstax Philos. Trans., 1852, p. 563, pi. 28, ]‱ 59 etc. fi G. Nrwpmt, On the ImprĂ©gnation ofthe Ovum in Amphibia, second sĂ©rie» PMto». Trans., 1853, p. 271, noir. FÉCONDATION. 363 dont je viens de parler, reconnut formellement l'exactitude des observations de Barry et de Newport. 11 assura avoir par- faitement bien constatĂ© la prĂ©sence des SpermatozoĂŻdes dans l'intĂ©rieur de la sphĂšre vitelline chez le Lapin et la Grenouille 1. Des faits du mĂȘme ordre furent publiĂ©s bientĂŽt aprĂšs, tou- chant la pĂ©nĂ©tration des SpermatozoĂŻdes dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf chez les Ascarides, chez divers Insectes, chez la Crevette des ruisseaux et chez quelques autres Animaux 2 . Plus rĂ©cemment, ces rĂ©sultats importants ont Ă©tĂ© corroborĂ©s m ce qu'ils ont d'essentiel par d'autres observations, et leur lui attribua , et paraĂźt comcnir doit avoir d'autant plus de poids aux beaucoup d'erreurs a. 11 a Ă©tĂ© l'ob- yeux des physiologistes, que pendant jet de critiques trĂšs-vives b, mais a longtemps il s'Ă©tait trĂšs -nettement contribuĂ© Ă  fixer l'opinion des ovolo- prononcĂ© contre l'opinion de Barry gistes sur la question soulevĂ©e par touchant l'existence d'un micropyle M. Barry. Les observations de M. Leuc- et la pĂ©nĂ©tration des SpermatozoĂŻdes kart sur le micropyle de l'Ɠuf des dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf proprement NaĂŻs sont plus exactes c, et il est Ă  dit. En 1854, il est venu dĂ©clarer for- noter que l'existence d'un orifice de mollement que Barry et Newport ce genre avait -aussi Ă©tĂ© dĂ©crite antĂ©- avaient raison, et que, comme eux, il rieurement chez l'Ɠuf des Syngnathes, avait bien constatĂ© le passage des Spcr- par DoyĂšre d, ainsi que dans les Ɠufs nialozoĂŻdesdansrintĂ©neurdcl' ileVHolothuria tubulosa, delĂ  Thyone chez le Lapin que chez la Grenouille [h. fusus et de YOphiotrix, par J. MM- 2 En 18ĂŽi, M. Meissner publia 1er o; des Modiolaria et des Car- un travail trĂšs-estimĂ© sur la structure diums, par M. Loven /', et de teSter- de l'Ɠuf de divers Animaux infĂ©- napsis thalassoides, par M. Millier g. rieurs, et se prononça nettement sur le 1 Le tĂ©moignage de M. BischoiT fait de la pĂ©nĂ©tration des Spermato- fl F. Keber, Ueber den Eintritt der Samemellen in dem Ei. Ein Beitrdge *ur Physiologie der Zeugung. KĂŽnigsbcrg, 1853. 6 Bischoff, Widerlegung des von D' Keber bei den Najaden und D' Nelson bei den Ascariden behauptelen Eindringens der Spennatoioiden in das Ei. Giesson, 1853. — Hessling, Einige Bemerlmngen zu des D' Keber's Abhandlung Ueber den Eintritt., etc. Zeitschrift fur wissenschaftliche Zoologie, 1854, p. 392. — Mayer, Ueber das Eindringen der Spermatozotden in das Ei [Verhandlung des Naturhisto- Vereines der preussischen Reinlande und Westphalens, 1850, p. 200. r Leuekart, art. Zeugung Wagner's der Physiologie, t. IV, p. 801. — Beisati m Biselioff's Widerlegung, 1853. d DoyĂšre, No te sur l'Ɠuf du Loligo mĂ©dia et celui du^tngnatheyinstitut,l850, t. 12. e J. Miillei-, Untersuchungen iiber die MĂ©tamorphose der Ecliinodermen ; vierte Abhandl., 1852, p. 41. if Loven, Bidrag till Kunncdomen om utverkUngen of Mollusca acephalu lamellibranchiala [YctensUaps-Akad. llandlingar, 1818. w/i Max. Mullcr, De Yermibus quibusdam maritimis, dissert. inaug. Berolini, 1852. /!. Bischoff, Bestutigung des von D' Newport bei den Batracheiren und D' Barra bei den Kaninchen behaupteten Eindringens der Spermatoaolden in das Ei, fiiessen, 1S54. 3G& REPRODUCTION. il parait bien dĂ©montrĂ© que dans l'acte de la fĂ©condation les SpermatozoĂŻdes pĂ©nĂštrent jusque sur ou mĂȘme dans la masse vitelline 1. perfectionne- §5. — Connaissant les conditions essentielles qui doivent ments de rappareii ĂȘtre remplies pour que la reproduction sexuelle puisse s'eflec- fecondateur. .. , .. tuer, nous chercherons comment la JNature les rĂ©alise, et, aprĂšs avoir complĂ©tĂ© de la sorte le coup d'Ɠil gĂ©nĂ©ral que je me proposais de jeter sur cet ordre de fonctions, nous revien- drons Ă  l'histoire des SpermatozoĂŻdes pour en Ă©tudier la con- formation, les propriĂ©tĂ©s physiologiques et le mode d'origine. § 6. — Dans les fonctions de reproduction, de mĂȘme que pour les fonctions de nutrition dont l'Ă©tude nous a occupĂ©s prĂ©- cĂ©demment, la loi de perfectionnement par la division du tra- zoĂŻdes. Ses recherches portĂšrent prin- cipalement sur des Ascarides, le Mer- mis albicans, les Lombrics terrestres, divers Insectes, tels que des ^louches, des Tipules et des Cousins, des Co- lĂ©optĂšres Lampyres, Elater, TĂšlĂš- phores , des LĂ©pidoptĂšres Pieris , Liparis , etc. , des HymĂ©noptĂšres Tenthredo, Sirex, etc., et des !\Ă©- vroptĂšres Agrion et Panorpe. Il a examinĂ© plus de deux cents espĂšces, et il a souvent Ă©tĂ© tĂ©moin de l'entrĂ©e des SpermatozoĂŻdes dans le vitellus par le micropyle a. Cet orifice a Ă©tĂ© observĂ© aussi dans l'Ɠuf de beaucoup de Poissons 6. 1 M. Lacaze-Duthiers a fait Ă  ce sujet des observations trĂšs -intĂ©res- santes chez les Dentales. 11 pense que le micropyle dĂ©crit par ses prĂ©dĂ©ces- seurs est souvent un orifice de la coque de l'Ɠuf plutĂŽt que de la membrane vitelline ; mais que dans les premiers temps la sphĂšre vitelline n'a pas de tunique membraneuse de ce genre ; de sorte que les Spermatozoaires qui pĂ©nĂštrent par l'ouverture en question peuvent arriver directement sur le vitellus. Quoi qu'il en soit, M. Lacaze-Du- thiers a souvent vu trĂšs-distinctement les SpermatozoĂŻdes pĂ©nĂ©trer sous l'en- veloppe de l'Ɠuf, et se loger entre elle et le vitellus vers le centre duquel ces corpuscules vermiformes paraissaient vouloir pĂ©nĂ©trer c. a Meissner, Ueobachtungen iiber das Eindringen der Samenelemente in den Dotter Zeitschrift fitr ivissensch'. Zoologie, 1854, t. V, n° 1 . p. 208, pi. 0 et 7; n- 2, loc. cit., p. 272, pi. 9. b Brach,Ueter die Mikropyleder Fische Zeitschrift fur wissensch. Zoologie,iS5i , t. VU, p. 4 72. On the imprĂ©gnation of the Ovam of the Stickleback Proceed of the Roy. Soc. 1854, t. VII, p. 468. — Reichert, Ueber die Mikropyle der Fische, etc. MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol, 1850, p. 83, pi. 4 tiçr. 1-4. R. Leuckart, Ueber die Mikropyle und den feineren Bau der Schalenhaut beidenlmseckten- Eiern MĂčller's, Archiv fur Anat., 1855, p. 90. c Lacaze-Duthiers, Histoire de l'organisation et du dĂ©veloppement du Dentale [Ann. des sciences nat., 4*' sĂ©rie, 185", t. VII, p. 204. FÉCONDATION. 365 vail et la spĂ©cialitĂ© des instruments rĂšgle les grandes modifi- cations que l'on rencontre lorsqu'on passe en revue les divers groupes du RĂšgne animal, depuis les Zoophytes les plus simples jusqu'Ă  l'Homme. Ainsi, nous avons dĂ©jĂ  vu que chez quelques-uns des Ani- maux les plus infĂ©rieurs, le travail de la reproduction a lieu indiffĂ©remment dans presque toutes les parties de l'organisme, et n'a pour s'accomplir aucun agent spĂ©cial 1. Chez les Hydres, par exemple, les ovules, d'une part, et les Spermato- zoĂŻdes, d'autre part, se dĂ©veloppent dans la substance du tissu commun, et sont mis en libertĂ© par la rupture des parois de la cavitĂ© qui les renferme il n'y a ni organe sĂ©crĂ©teur spĂ©cial , ni voies préétablies pour l'Ă©vacuation des produits, ni aucune disposition particuliĂšre qui soit propre Ă  favoriser le rappro- chement des ovules et des SpermatozoĂŻdes, dont dĂ©pend la fĂ©condation des produits gĂ©nĂ©siques. Ce rapprochement est abandonnĂ© au hasard, et c'est par diffusion dans le milieu ambiant, ou par l'action des courants de celui-ci, que l'Ă©lĂ©ment mĂąle est mis en contact avec l'Ă©lĂ©ment femelle 2. Un premier degrĂ© de perfectionnement des fonctions de la reproduction est obtenu par la localisation du travail reproduc- teur des ovules, et des phĂ©nomĂšnes dont dĂ©pend la formation des SpermatozoĂŻdes, dans des organes spĂ©ciaux, qui sont, d'une part, un ovaire, d'autre part, un testicule. Ces instruments physiologiques appartiennent Ă  la classe des glandes, et con- sistent essentiellement en une substance qui donne naissance Ă  des utricules ou cellules membraneuses d'une nature parti- culiĂšre. Ces utricules constituent tantĂŽt des ovules, d'autres fois les capsules spermatiques dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de parler dans cette Leçon ; et Jes SpermatozoĂŻdes, de mĂȘme que 1 Voyez ci-dessus, page 329. giaires aussi bien que chez les Hydres 1 Cette diffusion de la facultĂ© re- d'eau douce. Nous y reviendrons dans productrice existe chez les Spon- une des Leçons suivantes. ofG REPRODUCTION. les ovules ainsi produits, doivent ĂȘtre mis en libertĂ©, rĂ©sultat qui peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© par le seul l'ait de la rupture du tissu circon voisin, si les glandes ovariennes et testiculaires sont pla- cĂ©es prĂšs de la surface extĂ©rieure du corps. Ces deux sortes de glandes constituent alors Ă  elles seules tout l'appareil de la gĂ©nĂ©ration. Mais lorsque les fonctions de celui-ci se perfec- tionnent, la division du travail s'v introduit le mĂŽme instru- ment cesse d'ĂȘtre affectĂ© Ă  la ibis Ă  la production et Ă  l'Ă©va- cuation des Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©siques, et des voies préétablies sont disposĂ©es pour la sortie tant du sperme que des ovules, ce qui permet aux organes producteurs de se loger plus profondĂ©- ment dans l'Ă©conomie, et d'ĂȘtre par consĂ©quent mieux protĂ©- gĂ©s. Ici, de mĂȘme que pour les fonctions dont l'Ă©tude nous a dĂ©jĂ  occupĂ©s, ce rĂ©sultat peut ĂȘtre obtenu par voie d'emprunt, et chez les Animaux dont l'appareil reproducteur est trĂšs- simple, nous verrons tantĂŽt la cavitĂ© digestive, tantĂŽt la chambre viscĂ©rale, servir de canal excrĂ©teur pour les ovaires et pour les produits des organes mĂąles 1. Mais, chez tous les Animaux les plus parfaits sous ce rapport, la Nature crĂ©e pour cet usage des conduits spĂ©ciaux, et il existe, en communication avec la glande gĂ©nĂ©sique, un tube particulier qui est appelĂ© oviducte, lorsqu'il appartient Ă  l'ovaire, etcanal dĂ©fĂ©rent, lorsqu'il dĂ©pend du testicule. Chez les Animaux infĂ©rieurs dont l'appareil reproducteur est l Ainsi, chez tous les Coralliaires, lesquels la chambre viscĂ©rale ou ca- les organes de la reproduction sont vite digestive communique directe- suspendus dans l'intĂ©rieur de la grande ment Ă  l'extĂ©rieur, et sert Ă  l'Ă©vacua- cavitĂ© digestive, et c'est par la bouche lion des Ɠufs et du sperme, je citerai que leurs produits sont expulsĂ©s au les Poissons de la famille des Lani- dehors a. proies. Je reviendrai sur ce sujet dans Comme exemple des Animaux chez la 75e Leçon. a Par exemple, le Corail voy, Milne Edwards, l'Atlas du ItĂšgne animal de Cuvier, Zoophytes, pi. 80, 6g. 1 6. — Les Actinies ou AnĂ©mones de mer Milne Edwards, loc. cit., pi. 88, flg. 2. — Lacaze-Dntliicrs, Histoire naturelle du Corail, p. 127 et giiiv. FÉCONDATION. 367 constituĂ© de la sorte, de mĂȘme que chez ceux oĂč le travail gĂ©nĂ©sique n'est pas encore devenu l'apanage d'organes parti- culiers, le rĂŽledes parents ne consiste que dans l'Ă©laboration et l'excrĂ©tion des ovules et delĂ  liqueur sĂ©minale ; la rĂ©alisation du phĂ©nomĂšne de la fĂ©condation est abandonnĂ© au hasard, et le con- tact des SpermatozoĂŻdes et de l'ovulen'est dĂ©terminĂ© que par les courants dont le fluide ambiant est le siĂšge, ou par quelque autre cause accidentelle et indĂ©pendante de l'action des ĂȘtres produc- teurs aussi y a-t-il alors souvent beaucoup d'Ɠufs qui ne sont pas fĂ©condĂ©s et beaucoup de semence qui ne trouve pas d'emploi. Mais, chez les Animaux d'un rang plus Ă©levĂ©, la Nature tend Ă  Ă©conomiser davantage les produits einbryogĂ©niques en assu- rant de mieux en mieux la rencontre des deux Ă©lĂ©ments dont la rĂ©union est nĂ©cessaire au dĂ©veloppement de l'ĂȘtre futur l'ovule et les SpermatozoĂŻdes. Cependant, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, une autre condition de perfectionnement physiologique est la division du travail, qui a pour effet la localisation des divers phĂ©nomĂšnes gĂ©nĂ©siques dans autant d'organes spĂ©ciaux. Or, ces deux tendances ne sauraient poursuivre loin leur cours sans devenir opposĂ©es, Ă  moins que les rĂ©sultats qu'elles dĂ©terminent ne soient accompagnĂ©s de complications considĂ©rables dans l'acte de la reproduction. En effet, pour que la premiĂšre de ces conditions de perfectionnement soit rĂ©alisĂ©e chez des Ani- maux d'une structure peu complexe, il suffit que l'organe ovi- gĂšne et l'organe spermatogĂšne soient rĂ©unis chez le mĂȘme individu et disposĂ©s de façon que leurs produits se mĂȘlent pen- dant leur passage au dehors. Mais la division croissante du travail gĂ©nĂ©sique amĂšne bientĂŽt la sĂ©paration des organes milles et des organes femelles, d'abord dans deux appareils distincts chez le mĂȘme individu, puis chez deux individus de mĂȘme espĂšce dont les fonctions sont diffĂ©rentes. Alors la mise en rapport des ovules et des SpermatozoĂŻdes nĂ©cessite le rappro- chement sexuel de ces deux individus, et ne peut ĂȘtre bien gynes. 368 REPRODUCTION. assurĂ©e que par l'introduction de l'Ă©lĂ©ment fĂ©condant dans l'in- tĂ©rieur des cavitĂ©s destinĂ©es Ă  produire les ovules, ou Ă  les con- duire de l'ovaire hors de l'organisme de l'individu femelle et Ă  les abandonner, au milieu ambiant. La fĂ©condation, au lieu de se faire Ă  l'extĂ©rieur et aprĂšs la ponte, s'opĂšre alors dans l'in- tĂ©rieur du corps de la femelle, et quelquefois mĂȘme trĂšs-long- temps avant la sortie des produits fournis par l'ovaire. On conçoit donc que chez les Animaux dont l'appareil repro- ducteur est d'une structure trĂšs-simple , l'hermaphrodisme puisse ĂȘtre Ă  certains Ă©gards une condition de perfectionne- ment. Certains Échinodermes, dont l'anatomie a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e avec habiletĂ© par M. de Quatrefages, nous en offrent un exemple remarquable. En effet, ce naturaliste a constatĂ© que, chez les Synaptes, le tissu ovarien et le tissu sĂ©crĂ©teur de la liqueur sĂ©minale sont fixĂ©s aux parois d'un mĂȘme tube membraneux qui fait office tout Ă  la fois d'oviducte et de canal dĂ©fĂ©rent or, les choses y sont disposĂ©es de telle sorte que les Ɠufs, en se portant au dehors, frottent contre le tissu spermatogĂšne, et dĂ©terminent aussi la rupture des utricules oĂč se dĂ©veloppent les SpermatozoĂŻdes. Ceux-ci, mis en libertĂ© par cette action toute mĂ©canique, entourent immĂ©diatement l'Ɠuf et le fĂ©con- dent avant son Ă©vacuation au dehors 1. 1 Ces observations ont Ă©tĂ© faites chez la Synapte de Duvernoy, qui ha- bite nos cĂŽtes. L'appareil gĂ©nĂ©rateur de cet Animal consiste en trois paires de cordons qui flottent dans la cavitĂ© viscĂ©- rale etquidĂ©houchent au dehors parmi orifice commun situĂ© prĂšs de l'extrĂ©- mitĂ© antĂ©rieure du corps. Ces cylin- dres sont creux, et, Ă  l'Ă©poque de la reproduction , ils sont tapissĂ©s par des mamelons formĂ©s d'un tissu utri- culaire, dans les cellules duquel se dĂ©veloppent des SpermatozoĂŻdes. En- fin, dans les espaces que les bases de ces tubĂ©rositĂ©s testiculaires laissent entre elles, se trouve un autre tissu qui est ovigĂšne, et qui constitue par consĂ©quent un ovaire. Les Ɠufs qui y prennent naissance s'en dĂ©tachent bientĂŽt, et tombent dans la cavitĂ© du tube gĂ©nĂ©rateur, oĂč ils compriment les mamelons spermatogĂšnes, en rom- pent les cellules, et dĂ©terminent la sortie du liquide sĂ©minal, qui est ainsi mis en contact avec leur surface. L'hermaphrodisme est donc ici aussi FÉCONDATION. 360 Mais, dans l'immense majoritĂ© des cas, la sĂ©paration des organes maies et femelles semble avoir plus d'importance que l'emploi Ă©conomique de leurs produits, et les sexes Ă©tant sĂ©pa- rĂ©s, le concours de deux individus devient nĂ©cessaire pour bien assurer l'utilisation des matiĂšres reproductrices. Chez quelques Animaux infĂ©rieurs, ce rĂ©sultat est obtenu Hermaphro- , , . / , , . ,. . dismo relatif. sans quel hermaphrodisme ait cesse d exister. Chaque individu est pourvu d'un appareil mĂąle aussi bien que d'un appareil femelle ; mais ces deux appareils ne sont pas disposĂ©s de façon que leurs produits puissent se rencontrer, et les ovules donnĂ©s par un de ces Animaux ne peuvent ĂȘtre fĂ©condĂ©s que par la semence provenant d'un autre individu. Quelquefois la fĂ©con- dation est alors rĂ©ciproque, et chaque individu remplit vis-Ă -vis de son conjoint le rĂŽle de mĂąle et de femelle. C'est ce qui a lieu chez le Colimaçon, par exemple 1. Mais chez d'autres Animaux hermaphrodites, la division du travail physiologique a fait un pas de plus l'individu qui fonctionne comme femelle ne peut pas fĂ©conder son maie, et celui-ci, pour ĂȘtre fĂ©condĂ©, a besoin du concours d'un troisiĂšme individu. Les Mollusques gastĂ©ropodes du genre LimnĂ©e prĂ©sentent ce singulier mode de reproduction, et, pendant l'acte de la fĂ©condation, ils forment une sorte de chaĂźne dont chaque anneau joue le rĂŽle de mĂąle avec l'un des individus adjacents, et est une femelle pour l'in- dividu situĂ© du cotĂ© opposĂ© 2. Chez quelques Mollusques complet que possible, et c'est par un ralistes du xvu" siĂšcle 6 ; je revien- mĂ©canisme trĂšs-simple que la fĂ©con- Irai sur ce sujet lorsque je traiterai dation des Ɠufs est effectuĂ©e dans spĂ©cialement de la gĂ©nĂ©ration chez les l'organe mĂȘme qui est chargĂ© de les Mollusques. produire a. 2 Le chapelet formĂ© de la sorte 1 L'accouplement rĂ©ciproque des par les LimnĂ©cs est quelquefois trĂšs- Colimaçons a Ă©tĂ© dĂ©crit par les natu- long. a Quatrefages, MĂ©moire sur la Synapte de Duvemoy Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1842, t. XVII, p. 66 etsuiv., pi. 5, flg. 1. b Redi, De Animalculis vivis quee in corporibus Auimalium vivorum reperiuntur observaliones opusc. t. 111, p. 55. — Swainmerdam, Biblia iĂŻaturƓ, t. II, p. 807, pi. 48, fig. \. 370 keproihjction. Animaux dioĂŻ- androgynes, la division du travail physiologique est portĂ©e un peu plus loin, car le mĂȘme individu ne remplit pas Ă  la fois le rĂŽle de mĂąle et de femelle ; celui qui a fonctionnĂ© comme mĂąle n'est pas fĂ©condable dans ce moment, et c'est plus tard qu'il fait office de femelle, soit avec l'individu auquel il s'est dĂ©jĂ  uni d'une autre maniĂšre, soit avec un autre qui est alors pour lui un mĂąle seulement 1. De lĂ  Ă  la sĂ©paration complĂšte des sexes, il n'y a qu'un pas Ă  faire, et chez tous les reprĂ©sen- tants les plus Ă©levĂ©s des types infĂ©rieurs du RĂšgne animal, de mĂȘme que dans le groupe des VertĂ©brĂ©s presque entier 2, ce dernier perfectionnement se trouve rĂ©alisĂ© chaque espĂšce est reprĂ©sentĂ©e par deux sortes d'individus, un de sexe mĂąle, l'autre femelle. FĂ©condation Ce caractĂšre de supĂ©rioritĂ© physiologique n'implique, du adventive. „ . , . . , , , reste, aucun perfectionnement dans la portion du phĂ©nomĂšne de la gĂ©nĂ©ration qui est relative Ă  la fĂ©condation des produits de la femelle, et, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, le contact des Ɠufs et de la matiĂšre fĂ©condante est souvent abandonnĂ© au hasard ; mais, chez les Animaux oĂč l'utilisation des forces gĂ©nĂ©ratrices est plus nĂ©cessaire, la rencontre de ces Ă©lĂ©ments gĂ©nĂ©riques est assurĂ©e de mieux en mieux par des rapprochements sexuels. Un premier indice de ce genre de perfectionnement dans le travail de la reproduction nous est offert par beaucoup de Pois- 1 C'est ce qui a lieu chez l'Ancyle nient admise de la sĂ©paration des fluviatile a* ainsi que chez divers sexes dans tout l'embranchement des Mollusques AcĂ©phales , qui sont lier- VertĂ©brĂ©s. Aristole avait signalĂ© les maphiodites, mais dont les glandes Serrans comme Ă©tant probablement ovigĂšnes et spermatogĂšnes n'arrivent hermaphrodites, et rĂ©cemment M. Du- pas Ă  la pĂ©riode d'activitĂ© en mĂȘme fossĂ© a constatĂ© chez un grand nombr e temps. de ces Animaux la production si nui 1- 2 Quelques Poissons paraissent tanĂ©e d'oeufs et de laite riche en Sper- fairc exception Ă  la rĂšgle gĂ©nĂ©rale- matozoĂŻdes 6. a Moquin-Tandon, Recherches anatomico-physiologiqucs sur l'Ancyle fluviatile Journal de conchyliologie, 1852, t. III, p. 344. 6 DufossĂ© De l'hermaphrodisme chez certains VertĂ©brĂ©s Ann. des sciences nat., i' sĂ©rie, 1858, t. XV.'p. 2'Ji, pi. 8. FÉCONDATION. 37 I sons et par quelques Batraciens, dont les mĂąles, attirĂ©s proba- FĂ©condation blement par l'odeur des femelles ou des Ɠufs que celles-ci ont directe. dĂ©jĂ  pondus, viennent rĂ©pandre leur semence dans l'eau cir- convoisine. Chez les Grenouilles et les Crapauds, la fĂ©condation des Ɠufs a lieu Ă©galement aprĂšs la ponte, mais elle est mieux assurĂ©e, car le mĂąle se cramponne sur le dos de la femelle, et, Ă  mesure que celle-ci Ă©vacue au dehors ses nombreux Ɠufs, il les arrose de sa semence. Chez les Mollusques les plus Ă©levĂ©s en organisation , les spermatophores CĂ©phalopodes, les sexes sont Ă©galement sĂ©parĂ©s, et la fĂ©conda- tion a aussi lieu aprĂšs la ponte, mais l'action des SpermatozoĂŻdes sur les Ɠufs est prĂ©parĂ©e avec plus de soin. La liqueur sĂ©mi- nale, avant d'ĂȘtre expulsĂ©e au dehors par le mĂąle, se loge dans des rĂ©ceptacles particuliers appelĂ©s spermatophores 1 , qui servent Ă  la transporter dans le voisinage de l'on lice destinĂ© Ă  livrer passage aux Ɠufs, et qui l'y conservent Ă  l'abri de l'action de l'eau pendant un temps plus ou moins long. La structure de ces gaines sĂ©minifĂšres est trĂšs - remarquable , et l'endosmose y dĂ©termine des mouvements trĂšs-sinau- liers qui ont pour rĂ©sultat la mise en libertĂ© des Sperma- tozoĂŻdes 2. Nous reviendrons bientĂŽt sur leur Ă©lude, et ici je me bornerai Ă  ajouter que des rĂ©ceptacles analogues se rencontrent chez quelques CrustacĂ©s, ainsi que chez certains Insectes 3 et quelques Vers A. Lorsque les fonctions de la gĂ©nĂ©ration se perfectionnent davantage, la fĂ©condation n'a plus lieu aprĂšs la ponte des Ɠufs , mais dans l'intĂ©rieur du corps de la femelle. Le rap- 1 Voyez ci-dessus, page 365. 3 Voyez ci-dessus, page 3Ă G. 2 La fixation des Spermatozoaires U Par exemple, les Clepsines et les dans le voisinage de l'orifice terminal Xephelis, dans la famille des Hirudi- de l'oviductc a Ă©tĂ© constatĂ©e chez le nĂ©es b. Calmar a. a Robin et Lebert, Note sur un fait relatif au mĂ©canisme de la fĂ©condation du Calmar commun Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1845, t. IV, p. 95, pi. 9, fĂźg. 5 et 6. 6 Robin, MĂ©m. sur les spermatophores de quelques HirudinĂ©es Ann. des sciences nat 4* sĂ©rie, 1862, t. XVII, p. 5, pi. 2. intĂ©rieure. 372 REPRODUCTION. FĂ©condation proclicmcnt sexuel est alors complet, et la liqueur sĂ©minale du mĂąle est introduite dans le canal que les Ɠufs doivent traverser pour aller de l'ovaire Ă  l'extĂ©rieur. A cet effet, la portion terminale de l'appareil mĂąle est dis- posĂ©e de façon Ă  pouvoir s'appliquer exactement contre l'orifice de l'appareil femelle, ou mĂȘme Ă  y pĂ©nĂ©trer plus ou moins profondĂ©ment, et ce mode de fĂ©condation nĂ©cessite l'existence d'un organe d'intromission. Dans sa plus grande simplicitĂ©, cet instrument ne consiste que dans la portion terminale du canal Ă©vacuateur du sperme, qui, en se gonflant ou en se renversant au dehors, devient saillant; mais lorsque l'organe copulateur se perfectionne, sa structure se complique davantage, et il est constituĂ© par un appendice Ă©rectile dont la conformation varie suivant les Ani- maux. L'appareil maie peut ĂȘtre perfectionnĂ© aussi par l'adjonction de rĂ©servoirs destinĂ©s Ă  emmagasiner la liqueur sĂ©minale jus- qu'au moment oĂč l'Animal pourra l'utiliser, ou de glandes dont les produits, en se mĂȘlant au sperme, facilitent le bon emploi de cette matiĂšre ; et, lorsque nous passerons en revue ces parties accessoires, nous verrons qu'ils sont obtenus tantĂŽt par voie d'emprunt, tantĂŽt au moyen de crĂ©ations organiques spĂ©ciales 1. Ainsi qu'il serait facile de le prĂ©voir, nous trouverons tou- jours chez les femelles dont les mĂąles sont pourvus d'un appa- reil copulateur, un organe correspondant. Lorsque la portion terminale des voies gĂ©nitales est spĂ©cialement affectĂ©e Ă  la rĂ©ception de l'organe mĂąle, elle constitue un canal vestibulaire appelĂ© vagin, et chez les Animaux oĂč le rapprochement sexuel ne doit pas se renouveler frĂ©quemment, et oĂč cependant la 1 Les AraignĂ©es prĂ©sentent sous ce garnie prĂ©sentent, chez le mĂąle, une rapport des particularitĂ©s trĂšs-remar- structure particuliĂšre, et deviennent quables les palpes dont la bouche est des organes de copulation. FÉCONDATION. 373 production des Ɠufs peut se continuer longtemps, on trouve souvent en connexion avec cette cavitĂ© copulatiĂŻce un rĂ©ser- voir destinĂ© Ă  loger et Ă  conserver le sperme 1. Ces perfectionnements ne sont pas les seuls que la Nature perfectionne- . . menls introduit dans la structure de l'appareil femelle chez les Ani- de rappareii tic i> t '‱ . 34, et 1849, t. XI, p. 207. — Les Modioles et les Bucardes voy. Loven, Ueber die Entwickelung der kopflosen Mollusken Muller's Archiv fur Anat. undPhysiol., 1848, p. 539. e Par exemple, chez — Le Lapin voy. Barry, Researches on Embryology Philos. Trans., 1840, pi. 24, fig. 135- 137. — Le Chien voy. BischofT, Entwkkelungsgeschichte des Hunde-Eies, 1845, pi. 1, fig. 11-14. — La Brebis voy. Bischoff, MĂ©m. sur la maturation et la chute pĂ©riodique de l'Ɠuf de l'Homme et des MammifĂšres Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1844, t. II, pi. 8, fig. 10. -— La Truite voy. Vogt, Embryologie des Poissons. — Les Epinoches voy. Coste, DĂ©veloppement des ĂȘtres organisĂ©s Allas, Poissons, pi. 1 c EMBRYOGENIE. 397 d'autres changements dans la constitution intĂ©rieure du vitellus, dont la partie centrale s'Ă©claircit, de façon Ă  former bientĂŽt une sphĂ©rule plus ou moins distincte des parties adjacentes, et appelĂ©e noijau vitettin. 11 reste encore beaucoup d'incertitude sur la nature de ce noyau. La plupart des physiologistes la con- sidĂšrent comme une cellule ou vĂ©sicule, mais d'autres pensent que c'est un corps solide, ou bien un amas de matiĂšres grasses. Les faits probants nous manquent pour dĂ©cider cette question ; mais, quoi qu'il en soit, cette portion du globe vilellin paraĂźt jouer un rĂŽle considĂ©rable dans les mouvements molĂ©culaires dont l'Ɠuf va ĂȘtre bientĂŽt le siĂšge 1. Nous avons vu prĂ©cĂ©demment que le vitellus contient deux sortes de corpuscules vivants formĂ©s, les uns par une sub- stance plastique, les autres par des substances nutritives. Dans l'Ɠuf arrivĂ© Ă  maturitĂ©, ces matiĂšres sont plus ou moins mĂȘlĂ©es entre elles ; mais lorsque la fĂ©condation a Ă©tĂ© opĂ©rĂ©e, elles tendent Ă  se sĂ©parer et Ă  constituer deux couches distinctes, que 1 Cette tache claire centrale a Ă©tĂ© souvent confondue avec la vĂ©sicule germinalive, et c'est ainsi que beau- coup de physiologistes ont Ă©tĂ© con- duits Ă  penser que cette cellule primordiale peut persister aprĂšs la fĂ©condation. M. Bagge fut le pre- mier Ă  les distinguer a. M. Reichert considĂ©ra le noyau vilellin connue dĂ©pourvu d'une membrane envelop- pante et formĂ© par un liquide proba- blement de nature grasse 6 , et M. Cosle adopta une opinion ana- logue c. M. kolliker, au contraire, le dĂ©crit comme Ă©tant une vĂ©sicule, et l'appelle cellule emhryonale d. M. Vogt en parle aussi comme d'une vĂ©sicule Ă  parois trĂšs-fines, remplie de liquide e ; mais M. Cb. Robin assure avoir constatĂ© que c'est un corps solide , d'Ă©gale densitĂ© dans tout son diamĂštre /". a Bagge, Dissert, de evolutione Strongyli, elc , 1841 , p. 10. /. 5, 8. 6 Spallanzani mentionna l'existence de sillons entrecroisĂ©s Ă  la surface du vitellus du Crapaud ; mais il semble penser que c'est l'Ă©tat primordial de l'Ɠuf. {ExpĂ©riences pour servir Ă  l'histoire de la gĂ©nĂ©ration des Animaux et des Plantes, 1780, p. 30. EMBRYOGÉNIE. 399 BientĂŽt aprĂšs, des changements analogues furent observĂ©s dans les Ɠufs des Poissons, des Mollusques, des Zoophytes et d'une foule d'autres Animaux 1. On crut d'abord que, dans la classe des Oiseaux, ces phĂ©nomĂšnes ne se produi- saient pas ; mais les recherches de M. Bergmann et de 31. Coste sont venues montrer que ces Animaux ne sont pas soustraits Ă  part de tous les travaux modernes re- latifs au travail organisateur dont l'Ɠuf est le siĂšge avant l'apparition de l'em- bryon a. Rusconi fut un des pre- miers Ă  confirmer les observations de ces deux savants 6, et depuis lors le phĂ©nomĂšne du fractionnement du vitellus a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©, soit chez les mĂȘ- mes Batraciens, soit chez d'autres Ani- maux de la mĂȘme classe, par plusieurs naturalistes, parmi lesquels je citerai AI. AI. Baer , Reichert , Bergmann , Vogt c. Le travail le plus rĂ©cent sur ce sujet est dĂ» Ă  M. Max Srlniltze d. 1 Le fractionnement du vitellus de l'Ɠuf des Poissons osseux a Ă©tĂ© ob- servĂ© par Rusconi chez la Tanche e, par M. Vogt chez les Truites, par M. Agassiz sur l'Ɠuf de la Perche /", par M. Coste sur l'Ɠuf de l'Épi- noche y. Ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© constatĂ© chez un grand nombre de Mollusques, tels que la LimnĂ©e des Ă©tangs h, TAply- rie /, les Éolides _/, les ActĂ©ons k, a PrĂ©vost et Dumas, DeuxiĂšme mĂ©moire sur la gĂ©nĂ©ration Ami. des sciences nat., 1824, I. II, p. 110 et suiv., pi. 6. b Rusconi, DĂ©veloppement de la Grenouille commune, 1825, p. 10, pi. 2, fig. 3. c Baer, Die MĂ©tamorphose des Etes der Datrachie vor der Erscheinung des Embryo Muller's Archiv fur Anatomie and Physiologie, 1831, p. 481, pi. 11. — Reichert, Ueber den Furchungs-Process des lialruchier-Eies iMiiller's Archiv fur Anal, und Physiol., 1841, p. 523. — Bergmann, Die Zerkluftung und Zellenhilduni im Froschdotter MĂčller's Archiv, 1841, p. 89. — Yogi , Untersuchungen Ăčber die Entwkkehingsgeschichte der GeburtshelferkrĂ»te Alytes obstetricans, in-4, ls'n'. — Newport, On the ImprĂ©gnation of the Ovum in ihe Amphibia Philos. Trans., 1851, p. 183. d Max. Scliulize, Observationes nonnullƓ de ovorum Ranarum segmentatione, 1803. e Rusconi, Lettre sur les changements que les Ɠufs des Poissons Ă©prouvent avant qu'ils aient pris la forme d'embrgoa Ann. des sciences nat., 2" sĂ©rie, 1830, t. V, p. 304; — Biblia italiana, t. ; — iMiiller's Anhiv, 1831, p. 205, pi. 13, fig. 3-9. /" Vogt, Embryologie des Salmones, p. 39 et suiv. Agassiz, Histoire naturelle des Poissons d'eau douce de l'Europe centrale, 1842. {g Cosle, Histoire du dĂ©veloppement des corps organisĂ©s Poissons, pi. 1. h Herghi, Ueber die Eier von LimnƓus Isis, 1828, p. 213. — Lereboullet, Recherches sur le dĂ©veloppement du LimnĂ©e, etc. Ann. des sciences nat., 4' sĂ©rie, 1862, t. XVIII, p. 92 et suiv.. i Van Beneden, Etudes embryologiques, 1841. ji Nordmann, Versuch einer Monographie des Tergipes Edwardsii, pi 4, fig. 16 Ă  24 Acatl. de Saint-PĂ©tersbourg, Savants Ă©trangers, l. IV. k Vogt, Recherches sur l'embryologie des Mollusques GastĂ©ropodes Ann. des sciences nat., 3* sĂ©rie, 1846, t. VI, pi. 1, fig. 4-12i. /0 REPRODUCTION. la rĂšgle commune i. L'Ɠuf des Reptiles et des Poissons pla- giostomcs prĂ©sente des phĂ©nomĂšnes analogues. Enfin, le frac- tionnement progressif du vilellus est encore plus marquĂ© chez les MammifĂšres 2. Mais, chez les CrustacĂ©s, ce phĂ©nomĂšne ne les Pourpres a, les Vermets 6, les Anodontes schiedenheit der zwei Formenbei den SalpenVerhandl. d. Gesellsch. in lYiirzburg, 1852, t. III, p. 57. — Ueber Salpen [Zeitschrift fur wissensch. Zonl., 1853, t. IV, p. 329. — H. Leuckart, Zoologischc Untersuchungen, 1854, I. II. GÉNÉRATIONS ALTERNANTES. ft09 vidus issus d'une mĂȘme souche, mais dissemblables entre eux et ne rĂ©alisant la mĂȘme forme organique que de deux gĂ©nĂ©- rations en deux gĂ©nĂ©rations. 11 appela Ammen, ou nourrices, les individus agames qui naissent de l'Ɠuf pondu par un individu sexuĂ©, et qui produisent, par voie de gemmi- paritĂ©, des individus semblables Ă  la mĂšre dont ils sont les fruits. Enfin, M. Steenstrup montra aussi que cette pĂ©riodicitĂ© dans le retour des mĂȘmes formes organiques est moins rare qu'on n'aurait pu le supposer d'abord ; mais il ne rattacha pas ces phĂ©nomĂšnes curieux aux lois gĂ©nĂ©rales de la propagation des Animaux, comme j'essaye de le faire en ce moment 1. Cependant, pour saisir ces analogies, il suffit, ce me semble, de comparer ce qui a lieu chez les Biphores dont il vient d'ĂȘtre question, et ce qui se passe dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf d'un Ani- mal ordinaire. En effet, l'Ɠuf du Biphore, de mĂȘme que l'Ɠuf d'un MammifĂšre ou d'un Oiseau, renferme un Protoblaste qui, en se dĂ©veloppant, donne naissance Ă  un MĂ©tazoaire, et celui-ci, chez le Biphore, se dĂ©veloppe de façon Ă  constituer une nourrice, c'est-Ă -dire un ĂȘtre possĂ©dant la plupart des caractĂšres de sa mĂšre, mais agame, et ce MĂ©tazoaire donne naissance, par gemmation, Ă  des Typozoaires qui, dans ce cas, sont des animaux trĂšs-semblables Ă  la nourrice dont ils des- cendent, mais aptes Ă  se reproduire par oviparitĂ©. La diffĂ©- rence principale qui existe entre les rĂ©sultats de ce travail gĂ©nĂ©sique et ceux dont les Animaux ordinaires nous offrent le spectacle, c'est que chez ceux-ci le MĂ©tazoaire reste dans un Ă©tat d'imperfection organique trĂšs-grand, ne quitte pas 1 Ce travail trĂšs-remarquable de les idĂ©es des naturalistes touchant le M. Steenstrup parut eu 1 S4'2, et exerça mode de gĂ©nĂ©ration des Animaux infĂ©- Ă  juste titre une grande influence sur rieurs a. a Steenstrup, Ueber die Generalionsweclisel in den niederen Thierklassen, -18-42. — On the Alternation of GĂ©nĂ©rations, transi, by Busk Ray Society, 1815. Û10 REPRODUCTION. l'Ɠuf oĂč il a pris naissance, et ne produit qu'un seul Typo- zoaire, au lieu d'en donner une sĂ©rie nombreuse, et de vivre dans le monde extĂ©rieur Ă  la maniĂšre des Typozoaires dont il descend. GĂ©nĂ©rations La sĂ©rie de faits dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de parler dans chez une prĂ©cĂ©dente leçon, lorsque je dĂ©crivais le mode de multi- es' plication des Vers intestinaux du genre Monostome, est un autre exemple de ces gĂ©nĂ©rations alternantes 1. L'Ɠuf pondu par un de ces parasites donne un Protoblaste qui affecte la forme d'un Animalcule couvert de cils vibratiles, et qui produit un MĂ©tazoaire, ou nourrice agame dans l'intĂ©rieur duquel naissent des Typozoaires dont la forme est d'abord celle d'un Cercaire, et dont le dĂ©veloppement ultĂ©rieur amĂšne la rĂ©alisa- tion du mode d'organisation caractĂ©ristique du Monostome sexuĂ© et ovigĂšre. GĂ©nĂ©rations Chez les Échinodermes, la multiplication des individus typi- "SÏÏm" ques et aptes Ă  se reproduire au moyen d'Ɠufg se fait par l'in- termĂ©diaire de MĂ©tazoaires dont la structure est encore plus re- marquable que celle des Biphores nourrices. Ainsi, les Animaux bizarres que J. MĂčller dĂ©couvrit en 1846, et que ce naturaliste Ă©minent dĂ©signa d'abord sous le nom de Plutcus paradoocvs, n'offrent, dans leur conformation, rien qui puisse faire soup- çonner leur parentĂ© avec les Étoiles de mer Ă  longs bras, appe- lĂ©es Ophiures. Ils ressemblent Ă  une sorte de cloche irrĂ©guliĂšre abord branchu, qui nage au moyen de cils vibratiles, et qui renferme dans sa substance hyaline une charpente solide com- posĂ©e de plusieurs baguettes calcaires. On y distingue une bouche, un estomac, des glandes, des rudiments d'un systĂšme nerveux. Plus tard se dĂ©veloppe Ă  la face concave de cette cloche mobile un groupe de caecums qui deviennent saillants, comme des tubercules, et se disposent par paires d'une maniĂšre 1 Voyez ci-dessous, page 285 et suivantes. EchinoJermes. GÉNÉRATIONS ALTERNANTES. ftll radiaire, de façon Ă  constituer un petit corps Ă©toile. Enfin ce corps, aprĂšs s'ĂȘtre sĂ©parĂ© du Pluteus qui l'a produit, se dĂ©veloppe de façon Ă  rĂ©aliser la forme et la structure des Échinodermes du genre Ophiure 1. Des phĂ©nomĂšnes du mĂȘme ordre ont Ă©tĂ© observĂ©s chez les Oursins et chez les AstĂ©ries 2, 1 J. Millier, dont la longue sĂ©rie d'observations sur le dĂ©veloppement des Echinodermes ne saurait ĂȘtre citĂ©e avec trop d'Ă©loges, et dont la mort rĂ©- cente est un malheur pour la science a considĂ©ra le Pluteus comme Ă©tant la larve de l'Ophiure; mais ainsi que l'a fait remarquer M. Dareste, ce singulier Animal semble avoir plutĂŽt les carac- tĂšres d'un MĂ©tazoaire ou nourrice, car ce n'est pas son organisme qui se trans- forme pour devenir un Echinoderme, et celui-ci en naĂźt par un phĂ©nomĂšne de bourgeonnement 6. 2 Au sujet du dĂ©veloppement des Echinides, je citerai non-seulement les recherches dĂ©jĂ  mentionnĂ©es de Mill- ier, mais aussi celles de MM. DerbĂšs, Krohn, Busch et Alex. Agassiz c. Les principaux travaux sur le dĂ©veloppe- ment des AstĂ©riens , dont les MĂ©ta- zoaires furent d'abord dĂ©crits sous le nom de Hipinnaria, sont dus Ă  MM. Sais, Krhon et Danielssen d. a Joliannes MĂčller, Bericht Ăčber einige neue Thierformen der Nordsee Archiv fur Anat. und Physiol., 184C>, p. 108, pi. C. — L'ebev die Larven und die MĂ©tamorphose "der Cphiuren und Seeigel MĂ©m. de VAcad. des sciences de Berlin pour 1840. — Ueber die Larven und die MĂ©tamorphose der Echinodermen , 1849 Me'm. de VAcad. des sciences de Berlin pour i t — Ueber die Larven und die MĂ©tamorphose der Holothurien und Asterien [Op. cit., 1850. — Ueber die Larven und die MĂ©tamorphose der Echinodermen . Yierte Abhandlung, 1852 Op. cit., 1851. — Ueber die Ophiurenlarven des Adriatischen Meeres, 1852 mĂȘme recueil pour 1851. — Ueber den allgemeinen Plan in der Enlvnckelung der Echinodermen, 1853 mĂȘme recueil pour \8b-2. — Ueber die Gattung der Seeigellarven ; siebente Abhand. Ă»berdie Metamorph. der Echinod., 1855 mĂȘme recueil pour 1854. b liaresie, Analyse des observations de Millier sur le dĂ©veloppement des Échinodermes Ann. des sciences nat., 3e sĂ©rie, 1852, t. XVII, p. 3"i2. c DerbĂšs, Observations sur les phĂ©nomĂšnes qui accompagnent la formation de l'embryon de l'Oursin comestible {Ann. des seiences nat., 3e sĂ©rie, 1847, t. VIII, p. 80, pi. 5. — Krohn, Beitrage zur Entmckelungsgeschichte der Seeigellarven. IleiJelberg, 1849. — Ueber die Entwickelung eincr lebendig gebarenden Ophiuren MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1851, p 338, pi. 14, fig. 2-5. — Ueber die Larven der Echinus brevispinosus MĂčller's Archiv, 1853, p. 361. — Beobachtungen iiber Echinodermenlarven Op. cit., 1854, p. 208, pi. 10, fig. 1, -2. — Busch , Beobachtungen Ă»ber Anatomie und Entwickelung einiger wirbellosen Seethiere, 1851. — Alexander Agassiz, On the Embryology of Echinoderms, IS6 A Memoirs ofthe American Aca- demy, t. IX. d Pars, Beskrivclser og Iagttagelser. Bergen, 1835, p. 37, pi. 15, fig. 40. — Krohn et Danielssen, Zoologeske Bidrag. Bergen, 1847. — Observ. sur le Bipennaria asteri- gera Ann. des sciences nat., 3e sĂ©rie, 1847, t. VII, p. 347, pi. 7, fig. 7-9. — Max. Schultze, Ueber die Entwickelung von Ophiolepis squamata MĂčller's Archiv fur Anat. und Physiol., 1852, p. 37, pi. 1. — Krohn, Ueber einen neuen Entwickelungsmodns der Ophiuren Archiv fur Anat. und Physiol., 1857, p. 369, pi. 14 B. GĂ©nĂ©rations alternantes chez les Medusaires. l\\ 2 REPRODUCTION. mais la forme du MĂ©tazoaire varie chez ces diffĂ©rents Zoo- phytes. Du reste, je me hĂąte d'ajouter que ces gĂ©nĂ©rations alternantes ne se rencontrent pas chez tous les Éehinodermes, et que chez plusieurs de ceux-ci, le dĂ©veloppement se fait d'une maniĂšre continue, de sorte que le MĂ©tazoaire tout entier devient un Typozoaire, au lieu de produire celui-ci par voie de bour- geonnement 1. Dans d'autres cas le MĂ©tazoaire, tout en Ă©tant apte Ă  sortir de l'Ɠuf et Ă  mener pendant quelque temps une vie errante, ' ne prĂ©sente qu'une structure trĂšs-simple. Ainsi, l'Ɠuf de la MĂ©dusa avrita donne naissance Ă  un Animalcule ciliĂ© et de forme ovoĂŻde, appelĂ© Planula, qui ressemble beaucoup Ă  nu Infusoire et ne montre dans son intĂ©rieur aucun organe parti- culier. Ce MĂ©tazoaire nage librement dans la mer Ă  l'aide de ses cils, qui font office de rames; puis il se fixe sur la surface d'un rocher ou de quelque autre corps Ă©tranger, et se dĂ©ve- loppe de façon Ă  devenir cratĂ©riforme et Ă  ressembler Ă  un Polype. Alors son corps s'Ă©trangle de distance en distance et 1 Chez tous ces Zoophytes, le MĂ©lazoaire a une forme bilatĂ©rale, et le caractĂšre radiaire ne se manifeste que chez le Typozoaire. Chez les Echi- nides, les AstĂ©riens et les Ophiures, ce dernier se sĂ©pare du MĂ©tazoaire, dont il naĂźt par une sorte de bour- geonnement interne ; mais chez les Holothuries, le MĂ©tazoaire est persis- tant presque en totalitĂ©, et reste uni au produit qui en naĂźt par bourgeon- nement et qui constitue la portion cĂ©- phalique de l'Animal parfait. Sans le secours de figures, il me serait impos- sible de donner une idĂ©e nette de la conformation de ces Echinodermes en voie de dĂ©veloppement, et des mĂ©- tamorphoses qu'ils subissent. Je me bornerai donc Ă  ajouter que les MĂ©ta- zoaires des Echinides ont une char- pente calcaire comme ceux des Ophiu- res, tandis que chez le MĂ©lazoaire des AstĂ©riens et des llolothuriens, celle charpente n'existe pas. Ces derniers sont plus ou moins vermiformes. Des exposĂ©s des recherches de Mill- ier sur ce sujet ont Ă©tĂ© publiĂ©s par MM. Dareste, Huxley et Agassiz a. a Daresle, Op. cit. Ann. des sciences nat., 2e sĂ©rie, t. XVI, p. 154; t. XIX, p. 244; t. XX, p. 121 et 147 ; Ă ' sĂ©rie, t. I, p. 153. — Huxley, Report on the Researches of Millier into the Anatomy and Development ofEchino- derms Ann. of Nat. Hist., 2» sĂ©rie, 1851, t. VIII, p. i. — Agassiz. Lectures on Comparative Embruoloqy. Boston, 1840. GÉNÉRATIONS ALTERNANTES. /il 3 se divise en une sĂ©rie de tronçons qui ne tardent pas Ă  devenir libres, et qui, en se dĂ©veloppant, acquiĂšrent peu Ă  peu le mode d'organisation typique de leur race, ou, en d'autres mots, de- viennent autant de MĂ©duses sexuĂ©es 1 . Des phĂ©nomĂšnes analogues nous sont offerts par d'autres AcalĂšphes dont les Planules ou larves ciliĂ©es constituent, en se 1 Les premiĂšres observations re- latives Ă  cette partie intĂ©ressante de l'histoire des AcalĂšphes datent de 1829 et sont dues Ă  un naturaliste norvĂ©- gien, M. Sars, de Bergen. Cet auteur fit connaĂźtre alors quelques-unes des formes transitoires de la MĂ©dusa au- rita , mais il les considĂ©ra comme constituant des types zoologiques par- ticuliers, et il leur donna les noms gĂ©- nĂ©riques de Scyphosloma et de Stro- bila a. En 1835, Sars reconnut que le Scyphostome n'Ă©tait qu'un premier Ă©tat de l'Animal qu'il avait appelĂ© Slrubila, et que celui-ci avait beau- coup d'analogie avec certains Aca- lĂšphes, notamment avec VEphira d'Eschscholtz b. Enfin, deux ans aprĂšs, le mĂȘme naturaliste annonça que les Strobiles sont de jeunes MĂ©- duses c, et, en 1841, il exposa, avec tous les dĂ©tails dĂ©sirables, la sĂ©rie de ses observations sur ce sujet il montra, d'une part, la transformation des Scyphostomes en Strobiles, la nais- sance de MĂ©duses Ă©phiroĂŻdes aux dĂ©pens des tronçons du Strobile, et le dĂ©veloppement de ces MĂ©duses en AurĂ©lies et en CyanĂ©es sexuĂ©es ; d'autre part, la production des Scyphostomes par les Ɠufs de ces derniers AcalĂš- phes c/. Vers la mĂȘme Ă©poque, M. Sie- bold fit des recherches importantes sui- te mĂȘme sujet, et dĂ©jĂ  un naturaliste Ă©cossais, John Dalyell, avait constatĂ© beaucoup de faits du mĂȘme ordre e. Diverses observations relatives Ă  la filiation des Sertulariens et des MĂ©du- saircs furent publiĂ©es peu de temps aprĂšs par plusieurs autres zoologistes, et plus rĂ©cemment M. Desor s'est occupĂ© aussi du dĂ©veloppement de la MĂ©dusa aurita f ; enfin, je citerai Ă©galement ici Ă  ce sujet les observa- tions nouvelles dont M. Agassiz vient d'enrichir la science g. a Sars, Bidrag til Soedyrenes Xaturhistorie. Bergen, 1829 Isis, 1833, p. 221. b Idem, Beskrivelser og Jagitagelser. Bergen, 18^5, p. 16 et suiv. c Wem, WiegmĂ nn'a Archiv fur Naturgeschichte, 1837, t. I, p. 486. d Idem, Ueber die Entwickelung der MĂ©dusa aurita und der Cvanea eapillata Wiegmann's Archiv, 1841, p. 9. e Siebold, BeitrĂąge zur Naturgeschichte der wirbellosen Thieve Neuste Schriften der Natur- ferschenden Gesellscltaft in Danzig, 1839, t. III. — Dalyell, On the Propagation of Scotish Zoophytes Edinburgh New Philosophical Journal, 1834, t. XVII, p. 411 1. — Furlher Illustrations of the Propagation of Scottish Zoophytes 1 Op. cit., 1830, t. XXI, p. 88. — Rare and Remarkable Animais ofScotland, 1847, t. I, p. 99 et suiv. / Desor, Lettre sur la gĂ©nĂ©ration mĂ©dusaire des Polypes hydraires An», des sciences nal., 3 sĂ©rie, 1849, t. XII, p. 311, pi. 2, fig. 1-G. \C/5 ‱>*! ‱>s* l\\!x REPRODUCTION. dĂ©veloppant, non pas des Strobiles scissipares, mais des Sertu- lariens ou autres Polypes hydroĂŻdes, qui se multiplient par gemmation, et produisent ainsi tantĂŽt une nouvelle gĂ©nĂ©ration de MĂ©tazoaires 1, d'autres fois des Typozoaires dont la structure ne diffĂšre pas de celle des MĂ©duses ordinaires, et dont les Ɠufs donnent naissance Ă  d'autres Planules 2. Il est aussi Ă  noter que, chez certains AcaiĂšphes, l'individu Typo- zoaire peut se multiplier par bourgeonnement aussi bien que 1 Ce bourgeonnement peut avoir lieu aussi sur les Strobiles, qui sont susceptibles de se multiplier par scissi- paritĂ©; et les bourgeons peuvent naĂź- tre, soit directement sur les parois du corps de l'individu souche , soit sur des stolons qui partent de la base de celui-ci a. 2 Les Sertulariens, dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de parler comme ayant la facultĂ© de se multiplier par bour- geonnement 6 , sortent de l'Ɠuf Ă  l'Ă©tat d'Animalcules ciliĂ©s, analogues aux Planules dont il a Ă©tĂ© question ci-dessus ; puis ils se fixent, et en se dĂ©veloppant, deviennent des Polypes hydroĂŻdes qui sont susceptibles de se reproduire sous des formes dif- fĂ©rentes. Parmi les bourgeons qui en naissent, il en est qui deviennent des individus polypiformes et pourvus de tentacules, ainsi que d'une ouverture buccale. Mais d'autres sont clos, et, en se dĂ©veloppant, chacun de ceux-ci forme, par la dilatation de sa gaĂźne tĂ©gumentaire , une sorte de capsule dans l'intĂ©rieur de laquelle ils pro- duisent de nouveaux bourgeons en nombre plus ou moins considĂ©rable, lesquels bourgeons secondaires consti- tuent, en se dĂ©veloppant, tantĂŽt autant de Planules ciliĂ©es, ou Sertulariens Ă  l'Ă©tat de larves mobiles, ainsi que cela Ă©tĂ© observĂ© par M. LĂŽven ; d'autres fois, de jeunes .MĂ©dusaires, qui plus tard deviendront sexuĂ©s, et produiront, soit des vĂ©sicules sperma- tiques, soit des Ɠufs, et procrĂ©eront ainsi de nouveaux Sertulariens par exemple, chez le Campanularia gela- tinosa c. Ces jeunes MĂ©duses se dĂ©tachent souvent Ă  l'Ă©tat de larves ciliĂ©es cl ; mais d'autres fois elles ac- quiĂšrent leur forme typique lorsqu'elles a Sars, Op. cit. Ann. des sciences nat., 2» sĂ©rie, 1841, l. XVI, p. 342, pi. 15, fig. 37, 42, etc. & Vovez ci-dessus, page 314. , cj i LĂŽven, Observations sur le dĂ©veloppement et les mĂ©tamorphoses des genres Campanulave Synchoryue Ann . des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1841, t. XV, p. 157, pi. 8. iEllis, des Corallines, 1756, p. 11G, pi. 38. _ Van Beneden, MĂ©m. sur les Campanulaires de la cĂŽte d'Ostende, pi. 1 et 2 MĂ©m. de l Acad. de Bruxelles, 184*, t. XVTI. . . — Desor, Lettre sur la gĂ©nĂ©ration mĂ©dusipare des Polypes hydratres Ann. des sciences nat., 3- sĂ©rie, 1849, t. XII, p. 207, pi. 2, fig. 8-12. e Dujardin, MĂ©m. sur le dĂ©veloppement des MĂ©duses et des Polypes hydraires Ann. des sciences nat.., 3' sĂ©rie, 1845, t. IV, p. 257, pi. 14 et 15. — Desor, Op. cit., p. 205, pi. 2, fig. 13-16. GÉNÉRATIONS ALTERNANTES. as par oviparitĂ©, et que les jeunes produits de la sorte sont des Typozoaires, au lieu d'ĂȘtre des MĂ©tazoaires, comme ceux dĂ©ve- loppĂ©s dans l'intĂ©rieur des Ɠufs 1. Pour nous familiariser avec les faits de cet ordre, il me semble utile de citer encore ici le mode de multiplication des Multiplication ‱ des Coralhaires, de la division des Alcyonaires celle des Gorgones Aicyonnaires. et du Corail, par exemple. CesZoophytes se reproduisent Ă  l'aide d'oeufs de chacun desquels naĂźt un MĂ©tazoaire assez semblable Ă  celui des MĂ©duses dont je viens de parler, et cet Animalcule ciliĂ©, aprĂšs avoir menĂ© pendant quelque temps une vie errante, se fixe sur quelque corps sous-marin 2. Puis il devient le siĂšge d'un travail de gemmation, par suite duquel des Polypes sexuĂ©s naissent dans son Ă©paisseur et surgissent Ă  sa surface. sont encore adhĂ©rentes au corps de l'individu souche , ainsi que cela a Ă©tĂ© observĂ© chez les Syncoryncs a. Il arrive aussi parfois que la por- tion terminale d'un de ces Polypes hy- droĂŻdes se sĂ©pare de sa base, et con- stitue un Animal libre et campanuli- forme,qui semble ĂȘtre destinĂ© Ă  devenir une MĂ©duse sexuĂ©e b. 1 C'est aussi Ă  Sars que l'on doit la dĂ©couverte de cette multiplication des MĂ©dusaires au moyen de bour- geons. Il constata ce fait chez deux espĂšces de dymnophthalmes, le CytƓis octopunctatu ou Lizzia octopunctata, Forbes, et le Thaumantias multicir- rata c. Plus rĂ©cemment, E. Forbes observa les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes chr-z le Thaumanticu lucida, le Lizzia blondina et le Sarsia prolifĂ©ra. Les bourgeons peuvent naĂźtre sur divers points de la surface des ovaires, du cĂŽtĂ© de la trompe stomacale, ou Ă  la base des tentacules marginaux du dis- que natatoire d. 2 Les premiers naturalistes qui ont observĂ© les larves ciliĂ©es des Gor- gones et des autres Zoophytes les ont considĂ©rĂ©es comme Ă©tant des Ɠufs douĂ©s de facultĂ©s locomotrices e. M. Lacazc-Duthiers vient d'en faire une Ă©tude trĂšs-attentive /". a Ce sont ces larves qui ont Ă©tĂ© dĂ©crites par quelques auteurs comme des Ɠufs ciliĂ©s Voy Grant Observ. sur les mouvements spontanĂ©s des Ɠufs de plusieurs Zoophytes Ann. des sciences nat.\ i" sĂ©rie, t. Mil, p. 52. b Nordmann, Sur les changements de forme que l'Ăąge apporte dans la maniĂšre d'ĂȘtre des Campanulaires Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1839, t. IX, p. 704. c Sars , Fauna Norvegica. d E. Forbes, A Monograph of the British naked-eyed MedusƓ, p. IG Ray Society, 1858 e Cavohni, Memorie per servire alla storia dei Polipi marini, 1785, p. 100. — Grant, Op. cit. {Ann. des sciences nat., I" sĂ©rie, t. XIII, p. 52. 0 Lacaze-Duthiers, Histoire naturelle du Corail, 18fi4. /ll6 REPRODUCTION. Ici les produits de ce bourgeonnement ne se sĂ©parent pas de la nourrice qui les produit, et celle-ci constitue la base organique commune ou sclĂ©rosome qui rĂ©unit entre eux tous les individus dont l'assemblage l'orme ces singuliĂšres colonies. Chez ces Coralliaires, le MĂ©tazoaire n'est donc reprĂ©sentĂ© que par une coucbe de tissu vivant qui a la facultĂ© de bourgeonner et de produire ainsi des Typozoaires. caractĂšres Maintenant supposons par la pensĂ©e que ce MĂ©tazoaire se du MĂ©tazoaire chez dĂ©veloppe un peu moins, reste dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf, et en les Animaux , supĂ©ncurs. bourgeonnant ne donne naissance qu'Ă  un seul Typozoaire, puis cesse d'exister avant que son produit ait acquis sa forme dĂ©fi- nitive, nous aurons une idĂ©e assez juste de ce qui se passe d'ordinaire dans les premiers temps du travail gĂ©nĂ©sique chez les Animaux supĂ©rieurs. En effet, le corps celluleux ou granu- leux que nous avons vu se dĂ©velopper Ă  la surface du globe vitellin de l'Oiseau ou du MammifĂšre, et que j'ai dĂ©signĂ© sous le nom de blastoderme, reprĂ©sente une nourrice de ce genre, et nous allons voir maintenant que, par une sorle de gemma- tion, il va donner naissance Ă  un Typozoaire, qui sera d'abord un embryon presque informe, mais qui, en grandissant, rĂ©ali- sera peu Ă  peu le mode d'organisation propre aux reprĂ©sentants parfaits de son espĂšce. Chez tous ces Animaux, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, le nouvel ĂȘtre en voie de formation se montre d'abord sous la forme d'une tache blanchĂątre ou disque, appelĂ© blastoderme, ou membrane proligĂšre, qui repose sur la surface du globe vitel- lin. Sa croissance est rapide, et en s'ngrandissant, cette couche de matiĂšre plastique ne tarde pas Ă  envahir la totalitĂ© de cette surface et Ă  constituer une cellule ou sphĂšre creuse dont l'in- tĂ©rieur est occupĂ© par la substance vitelline. Or, cette cellule blastodermique est en rĂ©alitĂ© un ĂȘtre vivant dont l'activitĂ© phy- siologique va se manifester d'une maniĂšre remarquable, et elle me semble pouvoir ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme l'analogue de ces EMBRYOGÉNIE. 417 MĂ©tazoaires dont je viens de signaler l'existence chez beaucoup d'Animaux infĂ©rieurs seulement sa structure est beaucoup plus simple que celle de la plupart de ces ĂȘtres ; elle n'est pas conformĂ©e pour vivre dans le monde extĂ©rieur, et elle est destinĂ©e Ă  fournir toute sa carriĂšre dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf oĂč elle a pris naissance. BientĂŽt une autre couche de matiĂšre plastique apparaĂźt au- dessous de la premiĂšre, et adhĂšre Ă  sa face interne dans le point central oĂč celle-ci a commencĂ© Ă  se former, mais s'en sĂ©pare dans sa partie pĂ©riphĂ©rique, et en grandissant, elle constitue une seconde cellule incluse dans la premiĂšre et renfermant le globe vitellin. Les embryologistes la dĂ©signent gĂ©nĂ©ralement sous le nom de feuillet muqueux du blastoderme, et ils appellent feuillet sĂ©reux la couche externe que je viens de comparer Ă  un MĂ©tazoairc. Pendant que le feuillet interne du blastoderme se dĂ©veloppe de la sorte, la cellule mĂ©tazoĂŻque, ou feuillet sĂ©reux, prĂ©sente dans le point oĂč ce travail embryogĂ©nique a commencĂ©, c'est- Ă -dire au centre de l'espace appelĂ© Vaire germinative, un phĂ©nomĂšne fort analogue au bourgeonnement, par lequel les MĂ©tazoaires produisent des Typozoaires. En effet, ce feuillet blastodermiquc s'Ă©paissit dans ce point, et le cumulus ainsi formĂ© s'avance, non pas vers l'extĂ©rieur, comme le font les bourgeons dont il a Ă©tĂ© question jusqu'ici, mais vers le centre du globe vitellin. Or ce cumulus, qui s'enfonce de la sorte dans l'intĂ©rieur de la cellule formĂ©e par le feuillet blastodermique dont il naĂźt, constitue, avec le feuillet muqueux du blastoderme auquel il adhĂšre par sa face interne ou ventrale, le premier vestige du corps de l'embryon futur, ou, en d'autres mots, du Typozoaire. Pendant que cette espĂšce de bourgeon s'avance ainsi , la partie adjacente de la cellule mĂ©tazoĂŻque, c'est-Ă -dire du feuillet sĂ©reux du blastoderme, s'accroĂźt rapidement de façon Ă  che- 418 REPRODUCTION. vaucher au-dessus de la face dorsale de l'embryon naissant, et Ă  transformer en une sorte de bourse la dĂ©pression dans laquelle celui-ci s'enfonce. Les bords du repli circulaire ainsi constituĂ©s 1, se resserrent de plus en plus, jusqu'Ă  ce que la fossette contenant la partie principale du corps du jeune embryon se ferme complĂštement, et reprĂ©sente une sorle de kyste membraneux inclus dans le MĂ©tazoaire, ou cellule blasto- dermique primitive, et suspendu Ă  la paroi interne de celui-ci par un pĂ©doncule, dernier vestige de l'entrĂ©e de la fosse rĂ©sultant de l'espĂšce de bourgeonnement que je viens de dĂ©crire 2. Enfin, ce pĂ©doncule se rompt, et alors toute con- tinuilĂ© organique cesse entre la cellule externe qui reprĂ©sente le MĂ©tazoaire, et le jeune Typozoaire, qui porte Ă  sa face ven- trale le globe vitellin et se trouve renfermĂ© dans un sac membraneux auquel on a donnĂ© le nom iĂŻamnios 3. Chez les Reptiles et les Oiseaux, le rĂŽle de la cellule mĂ©ta- 1 Ce repli se forme tout autour de l'aire germinative, mais il com- mence aux deux extrĂ©mitĂ©s de l'em- bryon, et il donne ainsi naissance Ă  deux espĂšces de voiles appelĂ©s capu- chon cĂ©phalique et capuchon caudal, qui s'avancent l'un vers l'autre en recouvrant de plus en plus le corps du jeune Animal. Voyez Ă  ce sujet les ligures thĂ©oriques donnĂ©es par M. Baer et reproduites par beaucoup d'au- teurs a. 2 Quelques auteurs appellent ce dĂ©troit Vombilic amniotique , mais cette expression ne me paraĂźt pas heu- reuse. 3 L'embryon ne se dĂ©veloppe, dans l'intĂ©rieur d'un sac de ce genre, que chez les Animaux vertĂ©brĂ©s dont j'ai formĂ© le groupe naturel des Al- lantoĂŻdiens, c'est-Ă -dire chez les Mam- mifĂšres, les Oiseaux et les Reptiles. Les Batraciens et les Poissons, de mĂȘme que tous les InvertĂ©brĂ©s, n'ont pas d'amnios. Cette cellule tĂ©gumentaire est remplie d'un liquide aqueux dans lequel l'embryon flotte plus ou moins librement, mais il adhĂšre toujours aux parois de cette tunique membraneuse par un prolongement de la peau dont son corps est revĂȘtu. Il y a de la sorle continuitĂ© de substance entre ces deux parties, et la membrane amniotique n'est en rĂ©alitĂ© qu'une sorte de pro- longement de la couche cutanĂ©e de l'embryon. C'est chez la Poule que le^node de formation de l'amnios a Ă©tĂ©, pour la o Burdach, TraitĂ© de physiologie, t. III, pi. 3. EMBRYOGÉNIE. ÂŁ19 zoĂŻque est alors terminĂ©, et elle ne tarde pas Ă  se dĂ©sorganiser, puis Ă  disparaĂźtre; mais chez les MammifĂšres, elle continue Ă  vivre, et, aprĂšs s'ĂȘtre dĂ©pouillĂ©e de la membrane vitelline qui la recouvrait ou s'ĂȘtre unie Ă  cette tunique, elle se dĂ©veloppe pour constituer l'espĂšce de poche incubatrice appelĂ©e chorion, dans l'intĂ©rieur de laquelle le jeune Animal en voie de formation se trouve renfermĂ©. Une sorte de soudure s'Ă©tablit ensuite entre des appendices vasculaires de l'embryon et la face interne de cette enveloppe externe, de façon que le MĂ©tazoaire et le Typo- zoaire, aprĂšs s'ĂȘtre sĂ©parĂ©s un instant, se rĂ©unissent de nou- veau; mais cette union ne dure que pendant la vie intra- utĂ©rine, et lorsque le jeune MammifĂšre arrive dans le monde extĂ©rieur, il se dĂ©barrasse de la cellule mĂ©tazoĂŻque, et celle-ci cesse d'exister 1. Un phĂ©nomĂšne analogue a Ă©tĂ© observĂ© chez les MolluscoĂŻdes particularitĂ©s de la famille des Ascidies. Le jeune Animal qui naĂźt dans l'Ɠuf dĂ©veloppement des Ascidies. premiĂšre fois, bien constatĂ©e et cette dĂ©couverte est due Ă  M. Baer a. Plusieurs autres embryologistes du commencement de ce siĂšcle avaient supposĂ© que, chez les MammifĂšres, celte poche Ă©tait primitivement une vĂ©sicule close dans l'intĂ©rieur de la- quelle l'embryon s'enfoncerait, et cette opinion a Ă©tĂ© soutenue par quelques auteurs plus rĂ©cents 6. M. Velpeau a cru que l'embryon se constituait dans l'intĂ©rieur de la vĂ©sicule amnio- tique, et que celle-ci se trouait pour laisser passer les appendices ombili- caux }. Mais cette opinion est non moins insoutenable que la prĂ©cĂ©dente, et depuis les recherches de .MM. Baer, Thompson, Coste, Bischoff, etc., etc., on est gĂ©nĂ©ralement d'accord pour adopter les vues prĂ©sentĂ©es ci-des- sus d. 1 Je reviendrai sur ce sujet lors- que je traiterai du dĂ©veloppement des MammifĂšres et des Oiseaux en parti- culier. Ici je ne puis prĂ©senter que des notions trĂšs -sommaires. a Baer, Entivickelungsgeschichte, t. IL— TraitĂ© de Physiol., de Bimlach, t. III, p. 216 et suiv. b DƓllinger, Versuch einer Geschichte der menschlichen Zeugung Meckel's Deutsches Archiu fur die Physiol., 1816, t. II, p. 388. — Pcekels, Neue BeitrĂągezur Entwickelungsgescldchte des menschlichen Embryo Isis, 1825. p. 1342. — Serres, Observations sur le dĂ©veloppement de l'amnios chez, l'Homme Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1809, t. XI, p. 231. cN Velpeau, Ovologie, p. 25. d Thompson, Contributions to the Uist. of the Structure of the Human Ovum [Edinburgh Med. and Surg. Journal, 1839, t. LU, p. 19. — Bischoff, TraitĂ© du dĂ©veloppement de l'Homme et des MammifĂšres, 1843, p. 123, etc. Û20 KEl'RODUCTION. ressemble, par sa l'orme, Ă  ces Cercaires dont j'ai dĂ©jĂ  parlĂ© en traitant des gĂ©nĂ©rations alternantes des Douves 1 ; mais bientĂŽt ce pelit ĂȘtre se fixe sur quelque corps sous-marin, perd sa queue, et subit dans sa structure intĂ©rieure des changements considĂ©rables. Son corps, de forme ovoĂŻde, se sĂ©pare en deux portions parfaitement distinctes, l'une superficielle et constituant une cellule tĂ©gumentaire comparable Ă  un sac mĂ©tazoĂŻque, l'autre intĂ©rieure, Ă©galement utriculaire, et contenant la masse vitelline. Ces deux cellules vivantes n'ont alors entre elles aucun lien organique, mais, par suite du travail de dĂ©veloppement dont elles sont le siĂšge, elles se soudent ensemble Ă  l'extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure du corps, et forment de nouveau un seul ĂȘtre, ainsi que nous venons de le voir pour le ehorion et l'embryon des MammifĂšres. Chez ceux-ci, cette union n'est que temporaire, la portion mĂ©tazoĂŻque du jeune Animal n'a qu'une existence trĂšs- courte , et c'est la portion typozoĂŻque qui bientĂŽt constitue Ă  elle seule la totalitĂ© de l'organisme. Chez les Ascidies, au con- traire, la portion mĂ©tazoĂŻque ne se dĂ©truit pas, et continue Ă  ĂȘtre une partie constitutive du nouvel individu dont elle forme la tunique tĂ©gumentaire 2. DĂ©veloppement Enfin, chez beaucoup d'autres Animaux, la sĂ©paration entre direct . , . ... , . -. , d'un la portion mĂ©tazoĂŻque et la typozoĂŻque du produit engendre ne s'effectue jamais, et la totalitĂ© du nouvel ĂȘtre en voie de dĂ©ve- loppement concourt Ă  la formation de l'organisme parfait. Cela se voit chez les Batraciens, les Poissons et la plupart des Ani- maux invertĂ©brĂ©s. 1 Voyez ci-dessus, page ZilO. danec temporaire de la sphĂšre interne 2 J'ai Ă©tudiĂ© avec beaucoup d'al- par rapport Ă  l'enveloppe externe tention ces phĂ©nomĂšnes chez quelques Ă©tait facile Ă  constater par les change- Ascidies de nos cĂŽtes, oĂč l'indĂ©pen- ments de position de la premiĂšre a. a Milne Edwards, Observations sur les Ascidies composĂ©es des cotes de la Manche, p. 36, pi. 5 MĂ©m. de l'Acad. des sciences, t, XVIII. Typozoaire. EMBRYOGÉNIE. /j21 Nous voyons donc qu'il existe, dans le RĂšgne animai, une RĂ©sumĂ©, multitude de nuances dans le degrĂ© d'indĂ©pendance des pro- duits du travail zoogĂ©nique dont l'Ɠuf est le siĂšge, ainsi que dans le mode d'apparition de ces produits, qui se montrent tantĂŽt successivement, tantĂŽt d'une maniĂšre simultanĂ©e, et qui peuvent avoir une mĂȘme durĂ©e, ou bien ĂȘtre sĂ©parĂ©s par suite de la mort de l'un d'eux Ă  une Ă©poque oĂč l'autre est encore apte Ă  vivre pendant longtemps. Ce sont donc des diffĂ©rences en plus ou en moins qui n'impliquent aucune dissemblance fondamentale quant au mode de transmission de la vie dans la sĂ©rie des individus appartenant Ă  une mĂȘme espĂšce. 11 en est de mĂȘme pour ce qui concerne le degrĂ© de complication orga- nique des divers termes de cette sĂ©rie, et de l'aptitude des ĂȘtres, qui reprĂ©sentent ces termes, Ă  vivre d'une maniĂšre plus ou moins indĂ©pendante. Le phĂ©nomĂšne des gĂ©nĂ©rations alternantes, quelque singulier qu'il puisse nous paraĂźtre au premier abord, se rattache donc Ă©troitement aux phĂ©nomĂšnes gĂ©nĂ©raux du dĂ©veloppement des Animaux par voie de gĂ©nĂ©ration ordinaire; seulement, dans un cas, le second produit principal du travail zoogĂ©nique, celui que j'ai appelĂ© le MĂ©tazoaire, ne se perfectionne que peu, ne remplit qu'un rĂŽle trĂšs-court dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf, et ne fournit qu'un seul Typozoaire; tandis que dans l'autre cas il se perfec- tionne beaucoup, il devient apte Ă  mener pendant longtemps une vie errante avant que de donner naissance Ă  l'individu typique qui rĂ©alise la forme la plus complĂšte de la lignĂ©e d'ĂȘtres dont il descend, et il est apte Ă  produire plusieurs individus de cette derniĂšre catĂ©gorie, ou mĂȘme un certain nombre de jeunes MĂ©tazoaires dont sortira plus tard la nouvelle gĂ©nĂ©ration de Typozoaires. Chez les trois sortes d'ĂȘtres, le Protoblaste, le MĂ©tazoaire et le Typozoaire, qui naissent les uns des autres par voie de gĂ©nĂ©- ration continue, et qui forment une sĂ©rie de termes en connexion MU. 29 k%% REPRODUCTION. avec les termes prĂ©cĂ©dents et suivants au moyen de la gĂ©nĂ©ra- tion discontinue seulement, la facultĂ© reproductrice se manifeste avec des degrĂ©s de puissance variables, et le travail zoogĂ©nique qui en dĂ©pend, est tantĂŽt monosomique, d'autres fois polyso- mique. Ainsi le Protoblaste, ou l'Ɠuf qui constitue le premier terme de cette sĂ©rie, peut se multiplier de façon Ă  produire d'autres Ɠufs, comme nous l'avons vu chez les Mermis, ou bien ne donner naissance qu'Ă  un MĂ©tazoaire unique, ainsi que cela a lieu chez la plupart des Animaux; et ce MĂ©tazoaire peut Ă  son tour produire un nombre plus ou moins considĂ©rable d'autres MĂ©tazoaires qui seront la souche d'autant d'individus typozoĂŻques, ou ne fournir qu'un seul reprĂ©sentant typique de son espĂšce. Enfin, ces deux termes de la sĂ©rie spĂ©cifique, le MĂ©tazoaire et le Typozoaire, au lieu d'ĂȘtre parfaitement dis- tincts entre eux et de se succĂ©der, de façon que le premier pĂ©rit lorsque le second n'est pas encore parvenu Ă  un dĂ©velop- pement complet, peuvent se confondre plus ou moins intime- ment entre eux, et ne constituer qu'un individu zoologique unique. Je suis portĂ© Ă  croire que beaucoup de phĂ©nomĂšnes tĂ©rato- logiques dĂ©pendent de ce que, dans certains cas, le travail gĂ©nĂ©- sique effectuĂ© par le MĂ©tazoaire, au lieu d'ĂȘtre monosomique, comme d'ordinaire, devient polysomique ; de sorte qu'un mĂȘme blastoderme, au lieu de produire un embryon unique, comme cela a lieu normalement chez tous les Animaux supĂ©rieurs, donne naissance Ă  deux ou Ă  plusieurs de ces corps, qui, en grandissant, se soudent entre eux, et constituent ainsi des monstres doubles ou triples dans la portion de l'organisme oĂč cette fusion n'a pas eu lieu, mais simples lĂ  oĂč elle s'est opĂ©rĂ©e de bonne heure. Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je renverrai aux recherches que M. Lereboullet vient de publier sur la pro- duction des monstruositĂ©s chez les Poissons, et je ferai remar- quer seulement combien il est intĂ©ressant de voir que les ĂȘtres HISTOGENESE. 423 anormaux de cette classe, dont la formation dĂ©pend de causes que nous ignorons, ont un mode d'origine analogue Ă  celui qui est normal dans d'autres groupes du RĂšgne animal 1. § 6. — Lorsque l'individu typozoĂŻque commence Ă  se con- phĂ©nomĂšnes stituer, sa structure est toujours trĂšs-simple ; mais Ă  mesure usl°semques- qu'il se dĂ©veloppe, son organisme se complique plus ou moins, et cette complication croissante, qui est une condition de per- fectionnement, rĂ©sulte de trois choses 1° des transformations qui s'opĂšrent dans la substance vivante, et qui amĂšnent le dĂ©ve- loppement d'un plus ou moins grand nombre de tissus distincts par leurs caractĂšres anatomiqucs, ainsi que par leurs propriĂ©tĂ©s physiologiques; 2° de la maniĂšre dont ces tissus sont mis en Ɠuvre pour la constitution des instruments physiologiques ap- pelĂ©s organes, et de la conformation de ceux-ci ; 3° du mode de groupement de ces organes en un seul tout, qui est l'individu zoologique. 1 Il rĂ©sulte des observations de M. Lereboultet, que, chez les Poissons, la monstruositĂ© par duplicitĂ© est tou- jours primordiale. Le blastoderme unique, aprĂšs avoir constituĂ© autour du vitellusune sorte de bourse reprĂ©- sentant ce que j'appelle un MĂ©tazeaire, produit sur son bord un bourrelet embryogĂšne, qui d'ordinaire no donne naissance qu'Ă  un seul tubercule, ou bourgeon typozoĂŻque, destinĂ© Ă  deve- nir l'embryon du jeune Poisson; mais dans les cas tĂ©ratologiques dont il est ici question, deux ou quelquefois mĂȘme trois de ces bourgeons y sur- gissent, et, par suite de leur dĂ©velop- pement, ces tubercules embryogĂšnes venant Ă  se rencontrer par leur base, s'y confondent entre eux, tandis que leur sommet reste libre dans une ‱'tendue plus ou moins considĂ©rable. LĂ  oĂč les bourgeons ainsi groupĂ©s conservent leur individualitĂ© , ils produisent les parties correspondantes d'autant d'embryons distincts ; mais lĂ  oĂč ils sont unis, iis ne donnent chacun naissance qu'Ă  une portion de la rĂ©- gion correspondante de l'organisme, et ces portions d'origine diffĂ©rente coalescent de façon Ă  donner, en der- nier rĂ©sultat, un corps unique en con- tinuitĂ© physiologique avec deux ou trois tĂštes distinctes. Les diffĂ©rences qui se prĂ©sentent cbez les divers monstres par excĂšs paraissent dĂ©- pendre principalement de l'Ă©tendue de la soudure primitive des bourgeons embryogĂšnes a. a Lerelioullet, Recherches sur les monstruositĂ©s du Brochet observĂ©es dans l'Ɠuf, et sur leur mode de production {Ann. des sciences nat., 4e sĂ©rie, 1861, t. XVI, p. 359; 1803, t. XX, p. 129, pi. 2 et 3. V24 REPRODUCTION. L'Ă©tude comparative des tissus, qui sont pour ainsi dire les matĂ©riaux primaires de l'organisme, n'a que peu occupĂ© l'at- tention des naturalistes avant le commencement du siĂšcle actuel. A cette Ă©poque, un des hommes dont l'Ă©cole française se glo- rifie Ă  juste titre, Bichat, l'envisagea d'une maniĂšre large et philo- sophique, mais les moyens d'observation dont il disposait Ă©taient trop imparfaits pour lui permettre de l'approfondir beaucoup, et jusqu'en ces derniers temps cette branche des sciences na- turelles, appelĂ©e tantĂŽt anatomie gĂ©nĂ©rale, d'autres fois histo- logie, Ă©tait restĂ©e presque stationnaire 1. Les perfection- 1 Les anatomistes de l'antiquitĂ©, Aristote et Galien, par exemple, avaient reconnu que, parmi les matĂ©- riaux dont les diverses parties du corps humain sont composĂ©es , les uns sont semblables entre eux, tandis que d'autres diffĂšrent ; mais ils n'a- vaient Ă  ce sujet que des idĂ©es trĂšs- vagues. Au xvie siĂšcle, Fallope insista davantage sur ces analogies, et il cher- eba mĂȘme Ă  Ă©tablir un systĂšme de classification pour les divers tissus qui concourent Ă  la formation de l'orga- nisme a. Vers le milieu du siĂšcle suivant, Malpighi b et Leeuwen- boeek c, en s'aidant du microscope, abordĂšrent l'Ă©tude de la structure in- time de ces matĂ©riaux constitutifs de l'Ă©conomie animale d. Ils furent sui- vis dans cette voie par quelques autres anatomistes, tels que Muys et Fon- tana e. Haller, par ses recherches expĂ©rimentales , contribua aussi Ă  mettre en Ă©vidence la similitude des propriĂ©tĂ©s physiologiques de certaines parties et les diffĂ©rences qui les distin- guent de quelques autres tissus /". Mais l'Ă©tude comparative de ces divers matĂ©riaux constitutifs de l'organisme et de leur classification naturelle ne prit corps qu'entre les mains de Bichat, dont les recherches sur l'anatomie gĂ©- nĂ©rale font Ă©poque en histologie g. En 1823, BĂ©clard publia un autre a Fallope, Lecliones de partibus similaribus humani corporls liber singularis, 1575. b Voyez lome I, page 41. c Voyez tome I, pige 42. d Les observations microscopiques de Lecmvenlioeek sur divers tissus sont dissĂ©minĂ©es dans un crand nombre d'articles insĂ©rĂ©s tant dans les Transactions philosophiques de la SociĂ©tĂ© royale de Londres que dans les recueils intitulĂ©s Arcana naturƓ dĂ©lecta. Les recherches histologiques de Malpiglii sont consignĂ©es dans son traitĂ© sur la structure des viscĂšres OpĂ©ra omnia, t. II, et dans son travail sur les glandes tOpera posthuma}. e Muys, Investigatio fabricƓ quƓ in partibus musculos componentibus exstat, in-4°. Lugduni Batavorum, 1741. fontana. Observations sur la structure primitive du corps animal TraitĂ© du venin de la VipĂšre, 1781, t. H, p. 187. f Haller, MĂ©moires sur la nature sensible et irritable des parties du corps animal, 4 vol. in-12, 175G. g Bichal, Dissertation sur les membranes et sur leurs rapports gĂ©nĂ©raux d'organisation MĂšm. de la SociĂ©tĂ© mĂ©dicale d'Ă©mulation, t. II. — TraitĂ© des membranes, 1800. — TraitĂ© d' anatomie, gĂ©nĂ©rale, ĂŻ vol. in-8, 1802. HISTOGENÈSE. /{25 nements apportĂ©s au microscope, il y a une trentaine d'annĂ©es, rendirent les recherches de ce genre plus fructueuses, et vers 1838 deux savants allemands, M. Schleiden et M. Schwann, y imprimĂšrent une forte impulsion. Elle a Ă©tĂ© l'objet d'une mul- titude d'observations et d'un nombre presque aussi grand de publications; mais ses progrĂšs n'ont pas Ă©tĂ© aussi considĂ©rables qu'on pourrait le croire au premier abord, car l'interprĂ©tation des faits a Ă©tĂ© trop souvent subordonnĂ©e Ă  des vues thĂ©oriques, et des gĂ©nĂ©ralisations prĂ©maturĂ©es ont mis en circulation plus d'une hypothĂšse dĂ©nuĂ©e de base solide et mĂȘme beaucoup d'idĂ©es fausses. La plupart des questions les plus importantes touchant la genĂšse des diffĂ©rents tissus sont encore entourĂ©es d'une obscuritĂ© profonde, et, dans l'Ă©tat actuel de la science, on ne peut s'en occuper utilement qu'Ă  la condition de discuter Ă  fond tous les Ă©lĂ©ments de conviction pour chaque cas particulier 1. Je ne m'y arrĂȘterai donc que peu ici, me rĂ©servant de revenir traitĂ© d'anatomie gĂ©nĂ©rale, et prĂ©cĂ©- pas heureux 6 aussi ne fais-je men- demment Meckel avait Ă©galement Ă©crit don ici de ce travail que pour ex- sur le mĂȘme sujet ; mais ni l'un ni pliquer pourquoi je ne l'emploierai l'autre de ces auteurs n'ajoutĂšrent pas dans le cours de ces Leçons. Les beaucoup Ă  nos connaissances a. mĂȘmes remarques s'appliquent aux Vers 1823, lorsque l'on commença Ă  autres publications de cette Ă©poque c, employer de nouveau le microscope, 1 MalgrĂ© ces rĂ©serves, je n'en je cherchai Ă  me rendre compte de la reconnais pas moins que les travaux conformation des Ă©lĂ©ments anatomi- de Schwann d et des micrographes ques des diffĂ©rents tissus ; mais les de son Ă©cole font Ă©poque dans l'his- instruments dont je disposais Ă©taient loire de l'histologie, et ont changĂ© si imparfaits, que je ne pouvais me complĂštement la face de cette branche prĂ©server de beaucoup d'illusions des sciences naturelles. C'est principa- d'optique, et mes essais ne furent lement en Allemagne que l'on s'en est a J. Meckel, Handbuch der menseblichen Anatomie, 181G, t. I. — Manuel d'anatomie, traduit par Jourdan et Breschet, 1825, t. I, p. 1 Ă  503. — 1*. BĂ©clard, ElĂ©ments d'anatomie gĂ©nĂ©rale, t823. b Milne Edwards, MĂ©m. sur la structure Ă©lĂ©mentaire des principaux tissus organiques des Animaux Archives gĂ©nĂ©rales de mĂ©decine, 1823, t. III, p. 105. c Treviranus, Ueber die organischen Elementa des thierischen Kbrpers Vermisck'c Schriften , 1810, t. I, p. 117. — Heussinger, Histologie. Eisenach, 1824. d Schwann, Mikroscopischeu l'ntersuchungen iĂŻber die Uebereinstimmung in der Strucktur und dem Wachsthum der Thiere und P/lamen. Berlin, 1838, 1839. — conformitĂ© dĂ©structure et d'accroissement des Animaux et des Plantes. Afin. se. nat., 1812, i. XVII, p. 5 . ThĂ©orie cellulaire de Schwann. fr26 REPRODUCTION. sur plusieurs de ces points Ă  mesure que nous aurons besoin de les Ă©lucider. Suivant M. Schwann, dont les idĂ©es sont assez gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©es en Allemagne, les Ă©lĂ©ments primordiaux de l'organisme seraient pour les Animaux, aussi bien que pour les Plantes, des cellules ou utricules, et ces cellules se formeraient toujours de la maniĂšre suivante. Au sein d'une substance organisable, mais homogĂšne et sans structure, que l'on a appelĂ© cijto- blaslĂšme, une certaine quantitĂ© de matiĂšre vivante se concen- trerait de façon Ă  constituer un nuclĂ©ole autour duquel un nou- veau dĂ©pĂŽt de matiĂšres organiques aurait lieu et donnerait naissance Ă  un corpuscule enveloppant, nommĂ© noyau. Celui-ci serait ensuite entourĂ© d'une nouvelle couche de matiĂšre orga- nique distincte du cytoblastĂšme circonvoisin; des liquides et d'autres matiĂšres introduites, sous cette enveloppe extĂ©rieure s'interposeraient entre elle et la majeure partie de la surface du noyau, de façon Ă  les Ă©loigner entre elles partout, exceptĂ© sur un point oĂč leur adhĂ©rence ne serait pas dĂ©truite. La partie superficielle de ce systĂšme de couches concentriques se solidi- fierait alors de façon Ă  constituer une membrane utriculaire ou cellule qui renfermerait le noyau fixĂ© Ă  sa surface interne, occupĂ©, et, parmi les auteurs qui ont publiĂ© sur ce sujet les travaux les plus importants, je dois citer en pre- miĂšre ligne MM. Valentin, Henle et KĂŽlliker a. Un tableau historique de ces re- cherches et des opinions trĂšs-diverses qui ont Ă©tĂ© soutenues, tant sur la structure que sur la genĂšse des parties Ă©lĂ©mentaires des tissus, se trouve dans le grand ouvrage de M. Mandl, et nous conduit jusqu'en 1847 6; pour l'indication des recherches plus rĂ©centes, je renverrai au traitĂ© d'his- tologie de M. KĂŽlliker, dont nous pos- sĂ©dons en France une bonne traduc- tion, et aux citations que l'on trou- vera dans les pages suivantes de ce livre. a Valenlin , Entwickelungsgeschieht gewebe des menschlichen und thierischen KĂŽrpers Wagner's Handivbrterbtich der Physiol, 1842, t. I, p. 617. — Henle, AUgemeine Anatomie, 1841 ; TraitĂ© d'amtomie gĂ©nĂ©rale, trad. par Jourdan, 1843, 2 vol. — KĂŽlliker, Microscopische Anatomie, 1850-1854 ; — ElĂ©ments d'histologie humaine, 1855. Voyez KĂŽlliker, ÉlĂ©ments d'histologie, p. 77, fig. 32. HISTOGENÈSE. /$5 avons dĂ©jĂ  rencontrĂ©e dans les parois des artĂšres 1. D'autres fois la portion pĂ©riphĂ©rique de ces organites Ă  noyau distinct, ou la substance blastoĂŻde adjacente, se rĂ©sout en filaments plus fins qui sont disposĂ©s en faisceaux, et elle donne ainsi nais- sance au tissu conjonctif, dont nous avons dĂ©jĂ  vu la disposition gĂ©nĂ©rale 2. Ces faisceaux de fibrilles, d'une consistance molle, affectent d'ordinaire la forme de brides ou de lamelles qui s'entrecroisent irrĂ©guliĂšrement de façon Ă  circonscrire des espaces ou lacunes occupĂ©es par des liquides, et Ă  rĂ©unir entre eux les organes adjacents 3. Le tissu arĂ©olaire ainsi produit peut se condenser en forme de lame membraneuse, sans cesser d'offrir la structure feutrĂ©e dont je viens de parler ; mais d'autres fois ses fibrilles Ă©lĂ©mentaires se disposent en faisceaux parallĂšles, et, en se consolidant, deviennent les matĂ©riaux con- stitutifs des tissus tendineux et aponĂ©vrotiques dont l'Ă©tude nous occupera plus tard. La totalitĂ©, ou tout au moins la majeure partie de la substance constitutive de ces tissus fibrillaires ne parait pas affecter la forme d'utricules avant d'acquĂ©rir sa structure caractĂ©ristique, et, dans beaucoup de cas, son mode d'organisation dĂ©finitif ne me semble pas pouvoir ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dĂ©pendant de l'influence bistogĂ©nique des corpuscules Ă©pars que l'on appelle communĂ©ment les noyaux. Je pense aussi que le dĂ©veloppe- ment des cellules proprement dites n'est pas nĂ©cessairement liĂ© Ă  la prĂ©existence de ces noyaux, et peut se aire par un autre procĂ©dĂ©. En effet, chez les Animaux infĂ©rieurs, on voit souvent des vacuoles se creuser dans la substance sarcodique amorphe lĂ  oĂč rien n'indique la prĂ©sence d'un noyau de ce genre, et parfois les cavitĂ©s pratiquĂ©es de la sorte se tapissent d'une couche membraniforme qui devient bien distincte du 1 Voyez lome III, page 513. je l'enverrai aux traitĂ©s spĂ©ciaux d'his- 2 Voyez tome IV, page 399. tologie les plus rĂ©cents, notamment Ă  3 Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, celui de M. KĂŽllikcr. /3G REPRODUCTION. tissu circonvoisin. C'est ainsi, et non par la formation d'utri- cules qui deviendraient ensuite confluentes, que chez les Spon- giaires le systĂšme des canaux aquileres se constitue, et il me paraĂźt bien probable que, dans certains cas, des utricules peu- vent naĂźtre de la mĂŽme maniĂšre au milieu de la substance blastoĂŻde. Dans toute la famille naturelle de tissus dont nous nous occu- pons ici, c'est-Ă -dire dans les tissus cartilagineux, osseux et fibreux que l'on peut rĂ©unir sous le nom commun de tissus sclĂ©reux 1, ainsi que dans le tissu connectif et ses dĂ©rivĂ©s, les organites primordiaux, soit qu'ils affectent la forme d'utri- cules, soit qu'ils consistent en sphĂ©rules ou autres agrĂ©gats dĂ©pourvus d'une enveloppe membraneuse ou paroi distincte, n'occupent en gĂ©nĂ©ral que peu de place, et la majeure partie de la substance organisĂ©e appartient Ă  la matiĂšre inlermĂ©diaire ou inlercellulaire. C'est cette matiĂšre qui donne Ă  ces tissus leurs caractĂšres les plus importants, tant au point de vue ana- tomique et physiologique que sous le rapport de leur composi- tion chimique ; et Ă  ce sujet, je ne dois pas omettre de dire que les principaux tissus sclĂ©reux, de mĂȘme que le tissu conjonctif et ses dĂ©rivĂ©s membraniformes,ont cela de particulier que, sou- mis Ă  l'action de l'eau bouillante, ils fournissent de la gĂ©latine, matiĂšre que les autres tissus organiques ne sont pas susceptibles de produire. Il est aussi Ă  noter que tous ces tissus sont plus ou moins aptes Ă  se supplĂ©er mutuellement dans la constitu- tion des ĂȘtres organisĂ©s, et que des phĂ©nomĂšnes d'ossification peuvent se dĂ©velopper dans chacun d'eux. § H. — Des organites d'un autre ordre sont les fibres mus- muscuiahe. cuiajreSj parties dont la substance est formĂ©e essentiellement du 1 Celte dĂ©nomination a Ă©tĂ© employĂ©e Ă  peu prĂšs dans la mĂȘme acception par quelques anatomistes a. fa Laurent, MĂ©m. sur les tissus animaux en gĂ©nĂ©ral, el sur les tissus Ă©lastiques eteontrac- 'Ues eu particulier Ami françaises et Ă©trangĂšres d'anatomie, 4837, 1. 1, p. j7. Tissu HISTOGENÈSE. /jÂŁ7 principe immĂ©diat albuminoĂŻde appelĂ© fibrine, que nous avons dĂ©jĂ  rencontrĂ© dans le plasma du sang 1. Ils sont caractĂ©risĂ©s aussi par leurs propriĂ©tĂ©s contractiles, et ils affectent toujours la forme de cylindres ou de corpuscules allongĂ©s et attĂ©nuĂ©s aux deux bouts en maniĂšre de fuseau. On distingue souvent dans ces fils en voie de dĂ©veloppement, ou mĂȘme chez ceux qui sont arrivĂ©s Ă  l'Ă©tat parfait, un ou plusieurs corpuscules intĂ©- rieurs analogues Ă  ceux dont il a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  si souvent question sous le nom de noyaux, et la plupart des histologistes les con- sidĂšrent comme Ă©tant des cellules ; mais ils ne me paraissent avoir jamais une structure nettement utriculaire, et la substance qui entoure leur noyau me semble d'abord homogĂšne, puis disposĂ©e Ă  se fractionner, soit longitudinalement, en fibrilles, soit transversalement, en disques superposĂ©s. Dans une pro- chaine leçon, nous reviendrons sur l'histoire de ce tissu, et nous en Ă©tudierons la structure. § 12. — Enfin, le tissu nerveux est Ă©galement distinct de tous les prĂ©cĂ©dents; il est toujours riche en principes albumi- noĂŻdes et en matiĂšres grasses d'une nature particuliĂšre, et il affecte tantĂŽt la forme d'utricules, tantĂŽt celle de fibres ou cylindres, comme nous le verrons par la suite. § 13. — Les divers organites que nous venons de passer HĂ to^Ă©* en revue sont susceptibles de naĂźtre de diffĂ©rentes maniĂšres. Ainsi que nous l'avons dĂ©jĂ  vu, les cellules ou les sphĂ©rulcs pleines qui les constituent peuvent apparaĂźtre isolĂ©ment et libres au milieu de la matiĂšre blastĂ©mique 2 ; mais en gĂ©nĂ©ral ils se 1 Voyez tome I-, page 157. d'aprĂšs MM. Lebert et PrĂ©vost les 2 Dans certains cas, les granules cellules constilutives du tissu pse'udo- dementaires qui sont les points de dĂ©- chondrique de la corde dorsale ne part de ce phĂ©nomĂšne histogĂ©niquepa- seraient autre chose que les corpus- raisscnt avoir pris naissance dans TiniĂ©- cules contenus dans les globules or- neur d'un organite dont la destruction ganoplastiques de l'Ɠuf, qui mis en a prĂ©cĂ©dĂ© leur mĂ©tamorphose. Ainsi, libertĂ© par la destruction dĂšs parois vm. 30 TÏ-SII nerveux. /38 REPRODUCTION. multiplient par suite de la scission d'un organite prĂ©existant 1, ou d'une portion de cet organite contenue dans l'intĂ©rieur de la vĂ©sicule mĂšre, lorsque ce corpuscule a une structure utricu- laire 2. Ce phĂ©nomĂšne a la plus grande analogie avec celui du fractionnement de la substance germinale de l'Ɠuf, ou de la production des cellules vitellines, et probablement il n'en diffĂšre pas. Dans le tissu cartilagineux, il est souvent assez facile Ă  observer 3. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit plus d'une fois, c'est dans l'intĂ©rieur de ces divers organites que les princi- paux phĂ©nomĂšnes du travail nutritif paraissent avoir leur siĂšge; mais il y a lieu de penser que dans certains cas ils peuvent agir d'une maniĂšre analogue sur les substances adjacentes et en modifier les propriĂ©tĂ©s h. de ces vĂ©sicules, se dĂ©velopperaient de façon Ă  devenir eux-mĂȘmes des utri- cules a. 1 Par exemple, pour la multiplica- tion des globules du sang chez l'em- bryon 6. 2 M. Kanstein a cherchĂ© Ă  Ă©tablir que la multiplication des cellules est toujours endogĂšne; que l'utricule se formerait d'abord, puis produirait le noyau, qui serait aussi une cellule, et qui donnerait naissance Ă  une autre cellule incluse, ou nuclĂ©ole c. Dans certains cas, des emboĂźtements de ce genre ont lieu, mais aujourd'hui per- sonne ne pourrait admettre que le travail cytogĂ©nique s'effectue toujours de la sorte. 3 Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je me bornerai ici Ă  renvoyer aux ouvrages spĂ©ciaux sur l'histo- logie qui ont paru rĂ©cemment d. La multiplication endogĂšne des cellules a Ă©tĂ© observĂ©e aussi d'une maniĂšre bien nette dans les corpuscules splĂ©- , niques, dont l'Ă©tude nous a occupĂ©s dans une prĂ©cĂ©dente Leçon e. Zi M. Kemak pense que toutes les cellules ont deux membranes tĂ©gu- mentaires /", et M. KĂŽlliker, sans ad- mettre cette gĂ©nĂ©ralisation, admet que dans certains cas les utricules peuvent se revĂȘtir d'une enveloppe secondaire par l'effet d'une sorte de sĂ©crĂ©tion ex- tĂ©rieure g. a PrĂ©vost et Lebert, MĂ©m. sur le dĂ©veloppement des organes de la circulation Ann. des sciences nat., 3' sĂ©rie, 1844, t. I, p. 204. b Voyez tome I, page 342. c H. Kanstein, De cella vitali. Berlin, 1843. dMandl, Anatomie, microscopique, t. II, p. 33 et suiv. — KĂŽlliker, TraitĂ© d'histologie, p. 23 et suiv. e Voyez tome VII, page 249. 0 Remak, Ueber runde Blutgerinnsel und Ă»ber pigmentkugelhaltige Zellen MĂ»Uer's Archiv fur Anat. und Physiol, 1852, p. U5. g KĂŽlliker, Op. cit., p. 41 HISTOGENÈSE. fr39 § ld. — Les matĂ©riaux primaires de l'organisme ne se prĂ©- Ti„u3 sentent que rarement seuls ; presque toujours deux ou plusieurs fCcondaircs s'associent plus ou moins intimement pour constituer ce que l'on pourrait appeler des tissus secondaires. Ainsi, le tissu con- nectif et ses dĂ©rivĂ©s se trouvent mĂȘles au tissu musculaire ainsi qu'au tissu nerveux, dans presque tous les instruments physiologiques constituĂ©s par l'une ou l'autre de ces substances, et, dans beaucoup de membranes telles que plusieurs de celles dont l'Ă©lude nous a dĂ©jĂ  occupĂ©s fi, le tissu connectif, le tissu blasloĂŻde et le tissu utrieulairc sont rĂ©unis. 11 en rĂ©sulte que la classification des tissus n'est pas aussi rigoureuse qu'on pour- rait le croire au premier abord. Mais, en gĂ©nĂ©ral, on peut rapporter chacun de ces tissus plus ou moins complexes Ă  celui des Ă©lĂ©ments anatomiques qui domine dans sa composition. § 15. — En rĂ©sumĂ©, nous voyons que les matĂ©riaux anato- cbMiflcaon nuques, soit primaires, soit secondaires, employĂ©s par la iNature primiufc. dans la constitution du corps des Animaux, et devant par con- sĂ©quent ĂȘtre produits par l'organisme en voie de dĂ©veloppe- ment, peuvent ĂȘtre rangĂ©s en cinq classes principales, savoir 1° Les tissus sarcodiques, qui sont amorphes, au moins en apparence. 2° Les tissus utriculaircs, caractĂ©risĂ©s par la forme vĂ©sicu- laire de leurs organites, et douĂ©s ordinairement de la facultĂ© de sĂ©crĂ©ter dans l'intĂ©rieur de ces cellules des matiĂšres spĂ©ciales. o° Les tissus conjonetifs et selĂ©reux, qui consistent en tra- bĂ©culcs, en filaments ou en une substance arĂ©olaire, qui sont d'ordinaire susceptibles de se transformer en gĂ©latine, et qui 1 Par exemple, les membranes pĂ©ricarde 6 ou la plĂšvre c, et les sĂ©reuses, telles que le pĂ©ritoine a, le membranes muqueuses d, la peau, etc. Voyez tome VI, page b. Voyez loine II, pa^e -iU'J. r. Voyez lonio III, page 3 Ăź 1 . d Voyez tome VI, page 7. lillO REPRODUCTION. servent principalement comme moyen d'union ou de consoli- dation. k° Le tissu musculaire, qui se compose de fibres contractiles, et qui est formĂ© principalement de fibrine. 5° Le tissu nerveux, qui se compose de iĂźls cylindriques en connexion avec des cellules particuliĂšres. Du reste, en Ă©tudiant ces parties constitutives du corps des Animaux, il ne faut jamais oublier que ceux-ci sont des associa- tions d'une multitude d'individus qui sont autant de foyers de puissance physiologique. Lesorganites Ă©lĂ©mentaires de l'Ă©cono- mie animale, cellules, sphĂ©rules, globules ou fibres, quel que soit le nom sous lequel on les dĂ©signe et la forme qu'ils affec- tent, ont chacun une vie qui leur est propre; chacun s'accroĂźt, se nourrit, agit conformĂ©ment Ă  sa nature particuliĂšre, puis meurt d'une maniĂšre plus ou moins indĂ©pendante de ses coas- sociĂ©s ou de l'espĂšce de compagnie formĂ©e par l'union de tous. La comparaison que j'ai souvent employĂ©e au commencement de ces Leçons, pour donner une idĂ©e du mode de constitution des ĂȘtres animĂ©s, est applicable Ă  ces parties Ă©lĂ©mentaires aussi bien qu'aux instruments plus complexes que nous avons appelĂ©s organes ou appareils. Ce sont tous des ouvriers qui travaillent ensemble, soit d'une façon identique, soit de mille maniĂšres diffĂ©rentes, et dont l'association reprĂ©sente une sorte d'usine qui a son individualitĂ©, son existence propre et son rĂŽle dans la sociĂ©tĂ© ; qui renouvelle peu Ă  peu son personnel sans changer de caractĂšre; qui grandit ou dĂ©pĂ©rit suivant les circonstances; qui se transforme parfois; qui peut perdre plusieurs bras sans interrompre ses travaux, mais qui s'arrĂȘte et meurt quand un trop grand nombre de ses membres, ou mĂȘme certains d'entre eux seulement cessent de remplir leurs fonctions. Tout Animal est une association d'organes vivants qui rĂ©agissent les uns sur les autres, et tout organe est Ă  son tour une assoeintion d'individualitĂ©s ou organiles qui fonctionnent en commun , HISTOGBNÈSE. /^l mais qui ont chacun une vie qui leur est propre. Ces orga- nises ne paraissent diffĂ©rer que peu d'un Animal Ă  un autre, mais leur mode d'association varie, et c'est surtout Ă  raison des diffĂ©rences dans les combinaisons de ces associations Ă  divers degrĂ©s que chaque espĂšce zoologique possĂšde des pro- priĂ©tĂ©s et des caractĂšres anatomiques qui lui sont propres. Ces particularitĂ©s ne sont que faiblement indiquĂ©es au dĂ©but de l'existence de l'ĂȘtre vivant, mais elles se prononcent de plus en plus Ă  mesure que celui-ci se dĂ©veloppe et se perfectionne, ainsi que nous le verrons bientĂŽt lorsque nous Ă©tudierons l'Ă©vo- lution de l'embryon. § 16. — Ces notions gĂ©nĂ©rales Ă©tant acquises, nous aborde- rons l'histoire particuliĂšre, de la reproduction dans chacun des principaux groupes zoologiques. Mais ici il me paraĂźt utile de ne pas suivre la marche adoptĂ©e dans la premiĂšre partie de ce cours pour l'Ă©tude des fonctions de nutrition, et au lieu de commencer par les rangs infĂ©rieurs du RĂšgne animal, je prendrai d'abord en considĂ©ration l'embranchement des VertĂ©brĂ©s, car c'est lĂ  seulement que nos connaissances sont arrivĂ©es Ă  un degrĂ© de perfection suffisant pour nous per- mettre d'ĂȘtre Ă  la fois bref et positif. SOIXANTE -QUINZIÈME LEÇON. De l'appareil de la reproduction et de ses produits chez les Animaux vertĂ©brĂ©s ovipares. caractĂšres fi ^ — Dans l'embranchement des VertĂ©brĂ©s, la reproduc- crĂąnuvmw V gĂ©nĂ©raux de rappareii tion est toujours sexuelle ; la multiplication des individus n a reproducteur . , .. ^s jamais lieu ni par gemmation, ni par scissiparitĂ©, et le travail VertĂšbres gĂ©nĂ©sique fondamental est toujours localisĂ© dans deux organes glandulaires dont les produits sont rĂ©ciproquement complĂ©- mentaires un ovaire et un testicule. Toujours, ou tout au moins presque toujours, ces organes essentiels ne coexistent pas chez le mĂȘme Animal 1 ; les sexes sont sĂ©parĂ©s , mais il y a une analogie remarquable entre l'appareil mĂąle et l'appareil femelle. Ils se composent de parties correspondantes dont la similitude est d'autant plus grande, que leur structure est plus simple; et dans les rangs infĂ©rieurs de ce groupe zoologique, de mĂȘme que chez divers Animaux invertĂ©brĂ©s, la ressem- blance est si parfaite entre le mĂąle et la femelle, que pour reconnaĂźtre les sexes, il faut avoir recours Ă  l'examen des pro- duits gĂ©nĂ©siques lorsque ceux-ci sont dĂ©jĂ  arrivĂ©s Ă  un certain degrĂ© de maturitĂ©. Ainsi, chez les Poissons de la famille des Lamproies, les organes mĂąles ne peuvent ĂȘtre distinguĂ©s des organes femelles, ni chez les jeunes individus, ni chez les adultes, lorsque ces organes ne sont pas dans une pĂ©riode d'activitĂ© fonctionnelle, et Ă  l'Ă©poque du frai ils ne sont diffĂ©- renciĂ©s que par les Ɠufs, qui se dĂ©veloppent dans les uns, et la laitance ou liqueur sĂ©minale, qui se forme dans les autres 2. 1 Voyez ci-dessus, page 370. plusieurs anatomistes ont mĂ©connu le 2 C'est Ă  cause de cette similitude caractĂšre dioĂŻque des Lamproies, et ont entre les ovaires et les testicules que considĂ©rĂ© ces Poissons comme Ă©tant APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES VERTÉBRÉS. 4/3 Du reste, chez tous les VertĂ©brĂ©s, mĂŽme chez ceux des rangs les plus Ă©levĂ©s, il paraĂźt en ĂȘtre de mĂȘme jusqu'Ă  une certaine pĂ©riode de la vie de l'embryon. Lorsque les organes de la reproduction commencent Ă  se constituer chez celui-ci, les caractĂšres sexuels ne s'y montrent pas encore, et c'est en employant un fonds commun que la Nature produit tantĂŽt un maie, d'autres fois une femelle. Ainsi, dans l'espĂšce humaine aussi bien que chez le Poulet, les organes gĂ©nitaux tant extĂ©- rieurs qu'internes sont d'abord identiques en apparence chez tous les embryons , et c'est seulement Ă  une certaine pĂ©riode de leur dĂ©veloppement qu'ils deviennent plus ou moins dis- semblables chez le mĂąle et la femelle 1. Chez tous les Animaux de cet embranchement, les organes essentiels de la reproduction, c'est-Ă -dire les ovaires chez la hermaphrodites a, opinion qui fut combattue par Magendie et Desmoulins, et qui est aujourd'hui reconnue fausse b. A l'Ă©poque du frai avril et mai, les ovaires sont remplis d'Ɠufs dont le vitcllus est jaunĂątre et les tes- ticules regorgent d'un liquide sperma- tiquc blanchĂątre renfermĂ© dans des vĂ©sicules ; mais aprĂšs l'Ă©vacuation de ces produits gĂ©nĂ©siques, les organes reproducteurs perdent leurs caractĂšres distinctifs, et les sexes deviennent de nouveau trĂšs-difficiles Ă  reconnaĂźtre6. 1 Les observations de M. Kobelt tendent mĂȘme Ă  Ă©tablir que, dans la premiĂšre pĂ©riode du dĂ©veloppement de l'appareil gĂ©nital, il y a uniformitĂ© de composition chez tous les individus, et que les diffĂ©rences s'introduisent plus tard par suite de l'atrophie de certaines parties et du dĂ©veloppement considĂ©rable de quelques autres, sui- vant que l'embryon se caractĂ©rise comme mĂąle ou comme femelle c. Je reviendrai sur ce sujet lorsque je traiterai des organes de la gĂ©nĂ©ration chez les Batraciens, les Oiseaux et les .MammifĂšres. a Home, On the Mode of GĂ©nĂ©ration of the Lamprey and Myxine Philos. Tram., 1815, p. 266. — Lectures on Compar. Anat., t. IV, pi. 143, fit,'. 1. b Magendie et Desmoulins, Note sur l'anatomie de la Lamproie Journal de physiologie expĂ©ri- mentale, 1822, t. II, p. 234. — Mayer, Analekten zur vergleichenden Anatomie, 1835, p. 8. — Panizza, Sulla Lampreda marina Mem. dell'Instiluto Lombardo. Milano, 1845, c II p. 25. — Schleusser, De Petromyzontum et Angnillarum sexu. Dorpat, 1848. — Yogt et I'appenheim, Recherches sur l'anatomie comparĂ©e des organes de la gĂ©nĂ©rathn Ann. des sciences nat., 4' sĂ©rie, 1859, t. XI, p. 368. c Kobelt, Der Neben-Eierstock des Weibes. Heidelberçr, 1847. Ixkk REPRODUCTION. femelle, et les testicules chez le mĂąle, sont logĂ©s dans la cavitĂ© abdominale ou dans des dĂ©pendances de celte chambre viscĂ©- rale 1, et sont recouverts en totalitĂ© ou en partie par le pĂ©ri- toine 2. Toujours aussi les produits de ces glandes sont Ă©vacuĂ©s par des orifices qui sont situĂ©s dans le voisinage de l'anus et des ouvertures par lesquelles l'urine s'Ă©chappe au dehors, ou qui se confondent mĂȘme avec ces Ă©monctoires. D'ordinaire toute la portion profonde de l'appareil est double et symĂ©trique chez la femelle aussi bien que .'liez le mĂąle, et lorsque celte dis- position n'existe pas, la symĂ©trie rĂ©sulte de l'atrophie de l'une des moitiĂ©s plus frĂ©quemment que d'un phĂ©nomĂšne de coalescence ; mais pour les parties extĂ©rieures et celles qui les avoisinent, il en est souvent autrement, et ces organes sexuels, tout en restant symĂ©triques, deviennent impairs et mĂ©dians. Les diffĂ©rences qu'on y remarque sont nombreuses et importantes , mais elles rĂ©sultent principalement des divers degrĂ©s de complication amenĂ©s par le perfectionnement crois- sant de cet ensemble d'instruments physiologiques. Elles n'af- fectent que peu les parties fondamentales de ce double appareil, c'est-Ă -dire les ovaires et les testicules ; elles portent pour la plupart sur des parties dont le rĂŽle est secondaire, notamment sur les organes qui concourent Ă  assurer l'utilisation des pro- duits gĂ©nĂ©siques, soit en les conduisant au dehors ou en leur 1 Ainsi que nous le verrons bien- testicules, se prolongent trĂšs-loin pos- tĂŽt, les bourses qui logent les testi- tĂ©rieurement, dans l'Ă©paisseur de la cules chez la plupart des MammifĂšres queue ,‱ sous la colonne vertĂ©brale, sont des appendices de la cavitĂ© abdo- mais l'espace qui les y loge est aussi minale. une dĂ©pendance de la cavitĂ© abdomi- Chez les Poissons de la famille des nale. Pleuronectes, les ovaires, ainsi que les 2 Voyez tome VI, page h. a Exemples Pleuronectes flesus ; voy. Carus et Otto, Tabules Analomiam comparalivam illustrantes, pars v, pi. A, fig-, 1. — Solea vulgaris ; voy. Hyrtl, BeitrĂąge %ur Morphologie der Urogenilal-Organe der Ftsche {Denkschrifl der Wiener wissensch. Acad., 1850, t. I, pi. 53, lig. i. Appareil reproducteur des Poissons. APPAREIL DR LA GÉNÉRATION DES POISSONS. fr/5 fournissant des matiĂšres complĂ©mentaires, soit en facilitant le phĂ©nomĂšne de la fĂ©condation, ou bien encore en contribuant Ă  la rĂ©alisation des conditions nĂ©cessaires au dĂ©veloppement des jeunes. § 2. — Dans la classe des Poissons, l'appareil gĂ©nital femelle est parfois d'une simplicitĂ© extrĂȘme, et il ne prĂ©sente jamais une complication bien grande 1. 11 affecte d'ailleurs trois formes diffĂ©rentes tantĂŽt il n'est constituĂ© que par les ovaires, et l'Ă©vacuation des Ɠufs n'est confiĂ©e Ă  aucun organe spĂ©cial, mais s'effectue par l'intermĂ©diaire de la chambre viscĂ©rale commune; d'autres fois il existe un oviducte, mais ce conduit n'est formĂ© que par une portion de l'ovaire qui est disposĂ©e en maniĂšre de sac et s'ouvre au dehors ; enfin, dans d'autres cas, la division du travail physiologique est poussĂ©e plus loin, et il existe un oviducte spĂ©cial qui est indĂ©pendant de l'ovaire. \jAmphioxus est de tous les Animaux vertĂ©brĂ©s celui dont Amphioxu l'appareil reproducteur est le moins perfectionnĂ©. Les ovaires de la femelle, de mĂȘme que les testicules du mĂąle, sont atta- chĂ©s Ă  la voĂ»te de la grande cavitĂ© viscĂ©rale, de chaque cĂŽtĂ© du plan mĂ©dian du corps. Ils sont fermĂ©s de tous cĂŽtĂ©s et recouverts par le pĂ©ritoine; aucun tube n'en part pour con- duire les Ɠufs au dehors, et ces corps, lorsqu'ils sont arrivĂ©s 1 L'appareil de la reproduction des Poissons a Ă©tĂ© l'objet de plusieurs travaux anatomiques trĂšs-importants, parmi lesquels je citerai en premiĂšre ligne ceux de Cavolini, de Raihke de M. Hyrtl, de MM. Vogt et Pappen- heim, de M. Lereboullet et de M. Mai- tin Saint-Ange a. a Cavolini, Memoria sulla generazione dei Pesci e dei Granchi. Napoli, 1787. — Ralhke, Ueber die Geschlechtstheile der Fische BeitrĂ ge zur Geschichte der Tltierwelt, 1824, t. II, p. 117 Ă  210, pi. 5. — Ueber das El einiger Lachsarten Meckel's Archiv fiir Ana- lomie, 1832, p. 392. — Zur Analomie der Fische Muller's Archiv, 1836, p. 170. — Hyrtl, Op. cit. MĂ©m. Je l'Acad. des sciences de Vienne, 1850, t. I, p. 391, pi. 52 et 53. — Vogt et Pappenbeim, Op. cit. Ann. des sciences nat., 4* sĂ©rie, t. XI, p. 331. — Lereboullet, Recherches sur les organes gĂ©nitaux des Animaux vertĂ©brĂ©s Sova Acta Acad. nat. curios., t. XXIII. — Martin Saint-Ange, Etude de l'appareil reproducteur dans les cinq classes d'Animaux vertĂ©brĂ©s MĂ©m. de l'Acad. des sciences, Savants Ă©trangers, t. XIV. Lamproies, eto /j/l6 REPRODUCTION. Ă  maturitĂ©, s'en dĂ©tachent et tombent dans la cavitĂ© de l'abdo- men, oĂč ils restent en libertĂ© jusqu'Ă  ce qu'ils soient entraĂźnĂ©s au dehors par le courant expiratoire qui vient des branchies et se dirige vers le pore abdominal situĂ© dans le voisinage de l'anus 1. La chambre viscĂ©rale, qui est destinĂ©e essentiel- lement Ă  loger l'appareil digestif, remplit donc ici trois fonc- tions diffĂ©rentes ; tout en servant Ă  protĂ©ger les viscĂšres, elle fait office de conduit expirateur et d'oviducte *2. Chez le mĂąle, la liqueur sĂ©minale suit la mĂȘme route et s'Ă©chappe aussi par le pore abdominal 3. Un degrĂ© de plus dans la division du travail physiologique se fait remarquer chez les Lamproies et les autres Cyclostomes. Chez ces Poissons, c'est aussi la cavitĂ© pĂ©ritonĂ©ale qui tient lieu d'oviducte et de conduit excrĂ©teur delĂ  semence, mais celte cavitĂ© n'est plus mise Ă  contribution pour le service delĂ  respi- ration ; le courant formĂ© par l'eau expirĂ©e s'Ă©chappe au dehors sans pĂ©nĂ©trer dans l'abdomen, et les orifices qui font com- muniquer le sac pĂ©ritonĂ©al avec l'extĂ©rieur sont spĂ©cialc- 1 Voyez tome II, page 201. 2 Les ovaires de VAmphioxus oc- cupent toute la longueur de la cavitĂ© abdominale, en arriĂšre de l'appareil respiratoire; ils sont pourvus d'une tunique propre, et la portion du pĂ©ri- toine qui les recouvre est d'une cou- leur brunĂątre. Les Ɠufs sont faciles Ă  voir Ă  l'Ă©tat de libertĂ© dans la cavitĂ© abdominale, et leur sortie par l'orifice expirateur a Ă©tĂ© souvent constatĂ©e. Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je ren- verrai aux publications dont VAm- phioxus a Ă©tĂ© l'objet il y a une vingtaine d'annĂ©es a. u Les premiĂšres observations sur la liqueur sĂ©minale de VAmphioxus sont dues Ă  M. Kulliker, qui a donnĂ© des figures des spermatozoĂŻdes de cet animal 6. a Costa, Cenni zoologicƓ, p. 49. — Yarrel, Hist. of British Fishes. t. II, p. O20. — Relzius, voyez Bericht der Akad. der WUsensth. zu Berlin, 1839. — Ralhke, Bemerkungen ĂŻiber den Bau des Amphioxus lanceolaliis, 1841 , p. 25. — J. MĂčller, Ueber den Bau und die Lebenserscheinung des Branchiostoma lubricum Costa ; Ampliioxuslanceolatus Yan Me m. de l'Acad. de Berlin pour 1842, p. 79. — Quatrefages, MĂ©m. sur le systĂšme nerveux, etc., de /'Ampliioxus 4!». des scienres nat., 8sĂ©rie,*1845, t. IV, p. 207. 6 KĂŽlliker,;f/e6er das Gernchsorgan von Amphioxus Miillor's Archiv fur Anat. und PhysioL, 1843, p. 32, pi. 2, fiÂŁ. 3 APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES POISSONS. kkl ment affectĂ©s Ă  l'excrĂ©tion des produits de la gĂ©nĂ©ration 1. L'ovaire, logĂ© dans un repli du pĂ©ritoine et suspendu ainsi Ă  la voĂ»te de la chambre viscĂ©rale, au-dessous des reins, affecte la forme d'un ruban froncĂ© et repliĂ© sur lui-mĂȘme transversa- lement d'une maniĂšre trĂšs-irrĂ©guliĂšrc. Il s'Ă©tend depuis le voi- sinage de la tĂȘte jusqu'auprĂšs de l'anus, et, Ă  l'Ă©poque de la reproduction, les Ɠufs, en nombre trĂšs-considĂ©rable, se dcve- 1 Ce mode d'Ă©vacuation des Ɠufs chez la Lamproie a Ă©tĂ© trĂšs- bien indiquĂ© par DumĂ©ril. Il avait Ă©tĂ© observĂ© aussi par limiter et par Home a. Plus rĂ©cemment, la dispo- sition de 'appareil de la reproduction de ces Poissons et des autres Cyclo- stomesa Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e d'une maniĂšre plus approfondie par Kalhke, J. Millier et quelques autres anatomistea l>. Chez les MyxĂŻnes c et les Bdcllo- stomes d, l'appareil de la gĂ©nĂ©ration est constituĂ© de la mĂȘme maniĂšre que chez les Lamproies. L'ovaire est ren- fermĂ© dans une longue bande du pĂ©ri- toine qui est situĂ©e du cĂŽtĂ© droit de l'in- testin, et qui prĂ©sente un grand nombre de replis transversaux. Les Ɠufs tom- bent dans la cavitĂ© pĂ©ritonĂ©ale, et sont Ă©vacuĂ©s par les pores abdomi- naux, qui, situĂ©s sur les cĂŽtĂ©s du rec- tum, vont dĂ©boucher au devant des oriliecs des uretĂšres , dans le mĂ©at gĂ©nitO-urinaire placĂ© derriĂšre l'anus. Chez le Lamproyon, les pores abdo- minaux sont si petits, que pendant longtemps ils ont Ă©chappĂ© aux recher- ches des anatomistes e. Ils se trou- vent de chaque ĂčtĂ© de l'anus entre cette ouverture et le repli de la peau qui l'entoure /". Chez les Myxines, les canaux pĂ©ri- tonĂ©aux qui servent Ă  l'Ă©vacuation des Ɠufs sont Ă©galement rudimentaircs ; mais, au lieu de dĂ©boucher isolĂ©ment sur les cĂŽtĂ©s de l'anus, ils se rĂ©unis- sent Ă  un orifice commun situĂ© sur la ligne mĂ©diane entre l'anus et les ori- fices urinaires, dans la fente cloa- cale [g. a C. DumĂ©ril, Dissert, sur la famille des Poissons cyclostomes, suivie d'un MĂ©moire sur l'ana- lomie des Lamproie s, in-8, 1812, p, 85. — Hunier ; voy. The Descript. and Illustr. Catalogue of the Physiol. SĂ©ries ofComp. Anat. contained in the MusĂ©um of the R. CollĂšge of Surgeons of London, t. IV, pi. 59. — Home, Lectures on Comparative Anatomy, t. IV, pi. 143, tig-, 3. b Piallike, Benurkungen Ăčber den innern Bau des Querders Ammoceles branchialis und des kleinen Neunauges Pelromyzon I'ianeri Beitrage sur Geschichte der Thierwelt, 1827, t. IV, p. 94, pi. 2, fig. 7 et 8. c Miiller, Untersuchungen Ăčber die Eingewe'ule der Fische, 1845 MĂ©m. de l'Acad. des sciences de Berlin pour 1843. — Martin Saint-Ange, Op. cit., p. 155, pi. 15, lig. 2 ut 3. Duvernoy avait cru pouvoir con- est biloculaire. dure de ses observations que chez les 3 Les Rhinobates, les Myliobates, Poissons osseux vivipares, l'ovaire est les PtĂ©roplatĂ©es /, les Torpilles g, en gĂ©nĂ©ral impair, et il cita comme les Anges, etc. a Schonevelde, Ichthyia et nomenel. Animal, quƓ in ductibus Slesvici et Holsatix occurrunt i 024. bj Rathke, Abhandl. &ur Blld. u. Entwick. Gesch., t. II, p. 1. c Cu\ier, Leçons d'anatomĂŻe comparĂ©e, 2" Ă©dit., t. VIII, p. 67. d Hyrtl, Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. de Vienne, 1. 1, p. 398. e Home, Lectures on Compar. Anat., Suppl., t. VI, pi. 53, fig-. 2 et 3. f J. Davy, Exper. and Obs. on the TorpĂ©do [Research. Physiol. and Anat., pi. 2, fig. 1 2, 3. g Bruch, Sur l'appareil de la vĂ©nĂ©ration chez les SĂ©laciens, pi. 4, 7, 10, mĂąle. 468 REPRODUCTION. Émissoles ou MustĂšles, et dans la partie correspondante Ă  l'in- sertion du placenta fƓtal, ce naturaliste a trouvĂ© sur les parois de l'utĂ©rus un Ă©paississement vasculaire fort semblable aux cotylĂ©dons utĂ©rins que nous verrons se dĂ©velopper dans la ma- trice des MammifĂšres ordinaires 1. Appareil § h. — L'appareil mĂąle ne diffĂšre que peu de l'appareil femelle chez les Cyclostomes, et mĂȘme chez la plupart des Poissons osseux. Chez les premiers, les testicules, ainsi que les ovaires, n'ont pas de canal Ă©vacuateur, et la laitance nom sous lequel on dĂ©signe communĂ©ment la liqueur sĂ©mi- nale des Animaux de cette classe tombe dans la cavitĂ© abdomi- nale pour s'Ă©chapper ensuite parles pores pĂ©ritonĂ©aux 2. Mais chez les Poissons osseux, oĂč l'appareil femelle prĂ©sente aussi ce genre d'imperfection, l'appareil mĂąle est mieux constituĂ©, et les testicules sont mis en communication avec l'extĂ©rieur au moyen d'un conduit spĂ©cial 3. Enfin, chez les Plagiostomes, l On doit Ă  J. Miiller, non-seule- de leur extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure longe ment des observations trĂšs-importantes l'intestin, et va se rĂ©unir Ă  son congĂ©- sur ce sujet, mais aussi un exposĂ© nĂšre, prĂšs de l'anus. Le canal Ă©jacu- trĂšs-complet de tous les faits prĂ©cĂ©- latoire ainsi formĂ© dĂ©bouche au de- demment introduits dans la science hors, entre l'anus cl le mĂ©at uiĂŻnaire. relative Ă  la reproduction vivipare des Chez le mĂąle, les pores abdominaux Squales. Je renverrai donc Ă  son n'existent pas et le pĂ©ritoine forme un mĂ©moire pour plus de dĂ©tails Ă  ce sac complĂštement fermĂ© b. sujet a. La plupart des naturalistes men- '2 Voyez ci-dessus, page M6. donnent les Anguilles comme Ă©tant 3 Ainsi, chez les Salmoncs, oĂč les dĂ©pourvues de canaux dĂ©fĂ©rents, mais oviductes manquent, les testicules sont on ne connaĂźt encore que trĂšs-impar- pourvus chacun d'un conduit excrĂ©- faitement les organes mĂąles de ces teur. Ces glandes, de couleur blanchĂ - Poissons, et quelques auteurs pensent Ire, ont Ă  peu prĂšs la mĂȘme forme que les individus dĂ©crits sous le nom que les ovaires, et varient beaucoup de mĂąles n'Ă©taient que des femelles quant Ă  leur volume, suivant les sai- dont les ovaires n'avaient pas acquis sons. Un long canal tortueux partant leur dĂ©veloppement normal c. a Millier, Ueber den glatten Hai des Aristoteles und Ă»ber die Verschiedenheiten unter den Haifischen und Rochen m der Enltvickelung des Eies, 1842, avec G planches extrait des MĂ©m. de VAcad. de Berlin pour 4 840. b Vogt, Anatomie des Salmones, p. 85, pi. C, lis- 2 b. c Schleusser, De Petromyzon et Anyuillarum sexu dissert, inaug.. Dorpat, 1848, APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES POISSONS. ft69 oĂč l'ovaire est distinct de l'oviducte, l'appareil maie est consti- tuĂ© d'aprĂšs le mĂȘme plan fondamental que chez les Poissons osseux, c'est-Ă -dire est pourvu d'un canal Ă©vacuateur en conti- nuitĂ© directe avec les cavitĂ©s pratiquĂ©es dans la substance du testicule. Ainsi, chez tous les Poissons, exceptĂ© les reprĂ©sen- tants les plus dĂ©gradĂ©s de ce type, il existe un conduit Ă©jaeula- teur ou un canal dĂ©fĂ©rent, et ce tube n'est jamais sĂ©parĂ© du tes- ticule 1. Il est aussi Ă  noter que la disposition gĂ©nĂ©rale de la Testicules portion fondamentale ou glandulaire de l'appareil reproducteur prĂ©sente plus d'uniformitĂ© chez le mĂąle que chez la femelle. Ainsi, les testicules sont presque toujours au nombre de deux, mĂȘme dans les espĂšces oĂč l'ovaire est unique 2, et lorsque ces organes sont rĂ©unis en une seule masse, comme chez le Lançon, leur union est incomplĂšte 3. Leur forme varie beaucoup. Chez les Plagiostomes, ils sont lGuvier signale l'Esturgeon comme s'ouvraut au dehors par un canal im- faisant exception Ă  cette rĂšgle a ; pair trĂšs-court /". Chez les Plagio- mais il paraĂźt que chez ces Poissons les stomcs, oĂč l'un des ovaires seulement canaux sĂ©minifĂšres vont dĂ©boucher se dĂ©veloppe, les testicules sont dou- directement dans l'uretĂšre {b. Du blĂ©s comme d'ordinaire, reste, des canaux pĂ©ritonĂ©aux analo- 3 Jusque dans ces derniĂšres ali- gnes Ă  ceux de la femelle existent chez nĂ©es les anatomistes considĂ©raient le le mĂąle c, et sont tantĂŽt ouverts dans testicule de VAmmodytes tobianus l'uretĂšre, tantĂŽt fermĂ©s d suivant comme Ă©tant impair ; mais M. Owcn M. Owen, cetteclĂŽture serait due Ă  une fit remarquer que cet organe prĂ©- valvule e. sente un sillon mĂ©dian g, et M. Ilyrll 2 Ainsi, chez la Perche, oĂč il a constatĂ© qu'il est en rĂ©alitĂ© composĂ© n'existe qu'un seul ovaire, l'appareil d'une paire de glandes rĂ©unies entre mĂąle se compose de deux testicules elles h. en forme de sac, rĂ©unis par leur col, et Chez les Fislulaires, la glande sper- ' le dĂ©veloppement des Zoospermes de la Raie Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1841, t. XV, p. 237, pi. 10. — Vogt et Pappenheim, Op. cit. Ann. des sciences nat., 4" sĂ©rie, I. XII, p. 100. f Hyrtl, loc. cit., p. 398, pi. 52, fig. 9. g Par exemple, chez la Piaie commune voy. Vogt et Pappenheim, loc. cit. — Chez le Squatina angĂ©lus voy. Bruch, Ov. cit., p. 35, pi. 1, fig. 1 et 2. h Par exemple, chez les Trigles voy. Carus, Tabul, Anal, compar. illustr., pars v, pi. 5, fig. 4. , — Le Hareng voy. Brandt et Ratzeburg, Medicinische Zoologie, t. II, pi. 8, fig. 1 . APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES POISSONS. Zl73 Poissons osseux, sa structure est en gĂ©nĂ©ral trĂšs-simple, bien jue l'on y remarque souvent un Ă©largissement subterminal faisant fonction de rĂ©servoir, et de petites glandnles acces- soires qui, logĂ©es dans l'Ă©paisseur de ses parois, versent dans sa cavitĂ© des liquides destinĂ©s Ă  aider au dĂ©veloppement ou Ă  l'emploi du sperme. Mais, chez quelques-uns de ces Animaux, ainsi que chez les Plagiostomes, l'appareil Ă©vaeuateur de la semence se complique davantage, et peut se composer de plu- sieurs parties bien distinctes, telles qu'un Ă©pididyme, un rĂ©servoir sĂ©minal, des glandes accessoires et un appendice copulateur. Il est d'abord Ă  noter que parfois le canal dĂ©fĂ©rent prend la forme d'un tube Ă©troit et s'allonge beaucoup ; au lieu de se porter en ligne droite vers la rĂ©gion anale, il dĂ©crit des ondu- lations ou des circonvolutions plus ou moins nombreuses, et souvent il forme ainsi une masse d'apparence glandulaire, appelĂ©e Ă©pididyme. Dans ce corps, le systĂšme Ă©vaeuateur se complique; en gĂ©- nĂ©ral, le tronc principal du canal dĂ©fĂ©rent s'y divise et s'entor- tille d'une maniĂšre inextricable, et souvent il s'y anastomose avec des canaux appendiculaires qui sont semblables Ă  lui par leur forme et leur contournement. Peu Ă  peu le tronc. dĂ©fĂ©rent se reconstitue, et grossit; ses circonvolutions deviennent moins nombreuses, et il reprend le caractĂšre d'un tube Ă©vaeuateur ordinaire, en continuant sa route vers l'anus. La Haie est un son congĂ©nĂšre au-dessus de la portion va dĂ©boucher au dehors derriĂšre L'anus, terminale de l'intestin. Le canal excrĂ©- entre cet orifice et le mĂ©at iirinaire, teur impair et mĂ©dian ainsi constituĂ© sur les cĂŽtĂ©s desquels se trouvent les est trĂšs-large et court ; ses parois sont lĂšvres d'une espĂšce de cloaque rudi- garnies de follicules muqueux a, et il mentaire b. a Ce sont les paquets formĂ©s par ces follicules qui ont Ă©tĂ© dĂ©crits par Petit comme Ă©tant des vĂ©sicules sĂ©minales {Histoire de la Carpe, MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1733, p. 20'J, pi. 7, 1ig. 2 et 3. [b Martin Saint-Ange, Cp. cit., p. 121, pi. 12, fig. 1, 2 et 3. RĂ©servoir sĂ©minal. dlll REPRODUCTION. des Poissons oĂč l'Ă©pididyme est le plus dĂ©veloppĂ© et oĂč sa structure a Ă©tĂ© le mieux Ă©tudiĂ©e 1. Les rĂ©servoirs sĂ©minaux sont pairs ou impairs, suivant qu'ils rĂ©sultent d'une dilatation des canaux dĂ©fĂ©rents avant leur jonc- 1 Les testicules de la Raie com- mune a sont suspendus par un repli pĂ©ritonĂ©al Ă  la paroi dorsale de la cavitĂ© abdominale, de chaque cĂŽtĂ© de la colonne vertĂ©brale, au-dessus du foie et des intestins. Ils sont trĂšs-aplatis et rĂ©niformes. Chez les jeunes indi- vidus, ils sont lisses, et en apparence homogĂšnes ou simplement granuleux mais Ă  l'Ă©poque du rut, leur aspect change beaucoup ; ils se gonflent et se montrent composĂ©s d'une multitude de grosses vĂ©sicules arrondies, sĂ©parĂ©es entre elles par des vaisseaux sanguins, du tissu conjonctif et des prolonge- ments de la tunique membraneuse propre de la glande. Ces ampoules 6 sont pĂ©donculĂ©es et composĂ©es d'une tunique membraneuse trĂšs-fine, dont la surface interne est revĂȘtue d'un tissu Ă©plthĂ©lique pavimenteux ; elles sont remplies de cellules ou utricules sper- magĂšnes, et elles ressemblent aux caecums sĂ©crĂ©teurs du testicule des Poissons osseux, qui seraient distendus en forme de vessie par l'accumulation des cellules spermagĂšnes dans le fond de leur cavitĂ©, et qui se seraient un peu rĂ©trĂ©cis dans le reste de leur lon- gueur. Cette portion pĂ©donculaire constitue le canal Ă©vacuateur de cha- que ampoule et se rĂ©unit Ă  ses con- gĂ©nĂšres pour former des branches de plus en plus fortes, mais dont le trajet est trĂšs-difficile Ă  suivre Ă  travers la substance du testicule. Le conduit ter- minal auquel ils donnent naissance rĂ©sulte de la rĂ©union de deux ou trois branches principales, et se sĂ©pare de la partie antĂ©rieure et dorsale de la glande pour s'enfoncer aussitĂŽt dans l'Ă©pidi - dyme correspondant c. Ce dernier corps a la forme d'une bande blanchĂą- tre; il est arrondi en avant et s'attĂ©nue en arriĂšre. AntĂ©rieurement, il dĂ©passe notablement le testicule, et se trouve fixĂ© sur le cĂŽtĂ© de la colonne vertĂ©- brale par un repli du pĂ©ritoine ; en arriĂšre, il s'applique sur le rein cor- respondant, et se continue jusque dans le voisinage du rectum. A l'Ă©poque du rut, il est trĂšs-difficile d'en dĂ©brouiller la structure, et quelques anatomistes avaient cru qu'il recevait directement du testicule plusieurs canaux sĂ©mini- fĂšres ; mais il rĂ©sulte des observations faites par MM. Vogt et Pappenheim, sur un jeune individu, qu'il naĂźt d'un canal dĂ©fĂ©rent unique, et que de dis- tance en distance ce conduit reçoit a Voyez Monro, The Structure and Physiology ofFlshes, pi. 11, fig. 1. — Vogl et Pappenheim, Op. cit. Ann. des sciences nat., 4" sĂ©rie, t. XH, pi. 3, fig. 1. — E. Bruch, Éuides sur l'appareil de la gĂ©nĂ©ration chez les SĂ©laciens, thĂšse. Strasbourg, 1860, pi. 3, fig. 1. b Monro, Op. cit., pi. H, fig. x. — Millier, De glandularum secernentium structura penitiori, 1830, p. 106, pi. 15, fig. 8. — Lallemand, Op. cit. {Ann. des scienc. nat., 1841, 2e sĂ©rie, t. XV, pi. 10, fig. 2-8. — Bruch, Op. cit., pi. 3, fig. 2-7. c Vogt et Pappenheim, loc. cit., pi. 2, fig. 6. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES POISSONS. 475 lion, pour constituer le canal Ă©jaçulateur commun 1, ou qu'ils sont formĂ©s par un Ă©largissement de ce dernier conduit 2. Quelquefois on aperçoit une dilatation analogue dans la portion subterminale du canal gĂ©nito-urinaire formĂ© par le prolonge- ment du col de la vessie au delĂ  de l'embouchure des canaux dĂ©fĂ©rents dans son intĂ©rieur; mais cette ampoule ne pourrait servir comme un rĂ©servoir pour la matiĂšre fĂ©condante, et elle ne semble devoir agir dans rĂ©jaculation que comme un organe d'impulsion 3. La structure de ces portions Ă©largies des voies sĂ©minales se latĂ©ralement des tubes Ă©pididymiques propres qui sont contournĂ©s en pa- quets a. Ce sont les circonvolutions multipliĂ©es de ces appendices et du tronc principal qui donnent Ă  l'Ă©pidi- dyme son aspect particulier. Le canal dĂ©fĂ©rent constituĂ© par le tronc princi- pal dont je viens de parler, grossit postĂ©rieurement, et, en se dilatant en maniĂšre de sac derriĂšre l'extrĂ©mitĂ© de l'espĂšce de pelote qui forme l'Ă©pidi- dyme, il devient le rĂ©servoir sĂ©minal. Celui-ci prĂ©sente des replis longitudi- naux de sa tunique interne, et con- verge vers son congĂ©nĂšre pour aller dĂ©boucher Ă  cĂŽtĂ© de lui, sur la paroi postĂ©rieure du cloaque, au sommet d'une papille conique. Chez l'Ange [Squatina vulgaris, la structure de l'Ă©pididyme est plus simple. En effet, cecorpsglanduliforme ne paraĂźt ĂȘtre formĂ© que par les circon- volutions d'un seul tube dĂ©fĂ©rent. Mais les rĂ©servoirs sĂ©minaux sont beaucoup plus dĂ©veloppĂ©s b. Chez le Squale Ă©missole, le canal dĂ©- fĂ©rent, on pĂ©nĂ©trant dans l'Ă©pididyme, se subdivise eu plusieurs branches qui ensuite confluent pour reconstituer un tube unique c. 1 Par exemple, chez le Mullus barbatus, oĂč chaque canal dĂ©fĂ©rent se renfle postĂ©rieurement /, et chez le Brochet, oĂč ces tubes se renflent de maniĂšre Ă  devenir fusiformes prĂšs de leur terminaison e. '2 Ainsi, chez le Cobitis fossilis, les canaux dĂ©fĂ©rents se terminent iso- lĂ©ment dans une vĂ©sicule sĂ©minale piriforme impaire /". 3 Ainsi, chez l'Aulopyge hagelu, poisson de la famille des Cyprins , le canal dĂ©fĂ©rent dĂ©bouche dans le col de la vessie, et le canal gĂ©nito-uri- naire prĂ©sente prĂšs de son extrĂ©mitĂ© une petite dilatation ampuliforme g. a Vogl et Pappenheim, Op. cit. Ann. des sciences nat., 4" sĂ©rie, 1S59, t. XII, pi. 2, fig. 7. b Bruch, Op. cit., p. 31, pi. 1, fig. 1 ; pi. 2, fig. 1. c Martin Saint-Ange, Op. cit., p. 136, pi. 14. d Voyez Hyrtl, Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. de Vienne, t. I, pi. 52, fig. 11. e Voyez Lereboullet, Rech. sur l'anat. des organes gĂ©nitaux des Animaux vertĂ©brĂ©s Nova Acta Acad. nat. curios., t. 83, pi. 30, fig. 202. f Hyrtl, loc. cit., pi. 52, fig. 10. g Hyrtl, loc. cit., p. 395, pi. 52, fig. 6. Glandes accessoires. &76 REPRODUCTION. complique, chez quelques Poissons osseux. Des cryptes ou des glandules se dĂ©veloppent dans l'Ă©paisseur de leurs parois, ainsi que cela se voit chez lĂ  Carpe 1 ; mais c'est chez certains PlagĂŻostomes que les rĂ©servoirs sĂ©minaux atteignent leur plus haut degrĂ© de dĂ©veloppement. Ainsi, chez les Squales, la partie subterminale de chacun des canaux dĂ©fĂ©rents s'Ă©largit en un rĂ©servoir piriforme, dont l'intĂ©rieur est divisĂ© en une multitude de troncs ou loges par des diaphragmes transver- saux perforĂ©s au centre 2. D'autres fois, la portion subterminale de l'appareil Ă©vacua- tcur de la semence se complique par l'adjonction d'appendices tu biliaires ou de sacs membraneux, qui sont tout Ă  la fois des organes sĂ©crĂ©teurs et des rĂ©servoirs pour la semence. Ainsi, 1 Chez le Brochet, la structure des rĂ©ceptacles constituĂ©s par le ren- flement des canaux dĂ©fĂ©rents est iden- tiquement la mĂȘme que celle des pa- rois de ces tubes, dont la surface intĂ©rieure est rĂ©ticulĂ©e a. Chez la Carpe, leurs parois sont plus glandu- laires ; on y remarque une multitude de petits orilices qui conduisent dans des follicules ou cryptes de la tunique muqueuse, et livrent passage aux liquides sĂ©crĂ©tĂ©s dans ces cavitĂ©s ; une disposition analogue existe dans la portion prĂ©cĂ©dente du canal Ă©va- cualeur du sperme , mais elle est moins prononcĂ©e 6. Chez la Baveuse Ă  bande Blennius gattorugine, oĂč les canaux dĂ©fĂ©rents ne se rĂ©unissent pas et forment cha- cun un grand rĂ©servoir sĂ©minal, des tubes sĂ©crĂ©teurs assez complexes viennent dĂ©boucher dans le col de ces vĂ©sicules, et constituent des glan- des accessoires que l'on dĂ©signe quel- quefois sous le nom d'appendices prostatiques c. Je crois devoir considĂ©rer comme des glandes accessoires, plutĂŽt que comme de simples rĂ©servoirs sĂ©mi- naux, les grandes poches qui garnissent latĂ©ralement la portion subterminale de l'appareil mĂąle chez le Gobius jozzo {1. 2 Ce mode d'organisation a Ă©tĂ© trĂšs-bien reprĂ©sentĂ© par plusieurs ana- tomistes e. a Lereboullet, Op. cit., p. 83, pi. 8, fig. 99 Nova Acta Acad. nat. curios., t. XXIII. b Martin Saint-Ange. Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. des scienc.,Sav. itr., t. XIV, p. 124, pi. 2, fig. 4. cHyrfl, Op. cit., pi. 52. fig. 9. d Idem, lue. cit., pi. 52. fig. 7. e Par exemple, chez la SĂ©lache Squalus maximus voy. Carus elOtlo, Tabul. Anat. compar. illustr., pars y, pi. 5, fig. 8. — Chez rÉmisole voy. M. Martin Sainl-Ange, Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. des sciences, San. Ă©trang., t. XIV. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES POISSONS. !\11 chez les Squales, il existe Ă  l'origine du canal gĂ©nito-urinairc commun une paire de sacs membraneux trĂšs-grands et allongĂ©s, qui, Ă  l'Ă©poque du rut, contiennent du sperme mĂȘlĂ© Ă  une sub- stance jaunĂątre formĂ©e par leurs parois 1. Un mode d'orga- nisation analogue se retrouve chez quelques Poissons osseux. Dans certains cas, l'appareil urinaire semble ĂȘtre mis Ă  con- tribution, non-seulement pour complĂ©ter les voies affeetĂ©es Ă  l'Ă©vacuation de la semence, mais aussi pour fournir Ă  ce pro- duit les liquides nĂ©cessaires Ă  sa dilution. En effet, chez le Squale Ă©missole, l'uretĂšre envoie plusieurs branches dans le canal dĂ©fĂ©rent, et, Ă  l'Ă©poque du rut, on trouve les Spermato- zoĂŻdes mĂȘlĂ©s Ă  de l'urine dans les vĂ©sicules sĂ©minales oĂč le sperme s'emmagasine 2. 1 Ces rĂ©ceptacles cloisonnĂ©s for- mĂ©s par le canal dĂ©fĂ©rent, et ces vĂ©si- cules accessoires, ont Ă©tĂ© trĂšs-bien reprĂ©sentĂ©s chez le Squale aiguillĂąt ou Acanthias, par Trcviranus a. 2 Chez le Squale Ă©missole, oĂč es testicules de forme subcylindrique sont placĂ©s symĂ©triquement Ă  la partie antĂ©rieure et supĂ©rieure de la cavitĂ© abdominale, et sont encapuchonnĂ©s postĂ©rieurement dans une gaine de substance grise; le canal Ă©vacuateur Ă©sultant de l'anastomose de tous les canaux sĂ©minifĂšres longe le bord in- terne de la glande, et, aprĂšs s'en ĂȘtre sĂ©parĂ©, se subdivise en trois ou quatre canaux qui bientĂŽt se contournent et s'enroulent sur eux-mĂȘmes d'une ma- niĂšre inextricable , pour former un Ă©pididyme allongĂ© et claviforme. Ces divisions du canal dĂ©fĂ©rent ne tardent pas Ă  se rĂ©unir en un tronc unique, qui continue Ă  se pelotonner sur lui- mĂȘme, et se dĂ©tache enfin de l'extrĂ©- mitĂ© postĂ©rieure et amincie de l'Ă©pidi- dyme. Il s'Ă©largit ensuite pour consti- tuer le rĂ©servoir sĂ©minal, et celui-ci va dĂ©boucher dans le canal gĂ©nito- urinaire mĂ©dian, au-dessus des orifices des uretĂšres. Ainsi que j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de le dire, plusieurs petits conduits urinaires pĂ©nĂštrent dans FĂ©pididyme et y dĂ©bouchent dans le canal dĂ©fĂ©rent 6. Le rĂ©servoir sĂ©mi- nal qui termine chaque canal dĂ©fĂ©rent a la forme d'un grand sac cylindrique ou plutĂŽt fusiforme ; il est divisĂ© in- tĂ©rieurement en un grand nombre de loges par des diaphragmes membraneux transversaux dont le centre est percĂ© d'un trou, et ses parois sont garnies de fibres musculaires aussi bien que d'une membrane Ă©lastique. Une des grandes vĂ©sicules accessoires se trouve appli- a G. K. TreviraDus, Beitrdije xur nĂ hern Kenatniss der Zeuiuu ce revĂȘtement cel- lulaire n'a qu'une existence transitoire-, el MM. Vogt et Pappenheim ont con- statĂ© qu'aprĂšs avoir acquis une Ă©pais- seur assez grande, il disparaĂźt, ou se transforme en une membrane homo- gĂšne et transparente. Le vitellus subit en mĂȘme temps des changements con- sidĂ©rables; il grossit, et l'on y voit ap- paraĂźtre un grand nombre de granules opaques qui semblent animĂ©s d'un mouvement brownien, et qui, d'abord arrondis, se transforment plus tard en petites plaquettes irrĂ©guliĂšres. Un dĂ©pĂŽt de pigment noir et granuleux se montre aussi Ă  la surface de la sphĂšre vitelline, mais ne l'envahit pas en entier, de sorte que l'Ɠuf reste d'un gris sale d'un cĂŽtĂ©, tandis que du cĂŽtĂ© opposĂ© il devient noirĂątre. 1 Ainsi, chez les Triions, Ă  l'Ă©po- que du frai, on trouve souvent des Ɠufs libres dans la cavitĂ© viscĂ©rale, tantĂŽt entre l'ovaire et les intestins, tantĂŽt entre les circonvolutions des oviduetes, ou mĂȘme entre les poumons et les parois abdominales a. 2 Chez les ProtĂ©es, les oviduetes commencent plus en arriĂšre, vers le niveau du milieu de l'estomac, et se portent en ligne droite vers le cloa- que 6. Il en est Ă  peu prĂšs de mĂȘme chez la SirĂšne lacertine c. a Martin Saint-Ange, Op. cit. MĂ©m. de l'Acad. des sciences, Savants Ă©trangers, t. XIV, p. 113. b Configliachi, Del Proteo angnineo de Laurenti. Pavia, 1819. c Vaillant, MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire anatomique de la SirĂšne lacertine Ann. des sciences fiĂąt., 4e ^Ă©rie, 1803, t. XIX, p. 313, pi. 8, fig. 1. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES BATRACIENS. fr85 dant leur passage vers l'extĂ©rieur. Chez la plupart des UrodĂšles, ces tubes ont Ă  peu prĂšs le mĂȘme diamĂštre dans toute leur longueur 1; mais chez les Grenouilles et les autres Anoures, ils se dilatent beaucoup dans leur portion subterminale, et y constituent, de chaque cotĂ© de l'abdomen, un grand rĂ©servoir oĂč les Ɠufs s'amassent et sĂ©journent pendant un certain temps 2. Enfin, ces conduits pĂ©nĂštrent dans le cloaque et y dĂ©bouchent 1 Par exemple, chez les Sala- mandres a et le Menobrauchus late- ralis 6. 2 Chez la Grenouille, les oviduc- tes c se composent de trois portions bien distinctes. Chacun Veux com- mence sur les cĂŽtĂ©s du cƓur, par un oiĂŻlice circulaire situĂ© Ă  une assez grande distance de son congĂ©nĂšre, et rattachĂ© au foie par une bride pĂ©rito- nĂ©ale; il se porte ensuite directement en arriĂšre, et ses parois, trĂšs-minces et garnies d'un Ă©pithĂ©liuin vibratile, prĂ©sentent intĂ©rieurement des replis longitudinaux. La portion suivante est trĂšs-longue J et se contourne sur elle- mĂȘme. Ses parois sont Ă©paisses, Ă©las- tiques et d'un blanc de lait; au contact de l'eau, elles se gonflent beaucoup, se brisent et laissent Ă©chapper une ma- tiĂšre gĂ©latineuse. Sa tunique interne ou muqueuse prĂ©sente une surface rĂ©- ticulĂ©e et loge une multitude de glan- dĂątes tabulaires groupĂ©es radiairement; un bourrelet composĂ© d'un nombre considĂ©rable de papilles forme une sorte de valvule Ă  l'embouchure de cette portion intestiniformc de l'ovi- ductc dans le rĂ©ceptacle constituĂ© par la troisiĂšme partie de ce conduit. Ce sac, que l'on dĂ©signe souvent sous le nom d'utĂ©rus, est trĂšs-grand et ova- laire ; il adhĂšre Ă  son congĂ©nĂšre, Ă  cĂŽtĂ© duquel il est situĂ© au-dessus du rectum. Ses parois sont plissĂ©es, trĂšs- e\ti lisibles et fort minces, mais elles renferment cependant des glandules, ainsi que des fibres musculaires situĂ©es entre la tunique muqueuse et la tuni- que pĂ©ritonĂ©ale. PostĂ©rieurement, ce rĂ©servoir incubateur se rĂ©trĂ©cit et va dĂ©boucher dans le cloaque ou portion terminale de l'intestin, oĂč s'ouvrent aussi les uretĂšres et la vessie urinaire. Chez les Crapauds calamitĂ©s, la portion infĂ©rieure de i'oviducte est cylindrique, grosse et trĂšs-allongĂ©e e. MM. Vogt et l'appenheim ont con- statĂ© que chez le Crapaud accoucheur, les deux sacs incubateurs communi- quent entre eux par une ouverture pratiquĂ©e dans la partie postĂ©rieure de a Voyez Carus et Oito, Tabul. Anat. compar. illuatr,, pars v, pi. C, fig. i . b Voyez Ralhke, Op. cit., t. I, pi. 2, Rg. 1. — Dello Chiaje, Dissertazioni sull'aiiatomia umana, comparata e patliologica, t. I, pi. 11, fig. 1 . c Voyez RƓsel, Hisl. natur. Ranarum, pi. 8. — Lereboullet , Recherches sur Vanatomie des organes gĂ©nitaux des Animaux vertĂ©brĂ©s Aura Acta Acad. nat. curios., t. XXIII, pi. I ĂŻ, Bjj. 130, d Swatnmerdam, Ihblia Natures, t. II, pi. 47, lig. 5. e RƓsel, Hist. natur. Ranarum, pi. 21, fig. 24. VIII. 33 /j86 REPRODUCTION. au sommet d'une paire de papilles saillantes situĂ©es sur la paroi dorsale de ce vestibule commun. ƒufs. Les Ɠufs sont trĂšs-nombreux 1, et en gĂ©nĂ©ral ils sont agglutinĂ©s au moyen d'une matiĂšre glaireuse. Ainsi, chez les Grenouilles ils sont rĂ©unis en masses informes 2, et chez les Crapauds ils sont disposĂ©s en chapelet ou forment de longs cordons cylindriques 3. Chez les Tritons, ils sont pondus isolĂ©ment et fixĂ©s aux feuilles des plantes aquatiques, telles que le Pohjgonum persicaria, Ă  l'aide du mucus qui les entoure 4. Presque toujours le vitellus est noirĂątre 5. la cloison mĂ©diane formĂ©e par la son- dure de leurs parois internes. Chez le MĂ©nopome, la portion sub- terminale de l'oviducte s'Ă©largit aussi en maniĂšre de rĂ©servoir, mais beau- coup moins que chez les Anoures a. Il existe Ă©galement un utĂ©rus de ce genre chez les Salamandres terres- tres 6, tandis que chez les Tritons, roviducte est cylindrique dans toute sa longueur et ne se dilate pas de la sorte vers le bout c. L'appareil gĂ©nital femelle du Lepi- dosiren d ressemble Ă  celui des Ba- traciens pĂ©rennibranches plus qu'Ă  celui des Poissons plagiostomes. Les ovaires sont trĂšs-allongĂ©s; chaque oviducte se termine antĂ©rieurement par une ouverture particuliĂšre en forme de fente. PostĂ©rieurement, ces deux conduits se rĂ©unissent en un canal mĂ©dian assez large, mais trĂšs- court, qui dĂ©bouche Ă  la partie postĂ©- rieure du cloaque. A leur surface interne, ces tubes prĂ©sentent des plis lamelleux, mais on n'y voit pas d'or- gane sĂ©crĂ©teur particulier. 1 Swammerdam a comptĂ© plus de 1100 Ɠufs dans les ovaires d'une Gre- nouille, et Spallanzani en a trouvĂ© plus encore chez un Crapaud une seule ponte lui en donna jusqu'Ă  1200. 2 Chez les Rainettes, les Ɠufs sont groupĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. 3 Chez le Crapaud brun, les Ɠufs sont rĂ©unis en un seul conduit cylin- drique trĂšs-gros e ; mais chez le Cra- paud commun, ils forment deux cylin- dres grĂȘles /. Ă» Ce pigment noir manque dans les Ɠufs de l'Alyte,ou Crapaud accoucheur, et du breviceps, ou Crapaud bossu. 5 La femelle plie ces feuilles en deux pour y loger ses Ɠufs g. a Mayer, Analekten fur vergl. Anatomie, t. I, p. 72. b Sa longueur est d'environ dix fois celle du corps de l'Animal. c Voyez Rathke, Op. cit., t. I, pi. 1, fig. 1. Funk, De SalamandrƓ terrestris tractatus, 1827, pi. 3, fig. 10. — Martin Sainl-Ange, Op. cit., pi. 10, fig. \. d Owen, Description of the Lcpidosiren annectens Trans. of the Linn. Soc, t. XVIII, 349, pi. 17, fig. 7. e Rcesel, Historia naturalis Ranarum, pi. 17, fig. 1 et 2. / Idem, ibid., pi. 20, fig. 2. Ig Rusconi, Amoic. s des Salamandres, p. 19 et suiv., pi. 2, fig. 2, et pi. 3. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES BATRACIENS. Û87 § 7. — L'appareil mĂąle des Batraciens prĂ©sente plusieurs particularitĂ©s. En gĂ©nĂ©ral, les testicules sont simples, c'est- Ă -dire ne forment chacun qu'une seule masse 1; mais chez les Tritons et les Salamandres, chacun de ces organes est en gĂ©nĂ©ral divisĂ© en deux ou plusieurs portions situĂ©es Ă  la file l'une derriĂšre l'autre 2, et offrant des apparences assez va- riĂ©es, suivant le degrĂ© de dĂ©veloppement des produits sĂ©minaux contenus dans leur intĂ©rieur 3. Appareil mĂąle. 1 Ainsi, chez la Grenouille, les testicules ont la forme de deux corps ovoĂŻdes un peu comprimĂ©s latĂ©rale- ment, d'apparence lactĂ©e ou grisĂą- tre a, qui portent Ă  leur extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure un groupe d'appendices graisseux, digitĂ©s et de couleur jaune- orange b, dont le volume est con- sidĂ©rable en automne ainsi qu'au printemps, et paraĂźt ĂȘtre en rapport avec L'alimentation de l'Animal plutĂŽt qu'avec l'activitĂ© reproductrice c. Le volume des testicules varie suivant les saisons, et, Ă  l'Ă©poque du rut, est sou- vent trois fois plus grand aprĂšs l'ac- couplement. La tunique ulbuginĂ©e qui les enveloppe est mince et donne nais- sance Ă  des prolongements cloison- naircs qui s'enfoncent plus ou moins profondĂ©ment dans la substance de la glande. Les vaisseaux sanguins qui pĂ©nĂštrent dans ces organes par leur cĂŽtĂ© dorsal et interne forment Ă  leur surface un rĂ©seau Ă  mailles pentago- nales qui logent les extrĂ©mitĂ©s des tubes sĂ©minifĂšres. 2 On a depuis longtemps remar- quĂ© les diffĂ©rences qui existent sou- vent entre les divers lobes du testicule cbez le mĂȘme Animal, tant sous le rapport de la couleur que du volume et de la forme d. La cause de ces diffĂ©rences, constatĂ©e par Duvernoy, indique une indĂ©pendance assez grande dans les fonctions des diffĂ©rents lobes de l'organe spermatogĂšne e. 3 Chez le Triton tƓniatus, le testicule n'est pas subdivisĂ© /" ; mais cbez le Triton igneus, il se com- pose de deux portions bien distinctes, et chez le T. niger, ainsi que cbez le T. cristatus, on y compte d'or- dinaire trois et quelquefois mĂȘme quatre parties. Chez la Salamandre commune, cette glande est toujours divisĂ©e en deux portions sĂ©parĂ©es par un Ă©tranglement et subdivisĂ©es cha- cune en lobules. a Quelquefois le pĂ©ritoine qui les recouvre leur donne une teinte noirĂątre. b Voyez PrĂ©vost et Dumas, Op. cit. Ami. des sciences nat., 4824, t. I, ni. 20, fig. 1 et 2. — Lereboullet, Op. cit., pi. 7, fig. 85. c Ratlike, De Salamandrarum corporibus adiposis. Berolini, 1818, p. 4. d l'\v, Observations physiques et anatomiques sur plusieurs espĂšces de Salamandres MĂ©m. de VAcad. des sciences, 1729, p. U8, pi. 11, fig. 7. e Duvernoy, Fragments sur les organes gĂ©nito -urinaires des Reptiles, p. 21 extrait des MĂ©m. de l'AcadĂ©mie des sciences. Savants Ă©trangers, t. XI. f Hatlike, Ucber di Entstehung und Entwickeluny der Gesclilechlstheile bei der Urodelen Bcilr. sur der Thkrwelt, 1820, 1. 1, pi. 2, fig. 6-12, , — Duvernoy, loc. cit., p. 20, pi. 1 et 2. Conduits Ă©vacuateurs. /88 REPRODUCTION. Les tubes spermatiques qui constituent le testicule sont terminĂ©s en cul-de-sac, et leur fond occupe la pĂ©riphĂ©rie de cet organe, de sorte qu'au premier abord, celui-ci paraĂźt composĂ© d'un amas de vĂ©sicules arrondies, logĂ©es dans les mailles d'un rĂ©seau vasculaire. Ces tubes, semblables Ă  des doigts de gant, convergent vers le bord dorsal de la glande, et y donnent nais- sance Ă  plusieurs vaisseaux excrĂ©teurs trĂšs-grĂȘles qui s'en dĂ©- tachent 1. Les voies par lesquelles les produits du testicule sont Ă©vacuĂ©s au dehors prĂ©sentent, dans cette classe d'Animaux, des varia- tions trĂšs-considĂ©rables, et ces diffĂ©rences dĂ©pendent principa- lement des relations qui s'Ă©tablissent entre le conduit excrĂ©teur des corps de Wolf, ou reins temporaires, les canaux urinaires et les tubes sĂ©minifĂšres. Pour en bien saisir le caractĂšre, il est nĂ©cessaire de prendre en considĂ©ration le mode de dĂ©veloppe- ment de ces organes et les transformations qu'ils subissent chez l'embryon 2. Dans une des prĂ©cĂ©dentes Leçons, nous avons vu que chez 1 A raison de la dĂ©licatesse ex- trĂȘme de leurs parois, ces tubes sper- magĂšnes sont trĂšs-difficiles Ă  Ă©tudier. Suivant MM. Vogt et Pappenheim, ils se rendraient dans une cavitĂ© centrale commune, d'oĂč naĂźtraient les conduits effĂ©rents {Op. cit.. 2 Avant la publication des re- cherches de Rathke sur le dĂ©veloppe- ment des organes gĂ©nitaux internes des VertĂ©brĂ©s infĂ©rieurs, on ne savait que peu de chose sur ce sujet. Les travaux subsĂ©quents de J. Millier sur cette partie de l'embryologie sont d'une importance encore plus grande , et dans ces derniers temps, les observa- tions de M. Leydig et de M. Witticb ont jetĂ© de nouvelles lumiĂšres sur plu- sieurs questions encore obscures ou mal expliquĂ©es par leurs devanciers a. a Rathke, Ueber die Entstehung und Entwickl. der Geschlechstheile bei den Urodelen Beitr. Or Geschkhle der Thienvelt, 1. 1, 1820. — Untersuch. iiber die Geschleclits-Werkzeuge der Schlangen, Eiiechsen und Scluldkvoten [Abhandlungen xur Bildungsund Entwickelungs- geschichte des Menschen und Thiere, 1852, t. 1, p. 21 , pi. 3. j. MĂčller, Bildungsgeschichte der Genitalien aus anatomischen Untersuchungen an Embryonen des Menschen und der Thiere, 1830. Wittich, BeilrĂ ge zur morpholog'schen und histologischen Entwickelung der Harn-und Geschlechts-Werkseuge der uackten Amphibien [Zeitschrift jiir wisse7isch. Zool., 1853, t. IV, p. 125, pi. 9. — Leydig, Untersuchungen iiber Fische und Reptilien, 1853. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES RATRACIENS. 489 tous les VertĂ©brĂ©s il se forme de bonne heure, dans la rĂ©gion dorsale de la cavitĂ© abdominale, un organe de structure glan- dulaire appelĂ© corps de Wolf, qui est destinĂ© Ă  constituer l'ap- pareil urinaire chez les Poissons, mais qui , chez les autres Animaux du mĂȘme embranchement, ne joue qu'un rĂŽle tran- sitoire dans l'Ă©conomie, et disparaĂźt plus ou moins complĂštement Ă  mesure que l'appareil rĂ©nal se dĂ©veloppe 1. Le conduit excrĂ©teur de cet organe transitoire, que l'on peut dĂ©signer sous le nom de tube wolfien, se rend au cloaque, et sa portion pos- tĂ©rieure est mise Ă  contribution, soit par l'appareil gĂ©nital seu- lement, soit par cet appareil et l'appareil urinaire pour l'Ă©vacua- tion de leurs produits. Il en rĂ©sulte que tantĂŽt cette portion du tube wolfien devient un canal commun faisant fonction d'uretĂšre, aussi bien que de conduit dĂ©fĂ©rent, tandis que d'autres fois l'uretĂšre se constituant d'une maniĂšre indĂ©pendante, il en reste plus ou moins complĂštement sĂ©parĂ© et sert uniquement Ă  la sortie du sperme. Les diffĂ©rences anatomiques dont il est ici question dĂ©pendent donc principalement du point oĂč la coales- cence de ces trois sortes de tubes s'effectue, et du dĂ©veloppe- ment plus ou moins grand de la portion du systĂšme excrĂ©teur qui appartient en propre, d'une part aux testicules, d'autre part aux reins. TantĂŽt les conduits spermatiques et urinaires s'ana- stomosent et se confondent avant que de s'unir au tube wolfien. D'autres fois, celui-ci reçoit d'abord les conduits spermatiques, et constitue de la sorte un canal dĂ©fĂ©rent particulier, puis s'unit Ă  l'uretĂšre pour former un conduit gĂ©nito-urinairc commun qui se rend au cloaque. Enfin, dans d'autres cas, la sĂ©paration entre l'appareil urinaire et l'appareil gĂ©nital associĂ© au tube wolfien se continue plus loin , et ils dĂ©bouchent isolĂ©ment dans le cloaque commun. Le premier de ces modes d'organisation nous est offert par 1 Voyez tome VI, page 306 et suivantes. MĂ©nobranches. 490 REPRODUCTION. les Grenouilles et le Crapaud. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit en dĂ©crivant l'appareil urinaire de ces Animaux 1, les canaux effĂ©rents des testicules pĂ©nĂštrent directement dans la substance des reins, les traversent, et vont dĂ©boucher dans l'uretĂšre ou canal excrĂ©teur de cette glande 2, conduit qui, Ă  son tour, s'unit au tube wolfien pour aller ensuite se terminer dans le cloaque 3. Chez les MĂ©nobranches ou Necturus, les canaux excrĂ©teurs du testicule s'enfoncent Ă©galement dans la substance du rein, et dĂ©bouchent, ainsi que les canaux urinifĂšres, dans un conduit qui longe le bord opposĂ© de cette derniĂšre glande ; mais ce conduit se continue supĂ©rieurement avec la portion libre du tube wolfien, et paraĂźt ĂȘtre constituĂ© tout entier par ce mĂȘme canal Zi. Le ProtĂ©e nous offre un exemple de la seconde combinaison organique dont il vient d'ĂȘtre question. Le canal effĂ©rent du tes- ticule, aprĂšs s'ĂȘtre divisĂ© et pelotonnĂ© de façon Ă  constituer un Ă©pididyme, dĂ©bouche par plusieurs branches dans le tube wol- fien, dont la portion antĂ©rieure reste libre et dont la portion postĂ©rieure reçoit plus loin en arriĂšre les canaux effĂ©rents des reins, puis continue sa route vers le cloaque pour y verser, soit ProtĂ©e. 1 Voyez tome VII, p. 337 et suiv. 2 Le mode de terminaison des canaux eflVrents dans les canaux urinaires n'a pu ĂȘtre constatĂ© d'une maniĂšre satisfaisante, mais il est bien certain qu'ils y dĂ©bouchent et que ces derniers versent le sperme dans l'ure- tĂšre. Le rĂ©seau formĂ© par les canaux effĂ©rents dans la profondeur de la sub- stance des reins a Ă©tĂ© observĂ© avec soin chez la Grenouille par MM. Vogt et Pappenheim. 3 Le mode d'union des canaux effĂ©rents des testicules avec l'uretĂšre, et de celui-ci avec le tube wolfien, est Ă  peu prĂšs le mĂȘme chez le Crapaud agua, ou Bufo maculiventris, si ce n'est que ce dernier tube est plus dĂ©- veloppĂ© a. Les canaux effĂ©rents traversent Ă©ga- lement la substance des reins chez la Salamandre terrestre 6. lx Voyez ci -dessus, tome VII, p. 339, note 1. a Leydig, Handb. der Histologie, p. 528, fig. 258. b Leydig, Op. cit., p. 527, fig. 257. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES BATRACIENS. Zj9l l'urine, soit la semence. Ici, c'est par consĂ©quent le canal dĂ©fĂ©rent qui fait fonction de l'uretĂšre, tandis que chez la Gre- nouille, c'est l'uretĂšre qui tient lieu de canal dĂ©fĂ©rent 1. Chez les Tritons ou Salamandres aquatiques, la structure de l'appareil gĂ©nitp-urinaire se complique davantage, et, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, les anatomistes sont partagĂ©s d'opinion au sujet des connexions Ă©tablies entre les voies mĂŻnaires et sĂ©minifĂšres. Quoi qu'il en soit, le mode de groupement des conduits gĂ©nitaux et urinaires parait participer des deux types que nous venons de passer en revue car une partie des canaux effĂ©rents du testicule se rendent directement dans le canal dĂ©fĂ©rent constituĂ© par le tube wolfien, tandis que d'autres, avant de dĂ©boucher dans ce dernier conduit, vont constituer un canal accessoire qui reçoit aussi une partie des tubes urinaires; mais la plupart des canaux excrĂ©teurs des reins, disposĂ©s en faisceaux . se rendent au cloaque sans s'anastomoser avec les conduits gĂ©nitaux. Enfin, chez l'Alyle, ou Crapaud accoucheur, le canal Ă©vacua- teur du testicule, complĂ©tĂ© suivant toute apparence par le tube wolfien, se rend au cloaque sans avoir aucune communication avec l'appareil urinaire 2. Triions. Alyle. 1 Voyez tome VII, page 3S8, et pour plus de dĂ©tails, les observations de M. Leydig Unters. iiber Fische wid Reptilien, p. 78, pi. h, fig. 30. — Lehrbuch der Histologie, p. 5l27, fig. 257 A. 2 Chez le Triton Ă  crĂȘte, par exemple, chaque testicule, garni de bandelettes adipeuses, et divisĂ©, comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, en plusieurs lobes or- dinairement trois par des Ă©trangle- ments, prĂ©sente sur le long de son bord un lĂ©ger renflement que M. Mar- tin Saint-Ange a dĂ©crit comme Ă©tant un canal commun, ou rĂ©servoir de Highmore a. Les canaux effĂ©rents sor- tent isolĂ©ment au nombre de quatre Ă  six, et se pelotonnent bientĂŽt sur eux- mĂȘmes pour constituer un Ă©pididyme trĂšs-allongĂ©, de l'extrĂ©mitĂ© antĂ©rieure duquel se dĂ©tache un conduit assez gros qui se dirige en avant et va se confondre avec le tube wolfien adja- cent ou ligament de TĂ©pididyme , suivant quelques anatomistes, de fa- çon Ă  former une anse et Ă  se porter ensuite d'avant en arriĂšre. Le canal dĂ©fĂ©rent ainsi constituĂ© prĂ©sente de a Martin Saint-Ange, Op. cit., p. 101, pi. 11, fig. i. 492 REPRODUCTION. Chez quelques Batraciens, des glandes aceessoires se grou- pent autour de la portion infĂ©rieure du canal Ă©vacuateur de la semence, et ces organes sĂ©crĂ©teurs, de mĂȘme que diverses par- ties de l'appareil urinairc, peuvent servir comme rĂ©servoir pour ce liquide Ă  l'Ă©poque du rut. Ainsi, chez la Grenouille, il existe Ă  la partie postĂ©rieure de l'uretĂšre une poche auriculiforme qui se compose de tubes sĂ©crĂ©teurs, et qui est connue des anatomistes sous le nom de vĂ©sicule sĂ©minale 1. Chez les Tritons, la dis- nombreuses circonvolutions et reçoit successivement plusieurs canaux ex- crĂ©teurs accessoires fournis, comme la branche principale dĂ©jĂ  mention- nĂ©e, par l'Ă©pidiclyme. Enfin, il va dĂ©- boucher dans le cloaque, Ă  cĂŽtĂ© de son congĂ©nĂšre a. D'autres conduits excrĂ©teurs du testicule se rendent dans un canal accessoire qui gagne la partie antĂ©rieure des reins, et qui paraĂźt y communiquer avec quelques branches des voies urinaires, puis va se termi- ner dans le tronc du canal dĂ©fĂ©rent dĂ©jĂ  mentionnĂ© b. Les uretĂšres fu- sionnes et nombreux qui naissent des reins, et qui vont dĂ©boucher dans le cloaque, Ă  cĂŽtĂ© de l'orifice gĂ©nital, sont gorgĂ©s d'un liquide blanchĂątre Ă  l'Ă©poque du rut, et plusieurs natura- listes les ont considĂ©rĂ©s comme des vĂ©sicules sĂ©minales c; mais, en gĂ©nĂ©- ral, on n'y rencontre pas de Sperma- tozoĂŻdes d. MM. Vogtet Pappenbeim y ont cependant constatĂ© la prĂ©sence de ces corpuscules fĂ©condateurs Ă  l'Ă©poque du rut, chez la Salamandre maculĂ©e. 1 Cet appendice, dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de parler e, naĂźt du bord externe de l'urĂšthre, ou canal urĂ©thro- spermatique ; il est aplati et renferme sept ou huit petits systĂšmes de cavi- tĂ©s rameuses qui dĂ©bouchent chacun dans l'urĂšthre par un orifice particu- lier. Il en rĂ©sulte que ce rĂ©servuir prĂ©- sente une apparence caverneuse {f ; mais il est en rĂ©alitĂ© formĂ© par une sĂ©rie de tubes rameux dont les troncs principaux sont rangĂ©s parallĂšlement et dont les branches s'Ă©largissent en maniĂšre d'utricules. Ils sont tapissĂ©s par une couche d'Ă©pithĂ©lium et reçoi- vent beaucoup de vaisseaux sanguins. La tunique commune de ce rĂ©servoir spermatique est fibreuse et contrac- tile. Chez le Crapaud cornu Ceratophrys dovsata, cette glande accessoire, ou vĂ©sicule sĂ©minale, manque. Voyez tome VII, p. 338. a Voyez PrĂ©vost et Dumas, Sur la gĂ©nĂ©ration Ann. des sciences nat., 1824, 1. 1, pi. 20, !iÂŁ. 3 et A. — Lereboullet, Op. cit. Nova Acta Acad. nat. curios., t. XXIII, pi. 8, fig. 92 et 03. b Voyez tome VII, p. 341. c Dut'ay, Observations sur plusieurs espĂšces de Salamandres MĂȘm. de V AcadĂ©mie des sciences , 1720. — Ratlike, Ueber die Urodelen Ueitr. zur Geschichte der Thierwelt, t. I. d PrĂ©vost et Dumas, Op. cit. Ann. des sciences nat., 1824, 1. 1, p. 282. e Voyez tome VII, p. 337. /" Voyez Lereboullet, Op. cit., pi. 8, fig. 88 et 89. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES BATRACIENS. 693 position du cloaque rend trĂšs-facile le reflux du sperme jusque dans la vessie urinaire 1. La terminaison des voies gĂ©nitales dans le cloaque ne prĂ©- cloaiuc- sente aucune particularitĂ© dont il soit bien important de tenir compte. D'ordinaire, ces orifices sont situĂ©s au sommet de petites papilles Ă©recliles ou de plis de la membrane muqueuse qui tapissent ce vestibule commun, et l'on peut considĂ©rer ces Ă©minences comme des vestiges de l'appareil qui, chez les Ver- tĂ©brĂ©s plus Ă©levĂ©s en organisation, effectuent l'introduction du sperme dans les voies gĂ©nitales de la femelle; mais ici ils ne servent qu'Ă  diriger le jet formĂ© par ce liquide au moment de l'Ă©jaculation 2. 1 Le cloaque est sĂ©parĂ© du rectum par une valvule circulaire et deux gout- tiĂšres situĂ©es Ăč sa face dorsale, sur les cĂŽtĂ©s d'une sorte de raphĂ© mĂ©- dian conduisant l'urine, ainsi que la semence, des orifices des voies gĂ©nito- urinaires dans la vessie, ou de ce rĂ©- servoir vers le sommet de l'appendice Ă©jaculateur. Quelques ailleurs consi- dĂšrent les uretĂšres fusiformes de ces animaux comme Ă©tant des vĂ©sicules sĂ©minales, parce qu'Ă  l'Ă©poque du rut on les trouve gorgĂ©s d'un liquide laiteux, et M. Bidder assure y avoir aperçu des SpermatozoĂŻdes a ; mais dans la plupart des cas, la semence ne pĂ©nĂštre pas dans ces tubes 6. 2 Chez les Tritons, cette papille est situĂ©e immĂ©diatement derriĂšre le repli valvulaire qui sĂ©pare le cloaque du rectum. Elle est creusĂ©e de trois sil- lons longitudinaux et recouverte d'un Ă©pithĂ©lium pavimenteux, mais elle ne contient pas de tissu Ă©rectile. Ainsi que nous l'avons dĂ©jĂ  vu, la vessie urinaire dĂ©bouche dans le cloaque, en face des orifices gĂ©nito-urinaires. Il est aussi Ă  noter que de nom- breux muscles entourent le vestibule gĂ©nito-excrĂ©mentiticl, et servent, pour la plupart, Ă  dilater l'anus, tout en tirant cet orifice en arriĂšre c. Tels sont 1° Une paire de muscles rĂ©tracleurs supĂ©rieurs, ou coccy-vestibuliens ; 2° Une paire de muscles rĂ©tracteurs infĂ©rieurs, ou ischio-vestibuliens; 3° l ne paire de muscles ababscurs, ou ischio-coccygiens ; Zi° Un muscle abaissent- de l'anus, ou pubio-veslibulaire. Un effet contraire est produit par la contraction d'un sphincter anal trĂšs- gros. a Bidder, Vergteicli. anat. und histol. Untersuch. iiber die mdnnlichen Geschlechts- und Harnwerkzeuge bei nackten Amphibien, 4 846. {b PrĂ©vost et Dumas, Observations relatives Ă  l'appareil gĂ©nĂ©rateur det Animaux mĂąles Ann. des sciences nat., 18*24, t. I, p. 282. — Dtnernoy, Fragments sur les organes gĂ©nilo-urinaires des Reptiles, p. 93. c Voyez Lereboullet, Op. cit., p. 145, pi. 18, Gg. 191 ; pi. 19, Bg. 193, 194. Mode de fĂ©condation 494 REPRODUCTION. Rlnfin, chez les Batraciens urodĂšles et pĂ©rennibranches, l'ap- pareil gĂ©nital du mĂąle est complĂ©tĂ© par des organes sĂ©crĂ©teurs qui dĂ©bouchent dans le cloaque, et qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s par beaucoup d'anatomistes comme les analogues de la prostate ou des glandes de Cowper, dont l'Ă©tude nous occupera dans la prochaine Leçon. Ils consistent en une multitude de tubes terminĂ©s par un renflement ampullaire et produisant une substance laiteuse. A l'Ă©poque du rut, ils deviennent turgides, et chez les Tritons ils ont alors un volume considĂ©rable l. § 8. — Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, il n'y a presque jamais une vĂ©ritable copulation chez les Batraciens 2, et d'ordinaire la fĂ©condation des Ɠufs n'a lieu qu'aprĂšs la ponte. Souvent le mĂąle se borne Ă  nager autour de la femelle, et Ă  rĂ©pandre dans l'eau qui la baigne la liqueur sĂ©minale destinĂ©e Ă  vivifier ses Ɠufs, ainsi que cela se voit chez les Tritons 3. D'autres fois, chez les Grenouilles et les Crapauds, par exemple, le mĂąle se cramponne sur le dos de la femelle, en la saisissant par les flancs 1 Chez les Triions, cet appareil glandulaire se compose de trois paires de lobes, dont deux bordent le cloaque, et la troisiĂšme s'avance sous l'abdo- men a. 11 se trouve chez la femelle aussi bien que chez le mĂąle, mais il est beaucoup plus dĂ©veloppĂ© chez ce der- nier. Ces glandes sont Ă©galement trĂšs- dĂ©veloppĂ©es chez la Salamandre ter- restre b. 2 Les CĂ©cilies, qui paraissent de- voir prendre place dans la classe des Batraciens, bien que la forme gĂ©nĂ©rale de leur corps soit semblable Ă  celle des Serpents, sont pourvues d'organes copulateurs analogues Ă  ceux des LĂ©- zards c. o Les manƓuvres du mĂąle autour de la femelle sont trĂšs-remarquables. Il la poursuit, tourne autour d'elle, l'excite et semble en Ă©pier tous les mouvements ; dĂšs qu'il s'aperçoit qu'un Ɠuf est pondu, il s'en approche vive- ment et y lance un jet de sperme. Pen- dant la saison du rut, le corps du mĂąle prend aussi des couleurs plus intenses el des crĂȘtes culanĂ©es se dĂ©- veloppent tant sur le dos que sous la gorge, et acquiĂšrent souvent des di- mensions trĂšs-considĂ©rables d. a Voyez Martin Saint-Ange, Op. cit., pi. lt , fijj. 3, 3' et 6. b Rathke, Op. cit. Bcitr. zur Geschichte der Thienuclt, t. I, pi. 1 , Çig. 3 et 6. c Voyez Duvernoy, Atlas du RĂšgne animal He Cuvier, Reptiles, pi. 36 ter, fiff. 7. d Rusconi, Amours des Salamandres aquatiques, p. 17 et suiv. APPAREIL DE LA GENERATION DES BATRACIENS. 495 au moyen de ses pattes antĂ©rieures, et, tout en nageant avec elle, arrose de semence les Ɠufs au moment oĂč celle-ci les Ă©vacue au dehors 1. Mais, chez quelques-uns des Animaux de cette classe, la fĂ©condation s'opĂšre avant la ponte, et les Ɠufs se dĂ©veloppent dans l'intĂ©rieur de la chamhre ineubatiĂŻce formĂ©e parla portion terminale de l'oviducte. Cela a lieu chez les Sa- lamandres terrestres 2 et chez un Batracien du Chili appelĂ© Rhinoderma Darwinii 3. 1 Les Grenouilles s'accouplent dans l'eau et nagent ainsi, le mĂąle placĂ© sur le dos de la femelle, qu'il embrasse Ă©troitement entre ses pattes antĂ©rieu- res a. Cette union dure trĂšs-long- temps, quelquefois une vingtaine de jours sans interruption, et chez quel- ques espĂšces, telles que la Grenouille rousse, le pouce du mĂąle se gonfle alors Ă  sa base, et s'y couvre de rugositĂ©s qui s'enfoncent dans les flancs de la femelle, de façon Ă  y dĂ©terminer des excoriations. Lorsque les Ɠufs sortent du cloaque de la femelle , le mĂąle les fĂ©conde en y lançant sa semeice par petits jets; quelquefois il Ă©puise sa provision de liqueur spermatique, et abandonne sa compagne avant que la ponte soit terminĂ©e, et alors un autre mĂąle lui succĂšde. D'autres fois le mĂȘme mĂąle s'accouple successive- ment avec deux ou mĂȘme trois fe- melles ; mais, en gĂ©nĂ©ral, l'accouple- ment, qui commence longtemps avant la ponte, dure jusqu'Ă  ce que cette opĂ©ration soit terminĂ©e. Pendant la durĂ©e de ce rapprochement sexuel, le mĂąle paraĂźt ĂȘtre presque insensible Ă  la douleur ainsi, dans des expĂ©riences faites par Spallanzani, on l'a vu re- cevoir des blessures extrĂȘmement graves, sans quitter sa femelle ni dis- continuer Ă  fĂ©conder les Ɠufs pondus par celle-ci. Il en est de mĂȘme poul- ies Crapauds 6. 2 ].'‱ dĂ©veloppement des jeunes Salamandres dans l'intĂ©rieur de l'ovi- ducte de leur mĂšre a Ă©tĂ© constatĂ© par Perrault et par Maupertuis c, ainsi que par beaucoup de naturalistes plus rĂ©cents. Chez la Salamandre noire des Alpes, la copulation commence Ă  terre et se continue dans l'eau; le mĂąle s'unit Ă  la femelle en se plaçant sous elle ven- tre Ă  ventre et en l'enlaçant avec ses pattes celle-ci l'entraĂźne alors dans l'eau, et l'union sexuelle dure plusieurs heures d. 3 Le viviparisme de ce Batracien anoure a Ă©tĂ© constatĂ© par M. Gay, et implique la fĂ©condation intĂ©rieure e. a Voyez Swammerdam, Biblia NalurƓ, pi. 48 a, fig. 1. — RƓsel, Hist. nat. Ranarum, pi. 1, fig. 1 et 2. 6 Spallanzani, ExpĂ©r. pour servir Ă  ihist. de la gĂ©nĂ©ration, p. SG, 288, etc. c Perrault, MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire naturelle des Animaux, 3* partie, p. 81, pi. 16. — Maupertuis, Observations et expĂ©riences sur une des espĂšces de Salamandre MĂ©m. de l'Acad. des sciences, 1727, p. 32. d Schreibers, L'eber die specifische Verschiedenheit des ge/leckten und des schivarzen Erd- Salamanders oder Molches und der hĂŽchst merkwurdigen ganz eigenthĂčmlichen Fortpflanzungs- weise des Letztem Isis, 1833, t. V, p. 527. e Gay, Historia fisica y politica de Chile, Zoologia, t. II, p. 122. DĂ©pĂŽt des Ɠufs. REPRODUCTION. est aussi Ă  noter que certains Batraciens 496 § n'abandonnent pas leurs Ɠufs aprĂšs les avoir pondus et fĂ©condĂ©s, mais s'en chargent, et les transportent avec eux pendant que l'incubation s'effectue. Ainsi , chez le Crapaud accoucheur, oĂč les Ɠufs sont rĂ©unis en un chapelet glaireux, le mĂąle s'en empare Ă  mesure que la ponte s'en effectue, entortille ce cordon autour de ses pattes postĂ©rieures, et le transporte ainsi avec lui Ă  sec, jusqu'au moment oĂč l'Ă©closion doit avoir lieu; mais alors il se plonge dans l'eau, dont l'ac- tion dĂ©termine la dĂ©hiscence de la coque des Ɠufs et la sortie des petits 1. Le Pipa, ou Crapaud de Surinam, prĂ©sente sous ce rap- port des particularitĂ©s encore plus remarquables. Le mĂąle aide la femelle Ă  accoucher et place les Ɠufs sur le dos de celle-ci; ils y dĂ©terminent une sorte de gonflement ou d'hy- pertrophie de la peau, qui se boursoufle autour de ces corps, et , de la sorte , chacun de ceux-ci se trouve bientĂŽt logĂ© dans une espĂšce d'alvĂ©ole. Le dos de la femelle se creuse ainsi d'une cinquantaine de petites loges qui sont autant de 1 L'accouplement du Crapaud accoucheur, ou Alytes obstetricans, n'a pas lieu dans l'eau, comme cela est ordinaire chez les Batraciens. La femelle Ă©tant Ă  terre, le mĂąle, dont la taille est beaucoup plus petite que la sienne, se cramponne sur son dos, et se fait ainsi transporter par elle. Lors- que la ponte commence, il tire Ă  lui avec une de ses pattes postĂ©rieures le bout du chapelet formĂ© par les Ɠufs agglutinĂ©s, et l'entortille autour de ses cuisses en y donnant la disposition d'un chiffre huit qui serait couchĂ© transversalement oo . Il est Ă  prĂ©su- mer que pendant cette opĂ©ration , il les fĂ©conde en les arrosant de sperme, car leur enveloppe est encore molle en ce moment; mais, par le contact de l'air, elle ne tarde pas Ă  se dessĂ©cher et Ă  durcir de façon Ă  constituer une coque assez rĂ©sistante. Le mĂąle trans- porte ainsi les Ɠufs avec lui pendant plusieurs semaines, et lorsque la pĂ©riode d'incubation est terminĂ©e, il va Ă  l'eau ; puis, au bout de quelques minutes, sous l'influence de ce liquide, la coque de ces corps se brise circulairement, et laisse sortir le petit tĂȘtard, qui se met Ă  nager a. a Demours, Observations sur le Crapaud NĂ©m. de l'AcadĂ©mie des sciences, 1778, p. 7. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 497 Apparei de chambres incubatrices dans lesquelles les embryons se forment et se dĂ©veloppent 1. § 10. — Dans la classe des Reptiles, la fĂ©condation des Ɠufs s'opĂšre toujours avant la ponte, par introduction directe du la reproduction liquide sĂ©minal dans l'appareil gĂ©nital de la femelle, et Ă  ce per- r^L*. fectionnement correspond une complication nouvelle des or- ganes mĂąles, qui se complĂštent parle dĂ©veloppement d'inslru- ments copulateurs 2. A l'extĂ©rieur du corps, les diffĂ©rences sexuelles sont toujours faibles et souvent elles ne sont pas apprĂ©ciables. Chez les Chclo- niens, les individus mĂąles sont reconnaissables Ă  la forme un peu excavĂ©e de leur plastron sternal, et chez les Sauriens, la base de la queue est en gĂ©nĂ©ral Ă©troite et arrondie chez la femelle, tandis que chez le mĂąle, elle est un peu aplatie et Ă©largie ; mais 1 Madame MĂ©rian , iconographe lia- bile du xvne siĂšcle a, fut la premiĂšre Ă  parler de ce singulier Batracien; mais elle croyait qu'il produisait ses petits par le dos 6. Un autre naturaliste crut avoir constatĂ© que l'individu qui porte ainsi les Ɠufs Ă©tait le mĂąle, et non la femelle c ; mais les observa- tions faites en 1762 par un mĂ©decin de Surinam, appelĂ© hennin, firent dis- paraĂźtre ces erreurs rf. Plusieurs au- teurs ont donnĂ© de bonnes figures du Pipa chargĂ© de ses Ɠufs e , et l'on sait, par les observations de Blumen- bach et de DumĂ©ril,que non-seulement le tĂȘtard se dĂ©veloppe complĂštement dans l'intĂ©rieur de la loge ovigĂšre, mais qu'il y subit mĂȘme ses mĂ©tamorphoses, de façon Ă  en sortir sous la forme de Batracien anoure /". 2 Chez les Serpents, la copulalion dure plusieurs heures; les deux indi- vidus s'entortillent mutuellement en ne laissant libre que la partie antĂ©- rieure de la tĂšte et en se regardant nez Ă  nez {g. a En gĂ©nĂ©ra], on dĂ©signe cet auteur sous le nom de mademoiselle MĂ©rian, parce que jadis le titre de dame Ă©tait rĂ©servĂ© Ă  la noblesse. b MĂ©rian, Dissertation sur la gĂ©nĂ©ration et les transformations des Insectes de Surinam, 17-26, p. 50, pi. 59. cl Vallisnieri, Historia del Cameleonte {OpĂšre fisico-mediche, t. I, p. 433 et suiv., pi il H- 6. d Fermin, DĂ©veloppement parfait du mystĂšre de la gĂ©nĂ©ration du fameux Crapaud de Surinam. MĂ stricht, 1702. e Seba, ThĂ©saurus Animalium, t. IV, pi. 19 et 20. — Duvernoy, Atlas du RĂ©gne animal de Cuvier, Reptiles, pi. 39, fig. 2. f DumĂ©ril,* ErpĂ©tologie , t. VIII, p. 219. g Par exemple, chez les VipĂšres voyez Charas, Anatomie de la VipĂšre [MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire naturelle des Animaux, par Perrault, etc. ; publiĂ© par l'AcadĂ©mie des sciences, 1732, t. III, 2' partie, pi. 63. Ovaires 498 REPRODUCTION. ces caractĂšres manquent souvent. La fĂ©conditĂ© est beaucoup moins grande que chez les Batraciens 1, mais les Ɠufs sont plus complets et ressemblent davantage Ă  ceux des Poissons plagiostomes, car ils sont toujours pourvus d'une coque bien organisĂ©e, et quelquefois mĂȘme cette enveloppe devient sem- blable Ă  la coquille d'un Ɠuf d'oiseau. Ainsi, chez les Crocodiliens, la sphĂšre vitelline est entourĂ©e d'un albumen qui, Ă  son tour, est renfermĂ© dans une tunique membraneuse particuliĂšre, et celle-ci est revĂȘtue d'une coquille calcaire. La coque de l'Ɠuf est Ă©galement calcaire chez certains ChĂ©loniens les Tortues terrestres et paludines, mais chez les Tortues de mer, les Sauriens ordinaires et les Ophidiens, elle offre seulement la consistance du parchemin. Je rappellerai aussi que l'albumen de l'Ɠuf prĂ©sente une composilion parti- culiĂšre chez les ChĂ©loniens 2, et que chez les Ophidiens, cette substance manque. Enfin, la forme de ces Ɠufs est en gĂ©nĂ©ral ovalaire 3. § 14 . — L'ovaire est toujours double, mais n'est pas tou- jours placĂ© symĂ©triquement de chaque cĂŽtĂ© du plan mĂ©dian ; 1 Le nombre des Ɠufs pondus Ă  la fois s'Ă©lĂšve souvent Ă  trente, ou mĂȘme quarante, chez la Couleuvre Ă  collier, mais ne paraĂźt ĂȘtre que d'environ dix chez les Calamaries a. Chez quelques Tortues, chaque ponte ne se compose que de quatre ou cinq Ɠufs, ou mĂȘme de deux ou trois seu- lement 6. 2 Voyez ci-dessus, page 325. 3 Chez les ChĂ©loniens, les Ɠufs prĂ©- sentent des formes diverses suivant les espĂšces quelquefois ils sont sphĂ©ri- ques, chez le Thalassiochelys cauuana et le Xerobates carolinus c ; mais, en gĂ©nĂ©ral, ils sont ovalaires, et souvent leur grand diamĂštre l'emporte de beau- coup sur le pelit diamĂštre; parfois ils sont un peu incurvĂ©s, de façon Ă  ĂȘtre presque rĂ©niformesrZ, mais leurs deux extrĂ©mitĂ©s sont toujours de mĂȘme grosseur. Les Ɠufs des Geckos sont sphĂ©ri- ques et Ă  coque calcaire e. a Schlegel, Physionomie des Serpents, p. 87. 6 Agassiz, Contrib. to the Nat. Hist. of the United States, t. II, p. 490. c Venez Agassiz, Op. cit., pi. 17, lig. 28-30. d Par expmple, chez le Malacoclemmys palustris voy. Agassiz, loc. cit., pi la, fig. 14. e DumĂ©ril, ErpĂ©tologie gĂ©nĂ©rale, t. III, p. 274. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. /l99 car dans les espĂšces dont le corps est trĂšs-Ă©troit, les Serpents, par exemple, l'un de ces organes est placĂ© beaucoup plus en avant que l'autre. Leur conformation diffĂšre aussi un peu chez les divers Animaux de cette classe, et, sous ce rapport comme sous beaucoup d'autres, les Reptiles, dont l'anus a la forme d'une fente transversale, c'est-Ă -dire les Ophidiens et les San- 0i'h[cfc"s riens ordinaires, diffĂšrent de ceux oĂč cet orifice est longitudinal, s;miens ' o " ordinaire?. disposition qui se rencontre chez les Crocodiliens et les ChĂ©lo- niens. Chez les premiers, l'ovaire est creux et consiste en un sac ou un tube assez semblable Ă  celui des Batraciens, et dont la cavitĂ© reçoit les Ɠufs quand ceux-ci, arrivĂ©s au terme de la croissance du globe vitellin, rompent leur capsule et deviennent libres; puis les parois de ce rĂ©ceptacle se rompent Ă  leur tour pour laisser sortir les Ɠufs, qui passent dans l'oviducte. Les choses se passent donc lĂ  Ă  peu prĂšs comme chez les Batraciens, si ce n'est que la cavitĂ© centrale de l'ovaire, traversĂ©e par des brides, est peu extensible, et que chaque Ɠuf en sort presque aussitĂŽt aprĂšs qu'il s'est dĂ©tachĂ© des parois de cette glande ovi- gĂšne. Cela est facile Ă  observer chez les Ophidiens, dont les ovaires sont tubulaircs. Chez les ChĂ©loniens et les Crocodiliens, les ovaires sont dis- chĂ©ioniens posĂ©s autrement 1. Par suite d'une coalescence plus complĂšte crocodiliens des parois de l'espĂšce de sac formĂ© par chacun de ces organes, leur cavitĂ© centrale s'efface, et chaque Ɠuf, Ă  mesure qu'il gros- sit dans l'Ă©paisseur de leurs parois, au lieu de se porter en dedans vers ce rĂ©ceptacle commun, fait saillie au dehors 2 ; la 1 La forme gĂ©nĂ©rale de ces or- tes, parmi lesquels il convient de citer panes, chez les ChĂ©loniens, a Ă©tĂ© trĂšs- ' en premiĂšre ligne Bojanns a. bien figurĂ©e par plusieurs anatomis- '2 M. Agassiz a publiĂ© rĂ©cemment la Chez In Tortue d'Europe, par Bojanus Anat. Test, europ., pi. 30, fig. 188. — Chez le Chrysemys picta el le Glyptemys insculpta, par M. Agassiz Contvib. to the Xat. Hisl. of the Uniled States, t. II, pi. 9 b, tig. 10 et 11. 500 REPRODUCTION. surface extĂ©rieure de l'ovaire devient ainsi fortement bosselĂ©e; puis chacun de ces tubercules, s'avançant davantage et s'Ă©tran- glant Ă  sa base, devient pĂ©doncule, et l'organe tout entier prend une longue sĂ©rie de recherches trĂšs- intĂ©ressantes sur le dĂ©veloppement de l'Ɠuf et sur l'embryologie des Tor- tues a. L'accroissement des ovules ovariques est extrĂȘmement lent, et ces corps reproducteurs, aprĂšs avoir par- couru la premiĂšre pĂ©riode de leur existence, restent pendant fort long- temps dans un Ă©tat stationnaire en sorte que chez une jeune Tortue ĂągĂ©e de cinq ou six ans, ils ont tous Ă  peu prĂšs les mĂȘmes dimensions. Mais, a l'Ă©poque de la pubertĂ©, le dĂ©veloppe- ment d'un petit nombre d'entre eux s'active, et ceux-ci entrent dans la pĂ©- riode de maturation, laquelle dure plusieurs annĂ©es. Chaque annĂ©e, Ă  un moment qui paraĂźt coĂŻncider avec ce- lui de l'accouplement, une nouvelle sĂ©rie d'Ɠufs commence Ă  mĂ»rir, en sorte que chez les individus adultes, l'ovaire renferme plusieurs de ces sĂ©- ries d'Ăąges diffĂ©rents et formĂ©es cha- cune par le nombre d'Ɠufs destinĂ©s Ă  composer une mĂȘme ponte. Les pontes ne se renouvellent que d'annĂ©e en an- nĂ©e ; et chez les espĂšces Ă©tudiĂ©es par M. Agassiz, la pĂ©riode de maturation des Ɠufs dure environ quatre annĂ©es de sorte qu'aux approches de la saison de la reproduction, indĂ©pendamment des ovules dans la premiĂšre pĂ©riode de leur existence, dont le nombre est immense et dont le volume est varia- ble, mais toujours trĂšs-petit, l'ovaire renferme quatre sĂ©ries d'Ɠufs en voie de maturation et d'Ăąges diffĂ©rents, qui se distinguent par les inĂ©galitĂ©s de leur volume. Chez le Nanemys guttata, qui, Ă  chaque ponte, dĂ©pose deux ou trois Ɠufs seulement, chacune de ces sĂ©ries ne se compose que d'un Ă©gal nombre d'Ɠufs ; chez le Chrysemys picta , les Ɠufs qui sont arrivĂ©s Ă  un mĂȘme degrĂ© de dĂ©veloppement, et qui sont destinĂ©s Ă  ĂȘtre pondus Ă  la fois, sont au nombre de cinq, six ou sept ; enfin, chez le Chelhydra serpentina, dont cbaque couvĂ©e se compose d'une hui- taine d'Ɠufs, on trouve dans l'ovaire un nombre correspondant d'ovules de chacune des quatre catĂ©gories sus- mentionnĂ©es. Les ovules naissants se montrent d'a- bord sous la forme de pelits granules sphĂ©riques d'apparence graisseuse et complĂštement indĂ©pendants du stroma d'alentour. Ils sont beaucoup plus petits que les cellules du tissu circonvoisin ou mĂȘme que les noyaux de ces cel- lules, et c'est plus tard que la capsule ou follicule ovigĂšre se constitue autour de chacun de ces corps, d'abord sous la forme d'une couche d'utricules, puis d'une sorte de kyste composĂ© de deux feuillets, une tunique externe granu- leuse, et une tunique interne hyaline, ou zone pellucide. Lorsque Tovule commence Ă  se constituer ainsi, sa sub- stance paraĂźt ĂȘtre homogĂšne ; mais bientĂŽt il semble se faire un dĂ©part entre la matiĂšre qui en occupe la pĂ©- riphĂ©rie et celle gai se trouve au cen- tre la premiĂšre s'Ă©paissit, la seconde a Agassiz, Contributions lo the Natural Hislory of thc United States, t. II, p. 451 et suiv., pi. 8, 9, 9 a. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 501 l'aspect d'une grappe de raisins; enfin la capsule de l'Ɠuf se rompt, et ce dernier quitte l'ovaire pour passer directement dans l'oviducte. Nous avons dĂ©jĂ  vu des ovaires en grappe s'Ă©claircit,et le tout offre alors l'aspect d'une cellule arrondie. Au dĂ©but de ce travail d'Ă©volution, la vĂ©sicule purkin- jĂ©enne ne se distingue pas des matiĂšres adjacentes, et les observations de M. Agassiz ne me paraissent pas suf- fisantes pour rĂ©soudre les questions relatives Ă  l'ordre de primogĂ©niture entre cette cellule et les autres parties de la sphĂšre vitelline; mais lorsque l'ovule est un peu plus avancĂ© en Ăąge, cette vĂ©sicule intĂ©rieure est trĂšs-visible et s'accroĂźt rapidement. C'est Ă©videm- ment un organite vivant, ayant son mode d'activitĂ© propre, et engendrant dans son intĂ©rieur d'autres organites quia leur tour donnent des signes d'un pouvoir gĂ©nĂ©sique analogue. En effet, le contenu de la vĂ©sicule germinative ou purkinjĂ©enne est d'abord homo- gĂšne et transparent, mais on y voit bientĂŽt apparaĂźtre un noyau appelĂ© vĂ©- sicule de Wagner, et dans l'intĂ©rieur de celte derniĂšre cellule on voit naĂźtre ensuite un ou plusieurs nuclĂ©oles, ou vĂ©sicules de Valentin ; puis la vĂ©sicule wagnĂ©rienne se dĂ©truit, et le contenu de la vĂ©sicule purkinjĂ©enne, aprĂšs ĂȘtre de- venubeaucoup plus granuleux, s'Ă©clair- cit de nouveau. Pendant que cesphĂ©no- mĂšnes s'accomplissent, le vitellusdonne Ă©galement des signes d'une certaine activitĂ© vitale. On n'aperçoit d'abord, entre la vĂ©sicule purkinjĂ©enne et la paroi extĂ©rieure de l'ovule destinĂ©e Ă  devenir la tunique vitelline, qu'un li- quide homogĂšne et transparent ; mais bientĂŽt sa consistance se modifie, des corpuscules granulaires y apparaissent, et ces corpuscules, en se dĂ©veloppant VIII. Ă  la maniĂšre d'autant d'organites par- ticuliers, augmentent rapidement le volume de l'ovule. Ils sont de deux sortes. Les uns, hyalins, incolores et d'apparence albumineuse , occupent l'hĂ©misphĂšre du globe vitellin, oĂč se trouve la vĂ©sicule germinative, et doi- vent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les reprĂ©- sentants de la substance blastogĂ©nique dont il a Ă©tĂ© question dans une leçon prĂ©cĂ©dente. Les autres, destinĂ©s Ă  for- mer les cellules vitellines proprement dites, sont opaques , jaunes et riches en matiĂšre grasse ; ils se montrent d'abord au pĂŽle opposĂ© de l'ovule, et bientĂŽt ils occupent l'un des hĂ©mi- sphĂšres du globe vitellin; mais leur nombre et leur volume venant Ă  aug- menter, ils envahissent peu Ă  peu l'au- tre hĂ©misphĂšre, de façon Ă  rĂ©trĂ©cir de plus en plus l'espace hyalin qui entoure la vĂ©sicule germinative. Ces corpuscules vitellins, en se dĂ©velop- pant, subissent aussi des changements considĂ©rables. Aux premiers granules opaques en succĂšdent d'autres qui sont d'abord hyalins, et dont la pĂ©ri- phĂ©rie se condense bientĂŽt de façon Ă  donner Ă  chacun de ces globules l'ap- parence d'une vĂ©sicule ou cellule arrondie, dont la paroi appelĂ©e ecto- blaste par M. Agassiz devient mem- braneuse et Ă©lastique. A l'intĂ©rieur de chacune de ces utricules se dĂ©veloppe ensuite un noyau, ou mĂ©soblaste, qui se montre d'abord sous la forme d'une tache appliquĂ©e contre la surface in- terne de l'ectoblaste, mais qui devient bientĂŽt un corpuscule libre et Ă  con- tours nettement dessinĂ©s; sa forme 34 502 REPRODUCTION. chez les Poissons plagĂŻostomes, et lorsque nous Ă©tudierons l'appareil reproducteur des Oiseaux, nous aurons l'occasion de revenir sur l'examen des glandes ovigĂšnes qui offrent ce mode de conformation. L'oviducle des Reptiles prĂ©sente Ă©galement, dans beaucoup de cas, des particularitĂ©s de structure en rapport avec certains perfectionnements dans le travail physiologique. Ainsi, l'em- bouchure de ce canal jouit de plus de mobilitĂ© que chez les VertĂ©brĂ©s anallantoĂŻdiens 1, et n'est pas toujours une simple fente en forme de boutonniĂšre, comme chez les Batraciens, mais elle s'Ă©largit ordinairement de façon Ă  constituer un enton- noir trĂšs-Ă©vasĂ©, et elle s'enrichit de fibres musculaires dispo- sĂ©es de maniĂšre Ă  lui donner la facultĂ© de changer de forme et de position, de s'appliquer sur l'ovaire, de l'embrasser et de recueillir ainsi plus sĂ»rement l'Ɠuf qui s'en dĂ©tache. Ce mode d'organisation est portĂ© Ă  un degrĂ© trĂšs-remarquable chez la Couleuvre et chez d'autres Ophidiens. La portion suivante de l'oviducte 2, Ă©troite et garnie comme d'ordinaire d'une tunique muqueuse couverte d'un Ă©pilhĂ©lium Ă  cesse alors d'ĂȘtre arrondie pour deve- nir anguleuse, et sa couleur passe d'une teinte jaune pĂąle au jaune d'or. Ces changements coĂŻncident avec le dĂ©ve- loppement d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de corpuscules appelĂ©s cndoblasliques, dans l'intĂ©rieur du mĂ©soblasle, lesquels offrent une apparence cristalloĂŻde et sont trĂšs-chargĂ©s d'une matiĂšre grasse dont l'aspect a de l'analogie avec celle de la cire. Ces corpuscules deviennent assez gros et augmentent de nombre, de façon Ă  constituer bientĂŽt dans l'in- tĂ©rieur de chaque cellule vitelline une agglomĂ©ration anguleuse ; puis leur substance paraĂźt ĂȘtre rĂ©sorbĂ©e peu Ă  peu, leurs angles s'Ă©moussent, leur nombre diminue, et le mĂ©soblaste ainsi que l'ectoblaste tendent Ă  se dĂ©sagrĂ©- ger pour faire place Ă  de nouvelles cellules vitellines en voie de dĂ©velop- pement. 1 Ce caractĂšre se retrouve chez tous les VertĂ©brĂ©s du sous-embran- chement des AllantoĂŻdiens. 2 L'oviducte des Reptiles est gĂ©- nĂ©ralement moins long et moins con- tournĂ© que chez, les Batraciens. Chez le Gecko, ce tube est remar- quablement court a. {a DĂ©lie Chiaje, Dissert, sull'anat. umaaa comparativa, etc., t. I, pi. 21, Rs. t. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 503 cils vibratiles, ne prĂ©sente rien qui soit important Ă  noter, mais la seconde portion de ce conduit se modifie Ă  peu prĂšs comme nous l'avons vu chez les Poissons plagioslomes; ses parois s'Ă©- paississent, se plissent et s'enrichissent d'une multitude de glan- dules dont les produits servent Ă  complĂ©ter l'Ɠuf. C'est lĂ  que l'albumen et la coque se forment autour du globe vitellin 1; 1 La plupart des naturalistes con- sidĂšrent la formation de ces parties complĂ©mentaires de l'Ɠuf comme Ă©tant le rĂ©sultat d'un simple dĂ©pĂŽt de ma- tiĂšres sĂ©crĂ©tĂ©es par l'oviducte et ap- pliquĂ©es sur le globe vitellin, mais cette thĂ©orie mĂ©canique ne me semble pas ĂȘtre l'expression de la vĂ©ritĂ©, et les enveloppes en question, tout en tirant tau substance des produits de la sĂ©crĂ©tion des glandules de L'oviducte, se constituent eĂŻ croissent Ă  la ManiĂšre des autres parties organisĂ©es el \i- vantes. Les observations de M. Agassiz sur le mode de formation de l'albu- men de l'Ɠuf des Tortues fournissent des arguments puissants en laveur de -cite derniĂšre maniĂšre de voir. En effet, fiiez ces Keptiles, l'albumen est beau- coup plus consistant que chez la plu- part des Animaux, et forme autour du globe vitellin un certain nombre de couches concentriques bien distinc- tes a le tout est renfermĂ© dans la membrane de la coque, et souvent celte tunique est dĂ©jĂ  bien constituĂ©e avant que l'albumen sous-jacent ail pris tout son dĂ©veloppement. C'est donc par imbibilion Ă  travers celte membrane que la matiĂšre constitutive de l'albumen arrive alors en contact avec celui-ci et se trouve employĂ©e par lui pour la production de nouvelles couches du tissu constitutif de celle partie de l'Ɠuf. La coque de l'Ɠuf des Tortues est formĂ©e aussi d'une sĂ©rie de couebes superposĂ©es dont les premiĂšres ne sont guĂšre plus consistantes que les parties adjacentes de l'albumen et se compo- sent, comme celles-ci, de corpuscules granulaires et allongĂ©s disposĂ©s en rangĂ©es parallĂšles. La direction de ces sĂ©ries de corpuscules change de cou- rbe en couche, de sorte que les stries rĂ©sultant de leur mode de groupe- ment s'entrecroisent. Dans les couebes plus superficielles de la membrane co- quilliĂšre, ces granules sont plus serrĂ©s entre eux et constituent des fibres monilil'ormes. Chacun d'eux parait formĂ© d'un nodule central entourĂ© de couebes concentriques, Ă  peu prĂšs comme dans les grains de fĂ©cule. En- fin, le nombre de ces couebes et l'Ă©- paisseur de la tunique rĂ©sultant de leur superposition varient suivant les espĂšces. La coquille a pour base un tissu analogue; mais dans cette partie de l'Ɠuf, chaque granule devient en quel- que sorte un centre d'attraction autour duquel des cristaux de carbonate cal- caire viennent se grouper radiaire- ment, de façon Ă  constituer un nodule. Du cĂŽtĂ© de la pĂ©riphĂ©rie de l'Ɠuf, a Agassiz, Contributions to the Natural History of the United States, tome II, planche 9 a, fig. 43, 44. 50ft REPRODUCTION. et parfois mĂȘme le tube, ainsi constituĂ©, devient une chambre incubatrice car, chez quelques Reptiles, le dĂ©veloppement de l'embrvon commence ou s'achĂšve mĂȘme dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf avant que celui-ci ait Ă©tĂ© expulsĂ© au dehors, et dans ce dernier cas ces Animaux sont ovovivipares. La VipĂšre doit son nom Ă  cette particularitĂ© physiologique 1, qui est commune Ă  beaucoup de Serpents venimeux f2 et se retrouve chez l'Orvet, ainsi que chez quelques espĂšces de la famille des LĂ©zards 3. PostĂ©rieurement, les deux oviductes se rapprochent pour dĂ©boucher dans le cloaque, et la portion de ce vestibule oĂč ils vont s'ouvrir se prolonge souvent au-dessus de l'orifice du chacun de ces nodules calcigĂšres s'ac- croĂźt par la formation de nouvelles couches superposĂ©es, et il en rĂ©sulte finalement une petite colonnette ou cylindre vertical dont la section hori- zontale offre une structure radiaire. Ces nodules sont disposĂ©s par rangĂ©es parallĂšles comme TĂ©taient les granules organiques dont ils dĂ©rivent, et, sui- vant qu'ils sont plus ou moins serrĂ©s entre eux, la suhstance de la coquille est plus ou moins poreuse ou dense. 11 existe Ă  cet Ă©gard des diffĂ©rences dans les diverses familles de ChĂ©lo- niens, et il en rĂ©sulte que, dans chacun de ces groupes zoologiques, la coquille prĂ©sente des caractĂšres histologiques particuliers. Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je renverrai aux observations de M. Agassiz Nat. Hist. of the Uni- ted States, t. Il, p. 507 etsuiv.. 1 La disposition gĂ©nĂ©rale de l'ap- pareil de la gĂ©nĂ©ration des VipĂšres a Ă©tĂ© assez bien indiquĂ©e par Charas a. 2 Quelques naturalistes ont pensĂ© que les Serpents venimeux Ă©taient tous vivipares, et les Serpents non venimeux tous ovipares ; mais il y a de part et d'autre des exceptions Ă  cette rĂ©gler ainsi, dans les groupes des Coronelles, la plupart des espĂšces sont ovipares, comme chez les Couleuvres, mais 1» Coronelle lisse est vivipare. Cette der- niĂšre particularitĂ© se retrouve aussi chez le Boa rativore; enfin les Najas, quoique trĂšs - venimeux , sont ovi- pares b. 3j Une petite espĂšce de LĂ©zard qui se trouve en Suisse ainsi que dans di- verses autres parties montagneuses de l'Europe, et qui a Ă©tĂ© dĂ©crite sous plusieurs noms Lacerta montana, L. Schreibersiana, Zootocha Jacquini, Lacerta vivipara, etc. , pond des Ɠufs, contenant des petits tout formĂ©s et prĂšs d'Ă©clore c. a Charas, Anatomie de la VipĂšre [MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire naturelle des Animaux, t. III, 2° partie, p. 60 e\.6i,Acad. des sciences, 1732. b Schlegel, Physionomie des Serpents, t. Il, p. 86. c i. F. Jacqnin, Lacerta vivipara Nova Acta Hclvet., 1. 1, p. 33, pi. 1. — Cocleau, Note sur un genre peu connu de LĂ©zards vivipares [Zootocha, Wagler, et sur une nouvelle espĂšce de ce genre Ann. des sciences nat., 2* sĂ©rie, 1835, t. IV, p. 310. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 505 rectum, soit qu'il se continue avec la vessie urinaire, soit qu'il se termine en cul-de-sac sans donner naissance Ă  un rĂ©servoir de ce genre. Cette derniĂšre disposition est parfois trĂšs-remar- quable chez les Ophidiens, oĂč la portion supĂ©rieure du cloaque se dilate de façon Ă  ressembler Ă  un utĂ©rus dans le col duquel viendraient s'ouvrir, d'une part l'intestin , d'autre part les voies u ri n aires 1. 11 existe aussi Ă  la partie antĂ©rieure du cloaque, chez les ChĂ©loniens et les Crocodiliens, un appendice excitateur, nommĂ© clitoris, qui, par sa structure, correspond au pĂ©nis du maie 2. Enfin, ce vestibule gĂ©nito-excrĂ©mentitiel est souvent lubritiĂ© par des matiĂšres onctueuses que des organes glandulaires adja- cents y versent chez les Crocodiliens et les Ophidiens, par exemple 3. 1 Chez le Coluber korros, cette que une paire de petits sacs glandu- portion utĂ©rine du cloaque est extrĂš- laires qui paraissent correspondre Ă  mement dĂ©veloppĂ©e, et se termine an- une partie de l'appareil copulateur du lĂ©rieurement par deux cornes a, mĂąle voyez ci-aprĂšs page 507. Chez Une disposition analogue, mais beau- les Ophidiens, ces glandules ont la coup moins prononcĂ©e, se voit chez la forme d'une capsule ovalaire situĂ©e de Couleuvre Ă  collier b. chaque cĂŽtĂ© sous la queue et communi- Chcz riguane, le fond du cloaque quant avec le cloaque par plusieurs ou- est divisĂ© en deux sacs dans lesquels vertures pratiquĂ©es dans la lĂšvre pos- s'ouvrent les oviductes et les uretĂšres. lĂ©rieure de l'anus; elles sont beaucoup 2 Le clitoris des ChĂ©loniens c et plus dĂ©veloppĂ©es chez la femelle que des Crocodiliens d ressemble tout Ă  chez le mĂąle e. fait au pĂ©nis, si ce n'est que son vo- 3 Les sacs glandulaires dont il a lume est moindre voyez ci -aprĂšs Ă©tĂ© question dans la note prĂ©cĂ©dente page 509. sĂ©crĂštent une matiĂšre onctueuse quia Chez les Sauriens ordinaires et les la consistance de la pommade. Chez Ophidiens, il n'existe pas de clitoris, les Crocodiliens, deux glandes volu- niais on trouve sur les cĂŽtĂ©s du cloa- mineuses et de forme ovalaire dĂ©bou- a Stannius et Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparĂ©e, t. II, p. 271. 6 Martin Saint-Ange, Op. cit., p. 91, pi. 10, fig. i. c Exemple, la Tortue voy. Bojanus, Anatome Tesludinu europƓƓ, pi. 28, fig. 159. d Exemple, le Crocodile Ă  museau de Brochet voy. Carus et Otto, Tab. Anal. comp. illustr., pars v, pi. 0, fig. 2. — Isid. Geoffroy et Martin Saint-Ange, Op. cit. Ann. des sciences nat., 1828, t. XIII, pi. 6, fig. 4. — Hunier, Illustr. Catal. of the Mus. of the R. CollĂšge of Surg., t. IV, pi. 63, fig. 1 et 2. e Schlegel, Op. cit., p. 46. Appareil mĂąle. Organes copulaleurs. 506 REPRODUCTION. § 12. — Les testicules n'offrent rien d'important Ă  noter i.; ils sont toujours situĂ©s dans le voisinage des reins, soit au-des- sous de ces organes, dans le fond de la cavitĂ© abdominale, ainsi que cela se voit chez les ChĂ©loniens 2, soit au de- vant d'eux, sur les cĂŽtĂ©s de la colonne vertĂ©brale, comme cela a lieu chez les Sauriens et les Ophidiens. Il y a toujours un Ă©pididyme bien caractĂ©risĂ©, et les canaux dĂ©fĂ©rents arrivent prĂšs du cloaque sans avoir aucune communication avec les voies urinaires, mais lĂ  ils se rĂ©unissent parfois aux uretĂšres, et dĂ©bouchent par une paire d'orifices communs situĂ©s sur le cĂŽtĂ© de ce vestibule, au sommet d'une petite papille 3. L'appareil copulateur est une dĂ©pendance du cloaque, et con- siste en un ou deux appendices Ă©rectiles, qui ne sont jamais complĂštement tubulaires, comme la verge des MammifĂšres, mais simplement creusĂ©s d'une gouttiĂšre longitudinale dont la base est en rapport avec la papille au sommet de laquelle dĂ©- bouchent les canaux dĂ©fĂ©rents. 11 affecte, dans cette classe, deux formes principales. TantĂŽt il n'existe qu'un pĂ©nis impair et chent aussi sur les parois latĂ©rales du cloaque. Chez les Tortues, ces or- ganes sont reprĂ©sentĂ©s par une paire de grosses vessies . En gĂ©nĂ©ral, il y a aussi dans l'Ă©paisseur de la paroi antĂ©rieure du cloaque une sĂ©rie de glandules utriculaires. 1 La forme des testicules varie avec celle du corps ainsi, chez les Ophidiens, ils sont trĂšs-Ă©troits et re- marquablement allongĂ©s 6. 2 Par exemple, chez la Tortue d'Europe c. 3 Chez les LĂ©zards, celte jonction du canal dĂ©fĂ©rent et de l'uretĂšre a lieu prĂšs de l'extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure du rein, Ă  peu de distance du rectum, en sorte que le canal gĂ©nito-urinaire ainsi formĂ© est trĂšs-court d. Chez la Couleuvre Ă  collier, le ca- nal dĂ©fĂ©rent et l'uretĂšre vont dĂ©bou- cher l'un et l'autre dans une petite ampoule commune qui, Ă  son tour, s'ouvre dans le cloaque, au sommet d'une petite papille Ă©rectile e. a Bojamis, Anatome Testudinis europƓƓ, pi. 27, fig. 156, 157. bPar exemple, chrz la Couleuvre Ă  collier voy. Martin Saint-Ange, Op. cit., pi. 10, fig. 1. c Voyez Bojanus, Op. cit., pi. 27 et 28, fig. 157 et 158. d Voyez Martin Saint-Ange, Op. cit., p. 67, pi. 9, fig. 2. eIdem, ĂŻoid., p. 79. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 507 mĂ©dian cet organe est linguiforme et plein ; lorsqu'il devient apte Ă  fonctionner, il se gonfle et s'allonge par l'afflux du sang- dans son intĂ©rieur, sans que sa forme change notablement. D'autres fois il y a deux verges qui, dans l'Ă©tat de repos, ont la forme de tubes cutanĂ©s terminĂ©s en cul-de-sac, et s'ouvrant au dehors par un orifice pratiquĂ© dans la paroi latĂ©rale du cloaque, mais qui, dans l'Ă©tat d'Ă©rection, se dĂ©roulent Ă  l'extĂ©- rieur de façon Ă  constituer un appendice saillant dont l'axe est creux 1. Le premier de ces modes d'organisation se trouve chez les ChĂ©loniens et les Crocodiliens ; le second, chez les Sauriens ordinaires et les Ophidiens. Chez ces derniers Reptiles, l'anus a toujours la forme d'une fente transversale, et c'est en dedans de chaque angle ou com- missure de cette ouverture que se trouve l'entrĂ©e du sac exsertile ou appendice copulateur. Dans l'Ă©tat de repos, celui-ci n'est pas apparent au dehors, et se prolonge en arriĂšre, sous la base de la queue, entre la peau et la colonne verlĂ©l traie 2. Il se compose 1° d'une tunique cutanĂ©e, ou prolongement de la peau qui en tapisse la cavitĂ©, et qui, lors de l'Ă©rection du pĂ©nis, 1 Les anatomistes appellent sou- vent ces appendices des verges en fourreau », mais ce nom est assez mal choisi, car le cul-de-sac copulateur, que Ton compare ainsi Ă  une gaine, ne renferme, rien, et c'est en se ren- versant comme un doigt de gant, par un mouvement d'invagination, qu'il devient exsertile et constitue un pĂ©nis imperforĂ©. 2 C'est par suite de cette disposi- tion que la forme de la portion basi- laire de la queue est en gĂ©nĂ©ral assez diffĂ©rente chez le mĂąle et la femelle pour pouvoir servir Ă  la distinction des sexes. Chez les LĂ©zards, par exemple, la queue est Ă©troite et arrondie en des- sous chez la femelle, tandis que chez le mĂąle elle y est large, aplatie et sil- lonnĂ©e longitudinalement sur la ligne mĂ©diane c'est le seul caractĂšre extĂ©- rieur qui puisse faire reconnaĂźtre le sexe de ces Animaux. Il est cependant Ă  noter que chez le fƓtus, les verges du mĂąle sont appa- rentes au dehors, et que ces appendices ne rentrent dans le cloaque qu'aprĂšs l'Ă©closion a. o Rathkc, Entwickelungsgeschiclite der Natter, pi. 3, fig. 17, 18, 19. — Martin Saint- Ange, Op. cit., p. 77. 508 REPRODUCTION. devient extĂ©rieur ; 2° d'une tunique fibreuse qui engaine la prĂ©cĂ©dente quand l'organe est rentrĂ©, mais occupe l'intĂ©rieur de l'appendice quand celui-ci se renverse au dehors ; 3° d'une couche plus ou moins considĂ©rable d'un tissu spongieux Ă©rectile placĂ© entre ces deux tuniques 1; h° d'un muscle rĂ©tracteur qui se porte du fond du cul-de-sac aux vertĂšbres caudales adjacentes, et qui occupe l'axe du pĂ©nis pendant l'Ă©rection. C'est ce dernier muscle qui fait rentrer la verge sous la peau, et c'est la contraction des muscles de l'anus qui en dĂ©termine la sortie. La forme du pĂ©nis ainsi constituĂ© varie tantĂŽt il est simple et plus ou moins styliforme, ou conique, ainsi que cela se voit chez les LĂ©zards et les Couleuvres; d'autres fois il est bifur- quĂ© Ă  son extrĂ©mitĂ©, par exemple chez les Iguanes, les Pythons, les Crotales et les VipĂšres 2. Sa partie terminale est parfois lisse, comme chez les Pythons; d'autres fois, hĂ©rissĂ©e de pa- pilles ou d'Ă©pines Ă©pidermiques rĂ©currentes, comme chez les Couleuvres et les VipĂšres 3, ou mĂȘme garnie de lames carti- lagineuses, comme chez le Tupinambis Ă©lĂ©gant. Le sillon qui est destinĂ© Ă  conduire au dehors la liqueur sĂ©minale en occupe la face antĂ©rieure, et lors de l'Ă©rection, la base de cette gouttiĂšre vient se mettre exactement en rapport avec l'embouchure du 1 Chez quelques Reptiles, la verge scytale a, le Crotalus horridus 6, ne prĂ©sente que trĂšs-peu de tissu Ă©rec- et la Coronelle grisonne ou Coluber tile, et se compose principalement de canus c. tissu Ă©lastique. Chez les Iguanes , la bifurcation 2 Chez quelques Ophidiens, la bi- n'est que subterminalc d. furcation du pĂ©nis est si profonde, 3 Chez le Dryinus lineolatus, ces qu'au premier abord, il semblerait y Ă©pines cornĂ©es sont de deux sortes, avoir quatre de ces appendices copu- et plusieurs d'entre elles acquiĂšrent lateurs par exemple, chez VAnguĂźs de trĂšs-grandes dimensions e. a Voyez Carus et Olto, Tabul. Anatom. compar. illustr., pars v, pi, 0, fig. i. b J. Miiller, Bau der erectilien mĂ nuUchen Geschlechtsorganc {MĂ©m. de l'Acad. de Berlin pour 183fi, pi. 3, fĂźjf. 4. c Schlegel, Op. cit., p. 4fi. d Exemple, VIguana delicatissima voy. Carus et Olto, Op. cit., pi. 6, fig. 5. c Carus et Olto, Op. cit., pi. G, fig. 3. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES REPTILES. 509 canal dĂ©fĂ©rent correspondant. Enfin, on remarque encore chez beaucoup d'Ophidiens, sous chaque verge, un organe sĂ©crĂ©teur qui consiste en un caecum tabulaire, et qui renferme une ma- tiĂšre blanche 1. Chez les Reptiles dont l'anus est longitudinal ou arrondi, savoir, les Crocodiliens et les ChĂ©loniens, l'appareil copulateur, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, n'est pas double 2 comme chez les prĂ©cĂ©dents, et consiste en une verge pleine et linguiformc, situĂ©e sur la ligne mĂ©diane, fixĂ©e par sa base Ă  la paroi antĂ©- rieure du cloaque et libre Ă  son extrĂ©mitĂ© opposĂ©e, qui est susceptible de se reployer dans l'intĂ©rieur du vestibule com- mun, de façon Ă  s'appliquer contre l'entrĂ©e du rectum et de la vessie urinaire, ou de se recourber en arriĂšre et de faire saillie au dehors. Elle se compose essentiellement de deux cylindres ou cĂŽnes de tissu Ă©rectile, plus ou moins intimement unis sur le plan mĂ©dian et revĂȘtus par un prolongement de la peau, ou plutĂŽt de la membrane muqueuse du cloaque, qui, se moulant sur la rainure laissĂ©e entre les bords de ces corps caverneux, forme en avant une gouttiĂšre longitudinale. La forme de cet appendice varie souvent il est renflĂ© vers le bout en maniĂšre de gland 3, et quelquefois la portion ter- 1 Ces organes, appelĂ©s poches grand, subcylindrique, renflĂ© vers le anales, sĂ©crĂštent un liquide fĂ©tide dont bout et terminĂ© en pointe c. La l'odeur est alliacĂ©e a. gouttiĂšre qui en occupe la face dorsale 2 D'aprĂšs M. Weber, le Crocodile est divisĂ©e antĂ©rieurement en deux rbombifĂšre ferait exception Ă  cette branches par une papille. Une paire rĂšgle, et aurait deux verges 6. de muscles rĂ©tracteurs s'insĂšre d'une 3 Le pĂ©nis des ChĂ©loniens est trĂšs- part au bassin, d'autre part Ă  la face a Schlegel, Physionomie des Serpents, t. I, p. 4G. — Siebold et Stannius, Manuel d'anatomie comparĂ©e, t. Il, p. 270. b M. J. Weber, Beilrdge znr Anatomie une Physiologie, 1832. c Par exemple, chez la Tortue rayĂ©e Testudo radiata voy. Duvernoy, Atlas du RĂšgne animal de Cuvier, Reptiles, pi. 2, fij. 1. — Chez VEmys serrata voy. Treviranus, Ueber die Harnwerkzeuge und die mdnnlichen Zeugungstheile der Schildk' ĂŽten Zeitschrift fur Physiologie, 1826, t. Il, pi. 13, lĂźg. 2 et 3. 510 REPRODUCTION. minale de sa gouttiĂšre dorsale se transforme en un canal complet, par exemple chez le CaĂŻman Ă  lunettes. 11 est aussi Ă  noter que dans l'Ă©paisseur de la verge de ces Animaux, ainsi que dans la partie correspondante chez la femelle, on trouve de chaque cĂŽtĂ© de la gouttiĂšre un tube membraneux qui est. formĂ© par un prolongement du pĂ©ritoine et qui communique avec la cavitĂ© abdominale; infĂ©rieurement, il se termine en euĂź-de-sac prĂšs du gland, ou dĂ©bouche au dehors par une petite ouverture garnie d'une valvule membraneuse. On ne sait rien sur les usages de ces canaux pĂ©ritonĂ©aux, que nous rencon- trerons aussi chez plusieurs autres VertĂ©brĂ©s, et qui semblent ĂȘtre les reprĂ©sentants des pores abdominaux des Poissons infĂ©rieurs 1. oiseaux. § 13. — Dans la classe des Oiseaux , les diffĂ©rences sexuelles sont d'ordinaire accompagnĂ©es de particularitĂ©s trĂšS- DiffĂ©rences sexuelles. infĂ©rieure de cet organe, prĂšs du gland, Ă©tudiĂ©s avec beaucoup de soin, par et en se contractant, ils le replacent MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et dans le cloaque, de façon Ă  boucher Martin Saint- Ange, chez ces Reptiles l'orifice du rectum. Pour plus de dĂ©tails ainsi que chez les Crocodiliens d. sur la structure de cette verge, je ren- L'occlusion de l'extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure verrai aux excellentes figures donnĂ©es de ces canaux a Ă©tĂ© constatĂ©e par par Bojanus et reproduites dans plu- M. Mayer chez les Tortues e. Mais sieurs ouvrages a. chez les Crocodiles, on les a vus dĂ©- 1 Ces canaux pĂ©ritonĂ©aux, dont boucher au dehors dans le cloaque, l'existence fut constatĂ©e chez les ChĂ©- prĂšs de la racine du pĂ©nis chez le mĂąle, Ioniens, d'abord par Plumier 6, puis et Ă  la base du clitoris chez la fe- par Cuvier et Duvernoy c, ont Ă©tĂ© nielle if. a Bojanus, Anatome Testudinis europƓƓ, pi. 30, %. 183, 184, 485, 187. — Rwner Jones, art. Reptilia lodd's Cyclop. of Anat. and Physiol., t. IV, p. 310, fig. 236-"239. 6 Voyez StannĂźns et Siebold, Nouveau Manuel d'analomie comparĂ©e, 1. 1, p. 270. c Cuvier, Anatomie comparĂ©e, t. Vill, p. 289. d Is. Geoffroy Saint-Hilaire ei Martin Saint-Ange, Recherches anatomiques sur deux canaux qui mellent la cavitĂ© du pĂ©ritoine en communication avec les corps caverneux de la Tortue franche, et sur leurs analogues chez le Crocodile, etc. Ann. des sciences nat., 1828, t. XIII, p. 153, pi. 7. e Mayer, Analeklcn zur vergleichenden Anatomie, t. I, p. 44. f 0\ven, Notes on the Anatomy of a Crocodile Proceed. on tke Commit tee of the Zool. Soc, 1831, t. I, r. 141. — Stannius et Siebold, Manuel d' anatomie comparĂ©e, t. I, p. 270. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 511 remarquables dans l'appareil tĂ©gumentaire, et quelquefois di- verses parties du corps qui n'ont aucune relation directe avec les organes de la reproduction sont beaucoup plus dĂ©veloppĂ©es chez le mĂąle que chez la femelle. Ainsi, les ergots dont le tarse est armĂ© chez plusieurs espĂšces manquent en gĂ©nĂ©ral chez la femelle. Il en est de mĂȘme des barbillons et autres appendices du cou. Comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, le plumage de celle-ci res- semble toujours davantage au plumage des jeunes individus, et c'est seulement chez le mĂąle qu'on rencontre ce luxe de colo- ration et cet Ă©norme dĂ©veloppement des plumes de certaines rĂ©gions qui sont parfois si remarquables. Pour en donner des exemples qui sont gĂ©nĂ©ralement connus, il me suffira de citer le Paon et le Faisan dorĂ© de la Chine. §14. — Les organes de la gĂ©nĂ©ration des Oiseaux res- AppamigĂ©mta semblent beaucoup Ă  ceux des Reptiles, si ce n'est que chez le 0iseaux- mĂąle les conduits dĂ©fĂ©rents ne s'unissent jamais aux uretĂšres et dĂ©bouchent dans les cloaques par des orifices particuliers; que l'appendice copulateur est en gĂ©nĂ©ral rudimentaire; et que chez la femelle, l'appareil tout entier avorte presque toujours d'un cĂŽtĂ©, en sorte qu'il n'y a qu'un seul ovaire et un oviducte unique, placĂ©s du cotĂ© gauche du corps 1. Dans les pre- miers temps de la vie embryonnaire, ce dĂ©faut de symĂ©trie n'existe pas, et l'on trouve de chaque cĂŽtĂ© un ovaire et un ovi- ducte 2; mais bientĂŽt l'une des moitiĂ©s de cet appareil s'atro- 1 Par exemple, chez la Poule a, l2 Rathke a constatĂ© que chez le le Pigeon 6, la Grue couronnĂ©e c, Poulet, les ovaires naissent sur le bord le PĂ©lican 0^lei organe; mais en grandissant, ils en soulĂšvent la surface et la rendent bosselĂ©e; puis, distendant de plus en plus ces bosses, les transforment en autant de bourses dont la base se rĂ©trĂ©cit Ă  mesure que leur volume augmente. Ces bourses ovigĂšres, appelĂ©es calices, deviennent ainsi pĂ©donculĂ©es, et donnent Ă  l'ovaire l'aspect racĂ©meux dont je viens de parler. Chacune d'elles loge un Ɠuf qu'elle embrasse Ă©troitement, et leurs parois, quoique trĂšs-minces, se composent, comme nous venons de le voir, de trois parties, savoir 1° d'une tunique externe qui est formĂ©e par une portion distendue des enveloppes de l'ovaire, et qui constitue le pĂ©doncule du calice; 2° d'une tunique interne formĂ©e par la capsule ovigĂšre ; o° d'une couche de tissu con- jonctif lĂąche, unissant entre elles les membranes prĂ©cĂ©dentes, et provenant de la partie du stroma qui entourait directement la capsule et qui a accompngnĂ© cette vĂ©sicule dans son Ă©mi- gration vers l'extĂ©rieur de l'ovaire. De nombreux vaisseaux sanguins se ramifient dans l'Ă©paisseur des parois du calice ainsi constituĂ©, et se distribuent d'abord assez uniformĂ©ment dans toutes ses parties; mais lorsque l'Ɠuf ovarien est arrivĂ© Ă  ma- turitĂ©, ces vaisseaux se rĂ©trĂ©cissent et s'atrophient presque sur l'Ă©ijuateur de l'espĂšce de globe reprĂ©sentĂ© par ce corps. Il en rĂ©sulte une bande blanchĂątre qui entoure le calice et qui a reçu le nom de stigma. Enfin, la bourse ovigĂšre se dĂ©chire le long de la ligne ainsi tracĂ©e, et laisse Ă©chapper l'Ɠuf contenu dans son intĂ©rieur; puis le calice, devenu vide et pendant, se flĂ©trit et disparait. Lorsque l'ovule ovarien est encore trĂšs-jeune 1, la vĂ©sicule 1 Depuis quelques annĂ©es, le mode cherches, et les embryologistes sont de dĂ©veloppement de l'ovule des Oi- partagĂ©s d'opinion sur plusieurs points seaux a Ă©tĂ© l'objet de beaucoup de re- importants de l'histoire de ce phĂ©no- 520 REPRODUCTION. gerniinativc en occupe le centre et s'y trouve entourĂ©e d'un amas de granules empĂątĂ©s dans une substance glutineuse; mais, Ă  une pĂ©riode un peu plus avancĂ©e du travail ovogĂ©nique, cette cellule primitive vient se placer Ă  la* surface du globe vitellin ainsi constituĂ©, et les corpuscules blastĂ©miques dont elle est entourĂ©e, l'accompagnant, forment dans ce point une tache opaque et blanchĂątre, appelĂ©e couche proligĂšre, qui se dessine de plus en plus nettement Ă  mesure que la substance vilelline sous-jacente se colore davantage en jaune. Cette substance pa- raĂźt se dĂ©velopper par couches successives et concentriques autour de l'espace central, ou latebra, occupĂ© primitivement par la vĂ©sicule germinative, et d"un prolongement qui s'Ă©tend de cet espace Ă  la couche proligĂšre, oĂč il s'Ă©largit en forme d'en- tonnoir 1. Elle se compose de grosses vĂ©sicules jaunes, les unes sphĂ©riques, les autres plus ou moins polyĂ©driques, rem- mĂšne. Lorsque je traiterai de la for- mation de l'ovule des MammifĂšres, je reviendrai sur ce sujet, et j'indiquerai les relations qui existent entre les di- verses parties constitutives tant de l'ovule que de la capsule ovarienne dans ces deux classes d'Animaux. Ici je me bornerai Ă  renvoyer le lecteur, pour plus de dĂ©tails , aux principaux travaux originaux relatifs Ă  ces ques- tions dĂ©licates [a. 1 Ce mode de conformation se retrouve dans l'Ɠuf arrivĂ© Ă  maturitĂ©, et pour le mettre en Ă©vidence, il est utile de faire durcir par la cuisson un Ɠuf de Poule nouvellement pondu, de le dĂ©pouiller de sa coquille, et de le couper verticalement en deux moitiĂ©s Ă  l'aide d'un instrument bien tran- chant. Des diffĂ©rences de teinte dans la substance du vitellus rendent alors visibles les couebcs concentriques in- n H. Heckel, Die Bildting der fur partielle Furchung bestimmten Eierder Yogel [Zeitschrift fur u'issenschaftl. Zoologie, 1852, t. III, p. 420. P- ?'. - Allen Thompson, art. Ovcm Todd's CyclopƓdia of Analomy and Physiology, Suppl., t. Y, 1853. Leuekart, Zeugung Wagner's HandwĂŽrterbuch der Physiologie, t. IV, p. 788, etc.. Sunitcr, Nonnulla de evolutione ovi Avium, donec in oviductum ingredialur. Halle, 1O0O. Hoycr, Ueber die Eifolliker der Vogel, namentlich der Tauben und HĂ»hner Archiv fur Atiat. und Physiol., 1837, p. 52. — Klebs, Die Eierstockseier der Wirbelthiere {Archiv fur pathol. Anat., 1861, t. XXI, p. 362. q Ge^enbauer, Ueber den Bau und die Entwickelung der Wirbelthiere mit partieller Dilter- theilung Archiv fur Anat. und Physiol., 1861, p. 491, — KĂ«lliker, Entwickchingsgeschichte, 1801, p. 24. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 521 plies d'un liquide albumineux chargĂ© de granules et offrant souvent un noyau bien distinct. La substance qui occupe le latebra est moins dense, moins colorĂ©e et plus riche en ma- tiĂšres grasses que la substance vitelline circonvoisine. La pro- portion d'huile est plus grande aussi dans le voisinage de la tache proligĂšre que dans la portion opposĂ©e du globe vitellin, et il en rĂ©sulte une diffĂ©rence dans la pesanteur spĂ©cifique de ces parties, Ă  raison de laquelle l'ovule, en flottant librement dans un liquide, se dispose toujours de façon que cette tache en occupe la partie supĂ©rieure. A mesure que l'ovule ovarique se dĂ©veloppe, son volume augmente, sa couleur prend plus d'intensitĂ©, et son enveloppe propre ou tunique vitelline devient de plus en plus distincte 1. La tache proligĂšre s'accroĂźt aussi, et constitue la cicatricule dont il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© question dans une leçon prĂ©cĂ©dente 2 ; mais la diquĂ©es ci-dessus, et Ton remarque dans le centre de la sphĂšre vitelline un espace plus clair qui occupe envi- ron le quart du diamĂštre de ce globe; un prolongement de mĂȘme teinte s'Ă©- tend de cette partie centrale jusqu'Ă  la tache proligĂšre ou cicatricule, et, aprĂšs s'ĂȘtre d'abord un peu rĂ©trĂ©ci, s'Ă©largit en forme d'entonnoir au-des- sous de cette tache. 1 Cette membrane ne paraĂźt pas exister dans les premiers temps du dĂ©veloppement de l'ovule, mais les observations de M. II. Meckel tendent Ă  Ă©tablir que chez l'Ɠuf trĂšs-jeune, le globe vitellin s'entoure d'une tunique temporaire qui disparaĂźtrait ensuite, et qui serait comparable Ă  l'enveloppe appelĂ©e zona pellucida chez les Mam- mifĂšres a. Les recherches de M. Allen Thompson viennent Ă  l'appui de cette opinion 6, mais elle a Ă©tĂ© combattue par M. Leuckart, ainsi que par la plu- part des embryologistes qui ont fait plus rĂ©cemment des Ă©tudes spĂ©ciales sur ce sujet. Suivant MM. II. Meckel et Allen Thompson, toute la partie pĂ©riphĂ©rique de la sphĂšre vitelline proviendrait de la capsule ovarienne et serait dĂ©posĂ©e Ă  la surface de l'ovule primitif, qui, plus tard, se revĂȘtirait d'une tunique propre; tandis que, sui- vant la plupart des observateurs, toutes les parties existantes dans cette sphĂšre s'y forment dans son intĂ©rieur par le dĂ©veloppement ou la multiplication de cellules ou de corpuscules organi- sĂ©s. Pour plus de dĂ©tails Ă  ce sujet, je renverrai au mĂ©moire de M. Gegen- bauer, citĂ© ci-dessus Arch. filr Anat. und Physiol., 1861. 2 Voyez ci-dessus, page 402. a H. Meckel, Op. cit. Zeilschr. fur uissensch. Zool , 1859, t. III. b Allen Thompson, Op. cit. Todd's Cyclop., t. V, p. 79. Descente de l'ovule dans l'oviducte. Structure de l'oviducte. 522 REPRODUCTION. vĂ©sicule germinative qui occupe le centre de ce disque blan- chĂątre s'aplatit, et disparait mĂȘme complĂštement, lorsque le globe vitellin, arrivĂ© Ă  maturitĂ©, est prĂšs de sortir de sa capsule, ou peu de temps aprĂšs sa mise en libertĂ©. Il est aussi Ă  noter que ce phĂ©nomĂšne n'a aucun rapport avec la fĂ©condation, car il se produit dans l'Ɠuf stĂ©rile de la Poule qui n'a pas reçu les approches du mĂąle aussi bien que dans l'Ɠuf fĂ©condĂ©. § 18. — L'ovule Ă©vacuĂ© dans cet Ă©tat par l'ovaire est reçu dans l'oviducte; mais ce canal ne sert pas seulement Ă  le conduire au dehors de mĂȘme que chez les Reptiles, les Ba- traciens et les Poissons plagiostomes, il a aussi pour fonctions de complĂ©ter ce corps reproducteur en ajoutant Ă  la sphĂšre vitelline un supplĂ©ment de matiĂšres nutritives et des enve- loppes. C'est donc un organe sĂ©crĂ©teur aussi bien qu'un organe Ă©vacuatcur. Il ne diffĂšre que peu de celui de quelques Reptiles et de divers Plagiostomes, oĂč nous en avons dĂ©jĂ  dĂ©crit la con- formation; mais il me paraĂźt utile de l'Ă©tudier ici plus attentive- ment, que nous ne l'avons fait chez ces Animaux, et d'entrer dans quelques dĂ©tails relatifs Ă  son histoire physiologique aussi bien qu'Ă  son anatomie. Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, l'oviducte des Oiseaux est presque toujours impair et situĂ© du cĂŽtĂ© gauche. Il s'Ă©tend depuis le voisinage du poumon jusqu'au cloaque, et il se compose d'un tube membrano-musculaire suspendu dans un repli du pĂ©ri- toine appelĂ© mesometrium, qui est assez semblable Ă  un mĂ©- sentĂšre, mais qui renferme des fibres musculaires lisses. Sa tunique interne consiste en une membrane muqueuse, et entre celle-ci et le revĂȘtement pĂ©ritonĂ©al se trouve une tunique char- nue dont la plupart des fibres sont transversales et en conti- nuitĂ© avec celles du mesomelrium. Chez quelques Oiseaux, le tube ainsi constituĂ© est uniformĂ©ment cylindrique dans toute son Ă©tendue, et ne prĂ©sente, dans les diverses parties de sa APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 525 longueur, que peu de diffĂ©rences organiques 1; mais en gĂ©- nĂ©ral il en est tout autrement, et l'on y distingue quatre por- tions caractĂ©risĂ©es par des particularitĂ©s de structure aussi bien que par des fonctions spĂ©ciales, savoir un pavillon, ou rĂ©cep- teur; une trompe, ou transmetteur; une premiĂšre chambre complĂ©mentaire, ou conduit albuminipare, et un rĂ©ceptacle, ou chambre coquilliĂšre. La Poule est une espĂšce trĂšs-propre Ă  l'Ă©tude de ces diverses parties de l'oviducte. Chez cet Animal, le pavillon est un large entonnoir Ă  parois minces, dont les bords sont d'ordinaire rap- prochĂ©s de façon Ă  simuler une grande scissure Ă  deux lĂšvres plissĂ©es, mais pouvant s'Ă©carter et devenir presque circulaires. Une bride pĂ©ritonĂ©ale, contenant un cordon de fibres Ă©lastiques, s'Ă©tend de la commissure supĂ©rieure de cet infundibulum Ă  la partie adjacente des parois abdominales, et le maintient sus- pendu sous le bord du poumon 2. Une autre bride analogue s'attache Ă  la commissure opposĂ©e, et la fixe Ă  la partie infĂ©- rieure de l'oviducte, de façon Ă  la tendre ; mais, par suite de la contraction lente des fibres musculaires dont il a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  question, l'espĂšce de boutonniĂšre ainsi formĂ©e peut se dilater et aller s'appliquer sur l'ovaire, de façon Ă  embrasser Ă©troite- ment la capsule ovigĂšre prĂšs d'Ă©clater, et recueillir l'Ɠuf qui s'en Ă©chappe. La surface interne de cet entonnoir est garnie de cils vibratilcs, et son fond prĂ©sente un orifice circulaire qui conduit dans la portion suivante de l'oviducte. La trompe qui fait suite au pavillon est un tube Ă©troit, presque droit et peu mobile, que l'Ɠuf doit traverser rapide- ment. Ses parois sont minces et sa tunique muqueuse n'est que 1 Chez le Pigeon, par exemple a. penseur du pavillon a Ă©tĂ© trĂšs-bien 2 La structure de ce ligament sus- reprĂ©sentĂ©e par II. Lereboullet 6. a Voyez Mnrtin Saint-Ange, Op. cit., p. 54, pi. 8, fig. 3. b Lereboullet, Rech. sur les organes gĂ©nitaux des Animaux vertĂ©brĂ©s, pi. 12, fij. 116 Nova Acta Acad. nat. curios., t. XXIII. 524 REPRODUCTION. faiblement plissĂ©c. Elle se continue intĂ©rieurement avec la pre- miĂšre chambre complĂ©mentaire ou tube albuminigĂšne, qui s'en distingue par son diamĂštre considĂ©rable, ses circonvolutions nombreuses, l'Ă©paisseur de ses parois, les gros plis longitudi- naux et obliques formĂ©s par sa tunique muqueuse, et les nom- breuses glandules vĂ©siculaires rĂ©unies par paquets que cette tunique renferme. Ces plis sont subdivisĂ©s en lobes qui se multiplient et se rapetissent vers la partie postĂ©rieure de l'or- gane, et ils disparaissent presque dans une portion rĂ©trĂ©cie, appelĂ©e l'isthme, qui la termine et la sĂ©pare du rĂ©ceptacle, ou chambre coquilliĂšre. Cette derniĂšre portion de l'oviducte, que quelques anato- mistes appellent la chambre incubatrice ou l'utĂ©rus, est un Ă©largissement ovoĂŻde dont les parois sont garnies de fibres mus- culaires longitudinales aussi bien que transversales, et qui se plissent dans tous les sens quand elles ne sont pas distendues par la prĂ©sence d'un Ɠuf. La tunique muqueuse y est hĂ©rissĂ©e de longues papilles lamelleuses, arrondies au bout et logeant dans leur Ă©paisseur des glandules particuliĂšres. Enfin, cette chambre terminale s'ouvre dans le cloaque par un col tabu- laire et Ă©troit, dont l'orifice fait saillie Ă  la partie latĂ©ro-supĂ©- rieure du vestibule gĂ©nilo-urinaire, en dehors de l'embouchure de l'uretĂšre gauche 1. Formaiion § 19. — L'Ɠuf ovarien, c'est-Ă -dire le globe vitellin, recueilli des irties comptĂ©- par le pavillon, traverse trĂšs-rapidement la trompe et ne sĂ©- de journe que quelques heures dans la premiĂšre chambre complĂ©- mentaire 2; mais en passant dans cette portion de l'oviducte, il 1 Quelquefois l'oviducte est fermĂ© Pingouins, un HĂ©ron et quelques au- dans ce point. M. Stannius a observĂ© trĂšs Oiseaux a. cette disposition chez des Canards, des 2 Voyez Ă  ce sujet les observations a Stannius et Siebold, Nouveau Manuel d'anatomie comparĂ©e, t. Il, p. 3G7. ‱ APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 525 se recouvre d'un albumen et se revĂȘt ensuite de la tunique mena- Albumen. braneuse qui constitue l'enveloppe propre de cette substance. La matiĂšre protĂ©ique et organisable sĂ©crĂ©tĂ©e par les glandules de la tunique muqueuse de ce tube se dĂ©pose par couches suc- cessives sur l'Ɠuf pendant que celui-ci sĂ©journe dans la por- tion plissĂ©e de ce tube, et ce dĂ©pĂŽt, s'effectuant de prime abord dans une Ă©tendue assez considĂ©rable en amont et en aval du point occupĂ© par ce corps Ă©tranger, aussi bien que dans ce point mĂȘme, forme aux deux pĂŽles du globe vitellin un appen- dice cylindrique en continuitĂ© avec les premiĂšres couches du blanc appliquĂ©es directement sur ce corps. La portion pro- fonde de l'albumen ainsi produite est plus dense que les couches formĂ©es ultĂ©rieurement et en reste distincte. On appelle membrane chalazifĂšre la couche appliquĂ©e sur le globe vitel- lin 1, et l'on a donnĂ© le nom de chalazes aux deux prolonge- ments polaires qui en partent. Par l'effet d'un mouvement de rotation de l'Ɠuf ou de quelque chose d'analogue, ces appen- dices se tordent fortement, et se recourbent sur eux-mĂȘmes de façon Ă  prĂ©senter un aspect fort singulier. Les premiers ovologisles en ont Ă©tĂ© trĂšs-prĂ©occupĂ©s et y ont attachĂ© un rĂŽle important dans le travail embryologique, mais ils ne pa- raissent servir qu'Ă  maintenir le globe vitellin dans une posi- tion dĂ©terminĂ©e par rapport au grand axe de l'Ɠuf. L'albumen, de Dutrochet, de M. Piirkinje, et plus parties de l'albumen qui se forment, particuliĂšrement celles faites il y a mais leur disposition spirale b ne de- qninze ans par M. Coste a. vient distincte que plus tard, lorsque 1 Les chalazes sont les premiĂšres l'Ɠuf a dĂ©jĂ  sa coquille. a Dutrochet, Recherches sur les enveloppes du fƓtus MĂ©m. de la Soc. mĂ©d. d'Ă©mulation, t. VIII, et MĂ©m. pour servir Ă  l'histoire anatomique et physiologique des VĂ©gĂ©taux et des Ani- maux, 1837, t. II, P. 206. — Piirkinje, SymbulƓ ad ovi Avium historiam, 4830. — Coste, Histoire du dĂ©veloppement des corps organisĂ©s, 1849, 1. 1, p. 288 et suiv. b Baer, Ueber Entwickel., p. 31. — Wagner, IcĂŽnes physiologicƓ, pi. 2, fig. 11. — Allen Thompson, article Ovum Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol., t. V, p. 64, Ilg. 4G, A, B, C. 526 REPRODUCTION. en s'accumulant sur ce premier dĂ©pĂŽt, prend une forme plus globuleuse, et Ă  mesure que l'Ɠuf descend dans l'oviducte, poussĂ© par les contractions pĂ©ristaltiques de ce conduit, son extrĂ©mitĂ© postĂ©rieure s'Ă©largit plus que son extrĂ©mitĂ© opposĂ©e; sa substance affecte aussi une disposition spirale dĂ©terminĂ©e, suivant toute probabilitĂ©, par le mouvement de rotation que les plis obliques de l'oviducte font exĂ©cuter Ă  l'Ɠuf pendant son passage dans ce tube. Tous ces phĂ©nomĂšnes peuvent s'accom- plir dans l'espace d'environ trois heures. L'Ɠuf s'arrĂȘte dans l'isthme de l'oviducte pendant un laps de temps Ă  peu prĂšs semblable, et lĂ  la couche superficielle de l'albumen se conso- lide et s'organise de façon Ă  former la tunique dont j'ai dĂ©jĂ  eu l'occasion de parler sous le nom de membrane de la coquille. Cette enveloppe se compose d'un feutrage, et forme deux feuil- lets unis l'un Ă  l'autre, mais faciles Ă  sĂ©parer 1. La production de l'albumen et de la membrane coquilliĂšre n'est pas subordonnĂ©e d'une maniĂšre absolue Ă  la prĂ©sence d'un globe vitellin dans l'intĂ©rieur de l'oviducte ainsi, on rencontre parfois des Ɠufs de Poule qui ne renferment pas de jaune u2. On connaĂźt beaucoup d'exemples de deux vitellus renfermĂ©s dans un mĂȘme albumen, et il n'est pas trĂšs-rare de voir deux vitellus pourvus chacun de leur blanc, mais 1 Pour plus de dĂ©tails sur cette l'ovule ovarique dans la portion albu- tunique, je renverrai aux observations minigĂšne de roviductc 6. Dans les de M. Carpenter et de M. Allen Tbomp- campagnes, on appelle souvent ces son Ă . Ɠufs imparfaits des Ɠufs de Coq, et 2 Cette anomalie paraĂźt dĂ©pendre l'on s'imagine qu'il en naĂźt un Ser- parfois de l'existence d'un obstacle pent, fable qu'il serait inutile de rĂ©- mĂ©caniqne qui empĂȘche l'entrĂ©e de futer. a Carpenter, On the Structure of the animal Basis of the common Egg-shell and of the Membrane surrounding the Albumen {Trans. of the microsc. Soc., 1844, 1. 1, p. 4 09. — Allen Thompson , article Ovum Todd's Cyclop. of Anat. and Physiol. , t. V, p. G5, fig. 46, D. b Lapeyronie, MĂ©m. sur les petits Ɠufs de Poule sans jaune que Von appelle vulgairement Ɠufs de Coq Hist. de l'Acad. des sciences, 1710, p. 553. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 527 renfermĂ©s dans une mĂȘme membrane coquilliĂšre, faits qui prouvent l'indĂ©pendance primordiale de toutes ces parties acces- soires de l'Ɠuf 1. C'est pourvu de son albumen et de sa membrane coquilliĂšre que l'Ɠuf passe de la premiĂšre chambre complĂ©mentaire dans le rĂ©ceptacle villeux qui occupe la partie infĂ©rieure de l'oviducte, et qui enduit aussitĂŽt ce corps d'un liquide blanchĂątre destinĂ© Ă  fournir les matĂ©riaux constitutifs de la coquille. Celle-ci est fermĂ©e par une couche plus ou moins Ă©paisse de cellules vĂ©sieu- laires dans l'intĂ©rieur desquelles du calcaire carbonate ne tarde pas Ă  se dĂ©poser et Ă  prendre une apparence cristalline. Elle est toujours poreuse et permĂ©able Ă  l'air 2, mais son Ă©paisseur varie beaucoup suivant les espĂšces 3. Il en est de mĂȘme de sa densitĂ© et de l'aspect plus ou moins poli de sa surface II. Il arrive parfois que l'Ɠuf ne s'achĂšve pas de la sorte, et qu'il est expulsĂ© du corps de la femelle avant de s'ĂȘtre revĂȘtu Coquille. 1 Il existe, dans les collections du MusĂ©um d'histoire naturelle, un Ɠuf double de ce genre, qui manque de co- quille et dont la tunique membra- neuse a la forme d'un sac allongĂ© et fortement Ă©tranglĂ© au milieu. Des ano- malies analogues ont Ă©tĂ© signalĂ©es par quelques auteurs [a, et Ton a vu mĂȘme des Ɠufs Ă  trois jaunes 6. 2 Voyez, tome I, page ÂŁ16. 3 Ainsi, non-seulement les Ɠufs des petits Passereaux, mais aussi ceux de quelques Oiseaux d'assez grande taille, ont une coquille extrĂȘmement mince par exemple, ceux des Faucons, des Outardes, des FrĂ©gates et des Ti- namous. En gĂ©nĂ©ral, Les Oiseaux qui pondent sur la terre nue ont des Ɠufs Ă  coquille plus Ă©paisse par exemple, le Paon, la Pintade, les Perdrix, la plu- parl des autres GallinacĂ©s et presque tous les Oiseaux nageurs. U Comme exemple de ces diffĂ©- rences, je citerai, d'une part, les Ɠufs des Pies et des BĂ©casses, qui sont lisses et luisauts comme du verre; d'autre part, les Ɠufs des Autruches, des Ca- soars et des Hoccos, qui sont piquetĂ©s et rudes. Chez beaucoup d'Oiseaux aquatiques, la coquille est grasse. a Polisius, De ovo gallinacco monstroso Miscell. curios., 1685, obs. 44j. — 0. des Murs, TraitĂ© d'oologie, p. 101. — Davaine, MĂ©m. sur les anomalies de l'Ɠuf MĂ©m. de la SociĂ©tĂ© de biologie pour 1800, sĂ©rie 3', t. II, p. 226, pi. 2, fi-. 10-14. b Valenciennes, Note sur des Ɠufs Ă  plusieurs jaunes contenus dans une mĂȘme coque Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1856, t. XLII, p. 5. 528 REPRODUCTION. d'une coquille 1. Ce phĂ©nomĂšne n'est pas rare chez la Poule 2, et paraĂźt, en gĂ©nĂ©ral, dĂ©pendre d'une fĂ©conditĂ© trop grande, comparativement Ă  la puissance digestive de l'Oiseau et Ă  la quantitĂ© de matiĂšres calcaires que celui-ci peut introduire dans son organisme 3. Ainsi on l'observe principalement chez les individus malades, vieux ou nourris d'une maniĂšre trop excitante. Il se peut aussi que, par suite de l'arrivĂ©e presque simultanĂ©e de deux Ɠufs dans la portion villeuse de l'oviducte, une coquille unique se constitue autour de ces deux corps, ou bien que le premier de ces Ɠufs, aprĂšs s'ĂȘtre revĂȘtu de sa co- quille, soit enveloppĂ© avec le second dans la coquille de ce der- nier. On trouve dans les annales de la science beaucoup d'ob- servations sur des Ɠufs inclus de la sorte Zi, et quelquefois mĂȘme des corps Ă©trangers ont Ă©tĂ© embrassĂ©s d'une maniĂšre analogue par la substance constitutive de la coquille 5. Mais 1 On appelle communĂ©ment Ɠufs h C'est principalement chez la hardĂ©s, les Ɠufs qui sont dĂ©pourvus Poule que Ton a constatĂ© l'existence de coquille et recouverts seulement d'Ɠufs Ă  double jaune, ou d'Ɠufs Ă  par une membrane coquilliĂšre plus ou coquille inclus dans un autre Ɠuf. moins Ă©paisse. Pour l'indication des auteurs qui ont 2 Des cas analogues ont Ă©tĂ© ob- signalĂ© des faits de ce genre, je ren- servĂ©s, mais rarement, chez d'autres verrai aux Ă©crits d'Isidore Geoffroy Oiseaux par exemple, chez le Moineau Saint-Ililaire, de M. des ]\lurs et de domestique a et le Serin b. M. Davaine d. 3 Les agronomes ont remarquĂ© 5 Ainsi on cite des exemples que dans les rĂ©gions oĂč le sol manque d'Ɠufs dans la coquille desquels des de calcaire, les Poules donnent des fragments d'insectes qui avaient Ă©chap- Ɠufs dont la coquille est remarquable- pĂ© Ă  la digestion, et qui s'Ă©taient en- ment mince dans l'Ardenne belge, gagĂ©s dans l'oviducte, ont Ă©tĂ© trouvĂ©s par exemple c. incrustĂ©s dans la coquille e. a Moquin-Tandon, MĂ©m. sur l'oologie Bulletin de la SociĂ©tĂ© linnĂ©enne de Paris, 1825, t. 1I, p. 67. b 0. des Murs, TraitĂ© d'oologie, p. 101. c Joigneau, le Livre de la ferme, t. I, p. 950. d Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire gĂ©nĂ©rale et particuliĂšre des anomalies de l'organisation, t. III, p. 318. — 0. des Murs, Op. cit. — Davaine, Op. cit. MĂ©m. de la SociĂ©tĂ© de biologie pour 18G0, sĂ©rie $‱, t. II, p. 226. — Bert, ƒuf complet inclus dans un autre Ɠuf complet L'Institut, 1862, t. XXX, p. 42. e Moquin-Tandon, MĂ©m. sur l'oologie MĂ©m. de la Soc. linn. de Paris, 1. 111, p. 69. — Davaine, loc. cit., p. 242. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 529 des accidents de ce genre n'offrent que peu d'intĂ©rĂȘt physio- logique. La forme, la coloration et le volume des Ɠufs varient beau- coup dans la classe des Oiseaux 1. Toujours ce sont des solides de rĂ©volution dont la figure correspond Ă  celle qui serait engen- drĂ©e par une ligne courbe tournant autour d'un axe; ils ne sont jamais complĂštement sphĂ©riques, et leur grand diamĂštre cor- respond Ă  l'axe de l'oviducte qui leur a livrĂ© passage. En gĂ©nĂ©ral, ils sont plus petits Ă  un bout qu'Ă  l'autre, ainsi que cela se voit chez la Poule, et quelquefois cette diffĂ©rence est mĂȘme beaucoup plus prononcĂ©e que chez ce GallinacĂ© 2; mais d'ordinaire ils se rapprochent davantage d'une forme ellipsoĂŻdale rĂ©guliĂšre, comme chez le Pigeon. On remarque aussi des diffĂ©rences considĂ©rables entre la longueur du grand axe de ces corps comparĂ© Ă  leur petit diamĂštre; mais ces par- ticularitĂ©s sont loin d'ĂȘtre constantes chez les Ɠufs des Oiseaux appartenant Ă  une mĂȘme famille naturelle, et sont sujettes Ă  des variations assez grandes dans une mĂȘme espĂšce 3 aussi Forme et couleur des Ɠufs. 1 La conformation extĂ©rieure et le mode de coloration des Ɠufs d'Oiseaux ont Ă©tĂ© l'objet de beaucoup d'obser- vations, et ont donnĂ© lieu Ă  la publica- tion de plusieurs ouvrages spĂ©ciaux, dont je me bornerai Ă  citer ici les principaux a. ‱} Comme exemple des Ɠufs pres- que piriformes, je citerai ceux d'un Oiseau dont l'espĂšce est presque per- due de nos jours le grand Pingouin, ou Aie a impennis. Les Ɠufs de cet Oiseau sont tellement rares dans les collections, que la valeur vĂ©nale en est devenue excessivement Ă©levĂ©e. 3 M. des .Murs, Ă  qui Ton doit beaucoup de recberebes sur l'oologic ornithologique, rapporte Ă  six types principaux la forme des Ɠufs, savoir 1° La forme sphĂ©rique, qui n'est jamais parfaite, mais dont s'Ă©loignent peu les Ɠufs trĂšs ramassĂ©s et Ă  exlrĂ©- {? Zinanni, Pelle nova e dei niii degli Ucelli, 1737. — Klein, Ova Avium plurimarum dehneata, 17GG. — Schinz, Beschreib. und Abbild. der kĂ»nstlichcn Nester uni Eier der VĂŽgel, 1819. — Moquin-Tandon, Op. cit. MĂ©m. de la Soc. linn. de Paris, 1825, I. III, p. 38. — Hewilson, Ulustr. of tin Eggs of British Pirds. 2 vol., 1832. — Thienemann, Systematische Parstellung der Fortpflanzung der VĂŽgel Europa's mit Abbil- dung. der Eier, 1838. — Fortpftanzungsgeschichte der gesammten VĂŽgel, 184G-1856. — Brewer, North American Oology, 1857. — 0. des Murs, TraitĂ© gĂ©nĂ©ral d'oologie ornithologique, 18G0. 530 REPRODUCTION. ne devons-nous y attacher ici que peu d'importance. J'ajouterai seulement que le petit bout de l'Ɠuf est toujours l'extrĂ©mitĂ© qui, dans l'oviducte, est dirigĂ©e vers le cloaque, et cette circon- stance, jointe Ă  celle de dĂ©formations accidentelles qui sont Ă©videmment dues Ă  une pression exercĂ©e par les parois de ce tube ou par les parties adjacentes de l'organisme, doit nous porter Ă  croire que des causes mĂ©caniques influent beaucoup sur la conformation de ces corps, lorsqu'ils ne sont encore revĂȘtus que de leur tunique coquilliĂšre et n'ont pas encore de coquille. A raison de celte circonstance, des stries obliques qui se voient sur la tunique de l'albumen, de la torsion des chalazes et de la forme de l'Ɠuf, qui, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, est tou- jours celle d'un solide de rĂ©volution, j'incline donc Ă  croire que, pendant son sĂ©jour dans la portion moyenne de l'oviducte, mitĂ©s similaires. Exemple, les Ɠufs de tous les Rapaces nocturnes, Ă  l'excep- tion des Effraies, et les Ɠufs du Gor- fou, ou Spheniscula. 2° La forme ovalaire, ou plutĂŽt ellipsoĂŻde rĂ©guliĂšre, mĂ©diocrement al- longĂ©e et Ă  extrĂ©mitĂ©s trĂšs-obtuses. Exemple, les Ɠufs de la plupart des Rapaces diurnes ; ceux des Perroquets, des Oiseaux-mouches, des Pigeons, des Cygnes, des Canards, etc., etc. 3° La forme cylindrique, ou plu- tĂŽt ellipsoĂŻdale trĂšs-allongĂ©e. Exemple, les Ɠufs des MĂ©gapodiens. h° La forme ovĂ©e, ou subovoĂŻde, avec les deux bouts inĂ©gaux, comme dans l'Ɠuf de la plupart des Gallina- cĂ©s et des Passereaux. 5° La forme ovoĂŻconique, ou trĂšs- rĂ©trĂ©cie vers le petit bout. Exemple, les Ɠufs des BĂ©casses, des Chevaliers, des Pluviers, des HuĂźtriers, des Pin- gouins, des Guillemots, etc. 6° La forme elliptique, irrĂ©guliĂšre, c'est-Ă -dire ayant les deux extrĂ©mitĂ©s un peu pointues. Exemple, les Ɠufs de la plupart des Totipalmes, ceux des GrĂšbes et ceux des Plongeons a. Du reste, il y a souvent des diffĂ©- rences de forme assez notables dans les Ɠufs des espĂšces d'un mĂȘme genre, et l'on rencontre aussi des variations considĂ©rables chez des individus de mĂȘme espĂšce, ainsi que cela se voit dans les belles planches de l'ouvrage de Thienemann 6. Quelques auteurs ont cru pouvoir attribuer ces diffĂ©- rences de forme Ă  la position de l'Oiseau ou Ă  la direction de son oviducte c ; mais nous manquons de donnĂ©es suf- fisantes pour examiner la valeur de cette hypothĂšse. a 0. des Murs, TraitĂ© gĂ©nĂ©ral d'oologie omithologique, p. 63. / Thienemann, Fortpflanzungsgesch. der YĂŽgel. c Hardy, Oologie omithologique Revue et ilag. de zoologie, 18G1, p. 49. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 531 l'Ɠuf tout entier est animĂ© d'un mouvement de rotation, tandis que le vitellus, maintenu dans une position fixe par les diffĂ©- rences de pesanteur spĂ©cifique de ses deux moitiĂ©s, reste Ă  peu prĂšs immobile 1; cela expliquerait la disposition deschalazes, si les deux extrĂ©mitĂ©s de ces prolongements polaires adhĂ©- raient Ă  la portion pĂ©riphĂ©rique de la couche albumineuse plus que dans le reste de leur Ă©tendue. Le volume de l'Ɠuf est gĂ©nĂ©ralement en rapport avec la grandeur de l'Oiseau qui le produit, mais il n'en est pas tou- jours ainsi. Plusieurs espĂšces, telles que l'AptĂ©ryx et les MĂ©gapodes, dont la taille est mĂ©diocre, produisent des Ɠufs trĂšs- gros 2, et c'est Ă  tort que quelques naturalistes ont pensĂ© que l'existence d'un Ɠuf Ă©norme , comme l'est celui de YJEpyornis, impliquait l'existence d'un Oiseau gigantes- que 3. En gĂ©nĂ©ral, il y a une certaine relation entre le vo- lume relatif de l'Ɠuf et l'Ă©tat de dĂ©veloppement plus ou moins avancĂ© auquel l'embryon arrive avant l'Ă©closion 4. Il est aussi 1 Voyez ci -dessus, page 521. 2 Ainsi l'Ɠuf du Coucou n'est pas plus gros que celui de l'Alouette, et l'Ɠuf du Pluvier est aussi gros que celui de la Poule. 3 Ces Ɠufs gigantesques, trouvĂ©s Ă  Madagascar, ont de 0n\32 Ă  0IU,3i, sur 0m,23 environ, et leur volume corres- pond Ă  celui de 6 Ɠufs d'Autruche et de li8 Ɠufs de Poule. A raison de ces circonstances, on a supposĂ© que l'Oiseau auquel ils appartiennent devait avoir entre 3 et U mĂštres de haut a. h Il existe chez les Oiseaux de grandes diffĂ©rences dans le degrĂ© de perfectionnement de l'organisme au moment de. l'Ă©closion, et, ainsi que nous le verrons dans la suite de ce cours, les uns naissent dans un Ă©tat de faiblesse extrĂȘme, tandis que d'autres peuvent presque tout de suite pourvoir Ă  leurs besoins. Buhle a conclu de ses nombreuses observations sur l'ovolo- gie, que ces diffĂ©rences Ă©taient liĂ©es Ă  la grosseur relative de l'Ɠuf et du corps de l'Animal qui le produit, et que les Ɠufs les plus petits, comparativement, sont ceux dont sortent les jeunes Oi- seaux les moins avancĂ©s dans leur dĂ©- veloppement ; tandis que les Ɠufs les plus gros, proportionnellement Ă  la taille de la mĂšre, appartiennent aux espĂšces qui naissent dans l'Ă©tat plus a Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Notice sur des ossements et des Ɠufs trouvĂ©s Ă  Madagascar dans des alluvions modernes et provenant d'un Oiseau gigantesque {Ann. des sciences nat., 4' sĂ©rie, 1850, t, XIV, p. 206. 532 REPRODUCTION. Ă  noter qu'il peut y avoir Ă  cet Ă©gard de grandes variations chez un mĂȘme Oiseau, suivant les conditions physiologiques dans lesquelles il se trouve. Ainsi, parfois la Poule pond des Ɠufs nains, et ceux que l'on appelle vulgairement des Ɠufs de Coq ne sont autre chose que des produits de ce genre 1. L'Age de la mĂšre exerce une certaine iniluence sur la grosseur des Ɠufs, et chez nos Oiseaux domestiques les particularitĂ©s hĂ©rĂ©- ditaires propres aux diverses races coĂŻncident souvent avec des diffĂ©rences trĂšs-grandes dans le volume de ces corps 2. La coloration de la coquille varie beaucoup dans cette classe d'Animaux tantĂŽt elle est uniforme, comme dans l'Ɠuf des Poules cochinchinoises, qui sont jaunĂątres, et dans ceux des Casoars, qui sont d'un vert intense 3 ; souvent l'albinisme est complet h; mais d'autres fois on observe des taches parfait a. Mais la rĂšgle est loin d'ĂȘtre aussi absolue, et il y a, sous ce rap- port, de grandes variations parmi les Oiseaux prĂ©coces, ainsi que parmi ceux dont le dĂ©veloppement est tardif. 1 Ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit, il me paraĂźtrait superflu de m'arrĂȘter ici pour prouver que les petits Ɠufs, ap- pelĂ©s Ɠufs de Coq dans le langage commun, ne proviennent pas d'un mĂąle et sont le produit de la Poule. Souvent ces petits Ɠufs manquent de jaune ou n'ont qu'un vitellus rudimentaire; ils sont, en gĂ©nĂ©ral, pondus par des Poules affaiblies, soit par l'Ăąge, soit par la maladie. La Poule n'est pas le seul Oiseau cbez lequel on ait observĂ© ce genre d'anomalie 6. 2 Les Ɠufs des Poules de dix -huit mois ou deux ans sont gĂ©nĂ©ralement plus petits que ceux des individus de trois ou quatre ans, et il existe des dif- fĂ©rences Ă©normes dans la grandeur des Ɠufs fournis par diffĂ©rentes races d'une mĂȘme espĂšce. 11 me paraĂźt presque superflu d'ajouter que les Ɠufs fournis par les poules de petite race, telles que les Poules naines, sont gĂ©nĂ©ralement trĂšs-petits. Ceux de nos Poules ordinaires pĂšsent environ 60 grammes. S Les Ɠufs du Faisan dorĂ© sont couleur de chair ; ceux du Roitelet, du GrĂšbe, du Butor, etc., sont couleur d'ocre; ceux de rÉtourneau sont d'un vert glauque, ceux du grand Tina- mou sont d'un bleu intense, et ceux du Tinamou variĂ© sont lilas. !i Par exemple, cbez les Poules de race ordinaire, les Pigeons, la Chouette, etc. D'autres fois ce fond blanc est azurĂ© ou lĂ©gĂšrement teintĂ© a Neumann et Buhle, Die Eier dcr VBgel Deutschlands, 1819. 6 Voyez 0. des Murs, Op. cit., p. 93. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 533 dont la teinte est assez constante 1 suivant les espĂšces. Quel- ques physiologistes ont cru pouvoir expliquer ces maculations par des extravasations de sang provenant des parois de l'ovi- ducte, mais elles dĂ©pendent d'un dĂ©veloppement particulier de pigment dans le tissu de la coquille. Il est d'ailleurs Ă  noter qu'en gĂ©nĂ©ral la matiĂšre colorante n'occupe que la couche externe de celle-ci, et qu'elle n'est pas dĂ©truite par l'action des acides faibles qui extraient la matiĂšre calcaire -2. Quel- ques ornithologistes ont cru remarquer une certaine liaison entre la couleur des Ɠufs et la disposition du nid destinĂ© Ă  les recevoir, ou les habitudes plus ou moins sĂ©dentaires des cou- veuses; de sorte que ceux qui, Ă  raison des circonstances de cet ordre, sont le plus exposĂ©s Ă  la vue de leurs ennemis, se- raient, par leurs teintes, les plus semblables aux objets circon- voisins 3 mais cette rĂšgle souffre beaucoup d'exceptions. § 20. — Pendant la jeunesse, chez les Oiseaux de mĂȘme que chez les autres Animaux, l'ovaire ne contient que des ovules Epoque de la reproduction de rose, de gris ou de vert , ainsi que cela se voit chez les Cigognes, les Spatules, les Cormorans, les Blon- gios, etc. 1 Quelquefois les taches forment une zone assez rĂ©guliĂšre ou une sorte de guirlande par exemple, chez le Bec-croisĂ© des Pins, le Bec-fin OrphĂ©e, la Pie-griĂšche Ă  poitrine rose, etc. Les Ɠufs des Oiseaux de proie sont en gĂ©nĂ©ral marbrĂ©s ; chez la plupart des Pinsons, ils sont d'un bleu verdĂ tre, clair-semĂ© de petites bandes d'une couleur de cafĂ©. Chez d'autres Oiseaux, tels que les Mouettes et les Pingouins, la disposition et la teinte des taches varient beaucoup d'un Ɠuf Ă  un autre. 2 La coque, dĂ©pouillĂ©e de la sorte de ses sels calcaires, reste colorĂ©e, et quelquefois se sĂ©pare ensuite en plu- sieurs lames minces, dont les plus pro- fondes sont blanches ou lĂ©gĂšrement azurĂ©es. La couche superficielle parait ĂȘtre formĂ©e par un tissu Ă©pithĂ©lique ou utriculaire a. L'Ɠuf de la CrĂ©ce- relle et celui de la Perdrix se prĂȘtent trĂšs-bien Ă  cette expĂ©rience 6. 3 Gloger, ornithologiste habile, qui s'est particuliĂšrement occupĂ© de l'Ă©tude des Ɠufs et des nids des Oi- seaux, a tirĂ© cette conclusion de l'en- semble de ses recherches c. a Dickie, On the structure of the Shell of Birds and Ihe nature and seat of the Cnlnu,- Ami. ofnat. Hist., 2 sĂ©rie, 1846, t. II, p. 169. b Çornay, MĂ©m. sur les causes de la coloration des Ɠufs des Oiseaux, etc 1860 c Gloger, Ueber die Farben der Eier der VĂŽgcl Vcrhandl. der Gesellsch. ' naturforschendev Freunde zuBerlin, 1829, 1. 1, p. 332. loisonenaei vin. 36 53/l KKPRODUCTION. rudimentaires, et les testicules ne renferment pas de Sperma- tozoĂŻdes. Jusqu'Ă  ce que l'Animal soit arrivĂ© presque au terme de sa croissance, ses organes reproducteurs ne se dĂ©veloppent que peu et restent dans un Ă©tat d'inactivitĂ© presque complĂšte. L'Ă©poque Ă  laquelle ils deviennent aptes Ă  exercer leurs fonc- tions varie suivant les espĂšces, mais toujours ce n'est que gra- duellement qu'ils acquiĂšrent toute leur puissance, et Ă  une pĂ©- riode avancĂ©e de la vie ils ralentissent leur action; enfin, dans la vieillesse, ils cessent de fournir des produits, et alors on voit souvent la femelle prendre en partie le plumage du mĂąle. Je ne puis rien dire de gĂ©nĂ©ral touchant l'Ăąge de la pubertĂ© chez ces Animaux, et pour fixer les idĂ©es Ă  ce sujet, je dois me borner Ă  donner quelques exemples. Ainsi, la Poule commence Ă  pondre avant la fin de la premiĂšre annĂ©e, vers l'Ăąge de six ou huit mois, mais ne devient trĂšs-fĂ©conde que dans sa seconde ou troisiĂšme annĂ©e ; puis sa facultĂ© reproductrice dĂ©cline, et ne se prolonge que rarement au delĂ  de la sixiĂšme annĂ©e, bien que l'on cite des cas dans lesquels la production d'Ɠufs ait conti- nuĂ© jusqu'Ă  l'Ăąge de douze ou mĂȘme quinze ans 1. C'est aussi vers l'Ăąge de six mois que le jeune Coq commence Ă  rechercher les femelles, et Ă  l'Ăąge d'un an ou quinze mois, il acquiert toute sa puissance comme reproducteur; il peut alors suffire Ă  douze ou quinze Poules, ou mĂȘme davantage, mais il s'affaiblit rapidement. Pour le Cygne, la pubertĂ© n'arrive que beaucoup plus tard 2. 1 La prĂ©cocitĂ© des Poules varie les Poules dites cochinchinoises , le suivant les races et l'Ă©poque de la sont moins que celles de petite taille, naissance de ces Animaux. Ainsi les Les particularitĂ©s inhĂ©rentes aux races Poulettes d'automne sont plus hĂątives paraissent influer aussi sur la durĂ©e de que celles qui naissent au printemps, la facultĂ© reproductrice a. et les races de grande taille, telles que 2 Le Cygne noir d'Australie ne se a Rufz de Lavison, Sur la fĂ©condation des Ɠufs des GallinacĂ©s Ritlldin de la SociĂ©tĂ© %oolo- giqtu d'acclimatation, 1862, t. IX, p. 375. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 535 C'est en gĂ©nĂ©ral au printemps ou au commencement de l'Ă©tĂ© que la ponte a lieu 1, et, quelque temps avant cette Ă©poque, les mĂąles et les femelles, qui jusqu'alors ne se recher- chaient pas, se rĂ©unissent, soit par paires, soit en troupes composĂ©es d'un maie et de plusieurs femelles. Je renverrai Ă  une autre partie de ce cours tout ce que j'ai Ă  dire de l'instinct admirable qui guide ces Animaux dans la construction du nid destinĂ© Ă  recevoir leur progĂ©niture, ainsi que des soins que beaucoup d'entre eux prodiguent Ă  leurs petits, et ici je me bornerai Ă  parler de ce qui est relatif Ă  la fĂ©condation des Ɠufs. L'Ă©poque des amours varie suivant les espĂšces, mais est rĂ©glĂ©e aussi en grande partie, par la tempĂ©rature de l'atmos- phĂšre. Ainsi on a remarquĂ© que quelques-uns des Oiseaux de nos pays, transportĂ©s aux antipodes, oĂč la saison chaude coĂŻn- cide avec nos mois d'hiver, ont changĂ© leurs habitudes d'une maniĂšre correspondante, et que chez eux le rĂ©veil des facultĂ©s reproductrices avait lieu au moment oĂč, avant cette transporta- tion, tout phĂ©nomĂšne de cet ordre Ă©tait interrompu 2. La durĂ©e de l'accouplement est toujours trĂšs-court. Le maie, Accouplement, comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, saisit la femelle par le cou, et, montant sur son dos, applique son anus contre le sien. TantĂŽt la femelle s'accroupit pendant qu'elle reçoit ainsi le mĂąle, comme cela se reproduit aussi qu'Ă  l'Ăąge de trois ans, bien que sa croissance soit Ă  peu prĂšs terminĂ©e au bout d'un an a. 1 La ponte a lieu plus tĂŽt chez quelques Oiseaux ainsi elle commence en fĂ©vrier pour le Cygne. 2 Cette observation intĂ©ressante relative au renversement des pĂ©riodes de l'annĂ©e oĂč se manifestent les phĂ©- nomĂšnes d'activitĂ© gĂ©nĂ©sique chez les Oiseaux de mĂȘme espĂšce vivant en Eu- rope, ou transportĂ©s en Australie, a Ă©tĂ© faite sur des Alouettes, des Grives et plusieurs autres Passereaux qui avaient Ă©tĂ© portĂ©s d'Angleterre Ă  Mel- bourne, et qui se sont mis Ă  construire leur nid et Ă  pondre, non en mai, mais en octobre 6. a Leprestre, Observ. sur le Cygne noir Bulletin de la SociĂ©tĂ© d'acclimatation, 1854, t. I, p. 410, 6 Miiller, On the Introduction of English singing Birds into Auslralia the Ibis, a Maaa- %ine o/ gĂȘnerai Ornithology, 1861, t. III, p. Ht}. 536 REPRODUCTION. voit chez la Poule et l'Outarde; d'autres lois elle reste debout sur ses jambes, et le rapprochement sexuel n'est alors qu'in- stantanĂ© par exemple, chez le Moineau et la Grue 1. Souvent un seul accouplement suffit pour assurer la fĂ©condation de toute la sĂ©rie d'Ɠufs dont se composera la ponte 2. La liqueur sĂ©minale du maie pĂ©nĂštre directement dans l'oviducte, et les SpermatozoĂŻdes arrivent trĂšs-promptement Ă  l'extrĂ©mitĂ© supĂ©- rieure de ce tube, oĂč la fĂ©condation paraĂźt s'opĂ©rer au moment mĂȘme de la chute de l'Ɠuf 3. Chez quelques Oiseaux, la ponte se renouvelle deux ou trois fois dans le courant de l'Ă©tĂ© h; mais, en gĂ©nĂ©ral, elle n'a lieu 1 Ces deux modes d'accouplement n'avaient pas Ă©chappĂ© Ă  l'attention d'Aristote a. 2 Les anciens naturalistes pen- saient que l'influence fĂ©condante du mĂąle pouvait s'Ă©tendre, chez la Poule, pendant toute une annĂ©e, et Harvey assure avoir constatĂ© que, par le fait d'un seul accouplement, le Coq peut fĂ©conder une vingtaine d'Ɠufs qui ne descendront que successivement dans l'oviducte pour ĂȘtre pondus dans le cours d'environ un mois. Mais il rĂ©- sulte des expĂ©riences de M. Coste , qu'en gĂ©nĂ©ral, l'action de la semence du mĂąle ne s'exerce que sur les six ou sept Ɠufs qui sont arrivĂ©s presque Ă  maturitĂ© au moment du rapproche- ment sexuel 6 ; aussi d'ordinaire voit- on le Coq s'accoupler trĂšs-souvent, soit avec des Poules diffĂ©rentes, soit avec une femelle dĂ©jĂ  fĂ©condĂ©e. On assure avoir vu des Coqs cocher une cinquantaine de fois en un seul jour. Chez le Moineau et quelques autres petits Passereaux, le rapprochement sexuel se renouvelle parfois quinze Ă  vingt fois par heure c. 3 M. Coste a fait Ă  ce sujet une sĂ©rie intĂ©ressante d'expĂ©riences, d'a- prĂšs lesquelles on voit que, chez la Poule, l'embouchure de l'oviducte se dilat eau moment du coĂŻt, pour rece- voir le sperme, et qu'il suffit d'environ quatorze heures pour que les Sperma- tozoĂŻdes introduits de la sorte arrivent au pavillon d. h Quelques Oiseaux font plusieurs pontes par an. Ainsi nos Pigeons do- mestiques, rendus Ă  la libertĂ©, en font trois ou quatre, et lorsqu'ils sont en voliĂšre, ils en font jusqu'Ă  huit ou dix. Mais, en gĂ©nĂ©ral, les Oiseaux Ă  l'Ă©tat sauvage ne font une seconde couvĂ©e que lorsque la premiĂšre a Ă©tĂ© dĂ©truite par quelque accident. a Hist. des Animaux, livre V, trad. de Camus, t. I, p. 241. b Cosie, ExpĂ©riences sur le nombre des pontes fĂ©condĂ©es chez les femelles d'Oiseaux que l'on sĂ©pare du mdle aprĂšs l'accouplement Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1850, t. XXX, p. 708. c Coste, Histoire du dĂ©veloppement des corps organisĂ©s, t. II, p. 61. d Burdacli, TraitĂ© de physiologie, t. 11, p. 168. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. 537 qu'une fois par an et se compose d'un certain nombre d'Ɠufs qui sont Ă©vacuĂ©s successivement Ă  un ou deux jours d'inter- valle ou mĂȘme davantage. Ce nombre varie suivant les espĂšces, et d'ordinaire il est plus considĂ©rable chez les Oiseaux de petite taille que chez ceux d'une taille Ă©levĂ©e. Ainsi la MĂ©sange et le Roitelet pondent de quinze Ă  vingt Ɠufs, tandis que la plupart des Passereaux n'en ont que six ou sept, et que l'Aigle et les autres grands Oiseaux de proie n'en ont que trois ou quatre, quelquefois mĂȘme deux seulement 1. Mais ces rapports entre la taille des Oiseaux et leur fĂ©conditĂ© sont loin d'ĂȘtre constants, et beaucoup d'espĂšces de grandeur mĂ©diocre, les Pigeons, par exemple, et certaines espĂšces remarquablement petites, telles que les Oiseaux-mouches '2, ne pondent que deux ou trois Ɠufs; tandis que d'autres Oiseaux de plus grande taille, tels que les Paons et les Dindons, en pondent davantage 3, et l'Au- truche en donne un nombre non moins considĂ©rable 4. Tous les GallinacĂ©s sont d'une fĂ©conditĂ© remarquable, et en gĂ©nĂ©ral 1 Azara pense que le Nandou, ou Autruche d'AmĂ©rique, ne pond qu'un seul Ɠuf a; mais cela me paraĂźt peu probable , car les trous creusĂ©s en terre, qui servent de nid Ă  ces Oiseaux, contiennent ordinairement vingt-cinq Ă  trente Ɠufs , quelquefois mĂȘme plus de soixante 6, et il serait diffi- cile de supposer qu'un aussi grand nombre de femelles aient pu se rĂ©unir pour faire usage du mĂȘme nid. '2 Ce fait, si fortement en dĂ©sac- cord avec l'opinion gĂ©nĂ©ralement reçue touchant la fĂ©conditĂ© croissante avec la petitesse de la taille des Oi- seaux, a Ă©tĂ© souvent constatĂ© par les naturalistes qui ont explorĂ© l'intĂ©rieur du BrĂ©sil ou d'autres rĂ©gions chaudes de l'AmĂ©rique c. 3 Le Dindon sauvage pond une quinzaine d'Ɠufs d ; le Cygne n'en pond ordinairement que de cinq Ă  huit. /i La mĂȘme femelle pond jusqu'Ă  quinze ou mĂȘme vingt Ɠufs, mais, en gĂ©nĂ©ral, n'en donne que dix ou douze e. a Voyez Valenciennes, art. Oiseau du Dictionnaire des sciences naturelles, t. XXXV, p. 514. 6 Vavasseur, Note sur le Nandou {Bulletin de la SociĂ©tĂ© zoologique d'acclimatation, 1858, t. V, p. 391. c Audubon, Ornithological Biography, t. I, p. 5. d Cosse, Sur l'Autriche {Bulletin de la SociĂ©tĂ© zoologique d'acclimatation, 1857, t. IV, p. 337. e Veillot, La galerie des Oiseaux, t. II, p. 45. 538 REPRODUCTION. pondent au moins une douzaine d'Ɠufs 1. Du reste, les cir- constances extĂ©rieures influent beaucoup sur la durĂ©e delĂ  ponte et sur le nombre des Ɠufs produits 2. DĂšs que la femelle commence Ă  couver, elle cesse de pondre; mais si elle vient Ă  perdre ses Ɠufs peu de temps aprĂšs, ou s'ils lui sont enlevĂ©s avant qu'elle ait rĂ©uni le nombre voulu, on la voit souvent en pondre d'autres S. La nature stimulante de la nourriture tend Ă©galement Ă  augmenter la fĂ©conditĂ© de ces Animaux ft, et c'est ainsi que chez quelques-uns des Oiseaux Ă©levĂ©s en domesticitĂ©, on est parvenu Ă  rendre la ponte continue pendant un laps de temps trĂšs-considĂ©rable. Une Poule, par exemple, qui est con- venablement nourrie et qui ne couve pas, peut donner un Ɠuf tous les jours ou tous les deux jours, pendant plusieurs mois de suite, et les agriculteurs citent des races chez lesquelles la fĂ©conditĂ© est si grande, que chaque femelle donne jusqu'Ă  cent cinquante Ɠufs par an, ou mĂȘme davantage 5. 1 Ainsi les Cailles pondent ordinai- ce sujet, par Marcel de Serres d. rement douze ou quinze Ɠufs, el par- 3 Les Paons, lorsqu'ils ne couvent fois elles ont deux couvĂ©es dans Tan- pas, donnent souvent trois pontes par nĂ©e. Vieillot dit que les Colins houis an la premiĂšre, composĂ©e ordinaire- pondent vingt-trois ou vingt-quatre ment de cinq Ɠufs, la seconde de Ɠufs a; mais, d'aprĂšs les observa- quatre, et la derniĂšre de trois; mais lions d'Audubon, il paraĂźt que norma- chez les individus qui couvent, la lement ce nombre ne dĂ©passe pas reproduction s'arrĂȘte pendant tout douze 6. La ponte de nos Perdrix se le temps que durent l'incubation et compose ordinairement de dix- neuf Ă  l'Ă©ducation des petits, en sorte qu'il vingt Ɠufs, mais elle est quelquefois n'y a gĂ©nĂ©ralement qu'une seule ponte plus considĂ©rable c. Le Coq de par an. bruyĂšre, quoique de grande taille, Zt Mais une nourriture trop abon- donne une quinzaine d'Ɠufs. dante, qui leur fait prendre de la 2 Pour plus de dĂ©tails sur le nom- graisse, tend au contraire Ă  diminuer bredesƓufs pondus pardiversOiseaux, leur fĂ©conditĂ©. je renverrai Ă  un mĂ©moire spĂ©cial sur 5 Les Poules de la race appelĂ©e a Audubon, Omithological Biography, t. I, p. 390. \b Prince de Wied-Neuwied, Voyage au BiĂ©sil, t. T, p. 89. — Audubon, Omithological Biography, t. I, p. 25t. ,'c Buffon, Histoire naturelle. Oiseaux, t. III, p. 12, in-S. d Marcel de Serres, Tableau du nombre d'Ɠufs que pondent les diffĂ©rentes espĂšces d'Oiseaux Ann. des sciences nat., 2' sĂ©rie, 1840, t. XIII, p. 104. APPAREIL DE LA GÉNÉRATION DES OISEAUX. f39 L'Ɠuf fĂ©condĂ© peut rester pendant un temps plus ou moins incubation, long dans un Ă©tat d'inactivitĂ© complĂšte, sans perdre sa facultĂ© productrice 1, et le germe contenu dans son intĂ©rieur ne peut se dĂ©velopper que sous l'influence d'une tempĂ©rature dĂ©ter- minĂ©e. Quelquefois la chaleur du soleil suffit pour provoquer ce mouvement organisateur ainsi, dans, les parties interlropi- cales de l'Afrique, l'Autruche se borne quelquefois Ă  dĂ©poser ses Ɠufs dans le sable, et l'incubation s'en effectue sous l'ac- tion des rayons solaires. Mais dans l'immense majoritĂ© des cas, pour ces Oiseaux comme pour tous les autres, les choses ne se passent pas ainsi, et l'un des parents, ou tous les deux alterna- tivement s'accroupissent sur les Ɠufs de façon Ă  les maintenir Ă  une tempĂ©rature voisine de celle de leur propre corps, c'est- Ă -dire d'environ !\0 degrĂ©s -2. En gĂ©nĂ©ral, c'est la femelle seulement qui couve; mais chez certaines espĂšces, le mĂąle Campine sont renommĂ©es pour leur fĂ©conditĂ©, et quelques auteurs assurent qu'on en a vu pondre plus de deux cents Ɠufs dans l'espace d'une annĂ©e. Quelquefois ces Oiseaux en pondent deux par jour ; mais, en gĂ©nĂ©ral, la ponte ne se renouvelle que de deux jours l'un. Sous l'influence d'une tem- pĂ©rature suffisamment chaude et d'un rĂ©gime stimulant par exemple, des rations de chĂšnevis, de millet, d'a- voine, etc., la ponte se continue par- fois durant l'hiver, mais en gĂ©nĂ©ral nos roules de basse-cour cessent de donner des Ɠufs Ă  l'arriĂšre-saison. On a remarquĂ© aussi que la prĂ©sence d'un ou de plusieurs Ɠufs dans le nid prĂ©- parĂ© par ces Animaux les excite Ă  pondre, et l'on peut obtenir le mĂȘme rĂ©sultat au moyen d'Ɠufs postiches. La Pintade, qui est bien nourrie et dont les Ɠufs lui sont soustraits Ă  me- sure qu'elle les pond, est aussi trĂšs- fĂ©conde ; elle peut donner une centaine d'Ɠufs par an. Le Canard n'en fournit pas autant ; il commence Ă  pondre en mars, et, si les circonstances sont favorables, il peut continuer jusque vers la lin de mai, en donnant environ cinq Ɠufs par semaine. Il en est de mĂȘme pour l'Oie en gĂ©nĂ©ral, elle cesse de pon- dre et se met Ă  couver lorsqu'elle a de sept Ă  quinze Ɠufs ; mais si on les lui soustrait Ă  mesure qu'elle les dĂ©- pose, elle peut continuer Ă  en pro- duire jusqu'Ă  quarante et mĂȘme da- vantage. 1 Les Ɠufs de Poule peuvent con- server pendant une huitaine de jours aprĂšs la ponte la facultĂ© de produire des embryons viables. ‱2 il rĂ©sulte des expĂ©riences rĂ©- centes de M. Dareste, que le dĂ©velop- Alimentation des jeunes. 5/l0 REPRODUCTION. remplit le mĂȘme rĂŽle, ainsi que cela se voit chez le Pigeon, la Cigogne, etc. 1. On peut dĂ©terminer aussi le dĂ©veloppement de l'embryon dans l'intĂ©rieur de l'Ɠuf au moyen de l'incubation artificielle; pour cela il suffit de le maintenir Ă  une tempĂ©rature d'environ !\0 degrĂ©s, sans empĂȘcher l'accĂšs de l'air. Ce procĂ©dĂ© Ă©tait connu des anciens. En Egypte, il constitue la base d'une indus- trie particuliĂšre, et a Ă©tĂ© pratiquĂ© en France sur une grande Ă©chelle, mais sans donner des profits considĂ©rables 2. En gĂ©nĂ©ral, les soins que la mĂšre donne Ă  ses petits aprĂšs l'Ă©closion consistent Ă  les protĂ©ger contre le froid, Ă  leur apporter des aliments et Ă  les dĂ©fendre contre leurs ennemis, ce qui ne nĂ©cessite l'existence d'aucune particularitĂ© organique. Mais, ainsi que je l'ai dĂ©jĂ  dit 3, quelques Oiseaux nourrissent leurs jeunes avec les produits d'une sĂ©crĂ©tion qui a son siĂšge dans le jabot les Pigeons sont dans ce cas Ă». ; et il est Ă  noter que, par sa composition chimique ainsi que par son rĂŽle physiologique, le liquide alimentaire fourni de la sorte res- semble assez Ă  du lait. Effectivement, M. Lecomte y a trouvĂ© pement de l'embryon peut commencer sous l'influence d'une tempĂ©rature qui n'est pas aussi Ă©levĂ©e environ 30°, mais ne se fait alors que trĂšs-lente- ment et d'une maniĂšre irrĂ©guliĂšre pendant quelques jours, puis s'arrĂȘte toujours trĂšs-promptement. 1 Azara a avancĂ© que chez le Nan- dou, ou Autruche d'AmĂ©rique, le mĂąle seulement couve les Ɠufs de ses fe- melles, mais cela n'est pas a. L'Autruche mĂąle d'Afrique couve les Ɠufs la nuit, et les femelles qui vivent avec lui se succĂšdent pour les couver pendant le jour b. 2 Pour plus de dĂ©tails au sujet de l'incubation artificielle des Ɠufs, je ren- verrai Ă  un mĂ©moire de RĂ©aumur et Ă  diverses publications plus rĂ©centes c. 3 Voyez tome VI, page 294. U Quelques naturalistes ont pensĂ© que l'espĂšce de bouillie donnĂ©e ainsi aux petits par les Pigeons ne consis- tait que dans une portion des ali- ments prĂ©alablement ingĂ©rĂ©s dans l'es- tomac de ceux-ci et Ă  moitiĂ© digĂ©rĂ©sof; a Vavasseur, Op. cit. Bulletin de la SociĂ©tĂ© zoologique d'acclimatation, 1858, t. V, p. 391. b Gosse, Op. cit. Bulletin de la SociĂ©tĂ© zoologique d'acclimatation, 1857, t. IV, p. 33iĂź. c RĂ©aumur, L'art de faire Ă©clore et d'Ă©lever en toutes saisons des Oiseaux domestiques, 1751. — Mariot-Didieux, TraitĂ© de galliniculture. aire 406 Cas particuliers de gĂ©uĂ©ralious al- ternantes 407 Biphores 407 TrĂ©matodes, Echinodermes, etc. 410 MĂ©iiusjiires 412 Cara< 1Ăšre du MĂ©tazoaire cbez les Animaux supĂ©rieurs 416 Du blastoderme 416 DĂ©veloppement direct du Typo- zoaire 420 RĂ©sumĂ© 421 PhĂ©nomĂšnes histngĂ©niques 423 ThĂ©orie cellulaire 426 BiastĂšme 428 Sarcode 429 Tissus utriculaires 430 Tbsus sclĂ©reux 433 Tissu musculaire 436 Tissu nerveux 437 Tissus secondaires ou tissus com- plexes 439 RĂ©sumĂ© de la classiGcation des tissus 439 SOIXANTE-QUINZIÈME LEÇON. De l'appareil de la reprodiction, et de ses produits chez les Ani- maux vertĂ©brĂ©s ovipares 442 CaractĂšres gĂ©nĂ©raux de l'appa- reil reproducteur des VertĂ©- brĂ©s 442 Similitude primordiale des or- ganes maies et femelles chez l'embrvon 443 Disposition gĂ©nĂ©rale de ces par- ties 444 Appareil de la reproduction de r Amphioxus t45 Appareil femelle des Poissons. . . 446 DĂ©veloppement et structure des Ɠufs 459 Ponte 465 Poissons vivipares 466 Appareil mĂąle 468 Mode de fĂ©condation 478 Poche incuba trice des Lopho- branches 479 Epoque du frai 480 Appareil de la reproduction des 481 Batraciens 482 Organes femelles 486 OEufs 487 Organes maies 494 Mode de fĂ©condation 496 DĂ©pĂŽt des Ɠufs 496 Appareil de la reproduction des Reptiles 497 Appareil femelle . 498 Formation des ovules 499 Oviductes 502 Cloaque 505 Appareil mĂąle 506 Organes copulateurs . 507 Appareil de la reproduction des Oiseaux 510 DiffĂ©rences sexuelles 511 CaractĂšres gĂ©nĂ©raux de l'appareil. 5 1 2 Organes mĂąles 513 Testicules, etc 513 SpermatozoĂŻdes 513 Organes copulateurs 516 Ovaires 518 Formation de l'Ɠuf 519 Oviducte 522 Formation de l'albumen 524 Formation de la coquille 327 Forme et couleur des Ɠufs 329 Époque de la ponte. 533 Accouplement 535 FĂ©conditĂ© 536 Incubaliou 539 Alimentation des jeunes 340 *JÊ V s970Md1.
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